Un titre original, surtout trouver un titre original...
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Ardel
superreeduc
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Un titre original, surtout trouver un titre original...
C'est vrai quoi, ce serait bien ballot que de rater son entrée en zébritude par une présentation factuelle, dénuée d'humour voire franchement chiante...
Quoique la conversation du zèbre puisse sans doute tourner en rond à force de n'évoquer que le risque de la nouvelle famille de lions ou les pitreries des gnous qui sont décidément peu fréquentables, et puis la savane, on s'en lasse...
J'aime bien le mot "zèbre" même si l'animal est un peu ridicule et trop dur quand on ne le fait pas assez cuire.
Plusieurs raisons et déraisons m'ont amené ici, laissez-moi vous les narrer (la formule de politesse n'engage pas grand chose, vu que je suis en train de saisir ce texte sur mon ordi et que ce qui pourrait m’empêcher de vous embêter avec mes histoires ne pourrait en aucune sorte venir de vous lecteur de ce forum mais plutôt d'un passage à table imminent quoique peu contrariant, vive les sauvegardes automatiques...) mais voilà que je m'interromps grossièrement avant même d'avoir commencé.
Or donc voila : né un jeudi, il n'y a pas loin d'un demi siècle, j'eus une enfance pas malheureuse, mais barbante...
Comme beaucoup ici je suppose, j'appris à lire assez vite (vers 4 ans) et eut la chance de sauter quelques classes, sans que cela changeât quoique ce fut à mon ennui et ma détestation de tout ce qui ressemble à une école ou à un enseignant. Au collège, je me réveillais un peu et tentait la rébellion active, ce qui me valut moult ennuis, et quelques passages chez un "espécialiste" qui valida le fait que j'étais (désolé mais à l'époque on disait comme ça ) : 1- surdoué, et 2- particulièrement chiant. C'était un temps où les tests psychotechniques étaient encore assez courant et d'où on ressortait avec un chiffre qui allait influer grandement votre carrière de lycéen.
Bien sur, en pleine réforme Haby, il était de bon ton de créer l'égalité en instaurant le collège unique, mais les profs faisaient de la résistance et nos classes étaient "de niveau", on essaya alors de mettre ensemble les fort QI, qu'on appelait entre nous les "cas Binet" du nom du test à la mode alors... Ce fut bien entendu une catastrophe, vu que les méthodes ne changeaient absolument pas et nos profs... comment dire... ben c'était pas des "cas Binet" eux...
Bref, ce fut un échec retentissant qui dura un an ou deux et on nous remit dans les classes ordinaires où finalement je trouvais quelque confort à dormir sans qu'on tente de me stimuler intellectuellement.
Heureusement, il y avait les livres.
Je mesurais deux bonnes têtes de moins que mes grands camarades avec qui je ne "m'entendais" que parce que j'avais une imagination débordante au service exclusif du chahut organisé, mais bien entendu, ils ne m'invitaient pas à leurs fêtes où j'eusse été bien en peine d'aller avec mon vélo quand ils avaient l'âge des mobylettes...
Les filles je pense ignoraient mon existence, en tout cas je ne me souvient pas qu'une d'elle m'ait adressé la parole, sauf peut être pour copier en math...
ça a l'air triste dit comme ça, mais finalement je n'étais pas bien malheureux, pas bien heureux non plus, souvent amoureux de la plus jolie du lycée, voire même de sa mère : tant qu'à rêver, autant viser haut...
En 1981, Mitterand est élu, père sort le champagne, mère son chapelet et vérifie que son passeport et le mien nous permettent de quitter vite fait bien fait ce pays de rouges... Je découvres la liberté, les profs sont de gauche, ils sont heureux et nous aussi, ils sont libres et nous aussi, les sujets de maths et de physique n'ont aucun intérêt pour moi, alors je décide de ne pas les faire... je rate donc mon bac C à 15 ans (moi qu'on avait inscrit au concours général !) avec un 5 en math, 5 en physique mais un glorieux 18 en philo !
"alors comme ça, tu veux rester à la maison un an de plus ?" :un des rares moment de finesse de père qui a su me convaincre que c'était bien gentil tout ça mais j'aurais pu être un peu plus malin sur le coup...
l'année suivante passa, je ne me souviens plus trop, je ne travaillais sans doute pas plus mais avais promis de répondre à tous les problèmes de maths... je réussis (j'aime à croire que je le calculais exprès) à inverser la vapeur avec 15 en maths, 15 en physique... et 2 en philo...
A moi les études (prévues brillantes par mes géniteurs... mais on allait voir ce qu'on allait voir...) et surtout, à moi Paris... une semaine en math sup m'ont suffit, et je m'inscrivais à la fois aux beaux arts et en PCEM1 où je rencontrais mon (encore et toujours) meilleur ami, et surtout découvrait les cigarettes qui font rire, les bières et les caves de st germain et st michel...
Quelques 5 années plus tard,j'avais essayé plein d'études... et à grand peine atteint une petite license dans une matière qui ne m'intéressait pas le moins du monde, mes parents décidaient de me couper les vivres et je me décidais à rejoindre l’ennemi : soyons pragmatique : je n'aime pas travailler ni faire des efforts : pourquoi ne pas enseigner...
Je passais donc un pseudo concours d'instit où on vous demande de savoir faire vos lacets sans trop baver sur vos chaussures et entrait dans cette carrière si longtemps méprisée.
Quelques années ont passé, j'ai rencontré ma douce et nous avons fait deux gros bébés joufflus qui ont grandi : un zèbre et un artiste, heureux je pense. (mais compliqués, heureusement pour eux et pour moi)
Je suis resté enseignant, mais spécialisé (et sans classe)
Maintenant j'accueille et je "suis" pas mal de mini zèbres, j'essaie de former mes collègues à ces gamins complexes et rarement compatibles avec un système éducatif pour lequel mon avis a peu changé depuis mes années ado, mais au moins puis je essayer de changer les choses de l'intérieur... je reçois de nombreux parents aussi, quelques doués parmi eux, certains le savent, d'autres le découvrent en découvrant la "zébritude" de leur enfant.
Je vis plutôt bien, sociopathe "light", je ne sors que traîné par mon épouse qui connaissant mes limites, ne me pousse pas à plus de deux dîners par ans, je suis avec elle aussi bien que seul (et c'est un compliment !)...
Au plaisir de vous lire.
Salutations
Quoique la conversation du zèbre puisse sans doute tourner en rond à force de n'évoquer que le risque de la nouvelle famille de lions ou les pitreries des gnous qui sont décidément peu fréquentables, et puis la savane, on s'en lasse...
J'aime bien le mot "zèbre" même si l'animal est un peu ridicule et trop dur quand on ne le fait pas assez cuire.
Plusieurs raisons et déraisons m'ont amené ici, laissez-moi vous les narrer (la formule de politesse n'engage pas grand chose, vu que je suis en train de saisir ce texte sur mon ordi et que ce qui pourrait m’empêcher de vous embêter avec mes histoires ne pourrait en aucune sorte venir de vous lecteur de ce forum mais plutôt d'un passage à table imminent quoique peu contrariant, vive les sauvegardes automatiques...) mais voilà que je m'interromps grossièrement avant même d'avoir commencé.
Or donc voila : né un jeudi, il n'y a pas loin d'un demi siècle, j'eus une enfance pas malheureuse, mais barbante...
Comme beaucoup ici je suppose, j'appris à lire assez vite (vers 4 ans) et eut la chance de sauter quelques classes, sans que cela changeât quoique ce fut à mon ennui et ma détestation de tout ce qui ressemble à une école ou à un enseignant. Au collège, je me réveillais un peu et tentait la rébellion active, ce qui me valut moult ennuis, et quelques passages chez un "espécialiste" qui valida le fait que j'étais (désolé mais à l'époque on disait comme ça ) : 1- surdoué, et 2- particulièrement chiant. C'était un temps où les tests psychotechniques étaient encore assez courant et d'où on ressortait avec un chiffre qui allait influer grandement votre carrière de lycéen.
Bien sur, en pleine réforme Haby, il était de bon ton de créer l'égalité en instaurant le collège unique, mais les profs faisaient de la résistance et nos classes étaient "de niveau", on essaya alors de mettre ensemble les fort QI, qu'on appelait entre nous les "cas Binet" du nom du test à la mode alors... Ce fut bien entendu une catastrophe, vu que les méthodes ne changeaient absolument pas et nos profs... comment dire... ben c'était pas des "cas Binet" eux...
Bref, ce fut un échec retentissant qui dura un an ou deux et on nous remit dans les classes ordinaires où finalement je trouvais quelque confort à dormir sans qu'on tente de me stimuler intellectuellement.
Heureusement, il y avait les livres.
Je mesurais deux bonnes têtes de moins que mes grands camarades avec qui je ne "m'entendais" que parce que j'avais une imagination débordante au service exclusif du chahut organisé, mais bien entendu, ils ne m'invitaient pas à leurs fêtes où j'eusse été bien en peine d'aller avec mon vélo quand ils avaient l'âge des mobylettes...
Les filles je pense ignoraient mon existence, en tout cas je ne me souvient pas qu'une d'elle m'ait adressé la parole, sauf peut être pour copier en math...
ça a l'air triste dit comme ça, mais finalement je n'étais pas bien malheureux, pas bien heureux non plus, souvent amoureux de la plus jolie du lycée, voire même de sa mère : tant qu'à rêver, autant viser haut...
En 1981, Mitterand est élu, père sort le champagne, mère son chapelet et vérifie que son passeport et le mien nous permettent de quitter vite fait bien fait ce pays de rouges... Je découvres la liberté, les profs sont de gauche, ils sont heureux et nous aussi, ils sont libres et nous aussi, les sujets de maths et de physique n'ont aucun intérêt pour moi, alors je décide de ne pas les faire... je rate donc mon bac C à 15 ans (moi qu'on avait inscrit au concours général !) avec un 5 en math, 5 en physique mais un glorieux 18 en philo !
"alors comme ça, tu veux rester à la maison un an de plus ?" :un des rares moment de finesse de père qui a su me convaincre que c'était bien gentil tout ça mais j'aurais pu être un peu plus malin sur le coup...
l'année suivante passa, je ne me souviens plus trop, je ne travaillais sans doute pas plus mais avais promis de répondre à tous les problèmes de maths... je réussis (j'aime à croire que je le calculais exprès) à inverser la vapeur avec 15 en maths, 15 en physique... et 2 en philo...
A moi les études (prévues brillantes par mes géniteurs... mais on allait voir ce qu'on allait voir...) et surtout, à moi Paris... une semaine en math sup m'ont suffit, et je m'inscrivais à la fois aux beaux arts et en PCEM1 où je rencontrais mon (encore et toujours) meilleur ami, et surtout découvrait les cigarettes qui font rire, les bières et les caves de st germain et st michel...
Quelques 5 années plus tard,j'avais essayé plein d'études... et à grand peine atteint une petite license dans une matière qui ne m'intéressait pas le moins du monde, mes parents décidaient de me couper les vivres et je me décidais à rejoindre l’ennemi : soyons pragmatique : je n'aime pas travailler ni faire des efforts : pourquoi ne pas enseigner...
Je passais donc un pseudo concours d'instit où on vous demande de savoir faire vos lacets sans trop baver sur vos chaussures et entrait dans cette carrière si longtemps méprisée.
Quelques années ont passé, j'ai rencontré ma douce et nous avons fait deux gros bébés joufflus qui ont grandi : un zèbre et un artiste, heureux je pense. (mais compliqués, heureusement pour eux et pour moi)
Je suis resté enseignant, mais spécialisé (et sans classe)
Maintenant j'accueille et je "suis" pas mal de mini zèbres, j'essaie de former mes collègues à ces gamins complexes et rarement compatibles avec un système éducatif pour lequel mon avis a peu changé depuis mes années ado, mais au moins puis je essayer de changer les choses de l'intérieur... je reçois de nombreux parents aussi, quelques doués parmi eux, certains le savent, d'autres le découvrent en découvrant la "zébritude" de leur enfant.
Je vis plutôt bien, sociopathe "light", je ne sors que traîné par mon épouse qui connaissant mes limites, ne me pousse pas à plus de deux dîners par ans, je suis avec elle aussi bien que seul (et c'est un compliment !)...
Au plaisir de vous lire.
Salutations
Dernière édition par superreeduc le Ven 17 Oct 2014 - 1:10, édité 1 fois
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
Bienvenue, superreeduc
Une bien jolie présentation, très agréable à lire comme à rêver ... au plaisir de te lire encore !
Une bien jolie présentation, très agréable à lire comme à rêver ... au plaisir de te lire encore !
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
welcome
super le jeu de mot sur Binet
super le jeu de mot sur Binet
Invité- Invité
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
bonjour et bienvenue
cestfred- Messages : 531
Date d'inscription : 23/09/2014
Age : 52
Localisation : Bordeaux
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
Moi j'ai adoré vraiment très beaucoup ta prez.
On dirait du Sardou.
Tu enseignes et suis en Asie ?
Ton expérience m'intéresse beaucoup, tu imagines ^^ Tu es le pont entre les instit et nous, parents d'élèves. Tu peux comprendre les deux mondes, donc nous expliquer comment qu'il faut qu'on cause avec eux
Bienvenue superreduc
On dirait du Sardou.
Tu enseignes et suis en Asie ?
Ton expérience m'intéresse beaucoup, tu imagines ^^ Tu es le pont entre les instit et nous, parents d'élèves. Tu peux comprendre les deux mondes, donc nous expliquer comment qu'il faut qu'on cause avec eux
Bienvenue superreduc
Invité- Invité
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
Merci de votre accueil, même si "on dirait du Sardou" c'est une première pour moi...
Effectivement j'essaie de faire le pont (d'ailleurs c'est les vacances demain...) entre les instits et les enfants, je propose des formations aux profs, mais pour les parents je n'ai pas encore trouvé une formule intéressante en dehors des entretiens individuels, il y a bien une section Mensa, mais le contexte local pousse à une sorte de concurrence assez décourageante avec préparation, cours particuliers, entrainement aux tests pour y entrer (parce que l'appartenance à Mensa permet une accessibilité favorisée aux universités américaines)
Pour revenir au monde enseignant, j'ai la chance de travailler dans un gros établissement, alors dans la masse j'arrive à trouver quelques profs plus "sensibles" voire un peu zébrés eux même...
Je serais ravis de vous aider à créer du lien entre vous, vos enfants et leurstortionnaires en saignant profs.
Effectivement j'essaie de faire le pont (d'ailleurs c'est les vacances demain...) entre les instits et les enfants, je propose des formations aux profs, mais pour les parents je n'ai pas encore trouvé une formule intéressante en dehors des entretiens individuels, il y a bien une section Mensa, mais le contexte local pousse à une sorte de concurrence assez décourageante avec préparation, cours particuliers, entrainement aux tests pour y entrer (parce que l'appartenance à Mensa permet une accessibilité favorisée aux universités américaines)
Pour revenir au monde enseignant, j'ai la chance de travailler dans un gros établissement, alors dans la masse j'arrive à trouver quelques profs plus "sensibles" voire un peu zébrés eux même...
Je serais ravis de vous aider à créer du lien entre vous, vos enfants et leurs
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
Titre original.
Présentation délectable.
+ voir mp.
Présentation délectable.
+ voir mp.
Wall-E- Messages : 125
Date d'inscription : 02/08/2014
Age : 41
Localisation : Lyon
Re: Un titre original, surtout trouver un titre original...
Très agréable à lire, indeed. Ravie que tu sois parmi nous.
Bienvenue
Bienvenue
Yul- Messages : 4076
Date d'inscription : 14/06/2014
Age : 40
Localisation : Dieppe
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