Dôme emploi
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Dôme emploi
Bonjour,
je vous poste ci-dessous un petit texte écris depuis quelques temps et pour lequel je réfléchis à une possible transposition en format roman.
Merci de vos avis (positifs comme négatifs ;-) )
« Chevalier ! Je veux devenir Chevalier !
_ Mouais… et bah… tu fais comme tout le monde, tu vas voir le Dôme emploi mon garçon. Parce que une formation de chevalier, c’est pas donné, hein… »
Voilà, ô gentes dames et damoiseaux, comment débuta la quête de mon Graal : moi, Jean Geodffroy, fils de paysans, je voulais du haut de mes 17 ans, trouver une formation pour devenir Chevalier.
Bien sûr, mes parents avaient déjà imaginé mon avenir : la reprise de l'atelier familial me permettrait de continuer à faire des chaises en bois pour tout le comté. Et les chaises, comme disait mon père, étaient un secteur porteur car, comme il se plaisait à le répéter, « Aussi haut qu'on soit, on n'est toujours assis que sur son cul ».
Mais depuis mon quinzième printemps, je le sais intimement, c’est écrit dans les étoiles : je passerais ma vie sur un noble destrier, protégeant la veuve, l’orphelin et l'opprimé de tous les manants, démons et malins que l’enfer enverrait.
En un mot : Chevalier !
C’est pour cela qu’aujourd’hui je suis entouré de tant de vilains et de marauds qui attendent, comme moi, d’arriver au stand du Dôme emploi. Un léger sentiment de honte d’être ici me pénètre, mais à force d'observer cette vieille fée cabossée à l’air dépitée, ou ce crieur de rues devenu aphone suite à un accident de ciseau, je sais que ce ressenti est général.
La situation serait toutefois quelque peu plus agréable si la file où je suis daignait avancer. Cependant, le lutin au stand d’accueil ne semble guère s’activer. Et, par un quelconque coup du sort, il arrive même à nous faire reculer.
Après 3 sabliers d’attente, voilà enfin mon tour. A moi la gloire, les honneurs et l’aventure ! A moi mes rêves !
« Bonjour, je viens pour avoir une formation de Chevalier ! »
Le lutin lève un œil suspicieux. Serait-il surpris de rencontrer quelqu’un avec de l’enthousiasme à revendre ?
« … Vous êtes inscrit ?
_ Hein ? … Ah, je ne savais pas qu’il fal…
_ Voilà le formulaire d’inscription. Vous remplissez ce parchemin, signez là, là et là et vous attendez qu’on vous appelle. SUIVAAAAAAANT !
_ …
_ J’ai dit… « suivant ».
Allez… J’ai du boulot moi. SUIVAAAAAAAAAAAAANT ! »
Me voilà assis devant une table dont l’usure n’a d’égale que le nombre de personnes qui sont passés ici avant moi depuis les 3 derniers siècles. Le formulaire semble simple au début :
*Nom
* Prénom
* Nom de votre village…
Cependant, très vite, tout cela se complique :
* Avez-vous déjà versé la Dîme ? Si oui, quel montant au cours des 5 dernières années ?
* Votre famille a-t-elle un lien de parenté direct ou indirect avec un quelconque membre de la monarchie actuelle ? Si oui, fournissez-nous votre arbre généalogique contresigné par votre Bourgmestre.
* Possédez-vous, ou un membre de votre famille jusqu’au 2nd degré inclus, une propriété foncière ? Si oui, indiquez sa taille en coudée.
Je suis en pleine règle de 3, utilisant l’aide et les doigts de 2 autres personnes présentes pour savoir combien de deniers représente la vente de 3 poules et 1 canard au marché de la ville d’Abaddon, quand un nouveau lutin se présente à moi.
« Vous venez.
_ Euh… d’accord. Mais je n’ai pas fini de rempl…
_ Pas grave. On fera sans. On se dépêche, j’ai encore 5 autres personnes après vous.
_ Oui, oui, me voilà… »
L’être aux oreilles pointues part d’un pas décidé vers une grotte quelque peu en retrait de la salle d’attente. La voute de l’entrée et l’intérieur sont si bas que je dois rester accroupi, même après m’être assis sur cette chaise bancale qu’il me propose d’un geste blasé et par l’élocution d’un vague « nainsaletvou ». Les lieux sont à l’image du personnage : petits, froids et sombres.
Sur son bureau, un boulier trône sur une des nombreuses piles de dossier se trouvant sur ma gauche. A droite, un plateau d’écriture avec plume et encrier à demi rempli. Je suis encore en train de me demander comment une institution pareille peut fonctionner avec un pataquès pareil que le lutin me tire de ma rêverie.
« Je répète ma question : avez-vous déjà eu un autre employeur que vos parents ? Et si oui, avez-vous le certificat de travail avec le sceau de l’employeur ?
_ Euh… non. J’ai toujours travaillé à la ferme et…
_ D’accord, d’accord. Alors je vais vous expliquer rapidement la procédure. A chaque pleine lune, vous aurez 5 jours ouvrés pour venir nous voir et nous dire si vous avez eu un emploi ou réalisé des travaux de servitude. Pour cela, il faudra compléter précisément la fiche qui se trouve à l’entrée de votre Dôme emploi et nous la remettre. Cela vous permettra de rester inscrit comme main d’œuvre disponible dans notre fichier. Si jamais un seigneur a besoin de main d’œuvre, nous vous envoyons une missive par pigeon voyageur et vous aurez alors 1 journée pour vous présenter au poste.
Des questions ? »
Le discours était celui répété mille et une fois tout au long de la journée, tellement que le lutin finissait de compléter son parchemin administratif tout en me parlant.
« Euh… oui ! J’aurais voulu être Chevalier. Est-ce que Dôme emploi peut me donner de l’argent pour que j’achète une armure et un canasson ?
_ …
Vous, c’est vraiment la première fois que vous vous inscrivez, ça se voit…
Comme vous n’avez pas travaillé pour le compte de l’Etat ou d’un autre employeur que vos parents, vous n’avez pas cotisé auprès du Dôme emploi. A ce titre, vous n’avez le droit à aucune aide de notre part.
Vous êtes également trop jeune pour pouvoir faire une demande de RSA, Redistribution Systématique de l’Aumône, puisqu’il faut avoir 25 ans.
Il faudra faire avec le soutien familial. D’autres questions ?
_ … J’ai le droit à rien ? Mais comment ça se fait ?
_ C’est le système. C’est comme ça. Si vous n’êtes pas satisfait, vous n’avez qu’à envoyer une missive auprès du Prince Collecteur Chargé des Finances.
Sur ce monsieur, je vous souhaite une bonne journée. J’ai encore du monde à voir. Vous allez être reçu de suite par mon collègue pour vous aider à trouver un emploi. Merci bien et au revoir. »
En deux politesses et une poignée de main, je viens de retourner dans la salle d’attente précédente.
Retour à la case départ avec la désagréable impression d'être passé dans une planche à laver. Et sans savon.
Il ne faudra à peine qu'une toute petite heure trente à son collègue pour me recevoir immédiatement. Et à la vue de son air jovial, cela n'a pas l'air de lui poser le moindre souci.
Tout sourire et les yeux rieurs, comme s'il était sous l'emprise de la poudre d'aile de fée, il m'invite à le suivre vers un escalier menant à l'étage supérieur. Là, c'est un autre lieu mais surtout, une autre dimension. Les bureaux sont des tentes de soie dans lesquelles des coussins aux motifs finement brodés recouvrent abondamment le sol. L'ambiance est d'un calme reposant, à peine troublée par les mélopées lointaines d'une harpe couvrant les ruissellements réguliers d'une fontaine à eau.
Mon guide nous amène jusqu'à l'entrée d'un chapiteau de petite taille, qu'il me présente fièrement comme étant son bureau personnel. Un coup d'œil à l'intérieur m'apprend avec étonnement que c'est également la tente particulière de trois autres de ses collègues.
Discrètement, nous nous faufilons à l'intérieur, ne souhaitant déranger personne, et entendons bien malgré nous quelques brides de la conversation entre un conseiller et un nain.
« ... ai marre d'être mineur. Ras le bol de rester douze heures par jour dans les tunnels. Je veux travailler au grand air : j'ai envie d'être bucheron !
_ Mais pourquoi donc ? Pourquoi pas un autre métier ?
_ Pour faire chier les elfes qui habitent en haut des arbres.
_ … C'est... une... bonne motivation... »
Nous arrivons enfin à son « bureau » : il s'assoit alors sur un très grand coussin de couleur bordeaux tandis que je dois me contenter d'un coussinet délavé et rapiécé. A sa droite, une plante verte dont des feuilles a été arrachée pour infuser dans une tasse posée juste à côté. A sa gauche, une petite sculpture représente deux soldats morts sur un champ de bataille, dont les corps sont déchiquetés par les pieds griffus d'une femme aux bras ailés. A mon regard interloqué, le lutin m'explique qu'il s'agit de la directrice du Dôme emploi : C. Harpie.
Une fois que nous sommes installés, il se saisit d'une cuillère, touillant un liquide imaginaire dans sa tasse, et me fixe d'un air paternaliste pendant de longues secondes avant de rompre le silence.
« Alors, qu'est-ce que vous désirez trouver comme emploi ?
_ Je voudrais suivre une formation de Chevalier !
_ Vous voulez devenir Chevalier ? D'accord, mais il faut d'abord savoir qu'il existe plusieurs niveaux de chevaliers, c'est selon vos qualifications et votre expérience.
Le plus courant, c'est Chevalier Défenseur de Droit Commun. Si vous vous débrouillez bien, au bout de 5 ans, vous pouvez même passer Tueur de Dragon. Métier à risque, mais qui rapporte un bon paquet d'écus.
Mais pour tout ça, il faut déjà passer la formation, et ça, ça prends cinq ans. Sans parler du fait qu'après c'est à vous de payer votre matériel, évidemment. Ensuite, il ne vous restera plus qu'à vous faire immatriculer comme chevalier errant indépendant auprès de l'URSSAF : l'Union pour les Règlements des Sauveurs Soumis à l'Administration Féodale.
_ Cinq ans ? Mais c'est trop long... Et si je me déclare Chevalier auprès de l'Ursstruc, là, et que je n'ai pas la formation, je pourrais faire quoi comme travail ?
_ Chevalier tueur de ragondins. »
Cette nouvelle réduisait à néant tout mes rêves. J'étais abasourdi. Un véritable coup de massue, voilà comment se terminait l'entretien.
Et je parle au figuré : assommé par derrière, je me suis retrouvé groggy, étalé de tout mon long à la porte de service du Dôme emploi. A mes côtés, un parchemin mentionnant : « Désolé, vous avez dépassé les cinq sabliers d'entretien avec un conseiller Dôme emploi. En vertu du décret 47 alinéa 8, nous sommes autorisés à vous expulser… ».
Je suis retourné chez mes parents, à faire des chaises en bois. Mais mon destin n'était pas là. J'avais soif d'aventures, soif de vivres des moments exaltants entouré de compagnons, soif d'exploits et de légendes.
« Tavernier ! Je veux devenir Tavernier !
Je vais retourner au Dôme emploi, je suis certain qu'ils donnent des écus à ceux qui montent leur commerce. »
je vous poste ci-dessous un petit texte écris depuis quelques temps et pour lequel je réfléchis à une possible transposition en format roman.
Merci de vos avis (positifs comme négatifs ;-) )
« Chevalier ! Je veux devenir Chevalier !
_ Mouais… et bah… tu fais comme tout le monde, tu vas voir le Dôme emploi mon garçon. Parce que une formation de chevalier, c’est pas donné, hein… »
Voilà, ô gentes dames et damoiseaux, comment débuta la quête de mon Graal : moi, Jean Geodffroy, fils de paysans, je voulais du haut de mes 17 ans, trouver une formation pour devenir Chevalier.
Bien sûr, mes parents avaient déjà imaginé mon avenir : la reprise de l'atelier familial me permettrait de continuer à faire des chaises en bois pour tout le comté. Et les chaises, comme disait mon père, étaient un secteur porteur car, comme il se plaisait à le répéter, « Aussi haut qu'on soit, on n'est toujours assis que sur son cul ».
Mais depuis mon quinzième printemps, je le sais intimement, c’est écrit dans les étoiles : je passerais ma vie sur un noble destrier, protégeant la veuve, l’orphelin et l'opprimé de tous les manants, démons et malins que l’enfer enverrait.
En un mot : Chevalier !
C’est pour cela qu’aujourd’hui je suis entouré de tant de vilains et de marauds qui attendent, comme moi, d’arriver au stand du Dôme emploi. Un léger sentiment de honte d’être ici me pénètre, mais à force d'observer cette vieille fée cabossée à l’air dépitée, ou ce crieur de rues devenu aphone suite à un accident de ciseau, je sais que ce ressenti est général.
La situation serait toutefois quelque peu plus agréable si la file où je suis daignait avancer. Cependant, le lutin au stand d’accueil ne semble guère s’activer. Et, par un quelconque coup du sort, il arrive même à nous faire reculer.
Après 3 sabliers d’attente, voilà enfin mon tour. A moi la gloire, les honneurs et l’aventure ! A moi mes rêves !
« Bonjour, je viens pour avoir une formation de Chevalier ! »
Le lutin lève un œil suspicieux. Serait-il surpris de rencontrer quelqu’un avec de l’enthousiasme à revendre ?
« … Vous êtes inscrit ?
_ Hein ? … Ah, je ne savais pas qu’il fal…
_ Voilà le formulaire d’inscription. Vous remplissez ce parchemin, signez là, là et là et vous attendez qu’on vous appelle. SUIVAAAAAAANT !
_ …
_ J’ai dit… « suivant ».
Allez… J’ai du boulot moi. SUIVAAAAAAAAAAAAANT ! »
Me voilà assis devant une table dont l’usure n’a d’égale que le nombre de personnes qui sont passés ici avant moi depuis les 3 derniers siècles. Le formulaire semble simple au début :
*Nom
* Prénom
* Nom de votre village…
Cependant, très vite, tout cela se complique :
* Avez-vous déjà versé la Dîme ? Si oui, quel montant au cours des 5 dernières années ?
* Votre famille a-t-elle un lien de parenté direct ou indirect avec un quelconque membre de la monarchie actuelle ? Si oui, fournissez-nous votre arbre généalogique contresigné par votre Bourgmestre.
* Possédez-vous, ou un membre de votre famille jusqu’au 2nd degré inclus, une propriété foncière ? Si oui, indiquez sa taille en coudée.
Je suis en pleine règle de 3, utilisant l’aide et les doigts de 2 autres personnes présentes pour savoir combien de deniers représente la vente de 3 poules et 1 canard au marché de la ville d’Abaddon, quand un nouveau lutin se présente à moi.
« Vous venez.
_ Euh… d’accord. Mais je n’ai pas fini de rempl…
_ Pas grave. On fera sans. On se dépêche, j’ai encore 5 autres personnes après vous.
_ Oui, oui, me voilà… »
L’être aux oreilles pointues part d’un pas décidé vers une grotte quelque peu en retrait de la salle d’attente. La voute de l’entrée et l’intérieur sont si bas que je dois rester accroupi, même après m’être assis sur cette chaise bancale qu’il me propose d’un geste blasé et par l’élocution d’un vague « nainsaletvou ». Les lieux sont à l’image du personnage : petits, froids et sombres.
Sur son bureau, un boulier trône sur une des nombreuses piles de dossier se trouvant sur ma gauche. A droite, un plateau d’écriture avec plume et encrier à demi rempli. Je suis encore en train de me demander comment une institution pareille peut fonctionner avec un pataquès pareil que le lutin me tire de ma rêverie.
« Je répète ma question : avez-vous déjà eu un autre employeur que vos parents ? Et si oui, avez-vous le certificat de travail avec le sceau de l’employeur ?
_ Euh… non. J’ai toujours travaillé à la ferme et…
_ D’accord, d’accord. Alors je vais vous expliquer rapidement la procédure. A chaque pleine lune, vous aurez 5 jours ouvrés pour venir nous voir et nous dire si vous avez eu un emploi ou réalisé des travaux de servitude. Pour cela, il faudra compléter précisément la fiche qui se trouve à l’entrée de votre Dôme emploi et nous la remettre. Cela vous permettra de rester inscrit comme main d’œuvre disponible dans notre fichier. Si jamais un seigneur a besoin de main d’œuvre, nous vous envoyons une missive par pigeon voyageur et vous aurez alors 1 journée pour vous présenter au poste.
Des questions ? »
Le discours était celui répété mille et une fois tout au long de la journée, tellement que le lutin finissait de compléter son parchemin administratif tout en me parlant.
« Euh… oui ! J’aurais voulu être Chevalier. Est-ce que Dôme emploi peut me donner de l’argent pour que j’achète une armure et un canasson ?
_ …
Vous, c’est vraiment la première fois que vous vous inscrivez, ça se voit…
Comme vous n’avez pas travaillé pour le compte de l’Etat ou d’un autre employeur que vos parents, vous n’avez pas cotisé auprès du Dôme emploi. A ce titre, vous n’avez le droit à aucune aide de notre part.
Vous êtes également trop jeune pour pouvoir faire une demande de RSA, Redistribution Systématique de l’Aumône, puisqu’il faut avoir 25 ans.
Il faudra faire avec le soutien familial. D’autres questions ?
_ … J’ai le droit à rien ? Mais comment ça se fait ?
_ C’est le système. C’est comme ça. Si vous n’êtes pas satisfait, vous n’avez qu’à envoyer une missive auprès du Prince Collecteur Chargé des Finances.
Sur ce monsieur, je vous souhaite une bonne journée. J’ai encore du monde à voir. Vous allez être reçu de suite par mon collègue pour vous aider à trouver un emploi. Merci bien et au revoir. »
En deux politesses et une poignée de main, je viens de retourner dans la salle d’attente précédente.
Retour à la case départ avec la désagréable impression d'être passé dans une planche à laver. Et sans savon.
Il ne faudra à peine qu'une toute petite heure trente à son collègue pour me recevoir immédiatement. Et à la vue de son air jovial, cela n'a pas l'air de lui poser le moindre souci.
Tout sourire et les yeux rieurs, comme s'il était sous l'emprise de la poudre d'aile de fée, il m'invite à le suivre vers un escalier menant à l'étage supérieur. Là, c'est un autre lieu mais surtout, une autre dimension. Les bureaux sont des tentes de soie dans lesquelles des coussins aux motifs finement brodés recouvrent abondamment le sol. L'ambiance est d'un calme reposant, à peine troublée par les mélopées lointaines d'une harpe couvrant les ruissellements réguliers d'une fontaine à eau.
Mon guide nous amène jusqu'à l'entrée d'un chapiteau de petite taille, qu'il me présente fièrement comme étant son bureau personnel. Un coup d'œil à l'intérieur m'apprend avec étonnement que c'est également la tente particulière de trois autres de ses collègues.
Discrètement, nous nous faufilons à l'intérieur, ne souhaitant déranger personne, et entendons bien malgré nous quelques brides de la conversation entre un conseiller et un nain.
« ... ai marre d'être mineur. Ras le bol de rester douze heures par jour dans les tunnels. Je veux travailler au grand air : j'ai envie d'être bucheron !
_ Mais pourquoi donc ? Pourquoi pas un autre métier ?
_ Pour faire chier les elfes qui habitent en haut des arbres.
_ … C'est... une... bonne motivation... »
Nous arrivons enfin à son « bureau » : il s'assoit alors sur un très grand coussin de couleur bordeaux tandis que je dois me contenter d'un coussinet délavé et rapiécé. A sa droite, une plante verte dont des feuilles a été arrachée pour infuser dans une tasse posée juste à côté. A sa gauche, une petite sculpture représente deux soldats morts sur un champ de bataille, dont les corps sont déchiquetés par les pieds griffus d'une femme aux bras ailés. A mon regard interloqué, le lutin m'explique qu'il s'agit de la directrice du Dôme emploi : C. Harpie.
Une fois que nous sommes installés, il se saisit d'une cuillère, touillant un liquide imaginaire dans sa tasse, et me fixe d'un air paternaliste pendant de longues secondes avant de rompre le silence.
« Alors, qu'est-ce que vous désirez trouver comme emploi ?
_ Je voudrais suivre une formation de Chevalier !
_ Vous voulez devenir Chevalier ? D'accord, mais il faut d'abord savoir qu'il existe plusieurs niveaux de chevaliers, c'est selon vos qualifications et votre expérience.
Le plus courant, c'est Chevalier Défenseur de Droit Commun. Si vous vous débrouillez bien, au bout de 5 ans, vous pouvez même passer Tueur de Dragon. Métier à risque, mais qui rapporte un bon paquet d'écus.
Mais pour tout ça, il faut déjà passer la formation, et ça, ça prends cinq ans. Sans parler du fait qu'après c'est à vous de payer votre matériel, évidemment. Ensuite, il ne vous restera plus qu'à vous faire immatriculer comme chevalier errant indépendant auprès de l'URSSAF : l'Union pour les Règlements des Sauveurs Soumis à l'Administration Féodale.
_ Cinq ans ? Mais c'est trop long... Et si je me déclare Chevalier auprès de l'Ursstruc, là, et que je n'ai pas la formation, je pourrais faire quoi comme travail ?
_ Chevalier tueur de ragondins. »
Cette nouvelle réduisait à néant tout mes rêves. J'étais abasourdi. Un véritable coup de massue, voilà comment se terminait l'entretien.
Et je parle au figuré : assommé par derrière, je me suis retrouvé groggy, étalé de tout mon long à la porte de service du Dôme emploi. A mes côtés, un parchemin mentionnant : « Désolé, vous avez dépassé les cinq sabliers d'entretien avec un conseiller Dôme emploi. En vertu du décret 47 alinéa 8, nous sommes autorisés à vous expulser… ».
Je suis retourné chez mes parents, à faire des chaises en bois. Mais mon destin n'était pas là. J'avais soif d'aventures, soif de vivres des moments exaltants entouré de compagnons, soif d'exploits et de légendes.
« Tavernier ! Je veux devenir Tavernier !
Je vais retourner au Dôme emploi, je suis certain qu'ils donnent des écus à ceux qui montent leur commerce. »
Dr Calvin & Mr Hobbes- Messages : 187
Date d'inscription : 14/04/2013
Localisation : Paris
Re: Dôme emploi
C'est frais, vivant, agréable et plaisant à lire : tout est très équilibré je trouve
Ceci dit, je pense que le rythme est un peu exigeant pour le lecteur qui aurait, à mon sens, besoin de respirer un peu plus... peut-être qu'il faudrait installer plus lentement les images que tu veux évoquer...
En tout cas, l'ignorant que je suis y voit de l'imagination à revendre, une griffe certaine et du talent sans aucun doute.
Bonne continuation
Ceci dit, je pense que le rythme est un peu exigeant pour le lecteur qui aurait, à mon sens, besoin de respirer un peu plus... peut-être qu'il faudrait installer plus lentement les images que tu veux évoquer...
En tout cas, l'ignorant que je suis y voit de l'imagination à revendre, une griffe certaine et du talent sans aucun doute.
Bonne continuation
__Byzantin__- Messages : 96
Date d'inscription : 17/01/2013
Age : 35
Localisation : Paris
Re: Dôme emploi
Merci !
Je me demande si ce rythme ne va pas se diluer avec l'allongement du format. Je vais m'y coller dessus sous peu (et je ne dis pas ça dans une optique de procrastination).
Merci encore !
Je me demande si ce rythme ne va pas se diluer avec l'allongement du format. Je vais m'y coller dessus sous peu (et je ne dis pas ça dans une optique de procrastination).
Merci encore !
Dr Calvin & Mr Hobbes- Messages : 187
Date d'inscription : 14/04/2013
Localisation : Paris
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