Impuissance...

Une vie à se poser la question de sa légitimité, une vie à épargner aussi les autres, conscient que leur faiblesses mènerait la perte de toute relation, tant ces personnes, belles et tentant l'intégrité, pensent qu'elles supporteraient ma franchise... Quelle franchise? Celle qui ne consiste par exemple à ne dire que des choses "potentiellement blessantes"? Voilà la franchise telle qu'entendue aujourd'hui, celle de nos pairs... Moi quand je suis franc, je le suis aussi en faisant des compliments... mais on me répond que non, ben faut pas être faux-cul et que ça sert à rien de passer de la pommade... Donc au final... je me tais...

Épargner les autres qui nous disent tout de go "tu m'emmerde, ta gueule, tires-toi, dégages, fais ceci, fais pas cela..." et qui ajoutent souvent "mais si tu ne dis rien, comment veux-tu qu'on sache que cela te blesse ou que cela te ruine?"... Ben je sais pas moi? DU bon sens? Un tout petit peu de jugeote? Quand quelqu'un m'ennuie ou m'énerve, je me contiens, je regarde, j'essaie de comprendre et de me mettre à sa place et ensuite je discute. Je prends sur moi parce que oui... je comprends que je puisse énerver. Mais cela...ahhh cela ne se peut! On ne peut pas concevoir que l'autre nous trouve moche, con, inadapté, à côté de ses pompes... Ahhh ca non. IL faut le dire à l’autre qu'il l'est mais surtout pas se l'entendre dire... c'est ça la franchise? Faut pas s'étonner après quand je vois la réaction des gens qui se permettent de dire tout et n’importe quoi sous prétexte de franchise et de communication, la gueule qui tire quand on leur rappelle que nos imperfections sont identiquement les leurs... ahhh ça. Pour le coup la gueule il la tire bien, mais alors bien profond... plus de discussion. Ces gens se vexent...tout persuadés qu'ils étaient d'être dans leur bon droit et d'être irréprochables... Aucune réflexivité...

Je fais partie de ces gens qui préfèrent penser avant de parler et qui réfléchissent avant d'ouvrir leur gueule. Mais si c'est pour s'entendre dire en permanence... "ahhh tient j'avais pas pensé à cela, mais franchement, faut laisser les gens avancer à leur rythme!" Oui... je ne prends pas la place des autres. Mais quand je sens une douleur j’essaie d'expliquer avec des arguments rationnels et compréhensibles pourquoi j'ai mal, sans agresser et sans attaquer. Je tente de comprendre aussi l'autre et moi là dedans...

Mais finalement...je me sens toujours fou ou décalé...parce que je me dis que c'est MOI qui ai un problème. Problème précisément que tous ces gens si francs me disent être le fait des autres: mais enfin fais le tri autour de toi, ne tolère plus les choses qui te font mal et exprime les... Et quand je dis cela, que je vais finir par faire ce que je veux...tout d'un coup...ils rigolent vachement moins, parce qu'ils réalisent qu'ils sont TOUTES et TOUS concernés... alors tout d'un coup ils flippent.

Je suis IMPUISSANT... impuissant à dire simplement aux gens...ta gueule... tu me fais chier ou casses-toi... parce que ces gens je les aime et je comprends, enfin je crois, comment on peut en venir à réagir et à interagir comme eux... Ils me touchent. Ce n'est ni de la condescendance ni de la pitié...juste tellement limpide dans leurs fragilités et leurs blessures. Ils s'en cachent, se vantent de leur forces et de leur indépendance.... ils n'ont que ce mot à la bouche... Autonomie, indépendance, liberté, intimité... aucune place...strictement aucune pour l'autre. Aucune place pour moi...

Et ils disent , tellement ils sont francs... "mais prends ta place bordel...." et deux secondes plus tard.... "ahhh ouais mais pas celle là... celle là c'est pour mon travail, celle là c'est pour mes réussites personnelles, celles là c'est pour ma peinture, celle là c'est pour toutes ces choses que personne ne pourra jamais me prendre.... parce que c'est MOI qui les ai faites POUR MOI".... ok...

J'arrive plus à dire... j'arrive plus à me regarder. Il n'y a aucune place à l'approximation dans la franchise, ni dans l’honnêteté... Il n'y a pas de nuance entre le blanc et le noir... l'un ne pouvant être l’autre simultanément...et si je devais considérer des nuances de gris...je ne considérerai jamais que des tons qui ne sont pas identiques à leurs voisins... point! Donc dichotomie et dualité... évidemment. Mais toujours un tout... Pourtant je n'arrive pas à être moins gentil...ce n'est même pas une peur de perdre... c’est une peu viscérale de faire du mal... et le connais ce mal, qui ronge et qui détruit toute certitude, toute foi et toute croyance... Il n'y a pas de place , plus de place dans ma vie pour des gens, même les plus proches qui me disent "mais libères-toi des autres" et qui s'offusquent que je me libère de leur avis... Pourtant...ce sont des autres? Ils ne sont pas moi... or tout ce qui n'est pas moi est égal...c'est mon rapport à ce qui n'est pas moi qui fera la différence entre l'un et l'autre.

Ils sont fantastique ces gens qui me disent..."mais parfois tu assène un absolu"... Ben oui...et alors? Ce sont mes convictions...si tu as les tiennes il n'y a aucune raison de t'offusquer de mon absolu? Il y a des islamistes, des taoïstes, des bouddhistes, des shintoïstes, des chrétiens, des athées... et alors? Ils ont tous foi dans leur truc à eux...cela ne me dérange pas le moins du monde. Et ce n'est pas parce que l'un n'est pas d'accord avec l'autre que l'un a nécessairement raison et l'autre tort! Et là ils me disent ouais mais quand même...tu ne peux pas être aussi sur... Mais je ne suis sûr de rien...je crois à ce qui je dis, je dis ce que je pense et je pense ce que je dis...

Je peux très bien dire alors, oui je comprends ton point de vue et je suis d'accord avec ce point de vue...le mien demeurera le mien cependant, car je n'ai ps le même que le tien. c'est tout. Cela ne veut pas dire que je ne change pas mes points de vue parfois...mais que lorsque qu'il n'y a pas matière à...je ne vais pas le changer sous prétexte d'en changer... A quoi bon faire des choses inutiles... aucun intérêts.

Bref... je devrais dire toute les fois ou j'ai eu mal dedans, toutes les fois ou on m'a laminé par la soi-disant franchise unilatérale... merveilleux concept exocritique qui écarte toute possibilité d'analyse de soi et de recul... avec ces phrases choc et type "Oui mais moi au moins je suis honnête et je dis ce que je pense".... Ouais...ben a posteriori franchement j'aurais préféré que tu pense à ce que t'étais en train de dire...cela t'aurais éviter de sortir des monstruosités et des conneries autocongratulante et tellement validante pour toi faisant fi de toutes et tous ceux qui t'entouraient à ce moment!

Tu te trompes de cible je pense, c'est contre toi-même que tu es en guerre.
Le plus dur ce n'est pas de brandir un miroir mais de pouvoir soutenir son reflet avec bienveillance.

Je trouve ton post très clair Aethos, on s'y croirait. C'est limpide. Je pense que c'est de cela dont il est question, de la relation de soi aux autres, ou des autres à soi.

Cela donne l'impression qu'il n'y a aucun "vrai" échange autour de toi. J'ai souvent cette impression aussi (bien réelle) d'envoyer un message mais qui n'est pas reçu ou de travers, qu'il part en biais.

Et c'est épuisant et déroutant (c'est le cas de le dire). En même temps, le travail, c'est de s'en rendre compte petit à petit. Plus on laisse de latitude, plus on remplit l'espace entre eux et nous avec de l'émotion, de la sensibilité, des intérêts personnels. Mais cela prend du temps. Et cela éloigne un temps des autres. Mais nous rapproche de nous mêmes.

De toute façon, je trouve que notre position est instable, en mouvance permanente. Mais ce mouvement est intéressant aussi, car il nous permet d'être réactif sur tout.

 

hello aethos
ne te retiens pas de faire des compliments si c'est ce que tu penses vraiment et sans arrière-pensée...

Je ne me retiens que rarement en fait, quoique je puisse être par moment le champion de l'autocensure...

JE suis surtout quelqu'un d'obéissant...Quand on me demande de la fermer, je me tais.

bonsoir Aethos,

je m'autorise un déterrage, parceque le sujet de l'impuissance m'interpelle.

sexuellement (même si je suis une fille), professionnellement, et dans ce que j essaie d'entreprendre et de faire.

sexuellement , parcequ'il m'a fallu des lustres (et des kilos de dope) pour me libérer et me rapprocher un tant soit peu (et encore j'en suis LOIN) de mes envies mes besoins etc.. ça c'est la partie sexuelle de moi, ensuite, il ya la partie sexuelle de mes partenaires potentiels. et ça, ça m'affecte aussi beaucoup.
parceque j'ai vu fuir, littéralement fuir, des hommes sur qui j'avais flashé grave. et je reste persuadée qu'il y avait là dessous une histoire de pression qu'ils se mettaient .
j'en ai follement souffert, et après une longue période où je me suis dit c'est pas tes affaires, c'est aux gens de régler leurs névroses, leurs blocages.. j'en viens à me dire, si en fait, c'est un peu mes affaires. dans la mesure où la paralysie de pas y arriver ME prive de trucs super. avec des hommes qui m'ont vraiment retournée, et dont je dois (parcequ'ils ont peur, parceque j'ai peur) abandonner l'idée d'une nuit magique ou plusieurs nuits ou la life ou que sais je

on pourrait peut-être se confier, tous ensemble. ça semble moins lourd quand c'est partagé.

ensuite, dans le cadre de choses que nous souhaitons accomplir. ben, là aussi l'impuissance fait bcp souffrir ; et je rejoins Aethos sur les pensées "ne pas faire d'ombre aux autres" , "les gens ne vont pas tous à ton rythme" etcetc

comment on s'affirme dans ces conditions ??? c'est impossible !!

(bon moi j'avais la dope, ça aide un temps, et sincèrement vive l'Opium, mais il m'a fallu cesser quand jai voulu évoluer, travailler réellement en profondeur des projets, sans ça ça devenait vite brumeux et foireux, bref fin de la digression)

donc rebelote, on ressent vite l'impuissance.

d'ailleurs l'impuissance sexuelle et l'impuissance dans le reste des choses de la vie ça a , je pense, les même racines. je dirai trop focalisés sur le jugement d'autrui.

on s'imagine le pire. et je dois dire que je suis dubitative quand j'entends ho mais les autres ne sont pas des monstres, tu t'en fous de leurs jugements, on peut pas plaire à tout le monde, il faut essayer pour progresser. c'est entendu, et je suis d accord dans le fond.

mais tout de même, nous avons besoin de validations. d'encouragements. de réciprocité.

bref, qui veut s'embarquer avec moi sur le sujet ?

bises à tous !

L.E.L