[Témoignage] Petit traité sur l'ennui

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Message par Monhza Lun 20 Jan 2020, 02:35

Salut,

Je ne suis pas un adepte de la théorie du fameux « 6ème orteil zébresque qui nous rend uniques » mais je voulais vous partager une histoire qui m’est arrivée.

Je m’emmerde hyper souvent.

J’adore la vie, j’ai plein de passions, je peux passer ma soirée en pleine extase sur un bouquin, en train de bricoler, de cuisiner, tout me passionne et ça c’est trop cool. Le souci, c’est que je suis quelqu’un d’extrêmement extraverti, j’adore partager ma vie et partager aussi celle des autres. Je me suis toujours débrouillé pour toujours avoir du monde autour de moi. Quand j’étais plus jeune, je passais toutes mes journées avec mon meilleur ami de l’époque et en vieillissant un peu je me suis mis à traîner avec des « groupes ». J’ai toujours été hyper doué pour m’intégrer, j’aime beaucoup écouter les gens et mimétiser un peu leur comportement (même si c’est pas hyper hyper sain, je sais, j’en parle un peu plus à la fin).

Je n’avais jamais trop pris le temps de développer mes propres passions, j’ai toujours suivi les autres, par habitude. J’avais pris très cher quand j’étais plus petit avec des remarques du style : « T’es un gamin », « pourquoi tu fais ça », « T’es bizarre », à tel point que j’ai fini par le penser vraiment (toi-même tu sais). Donc quand j’ai commencé un peu à comprendre comment fonctionnaient les gens, je me suis mis à faire comme eux, tous simplement parce que c’était plus « normal ». J’ai continué comme ça pendant un moment. Tout en changeant de fréquentations régulièrement, mes habitudes avec. Le hic c’est l’ennui. Quand on se pousse à faire les choses juste parce qu’on a envie de ne pas rester seul chez soi c’est vite lassant.

Chaque personnalité est passionnante mais je ne m’étais jamais vraiment fait d’« amis », j’allais et je venais par ennui, ça m’est même déjà souvent arrivé de perdre le contact avec quelqu’un et de ne jamais chercher à le renouer, par indifférence. Moi qui suis très sensible, je ne m’attachais pas vraiment, je me fous royalement des dramas, des gossips. Quand je voyais un schéma, une dynamique de groupe qui se faisait et qui se répétait, je partais.

J’ai commencé à sortir en boite avec les uns, essayer des drogues avec les autres, partir en vacances, et c’était rigolo les premières fois, mais plus j’avançais, plus je m’enfonçais dans l’ennui, puis la dépression. J’ai toujours été hyper seul, j’ai toujours évité d’exposer mon avis, de peur de toujours trop tout intellectualiser et de retomber dans cette case du mec chelou (Mais j’y retombe quand même toujours, dans tous les cas x) ).

Un peu par hasard, j’ai (re)découvert le petit monde des zèbres. Des gens qui partageaient certaines des difficultés que j’éprouvais aussi mais que je pensais dues au fait que j’étais « bizarre ». C’est à peu près à ce même moment que je me suis inscrit sur ZC (ça fait déjà 5 ans !! Et 5 messages…) et que je me suis fait « dépister ». À un moment j’y voyais la réponse à tous mes problèmes. J’ai beaucoup lu dessus, vu de reportages, eu de doutes sur le fait que j’en étais vraiment un… C’était une période terrible de ma vie et j’y ai vu un peu comme un moyen de me sauver. J’essayais de deviner qui autour de moi en était pour essayer d’en parler mais rien n’y fait, je restais terriblement seul. C’était pas DU TOUT le seul problème que j’avais à cette période là mais je pensais vraiment que le problème venait de ma solitude. Entre temps, je me suis quand même rendu compte que c’était une chimère, que j’avais d’autres problèmes de fond qu’il fallait que je règle et que je prenne cette particularité comme le fait d’avoir des cheveux blonds ou les yeux bleus. Comme quelque chose qui me constitue mais qui ne me définit pas. Je le pense toujours.

Entre temps je suis entré à la fac et je m’y suis fait des amis avec qui j’ai commencé à beaucoup traîner. Ils avaient un appartement que j’ai commencé à squatter presque tous les soir, j’habitais à 10 minutes de chez eux mais je restais souvent dormir. J’y ai rencontré mon actuelle meilleure amie qui faisait exactement la même chose que moi. Il y avait toujours plein de soirées dans cet appartement et j’y ai rencontré pas mal de monde. Ils sont devenus mes amis et j’ai commencé à passer ma vie avec eux, mes études allaient bien, je faisais des choses qui me plaisaient et je commençais même à m’amuser. C’est étrange dit comme ça mais je pense que ça faisait tellement longtemps que ça ne m’était pas arrivé que j’ai fini par en oublier presque jusqu’au fait que c’était quelque chose de normal de prendre du plaisir aux relations sociales.

Les gens avec qui je traînait ont fini par être toujours les mêmes, on faisait toujours les mêmes trucs mais c’était bien. Pour finir à chaque fois par refaire le monde à deux heures du matin sur le canapé du salon de l’un d’entre nous. J’aime ces gens, cette période m’a vraiment rendu heureux. On était dans le même délire, j’ai fini par me rendre compte que je n’étais pas si chelou que ça, j’ai juste des centres d’intérêts différents de la moyenne des gens.

C’est une chose de ne plus se sentir seul mais c’en est une autre de ne plus se sentir comme étant « défaillant ». Assumer ses envies ça soulage d’un poids, on se sent enfin légitime.

Notre groupe avait une dynamique assez particulière et comme dans tous bons groupes d’amis, les uns ont commencés à sortir avec les autres. C’était mes meilleurs amis, j’y ai rencontré une femme avec qui je suis sorti pendant deux ans. Avec cette femme, c’était ultra fusionnel, on est restés collés l’un à l’autre pendant le temps qu’on est restés ensemble et quand on ne se voyais pas on s’appelait pendant au moins une heure tous les soirs pour discuter. On s’est mis à avoir un comportement encore plus décalé. Que ce soit avec elle ou avec mes amis, on pouvait parler d’absolument tout sans se censurer, c’était super salvateur.

Vous le sentez venir ?
Au fil des ans, j’ai appris que c’était tous des zèbres. Je me doutais qu’ils étaient très loin d’être les derniers des abrutis mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Ça avait commencé avec l’une de mes amies qui a sorti un jour nonchalamment dans une conversation qu’on lui avait donné un QI de 138 quand elle était petite mais qu’elle avait dû le perdre. Et tout le monde s’y est mis de sa version. Que ce soit ma copine, son frère, tous les gens avec qui je traînais, on avait tous étés diagnostiqués un jour ou l’autre comme étant des zèbres. Et pourtant on en a pas tous le profil (je parle de l’image qu’on s’en fait), certains ont fait l’ENS et sauté deux classes mais pour le reste c’était l’inverse, on avait plutôt quelques années de retard avec une légère aversion pour le système scolaire (pour ma part, j’ai fait l’exploit de faire mon lycée en 5 ans en finissant avec une moyenne de 7 pour ensuite terminer major de ma licence de physique fondamentale  Cool ). Sans le vouloir, on a fini par se regrouper entre zèbres, rassemblés par notre décalage commun.

Et comme dans tous bons groupes d’amis, les uns ont commencés à se séparer des autres. On a même eu nos dramas (J’y ai participé cette fois !!). Et je vous passe la fin mais en gros il y a eu un peu un schisme, on est tous partis dans un coin différent de la France pour nos études et on se perd un petit peu de vue.

Je suis parti de mon ancienne ville avec un peu d’amertume mais avec le même élan avec lequel j’avais passé ces dernières années. Depuis la rentrée, ayant changé d’endroit et donc de gens que je fréquente tous les jours, je suis retourné aux choses plan plan, aux soirées qui traînent trop (que je m’inflige de moins en moins) et à l’ennui abyssal de ces discussions trop longues. Mais c’est sans compter sur le fait que maintenant, je suis chelou et je l’assume 😉


J’aurais encore 3000 choses à dire mais je n’ai pas envie de repartir sur un autre sujet. Je voulais juste donner un bout de mon histoire (il manque plein de détails mais il y a les grandes lignes). Ce post n’est pas là pour dire que l’on est condamnés à trouver d’autres zèbres si on veut être heureux. Au contraire, je le prends avec un peu plus de philosophie, j’ai toujours voulu me faire apprécier des autres, pour ça j’ai essayé de me changer parce que, même inconsciemment, je pensais ne pas être normal. Notre bonheur ne dépend pas des autres mais de notre capacité à nous exprimer. Ça ne passe pas que par les relations humaines, on peut se complaire dans son travail, dans ses passions, dans ses petits délires, même étant seul.

Aimez-vous vous-même, parce que même si vous aurez la chance de tomber sur des personnes qui le feront pour vous, ça peut ne durer qu’un temps, et se construire autour des autres nous met à la merci de mauvaises critiques infondées. Même quand on est doués pour ça, chercher l’affection des autres à tous prix, y compris des zèbres, nous enferme dans un carcan qui nous empêche de nous connaître nous et nos envies.


Si vous pensez être chelous, c’est que vous l’êtres pas. Moi je vous aime <3
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Message par cyranolecho Lun 20 Jan 2020, 12:35

Impec !
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Message par Invité Lun 20 Jan 2020, 13:51

Glasius a écrit: et que je me suis fait « dépister ». À un moment j’y voyais la réponse à tous mes problèmes. J’ai beaucoup lu dessus, vu de reportages, eu de doutes sur le fait que j’en étais vraiment un… C’était une période terrible de ma vie et j’y ai vu un peu comme un moyen de me sauver. J’essayais de deviner qui autour de moi en était pour essayer d’en parler mais rien n’y fait, je restais terriblement seul. C’était pas DU TOUT le seul problème que j’avais à cette période là mais je pensais vraiment que le problème venait de ma solitude. Entre temps, je me suis quand même rendu compte que c’était une chimère, que j’avais d’autres problèmes de fond qu’il fallait que je règle et que je prenne cette particularité comme le fait d’avoir des cheveux blonds ou les yeux bleus. Comme quelque chose qui me constitue mais qui ne me définit pas. Je le pense toujours.

Si vous pensez être chelous, c’est que vous l’êtres pas. Moi je vous aime <3

Very Happy
Merci pour ton témoignage.

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Message par B.illy Mer 22 Jan 2020, 00:51

cat


Dernière édition par B.illy le Mer 01 Avr 2020, 11:12, édité 1 fois (Raison : quantum leap)

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Message par ShineFlower Mer 18 Mar 2020, 07:55

@Glacius a dit "si vous vous pensez chelou ce que vous ne l’êtes pas". Question à deux balles.
Moi, je suis zèbre mais pas chelou" est-ce que je suis chelou?  Pété de rire à moi même bien entendu.
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Message par Monhza Mer 18 Mar 2020, 10:40

Oui.
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