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Message par oyans Sam 22 Avr 2017 - 20:11

La destruction m'environne, chacun de mes gestes sont aussi palpables que la brise glissant sur un linceul et ma vie est devenue une course à la mort, rien ne m'effraie et je reste statique et dépourvu de pragmatisme, je constate tel un thanatopracteur, les effets nuisibles de produits insanes, mais je ne réagis pas je constate d'une froide raison, le chamboulement annoncé d'un organisme accélérant son ineffable délabrement.

Rien ne me convient et je souffre d'une inlassable remise en question, là dans ce fauteuil confortable, j'attente à mon esprit des écarts de méditation, que je ponctue de cigarettes et de cafés, à chacune de mes réflexions, tout en ne me levant que pour de rares choses, tels mes chats qui ,dociles, forment avec moi cette nouvelle entité observatrice; en effet j'ai vue d'une grande fenêtre sur la place désolée de l'église et j'écoute comme charmé le bruit pépiant des oiseaux

Le temps est comme immobilisé; peu importe les saisons, qu'il pleuve ou que le soleil rayonne, rien décidément ne me fais changer d'attitude et quand les jours sont trop noirs et que le froid transperce mes vêtements, je vais au vaisselier dessertir de son emballage un petit substitut à la vie, puis je retourne me replonger dans les bras de Morphée; il pleut les journées sont longues, le cendrier se remplit et je vois mille paradis autant que d'enfer, la sensation est délicieuse et le sommeil délicat; la respiration décélère dans la détente du corps, j'entre dans un nouveau moi et j'oublie qui je suis, qui j'étais...
Tout est l'abandon, la poésie ne me fait plus frissonner comme auparavant, tandis que la peinture se fige au bout de mes rêves, j'imagine des tableaux, tous plus mirifiques les uns que les autres, avant que je rechevauche mes songes pour un ailleurs...

Il est parfois des pièges délicieux dans les aspérités  de l'existence où mes rêves se structuraient comme ma vie sur le tour d'un potier, maintenant que l'image s'est brisée, que les années de combats contre la maladie et les coups-bas intempestifs de mes congénères se sont éloignés, brassés au profond d'un puit aux abords inarraisonnés de l'oubli, je vois de moi la défaite croupissante et ses mille blessures ayant mis à terme mes envolés, car oui je volais au proche de la grâce telle la buse de son vol magistral et circulaire et voici qu'à ce jour, sous l'astreinte du temps et des meurtrissures, je ne retrouve de cette bête splendide que le rictus amer du vautour épandant à ma face stoïque l'anticipation négative de mon sort, cet oiseau là qui fut beau n'est qu'un mangeur de cadavre, suis-je mort?

Je ne veux pas y croire, je veux croire en de belles années, croire que je redeviendrais ce que j'étais, pourtant je me sen si faible et ma volonté si forte tant amenuisée, j'ai honte, j'ai honte de ne plus savoir que concevoir ma mort, j'ai honte d'en être l'instigateur, je me suis si souvent battu contre la maladie, contre moi...
Comment faire lorsque je regarde les rides de plus en plus visibles de mes mains, comment faire pour quitter ce large fauteuil aux songes maudits, tant ils m'emportent au-delà des possibles, de mes possibles.

Et chaque jour je tente invariablement de me corriger, seul je souffre de la désespérance, où est celle que j'aimais grand dieu? Où est ma vélocité contre vents et marées, contre le monde entier!
Je m'appesantis, je ronge mon frein, non je ne suis pas instable, je suis la raison vouée au fatalisme, le choc brutal d'un conflit intérieur, toutes mes prouesses que fétu de paille brassé au vent et la tempête en moi gémissant l'impuissance d'être son propre bourreau.

Il n'y a aucune luxure, aucun plaisir et pas une seule divergence, comme si j'étais déjà en accord avec cette fin qui s'avance à pas de plus en plus rapide, mais pourquoi devancer son sort? j'ai cette chance que rien ne m'arrive d'autre que ma maladie et mon isolement, alors à quel ouvrage me référer pour me donner l'engouement de me battre et de me vaincre!
même à l'écrit je suis en lutte, je ne veux pas m'apitoyer, je veux, je veux, pourquoi?

Ce destin est d'une subtilité outrageante et quand je me regarde dans la glace, j'effectue l'autopsie de l'être que j'étais et je me dis, mais tu es encore toi! vas-y vainc ta méprisable condition, perce d'un vol altier cet opercule d'auto-suffisance, cet égocentrisme cavalant même dans les tréfonds noirâtre de l'âme, pourtant j'obtempère comme si rien ne pouvait me sauver de cet impropre désir que de ce détruire, où d'abord j'attaque sans concertation les fondations, ce corps ne résistera pas.
Hier j'ai ouvert mon carnet de croquis et j'y ai trouvé griffonné cette réflexion remarquable: on aime le corps pour ce qu'il représente

Que représenterai-je aujourd'hui en tant qu'humain?

J'ai honte et je ne veux pas mourir, je ne veux pas avoir peur...

A t-on le choix en finalité?
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Message par Invité Dim 23 Avr 2017 - 0:19

oyans a écrit:alors à quel ouvrage me référer pour me donner l'engouement de me battre et de me vaincre!


Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. - Nietzsche

& la musique.


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Message par oyans Dim 23 Avr 2017 - 12:03

j'ai lu Nietzsche il y a fort longtemps, presque dix années se sont écoulées depuis, peut-être ouvrirais-je encore l'un de ses ouvrages.
Mais en fait, j'avoue, m'être toujours méfié de ce philologue. un philologue n'est il pas un manipulateur de populace?
Néanmoins je l'aime pour son admiration Baudelairienne.
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Message par oyans Lun 24 Avr 2017 - 20:10

Je crois que je regarde de trop près la déchéance du corps, de l'organisme, que la solitude, cet isolationnisme peut souhaité; que je ne revendique pas m'astreint à l'égocentrisme, comme si je m'écoutais sans parler.

Cela m'a mené à me rendre conscient, conscient à un point vélique, et emporté par cet étrange charme, je le laisse me drainer, m'engloutir, m'avaler.
C'est comme si j'étais hypnotisé, toutes mes pensées sont orientées vers ce bizarroïde phénomène et j'entends le temps tapant chamade, comptant la plus infime seconde telle une sentence.

Voilà je crois que j'ai saisi le mot, éphémère! Non ce n'était pas celui là, c'était un autre, je ne m'en souviens plus, dommage...
Je me sens destitué de mon être, de sa résistance à la mort, tandis que la survie, cet instinct primordial s'amenuise;je suis en accord avec la création dans sa négation et je ne comprends pas, tout est si doux pourtant, une certaine légèreté s'empare de moi, peut-être est-ce à cause du climat, du paysage, des dépressions atmosphériques, je ne sais pas? Tout se rejoint et cette vie empressée qui se dissolve, en fait j'ai déménagé d'une région de chaos, pour un havre de paix.

La paix serait-ce quelque part un peu la mort? Je m'étonne de penser cela, mais l'agitation de la vie revigore, elle fait naître l'énergie, ce besoin absolu d'énergie et de vitalité, voilà pourquoi tant d'âmes aiment la ville et son urbanisme accéléré, la campagne elle, est si calme et ce climat si rugueux que le temps à mes yeux devient précieux.

Holà! Je me sens si fébrile, si insignifiant, presque disparu, tout est calme ici, sauf en mon âme prise au piège, jamais je n'aurais cru qu'une terre inconnu puisse être aussi perturbante.

cette destruction j'en suis certain maintenant, est en adéquation, avec le paysage et ce typique rythme de vie.
Comment faire péricliter ce malaise, qui au final n'en est pas un?
Peut-être est-ce l'âge? Drôle de vie...
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