Re présentation

Rebonjour à tous,

Tant de choses se bousculent dans ma tête, je suis perdue.
Je n'arrive pas à contenir mes larmes ce matin.
Je suis d'un ordinaire très pudique, je ne veux pas embêter les autres avec mes problèmes.
C'est surement ce qui m'amène à écrire sur ce forum. Je ne sais pas à qui parler...
Qui pourrait comprendre, je ne comprends pas moi-même...
Je sais que je vais encore faire gonfler les chiffres des zèbres pleurnichards, j'en suis désolée mais malheureusement j'en fait partie...
Comment peut-on faire quand notre vie ne nous convient pas, quand nous ne savons pas nous même ce que nous voudrions, à part réaliser un rêve utopiste de vie d'artiste (n'ayant même pas fait les beaux-arts ou quelque étude en ce domaine...)
Je suis dans la dixième année de ma deuxième profession, et je n'y arrive plus. J'en ai marre de sourire, de faire semblant.
Je n'ai plus la force de recevoir toutes ces personnes, de m'occuper d'elles, de les écouter.
Je n'ai plus la force de gérer toutes les formalités administratives aberrantes, de décrocher pour prendre de nouveaux rendez-vous.
Je voudrais que mon téléphone de sonne plus... Je voudrais travailler seule...
Mais je vais me forcer, encore,
Je vais arrêter de pleurer, préparer des factures que je dois faire depuis fin Août (comment une chose aussi simple peut-elle être a ce point insurmontable?)
Puis je vais aller accueillir mes patients qui sont très loin d'imaginer ce qui se cache derrière mon masque...

Merci de m'avoir lue et merci d'etre là, vous que je lis sur ce forum et qui me semblez parfois si proche.

Bonjour sencha,

Je crois comprendre que tu as récemment découvert ta "zébritude". J'ai lu ta première présentation et j'y ai trouvé beaucoup de similitudes avec ma propre histoire, notamment sur le fait d'avoir fait cette découverte à l'occasion du test de ton fils.

Etant moi aussi à mon compte, je ne connais que trop bien ce sentiment de lassitude par rapport aux actes qui paraissent si simples à d'autres mais qui nous sont parfois insurmontables. J'ai un client que je dois facturer depuis plus d'un an... ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

Moi aussi j'aurais voulu être un artiiiiiiste ♫, mais j'ai fait un choix (très difficile à l'époque) et j'ai fait une croix sur une possible carrière musicale. Le problème, c'est que la découverte du HPI de mon fils (et la mienne probable) ont réactivé cette envie de musique avec une vivacité qui me perturbe, et qui perturbe aussi mon activité professionnelle habituelle. Néanmoins lorsque je joue, je me sens vivant, je suis en accord avec moi-même et j'ai l'impression que je me suis trahi profondément pendant ces 15 dernières années sans musique ou presque. En même temps, je ne regrette pas mon choix car je n'aurais pas la vie que j'ai et qui m'apporte beaucoup de joies (3 enfants...). Bref tout cela est un peu tourmenté et ça ne va pas t'aider, mais c'est surtout pour te dire que tu n'es pas seule.

Pourquoi ne pas faire un premier pas vers cette vie d'artiste qui te semble utopique ? Le décalage entre ce que tu fais et ce que tu voudrais faire est immense, mais si tu fais un premier pas tu vas le réduire, et tu le réduiras de plus en plus au fur et à mesure que tu y travailleras. Quel est le domaine artistique qui te fait vibrer ? Il y a probablement des tas de choses que tu puisses faire raisonnablement et progressivement pour te faire plaisir.

Je te souhaite de trouver rapidement la sérénité et la force de faire de nouvelles choses, de démarrer de nouveaux projets et surtout de faire des choses pour toi, pour ton moi profond et pas ton faux-self.

Merci pour la gentillesse de ta réponse Lophophora.
Elle ne m'a pas du tout semblé tourmentée mais plutôt tout à fait normale!

La découverte de ma zébritude est en effet très récente.
J'ai décidé de passer le test en septembre car il fallait absolument que j'ai une réponse.
Cela a été horrible mais j'ai pour habitude de me forcer à faire les choses qui me paraissent insurmontables.
Je me suis d'ailleurs longtemps demandée comment les autres réussissaient à faire cela (franchir le seuil d'une porte d'un nouveau terrain de stage par exemple)
J'avais pleinement conscience du courage dont il fallait faire preuve, et je ne comprenais pas que tant d'autres y arrivent.
Le fait de comprendre que j'étais "différente" m'a permis d'obtenir des réponses à ce genre de questionnements... La difficulté de la tache n'était pas la même pour tout le monde!

J'ai vite parcouru ton profil.
Je vois que tu es passé par des moments difficiles.
La découverte du HPI s'accompagne également pour moi d'une vraisemblable explication de certains actes de mon entourage familial, conséquence d'une zébritude mal vécue et ignorée. Et par conséquent d'une dose supplémentaire d'inquiétude pour mes enfants... (J'en ai deux de 4 et 7 ans, l’aîné est HQI, la petite non testée)

Pour en revenir à tes questions (dont je m'éloigne dangereusement!), j'aime le dessin, la poterie, la mozaique, la création en général. Je viens d'ailleurs de commander tout le nécessaire afin de me lancer dans la peinture.
Je fais donc de petites "créations" de temps en temps, je fais faire des activités manuelles à mes enfants (je sens d'ailleurs que ma fille est déjà très réceptive)

Mais cela ne me suffit pas. Je n'ai pas suffisamment de temps. J'aime faire les choses à fond. A ce moment là je suis bien, je me perd dans mes pensées.
Je n'arrive malheureusement pas à faire les choses à moitié, j'ai hérité du coté obscur de la force: perfectionnisme, sens critique exacerbé etc...
Je veux d'ailleurs tellement faire de choses que j'en commence trop en même temps... Et je n'y arrive pas, parce-que je dois travailler, ce fameux job alimentaire qui rend cependant bien service à mes patients...

Je crois que je viens à l'instant de trouver une réponse à mes questions dans ton message...
Je ne sais pas faire les choses raisonnablement et progressivement... Ou du moins j'essaye de faire comme ça mais ce n'est pas moi...
D’où mon indémêlable problème...

En tout cas je suis d'accord pour dire que mes enfants m'apportent beaucoup de joie également, la puissance de mon amour pour eux est extraordinaire et je m'applique parfois à juste la ressentir, quel bonheur!
La seule preuve que j'ai trouvé sur Terre pour l'instant de quelque chose de "divin", la seule preuve d'un sens à notre vie...

Merci encore à toi,
Sencha

Tu as eu le courage de surmonter ta peur et de passer le test, c'est une bonne chose. Moi je n'y suis pas arrivé, une simple réflexion de ma psy m'a refroidi lorsque j'ai évoqué avec elle la possibilité d'en passer un ("j'ai suffisamment d'éléments vous concernant pour savoir que vous faites partie des 2%"...), du coup je n'ai pas osé insister par peur de paraître prétentieux, et probablement aussi par peur de ne pas obtenir les résultats qui correspondraient à son diagnostic. Je n'ai donc aucune certitude, mais un faisceau de présomption suffisamment fort pour me faire avancer doucement, et ma vie a été quelque peu bouleversée depuis.

Tu ressens donc de la frustration à cause de toutes les contraintes de vie qui t'empêchent de consacrer l’énergie que tu voudrais à ces activités artistiques. Je connais très bien cette frustration, d'autant plus que j'ai une activité professionnelle très prenante qui me laisse peu de temps libre, et trois enfants ça occupe un peu à la maison, aussi. Néanmoins, je pense que le meilleur conseil que tu puisses suivre c'est d'y aller malgré tout avec un peu de patience : ton souci du perfectionnisme ne me semble pas incompatible avec un manque de temps ou de moyens, c'est juste que le résultat escompté mettra plus de temps à arriver. Parfois cela peut aussi être une source de progression d'ailleurs : laisser reposer quelque chose quelques jours pour le reprendre plus tard peut t'amener à une créativité accrue ou à voir des erreurs que tu n'aurais peut-être pas vues en restant "la tête dans le guidon".

Enfin bref, je n'ai pas la prétention d'avoir des bons conseils à donner en la matière, mais je voulais juste t'encourager à ne pas lâcher l'affaire, car je sais à quel point les rêves d'enfants sont précieux, et le bonheur qu'ils peuvent apporter lorsqu'on commence à les réaliser.

Je te rejoins aussi totalement sur l'intensité de l'émotion amoureuse qu'on peut ressentir envers ses enfants, mais pour ma part le sentiment est ambivalent. Je culpabilise car il y a un décalage entre cet amour immense et sa traduction dans les actes : je consacre beaucoup trop de temps à mon travail et mes loisirs par rapport au temps pour mes enfants. Malgré ce que je ressens pour eux, je n'arrive pas à traduire ces sentiments par des actes concrets.

Ah oui, une dernière chose : il y a un grand avantage a exercer une activité artistique passionnante sans en avoir fait son métier ; c'est de pouvoir le faire en étant totalement libéré des contraintes économiques et de la pollution que peut apporter la nécessité de produire pour gagner de l'argent. Tu as donc cette chance, profites-en bien.

Je n'aurais personnellement pas pu faire sans le test, ce n'est pas une question de courage je crois mais de survie!
Si ce n'est pas indiscret, en quoi ta vie a t'elle été bouleversée depuis que tu sais?
(personnellement j'ai été bouleversée mais ma vie reste la même)

En fait je ne me suis pas très bien exprimé : effectivement, vue par quelqu'un d'extérieur ma vie n'a pratiquement pas changé. Mais je sens malgré tout que des changements assez profonds s'opèrent très lentement et progressivement.

Si j'ai parlé de bouleversement, c'est parce que c'est effectivement ce que je ressens, mais à deux niveaux :

Au niveau personnel - J'ai été littéralement bouleversé lorsque la psy qui a fait passer le WISC à mon fils nous a remis et expliqué son bilan. J'ai dans la foulée lu le livre de JSF puis tous les autres, et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en découvrant qui j'étais réellement, ce mélange de joie de se comprendre enfin et de dépit face au temps perdu à se barricader dans un faux-self que presque tous ici ont connu, j'imagine.

A l’échelle de ma vie - Le changement le plus important (et positif !) a été la perte quasi instantané d'un sentiment de mal-être profond et permanent, inexpliqué jusqu'alors par moi-même ou les différents psys que j'avais pu rencontrer et qui s'étaient contentés d'un vague diagnostic de dépression et des anxiolytiques qui allaient (qui s'avéraient évidemment inefficaces). Parallèlement, je suis remonté dans ma propre estime : je continue d'être déçu de ce que j'ai accompli dans ma vie à cause du décalage important entre mes rêves d'enfant ou mes ambitions d'adolescent et mes réalisations d'adulte, mais je crois de nouveau en un certain potentiel et je me dis que tout n'est pas perdu, et que je peux tenter 2-3 trucs pour améliorer un peu tout ça. Je me suis aussi mis à faire attention à mon alimentation et à refaire un peu de sport de façon régulière ; résultat : j'ai perdu en moins d'un an et sans réel effort les 14 Kg que j'avais gagné inutilement depuis mon mariage. Enfin, concernant la musique, qui joue un rôle extrêmement important dans ma vie et que j'avais partiellement délaissée pendant 15 ans, je m'y suis remis avec ardeur et enthousiasme, je fais quelques concerts avec un petit groupe amateur, je retravaille chez moi en home studio, j'ai réappris quelques morceaux classiques un peu techniques au piano, j'ai appris la guitare...

En apparence, il n'y a pas de changement radical, mais je sens bien que quelque chose se passe lentement mais sûrement, quelque chose de plutôt positif. Je peux faire ce bilan au bout d'un an, mais si tu m'avais posé la question un mois après le diagnostic (puisque je ne peux parler de test), je t'aurais sans doute répondu avec beaucoup d'assurance que pas grand chose n'avait changé. Je ne dis pas que tu vas suivre le même parcours, mais c'est une possibilité, et je te le souhaite sincèrement.

Je l'espère également.
J'ai un petit peu honte de mon premier message...
Je dirais que j'en suis à J + 6 mois de la lecture passionnée des divers livres sur le sujet (JSF etc...)
J + 2 mois du test.
Je pense que cela m'a permis en effet de reprendre un peu confiance en moi...
Je pense avoir été déçue par le fait que peu de personnes peuvent comprendre (j'essaye donc de ne plus en parler)
Mais je n'ai plus honte de ce que je suis. Et si je n'ai pas envie de me forcer dans une conversation de groupe, si l'on me fait une réflexion, je réponds en rigolant que je suis un peu autiste et cela passe très bien!
Nous verrons bien dans 6 mois!