L'hécatombe des rossignols
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L'hécatombe des rossignols
Pour avoir commencé depuis peu à explorer le milieu de la poésie, divers éléments m'ont suffisamment frappé pour que je sorte de ma réserve et m'avance à ouvrir un fil de discussion.
Soyons concrets : j'ai assisté à plusieurs lectures orales, en Belgique. Première observation : les activités, ouvertes à tous, attirent un public pouvant aller de trois à sept personnes, connaissant soit les organisateurs, soit les orateurs. Peu de curieux extérieurs, pratiquement pas d'occasionnels : les personnes présentes sont des habitués du milieu, poètes ou aspirants, d'une moyenne d'âge élevée. Dans le discours informel des orateurs, j'ai relevé des références fréquentes au fait qu'aujourd'hui, la poésie a perdu ses lettres de noblesse, qu'il n'y a aucune notoriété à en retirer, qu'elle est en mal de lecteurs. Afin de parer à cette apparente désaffection et de toucher un public jeune, certaines associations lancent des sessions de slam ou des concours de poésie par sms.
Bien entendu, je ne prends pas mes observation pour source d'information scientifique intangible. Elles sont tout au plus les racines d'un questionnement : où en est la poésie aujourd'hui, et vers quoi se dirige-t-elle ?
En tant qu'art du langage, elle a probablement fait son apparition très tôt dans l'histoire des sociétés humaines, d'abord comme support mnésique utile à la transmission orale d'un patrimoine, puis comme un raffinement de l'esprit ayant diverses fonctions pédagogiques et ludiques. Capturée par l'élite culturelle, le bon usage du langage devient un outil de distinction sociale. Le romantisme y insuffle l'expression du Moi sous une forme intimiste ou contestataire, et suivant le même chemin que bien d'autres arts, elle se détache des traditionnelles contraintes de forme à l'époque contemporaine pour tendre vers l'éclatement des normes : le terme s'ouvre à des sens nouveaux.
=> De fait, tout opinion extérieure viendra enrichir mon début de réflexion sur le sujet. Ainsi, diverses question me viennent :
- Que recouvre pour vous l'acception du terme "poésie" ?
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Alors, je me permets d'insister : ceci n'est pas une enquête déguisée, même si ça en a la forme, mon souhait est que ce soit le point de départ d'une discussion, pas d'une étude de marché.
* Le titre est une référence à un fameux poème d'Aragon chanté par Ferrat, dont je mets un extrait, pour contextualiser :
"Etoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame
La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges"
Soyons concrets : j'ai assisté à plusieurs lectures orales, en Belgique. Première observation : les activités, ouvertes à tous, attirent un public pouvant aller de trois à sept personnes, connaissant soit les organisateurs, soit les orateurs. Peu de curieux extérieurs, pratiquement pas d'occasionnels : les personnes présentes sont des habitués du milieu, poètes ou aspirants, d'une moyenne d'âge élevée. Dans le discours informel des orateurs, j'ai relevé des références fréquentes au fait qu'aujourd'hui, la poésie a perdu ses lettres de noblesse, qu'il n'y a aucune notoriété à en retirer, qu'elle est en mal de lecteurs. Afin de parer à cette apparente désaffection et de toucher un public jeune, certaines associations lancent des sessions de slam ou des concours de poésie par sms.
Bien entendu, je ne prends pas mes observation pour source d'information scientifique intangible. Elles sont tout au plus les racines d'un questionnement : où en est la poésie aujourd'hui, et vers quoi se dirige-t-elle ?
En tant qu'art du langage, elle a probablement fait son apparition très tôt dans l'histoire des sociétés humaines, d'abord comme support mnésique utile à la transmission orale d'un patrimoine, puis comme un raffinement de l'esprit ayant diverses fonctions pédagogiques et ludiques. Capturée par l'élite culturelle, le bon usage du langage devient un outil de distinction sociale. Le romantisme y insuffle l'expression du Moi sous une forme intimiste ou contestataire, et suivant le même chemin que bien d'autres arts, elle se détache des traditionnelles contraintes de forme à l'époque contemporaine pour tendre vers l'éclatement des normes : le terme s'ouvre à des sens nouveaux.
=> De fait, tout opinion extérieure viendra enrichir mon début de réflexion sur le sujet. Ainsi, diverses question me viennent :
- Que recouvre pour vous l'acception du terme "poésie" ?
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Alors, je me permets d'insister : ceci n'est pas une enquête déguisée, même si ça en a la forme, mon souhait est que ce soit le point de départ d'une discussion, pas d'une étude de marché.
* Le titre est une référence à un fameux poème d'Aragon chanté par Ferrat, dont je mets un extrait, pour contextualiser :
"Etoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame
La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges"
Re: L'hécatombe des rossignols
Que recouvre pour vous l'acception du terme "poésie" ?
A mons sens tout vehicule, tous moyens qui éveille nos sens ou les mots seraient les vecteurs.
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
La richesse du vocabulaire s'est quelque peut fané, beaucoup de vocable n'est plus usité. Ce media n'en est pas moins, encore aujourd'hui apprècié.
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
Du plaisir, des émotions, la posibilité de voyager.
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
Ce mode d'expression semble avoir été délaissé au profit de nombreux autres moyens de communications, notament informatique...
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
Non, la preuve avec de tres nombreux forums et sites qui fleurissent la toile.
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Je ne connais pas les tendances anglosaxones.
Le jeu du vous
Le « vous » est sans conteste l'espace du désir. Prononcé du bout des lèvres, du bout des yeux et du bout du coeur, comme dardé par Cupidon sur l'être désiré. Se reculant pour mieux y voir, il crée, dans un dessein voulu et avoué, la juste distance donnant la vision entière de l'être appréhendé. Il offre, ce faisant, au partenaire élu, un piédestal et un capital de séduction consentis et proposés comme un défi. Il circonscrit un champ de possibles, espace de liberté et de jeu de communication. Là où le "tu" n'a plus rien à désirer ni à atteindre, il permet de cerner, en fin gourmet, comme un oiseau de proie qui serait amoureux, la personnalité qu'il se propose d'effeuiller avec douceur et respect. Il se fait caresse circonspecte, aimable sourire de l'esprit, jeu de codes et clef d'une séduction qui emprunte les chemins alambiqués d'une mignardise coquette et peu pressée. Tout à la fois ludique et coquin, il pare, en le jugulant, le désir aiguisé de l'approche des gracieuses vertus de la pudeur, et masque ses attouchements légers et délicats par lesquels il courtise pourtant l'aura intime de son objet. Cheval de Troie de la carte du Tendre, qui prétend la distance quand il vise le coeur, arme machiavélique des stratèges amoureux, philtre d'amour au poison subreptice, il dure ce que dure une rose, l'espace d'un désir, le temps d'une conquête.
ENJOYE !
A mons sens tout vehicule, tous moyens qui éveille nos sens ou les mots seraient les vecteurs.
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
La richesse du vocabulaire s'est quelque peut fané, beaucoup de vocable n'est plus usité. Ce media n'en est pas moins, encore aujourd'hui apprècié.
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
Du plaisir, des émotions, la posibilité de voyager.
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
Ce mode d'expression semble avoir été délaissé au profit de nombreux autres moyens de communications, notament informatique...
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
Non, la preuve avec de tres nombreux forums et sites qui fleurissent la toile.
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Je ne connais pas les tendances anglosaxones.
Le jeu du vous
Le « vous » est sans conteste l'espace du désir. Prononcé du bout des lèvres, du bout des yeux et du bout du coeur, comme dardé par Cupidon sur l'être désiré. Se reculant pour mieux y voir, il crée, dans un dessein voulu et avoué, la juste distance donnant la vision entière de l'être appréhendé. Il offre, ce faisant, au partenaire élu, un piédestal et un capital de séduction consentis et proposés comme un défi. Il circonscrit un champ de possibles, espace de liberté et de jeu de communication. Là où le "tu" n'a plus rien à désirer ni à atteindre, il permet de cerner, en fin gourmet, comme un oiseau de proie qui serait amoureux, la personnalité qu'il se propose d'effeuiller avec douceur et respect. Il se fait caresse circonspecte, aimable sourire de l'esprit, jeu de codes et clef d'une séduction qui emprunte les chemins alambiqués d'une mignardise coquette et peu pressée. Tout à la fois ludique et coquin, il pare, en le jugulant, le désir aiguisé de l'approche des gracieuses vertus de la pudeur, et masque ses attouchements légers et délicats par lesquels il courtise pourtant l'aura intime de son objet. Cheval de Troie de la carte du Tendre, qui prétend la distance quand il vise le coeur, arme machiavélique des stratèges amoureux, philtre d'amour au poison subreptice, il dure ce que dure une rose, l'espace d'un désir, le temps d'une conquête.
ENJOYE !
synapse- Messages : 821
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: L'hécatombe des rossignols
- Que recouvre pour vous l'acception du terme "poésie" ?
Œuvre artistique écrite ou orale où est accentuée la musicalité.
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
Important, dans le sens où il a de la valeur, oui, beaucoup. J'en lis peu parce que du reste ce n'est pas ma passion.
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
Un nouveau regard, elle "modifie mes composantes". Les poèmes que j'aime vraiment, j'aime les réciter intérieurement, comme j'aime fredonner un air.
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
Elle convient mal à notre société de consommation. C'est peut-être justement qu'elle lui manque.
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
Je n'en sais rien, j'ai toujours été nulle en histoire, alors...
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
Non.
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
Je suppose que le slam a pris un relai important. Il semblerait que les jeunes écrivent assez souvent de la poésie (blogs). Si en lire leur est plus difficile, ça passe mieux sous une forme proche du rap...
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Aucune idée ^^'
Œuvre artistique écrite ou orale où est accentuée la musicalité.
- Pensez-vous qu'il s'agit d'un mode d'expression artistique important ? Est-ce que vous en lisez ?
Important, dans le sens où il a de la valeur, oui, beaucoup. J'en lis peu parce que du reste ce n'est pas ma passion.
- Si oui, que vous apporte-t-elle ?
Un nouveau regard, elle "modifie mes composantes". Les poèmes que j'aime vraiment, j'aime les réciter intérieurement, comme j'aime fredonner un air.
- Quelle place a-t-elle dans la société actuelle, et quelle place devrait-elle avoir ?
Elle convient mal à notre société de consommation. C'est peut-être justement qu'elle lui manque.
- Diriez-vous que le public a diminué, s'est modifié, ne s'est pas renouvelé ?
Je n'en sais rien, j'ai toujours été nulle en histoire, alors...
- Pensez-vous qu'elle est appelée à disparaître sous sa forme actuelle ? (recueils imprimés, regroupant des textes courts dont la forme peut varier, mais qui ont supposément en commun d'user du langage aux fins de susciter une émotion)
Non.
- Si oui, quel pourrait être son "mode de survivance" ?
Je suppose que le slam a pris un relai important. Il semblerait que les jeunes écrivent assez souvent de la poésie (blogs). Si en lire leur est plus difficile, ça passe mieux sous une forme proche du rap...
- Estimez-vous la situation différente, pour exemple, dans le monde anglo-saxon ?
Aucune idée ^^'
Sylbao- Messages : 293
Date d'inscription : 10/01/2011
Age : 35
Re: L'hécatombe des rossignols
Laissons silencieusement place à la beauté.
Dernière édition par Zinzin&co le Mer 5 Oct 2011 - 14:31, édité 1 fois
Dark Feu-Nixe- Messages : 999
Date d'inscription : 04/06/2011
Localisation : Avant de partir au fond des échos, sous le bitume des rues mortes, j'aimais au fil des mots la fêlure sanguine au lent déballage. Limite: 999
Re: L'hécatombe des rossignols
pour moi la poésie c'est avant tout les images par les mots. Je la retrouve aujourd'hui chez certains rappeurs que j'ecoute; qu'ils soient français ou americains, la poésie a changé car elle a évolué.
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