Votre vécu à l'école (ou comment aider une étudiante à poursuivre son mémoire... :D)

Bonjour à tous !

Pour valider ma licence en Sciences de l'éducation, j’ai un mémoire à réaliser et il se trouve que j’ai décidé de faire ce mémoire sur les enfants à haut potentiel. Mon objectif est d’essayer de comprendre comment les enfants HP scolarisés dans des établissements publics voient l’école en comparant leur vision à celle des autres enfants.

Et votre aide serait la bienvenue !
Pour l’instant je m’adresse donc aux HP diagnostiqués comme tel, de tous âges. (D’ailleurs, si préciser votre année de naissance ne vous pose pas de problème, je suis preneuse !)

Pour les motivés, ma question est simple (peut-être pas tant que ça, certes. ) : Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Je vous laisse volontairement avec une question large, n’hésitez pas à broder et à dire ce qui vous passe par la tête quand vous repensez à vos années d’élémentaire ! (aussi bien d’un point de vue purement scolaire que dans la cour de récré ou face aux profs)

Un immense merci à tous ceux qui m’aideront ! Pour les timides, vous pouvez m’envoyer un Mp si c’est plus simple pour vous. Quoiqu’il en soit tout reste évidemment anonyme.

Y a déjà des topics dessus. Fonction recherche en haut.

Mystie a écrit:Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Mal. Très mal.

Les raisons principales :
- Ce fut une fantastique perte de temps, un énorme gâchis ;
- Ce fut un milieu hyper violent.

'Lut,

 Je suis de 77, en maternelle j'étais tout fier d'avoir appris à écrire "lapin-sapin", je ne savais pas me servir d'un crayon correctement et j'étais admiratif de l'écriture calligraphiée de mon grand-père en toutes circonstances alors que j'en étais au stade de la gribouille ; j'étais impatient de ne savoir le faire alors qu'avant le CP assis sur les genoux du papé devant les chiffres et les lettres je faisais déjà des mots avec les consonnes et les voyelles (je me rappelle encore de la tronche du grand-père lorsqu'il a réalisé...).
Premières bagarres dès le bac à sable avec des gros lourds...
Je vivais déjà la solitude mais je n'en avais pas encore conscience.
Puis CP, de la joie devant "le monde des grands" qui s'ouvrait enfin, hâte d'apprendre pour pouvoir comprendre le monde, une maîtresse qui m'avait pris en affect et c'était le bonheur pour moi.
CE1, déménagement, je me retrouve en zone rurale "profonde...", deux classes dans cette école, une pour CE1-CE2 et une autre pour CM1-CM2 entre les deux un mur en préfabriqué, le début de l'ennui abyssal pour différents facteurs.
Le couple d'enseignants qui tenait l'école convoquent mes parents pour me faire passer deux classes, j'étais perturbateur pour les autres, la deuxième année dans cette école "de campagne" je me retrouve avec les "grands" de l'autre côté de la feuille de cigarette/cloison, reste la cour de "récréation", seul, quolibets, défiance des cons sanguins ...
CM1 changement d'école, chez les soeurs...
Le rigorisme et le manque d'affect des frustrées ensoutanées me plonge dans une torpeur éducative, changement d'école au second trimestre ; école public, un prof "oldschool" compétent mais "froid" (Mr Milesi) parvient à me stimuler.
CM2 une prof qui avait tout compris passé le premier trimestre avec elle (Mlle Gaultier), elle me donnait tous les exercices du jour vis à vis du programme que je faisais à mon rythme et en récompense lorsque fini, je pouvais aller au fond de la classe et lire les livres qu'il y avait dans un meuble.
Reste à parler de l'étude du soir (parents très occupés), un "maître" complètement cynique et violent avec les gosses, humiliations et châtiments corporels dignes du début du siècle dernier, j'ai eu des comportements excessivement violents suite à "ça" et eus déclenché de tics nerveux invalidants qui m'ont suivi très longtemps par "somatisation"
Voila comment je l'ai vécu.

Le facteur humain bienveillant, c'est ce qui manque dans le corpus enseignant (et pas que...) en "démocratie administrative" et la contrainte du nombre qui ne laisse pas la place à l'adaptabilité enseignant/élève.

Merci de ta lecture.

Francophonie même combat ???

Cyril THQI a écrit:

Mystie a écrit:Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Mal. Très mal.

Les raisons principales :
- Ce fut une fantastique perte de temps, un énorme gâchis ;
- Ce fut un milieu hyper violent.

Pourquoi ce fut un milieu "hyper violent" ?

Né en 1971. Scolarisé dans une école publique.

De mes souvenirs embrumés :
- je sais lire avant le CP. A partir de là, ce fut ma principale activité. Sinon, ennui chronique. Je n'ai développé aucune confiance en moi car j'avais des instituteurs ancienne école, ceux qui frappent les élèves sans souci. Je vivais dans la peur de la sanction. Rétrospectivement, c'est étonnant car j'étais « bon » dans toutes les matières. Je me souviens une fois que l'instit (CP ou CE1) s'est emportée contre toute la classe car tout le monde s'était planté dans les exercices. J'ai absorbé cette violence comme si elle était dirigée contre moi. Au final, il se trouve qu'en rendant les cahiers, j'étais le seul à avoir répondu correctement. Après, cela m'est arrivé à plusieurs reprises jusqu'en terminale.
- bizarrement, quand on me demandait un apprentissage par cœur, je ne pouvais rien mémoriser (ex : les dates en histoire). Mais je mémorisais sans souci si je n'avais pas la pression de devoir le faire. Je pense que je perdais mes moyens face à l'autorité professorale.
- difficulté à gérer aussi quand le prof se plantait. Quand il met la Dordogne comme affluent de la Loire, je fais quoi ? J'apprends une erreur ? Je corrige ? Je le dis ? Je me tais ?
- exclusion et isolement par rapport à mes petits condisciples. L'isolement m'étant plus difficile que la violence dont je faisais parfois l'objet.

Bon, finalement, peur et tristesse le primaire...

Bonjour,

Merci à tous pour vos réponses !!
Je garde tous vos témoignages précieusement ! Et si d'autres veulent m'envoyer leur vécu, ce n'est pas trop tard, vous le pouvez encore.

Cyril THQI - Je me pose la même question que Pretanama, pourquoi est-ce que ce fut un milieu hyper-violent pour toi ? Si tu veux/peux développer, je te lirai avec plaisir !

danslesétoiles - Je te contacterai d'ici quelques semaines alors ! Je suis en train de finaliser un questionnaire et il s'adresse justement aux enfants et leurs parents. Ta participation et celle de tes enfants seraient donc précieuses !

Mystie. a écrit:
Cyril THQI - Je me pose la même question que Pretanama, pourquoi est-ce que ce fut un milieu hyper-violent pour toi ? Si tu veux/peux développer, je te lirai avec plaisir !

Elément de réponse ici ---> Quand t'es minot, y a pas d'écoute, juste des certitudes erronées de la part de tes vis à vis ; remarque, avec l'âge, ça ne change pas vraiment ; lorsque les clampins aux manettes seront éduqués on sera libre de ne plus leur dire "éh Ducon !". Y a pas d'offense, juste que la meilleure façon de résoudre un problème en géomètrie c'est encore d'en sortir...

Je clique en me disant «tiens j'en connais une que ça peut intéresser» et...

Merci Kondomm, je vais voir ça !

LaDemoiselle des Licornes - Héhéhé !

Mystie a écrit:Mon objectif est d’essayer de comprendre comment les enfants HP scolarisés dans des établissements publics voient l’école en comparant leur vision à celle des autres enfants.

Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Si j'ai bien compris, Mystie s'intéresse à la différence de regard et de vécu entre les HP et les autres, au sujet d'une même réalité. Elle pose une question au sujet de la spécificité de la subjectivité des HP. J'ai donc répondu en parlant de mon ressenti, de mon idiosyncrasie. Je n'aurais pas dû écrire "Ce fut...", mais "Je l'ai vécu comme..."
Un observateur lambda n'aurait sans doute pas parlé de "milieu hyper-violent", même pas violent du tout peut-être. Et ce n'est sans doute pas comme cela que devaient le percevoir beaucoup d'autres élèves. Mais c'est ainsi que je le ressentais, par une sorte d'hypersthésie de la violence.

2 éléments objectifs tout de même :
1. L'école primaire et l'école maternelle (ou je passai 2 ans) étaient entourées de barres d'immeubles ou s'entassaient des populations "défavorisées". Et bien entendu une bonne partie du contingent en provenaient. L'école a été rasée depuis. Certains des immeubles à l'entour devraient l'être aussi.
2. Je n'ai jamais sauté de classe.

L'école primaire. Quelle joie, quelle félicité, que de souvenirs émus. Je crois avoir été amoureux de chaque maîtresse (une vilaine habitude, croyez-moi) et surtout, surtout !, je fus noyé d'ivresse dans l'océan de bienveillance et d'amour dont sont capables - comme chacun le sait - les enfants.

Bon, en résumé :

- Malgré une distance de sécurité obligatoire et une méfiance totale envers les créatures étranges qui s'évertuaient à dépenser leur énergie çà et là en courant et piaillant à longueur de journée, j'ai bénéficié de l'école pour apprendre à peu près à singer les normes sociales d'une part, et à remplir la mission qu'on attendait de moi (récupérer le max de bons points pour (ou contre) le minimum d'efforts) d'autre part. Je ne m'entendais correctement qu'avec les instits, dont j'étais l'un des chouchous même si je squattais exclusivement le fond de la classe (sauf en CP, où j'avais tenté de faire bonne figure en me plaçant au milieu, erreur funeste, d'ailleurs, puisque ma voisine prénommée Christina était d'un naturel sadique).

- Le souvenir le plus drôle fut ma première (et dernière) visite, en CE 2, chez la psychologue scolaire (une demi-vieille maquillée comme une douzaine de voitures volées), qui n'avait pas compris un traître mot de ce que je lui racontais, et avait signalé au proviseur que j'étais probablement un psychotique en devenir. Oh, comme j'avais fait sensation !

Pour ainsi dire, l'éclate totale. J'attendais le collège avec impatience : croyez-moi, je ne fus pas déçu... :-D

Peut-on répondre à la question posée par le mémoire par un texte?

Je ne sais pas ce qu'est une personne à haut potentiel.

Sinon, j'ai écrit ça:

moi j'étais amoureux d'Anne, de Raphaëlle, de Florence un peu, et j'ai pas du tout aimé quand Florie m'a smashé dessus en finale du tournoi de ping pong. Je ne crois pas ne pas l'avoir laissée gagner, cette personne. Elle était toute fine et penaude énergétiquement ou sentimentalement, faut voir, donc il fallait bien l'aider.

Les tables étaient installées en longueur, avec les plus grandes au bout et des plus petites au départ de la taille d'un quart de grande table, et plus tu gagnais de matchs, plus tu pouvais aller vers les plus grandes, pour y rester longtemps comme moi, héhé.

Sinon, j'ai rendu la dictée avant tout le monde avec 10 et j'ai compris alors en attendant que les autres finissent qu'il y avait comme un truc bien, que j'ai pris en valeur pour moi.

J'ai dit à tout le monde qu'il ne fallait pas se brosser les dents trois fois par jour parce que ça les abîme mais ils ont pas compris. J'ai dit "une fois" avec une voix de César à la prof ou au prof. C'est vrai qu'il faut faire attention de quoi on parle.

J'étais avec François et Seb. François était intelligent, pas Seb. Mais Seb était gentil, mais je savais jamais où il était dans la cour. François et moi, on jouait aux billes. On mettait le pouce vers le bas et on y "accolait" l'index pour faire une sorte de pression sur le pouce, pour qu'après, quand tu lâches le pouce ou l'index, ça dépend comment tu vois les choses, le pouce part taper dans la bille, qui doit aller dans le trou. Il fallait être précis. Je gagnais toutes mes parties de bille ok? Il y avait les calots, les boulards, les "oeils de chat", les pépites, les météores, les arc-en-ciel (j'osais pas y toucher aux arc-en-ciel). Il y avait même des billes en terre, je trouvais ça triste les billes en terre. Pourquoi on fait des billes en terre?

J'ai fait la collection des pogs et j'ai eu toute la série 1 des pogs. Je les ai comptés.

Mme Hébert, la prof de CP, disait qu'il fallait faire des échanges pour échanger les cartes Panini de foot, moi je jouais au jeu du "tu tapes avec appel d'air" pour la retourner, et si tu retournes les deux, c'est bon, tu gagnes les deux. Je crois qu'un jour, un mec est venu, et j'ai voulu lui donner mes cartes de foot pour qu'il ait l'équipe complète de Marseille, il avait dû réussir un truc bien avec les gens avant. Alors, j'ai perdu tous mes duels, mais comme il a pas compris que j'avais fait exprès, comme avec Florie, j'ai eu mal quand il a explosé de joie.

Moi je m'en foutais de tout à cette époque. Et peut-être que je m'en fous encore de tout. Je sais pas.

Sinon, le directeur, il était assez sévère. Il avait des lunettes moches, des yeux gros, une bouche maussade et large, l'air con, sérieux, autoritaire. Il était souvent debout devant l'entrée de l'école comme un garde de la reine. Il s'appelait M. Zimmerman. Il posait sur les photos de classe, mais j'ai jamais compris pourquoi, c'est mes copines ok?

J'avais l'impression de voir un nazi dans ce directeur. Beurk. Pourquoi il serait directeur en fait? Il est con non? C'est moi le directeur. Beurk. Bon des fois, il était souriant.

Raphaëlle avait une gueule d'ange, je sais pas pourquoi j'étais amoureux d'elle, je crois que c'était à cause du "elle" de la fin. Sinon, elle était clairement conne (dsl là j'ai explosé). Je crois c'est bien de nous entourer de gens intelligents de temps en temps. Bah oui faut le dire, l'écrire et le parler.

Anne était brillante à l'école, elle était blonde aux yeux bleus. Elle était venue à Lion-sur-mer avec moi dans la voiture, l'espace verte. J'étais mort de peur pendant toute la voiture. Je comprenais pas comment une fille pouvait être avec moi, dans la voiture. Je crois que j'étais tout timide, mais je crois pas qu'elle s'ennuyait, elle devait être un peu fière. Elle regardait par la fenêtre, rêveuse, ah la fenêtre...

Ou alors, je faisais le timide, hein, c'est possible aussi.

Je crois qu'on avait été sur la plage, mais je crois que j'ai jamais pu prendre la moindre initiative sexuelle avec elle. Ptet elle était trop envahissante ou trop contente. Ou alors, cela ne m'a jamais traversé l'esprit. J'ai jamais entendu mes parents faire les choses qu'on ferait quand on est "grand".

Une fois, je suis entré en coup de vent, et j'ai vu mon père tout nu pendant une fraction de seconde. J'ai jamais vu mon père faire un truc aussi rapide: prendre le drap sur le côté du lit et l'envoyer sur le côté pour faire un beau plan courbé au dessus du lit, c'était joli papa, je m'en souviendrai.

J'ai eu mal d'entendre ces histoires de touche pipi d'autres gens. T'es qui pour faire ça?

J'avais écrit des "lettres" pour inviter des gens à mon anniversaire. J'ai hésité toute la journée avant de pouvoir donner la lettre à Raphaëlle. Puis, je me suis dit qu'il fallait le faire, être un homme. Mais l'enveloppe était toute brouillée, et les mecs se sont emparés de l'enveloppe, et ils ont couru avec, j'ai souffert, j'ai un peu couru, puis quand j'en ai eu marre, j'ai récupéré l'enveloppe.

Je l'ai donné à Raphaëlle d'une main tendue fébrile, n'osant pas lui parler. Elle était gênée. Mais je crois qu'elle avait vu tout le bins. Ptet tout ça était fait exprès.

Il y avait Jean aussi, Jean était blond et fin. La voix claire, je sais pas ce qu'il devient.
Il y avait Chris. Chris perdait toujours à la paume avec moi, avec une balle en mousse jaune. Et il trichait, il trichait tout le temps, et en semblait content. Moi quand je joue au tennis, je joue réglo. J'en ai eu marre, j'ai arrêté la paume.

Un jour, on faisait du foot, et j'ai mis un but avec le genou qui a tapé la balle et qui a lobé le gardien genre en parabole. Tout le monde était content, j'étais content. Puis j'ai arrêté le foot.

J'avais entendu parler de M. Béguet comme d'un mec très gentil, mais une fois, je l'ai entendu gueuler, et j'ai eu trop peur. Je croyais que c'était un mec gentil.
J'ai vu M. Gibergues donner un coup de pied au cul à un élève dans le réfectoire, où on mangeait des trucs bofs. J'étais super choqué. Quand j'ai su que ça allait être mon prof de CM1, j'ai bugué. J'ai dit à mon père qu'il avait fait ça, il m'a emmené lui parler et M. Gibergues a dit un peu fier que ça allait très bien se passer. Il a plus tapé personne. Et il était gentil. Et j'ai eu 10 à la dictée.

Mme Govi, était allé au match des tribunes de Bastia qui se sont écroulées.

et je finirai un jour !

Je voulais faire l'amour aux seins de Murielle aussi.

Bonsoir,

Me concernant, l'élémentaire... C'était l'enfer !! Pas autant qu'au collège cependant, car j'avais su conserver malgré tout une certaine estime de moi voire confiance, ce que j'ai totalement perdu au collège (surtout la confiance en soi).

Je ne vais pas m'étendre sur le fait que j'étais rejetée par mes autres camarades et toutes les "tortures" si je puis dire que j'ai pu surmonter, des élèves mais également des profs qui me considéraient comme "anormale" et ne me prenait pas au sérieux (ce ne fut pas le cas de tous, heureusement !! Mon statut d'excellente élève, bien qu'agitée (je me faisais clairement ch*** en cours), a sauvé la mise). Qui plus est, ce genre d'épisodes assez douloureux ont préférés fuir ma mémoire, et je pense que cela n'a pas véritablement d'intérêt, et tout le monde ici a probablement déjà vécu ça, plus ou moins.

Je vais plutôt développer la manière à laquelle j'ai essayé de m'en sortir, qui est plus intéressante, en tout cas ce dont je me souviens. Il est possible que je déborde sur la maternelle puis sur le collège, pour mettre en place une suite logique.

Pour commencer, je vais poser un contexte social : j'étais le genre de personne qui demandais à qqn : "tu veux être mon amie ??", prcq je voyais ça comme une sorte de contrat l'un envers l'autre que l'on pourrait passer, une sorte de pacte qui demandait de nous comprendre, de s'entraider, de briser les tabous, de garder les secrets de l'autre et vice-versa... Cela me semblait évident, et aujourd'hui aussi d'ailleurs j'approuve encore ce principe, bien que vous comprendrez que je ne vais plus dire aux autres "tu veux être mon ami(e)" comme phrase d'accroche !!
Je n'ai compris que bien plus tard qu'il fallait que j'arrête ça, et c'est précisément à partir de ce moment que les choses deviennent intéressantes, que j'ai perdu de mon être, de ma personnalité : j'ai pratiqué ce que j'appelle l'"auto-refoulement".

Par ailleurs, pour illustrer encore davantage, j'avais beaucoup de mal à intégrer le fonctionnement social d'un "groupe" : il y avait le leader, certains moutons, ceux qui se croyaient leaders... Bref, tellement de sous-catégories que je me plaisais à définir... Mais ce qui me lamentait le plus, c'était que les leaders, ce n'étaient pas eux qui étaient capables de pondre les meilleures idées, ce n'étaient pas eux les plus intelligent, les plus bienveillants, au contraire !! Et je ne pouvais pas supporter ça !! Donc je me mettais hurler haut et fort que tout cela n'vais rien de juste, et puis que je voulais commander !! Je me souviens, j'avais d'ailleurs piquer une crise devant tout le monde à ce sujet, je n'avais pas peur de le dire et d'affirmer mes idées, j'étais sûre de moi : je voulais que les choses changent, je voyais qu'elles n'étaient pas idéales comme cela. Certes, vouloir "commander" (c'était le mot, assez cru je le conçois, que j'avais tendance à utiliser) était assez prétentieux, mais je constate cependant une chose : malgré tout, j'avais confiance en moi, et j'avais défendu ça pendant un bon bout de temps, face et contre tout.

J'avais aussi un certain style vestimentaire... J'étais assez coquette, j'aimais le rose (ça ne change pas de la plupart des filles de mon âge pour le coup), sinon j'avais une sainte horreur des yeux clairs : je trouvais les yeux marrons et noir tellement plus puissants, et je n'avais pas peur de le dire haut et fort (l'histoire des yeux, c'était en maternelle). Bref, là n'est pas l'important.

D'un jour à l'autre, je me suis dite que pour me "faire accepter", il fallait que je me fonde dans la masse. Je n'ai plus porté de rose, plus de jupe, et j'ai commencé à me vêtir tel un garçon manqué. Cette histoire de vouloir "me fondre dans la masse" m'est apparue comme un déclic, mais je pense qu'en réalité ce fut plus progressif dans les faits, seulement la prise de conscience fut soudaine. Bref. J'avais décidé de coller au moule, de devenir une "fille-fantôme", de laisser dominer la majorité, de taire mes idées, mes véritables aspirations, les mettre de côté in eternam, comme si finalement elles n'avaient plus de valeur. C'est aussi là que j'ai véritablement commencé à me renfermer sur moi-même, car avant j'étais plutôt extravertie, malgré le fait que j'avais quasi-toute l'école sur le dos, mais je me battais. Puis j'ai arrêté.
Au départ, "coller au moule", je voyais plus ça comme une sorte de stratégie, seulement cette stratégie a fini par prendre le dessus, alors qu'il ne s'agissait que d'une stratégie à la base. Là est arrivé le masque, milieu CM1 ou en CM2... Bref, fin primaire.
Masque dont j'ai encore aujourd'hui du mal à me défaire, en tout cas à distinguer de moi. Au moins, je le reconnais : c'est un bon point.

Pour continuer l'évolution, ce n'est qu'au collège que j'ai réaliser VRAIMENT (auparavant, ce n'étaient que des prémisses) que je ne pouvais pas coller au moule, que coller au moule ne me correspondait pas, mais que c'était nécessaire de coller à ce moule pour avoir un minimum de vie sociale, et là, j'ai considérer le masque de nouveau comme une stratégie - Je précise : le terme "masque" pour définir cela ne m'est apparu qu'au lycée - J'ai alors commencé à observé énormément mon entourage, à le cerner encore plus... Les gestes, les expressions, les points faibles, la complexité que pouvait avoir une personne... Bref. De l'entraînement de haut niveau qui occupait les cours de récréations solitaires, lorsque personne ne venait me faire de remarques. Ensuite, j'ai commencé à reprendre confiance en moi, je me suis forcée, et j'ai fini par avoir une vie sociale, notamment à partir de la classe de première au lycée (OK, je déborde pas mal...). Mais j'avais même trop de vie sociale... Et le masque prenait bcp trop de place : je ne me reconnaissais plus. Bref. Je ne vais plus m'étendre car sinon je sors carrément du sujet !!

Voilà !! Tout ceci est purement authentique !!
Enfin, je n'aimerais pas dévoiler mon âge en public, alors on dira que je suis une "jeune adulte", histoire de situer !!

J'espère en tout cas Mystie, que cela pourra t'aider pour ton mémoire !! ^^

Les filles "se démerdent plus bien" parce qu'elle sont des filles, et à hormones.
Seulement, elles prennent aussi voire plus cher que les mecs en mentant en permanence ce qu'elles sont avec leurs stratégies tactiques géniales poussées attirant la Nasa, l'ONU, Daesh et toute la clique de détection privant le monde de construction sociale normale.

L'être profond doit surgir. La surface stratégique est un programme installé, durement construit pour se défaire des pattes du violent garçon d'à côté en gros, mais la satisfaction est fausse. Le masque ne remplit pas. Le jour de la réalisation est à arriver.

"Le masque ne remplit pas" et "le jour de la réalisation est à arriver", précisément !! J'y travaille...

Et par ailleurs, le masque consistait premièrement à me taire, et essayer de penser comme la masse, parce que je la pensais supérieure à moi, or il n'y avait que différence : pas de notion véritable de supériorité ou d'infériorité.
Le côté "hypocrite" que ce masque peut avoir n'est pas ce qui, je pense, fait son "intérêt", puisqu'au bout d'un moment je n'avais même pas conscience que je n'étais "pas moi". Voilà !! ^^

Un immense merci à tous ceux qui m'ont envoyé leurs témoignages ! J'ai pu fixer mes hypothèses et avancer sur ma recherche, vous avez sauvé ma présentation orale d'hier !

Vous aurez donc bientôt de mes nouvelles puisque je suis en train de peaufiner un questionnaire destiné aux enfants cette fois !

moi je répondrais en fin de discours:

ils la voient pas.

mais je préférerais ne jamais en faire..., de discours.

@ Mystie

ça m'est revenu l'autre jour entre deux coups de spatule, je te pose ça là
http://www.tilekol.org/mon-conseiller-peda-est-un-prix-nobel-de-physique
Des fois que ça te soit utile pour ton mémoire n'hésites pas à faire des recherches pour comprendre la méthode Feynman ainsi que les parallèles à faire d'avec (sic...) le système "éducationnel" du "tous égaux par le bas"...

...........

Je ne sais si mon témoignage peut encore t'être utile, car ce post commence à dater. Si jamais :

-je n'ai jamais sauté de classe, j'ai présenté des troubles scolaires très importants dès le CP et j'ai été considéré longtemps comme une élève "en difficulté" et trop "rêveuse".
-extrême violence, de la part des professeurs (humiliations, ignorance, harcèlement) et des enfants (agressivité, moqueries, mise à l'écart).
-ennui total et insupportable.
-développement de comportements pathologiques (ne mange pas, ne dors pas, crises de stress...).
-dégoût définitif pour de nombreuses disciplines (maths notamment) avec dvlpt de phobies
-nécessité de recourir à des cours particuliers pour ne pas couler
-goût marqué pour l'indépendance en réaction à un enfermement trop long
-aucun travail ni investissement, en classe comme à la maison. Seul moment d'écoute, les cours particuliers. Je passais mon temps à rêvasser loin du monde, ou à foutre légèrement le bordel (à partir de 8 ans).

Conclusion : le primaire restera les pires années de ma vie

Mystie. a écrit:Bonjour à tous !

Pour valider ma licence en Sciences de l'éducation, j’ai un mémoire à réaliser et il se trouve que j’ai décidé de faire ce mémoire sur les enfants à haut potentiel. Mon objectif est d’essayer de comprendre comment les enfants HP scolarisés dans des établissements publics voient l’école en comparant leur vision à celle des autres enfants.

Et votre aide serait la bienvenue !
Pour l’instant je m’adresse donc aux HP diagnostiqués comme tel, de tous âges. (D’ailleurs, si préciser votre année de naissance ne vous pose pas de problème, je suis preneuse !)

Pour les motivés, ma question est simple (peut-être pas tant que ça, certes. ) : Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Je vous laisse volontairement avec une question large, n’hésitez pas à broder et à dire ce qui vous passe par la tête quand vous repensez à vos années d’élémentaire ! (aussi bien d’un point de vue purement scolaire que dans la cour de récré ou face aux profs)

Un immense merci à tous ceux qui m’aideront ! Pour les timides, vous pouvez m’envoyer un Mp si c’est plus simple pour vous. Quoiqu’il en soit tout reste évidemment anonyme.

l'elementaire je me rappelle plus trop par contre apres j'ai quelques anecdotes personnelles (je suis HP WAIS 144)

-  a l'ecole je corrigeais regulierement les prof quand ils faisaient des erreurs au tableau en math , physique, chimie y compris en terminale etc. je me suis jamais trompé
- en math je m'ennuyais, dans une autre année je pouvais pas piffer le prof, je lisais des revues au cours mais j'avais quand meme de tres hautes notes en foutant rien les profs pouvaient pas faire grand chose
- dans les sciences humaines (cours histoire, geo etc), mon questionnement et remise en cause de la matiere de certains profs m'a presque value des ennuis (certains etaient tres politisés aussi et tres peu appréciés tellement c'etait leur discours etait caricatural). je me rappelle d'un prof qui m'a pris a part (en me disant tu deranges mon cours, tu es plus avancé et plus intelligent que les autres mais si tu continues avec tes questions je te sanctionne)

- paradoxalement je me rappelle parfois d'une certain admiration des autres eleves quant a mes résultats (j'etais dans une ecole elitiste ce qui explique peut-être)

donc grosso modo, mon surdon/zebritude m'a surtout valu des problèmes avec les profs,
en gros dans les sciences exactes (qui ne sont plus des enjeux du pouvoir dans la société actuelle), c'etait plutôt l'admiration des profs, sciences humaines la reprobation (ce dernier point est tres interessant !)

Mystie. a écrit:Bonjour à tous !

Pour valider ma licence en Sciences de l'éducation, j’ai un mémoire à réaliser et il se trouve que j’ai décidé de faire ce mémoire sur les enfants à haut potentiel. Mon objectif est d’essayer de comprendre comment les enfants HP scolarisés dans des établissements publics voient l’école en comparant leur vision à celle des autres enfants.

Et votre aide serait la bienvenue !
Pour l’instant je m’adresse donc aux HP diagnostiqués comme tel, de tous âges. (D’ailleurs, si préciser votre année de naissance ne vous pose pas de problème, je suis preneuse !)

Pour les motivés, ma question est simple (peut-être pas tant que ça, certes. ) : Comment avez-vous vécu votre scolarité dans l’élémentaire (du CP au CM2) ?

Je vous laisse volontairement avec une question large, n’hésitez pas à broder et à dire ce qui vous passe par la tête quand vous repensez à vos années d’élémentaire ! (aussi bien d’un point de vue purement scolaire que dans la cour de récré ou face aux profs)

Un immense merci à tous ceux qui m’aideront ! Pour les timides, vous pouvez m’envoyer un Mp si c’est plus simple pour vous. Quoiqu’il en soit tout reste évidemment anonyme.

J'ai vécu ma petite scolarité sur la base d'un biais qui m'a beaucoup inspiré : mes parents me disaient que l'école c’était pour "appendre à lire et à écrire". Or je lisais et écrivais en grande section, aussi pensais-je avoir rempli mon "contrat" du coup je n'ai plus rien fait par la suite. J'allais donc à l'école seulement pour les récréations et les copines (quand j'en avais). En classe je n'écoutais pas beaucoup ce que disait l'instit (je généralise du CP jusqu'au CM2 sans exception) dont la leçon me parvenait comme un bruit de fond allant même à me perturber dans les histoires que je m'inventais alors (l'air de rien une ville reproduite à l'aide des petits soldats du frangin appelée Quito à gérer avec des révolutions, des élections, des discours à faire etc etc du boulot !!). Passé cet interlude (le primaire) la réalité m'a rattrapée au collège où mon vide scolaire n'était pas sidéral, mais abyssal... La suite fut cocasse...

Mon vécu en primaire était celui d'une grande facilité dans toutes les matières, et d'une grande distraction pendant les cours.

J'étais incapable d'écouter un cours plus de quelques minutes, et je passais l'essentiel du temps à rêvasser en regardant le saule pleureur et les pies par la fenêtre, en face de moi (dans plusieurs classes, j'étais face à la fenêtre avec le même panorama, sauf au CP, je crois). Ce qui se passait dehors (c'est à dire à peu près rien... une cour vide) était bien plus fascinant que le cours.

Donc, sans suivre, ni écouter, ni travailler (je ne faisais que la partie des devoirs qui risquait d'être vérifiée, c'est à dire là aussi, presque rien...), j'étais parmi les meilleurs, notamment en orthographe, en calcul... Mais totalement réfractaire au travail. Ma prof de CM2 s'en est aperçue, et a bien averti mes parents quant à mon entrée au collège... en vain (j'ai redoublé la 5e, après ça).

Mon vécu n'était pas particulièrement négatif, mais j'avais peu ou pas d'amis à l'école, voire pas du tout tout court, juste deux ou trois copains de circonstance, sur les dernières années surtout, parce que j'étais à côté d'eux en classe. Je n'ai jamais gardé le contact, ni cherché à établir un contact plus approfondi avec aucun, d'ailleurs ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Il m'a fallu bien plus d'années pour avoir de vraies amitiés.

Dans la cour, je jouais seul, bien qu'à proximité des autres. Je ne me rappelle pas d'avoir souvent interagi avec les jeux des autres, par contre j'étais curieux et il m'est arrivé d'aller jouer avec les filles pour comprendre leurs jeux... J'expérimentais des nouveaux jeux parfois, mais avais tendance à avoir un peu toujours les mêmes, car finalement les jeux des autres m'ennuyaient souvent. Ah si, je participais à deux jeux collectifs, tout de même, parce que j'y excellais, ou plutôt, j'excellais dans certains compartiments de ces jeux.

Petit détail, j'étais très petit, souvent le plus petit que ma classe (même par rapport aux filles), et j'étais souvent moqué pour cela. Mais ça ne m'atteignait pas beaucoup, du coup je laissai peu prise à la moquerie et ça n'était pas trop trop insistant. J'ai souvent eu plus de difficultés avec des profs qu'avec des élèves (en CP surtout).

Enfin, d'une manière générale, c'est après la primaire que ça s'est corsé.