Diificultés zébresques
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Diificultés zébresques
Ce professeur me gardait en classe au tableau jusqu'à la nuit me disant: " Tu es intelligent, c'est évident, alors je vais te remettre à niveau."
Il avait de la bonne volonté et sans doute qu'à cette époque on ignorait la dyscalculie. De toutes ces heures passée debout dans l'humiliation, je ne garde RIEN. Mes nombres sont les mots.
Ce prêtre me regarda d'un air rêveur et lâcha soudain" Tu es différent en tout".
Quand je rendis ma dissertation, le professeur me demanda de la lire à la classe. Quand j'eus fini, tout le monde se mit à applaudir.
Elle regarda le dossier de dessins - que j'avais préparé la veille !- et me dit "vous serez le bienvenue à la rentrée, vous êtes pris sans aucune hésitation".
Cet étudiant en math me tendit le livre en me disant: "Je ne connais que toi qui puisse le comprendre." (Ce n'était pas un livre de maths !)
Lisant à mon insu mes textes, ce homme lettré lança:" Mais comment sait-il tout cela ?".
Mon épouse fréquemment me disait au terme d'une discussion: "Ça va trop loin, je décroche, je suis épuisée".
Dom sans me regarder murmura: " Mais bien sûr ! Tu ne vois donc pas que tu es surdoué ?"
Il en alla ainsi durant des années. L'image désastreuse que j'avais de moi était celle d'un homme brisé, environné de peurs. La folie était sur mes talons et paralysé d'angoisses j'étais terrorisé. Quand une voiture passait près de moi, je devais m'accrocher aux barrières qui longeaient la route pour ne pas me jeter sous ses roues. Je ne parvenais plus à faire mes courses, car l'angoisse était si violente que je ne trouvais pas mes mots et oubliais tout ce que j'étais venu chercher. Le ralentissement psycho-moteur était si intense que je restais sur place figé, incapable de décider que dire et même quel geste faire, pétrifié, réellement pétrifié par la peur. Entre tristesse insondable et attaques de panique irrépressibles, je me voyais comme une impasse de la nature, un pauvre détraqué voué aux enfers de la folie et de la déréliction.
Les gens me regardaient bizarrement quand je me laissais aller à partager mes pensées. Bien vite ils s'irritaient contre moi et devenaient cassants. Je me demandais, rempli de culpabilité "qu'est-ce que j'ai bien pu dire de mal" ? Mon monde intérieur n'était que ruines et chaos. En tous points j'étais incertain, je ne voyais plus dans le torrent incessant de mes pensées laquelle était pertinente, sur laquelle bâtir. Ma bizarrere de pensée ne pouvait qu'être que le signe d'une déménce qui me minait par en-dessous. Je gardais les yeux baissés car je pensais que ma folie se voyait dans mon regard. Qu'un feu de possession brûlait en lui. Tout semblait en moi s'écouler pêle-mêle vers la dissolution et le chaos. Je ne savais même plus comment dire bonjour. Toutes mes erreurs et maladresses confirmaient à mes yeux cet effondrement mental évident qui me contraignait à une vie solitaire et hantée de troubles intérieurs sans répit. Parfois après une mauvaise nuit j'avais l'impression que mon esprit se déchirait, était mis en lambeaux par une force acharnée à me disloquer. Je me voyais comme un Antonin Arthaud sans talent. Percevant pourtant sans efforts les raisonnements intérieurs de mes interlocuteurs, je voyais comme en filigrane le mouvement de leurs inconscients.
Le psychiatre m'avait dit: "Tu es très intelligent" mais pour moi s'il avait dit cela c'était par flatterie, pour ne pas m'accabler davantage. Souvent aussi les gens riaient: " Toi, on a perdu le moule !" Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Ça se voit donc tant que ça que je suis un fou délabré, désorienté ? Je ne savais pas qui j'étais: un jour un trait de génie, le lendemain une loque incapable de rien comprendre.
Ce fut un cauchemar qui dura des decennies.
Puis un jour, alors nous étions une quinzaine, réunis pour vivre un nouvel an sobre et studieux en opposition avec les beuveries habituelles, j'avais cessé de me censurer. J'avais exposé mes pensées virevoltantes à voix forte, pensées auxquelles nul ne trouvait rien à répondre, créant un grand malaise. Les liens entre les concepts se faisaient si vite que tous peinaient à suivre. C'était l'atmosphère bon enfant et médiocre qui m'avait irrité, la petitesse des ambitions, le conformisme des discussions, la platitude des échanges. Alors je m'étais lâché la bride, j'avais posé au milieu de tous la substance profonde de mes intuitions. Et j'étais entouré de regards incrédules. J'avais été malpoli et déshinibé parce que j'étais fatigué de me taire, de jouer le jeu, de tricher. Lorsque le séjour toucha à sa fin, Jean-Claude vint me voir et d'une voix douce laissa tomber: " Toi, tu es dans une solitude ontologique".
Revenu chez moi je tapais "solitude ontologique" sur mon moteur de recherche, tombais sur un texte d'Arielle Adda, ("l'adulte surdoué, une indicible désolation intérieure" ) pleurais plusieurs jours (y compris en dormant dixit mon épouse) contactais des psys. Compris qui j'étais, trouvais zebra fus réconcilié, reconstruit, réorienté, consolé, affranchis, relancé, relevé.
Pendant plus de cinquante ans, je ne compris jamais que je devais ma différence radicale et mes accès de mélancolie anxieuse à ma forme d'intelligence. J'entrais dans "le monde du travail" intellectuel déshinibé, à l'âge où d'autres partent en retraite, bien décidé à m'exprimer.
Il avait de la bonne volonté et sans doute qu'à cette époque on ignorait la dyscalculie. De toutes ces heures passée debout dans l'humiliation, je ne garde RIEN. Mes nombres sont les mots.
Ce prêtre me regarda d'un air rêveur et lâcha soudain" Tu es différent en tout".
Quand je rendis ma dissertation, le professeur me demanda de la lire à la classe. Quand j'eus fini, tout le monde se mit à applaudir.
Elle regarda le dossier de dessins - que j'avais préparé la veille !- et me dit "vous serez le bienvenue à la rentrée, vous êtes pris sans aucune hésitation".
Cet étudiant en math me tendit le livre en me disant: "Je ne connais que toi qui puisse le comprendre." (Ce n'était pas un livre de maths !)
Lisant à mon insu mes textes, ce homme lettré lança:" Mais comment sait-il tout cela ?".
Mon épouse fréquemment me disait au terme d'une discussion: "Ça va trop loin, je décroche, je suis épuisée".
Dom sans me regarder murmura: " Mais bien sûr ! Tu ne vois donc pas que tu es surdoué ?"
Il en alla ainsi durant des années. L'image désastreuse que j'avais de moi était celle d'un homme brisé, environné de peurs. La folie était sur mes talons et paralysé d'angoisses j'étais terrorisé. Quand une voiture passait près de moi, je devais m'accrocher aux barrières qui longeaient la route pour ne pas me jeter sous ses roues. Je ne parvenais plus à faire mes courses, car l'angoisse était si violente que je ne trouvais pas mes mots et oubliais tout ce que j'étais venu chercher. Le ralentissement psycho-moteur était si intense que je restais sur place figé, incapable de décider que dire et même quel geste faire, pétrifié, réellement pétrifié par la peur. Entre tristesse insondable et attaques de panique irrépressibles, je me voyais comme une impasse de la nature, un pauvre détraqué voué aux enfers de la folie et de la déréliction.
Les gens me regardaient bizarrement quand je me laissais aller à partager mes pensées. Bien vite ils s'irritaient contre moi et devenaient cassants. Je me demandais, rempli de culpabilité "qu'est-ce que j'ai bien pu dire de mal" ? Mon monde intérieur n'était que ruines et chaos. En tous points j'étais incertain, je ne voyais plus dans le torrent incessant de mes pensées laquelle était pertinente, sur laquelle bâtir. Ma bizarrere de pensée ne pouvait qu'être que le signe d'une déménce qui me minait par en-dessous. Je gardais les yeux baissés car je pensais que ma folie se voyait dans mon regard. Qu'un feu de possession brûlait en lui. Tout semblait en moi s'écouler pêle-mêle vers la dissolution et le chaos. Je ne savais même plus comment dire bonjour. Toutes mes erreurs et maladresses confirmaient à mes yeux cet effondrement mental évident qui me contraignait à une vie solitaire et hantée de troubles intérieurs sans répit. Parfois après une mauvaise nuit j'avais l'impression que mon esprit se déchirait, était mis en lambeaux par une force acharnée à me disloquer. Je me voyais comme un Antonin Arthaud sans talent. Percevant pourtant sans efforts les raisonnements intérieurs de mes interlocuteurs, je voyais comme en filigrane le mouvement de leurs inconscients.
Le psychiatre m'avait dit: "Tu es très intelligent" mais pour moi s'il avait dit cela c'était par flatterie, pour ne pas m'accabler davantage. Souvent aussi les gens riaient: " Toi, on a perdu le moule !" Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Ça se voit donc tant que ça que je suis un fou délabré, désorienté ? Je ne savais pas qui j'étais: un jour un trait de génie, le lendemain une loque incapable de rien comprendre.
Ce fut un cauchemar qui dura des decennies.
Puis un jour, alors nous étions une quinzaine, réunis pour vivre un nouvel an sobre et studieux en opposition avec les beuveries habituelles, j'avais cessé de me censurer. J'avais exposé mes pensées virevoltantes à voix forte, pensées auxquelles nul ne trouvait rien à répondre, créant un grand malaise. Les liens entre les concepts se faisaient si vite que tous peinaient à suivre. C'était l'atmosphère bon enfant et médiocre qui m'avait irrité, la petitesse des ambitions, le conformisme des discussions, la platitude des échanges. Alors je m'étais lâché la bride, j'avais posé au milieu de tous la substance profonde de mes intuitions. Et j'étais entouré de regards incrédules. J'avais été malpoli et déshinibé parce que j'étais fatigué de me taire, de jouer le jeu, de tricher. Lorsque le séjour toucha à sa fin, Jean-Claude vint me voir et d'une voix douce laissa tomber: " Toi, tu es dans une solitude ontologique".
Revenu chez moi je tapais "solitude ontologique" sur mon moteur de recherche, tombais sur un texte d'Arielle Adda, ("l'adulte surdoué, une indicible désolation intérieure" ) pleurais plusieurs jours (y compris en dormant dixit mon épouse) contactais des psys. Compris qui j'étais, trouvais zebra fus réconcilié, reconstruit, réorienté, consolé, affranchis, relancé, relevé.
Pendant plus de cinquante ans, je ne compris jamais que je devais ma différence radicale et mes accès de mélancolie anxieuse à ma forme d'intelligence. J'entrais dans "le monde du travail" intellectuel déshinibé, à l'âge où d'autres partent en retraite, bien décidé à m'exprimer.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: Diificultés zébresques
je compatie
et ^pour cause , perso c'est a 37 ans que mon enquête de vie commenca réellement ,et a 40 que les doutes s'estompérent , avoir des regrêts? naaaannn !!!! , je regarde devant tu vois, sinon .......... ...
bien a toi
et ^pour cause , perso c'est a 37 ans que mon enquête de vie commenca réellement ,et a 40 que les doutes s'estompérent , avoir des regrêts? naaaannn !!!! , je regarde devant tu vois, sinon .......... ...
bien a toi
Invité- Invité
Re: Diificultés zébresques
Ben moi il y a trois ou quatre ans...
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: Diificultés zébresques
Je me souviens d'un monsieur, l'ami d'une tante qui était invité avec son épouse pour le réveillon. Nous le fêtions en petit comité, mais qu'importe le nombre de convives, je ne me suis jamais sentie à ma place dans ces réunions factices, considérant que ce n'est pas parce que c'est la fête qu'il faut être avec sa famille mais que dans un monde idéal, c'est parce qu'on est avec sa famille ou avec des amis que c'est la fête. Mais laissons cela.
Au beau milieu des échanges plats dont tu parles, il fait une saillie tout à fait inattendue, nous exprimant son étonnement face à la quantité d'informations et ses conséquences macroscopiques que peut receler le noyau d'une cellule. Il tenta d'enchaîner sur le concept d'émergence en biologie, là je me dis que ça commençait à devenir intéressant. Puis face au silence gêné qui venait de s'installer, il s'interrompit un peu confus, bafouillant une banalité pour se noyer dans le commun. Ca, plutôt que le rejet. Il y eut quelques ricanements étouffés, des regards dubitatifs. C'est idiot, une étincelle venait de naître dans ses yeux et face à l'incompréhension elle était aussitôt repartie dans les ténèbres. J'ai reparlé de cette scène, que les autres ont probablement tous oubliée tellement elle a dû paraître anodine, quelques années plus tard, avec mon paternel. Il m'a confié avoir eu le même sentiment de gâchis, que c'était dommage de renoncer à son enthousiasme aussi vite parce qu'en face un mur s'était dressé.
Aujourd'hui je lis ce sujet, qui a fait renaître le souvenir vivace de ce monsieur n'appartenant plus à ce monde désormais. Et peut être, peut être qu'il aurait pu écrire sensiblement la même chose. J'ai manqué l'occasion de lui dire "merci d'exister" dans un élan naïf, alors c'est ce que j'adresserai à l'initiateur de ce fil.
Au beau milieu des échanges plats dont tu parles, il fait une saillie tout à fait inattendue, nous exprimant son étonnement face à la quantité d'informations et ses conséquences macroscopiques que peut receler le noyau d'une cellule. Il tenta d'enchaîner sur le concept d'émergence en biologie, là je me dis que ça commençait à devenir intéressant. Puis face au silence gêné qui venait de s'installer, il s'interrompit un peu confus, bafouillant une banalité pour se noyer dans le commun. Ca, plutôt que le rejet. Il y eut quelques ricanements étouffés, des regards dubitatifs. C'est idiot, une étincelle venait de naître dans ses yeux et face à l'incompréhension elle était aussitôt repartie dans les ténèbres. J'ai reparlé de cette scène, que les autres ont probablement tous oubliée tellement elle a dû paraître anodine, quelques années plus tard, avec mon paternel. Il m'a confié avoir eu le même sentiment de gâchis, que c'était dommage de renoncer à son enthousiasme aussi vite parce qu'en face un mur s'était dressé.
Aujourd'hui je lis ce sujet, qui a fait renaître le souvenir vivace de ce monsieur n'appartenant plus à ce monde désormais. Et peut être, peut être qu'il aurait pu écrire sensiblement la même chose. J'ai manqué l'occasion de lui dire "merci d'exister" dans un élan naïf, alors c'est ce que j'adresserai à l'initiateur de ce fil.
Invité- Invité
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