Comment faire reconnaître ses qualités réflexives dans un milieu du toujours plus vite ?

J'écris ici, car je m'inquiète un peu de ma personnalité et de ma capacité à pouvoir un jour être félicité de mon travail dans le monde actif....

Je suis étudiante pour l'instant et c'est la deuxième fois que je travail l'été...l'été dernier c'était en centre de loisirs et cet été je bosse en restauration rapide. Dans les deux cas j'avais l'impression de me donner à fond et de vouloir faire mon mieux mais les directeurs ou managers me disent toujours la même chose: Trop réservée, il faut être plus dynamique. Ça me rappelle mes bulletins scolaires ça: Trop réservée, plus d'implications et de participations sont attendues.

Du coup je me sent à ma place nul part dans cette société de la communication, de la parole incessante, du mouvement continu, et du toujours plus vite toujours plus grand...

Je suis quelqu'un de doué dans les domaines de la réflexion, de l'analyse, de l'abstraction et de l'intellect, je suis sensible et à l'écoute. Mais en effet je ne suis pas quelqu'un de "speed", je ne suis pas bavarde, je n'aime pas le travail d'équipe, je ne sympathise pas vraiment avec les gens, alors qu'on me demande de m'intégrer le plus rapidement possible...
J'avais aussi passé une fois un entretiens collectif ou bien évidemment je n'ai pas été retenue car idem trop réservée, j'ai échouée au test du débat où il faut réussir à imposer sa parole et ses idées puisque je postulais pour de la vente de mutuelles étudiantes et le poste était de vendre le plus de mutuelle avec nos concurrents ayant un stand juste en face. Mais je n'aime pas couper la parole aux gens et leur imposer mon discours...

Bref, au bout de 2 expériences professionnelles aussi courte soit-elle, je m'inquiète d'un jour pouvoir trouver chaussure à mon pied en terme d'emploi...j'ai l'impression que mon profil ne convient à aucun métier dans cette société de la rapidité et de l'action.

Je fais de la Philosophie dans mes études, je me disais que le métier de chercheuse me conviendrait à la perfection...mais voilà très peu de poste et il faut au minimum 14 de moyenne en master pour pouvoir prétendre au doctorat...je n'aurais jamais le niveau avec mes 11 de moyenne en licence...alors il reste prof mais pareil c'est un métier d'action et de dynamisme je pense...même si j'ai un excellent relationnel avec les enfants ou les jeunes mais j'ai peur qu'un inspecteur qui passerait par là me trouverait trop molle...

Sinn j'avais aussi pensé à tout claquer pour faire un métier plus artistique, j'aime la photographie et je me disais que ça pourrait aussi être une échappatoire...

Bref j’enchaîne avec un stage d'un mois en librairie je verrais si les mêmes critiques reviennent...pourtant je l'ai choisi de mon plein grès ce stage, alors je suis très motivée !

La photographie comme échappatoire... Je m'y retrouve bien!

Je me suis longtemps acharnée à trouver ma place dans un "emploi normal", mais comme toi ça ne me convenait pas : j'ai donc fait un bilan de compétence (enfin ça a changé de nom, mais ce sont toujours des semaines de test et entretiens pour connaitre le domaine qui nous serait le plus adapté) où j'ai décidé d'être 100% honnête (je n'étais pas à un entretien d'embauche : je pouvais avouer que je déteste le travail d'équipe, que je préfère m'adresser aux gens par écrit plutôt qu'oralement, etc) et les métiers de la photographie sont ressortis. Ayant toujours adoré l'art et particulièrement la photo, ça m'a motivée à passer le CAP photographe (je suis en pleine période d'exams!).
Je ne sais pas encore si ce sera financièrement viable, mais en 7 mois de pratique seulement j'ai déjà eu pas mal de propositions et j'ai été recrutée dans une agence (de vente d'art français au moyen orient), donc même si j'en suis encore à avoir un emploi pour financer mon (je l'espère futur) métier, c'est motivant.

Je ne connais pas les métiers liés aux études de philosophie, peut etre que ce genre de bilan te permettrait de découvrir des postes adaptés (situation, diplome) auxquels tu n'aurais pas pensé?
En attendant, tu peux toujours pratiquer la photo en loisirs pour te perfectionner et voir si tu pourrais "tout claquer" pour t'y consacrer exclusivement? Et ca te fera toujours une bulle, une parenthèse où tu peux être dans ton monde tout en étant productive... Je trouve cela très libérateur...

Merci Gul pour ta réponse !

Le bac pro photo ou Bts photographie j'y ai pensé après ma licence mais je me suis dis qu'à 21 ans on ne voudra pas de moi dans une classe avec des élèves de 16 à 18 ans :s
Comment as-tu fais pour ta part ? Enfin comment s'est déroulé ton cursus ?

Je me suis renseigné aussi très récemment au Cirfa de l'armée de l'air car je sais qu'ils ont besoin de photographe même si la sélection est rude: 4 postes pour 24 candidats. Mais ils m'ont dit que même sans avoir eu de formation professionnelle comme j'ai fait 3 ans d'option audiovisuel au lycée mon dossier était cohérent.

Je peux donc toujours tenter ma chance...

Sinon en philosophie et bien c'est enseignement ou recherche sinon métier du livre dans l'édition ou les librairie c'est pour ça que je vais faire une stage je veux voir à quoi ça ressemble au quotidien car j'adore les livres.
Sinon les métiers des médias et de la communication mais ça c'est vraiment pas pour moi !

Mais bon déjà je vais demander un vrai bon réflex pour Noel, j'ai déjà eu quelques cours par le père de mon copain sur le sujet.

Sinon je vais voir si je peux pas faire quelques stages a pas cher en attendant de postuler en bac pro ou BTS

Je te livre ce que cela m'inspire, mais ce n'est que mon avis, et en plus j'ai pas vraiment de solution.

En tous cas ne te laisse pas atteindre par ces expériences professionnelles. Je suppose que si reproches tu as eu, ils auront aussi été formulés comme s'ils s'adressaient à une machine présentant un défaut de fonctionnement. Bien que j’exècre cet entraînement aux fonctions managériales qui abouti justement a cette impression d'agitation vaine et fébrile pourtant décrite comme du dynamisme ou de la motivation (et qui semble laisser son empreinte synthétique partout), je crois (c'est de la croyance) que chacun peut subir une évolution qui tend vers une confiance en soi qu'autrui peut enfin détecter et prendre en compte.
La restauration rapide n'est probablement pas le meilleur environnement pour cultiver en toi le sentiment d'avoir une valeur et une utilité pour les autres. Peut être faut il aussi aborder ce genre d'emploi avec un cynisme protecteur. Dans ce cas peut être que cela peut être vécu comme un simple jeu d'acteur dans une série B.

Je me suis interrogé sur l’éventuel excès de sévérité dont tu fait preuve à l'égard de toi même concernant tes notes. Je ne connais pas ta filière, mais le propre des études n'est il pas justement d’acquérir des compétences et pas seulement de sanctionner un niveau préexistant dont il serait impossible de se défaire.
Fait attention aussi avec ce raisonnement qui abouti à s'abstenir par que l'on se sent pas exactement dans la norme (âge, etc...). Il ne fait que précipiter avec certitude dans une marginalité de plus en plus avérée. Les exemples de reconversion tardive vont par ailleurs se multiplier et faire la norme, donc que dire à 19 ans !! Peut on parler de reconversion, ou l’anormalité !!!

Je pense que se poser les questions que tu te poses est plutôt de bonne augure pour l'avenir. Tu sembles ne pas te voiler la face comme je l'ai certainement fait à une époque.
Néanmoins ne sombre pas dans l'excès inverse en n'envisageant pas qu'intrinsèquement tu puisses mériter d'être respectée par autrui pour tes qualités, ne te laisse pas prendre par cette logique de compétition qui veut que quelque-soit l'aberration d'une épreuve, il y ait toujours un vainqueur apparent.
L'homme et l'intelligence ne devrait pas s’enorgueillir de n'arriver au mieux qu'à reproduire ainsi et de façon maladroite et infantile cette sélection naturelle qu'il comprend d'ailleurs mal. Cela va justement a l'encontre du propre des espèces intelligentes qui réside en la capacité d'un apprentissage mutuel qui pallie le taux de succès extrêmement faible d'une adaptation par sélection naturelle.

Bon j'ai un peu dérapé. Je ne sais pas si cela te sera utile ni comment. Je poste malgré tout.

En fait je voulais faire un BTS communication visuelle option multimédia, mais cela m'aurait couté 58.000€ pour les 3 ans (dont une année de prépa), je pouvais me faire financer jusqu'à 18.000€ de formation, mais cela n'aurait couvert que la prépa... Donc j'ai opté pour un CAP par correspondance (CNED, 250€, bien plus abordable, et j'étais dispensée de toutes les matières générales puisque j'avais des diplomes plus hauts que le CAP) même si le diplome est moins complet que celui que je visais. Aux épreuves pratiques nous étions 5, tous candidats libres, tous entre 25 et 30 ans.

Je ne savais pas qu'il y avait des photographes (de métier) dans l'armée! Enfin il me semble qu'il ne faut pas oublier qu'on est soldat avant tout. mais si cela te convient, c'est peut être une piste à tenter!

Les métiers des médias et de la communication m'attirent, mais "en ligne", j'ai vraiment trop de mal avec l'oral ou pire le face à face! J'ai été community manager bénévole pour un gros site francophone pendant quelques années, et j'aimerai bien professionnaliser cette expérience et la croiser avec la photographie/retouche/mise en page.

Et si tu doutes sur un métier, il existe l'EMT (evaluation en milieu de travail), c'est un peu comme un stage mais là c'est l’employeur qui est rémunéré (par le pole emploi, du coup c'est un bon argument pour être pris) et à la fin il fait un bilan pour voir si tu es complètement à côté de la plaque / en bonne voie mais a besoin d'une formation / prête à pratiquer le métier (en gros). J'ai trouvé ça pas mal pour découvrir comment cela se passe en entreprise. Ca dure maximum 80h sur 2 semaines (mais si on ne veut faire qu'une journée c'est possible!) et on peut en faire autant qu'on veut.

Angeal a écrit:
Bref, au bout de 2 expériences professionnelles aussi courte soit-elle, je m'inquiète d'un jour pouvoir trouver chaussure à mon pied en terme d'emploi...j'ai l'impression que mon profil ne convient à aucun métier dans cette société de la rapidité et de l'action.

travailler sur Internet, écrire des bouquins, peindre, etc...

je fais de la photo à un niveau quasiment pro, c'est très dur d'en vivre, à moins d'être dans le secteur de la mode, du reportage animalier, de la photo de mariage, dans la pub, l'actualité...
en revanche on peut vendre ses photos dans des banques d'images sur le net, en bossant bien on peut en vivre au bout d'un an ou deux

Spoiler:

Bonjour Angeal,

À mon avis, c'est sûr que certains métiers nous conviennent naturellement plus que d'autres ; cela dit, je pense que ce serait une erreur de vouloir nécessairement échapper à ce qui nous résiste un peu, à ce dans quoi on n'est pas encore tout à fait à l'aise. Au contraire, oser se confronter à ce que l'on a peu développé jusqu'à présent peut être un bon moyen de progresser.

En l'occurrence, les capacités relationnelles ou à coopérer me semblent indispensables à une vie épanouie, pas seulement dans le cadre du métier évidemment. Donc elles me semblent assez incontournables, au moins dans la mesure où elle ne devraient pas être ressenties comme un obstacle à ses propres désirs de réalisation.

Éviter de voir cela ne me semble faire que repousser le problème, creuser avec une apparence de fatalité, comme tu le fais toi-même d'ailleurs, le sentiment d'écart entre soi et "la société". C'est dédouanant à court terme mais je ne suis pas sûr que cela soit très sain. Évidemment des différences existent. Et je ne veux pas dire qu'il faut se conformer à ce qui n'est pas soi, mais je pense qu'il y a une vraie intelligence aussi, qu'on minimise, à savoir prendre en compte la réalité extérieure du monde : une intelligence adaptative qui va nous permettre notamment de nous placer dans les meilleures conditions pour réaliser son propre potentiel, pour ne pas se sentir "bloqué" par les exigences sociales justement.

Lorsque l'on regarde certaines personnes médiatisées par exemple, certaines peuvent être extrêmement intelligentes et ont sans doute un naturel réservé, cela n'empêche pas qu'elles ont su développer certaines qualités relationnelles afin de diffuser leur savoir, ou encore des qualités de coopération dans le cadre de leur travail.

À mon avis ce n'est pas parce que l'on a des valeurs différentes de la majorité que l'on ne peut pas trouver un positionnement juste dans ses relations avec les autres. Le tout à mon avis est de faire preuve d'encore davantage d'intelligence relationnelle que la moyenne. Et aussi sans doute de ne pas s'isoler mais au contraire de pratiquer, en cherchant à s'améliorer au fur et à mesure.

Dans cette perspective, c'est sûr que certaines remarques peuvent te paraître difficiles à accepter, mais ne te décourage pas ! C'est une question d'habitude à réacquérir, et franchement parfois cela peut être désarmant de voir à quel point de toutes petites choses, qui peuvent nous paraître superficielles (comme le sourire, un "ça va ?" authentique ou la simple écoute de l'autre) peuvent aider à établir un contact harmonieux.

Pour toutes ces raisons-là je suis sûr qu'il n'y a pas de raison irrémédiable à ce que tu ne puisses pas faire certains métiers relationnels comme prof. (après, il y a tes désirs et ce à quoi tes résultats te permettront d'accéder, mais là on est dans une problématique différente)