Le côté "bêtement linéaire" de l'existence

Je me demandais si j'étais la seule à souffrir d'être toujours coincée dans le même film, et à trouver ça désespérant et complètement "anti-pédagogique".

Je m'explique : avec l'âge j'ai appris comment j'aurais pu mieux gérer certaines situations passées, éviter des échecs retentissants qui ont un impact sur la vie entière, des erreurs, des humiliations,...
Or il n'y a aucun moyen de revenir sur ses pas et de tester un autre embranchement, ou même de prévenir celui/celle qu'on était que cette voie risque de ne pas être la bonne. On ne peut pas tester d'autres voies, on doit avancer "bêtement" devant nous comme un pion aux échecs. Je trouve que ce serait tout de même plus intéressant d'avoir une vie arborescente avec différents embranchements plutôt que linéaire. On pourrait apprendre davantage, comparer différents choix, différentes stratégies. Là, on arrive au bout et on n'a pu prendre qu'un seul chemin, ça reste tout de même très limité je trouve...

Le truc que j'aimerais énormément pouvoir corriger : m'être davantage accrochée pour réussir mes études et ma vie pro, malgré des circonstances difficiles.

Aïe, je sens qu'on va encore me prendre pour une dingue.

Il y a un tube des années 90 qui rend hommage à nos actes manqués, dont ces "chemins" qui nous "sont passés à côté", comme si le problème n'était pas de s'engager dans la mauvaise voie mais de rester sur le bas-coté alors que le trafic continue sans nous... Faire un choix, c'est renoncer aux autres possibles, et ne pas accepter le renoncement c'est rester immobile... Ce sont des généralités par rapport à ce que tu envisages. Comme on ne peut pas remonter le temps, si tu as tiré les conséquences de tes expériences malheureuses, tu peux déjà mettre à profit ces enseignements pour tes projets à venir... au moyen d'un simulateur virtuel d'arborescence par exemple ;-)

Je me suis regardé différemment, et ça a changé ma perception de mes choix, mes actes, qui pour le coup n'ont plus le même sens, sans avoir changé pour autant.

Tu te sens arriver au bout à 42 ans ?

Non, Plume de Chat, tu n'es pas dingue, ou alors je le suis aussi.

En effet je me suis posé la même question. Mon parcours de vie n'a pas été linéaire au sens de la ligne droite, puisque j'ai été entraîné de-ci de-là. Mais, forcément, j'ai fait des choix que je ne referais pas, ou alors j'ai choisi des voies plutôt que d'autres, que j'aurais aimé explorer aussi.

Notamment, je me suis engagé dans des projets intellectuels, que j'ai interrompus, ou bien j'en ai juste tracé des lignes, en comptant bien y revenir... En général je n'abandonne pas un projet. Aussi je peux le réactiver des années après. Et, dans ces cas, c'est un peu comme si je revenais au temps où je m'étais arrêté.

De même j'ai connu des relations amicales ou amoureuses qui se sont interrompues, et je me plais parfois à m'imaginer que je pourrais me situer à nouveau en certains instants où des choses ont été faites ou dites, et que je pouvais changer le cours de celles qui ont suivies. Tout au moins je peux envisager de retrouver la personne et de faire comme si nous en étions encore là...

Mais, d'une façon comme d'une autre, c'est artificiel bien sûr. Au meilleur des cas, il s'agirait de continuer en pointillés, et non de façon parallèle. Et puis, quand bien même je retrouverais la situation ancienne, ce serait au présent, donc cela ne ferait que rajouter du présent et non continuer le passé.

Reste une possibilité de vivre plusieurs voies dans son existence, celle de l'écriture. J'écris un journal, plus ou moins régulièrement depuis mes seize ans. Cela ne pourrait pas donner lieu à une rédaction continue à la façon de mémoires, parce que ma vie n'est pas si intéressante. Mais il y a des moments que je pourrais conserver. Alors pourquoi ne pas ajouter des récits correspondants à ces voies que je n'ai pas explorées ? Aussi j'envisage assez de mêler réalité et fiction réaliste dans un ensemble ayant une certaine cohérence, celle de mon existence possible.

Impuissance
acceptation.
ça donne de la matière à méditer^^

Ce serait trop beau, si on pouvait revenir en arrière afin de changer la ou les variables qui nous ont fait nous planter. On ne peut que retirer les leçons de ses expériences. C'est sur qu'à soixante ans on n'a pas
les mêmes possibilités qu'à vingt ans. Le temps est compté.

Plume de Chat a écrit:Le truc que j'aimerais énormément pouvoir corriger : m'être davantage accrochée pour réussir mes études et ma vie pro, malgré des circonstances difficiles.

Idem. Je suis partie la fleur au fusil dans une voie risquée. C'était celle qui me plaisait, mais je ne pensais pas que les choses deviendraient aussi complexes. Je n'ai pas assuré mes arrières, su saisir les opportunités sûres pour me protéger. J'ai cru qu'en France, c'était les compétences qui comptaient plus que l'école d'où vous sortez. Je ne savais pas que les recruteurs étaient des incapables fiers et payés pour l'être.

Trop de naïveté qui m'a coûté cher. C'est pas perdu, mais si on m'avait dit que les études que j'ai suivi et les voies que j'ai empruntées étaient bidons (ce n'était évidemment pas les cochons qui allaient me dire de quitter leur enclos), j'aurais évidemment choisi d'autres chemins, surtout à la vue de mes capacités et de ma pugnacité. Il n'y a pas grand chose qui m'arrête, sauf ces temps derniers, je baisse les bras. Un peu marre de me fritter avec tous les éléments du décor. Tout ça parce que j'ai décidé de m'accomplir, ou plus exactement d'accomplir la voie qui me parait la plus sincère. J'y suis allé mais ça n'a pas donné ce que j'espérais. Aujourd'hui, je dois faire des compromis.

Entre le rêve et la réalité, j'ai laissé quelques dents par terre. J'ai trop fait confiance en ma combativité.

Si on passe sa vie à regarder son image on en oublie d'exister, nous devenons alors cet image...le film est bien linéaire...même statique

perso , et je ne sais pas pourquoi , (ce n'est pas éducatif) j'ai toujours fonctionné selon le principe : regrets ? remords ? je ne connais pas

si je sais pourquoi : c'est que cela m'empêche d'avancer

et pourtant j'en ai fait des conneries , ainsi que des choix qui ne m'ont pas rendue heureuse , et j'en referai plein encore sans aucun doute

ce ne seront pas les mêmes conneries bien sur car j'ai appris de mes propres bêtises

mais je m'emmerderais royalement dans une vie linéaire

et je ne puis supporter non plus de rester coincée dans un de ces noeuds de la vie

un noeud = un truc douloureux que l'on se colle soi-même en tête comme un questionnement qui ne trouve aucune réponse

si une question n'a aucune réponse (alors que la démarche empruntée par ce questionnement est passionnante) c'est que la question n'a pas à être posée
et il faut passer à la suivante , à la question suivante qui nous tracasse

ce n'est pas une situation d'évitement que je pratique en agissant ainsi,  c'est une situation afin de me traîner le moins de boulets possible

mes propres boulets , ceux que je crée seule, je fais en sorte ainsi qu'ils se réduisent au fur et à mesure
car déjà , qu'on le veuille ou non , on se "trimbale" les boulets d'autrui

pas envie de devenir une chair à canon , moi

Je porte avec joie mes défauts,
mais je pourrais les appeler mes qualités

Comme j'ai du mal aussi avec la linéarité de l'existence, du temps, c'est vraiment difficile à gérer... C'est comme si je devais me résoudre à me mouler sur un moule dans lequel je ne me sens pas de rentrer. Mais je n'ai pas le choix, je suis limité par le réel, par cette linéarité... Je n'ai pas (encore) de regrets majeurs, mais quand j'en ai, j'essaie de m'en servir pour la suite. Quant au choix, oui, c'est difficile... Pour moi c'est lié à l'action, au passage à l'acte, à l'inscription dans le réel, à l'incarnation, un point précis du temps et de l'espace, unique... Je trouve à l'action un aspect toujours étrange, fascinant, effrayant, mais y a-t-il une autre manière de vivre ? Faire, agir, encore et toujours... Poser, au risque de se tromper, mais quel est le risque, puisqu'il est immanquable de se tromper un jour ou l'autre, un jour et l'autre, encore et toujours. C'est le lot des humains de faire sans être Dieu, sans tout savoir... D'être aveugle, quelque part... Alors je crois qu'il faut écrire, à l'encre, encore et encore, une page après l'autre dans cette linéarité indépassable, de crainte salvatrice que notre plus grand regret soit de regarder un jour notre livre, ce livre qui nous a été donné, et de le trouver blanc, sans froissure, sans rature, parce qu'on n'aura pas eu le courage d'écrire.

mais un livre blanc c'est magique aussi comme une porte ouverte pour l'imaginaire

car tout a déjà été écrit , nous ne faisons que réécrire ,revivre repenser, reproblématiser , re-erreuriser ce que tant et tant ont déjà vécu dit et fait avant nous

cette notion du temps , inventée par l'homme et bien scindée en secondes (au lieu des saisons) nous crée des stress des trauma
"ah si j'avais fait ceci au lieu de cela" "mince le temps a passé et je n'ai pas fait grand chose" "je n'aurais pas le temps de ..."....

temps versus choix

si on arrive (en soi) à rendre cette notion de temps plus élastique
on a d'avantage de temps pour choisir , on agit moins dans la hâte

proscratiner de temps en temps , permet aussi d'ouvrir les soupapes de la réflexion

mais je ne critiquais pas l'écriture , elle est nécessaire indispensable , permettant de placer ses pensées , de les poser , de les lier et de les regarder en face

C'est vrai... Mais je préfère vivre dans le réel et interagir avec mon environnement et autrui que de vivre dans ma tête et dans l'imaginaire. Il y a des vertus à la pensée, mais pour moi elle est au service de l'action, sinon à quoi bon... C'est le J du Myers Bridggs contre le P... En revanche je suis d'accord sur ce que tu dis à propos du temps, et aussi il me semble sur l'ouverture à une certaine contemplation... Action et contemplation peuvent coexister, se nourrir l'une de l'autre, et s'inscrire dans un temps... relatif... élastique comme tu dis...

suis dac avec toi :
si notre pensée n'est pas en accord avec notre action cela est source de dysharmonie en soi

n'empêche que si la réalité nous convient moins que plus l'imaginaire reste une soupape de sécurité

important d'avoir des soupapes

les regrets et les remords permettent de rectifier ses erreurs de parcours en utilisant justement la soupape de sécurité. Simple avis.