Pourquoi de temps en temps je suis si mal?

Le livre de Christophe André "Les états d'âme" peut être une bonne aide pour y voir plus clair sur ces émotions qui s'installent parfois en nous. Sur leur acceptation, comment cela pouvait aider à comprendre leur message, et comment elles s'écoulent alors au lieu de rester et de s'envenimer.

Noumi a écrit:savez-vous pourquoi on devient mal sans raison???

Je pense qu'en général ce ne sont pas les raisons qui manquent, seulement il est difficile de trouver lesquelles ont le plus d'influence sur nous.

Parfois aussi, il existe une raison précise, un déclencheur, mais tant que le lien entre ce stimuli et la réaction n'est pas établi, il n'est pas possible de l'élucider.
Je pense notamment au cas des stimuli conditionnels issus de traumatismes, avec l'exemple de la personne qui est attaquée par un agresseur vêtu de vêtements violets et qui ensuite se sent mal à chaque fois qu'elle voit du violet.
Sauf qu'en vrai le lien n'est pas aussi simple, et surtout on est tenté d'expliquer ses réactions par des raisonnements directs du style "c'est normal que le bruit des motos me mette hors de moi, c'est un bruit agressif".

je plussoie sur le fait que la dépression n'est pas une faiblesse...ça rend faible, certes, mais comme une grippe ou un accès de fièvre...
comme vous, je suis (j'étais ?) sujet à ces côtés up et down, avec des moments super up et surtout, surtout, super-super down...
ça va faire bientôt 25 ans que je bataille avec la déprime, sans comprendre (à l'époque) ce qui créait ces accès.
j'ai pu avec le recul, constater que si je ne "gérais" pas convenablement les périodes up, à savoir faire tout et surtout n'importe quoi, (déplacer les montagnes à la petite cuillère par ex...) courir partout, m'éparpiller, faire 36 (au bas mot) choses à la fois, et surtout dormir peu, je me changeais du jour au lendemain sans savoir pourquoi, en loque humaine...

à force et avec l'âge, ces périodes down sont arrivées plus fréquemment malgré des périodes up plus calmes...
et puis les emmerdes arrivant il n'y a quasiment plus eu de up, ou pour de très courtes périodes...

en cherchant à analyser, je me suis rendu compte que la frustration (boulot de merde, jugements du tribunal inique, non reconnaissance, etc..) plus le fait de continuer à devoir me battre pour avancer m'épuisaient physiquement et mentalement...d'autant que les emmerdes faisaient tourner le petit moulin juste après l'extinction de la lumière au moment où on est bien parti pour la nuit...(mais vous connaissez, n'est-ce pas ?) donc nuit courte, manque de sommeil, bref cycle infernal...

j'ai remarqué aussi que systématiquement au printemps et à l'automne je me prenais une beigne monstrueuse...

il y a environ 5 ans une amie, suite à une grosse déprime, m'a parlé de maniaco-dépression et de traitement au lithium qui lui avait permis de lisser ces alternances...j'ai bataillé pour essayer ce traitement (très lourd à doser, prise de sang régulières puis suivi, bref, galère...) qui ne m'a pas convenu du tout, en revanche la psy m'a prescrit du "dépakote" (en plus de l'antidépresseur), et fini les alternances ingérables ! j'ai pu arrêter l'antidépresseur, je ne tourne plus qu'avec le dépakote...depuis maintenant 4 ans (petite rechute et reprise d' antidépresseur mais ça compte pas... ça a duré 2 mois...et c'était y-a 2 ans)...

tout ça pour dire que j'ai trouvé une solution qui me convient, même si je suis nostalgique des périodes up...je suis beaucoup plus apaisé, je gère les emmerdes avec bcp plus de fatalisme, je m'énerve bcp moins, j'ai même réussi à prendre du recul sur le boulot et le manque de reconnaissance...

seul point noir, les arborescences nocturnes...ça, comme je sais qu'il faut que je dorme, bah je suis obligé de les niquer avec des somnifères, à base de benzo ou thc...

voilà, je ne sais pas si je suis réellement bipolaire,(aucun des psy que j'ai vu n'a fait de lien avec la douance...) mais le traitement me convient et c'est tout ce qui compte pour moi dans l'immédiat...
en espérant avoir allumé une lueur d'espoir...

Les états mélancoliques, ça me connaît aussi... je suis en plein dedans aujourd'hui : j'ai commencé le livre de Jeanne Siaud-Facchin hier soir... un lien de cause à effet, peut-être ?
Déprimer n'est pas une faiblesse. C'est plutôt une alerte, le problème, c'est de trouver pour quelle raison on a ce signal qui résonne en nous. Pour nous, zèbres, c'est compliqué parce que nous sommes dans l'hyper-contrôle depuis toujours, notamment celui de nos émotions. Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai beaucoup de mal à les identifier (à part la colère et l'énervement dû à l'impatience). Mon psy m'a dit un jour d'accepter d'être bienveillante pour moi-même, de cesser d'être toujours dans le jugement. Pas facile à faire, mais doucement, ça fonctionne. Je ne vais pas bien aujourd'hui, j'ai le droit, et bien que je n'en ai pas l'envie, je vais quand même faire des choses que j'aime, pour moi, parce que c'est aidant. Je sais que ça ira mieux plus tard, je m'efforce de ne pas me laisser couler.

Je ne suis pas sûre que ma réponse apportera quoi que ce soit, mais toujours se souvenir d'être bienveillant envers soi finit par nous autoriser à l'être, et, du coup, ça va mieux...

sylvain.sanesti a écrit:Je prends souvent plaisir à être malheureux (bien qu'il ne faille pas en abuser). De cette manière, je supporte beaucoup mieux mes états de tristesse involontaires que la plupart des gens. Je ne déprime plus comme avant.

cette phrase me parle; ça me rappelle que beaucoup de choses que font beaucoup de gens, je les évite simplement pour éviter ces trop grands écarts de sensations, auxquels j'ai pu être confrontée étant jeune et que j'évite au maximum désormais ... par exemple, peur des week-ends trop détente de peur des lundi trop durs à encaisser; peur des vacances parce que le retour au réel sera d'autant plus difficile ... peur de m'arrêter de bosser parce que là aussi, quand il faudra s'y remettre, ce sera plus dur, et même ... j'évite le canapé, préférant rester sur une chaise, pour que la coupure soit moins difficile (là je parle de quand je suis invitée, parce que chez moi, rester à ne strictement rien faire devant la TV est totalement inconcevable donc la question du canapé ne se pose même pas) ... en fait, pour reprendre une expression connue mais qui me convient dans ce cas, je me sens un peu intolérante à la frustration. En fait, là où certains se sentiraient frustrés de ne pas se mettre dans le canapé, moi j'anticipe le départ et veux m'éviter la frustration du dur retour à la réalité....
C'est un peu pareil avec le bonheur : tellement rare et jamais très long, alors je préfère m'habituer à un état toujours à peu près identique, pour éviter de trop gros écarts qui me déstabiliseraient trop.

gemma a écrit: par exemple, peur des week-ends trop détente de peur des lundi trop durs à encaisser; peur des vacances parce que le retour au réel sera d'autant plus difficile ... peur de m'arrêter de bosser parce que là aussi, quand il faudra s'y remettre, ce sera plus dur, et même ... j'évite le canapé, préférant rester sur une chaise, pour que la coupure soit moins difficile (là je parle de quand je suis invitée, parce que chez moi, rester à ne strictement rien faire devant la TV est totalement inconcevable donc la question du canapé ne se pose même pas) ... en fait, pour reprendre une expression connue mais qui me convient dans ce cas, je me sens un peu intolérante à la frustration. En fait, là où certains se sentiraient frustrés de ne pas se mettre dans le canapé, moi j'anticipe le départ et veux m'éviter la frustration du dur retour à la réalité....
C'est un peu pareil avec le bonheur : tellement rare et jamais très long, alors je préfère m'habituer à un état toujours à peu près identique, pour éviter de trop gros écarts qui me déstabiliseraient trop.

c'est marrant, ça me parle, je me reconnais bien là-dedans... je culpabilisais en me disant que si je réagissais comme ça, c'était parceque j'étais un gros feignant...pendant les vacances je ne peux pas m'arrêter, j'ai trop peur de pas pouvoir redémarrer...pour le bonheur, je n'ai pas encore fait de rapprochement mais je vais m'y coller, il me semble que je suis plutôt dans la position : prends-le maintenant tu sais pas de quoi demain sera fait...sauf que ça vient pas souvent, alors...

La déprime ce n'est pas une faiblesse, c'est un dysfonctionnement du cerveaux. Les personnes souffrant d'ulcère d'estomac sont-ils faibles? Non; et bien les dépressifs non plus! C'est terriblement culpabilisant pour la personne en dépression de s'entendre traiter de faible.

Comme vous tous, j'ai des hauts et des bas. Après une grosse dépression et de longues années de psychothérapie, j'ai appris à accepter les moments où je suis down. Et plus je les accepte, plus je me laisse aller à ce gouffre de tristesse et de manque d'énergie, plus vite j'en sors. Avant, je voulais être forte, jamais je n'aurais osé me plaindre "moi qui ai tout pour être heureuse"... et cela m'a conduit très très bas. A présent, quand je me sens mal, j'en parle aux quelques personnes qui ne me jugeront pas et qui m'écoutent avec bienveillance.

Pour ma part (ce n'est peut-être pas une généralité), la dépression vient quand je ne suis pas en accord avec moi-même. J'ai tellement longtemps essayé d'être "ce que l'on attend de moi" que j'ai du mal à vivre/être moi-même. C'est une apprentissage long et parfois douloureux. J'ai tellement peur de déplaire que je préfère parfois (de moins en moins heureusement) me nier. Ce n'est pas la solution.
Comme je ne suis pas combative, j'utilise parfois la fuite pour échapper au jugement. C'est lâche mais j'apprends à accepter cette faiblesse là.

On a tous le droit de ressentir toutes les émotions. Personne n'a le droit de décréter "qu'on a tout pour être heureux". Le bonheur est tellement personnel.

La société impose une image de bonne santé physique et mentale mais c'est faux. Rien n'est parfait et c'est tant mieux.

Bien sûr quand on est dans une phase basse, c'est dur, très dur. Il faut trouver des oreilles bienveillantes zébrée ou pas.

Courage à tous les tristes, déprimés, dépressifs, ...

attention de ne pas confondre déprime et maladie maniaco-dépressive ou mélancolie, qui sont des pathologies effectivement conditionnées par des désordres neurophysiologiques.

Barbawaw a écrit: Pour ma part (ce n'est peut-être pas une généralité), la dépression vient quand je ne suis pas en accord avec moi-même. J'ai tellement longtemps essayé d'être "ce que l'on attend de moi" que j'ai du mal à vivre/être moi-même. C'est une apprentissage long et parfois douloureux. J'ai tellement peur de déplaire que je préfère parfois (de moins en moins heureusement) me nier. Ce n'est pas la solution.

Je me retrouve parfaitement dans ce que Barbabaw écrit : la déprime vient souvent d'une disharmonie entre ce que je fais et ce que profondément je suis, c'est souvent une négation de mes besoins ou de mes valeurs. Comme après ma thérapie je me connais et m'accepte bien, ça m'est beaucoup plus simple d'éviter de sombrer. J'identifie plus rapidement le dysfonctionnement et j'y remédie, ou je fais avec : mes moments bas sont presque négligeables par rapport à ce que je vivais avant. (mais surement pas pour le commun des mortels, faut pas rêver ! )

Courage aux déprimés... s'accepter, se connaître est un excellent moyen pour vivre bien sa différence et le reste suit...


La Laie[justify]

Bon je n'arrive pas à trouver où je peux pousser ma gueulante et ici cela semble bien (n'hésitez pas à me dire où j'aurais peut être été moins hors sujet!!)

J'en ai marre, marre, de passer du rire au larme, de ne pas savoir si je vais bien ou non, marre de passer du rire au larmes et d'avoir quand même envie de pleurer en riant, marre de ne pas savoir pourquoi j'ai envie de pleurer, marre de savoir pourquoi j'ai envie de pleurer mais de ne pas vouloir me l'admettre, marre de me mettre dans des situations à la con qui me font souffrir marre de, marre de, marre de ces changements d'humeur, qui me bouffent et m'épuisent.

Désolée, j'avais besoin de sortir tout cela et encore je n'ai pas la verve et l'esprit trop embrouillé pour réussir à en sortir quoique ce soit.
Pardon de vous déranger.

Besoin d'un câlin virtuel?

http://zebrascrossing.forumactif.org/bavardages-doux-et-courtois-pour-ames-sensibles-f10/ici-quelques-mots-font-beaucoup-de-bien-le-fil-du-reconfort-pour-se-soutenir-moralement-t634-60.htm

et une pelletée de bisous pour noumi, une! courage!

Bon j'ai tout lu en vrac et ce qui ressort c'est un truc que j'ai appris à mes dépend. Le zèbre s'use ! Notre fonctionnement nous demande des efforts permanents depuis l'enfance. Adaptation, dissimulation, incompréhension, en plus du flux cérébral qui nous pompe plus qu'un moteur à induction (à déduction?). Résultat des courses à plus ou moins long terme le burn out. La dépression de l'homme d'affaire surbooké. Le yoyo haut bas moral n'est rien d'autre que des signes de faiblesses de la machine. Effectivement il n'y a pas une raison précise, il y a les 11111149990000 raisons et situations qui t'ont pourri la vie depuis des années. Des qui auraient paru microscopiques à des "non SD" et qui t'ont demandé une énergie incroyable. Alors voilà, si ça peut t'aider à mieux cerner, à être au plus juste du sens. Recherche Ô combien SD... tant mieux!

Barbawaw a écrit:Comme vous tous, j'ai des hauts et des bas. Après une grosse dépression et de longues années de psychothérapie, j'ai appris à accepter les moments où je suis down. Et plus je les accepte, plus je me laisse aller à ce gouffre de tristesse et de manque d'énergie, plus vite j'en sors.

Avant, je voulais être forte, jamais je n'aurais osé me plaindre "moi qui ai tout pour être heureuse"... et cela m'a conduit très très bas. A présent, quand je me sens mal, j'en parle aux quelques personnes qui ne me jugeront pas et qui m'écoutent avec bienveillance.

Pour ma part (ce n'est peut-être pas une généralité), la dépression vient quand je ne suis pas en accord avec moi-même. J'ai tellement longtemps essayé d'être "ce que l'on attend de moi" que j'ai du mal à vivre/être moi-même. C'est une apprentissage long et parfois douloureux. J'ai tellement peur de déplaire que je préfère parfois (de moins en moins heureusement) me nier. Ce n'est pas la solution.

Ca, ça me parle énormément... la dépression vient quand je ne suis pas en accord avec moi-même.. Vécue aujourd'hui, dans une relation d'amitié bien compliquée où semble-t-il je dois mettre les limites à la place de l'autre pour ne pas le blesser alors que ce que j'évoque n'a rien de blessant... avec l'impression par là de ne pas avoir de place et dans cette relation de n'être que pour l'autre, de pas vraiment exister donc dans cette relation, ou d'y être un bourreau. Et puis un nouveau psy qui remet en cause mon analyse avec un autre psy.

Tout ça fait trop cogiter. Et fatigue rajoutée, Mr DOWN est revenu me visiter...
Me sens mieux après la lecture de ce que dit Barbawaw. Même si je le sais cela, dans ces moments-là j'ai tendance à l'oublier...