Je n'ai pas réussi à me construire

J'ai 28 ans, bientôt 29, un bac+3 et un bac+5 dans des secteurs qui ne m'ont jamais réellement intéressée et surtout qui me sont de plus en plus fermés en raison d'une grande compétitivité et de mon manque d'expérience (hormis des stages et petits boulots à l'étranger je n'ai pas réellement d'expérience professionnelle).

J'ai toujours été très sensible, rêveuse, toujours en train d'imaginer ma vie plutôt que de la vivre. J'ai souvent commencé des choses sans les finir, je n'arrive ni à me concentrer sur quoi que ce soit, ni à persévérer, même dans des domaines qui m'intéressent énormément. J'ai toujours vécu avec l'idée que je finirais toujours par trouver ma voie, que tout s'éclaircirait au bout d'un certain temps, que je finirais par avoir la vie géniale dont je rêve, à m'épanouir... mais à bientôt 30 ans je me rends compte (il était temps!!) que si je ne me bouge pas les choses ne tomberont pas du ciel toutes cuites ! personne ne viendra sonner à ma porte pour me proposer un job de rêve sans que je sache ce que je veux faire ni ne me bouge pour construire quelque chose, avoir des expériences...

Je n'ai jamais su ce que je voulais faire exactement, juste des idées vagues pas du tout en adéquation avec mes choix d'études (par exemple, j'ai depuis toute jeune idéalisé les métiers de thérapeutes en général, médecin surtout... mais n'étant pas très douée en maths j'ai passé un bac L, puis fait des choix d'études n'ayant aucun rapport avec ça, plus par défaut et en étant poussée par mes parents dans une voie réputée "prestigieuse" que par réel intérêt.

Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, hormis lors de mes voyages où je me "libère" plus facilement. En fait je me suis toujours sentie en grand décalage avec les autres, depuis mon plus jeune âge... J'ai des souvenirs qui remontent à mes 5-6 ans, de vouloir inviter des copains chez moi mais de me dire qu'ils allaient peut-être s'ennuyer, d'avoir peur de ne pas savoir de quoi parler, que les jeux que je pouvais leur proposer ne leurs plaisent pas, de ne pas être assez bien et intéressante pour eux... Et en fait ce sentiment d'infériorité m'est toujours resté ! J'ai toujours peur de ne pas savoir que dire, de ne pas être assez intéressante, l'idée de me retrouver seule avec quelqu'un que je ne connais pas très bien me terrorise.
Le fait que j'ai été en surpoids pendant toute mon enfance et donc souvent un peu rejetée, hyper timide, a dû beaucoup jouer, tout comme le milieu familial assez fermé dans lequel j'ai grandi (mes parents n'ont jamais eu beaucoup d'amis, on a toujours un peu vécu en vase clos, ne voyant que la famille très proche).

Mes parents m'ont fait passer deux tests de QI, un à 5 ans, parce que j'étais très en avance sur les enfants de ma classe, puis un deuxième à 16 ans. J'ai eu des résultats similaires aux deux : 136 au Wisc.
J'ai eu une scolarité assez médiocre, ayant de très bons résultats dans les matières qui m'intéressaient et ne demandaient pas trop d'apprentissage par coeur et réguliers (philo, langues), très médiocres dans les autres, je ratais énormément de cours et je n'ai quasiment jamais ouvert un bouquin de ma scolarité...en terminale j'ai dû aller à 1/3 des cours, commencé mes révisions du BAC trois jours avant. Je l'ai quand même obtenu avec mention bien.

Ensuite ça a été la même chose pour le reste de mes études : incapacité de me concentrer, de travailler, révisions la veille des examens, beaucoup de cours ratés... J'ai quand même réussi à tout valider, parfois avec de très bons résultats, sans pouvoir me l'expliquer moi-même.
Mais à force de tout faire au dernier moment et sans rien approfondir, je n'ai pas réussi à emmagasiner des connaissance, à structurer ma pensée.
Et même (et c'est ça qui me fait le plus souffrir) dans les domaines qui m'intéressent.
Lire a toujours été très laborieux, c'est d'autant plus frustrant que j'ai toujours eu une énorme soif de connaissance, de compréhension du monde qui m'entoure, mais je lis lentement, sans réussir à me concentrer... du coup à 28 ans j'ai l'impression de ne rien savoir sur rien, ma culture générale est très très limitée, composée de millions de bribes d'informations en tous genre mais rien d'approfondi dans aucun domaine.

Psychologiquement, j'ai l'impression d'être restée bloquée à 18-19 ans. Je ne me sens pas du tout "femme", je n'ai pas vu le temps passer... j'ai l'impression que ça va trop vite, que je n'arrive pas à suivre, que j'ai besoin de plus de temps pour "grandir", me développer.
Comme un papillon qui se serait développé à l'intérieur de sa chrysalide sans réussir à en sortir, qui se retrouverait avec des ailes atrophiées et incapable de voler.

Jusqu'à maintenant, je restais quand même optimiste, je me disais que j'ai peut-être juste un rythme un peu "différent" de la normale, que je finirai par m'épanouir moi aussi... Mais là je viens de rentrer en France le mois dernier, après deux ans passées en Asie (pour mon stage de fin d'étude, puis l'apprentissage du chinois (qui est resté à un niveau médiocre, vu que je n'arrivais pas à étudier)puis des petits boulots qui me permettaient de rester là-bas avec mon copain), justement en me disant qu'à mon âge il était temps que j'essaie de faire l'effort de mener une vie un peu plus "normale", de m'intégrer dans la société, avoir un premier boulot en France etc.

Mais je me sens encore moins à ma place qu'avant, d'autant plus que maintenant je ne suis plus réellement une "jeune femme" mais de plus en plus considérée comme une femme, je vois bien qu'on attend de moi de réelles compétences, de l'expérience, un minimum d'assurance... et je me sens incapable de faire face à tout ça.

Je me rends compte qu'à force de rêver, voyager, passer d'un truc à l'autre sans rien construire, rien approfondir... je me retrouve sans rien et avec tout à construire.

Alors on me dit que j'ai un excellent diplôme, un parcours atypique mais intéressant, qu'en faisant une petite formation supplémentaire d'un an pour ajouter une spécialisation à ma formation, je pourrais m'insérer dans problème sur le marché tu travail.
J'ai aussi pensé à complètement changer de voie, reprendre des études dans un domaine qui me correspondrait vraiment cette fois.
Mais, outre le problème de mon âge et du fait que je pense qu'une expérience du travail, même inintéressante, me serait probablement plus profitable parcequ'elle me permettrait de redescendre un peu sur terre, de faire quelque chose de concret, de faire un premier pas dans le monde du travail en France...,
ce qui me bloque beaucoup est que je n'ai JAMAIS réussi à étudier, à m'organiser, me concentrer, même dans mes domaines qui m'intéressaient énormément (comme le chinois) et en étant dans de très bonnes conditions, en faisant tout mon possible pour travailler sur moi... alors je ne vois pas pourquoi ce serait différent cette fois.

Je n'ai aucune confiance en moi en fait, je me sens incapable de réussir quoi que ce soit, après tant d'échecs, tant de choses commencées et jamais finies, tant de plannings, programmes, jamais suivis. Je ne me fais pas du tout confiance.

Etre de retour chez mes parents qui s'inquiètent beaucoup pour moi après avoir voyagé aux quatre coins du monde ne facilite pas les choses.

Je vois que tout en moi, dans ma vie, est à construire, à structurer... mais je n'ai aucune idée de la façon dont je devrais m'y prendre.

Je pense qu'un bon psychologue pourrait beaucoup m'aider, mais après plusieurs tentatives depuis une dizaine d'année je n'ai trouvé personne de vraiment bien, j'avais l'impression d'en savoir plus que tous ceux que j'ai rencontrés, que les séances ne m'apportaient absolument rien.

Voilà, je suis désolée pour le roman, j'avais besoin d'extérioriser tout ça je crois et ça m'a fait beaucoup de bien de l'écrire !

Si vous avez des avis, conseils, quoi que ce soit qui pourrait m'aider à avancer un peu... je suis preneuse!

Merci d'avance à ceux qui auront eu le courage de tout lire !

Marie

mariecha a écrit:
Si vous avez des avis, conseils, quoi que ce soit qui pourrait m'aider à avancer un peu... je suis preneuse!

J'ai juste une épaule à offrir pour épancher ton chagrin, en échange je demande pas grand chose, juste la tienne en retour pour faire pareil. Ton teste m'a beaucoup ému, je me reconnais et je ne suis pas le seul.

Bienvenue dans la cour des miracles.

mariecha a écrit:

Merci d'avance à ceux qui auront eu le courage de tout lire !

Marie

Coucou Marie... Je ne trouve pas que'il faille du courage pour te lire . Cela me rappelle tellement de difficultés passées... les études si difficiles... les souffrances morales associées à ces échecs... alors que j'ai aussi un bac plus cinq. J'ai toujours eut des difficultés pour apprendre.
Mais par ici tu peux commencer une autre forme de parcours . Cela permet de se connaître petit à petit. Et d'accepter cette tellement grande différence. Je t'invite à continuer de parler de tes projets et difficultés. Et ne pas être trop impatiente, car les changements identificatoires prennent un peu de temps.

Et puis il faut laisser petit à petit des vieilles identifications qui nous tiennent chaud....

J'ai beaucoup de mal aussi à trouver un bon psy (pourtant psy moi-même). Quelqu'un qui soit un peu interactif. Mais j'ai un recours auprès de mon médecin généraliste, qui est HP aussi c'est sûr et qui est "différent" dans l'approche. Je le vois rarement, mais cela me rassure ces quelques échanges que j'ai pu avoir avec lui.

Et je me suis appuyée sur les quelques rencontres Z du forum. Pas beaucoup, mais cela m'a beaucoup aidé à comprendre et accepter mon fonctionnement.

J'espère que tu auras eut le courage de me lire !

mariecha a écrit:Mais, outre le problème de mon âge et du fait que je pense qu'une expérience du travail, même inintéressante, me serait probablement plus profitable parce qu'elle me permettrait de redescendre un peu sur terre, de faire quelque chose de concret, de faire un premier pas dans le monde du travail en France...,
(...)
Si vous avez des avis, conseils, quoi que ce soit qui pourrait m'aider à avancer un peu... je suis preneuse!

Et pourquoi pas ?
Pourquoi est-ce que tu ne postulerais pas dans tous les emplois réputés difficiles ou inintéressants ?

Parfois, la motivation par l'absurde fonctionne : si tu te rends compte que tu ne veux pas de ce genre d'emploi, peut-être que ça te boostera...

Aucune condition de diplôme pour être caissière, secrétaire, manutentionnaire, travailler à la chaîne en 3x8, ou faire de la prospection téléphonique...
De toute façon, il faut bien commencer quelque part.

Essais de faire du sport, oui rien avoir avec le sujet, mais ça à marché pour moi, l'apport d'endorphine n'est pas négligeable dans la vie s'assoir dans son canapé devant une bonne série TV ou devant discovery channel on se sent moins coupable, en plus on peut constater les biens fait du sport sur notre corps, on peut apprendre à aimer notre corps à se sentir désirable.

Après il va falloir que tu travailles sur intellect, ce n'est pas parce que tu as un QI élevé que tu dois briller dans un beau travaille, le travaille n'est pas la vie, c'est juste cool de rencontrer des gens et de pouvoir payer les factures, mais organiser une vie hors de travaille c'est mieux. Perso je me sens bien dans les routines, le lundi je fais un truc bien précis que j'aime, ça peut-être une émission à la con une série, un jeu de société en famille ou la soirée lecture au coin du feu ou la soirée apprentissage (tu choisis un thème, le tricot, le bigbang, les panneaux solaires... et dans la soirée tu apprends le plus de choses sur le domaine que tu as choisi). Comme ça le matin en me levant, je sais qu'il y a quelques de bien qui m'attends le soir et généralement je passe une bonne journée et si elle n'est pas bonne je sais qu'elle finira bien

Fonder une famille c'est change une vie et gérer des zèbres à la maison c'est intéressant, surtout que contrairement à la génération d'avant nous avons les moyens maintenant de les rendre plus heureux et de les guidés vers les plaisirs simples qui est une composante du bonheur.

Si comme moi tu n'es pas bon en relation humaine il y a les sites de rencontre, c'est comme ça que j'ai trouvé ma femme.

Bref, je sais que je ne t'ai pas apporté une solution, mais l'ensemble de nos propos vont peut-être t'aider à avoir une nouvelle perspective de la vie que tu veux.

Bonjour Mariecha,

Ton post date un peu mais je me suis reconnue dans Ce. Que tu as écrit. Où en es tu maintenant ? Comment as tu dépassé ça ? Tu peux m'envoyer un mp si tu veux. J'ai 33 ans et je vis exactement la. Même chose que toi et je m'inquiète.

A bientôt. '

Bonsoir,
38 ans et je me suis totalement reconnue aussi dans le post.
Je vais sur les 40 et je suis totalement paumée, en décalage.....C'est très dur....