Syndrome de l'éponge inessorable
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Syndrome de l'éponge inessorable
Tout d'abord j'espère que je suis dans la bonne section (ça commence par un passage autobiographique, alors "témoignage me semblait adapté), et que ça n'est pas un doublon (je n'ai pas trouvé de sujet équivalent dans le forum).
Bon tout commence par un schéma classique ici : scolarité très ennuyante où tout semblait évident, instits courroucés par les "madame qu'est-ce qu'on fait quand on a fini ?"... Et puis révélation : en cours élémentaire, un instituteur qui nous dit : "fermez vos livres et écoutez" et qui nous raconte les leçons d'histoire comme des romans. L'Histoire est une réelle découverte, un champ tellement vaste que l'on peut vraiment partir à l'exploration, pas comme les maths en cadre scolaire où la réponse est dans l'intitulé du problème (donc où est l'intérêt ?). Et déjà, l'envie de partager toutes les émotions que ça procure. Mais l'incompréhension des autres élèves de collège devant les "exposés spontanés" et le "oui, c'est bien..." des profs, sont des douches froides. Alors on se replie et on développe tout ça intérieurement, avec des interlocuteurs imaginaires... Bac, puis que faire avec ces goûts ? les musées ça peut être bien, guide, conservateurs ? Commençons par l'Ecole du Louvre. Et là deuxième claque : l'Histoire de l'Art, où comment vivre l'Histoire à travers une forme de sensualité. A la fois, toujours l'exploration de l'Histoire et en même temps ce plaisir quasi charnel d'être confronté visuellement à l'Art. Et puis ça peut se décliner de toute façon : arts plastiques, musique etc. Et en même temps toutes les époques, jusqu'au vintage pop. Tout ce qui est marqué temporellement ("daté" mais sans le côté péjoratif) devient source d'intérêt : plus de 100 catalogues d'expo dans la bibliothèque, collection de céramiques anciennes (de la Lunéville art nouveau à de la Vallauris typiquement 50es), vêtements vintage, classement des playlists par année...
Bref, l'éponge se gave d'eau. Mais elle a aussi envie d'être essorée pour la transmettre. Alors professionnellement, c'est le cas (l'avantage d'écrire des textes sur l'histoire) mais cela reste très documentaire. Mais le côté sensuel ? Et c'est là le souci. Toute tentative de création s'avère être décevante. C'est médiocre. Et c'est très frustrant... Un besoin d'être créatif et l'incapacité de passer ce feu du monde intérieur vers le monde extérieur.
Alors voilà, à ceux qui se retrouvent là-dedans et qui ont réussi à le dépasser : comment avez-vous fait ? Est-ce que vous avez réussi à sublimer cette frustration vers autre chose, ou est-ce que vous avez modéré votre exigence ? Si oui, comment ?
Merci
Bon tout commence par un schéma classique ici : scolarité très ennuyante où tout semblait évident, instits courroucés par les "madame qu'est-ce qu'on fait quand on a fini ?"... Et puis révélation : en cours élémentaire, un instituteur qui nous dit : "fermez vos livres et écoutez" et qui nous raconte les leçons d'histoire comme des romans. L'Histoire est une réelle découverte, un champ tellement vaste que l'on peut vraiment partir à l'exploration, pas comme les maths en cadre scolaire où la réponse est dans l'intitulé du problème (donc où est l'intérêt ?). Et déjà, l'envie de partager toutes les émotions que ça procure. Mais l'incompréhension des autres élèves de collège devant les "exposés spontanés" et le "oui, c'est bien..." des profs, sont des douches froides. Alors on se replie et on développe tout ça intérieurement, avec des interlocuteurs imaginaires... Bac, puis que faire avec ces goûts ? les musées ça peut être bien, guide, conservateurs ? Commençons par l'Ecole du Louvre. Et là deuxième claque : l'Histoire de l'Art, où comment vivre l'Histoire à travers une forme de sensualité. A la fois, toujours l'exploration de l'Histoire et en même temps ce plaisir quasi charnel d'être confronté visuellement à l'Art. Et puis ça peut se décliner de toute façon : arts plastiques, musique etc. Et en même temps toutes les époques, jusqu'au vintage pop. Tout ce qui est marqué temporellement ("daté" mais sans le côté péjoratif) devient source d'intérêt : plus de 100 catalogues d'expo dans la bibliothèque, collection de céramiques anciennes (de la Lunéville art nouveau à de la Vallauris typiquement 50es), vêtements vintage, classement des playlists par année...
Bref, l'éponge se gave d'eau. Mais elle a aussi envie d'être essorée pour la transmettre. Alors professionnellement, c'est le cas (l'avantage d'écrire des textes sur l'histoire) mais cela reste très documentaire. Mais le côté sensuel ? Et c'est là le souci. Toute tentative de création s'avère être décevante. C'est médiocre. Et c'est très frustrant... Un besoin d'être créatif et l'incapacité de passer ce feu du monde intérieur vers le monde extérieur.
Alors voilà, à ceux qui se retrouvent là-dedans et qui ont réussi à le dépasser : comment avez-vous fait ? Est-ce que vous avez réussi à sublimer cette frustration vers autre chose, ou est-ce que vous avez modéré votre exigence ? Si oui, comment ?
Merci
kulumriyya- Messages : 9
Date d'inscription : 07/02/2014
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
En secondaire deux, l'histoire c'était le mieux.
Il faut gruger son os, déterrer le fossile.
Itérer les idées?
Ce que je fais, c'est commencer par le début et terminer par la fin.
Cela semble stupide, mais c'est ce que je fais. Je n'écris pas autant que je voudrais (pas ici, dans la "vraie" vie).
Quand j'écris (pas dans le navigateur), cela vient tout seul. Je continue où j'avais arrêtée.
Peut-être écrire moins pour commencer?
Il y a un autre fil à propos d'un problème similaire.
Faut un peu de pratique, une sorte de méditation.
Une possible piste, faire un essais avec un sujet que tu ne maitrise pas, en t'observant comment tu t'y prends. Ensuite appliquer à ce que tu connais.
Il faut gruger son os, déterrer le fossile.
Itérer les idées?
Ce que je fais, c'est commencer par le début et terminer par la fin.
Cela semble stupide, mais c'est ce que je fais. Je n'écris pas autant que je voudrais (pas ici, dans la "vraie" vie).
Quand j'écris (pas dans le navigateur), cela vient tout seul. Je continue où j'avais arrêtée.
Peut-être écrire moins pour commencer?
Il y a un autre fil à propos d'un problème similaire.
Faut un peu de pratique, une sorte de méditation.
Une possible piste, faire un essais avec un sujet que tu ne maitrise pas, en t'observant comment tu t'y prends. Ensuite appliquer à ce que tu connais.
Campagne Radis- Messages : 215
Date d'inscription : 22/12/2013
Localisation : mailto:webmaster@frederiquebrissonlambert.com
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Non c'est pas ça le souci. Ecrire, je sais faire. C'est même la moitié de mon job, et je n'ai pas de souci particulier avec cela. Mais ça reste documentaire. En revanche, le souci, c'est la transcription de la beauté et de l'évidence. Grosso modo, et pour rester dans l'écriture, si ce n'est pas Madame Bovary ou la Ballade des Pendus, quel est l'intérêt ? Ce que je veux transmettre c'est cela, et le souci c'est que ça reste artificiel et construit. Les poèmes de blogosphère, plus ou moins réussis, qui cochent toutes les cases (allitérations, champ lexical, rime riche, etc.), je peux faire. M'exprimer en prose aussi. Mais ça n'a pas d'intérêt de le faire pour soi... L'intérêt c'est d'apporter une pierre à l'édifice de la beauté du monde. Après je suis conscient de mes limites et je ne cherche pas à faire avec mais plutôt à faire sans. Que faire de cette énergie quand on n'est pas Victor Hugo, Dionne Warwick ou Philippe de Champaigne, mais un simple lambda ?
kulumriyya- Messages : 9
Date d'inscription : 07/02/2014
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Faut faire différent des autres, être original. Ça ne peut pas être codifié, sinon ça l'aurait déjà été fait.
COmme disait Picasso, les bon artistes imitent, les grands artistes volent, quelque chose du genre.
Inventer un style différent, en identifiant ce que les autres ne font pas n'ont pas faits?
Un peu comme la chanson de Céline Dion, il faut que cela danse dans ta tête.
Arrêter d'être cartésien, développer l'intuition.
Pour ce qui doit être développé, désolé, je ne sais pas.
Édition: Peut-être, aller moins vite pour écrire. Je ne sais pas moi-même si ce que j'écris est bien. Par essais-erreurs, dans J'aime écrire?
COmme disait Picasso, les bon artistes imitent, les grands artistes volent, quelque chose du genre.
Inventer un style différent, en identifiant ce que les autres ne font pas n'ont pas faits?
Un peu comme la chanson de Céline Dion, il faut que cela danse dans ta tête.
Arrêter d'être cartésien, développer l'intuition.
Pour ce qui doit être développé, désolé, je ne sais pas.
Édition: Peut-être, aller moins vite pour écrire. Je ne sais pas moi-même si ce que j'écris est bien. Par essais-erreurs, dans J'aime écrire?
Campagne Radis- Messages : 215
Date d'inscription : 22/12/2013
Localisation : mailto:webmaster@frederiquebrissonlambert.com
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
En ce qui concerne le jugement sur la création, pour moi c'est une évidence. En lisant le forum, j'ai l'impression que la suractivité du cerveau ne se manifeste pas de la même manière pour tout le monde de la même manière. C'est un peu comme la définition de Rousseau de la musique ("La musique est l’art d'accommoder les sons de manière agréable à l’oreille"), sauf que derrière l'oreille il y a le cerveau. C'est pareil pour les arts plastiques derrière l'œil ou pour la Littérature. J'y suis particulièrement sensible (alors que l'aspect mathématique ou philosophique des choses est sans doute plus limité chez moi), j'ai même frôlé plusieurs fois le syndrome de Stendhal dans certains musées. Ca fait comme un cachet effervescent dans le cerveau... Devant des évidences, des phrases parfaites comme "Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre" ou "Madame se meurt ! Madame est morte !" ou encore "Longtemps je me suis couché de bonne heure", ça roule en bouche, chaque son appelle l'autre, il y a un tel équilibre... Après, je sais que je ne suis pas capable de toucher cet "absolu". Ca ne me gêne pas pour mon image ou pour ma construction. Je n'ai rien à prouver, ce n'est pas un problème. Le souci, c'est que j'ai quand même toute cette énergie créatrice, qui ne me satisfait pas dans son accomplissement (j'ai toujours jeté le lendemain ce que j'avais essayé la veille), et je ne sais pas comment l'évacuer. Alors ça peut être en la domptant, en l'amenant vers un accomplissement qui n'est pas de la création ou autre... Et le témoignage de gens qui arrivent à la gérer, à l'emmener vers autre chose, m'intéresse pour pouvoir essayer d'appliquer les recettes. Comment canaliser cela ? Quel dérivatif ?
PS : je vais lire un peu "J'aime écrire"
PS : je vais lire un peu "J'aime écrire"
kulumriyya- Messages : 9
Date d'inscription : 07/02/2014
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Tu as pensé à prendre des cours ? C'est bête hein... Mais on peut avoir la fibre, une sorte de don pour l'écriture, mais ne pas savoir écrire.
Même chose pour la peinture et les autres domaines de l'art. Tu es peut être lucide sur ton talent ésotérique (tu as des choses à dire, et tu as une sensibilité particulière là dessus) mais aussi lucide sur tes lacunes, lacunes qui te sont insupportables.
J'ai ce syndrome au niveau de l'écriture. Par moment j'ai des fulgurances qui me permet d'écrire un texte qui sur le coup me parait riche, percutant et deux jours après ne plus pouvoir le lire tellement la médiocrité me saute aux yeux.
De mon coté, je ne cherche pas à créer, juste à déverser ma bile dès qu'elle se présente, alors ce n'est pas un problème, mais si tu veux réellement te perfectionner, prendre des cours dans le domaine où tu veux t'améliorer me semble un choix judicieux. La technique compte.
Même chose pour la peinture et les autres domaines de l'art. Tu es peut être lucide sur ton talent ésotérique (tu as des choses à dire, et tu as une sensibilité particulière là dessus) mais aussi lucide sur tes lacunes, lacunes qui te sont insupportables.
J'ai ce syndrome au niveau de l'écriture. Par moment j'ai des fulgurances qui me permet d'écrire un texte qui sur le coup me parait riche, percutant et deux jours après ne plus pouvoir le lire tellement la médiocrité me saute aux yeux.
De mon coté, je ne cherche pas à créer, juste à déverser ma bile dès qu'elle se présente, alors ce n'est pas un problème, mais si tu veux réellement te perfectionner, prendre des cours dans le domaine où tu veux t'améliorer me semble un choix judicieux. La technique compte.
Invité- Invité
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Ah. Et aussi surtout.. Il faut vivre pour pouvoir créer.
Un petit voyage, en mode pélerin, rencontrer des gens, faire des projets sont des moteurs du sublime.
Un petit voyage, en mode pélerin, rencontrer des gens, faire des projets sont des moteurs du sublime.
Invité- Invité
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Pour l'aspect technique je suis totalement d'accord. Le rapport ars/tekhnè est évidemment à la base de tout. Mais là où tu pointes quelque chose de très intéressant sur lequel je vais réfléchir c'est "l'expression". Je suis assez anti-conceptuel et très formaliste dans mon approche artistique. La forme plus que le fond. Et au contraire, j'ai une énorme pudeur à "m'exprimer". Peut-être que cette retenue empêche beaucoup, et peut-être aussi qu'elle me pousse vers la volonté de trouver une échappatoire plutôt que vers l'accomplissement. Alors je ne dis pas que c'est ça, mais c'est une bonne piste. (après si c'est ça, restera à gérer cela... plus on ouvre des portes, plus il y a de couloirs sombres derrière...).
kulumriyya- Messages : 9
Date d'inscription : 07/02/2014
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
Le formalisme est un outil, la pudeur est la barrière.
IL se fait tard (tôt), je dois aller dormir.
Faut être comme un comédien, l'acteur de sa narration...je ne sais pas ce que j'écris, désolé.
IL se fait tard (tôt), je dois aller dormir.
Faut être comme un comédien, l'acteur de sa narration...je ne sais pas ce que j'écris, désolé.
Campagne Radis- Messages : 215
Date d'inscription : 22/12/2013
Localisation : mailto:webmaster@frederiquebrissonlambert.com
Re: Syndrome de l'éponge inessorable
C'est trop flou.kulumriyya a écrit:Pour l'aspect technique je suis totalement d'accord. Le rapport ars/tekhnè est évidemment à la base de tout. Mais là où tu pointes quelque chose de très intéressant sur lequel je vais réfléchir c'est "l'expression". Je suis assez anti-conceptuel et très formaliste dans mon approche artistique. La forme plus que le fond. Et au contraire, j'ai une énorme pudeur à "m'exprimer". Peut-être que cette retenue empêche beaucoup, et peut-être aussi qu'elle me pousse vers la volonté de trouver une échappatoire plutôt que vers l'accomplissement. Alors je ne dis pas que c'est ça, mais c'est une bonne piste. (après si c'est ça, restera à gérer cela... plus on ouvre des portes, plus il y a de couloirs sombres derrière...).
En te relisant ce qui me frappe est cette phrase : et l'incapacité de passer ce feu du monde intérieur vers le monde extérieur.
Qu'est ce qui ne passe pas ? Des émotions, une forme, une idée ? Est ce une incapacité chronique, en face d'une oeuvre qui sera lu par quelqu'un d'autre, une oeuvre personnelle ? N'est ce pas de la vanité de se croire génie mais qui hélas ne le fait pas ressortir ? Arrives tu déjà à être toi même devant un intime ? Ou peut être que la croyance qu'un jour un jet d'or sortira de toutes tes productions de manière ex nihilo ?
Il y a aussi la question de ta boulimie culturelle. Est ce un échappatoire pour toi ? Une façon de vivre ? N'est ce pas un moyen d'éviter de vivre en te réfugiant dans le beau ? Alors même que la création artistique part de la réalité et traverse le filtre de l'artiste...
Mais peut être tout simplement une histoire d'estime de soi. Tu es peut être génial dans tes productions. Mais comment pourrais tu le voir ? La définition même du génie est qu'il est en avance sur son temps. Sa production ne peut être jugée que bien après sa naissance. On peut se demander si même l'auteur est conscient de la force de son oeuvre. Il crée une chose qui n'est pas de son temps... difficile de l'apprécier !
Enfin, on peut aussi penser si tu t'es forcé à faire ressortir ce monde intérieur en te mettant dans des situations trop nouvelles pour faire autre chose que d'être soi. (D'où l'idée du voyage).
Bref...
Invité- Invité
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