La phobie des grandeurs

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Message par Blini Mar 6 Nov 2012 - 19:11

Voilà, j’aimerais savoir si certains d’entre vous connaissent cette situation, dans laquelle vous n’arrivez pas à accéder à votre intellect, quand il faut aller chercher loin. Je m’explique :

Depuis que je suis petite, j’ai la sensation que je n’arrive pas à accéder à la partie la plus énergique et efficace de mon intellect, au moment où j’en ai vraiment besoin, quand ça devient dur. Ca a commencé avec les mathématiques au collège. J’avais tenté d’expliquer à mes psys « qu’il y avait comme un mur qui m’empêchait d’aller plus loin dans ma réflexion ». Je savais qu’il y avait un « au-delà », mais je n’arrivais pas à l’atteindre. Evidemment, ils n’ont jamais pris ça au sérieux…

Aujourd’hui donc, je suis dans la recherche en science humaines (niveau master 1). Je constate que je freine inexorablement face à la masse de travail à fournir. J’ai d’abord changé de formation après ma licence, pour faire quelque chose de « moins prise de tête ». Mais la stimulation intellectuelle m’a manqué : j’y suis revenue. Donc je SAIS que c’est ma voie et que j’en suis capable, mais je n’y arrive pas. Quand je dois me poser et réfléchir, je fuis. Tout s’embrouille dans ma tête, je déconnecte. A l’inverse, tous les exercices qui ont une moindre importance, ceux-là, je les exécute, je n’y arrive pas forcément, mais au moins, parfois, je fais des efforts.

Tout ça pour en arriver à cette conclusion : quand le résultat attendu est important ou qu’il faut aller chercher « loin » (au risque de se perdre), je bloque. C’est comme une phobie de ce qui me rendrais plus grande… entre la conviction d’être à la hauteur, et la peur d’échouer… Mais j’ai l’impression que c’est aussi une peur de me retrouvée face à moi-même. C’est la chose même qui est contenue dans ma tête qui m’effraie. J’ai peur d’exploiter ma force, de la laisser être. Parce que sinon, je ne vois pas pourquoi je ne l’utiliserais pas ? Qui refuserait l’efficacité (intellectuelle) quand il en a, si ce n’est quelqu’un qui a peur (moi)?
Est-ce que vous connaissez ça aussi (je suis sûre que oui !) ? Est-ce simplement la peur de l’échec ? le manque de combativité ? la paresse ? la peur de se perdre en nous-même ?

Avez-vous des stratégies pour briser ce cercle vicieux ? Pour s’apaiser vis-à-vis de ce que l’on a en nous, pour pouvoir y accéder de manière sereine ?

PS : je pense que je vais me mettre à la méditation. Des avis ?

Je remercie d’avance ceux qui auront eu le courage de lire jusqu’ici…
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Message par Pieyre Ven 9 Nov 2012 - 7:41

J'ai reporté ma réponse à ton sujet pour une raison assez simple. Je me reconnais bien dans certaines de tes descriptions mais je me demande par ailleurs si ce n'est pas assez commun d'avoir des difficultés, voire des blocages, quand l'objectif qu'on se propose est d'un niveau élevé.
Tu verras si tu trouveras dans mes commentaires des éléments communs ou des particularités spécifiques.

Il y a le fait de ne pas accéder à un certain fonctionnement intellectuel qu'on a parfois, ou qu'on se sent capable d'avoir. À part le fait que tu aies eu cette impression assez tôt, je m'y reconnais assez. Mais on pourrait dire qu'il y a seulement là la difficile prise de conscience de ses limites. N'est-ce pas souvent le cas chez ceux qui ont eu des facilités, au point de ne pas avoir besoin de faire d'efforts, et qui se retrouvent un jour un peu désemparés, par manque de réflexion préalable sur leurs possibilités réelles ?
Aussi on peut continuer à s'estimer au niveau un certain temps, avec le goût pour les études et la réflexion qui va avec, avant de se rendre compte que les capacités ne suivent pas les aspirations.

Là où je remarque un élément qui déborde ce cadre, c'est quand tu mentionnes la peur d'exploiter des capacités que tu as, et même la peur d'être plus grande.
La peur d'échouer me paraît alors une conséquence. Si on a peur de l'effort à fournir pour atteindre des objectifs, c'est parce qu'on sait qu'on en est capable, donc que l'effort sera réel. Alors on ne pense plus qu'à la difficulté, que l'on grossit pour mieux renoncer, tout en ayant peur de cet échec que l'on a rendu inévitable.
Cela peut sembler un peu tordu mais c'est finalement assez simple si l'on distingue deux instances de nous-mêmes, celle qui a des objectifs et celle qui les réalise, avec une entente insuffisante entre les deux, ou plutôt un contrôle insuffisant de la première sur la seconde. Selon ce schéma, c'est la seconde qui renâcle et qui grossit la difficulté pour se justifier de renoncer, et la première qui éprouve de l'angoisse.

J'ai cru trouver une solution à ce fonctionnement défaillant, à ce manque de contrôle de ce qu'on peut appeler la bonne volonté sur la mauvaise. Elle consiste à renforcer la première par une discipline de travail qui ne laisse pas la possibilité à la seconde de tout saboter. Et aussi par une exigence : faire d'abord ce qu'on doit, et le plaisir de faire viendra en agissant.
Mais ce n'est pas comme dans une entreprise, avec un décideur et un exécutant. Nous pouvons nous appuyer sur des méthodes d'organisation extérieures à notre conscience, mais il s'agit aussi de maintenir en nous un certain contrôle. Dans mon cas le contrôle est toujours à rétablir, parce qu'il se désagrège toujours.

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Message par C12H23O2Na Ven 9 Nov 2012 - 8:24

Pour ma part, je parlerais surtout de phobie de l'effort : ce qui me fait reculer, c'est souvent l'idée que pour arriver à tel ou tel résultat, je devrais sacrifier une partie de mon temps libre, or l'expérience m'a prouvé que faire des efforts n'est pas toujours désagréable... malheureusement, à cela s'ajoute la peur de l'échec.
De fait, je n'arrive à fournir vraiment d'efforts que quand je suis "sûr de gagner".

J'arrive donc au paradoxe suivant : une tendance à choisir la facilité, mais qui me laisse "sur ma faim" par manque de "challenge", et une peur de la difficulté qui devrait pourtant me motiver (mais la motivation, chez moi, est souvent de courte durée : y a toujours mieux ailleurs Wink )
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