Quelle est la plus bonne action que vous avez faite dans votre vie ?

J'ouvre ce sujet concernant la moralité en parallèle avec celui concernant l'intelligence : Quel est le truc le plus intelligent que vous avez fait dans votre vie ?.

Il s'agit de ces actes qui ont été bénéfiques pour quelqu'un ou pour tout un groupe de gens, pour le bien de la société peut-être. Il est question d'un sentiment que vous associez à la morale que vous avez adoptée ou à une éthique personnelle. Il est question simplement d'une exigence qui vous a poussé, une générosité qui a pu s'exprimer en vous malgré l'égoïsme et l'indifférence qui nous ramènent vers nous-mêmes.

Au lieu de « la plus bonne », j'aurais pu dire « la meilleure », mais cela aurait pu signifier la plus intelligente ou la plus belle; j'aurais pu dire « la plus bénéfique », mais cela aurait pu signifer la plus utile. Là il s'agit ce qui est bon au sens de bien faire.

(1) Viabilisation de bidonvilles en Afrique; prévention de la typhoïde et du choléra dans des situations parfois dramatiquement difficiles (essayez de travailler plusieurs semaines dans de la boue et de la merde, vous comprendrez)

(2) Mise au point de systèmes de dépollution autonome sur d'anciennes friches industrielles ou sur des bords de cours d'eau biologiquement morts (comme c'est fréquemment le cas en Chine), via des écosystèmes artificiels et pas mal de bio-ingénierie

En gros, mon métier est en lui-même guidé par des impératifs moraux, puisque j'étudie concrètement les moyens permettant de sauver des milliers de vies humaines ou d'améliorer la qualité de la vie de mes semblables... Allez savoir pourquoi j'ai choisi cette spécialité quand il y avait quantité d'autres voies tellement plus simples...
Je n'en sais rien. Car du point de vue purement tactique", ce n'était sans doute pas la décision la plus "intelligente" à prendre... Sauf que bon an mal an, c'est devenu ma vie, pour le meilleur et souvent pour le pire (essayez d'avoir une vie sentimentale stable dans ces conditions lorsque vous êtes amené à travailler aux quatre coins de la planète et dans des lieux pas toujours très folichons tels que des décharges, des bassins d'épandage, des mangroves sordides, des terrains contaminés... etc).

J'aurais du mal à répondre aussi : j'ai un métier dans le social, donc je fais des actions "bonnes" tous les jours que je travaille, je suis donatrice régulière de plusieurs ONG, je suis membre d'Amnesty International, je suis déjà partie en mission humanitaire à l'étranger et j'ai fait des actions de bénévolat en France aussi...

La dernière "particulière", peut-être ? La baraque d'une des familles de gitans que je soigne qui a brûlé. Il leur restait leurs petites caravanes moisies, où ils dorment, mais ils ont perdu tout leur "lieu à vivre" : l'endroit où ils faisaient à manger, le seul point d'eau et d'électricité du camp, quasi tout ce qu'ils avaient d'important... Durant des jours, à chaque fois que c'était mon tour de passer chez eux, en plus de soigner la petite mémé du camp, je leur cuisinais un repas chaud que je leur emmenais.

Barnabé, merci pour le titre mais il n'est pas question justement de se référer à tous les systèmes de valeurs possibles. Il n'est pas dans mon intention d'envisager des valeurs exactes ou des valeurs esthétiques. Qu'on me permette de le dire crûment, il s'agit d'amour en un sens actif, même si l'on préférera les termes de bonté, de générosité, d'altruisme, d'exigence morale, de responsabilité, etc.

Je ne fais pas de grandes choses extraordinaires, mais je sais que j'ai apporté un petit plus à certaines personnes...

Je travaille à redonner le sourire à ceux qui n'osent plus suite à la perte de leurs dents.
Ca ne change pas le monde, mais voir le sourire apparaitre à nouveau sur le visage de cette maman qui avait perdue ses dents suite à une grossesse difficile, celui de cette vieille dame amoureuse qui venait de casser sa prothèse avant un rendez vous galant ou encore celui de cette ado qui avait perdue une dent en tombant de cheval, sont pour moi des trésors qui m'aident à sourire à mon tour.

J'aime bien rendre parfois des petits services gratuits à des inconnus. En particulier dans les transports en commun. C'est simple, et sans engagement. Souvent on reçoit un joli sourire.

Je suis bien obligé de répondre moi-même, puisque j'ai lancé le sujet. Bon, eh bien je suis impressionné par les exemples que j'ai vu ici énoncés, qui me font faire retour sur ma moralité assez faible, ou assez convenue.

J'ai répondu volontiers à des demandes d'aide de la part d'amis, sans me soucier qu'on en fasse pareil à mon égard. Ce n'est pas que je ne l'attendais pas au besoin, mais rien n'est jamais pressé; il peut s'écouler des années, voire des dizaines d'années; et puis les services, cela se transmet au delà des personnes; rendre service à quelqu'un correspondra au fait qu'une autre personne me rende service à son tour, sans contre-don explicite.

J'ai toujours été attaché à ma famille, désormais père, mère, frère, sœur, oncles, tantes, cousins, cousines. Je reste présent auprès de mes parents qui prennent de l'âge. Ce n'est pas grand-chose, pourra-t-on dire, dans la mesure où le lien familial me détermine et la préservation des souvenirs aussi. Mais c'est pour moi à la fois un devoir et un plaisir. Pourquoi en effet ce qui est bon devrait-il être empreint de souffrance ou d'abnégation ?

Au cours de mon enseignement, notamment en cours particuliers, je me suis investi autant que je le pouvais pour faire comprendre à mes élèves ce que je leur exposais. À part quand je leur donnais des exercices que je surveillais, souvent c'était moi qui travaillais, rédigeant des pages aussi rigoureuses que je pouvais, qui me semblaient aller à l'essentiel. C'était prenant et pourtant plaisant. Agir au mieux, ou penser le faire, peut être difficile et pourtant agréable.

C'est tout. J'ai bien rendu service à des gens, à l'occasion, ou contribué à des projets bénévoles, mais rien d'une envergure nationale ou internationale.

Me lancée au triple galop, accrochée à la crinière de ma monture, laissant tomber les rennes. Un moment Unique, c'est l'image que j'ai d'une bonne action

Je ne cherche pas specialement a mettre le bronx mais a quoi sert ce genre de topic ?
D'une certaine facon, il tend a faire du "mon cheval est plus grand que le tiens" meme si, et je ne doute pas de la part de pieyre, que ce ne soit pas le cas.

Mais bon, je joue malgre tout le jeu pour faire bonne figure :
Jai aidé plusieurs années a lever des fonds pour le secours populaire, en ces deux dernieres annees on a recolté plus de 35000 €
Sinon, ayant mes brevets de secourisme, jai sauvé la vie de personnes dans des etats critiques une bonne 30aines de fois, principalement dans le metro parisien ( o_O je vous jure on y voit de ces trucs....)
Et 2-3 drogués qui avaient besoin de soutien (mais qui mont bouffé du temps et de lesprit) ou filles poussees a la prostitution que jai aide a partir pour changer de vie avec laide de ma mere (ouais jetais un peu en mode berger au college lycee et ma mere fait aussi dans le social,  no joke)
Mon chez moi est toujours celui des autres quand jai un chez moi.


A part ca, jaime pas les gens et jvous casse la figure a la recre si vous osez raconter le contraire !

À quoi ça sert ? C'est une question que je me suis posée, oui, mais après coup... En fait cela correspondait ce que j'ai indiqué sur l'autre sujet, celui sur ce qu'on aurait fait de plus intelligent. On y répondait autant en mentionnant un certain nombre d'actes généreux ou tout au moins bénéfiques, comme si ce qui est bon était forcément intelligent. En fait, ça l'est sans doute, quand on y a réfléchi, notamment parce qu'on a envisagé des conséquences, mais parfois c'est spontané. Alors y aurait-il une pudeur particulière à parler de ce qu'on appelle une bonne action, c'est-à-dire bonne pour les autres ? Ce serait étonnant sur un forum où l'on se réclame facilement de nobles sentiments. C'est peut-être parce qu'on le dit de façon un peu théorique. Ici il s'agit de notre simple pratique.
Et puis il y a le fait que ce qui est bon, cela inciterait moins à la rigolade ou aux digressions; et cela pourrait donc tourner au concours. Bon, vu comme c'est parti, cela ne devrait pas être le cas. Mais cela me fait penser qu'il y aurait peut-être une pudeur du côté de l'intelligence cette fois, si en l'abordant on finit par parler de tout... sauf d'intelligence.

Noumenie Dysnomie a écrit:Je ne cherche pas specialement a mettre le bronx mais a quoi sert ce genre de topic ?

Se rassurer quant à Noume aux êtres humains ?

Sauver un homme de la noyade un lendemain de soirée où je m'étais mis minable à sortir sur une civière...

Le mec est décédé trois semaines plus tard d'un arrêt cardiaque... sauver une homme c'est lui donner la chance de mourir autrement!

Il m'est arrivé par deux fois de sauver des gens; un enfant ado, après un écrasement thoracique il étouffait, ne pouvait plus respirer, j'ai contracté sa poitrine au niveau du sternum un peu au-dessus du plexus solaire et ça respiration est revenu.(c'était en forêt)
Le deuxième je roulais pour aller vers nulle part comme à mon habitude, lorsque dans les gorges d'Ollioules (var, proche de Toulon), je vois une voiture à l'arrêt et une femme à l'extérieur immobile, je m'arrête, sors de la voiture et demande à la dame ce qu'il se passe? je regarde dans la voiture et un homme ventripotent à la place du mort! comme inconscient...
Ni une ni deux je vais prendre son pouls et la dame me dit qu'il est conscient (tant mieux je n'arrivais pas à capter ses pulsations, ça craint...)
Tout ce que je fais c'est desserrer ses habits et appelé les pompiers de deux casernes différentes qui étaient à égale distance, je multipliais par deux ses chances de survie et après le blabla, le type arrêtait pas de dire en suant, les yeux fermés; je vais mourir, je vais mourir et moi je lui disais, mais non vous allez pas mourir...
puis les deux camions pompiers presque synchro, il l'embarque, il guérit et pendant deux ans j'ai eu droit à des colis gastronomiques, cool non?

On va dire que le travail dans le social ça compte pas et que mes passes temps et lubies du meme acabit pareille. Je pense que ce que je fais de mieux moralement c'est distraire ma grand mère de l'ennuie mortel de la vie meme si elle ne se plaint pas. (edition) ou peut etre la meme chose avec mon grand père avant qu'il meurt j'ai essayé de reprendre son club de sport pour lui faire plaisir.

Je pense encore une fois que ça n'a pas avoir avec l'intelligence mais mon envie de respecter un genre de code de valeur.

La Rochefoucauld a écrit:"Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent."

Cette citation m'a interpelée, je ne suis pas sûre qu'elle entre pleinement dans le cadre du sujet, car si l'on oublie l'idéal grec, "belle action" ne signifie pas nécessairement "bonne action".

Cela dit, il me semble qu'aujourd'hui le mot "action" à lui seul inspire d'abord le bien avant la grandeur.

Alors, supposons qu'il puisse exister des raisons "honteuses" à nos bonnes actions :

se sentir redevable d'une grande réussite attribuée à une plus ou moins grande part de chance ;

être guidé dans ses engagements par une logique d'expiation visant à compenser le passé délictueux d'un parent...

Certes ces deux exemples n'illustrent pas la face cachée de bonnes actions motivées par des faiblesses, voire des vices intimes.

Il me semble que les actions modestes, même réduites à un simple "geste", seront alors plus susceptibles d'être "gratuites".

Là tu poses le problème d'une action purement altruiste, c'est-à-dire désintéressée, impossible à prouver, comme est impossible à prouver le libre arbitre.

Maintenant, que les motifs qu'on pourrait mettre au jour soient susceptibles d'inspirer notre honte ou bien simplement correspondre à notre intérêt, est-ce que cela change radicalement le problème ? Je ne le pense pas. D'ailleurs les motifs que tu indiques ne me semblent pas si honteux que cela. On pourrait trouver pire.

Je crois que peu importent les motifs dans la mesure où, dans le moment où l'on exerce notre libre arbitre, on a une claire connaissance de faire une bonne action et de la vouloir comme telle. Que cette action corresponde aussi à un avantage personnel, comme une satisfaction d'amour-propre, ce n'est pas si déterminant.

Cela correspond à la définition de la générosité qu'en fait Descartes dans les Passions de l'âme, article 153 :

« La vraie générosité qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il connaît qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu’il en use bien ou mal et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures. »

Alors en effet on peut penser qu'il sera plus facile de se mettre en une telle disposition pour des actions simples et ponctuelles. Pour des actions de plus grande envergure se pose la question de garder une « ferme et constante résolution ». Et, sans rien retirer à de telles actions, on peut penser que davantage de motivations annexes s'y greffent au cours de leur réalisation.