la fête à la grenouille

Avec mes congénères grenouille, on m’a plongé dans une casserole d'eau bouillante.
D'un bond, j’ai sauté par-dessus bord et échapper à la mort. Normal.
J’ai mis du temps à comprendre pourquoi les autres n’ont pas sauté. Bien au contraire, ils sont restés barboter dans la casserole.
Puis je me suis rendu que sous la casserole, s’exprimait un petit feu. L’eau était donc froide ? J’ai pourtant bien senti une brulure….Pourquoi ? de fait je me suis isolé, refusant de replonger dans l’eau. Cela ne m’a pas empêché de rester à proximité de la casserole où mes congénères avaient vraiment l’air de s’amuser.
Les années passèrent et je vis mes congénères grenouille ne pas réagir la montée progressive de la température et se laisser ébouillanter sans rebiffer. Lorsque l’on m’avais jeté, l’eau était froide, mais j’ai vu venir avec une sensibilité perceptive telle que l’eau ne pouvait être que bouillante..on voulait me faire mourir, où que je m’épuise…..mes congénères ont supporté l’insupportable à petite dose et à force de nager en rond, ont perdu leur force.
Il en va ainsi dans ce monde. Un changement brutal, nous fait réagir avec force et décision. Alors ont va gueuler dans la rue.
Mais si les conditions se modifient lentement, insidieusement, progressivement, alors il est plus difficile de se mobiliser et de réagir. Parce qu'il est malaisé de repérer le moment où l'on franchit le seuil de tolérance qui imposerait de notre part une attitude radicale, un choix décisif. Un changement de position. Un vrai mouvement. Et ça, les gens qui nous gouvernent l’ont bien compris. On oublie qu'on peut gueuler et on hésite même à se l'autoriser.

Derrière mes rayures, j'observe les grenouilles confrontées à un malaise insidieux qui s'enlise, se dégrade, et me fait souffrir depuis la savane.
je me dit que la tendance s'inversera, que les choses évolueront forcément dans le bon sens, que ça ne peut pas durer.
Je me leurre,m'aveugle pour ne pas souffrir, jusqu'à refuser de voir que l'environnement a évolué et que, pour une raison ou une autre, je n'y occupe pas la place à laquelle je peux légitimement aspirer.
Attendre que la coupe soit pleine pour prendre, enfin, les mesures qui s'imposent, c'est un peu la loi du tout ou rien.

Les grenouilles fonctionnent-elles sur le mode de la "cote d'alerte" ? Attendent-elles d'avoir la tête sous l'eau, et que l'on leur appuie dessus, pour reconnaître qu’elles ont sérieusement besoin de dire STOP ? Faut-il que la situation soit devenue désespérante, que l'agressivité ou l'ennui soit le quotidien, pour envisager une nouvelle façon de faire ?
Réagir seulement lorsque la situation est profondément dégradé est déjà mieux que ne pas réagir du tout, mais tout de même : qu'est-ce qui fait qu’elles ne s’entendent pas souffrir ? Pourquoi ne perçoivent-elles pas que l'eau monte, et qu'il convient de sauter en dehors de la casserole avant que les brûlures soient trop profondes ?
Dans leur vie, y a-t-il ainsi des situations détestables dont elles prétendent qu'elles ne vous font "même pas mal"
Et ces injonctions intériorisées selon lesquelles certaines choses ne se disent pas, ne se font pas.....
Dans son inédit, la situation les confronte à leur propres limites, à une ignorance de la manière dont elles pourraient ou devraient réagir.
Pilotés par les commandements et interdictions, elles manquent parfois de la liberté pour agir comme elles trouveraient, par ailleurs, naturel de le faire, si c'était quelqu'un d'autre qu’elles qui vivaient la situation.
Elles attendent.
Elles espèrent
Elles subissent.
Au risque d'autoriser la situation à s'enliser davantage, à induire les autres en erreur sur leur besoins et ce qui les rend heureuses.
Incessants malentendus qui appellent un geste de ma part….et de la votre. mais lequel ?

moi j'ai replongé dans l'eau avec mes congénères grenouilles mais en remontant de temps en temps au bord de la casserole
j'ai utilisé ma capacité à remonter de temps en temps pour les aider - j'ai trouvé une activité formidable pour moi, sans limite intellectuel (ou presque) et qui me permet d'aider d'éveiller les consciences de mes copines grenouilles

sinon je suis aussi formée à l'addiction et tu devrais regarder de plus près le cycle de prochaska - c'est le cycle de maturation psychologique de toute personne addict - les différentes étapes qui ménent à l'action - certaines grenouilles barboteront toute leur vie et ne sauteront jamais, d'autres vont commencer à se poser des quetsions, à hésiter, à peser le pour et le contre et finalement te rejoindre au bord de la casserole
- une vision plus positive que les grenouilles qui barbotent

tiens , je suis moi même formé aux addiction et je connais tres bien le cycle de prochaska....crois tu que la démarche d'entretien motivationel suffirait pour éveiller les grenouilles?
parce que des fois, dans les stades du changement, j'ai l impression qu'elles se situe dans la précomptemplation, non consciente.

je pense que certaine donne l'impression d'être en précontemplation parce qu'elle n'ont personne pour leur faire croire à l'étape suivante de l'intention
je pense que l'entretien motivationnel est primordial
en fait j'essaie d'appliquer le cycle de prochaska à mon activité militante - dévaluer le niveau de maturation des grenouilles sur un sujet et construire les outils écrits ou oraux qui me servent en fait de balance ou d'entretien motivationnel et avec le temps, la persévérance et surtout la conviction, on arrive à en faire sauter quelques une au bord de la casserole

haha! je vois qu'on veut de nouveau sauver le monde
z'avez bien raison!
c'est je pense le même processus qui est mis en place lors de l'endoctrinement par des sectes ou autres, étape par étape on avance vers le fanatisme, sans s'en rendre compte si on ne compare pas d'un coup là où on en est avec le début (et pas l'étape juste avant)

je dirais qu'il faut apprendre à bien parler grenouille...et aussi apprendre à sauter bien haut...après quoi on peut tenter de communiquer avec les autres grenouilles...pour leur montrer....sans avoir l'air de leur donner une leçon (pas facile) ou mieux ; de les amener à poser la question "mais comment tu fais pour sauter si haut et au bon moment" ? (ce qui permet de répondre à la question)

le truc étant qu'elles ont pas toujours pris conscience des limites de la marmite, et de tas de facteurs (comme le gaz sous la marmite, qui fout le couvercle sur la gueule, etc...

enfin : la marmite elle a été bien conçue : elle a un système de dépressurisation...résultat...certaines "se font à cet environnement" et tentent de souffler aux dépressurisations...

courage Beufasupa...pour ma part nous nous croiserons ptêt lors de mes évasions régulières, et comme je te l'ai dit, il y a de plus en plus d'évadés (si ce n'est définitifs, du moins occasionnels et c'est déjà bien !)

là bas...dehors...on a commencé à bricoler un autre environnement...

les grenouilles fraiche vont se faire depuis en plus rare....les années 2010, sont les années du TOUT TOUT DE SUITE
somation à la con VS consommation.....je dirai que mes congénères sortent du rayon surgelé de chez picard.....leur cerveau en barquette prêt à rentrer dans le moule de la micro-ondabilté...

Retrocation possible? trois options possibles mais on ne peut en choisir qu'une (faute d'energie et de temps)

- permettre au grenouille de developper un processus de resilience afin qu'elles rebondissent

- eteindre le feu (au risque de les rendre folles)

- repenser l'éducation des tétards

......