En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
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En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Tout est dans le titre, ou pas.
Cette impression que pour être celui que vous aimeriez être, et mener la vie que vous aimeriez vivre, il faut apprendre encore et encore, acquérir telle compétence de plus, savoir faire ceci, avoir lu cela... et que tant que ce n'est pas fait, vous êtes imparfait, incomplet, "en formation", pas tout à fait prêt ni digne.
Ce constat que si on fait la somme de tout ce qu'il faudrait faire ainsi, toutes les activités, les lectures, les cours, les...
vous en arrivez à un état de surmenage chronique: ce que vous faites dépasse toujours vos forces d'une bonne tête, et de plus, vous avez la conscience aiguë et lucide que vous ne faites pas le dixième de ce qu'il faudrait pour remédier à l'alinéa du dessus.
Et d'ailleurs, vous croisez régulièrement des gens qui vous lancent: mais enfin t'as pas lu Untel ? tu fais pas tel sport ? t'as jamais essayé telle activité ? comment ça se fait que t'aies même pas suivi telle méthode ? franchement, comment tu peux ne même pas avoir encore, etc.
Conséquence: vous tendez peut-être vers votre but, mais en étant perpétuellement au bout du rouleau et honteux de cet état de fait, car ce qu'il faut faire se rit de vos forces, et le jugement des autres aussi (surtout que ce que vous faites déjà, ils s'en tapent, ils ne voient que ce que vous ne faites pas).
ça vous parle ?
Cette impression que pour être celui que vous aimeriez être, et mener la vie que vous aimeriez vivre, il faut apprendre encore et encore, acquérir telle compétence de plus, savoir faire ceci, avoir lu cela... et que tant que ce n'est pas fait, vous êtes imparfait, incomplet, "en formation", pas tout à fait prêt ni digne.
Ce constat que si on fait la somme de tout ce qu'il faudrait faire ainsi, toutes les activités, les lectures, les cours, les...
vous en arrivez à un état de surmenage chronique: ce que vous faites dépasse toujours vos forces d'une bonne tête, et de plus, vous avez la conscience aiguë et lucide que vous ne faites pas le dixième de ce qu'il faudrait pour remédier à l'alinéa du dessus.
Et d'ailleurs, vous croisez régulièrement des gens qui vous lancent: mais enfin t'as pas lu Untel ? tu fais pas tel sport ? t'as jamais essayé telle activité ? comment ça se fait que t'aies même pas suivi telle méthode ? franchement, comment tu peux ne même pas avoir encore, etc.
Conséquence: vous tendez peut-être vers votre but, mais en étant perpétuellement au bout du rouleau et honteux de cet état de fait, car ce qu'il faut faire se rit de vos forces, et le jugement des autres aussi (surtout que ce que vous faites déjà, ils s'en tapent, ils ne voient que ce que vous ne faites pas).
ça vous parle ?
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
J'aimerais te répondre, mais tu m'impressionne.
Quand je suis impressionnée, je deviens muette, ou je dis n'importe quoi.
Je vais tenter de partager un bout de mon handicap culturel avec toi...
Je vis avec la sensation frustrante que si je ne sais pas TOUT, je ne suis rien. Que nous devons à la vie de ne jamais cesser de nous perfectionner. Sur tous les plans.
Mais chaque problème résolu, chaque connaissance acquise, amène à autre chose. Une chose plus complexe et plus profonde, et quand je me serai échinée à résoudre l'équation, elle en mettre une autre en lumière... Pour toujours.
Mon cerveau et mon âme ont tellement de mal a gérer ce concept absurde de l'infini, que je panique. Je cafouille, tout se mélange et je traite certainement moitié moins d'informations que le reste de l'humanité... Frustration décuplée. C'est un cercle vicieux. Je dois vivre avec.
Et quand (quotidiennement) je me retrouve en face de quelqu'un qui me renvoi mon in-culture, mon manque de logique, mon manque d'attention dans la figure, au lieu de passer mon chemin, je me demande "Où ais-je raté ? Comment arriver à son niveau ? Serais-je un jour satisfaite ? Me contenterais-je de ce que j'ai ?"
Je ne serais certainement jamais à la hauteur que j'espère atteindre.
C'est épuisant de l'accepter.
Parfois, respirer me fatigue...
Voilà.
Quand je suis impressionnée, je deviens muette, ou je dis n'importe quoi.
Je vais tenter de partager un bout de mon handicap culturel avec toi...
Je vis avec la sensation frustrante que si je ne sais pas TOUT, je ne suis rien. Que nous devons à la vie de ne jamais cesser de nous perfectionner. Sur tous les plans.
Mais chaque problème résolu, chaque connaissance acquise, amène à autre chose. Une chose plus complexe et plus profonde, et quand je me serai échinée à résoudre l'équation, elle en mettre une autre en lumière... Pour toujours.
Mon cerveau et mon âme ont tellement de mal a gérer ce concept absurde de l'infini, que je panique. Je cafouille, tout se mélange et je traite certainement moitié moins d'informations que le reste de l'humanité... Frustration décuplée. C'est un cercle vicieux. Je dois vivre avec.
Et quand (quotidiennement) je me retrouve en face de quelqu'un qui me renvoi mon in-culture, mon manque de logique, mon manque d'attention dans la figure, au lieu de passer mon chemin, je me demande "Où ais-je raté ? Comment arriver à son niveau ? Serais-je un jour satisfaite ? Me contenterais-je de ce que j'ai ?"
Je ne serais certainement jamais à la hauteur que j'espère atteindre.
C'est épuisant de l'accepter.
Parfois, respirer me fatigue...
Voilà.
Kcendre- Messages : 20
Date d'inscription : 24/06/2013
Age : 35
Localisation : 77
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Dernière édition par 11Road le Ven 24 Avr 2015 - 1:04, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Normalement, ce constat t'amène à déployer une frénésie infinie d'activité pour y remédier, car ces points sont infinis, en nombre, et en étendue.j'accepte et me regarde sans complaisance sur les points à travailler pour justement m'y consacrer sincèrement. Peu importe la difficulté, l'effort à fournir et le temps que cela prendrait. (retour évolutif)
Ah, oui, je précise: je sais que le fait de "bloquer et procrastiner devant l'étendue de la tâche, notre finitude et notre imperfection" est un sujet très souvent traité sur ce forum, mais ce n'est pas l'objet de ce topic. Justement pas. Donc, les recettes anti-procrastination ne répondent pas au sujet. Ici, il s'agit très exactement de l'inverse: comment gérer le fait qu'en dépit d'un déploiement d'efforts et d'énergie considérables pour tâcher d'atteindre l'inaccessible étoile, celle-ci nous paraît toujours aussi lointaine, et ceux qui nous regardent, subséquemment, nous couvrent de quolibets comme si nous ne fichions rien de nos journées.
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Oh que oui ça me parle... Toujours ce sentiment de n'être qu'un piètre amateur, de ne faire qu'effleurer les choses, d'être en définitive illégitime à prendre la parole, toujours à se dire: " J'affirme ça, mais et si..." Toujours à devoir préciser, se cultiver - n'est-ce pas une envie de se garantir de toute erreur d'ailleurs ? - à vouloir ne rien rater, à devenir casuiste quasiment...Mais en même temps, n'y a t-il pas des moments où dans cette recherche on découvre des sujets nouveaux qui nous tonifient ? Des perspectives qui font reculer la procrastination, relance la bécane ? Toujours dans mon cas en quête de la fomule définitive... Que c'est puéril, mais aussi, que ça me semble important...Un travail de fourmi, mais perpétuel, toujours à fouir plus avant dans le possible, dans le connaissable, dans l'exploitable. En fait, nous ne sommes pas rassasiés de peu, c'est toujours trop peu, il faut un apport constant sinon la machine tourne à vide et la procrastination nous ensable...Parfois on peut en venir à se dire "à quoi bon ?", mais aussitôt dit, voilà que l'on va vouloir fonder rationnellement cet a quoi bonisme, le justifier...Et c'est reparti...Mais je vais te faire un aveu, sur le fond, je crois que j'aime ça...A part ça, je ne fais effectivement rien de mes journées, mais cela me laisserait-il le temps de faire (d'être) autre chose ? Cela vivant, je ME vis, pour le meilleur et pour le pire. J'essaie juste d'être mon propre DRH et de m'y montrer compétent...Et puis franchement, quelle horreur de passer pour un con !
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Si, mais ce phénomène prend vite des allures de dopage. Un peu comme un oiseau qui aurait de telles crampes aux ailes à force d'avoir volé, que tout ce qu'il arrive encore à faire c'est les étendre un peu, immobiles, et planer - qui de temps en temps trouve une poche d'air chaud qui lui fait regagner un peu d'altitude; mais ça ne change rien à la tendance de fond qui est que l'altitude qu'il vise est plusieurs km au-dessus de lui, et que déjà, rien que pour arriver et restouiller là où il est, et bien, il s'est collé ces crampes.Mais en même temps, n'y a t-il pas des moments où dans cette recherche on découvre des sujets nouveaux qui nous tonifient ? Des perspectives qui font reculer la procrastination, relance la bécane ?
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Dernière édition par 11Road le Ven 24 Avr 2015 - 1:04, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Dernière édition par 11Road le Ven 24 Avr 2015 - 1:04, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
J'ai un avis inverse (je crois, même si j'ai lu en travers).
Ma plus grande peur serait de ne plus rien avoir à explorer.
Petite citation de Jules Renard (avec l'angle de vue littéraire qui personnellement est ce dans quoi je trouve le plus d'informations) : "Quand je penses à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"
Le seul point négatif et la où je vous rejoins (je crois là encore) c'est que quelque soit la multitude d'exploration dans lesquels on s'engouffre, au bout, il n'y a rien, si ce n'est de la compréhension, ce petit éclair, ce sentiment jouissif.
Au delà de cette chose agréable, revient le vide et l'envie de cherche à nouveaux dans de nouvelles directions.
Je penses que nous sommes tous plus ou moins animé par le désir de savoir, de combler.
La grande différence se situe dans notre rapport à l'accumulation, et donc dans notre rapport aux autres... ?
Ma plus grande peur serait de ne plus rien avoir à explorer.
Petite citation de Jules Renard (avec l'angle de vue littéraire qui personnellement est ce dans quoi je trouve le plus d'informations) : "Quand je penses à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"
Le seul point négatif et la où je vous rejoins (je crois là encore) c'est que quelque soit la multitude d'exploration dans lesquels on s'engouffre, au bout, il n'y a rien, si ce n'est de la compréhension, ce petit éclair, ce sentiment jouissif.
Au delà de cette chose agréable, revient le vide et l'envie de cherche à nouveaux dans de nouvelles directions.
Je penses que nous sommes tous plus ou moins animé par le désir de savoir, de combler.
La grande différence se situe dans notre rapport à l'accumulation, et donc dans notre rapport aux autres... ?
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
"Waiting for the flash..."
Est-il seulement à prévoir qu'il aura lieu dans cette vie présente ?
Le pire c'est qu'on peut même avoir vécu des stases exceptionnelles, hors normes, des moments de réconciliation totales et absolues, rien n'y fait, il faut les chercher et les chercher encore. Personnellement, depuis toujours je dois résister à la tentation de la drogue ! Juste souffler un peu ! Lâcher la bride, fondre. Je résiste à contre-cœur. Mais dans l'intervalle mon esprit est in-quiet, il furête en tous sens...C'est le diagnostic, on ne dépassera donc jamais le simple diagnostic ? Mon avis ? Non, on ne le dépassera pas. On en chie et il n'y a rien d'autre à dire.
Est-il seulement à prévoir qu'il aura lieu dans cette vie présente ?
Le pire c'est qu'on peut même avoir vécu des stases exceptionnelles, hors normes, des moments de réconciliation totales et absolues, rien n'y fait, il faut les chercher et les chercher encore. Personnellement, depuis toujours je dois résister à la tentation de la drogue ! Juste souffler un peu ! Lâcher la bride, fondre. Je résiste à contre-cœur. Mais dans l'intervalle mon esprit est in-quiet, il furête en tous sens...C'est le diagnostic, on ne dépassera donc jamais le simple diagnostic ? Mon avis ? Non, on ne le dépassera pas. On en chie et il n'y a rien d'autre à dire.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Peut-être y a -t-il une solution aussi simple qu'évidente, le partage ?
Encore faut-il trouver les personnes adéquat pour recevoir le discours.
Partager avec l'autre c'est se décharger, même lorsque le diagnostic est sans appel.
J'ai tendance à penser que cette forme d'angoisse peut être abordé comme n'importe quelle autre.
L'expression amène à un mieux vivre avec, faute de pouvoir le dépasser entièrement.
Encore faut-il trouver les personnes adéquat pour recevoir le discours.
Partager avec l'autre c'est se décharger, même lorsque le diagnostic est sans appel.
J'ai tendance à penser que cette forme d'angoisse peut être abordé comme n'importe quelle autre.
L'expression amène à un mieux vivre avec, faute de pouvoir le dépasser entièrement.
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Ah oui ben parlons-en...Encore faut-il trouver les personnes adéquat pour recevoir le discours.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Jacques BrelLa bêtise, c'est de la paresse.
La bêtise, c'est un type qui vit et qui se dit
« je vis, je vais bien, ça me suffit ».
Il ne se botte pas le cul tous les matins en se disant
« c'est pas assez, tu ne sais pas assez de choses,
tu ne vois pas assez de choses,
tu ne fais pas assez de choses ! »
C'est de la paresse, je crois, la bêtise.
Une espèce de graisse autour du coeur,
une graisse autour du cerveau...
C'est dommage, s'il a évoqué le revers du combat contre la bêtise, qui est de se martyriser à vouloir aller toujours plus loin, en faire et en savoir toujours plus, en n'osant jamais souffler, de peur de basculer dans le camp des paresseux, l'histoire ne l'a pas retenu.
Alors, quoi ? Condamnés à courir après l'horizon, ou à périr étouffés dans la graisse de la bêtise.
Invité- Invité
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
J'ai une autre solution : l'alternance.
La recherche de connaissances, de compréhension associé à des moments de "non réflexion" ou de "réflexions autres" qui pourraient être caractérisés par la pratique d'une activité sportive et/ou de méditation (type pleine conscience).
La mise sur papier et le travail des réflexions écrites peut aussi permettre d'avancer... parfois.
Des solutions techniques à un problème philosophique en somme.
La recherche de connaissances, de compréhension associé à des moments de "non réflexion" ou de "réflexions autres" qui pourraient être caractérisés par la pratique d'une activité sportive et/ou de méditation (type pleine conscience).
La mise sur papier et le travail des réflexions écrites peut aussi permettre d'avancer... parfois.
Des solutions techniques à un problème philosophique en somme.
Re: En faire trop, et ne jamais se sentir prêt
Mais justement ces moments de non-reflexion aboutissent à la procrastination...
MA solution, qui n'est pas extensible à tous, c'est la lecture ! Il m'arrive grâce à cela de nourrir la machine, mais à feu doux, parfois.
MA solution, qui n'est pas extensible à tous, c'est la lecture ! Il m'arrive grâce à cela de nourrir la machine, mais à feu doux, parfois.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
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