Exige-t-on plus de vous?

Depuis quelques temps, je me sentais bien. Ayant souffert longtemps de solitude amoureuse, j'ai rencontré quelqu'un et je me disais «ça y est un pas de plus vers la normalité!». L'histoire de la zébritude a passé à un second plan... Mais finalement l'amour n'arrange pas tout! Alors me revoici!

Je suis en formation de secrétariat, pour ceux du Québec, en DEP (diplôme d'études professionnelles). Les examens sont très techniques en DEP, mais le seuil de réussite est de 80 % contre 60 % dans les cégeps et autres établissements d'apprentissage. La répartition des points fait également qu'il ne suffit pas de grand chose pour couler. Ayant toujours été très bonne à l'école, je réussi plutôt bien en ce moment, et de plus, c'est en individualisé, alors, chacun avance à son rythme dans les limites d'un temps imparti à ne pas dépasser. En ce qui me concerne, je suis très en avance. Je dois terminer en novembre de cette année alors que le programme le prévoyait pour février 2014. Mes examens se passent toujours bien, et dans mes modules, étant donné que c'est la période d’apprentissage, je me permet de passer vite sur la matière, quitte à faire des erreurs que je corrige dans l’exercice suivant et ainsi de suite pour faire quelque chose de quasi parfait à l’examen. Je me suis toujours demandé si les profs n’espéraient pas voir ce genre d’étudiant se planter, parce que je n’ai pratiquement pas besoin d’eux. Je commence à me dire que oui. Mon dernier examen, je l’ai réussi, mais la prof a tenu à me faire valoir que c’était «sur la fesse», me disant qu’elle n’accepterait plus qu’il y ait des fautes de frappe dans l’avenir, que j’étais sensée être capable de faire une quasi perfection à l’examen et que je l’ai pas fait. Elle m’explique qu’elle prend les étudiants au cas par cas, en exigeant toujours de leur part un pas de plus… Sauf qu’en ce qui me concerne, ce n’était pas la première fois que j’entendais ce discours et j’essayais de lui expliquer que j’avais aussi mes limites et qu’il peut arriver qu’une journée je ne sois pas à mon meilleur. Mais elle était sans équivoque : «Il faut toujours être à son meilleur.» Et franchement, je ne suis pas d’accord. Je ne sais pas si c’est parce que je suis peut-être zèbre et qu’en tant que telle, j’ai toujours été d’une exigence monstre envers moi-même, que j’ai du mal à prendre qu’une personne me demande toujours de me dépasser «Je sais que tu peux le faire!». Ah oui?! Et comment je te prie?!

Ce qui me fait rager c’est qu’elle me sert ça, croyant peut-être être la première à me dire ce genre de choses, mais en vrai, je l’ai entendu toute ma vie :«Tu es bonne, mais tu pourrais être excellente» «Tu es excellente, mais tu pourrais être parfaite». Je réussi bien naturellement et j’aime réussir, non je ne suis pas fière quand je réussi moins bien, mais je suis déjà suffisamment critique envers moi-même pour me sentir coupable sans qu’un prof trop fier de prouver que je suis pas la meilleure ne vienne me mettre mon «pas tout à fait échec» en pleine face. Alors voilà, quand on est bon et qu’on performe tout le temps, la moindre erreur est une occasion de nous rabaisser comme si on l’avait fait exprès. Alors qu’à côté, il y a cette personne qui fait pas la moitié de ce qu’on fait quand on se «plante» et qui ne se fait pas exiger autre chose que la moyenne. Marre à la fin, j’ai souvent eu envie de rabaisser mes notes volontairement pour qu’on me fiche la paix et qu’on me donne un bonbon quand j’aurais une note excellente 1 fois sur 5. Pourquoi je le fais pas?! Ben parce que ce serait pratiquement plus difficile pour moi de me planter consciemment, quand je connais la bonne réponse.

«la stupidité était aussi nécessaire que l’intelligence et encore plus difficile à atteindre»
Georges Orwell - 1984

Franchement en entreprise être le meilleur c'est être le plus rentable.
Et tu arriveras certainement à faire comprendre à ton/ta boss ce qu'il te faut pour être la plus rentable.

Mais certains collègues ne sont pas francs, pas honnêtes du tout.
Et certains chefs n'ont pas besoin que tu sois trop bonne, parce que de toute façon personne dans la boite ne va à ton rythme.
Le travail d'équipe quoi

Pour toi est-ce une envie ou un besoin d'être la meilleure ?

Je veux pas être la meilleure. Je pense pas l'être non-plus. Je suis plutôt performante parce que c'est comme ça, j'ai pas besoin de me forcer particulièrement, mais oui, c'est agréable de performer, et comme je suis presque toujours en train de performer, le jour, où je me «plante» (sous-entendu comparé à mes performances habituelles), ben ça semble être la cata pour les gens qui autour de moi, alors que moi, je m'en fais pas plus que ça parce que je sais que c'est un petit creux et que la prochaine fois ça va remonter. Alors, en voyant mon attitude un peu désinvolte par rapport à cette «contre-performance», les gens se disent «Ben merde, elle s'en fiche en fait», alors que non, mais je suis quand même pas pour pleurer à cause de ça.

Je déteste tout cet univers de compétition et «faut être le meilleur», «le plus rentable», «faut se donner à 110%»... Quand je dis ça, j'ai l'air d'une paresseuse, et j'ai l'impression que c'est peut-être cette dichotomie entre mes performances et cette attitude qui donnent aux gens à pas savoir quoi penser de moi. Au primaire et au secondaire, je répondais à la pression, je me forçais pour être encore meilleure, mais je me suis rendue compte que ça ne me donnait pas franchement plus de satisfaction, je me suis tannée de ça et maintenant, je prend très mal qu'on me demande toujours plus. De plus, mon attitude a relativement changé par rapport à l'autorité depuis que je suis adulte. Plus jeune, j'avais du mal à l'accepter, mais je gardais ça pour moi, maintenant, je m'exprime. Je suis toujours respectueuse, qu'on s'entende là-dessus, mais j'ai de plus en plus de mal à acquiescer quand je ne suis pas d'accord... et oui, je sais que ça peut poser problème en entreprise.