Comment faire comprendre la douance à ses parents quand on pense qu'ils sont surdoués aussi et que ça peut leur faire mal de l'apprendre ?

Titre bien long, mais au moins l'essentiel est dedans...

Donc voilà mon souci :
Comment faire pour discuter avec mes parents de ma douance, sachant que :
- ils sont aussi surdoués, mais comme tout surdoué qui s'ignore pensent que c'est normal de penser comme ils pensent. => Bref, ils ne trouvent pas ma façon de penser "a-normale", puisqu'ils pensent de la même manière que moi et considèrent ça comme "normal".
- ils sont surdoués frustrés, dans le sens où ils se forcent à être comme tout le monde, à penser comme tout le monde. Les pensées et les envies individuelles disparaissent au profit des motivations du groupe.
- ils sont à un âge où la majorité de sa vie privée et professionnelle est derrière soi. Mon père, créatif frustré, original frustré, rêveur, a accumulé petits boulots et chômage/précarité, en rêvant toute sa vie de créer musique, films, en créant scénarios, petits films, sans que rien n’aboutisse jamais... Bref, un total ratage de vie... => ça leur ferait très mal de se découvrir eux-mêmes surdoués, qu'ils ont vécu une vie "dans le moule" qui n'était pas la leur.

Certains ont-ils déjà rencontré ce problème ? Avez-vous souhaité parler de votre douance à votre famille de surdoués dans le but de vous faire comprendre ?
- Si non, pour quelle raison ?
- Si oui, pour quelle raison ? Quelles ont été les réactions et les conséquences ?

Merci pour vos réponses et vos témoignages

Je trouve ta question intéressante, Shamrock, mais je doute qu'on puisse y répondre autrement qu'au cas par cas. Ça dépend tellement de... énormément de choses, mais en particulier 1) des possibilités qu'on a d'employer ses capacités; 2) de l'envie qu'on a de le faire, ou non.

J'ai enterré ma mère il y a deux ans. C'était très certainement une surdouée, je me rends compte qu'avant ma naissance elle avait fait plein de trucs beaucoup plus passionnants que de tenir un ménage (comme de jouer du violon, par exemple), mais je crois quand même que ce qui l'a le plus intéressée dans sa vie, et de très loin, ça a été de voir grandir ses enfants. Par certains côtés c'est dommage, par d'autres, bah... Je crois qu'elle a été assez franchement heureuse comme ça, en cultivant une grande humilité qu'elle tenait assurément pour une vertu (en quoi  je pense d'ailleurs qu'elle avait raison).

Je ne suis pas sûr que moi -- qui ai passé mon temps à essayer de faire des trucs géniaux en obtenant très rarement mieux qu'un tout petit peu d'attention de la part de trois pelés et d'un tondu -- j'aie mieux réussi ma vie qu'elle. Mais bon, je suis allé dans les directions où me portaient mes aspirations et je ne regrette pas non plus.

On en revient à l'excellente question qui faisait le titre d'un bouquin de Luc Ferry (que je n'ai pas lu, et je ne suis pas sûr d'avoir perdu grand-chose): "Qu'est-ce qu'une vie réussie?" Question d'autant plus épineuse qu'en tout état de cause, une vie se termine toujours par la mort, ce qui est forcément, quoi qu'on en dise, une perspective assez déprimante, même quand on s'appelle Alexandre le Grand ou Mozart. A moins qu'on croie à un au-delà: auquel cas la réussite de cette vie-ci peut être jugée très logiquement de peu d'importance par rapport à ce qu'on pense avoir réussi dans l'édification de son âme (oui, c'est grandiloquent; mais être surdoué, ça sert aussi à s'octroyer le droit d'aspirer très noblement à parvenir un jour à péter plus haut que son cul).

Essaye de comprendre les aspirations de tes parents, et adapte ton attitude en fonction de ce que tu percevras. En tout état de cause, je ne pense pas que ce que tu leur feras comprendre changera en profondeur leur façon d'envisager leur existence: tu leur donneras peut-être un peu d'optimisme, peut-être un peu de regrets... Mais je doute que tu modifies fondamentalement l'opinion qu'ils se sont déjà forgée d'eux-mêmes.

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Bonjour Sham,
La question s'est posée à moi.
Quand je me suis découverte zèbre, il m'est apparu évident que mon père l'est aussi. J'ai donc envoyé le livre qui m'avait fait "tilt" à mes parents comme cadeau d'anniversaire. Ils l'ont lu, et bizarrement ma mère avec plus d'intérêt que mon père. Ma mère ma dit "j'en étais sûre" et mon père rien.
Quelque temps plus tard ils m'ont clairement dit que ce n'était pas parce qu'ils avaient une fille surdouée que cela allait changer leur vie.
J'ai fait ce que j'ai pu, ils refusent, je ne vais pas les forcer s'ils n'en veulent pas. J'ai assez à faire avec moi !!!

EDIT: je m'aperçois que ce post est complètement hors sujet, ou plutôt que je n'en ai pas tiré la conclusion.

Moi je leur ai parlé simplement (on en avait d'abord parlé pour mon propre fils), sans en faire tout un plat, et puis je leur ai dit tout simplement qu'il était très probable que l'un d'eux ou même les deux le soient aussi. Ils ont ri gentiment et m'ont dit qu'ils n'allaient pas faire de test, histoire de ne pas se mesurer l'un à l'autre. Sans avoir "réussi" de façon extraordinaire, il est vrai qu'ils sont loin d'avoir raté leur vie.

À propos de ce concept de réussite justement, jusqu'au début de ma vie d'adulte je voulais faire des choses extraordinaire, que rien qu'en le disant ça épate les gens. Maintenant, je m'en fous. Il m'importe plus de bien vivre ma petite vie de famille, d'être proche de mon épouse et de mes enfants, de vivre en homme intègre. C'est à dire que j'ai toujours autant d'exigence envers moi même, mais mon exigence se porte d'avantage maintenant sur qui je suis que sur ce que je fais.

EDIT: Conclusion : pour moi c'est parti de la plus jeune génération. Comme mes propres parents sont comme moi très bienveillants envers leur petit fils et qu'en plus ils ont reconnu en lui ce qu'ils avaient vu en moi à son âge, il n'a pas été très difficile de les convaincre qu'il avait une différence, de la comprendre, et d'accepter de la nommer par les termes utilisés de nos jours. Ils ont aussi assez facilement accepté l'idée que cette différence constituait à la fois une facilité et une difficulté, parce que sur le petit, ça se voit. Le concept ayant été accepté avec bienveillance pour le plus jeune d'entre nous, il n'a pas été trop difficile pour eux de remonter les générations. La présence du plus jeune a donc grandement facilité l'acceptation. Cela aurait pu être beaucoup plus difficile si je leur avait directement parlé de moi car ils auraient pu se sentir agressés ("vous n'avez pas su me protéger blah blah"). D'ailleurs moi-même je ne me serais pas autorisé à m'interroger si ce n'avait été dans l'intérêt de ma progéniture.

Coucou,

N'oublie pas que l'on est hqi que par rapport aux autres, à la masse, à la majorité, à la moyenne. donc en fait c'est normal que quelqu'un de ton niveau ou proche te trouve normale.
moi je parlerais de la moyenne... qui est basse... tres basse.

Ce qui est rassurant c'est quand on lit les témoignages, de savoir que les hqi ne sont en fait pas des gens qui ont la vie facile, mais ont les mêmes difficultés que nous.

il faut commencer par casser la croyance du super surdoué tout puissant qui vit bien parcequ'il est plus intelligent que les autres,
ensuite montrer des exemples, des hqi qui racontent leur vie...
surtout les difficultés...
plus on en voit/lit, plus on se reconnait...
à ce moment là petit à petit on peut commencer à y croire...

je pense que l'idéal, serait de leur faire rencontrer d'autres z.
pour moi c'est surtout ça qui a marché.

avoir sous les yeux des exemples de gens qui ont des points communs avec nous...
autrement on se sent perdu, sans repères dans la masse, a-normal. difficile de penser qu'on est plus intelligent que les autres quand ceux qui ne sont pas de nos avis sont 98%.

Wise a écrit:moi je parlerais de la moyenne... qui est basse... tres basse.

Ce n'est pas la moyenne qui est basse: la moyenne est moyenne par définition. C'est nous qui pensons sensiblement plus vite qu'elle -- et ça nous consterne de nous savoir quasi-phénoménaux, alors que nous aimerions faire cinq fois mieux que ce que nous faisons déjà. Pourtant, ce que nous faisons déjà est déjà très sensiblement mieux que la moyenne, et les trois quarts de la population sont déjà largués face à nous. Oui, je suis comme vous: je me dis que s'il leur suffit de mon petit cerveau pour être largués, alors c'est qu'ils sont bougrement limités. Mais ce n'est pas vrai: eux sont normaux, c'est nous qui sommes, par rapport à eux, prodigieux -- et nous ferions sans doute mieux d'accentuer nos efforts pédagogiques que de courir après des résultats hyper-phénomémaux que nous n'atteindrons hélas jamais et que la masse de la population, de toute façon, comprendrait encore bien moins.

difficile de penser qu'on est plus intelligent que les autres quand ceux qui ne sont pas de nos avis sont 98%.

Faut pas exagérer quand même: la plupart des gens ne raisonnent pas aussi vite que nous, mais beaucoup sont quand même capables de comprendre ce que nous disons en y consacrant un peu de temps et d'énergie. Ce qui est gonflant, c'est que ça nous demande, à nous, d'énormes efforts de pédagogie, alors que ça leur demanderait, à eux, très peu d'efforts de compréhension. C'est la malédiction des surdoués: ils ne sont pas seulement capables d'aller loin en avant, il faut encore qu'ils retournent en arrière chercher les autres, et ça prend un temps fou. Mais c'est comme ça que la civilisation avance.