L'économie du partage
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L'économie du partage
L'économie du partage, une alternative au capitalisme ?
Les quatre piliers de l’économie de partage
Une alternative ?
L’économie du partage peut-elle remplacer le capitalisme ? On peut en douter. Tout d’abord, ses piliers actuels – le covoiturage ou la colocation – conviennent bien à de jeunes célibataires, urbains, en quête de rencontres nouvelles : elle est plus difficile à pratiquer quand on est chargé de famille ! Sa dimension militante est à la fois sa force et sa faiblesse. Elle possède le dynamisme de toute contre-culture ; mais dès lors qu’elle prend de l’ampleur, l’économie de partage a tendance à se métamorphoser et à se diluer dans l’économie de marché : ce fut le cas pour le mouvement des coopératives et mutuelles il y a deux siècles, qui étaient déjà les ancêtres de l’économie de partage. Enfin l’économie de partage la plus populaire – celle des vide-greniers, d’Emmaüs, d’eBay, ou des Restos du cœur – est le produit d’une économie de crise : solidaire et conviviale, elle est destinée à soigner les plaies du capitalisme, davantage qu’à le remplacer.
Mots-clés
Amap : des consommateurs s’associent pour acheter directement à un exploitant sa production de légumes ou de viande.
Économie de la fonctionnalité : vous avez besoin d’une voiture ? Ne l’achetez pas, louez-en une en fonction de votre besoin : vous ne paierez qu’en fonction de l’usage limité. C’est le principe de l’économie de la fonctionnalité. Remplacer la vente des objets par une location liée à l’usage.
Jean-François Dortier
scienceshumaines.com/l-economie-du-partage-une-alternative-au-capitalisme
Du covoiturage à la colocation, du crowdfundingau coworking, l’économie de partage est en plein boom. Serait-elle en train de révolutionner
les bases de l’économie pour promouvoir un mode de développement plus convivial et écologique ?
L’économie de partage ? En première approche, c’est le fait de partager un bien ou un service à plusieurs. Le covoiturage, la colocation, le coworking(collectif de travail), crowdfunding*, les groupements d’achats (Amap*) : tout cela en fait partie.
Le label « économie de partage », « économie collaborative » ou même « économie de la fonctionnalité* » a fait une entrée récente dans le vocabulaire économique et social. Les termes ne sont pas tout à fait synonymes, mais ils renvoient à une idée commune : une nouvelle économie fondée sur le partage et la solidarité serait en train de révolutionner nos façons de produire, consommer, voyager, se loger.
L’économie de partage ? En première approche, c’est le fait de partager un bien ou un service à plusieurs. Le covoiturage, la colocation, le coworking(collectif de travail), crowdfunding*, les groupements d’achats (Amap*) : tout cela en fait partie.
Le label « économie de partage », « économie collaborative » ou même « économie de la fonctionnalité* » a fait une entrée récente dans le vocabulaire économique et social. Les termes ne sont pas tout à fait synonymes, mais ils renvoient à une idée commune : une nouvelle économie fondée sur le partage et la solidarité serait en train de révolutionner nos façons de produire, consommer, voyager, se loger.
Certains y voient même un nouveau mode de développement porteur des valeurs d’écologie et de solidarité : une alternative au capitalisme. L’économie de partage a été promue par quelques livres et une flambée d’articles aux accents prophétiques (1). Aujourd’hui c’est Jérémy Rifkin, le gourou de la troisième révolution industrielle, qui voit dans l’économie de partage une alternative au capitalisme (2). Pour lui, l’Homo œconomicus, consommateur individualiste va laisser place à un Homo empathicus, solidaire et connecté. Qu’en est-il au juste ?
Les quatre piliers de l’économie de partage
Quoi de plus belle invention que le covoiturage ? C’est économique : on divise la facture à plusieurs ; c’est écologique : on consomme moins d’énergie ; c’est convivial : il fournit l’occasion de rencontrer de nouvelles têtes, de « créer du lien » (du moins pour ceux qui en ont envie). Enfin, c’est numérique : Internet permet de centraliser les offres et demandes de transport à l’échelle d’un pays ou d’un continent. Voilà la recette du succès de BlaBlaCar, le désormais célèbre site de covoiturage, créé en 2006, devenu l’un des symboles de l’économie de partage.
La colocation possède les mêmes vertus que le covoiturage : économique (on paie moins cher à plusieurs), conviviale (c’est l’effet « auberge espagnole »), écologique (une cuisine ou une machine à laver pour plusieurs). Et enfin le numérique est le vecteur qui fait converger les offres et demandes. Économie, écologie, solidarité et numérique, voilà donc les quatre piliers de l’économie de partage. Celle-ci s’est donc étendue.
De la colocation on est passé à l’hébergement des touristes à domicile. L’idée est née en 2007 à San Francisco, lieu historique de la contre-culture. Alors qu’un grand congrès de design était organisé dans la ville, toutes les chambres d’hôtel étaient réservées. Trois amis ont eu l’idée de louer leur propre logement à la nuit tout en servant à leur hôte un petit-déjeuner. L’année suivante, Airbnb était né. La formule de l’hébergement chez des particuliers séduit de plus en plus. Airbnb est ainsi devenu le site de référence en matière de location : pour un week-end, parfois une seule nuit. Aujourd’hui, le site existe dans 192 pays. Le mouvement a pris une telle ampleur aux États-Unis qu’à San Francisco et New York la location chez le particulier dépasse l’hébergement en hôtel !
Une économie aux multiples visages
La colocation possède les mêmes vertus que le covoiturage : économique (on paie moins cher à plusieurs), conviviale (c’est l’effet « auberge espagnole »), écologique (une cuisine ou une machine à laver pour plusieurs). Et enfin le numérique est le vecteur qui fait converger les offres et demandes. Économie, écologie, solidarité et numérique, voilà donc les quatre piliers de l’économie de partage. Celle-ci s’est donc étendue.
De la colocation on est passé à l’hébergement des touristes à domicile. L’idée est née en 2007 à San Francisco, lieu historique de la contre-culture. Alors qu’un grand congrès de design était organisé dans la ville, toutes les chambres d’hôtel étaient réservées. Trois amis ont eu l’idée de louer leur propre logement à la nuit tout en servant à leur hôte un petit-déjeuner. L’année suivante, Airbnb était né. La formule de l’hébergement chez des particuliers séduit de plus en plus. Airbnb est ainsi devenu le site de référence en matière de location : pour un week-end, parfois une seule nuit. Aujourd’hui, le site existe dans 192 pays. Le mouvement a pris une telle ampleur aux États-Unis qu’à San Francisco et New York la location chez le particulier dépasse l’hébergement en hôtel !
En quelques années, l’économie de partage est devenue une galaxie dans laquelle on peut regrouper bien des choses : le partage de biens (voiture, logement, ses outils), le partage du lieu de travail (coworking), des outils de travail (fab lab*) et même le partage du financement (crowdfunding)…
Mais à y regarder de prêt, les notions de « partage » ou de « collaboration » regroupent des modalités économiques très différentes. Le point commun est la mutualisation d’un bien (logis, voitures, outils, lieux de travail), mais du point de vue économique, elle peut relever du don, du prêt, du troc, de la location-vente ou encore ou de l’achat en commun. Toutes les formules coexistent. Au bout du spectre, le site Donnons.org encourage le don et la récupération des vieux objets qui encombrent caves et placards. À l’autre bout de la chaîne, eBay n’est rien d’autre qu’une forme de commerce entre particuliers. L’entreprise elle-même a atteint un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars. C’est n’est rien d’autre qu’un site d’e-commerce, à ceci près que les vendeurs sont des particuliers qui recyclent leur bien. Il n’y a plus de partage à proprement parlé.
L’économie de « partage » est donc ambivalente. L’idée renvoie implicitement à l’idée de solidarité (« tous pour un, un pour tous »), d’entraide et de convivialité, mais la réalité recoupe en fait des formes économiques très diverses. Pour Damien Demailly, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et spécialiste du sujet, l’économie du partage a toujours porté en elle cette ambivalence « entre utopie et big business » : « D’un côté, il y a une vision libertaire née de l’Internet social qui réunit des gens désireux d’échanger des biens et des services en pair à pair pour renouer du lien. (…) De l’autre, il y a la vision marchande, voire ultralibérale, qui voit des entrepreneurs se positionner en intermédiaires pour développer cette nouvelle économie et en tirer un maximum de profits (3). » À ce titre, beaucoup de professionnels patentés – hôteliers, chauffeurs de taxi, agences immobilières… – s’inquiètent de cette concurrence déloyale.
Mais à y regarder de prêt, les notions de « partage » ou de « collaboration » regroupent des modalités économiques très différentes. Le point commun est la mutualisation d’un bien (logis, voitures, outils, lieux de travail), mais du point de vue économique, elle peut relever du don, du prêt, du troc, de la location-vente ou encore ou de l’achat en commun. Toutes les formules coexistent. Au bout du spectre, le site Donnons.org encourage le don et la récupération des vieux objets qui encombrent caves et placards. À l’autre bout de la chaîne, eBay n’est rien d’autre qu’une forme de commerce entre particuliers. L’entreprise elle-même a atteint un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars. C’est n’est rien d’autre qu’un site d’e-commerce, à ceci près que les vendeurs sont des particuliers qui recyclent leur bien. Il n’y a plus de partage à proprement parlé.
L’économie de « partage » est donc ambivalente. L’idée renvoie implicitement à l’idée de solidarité (« tous pour un, un pour tous »), d’entraide et de convivialité, mais la réalité recoupe en fait des formes économiques très diverses. Pour Damien Demailly, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et spécialiste du sujet, l’économie du partage a toujours porté en elle cette ambivalence « entre utopie et big business » : « D’un côté, il y a une vision libertaire née de l’Internet social qui réunit des gens désireux d’échanger des biens et des services en pair à pair pour renouer du lien. (…) De l’autre, il y a la vision marchande, voire ultralibérale, qui voit des entrepreneurs se positionner en intermédiaires pour développer cette nouvelle économie et en tirer un maximum de profits (3). » À ce titre, beaucoup de professionnels patentés – hôteliers, chauffeurs de taxi, agences immobilières… – s’inquiètent de cette concurrence déloyale.
Une alternative ?
L’économie du partage peut-elle remplacer le capitalisme ? On peut en douter. Tout d’abord, ses piliers actuels – le covoiturage ou la colocation – conviennent bien à de jeunes célibataires, urbains, en quête de rencontres nouvelles : elle est plus difficile à pratiquer quand on est chargé de famille ! Sa dimension militante est à la fois sa force et sa faiblesse. Elle possède le dynamisme de toute contre-culture ; mais dès lors qu’elle prend de l’ampleur, l’économie de partage a tendance à se métamorphoser et à se diluer dans l’économie de marché : ce fut le cas pour le mouvement des coopératives et mutuelles il y a deux siècles, qui étaient déjà les ancêtres de l’économie de partage. Enfin l’économie de partage la plus populaire – celle des vide-greniers, d’Emmaüs, d’eBay, ou des Restos du cœur – est le produit d’une économie de crise : solidaire et conviviale, elle est destinée à soigner les plaies du capitalisme, davantage qu’à le remplacer.
Mots-clés
Amap : des consommateurs s’associent pour acheter directement à un exploitant sa production de légumes ou de viande.
Économie de la fonctionnalité : vous avez besoin d’une voiture ? Ne l’achetez pas, louez-en une en fonction de votre besoin : vous ne paierez qu’en fonction de l’usage limité. C’est le principe de l’économie de la fonctionnalité. Remplacer la vente des objets par une location liée à l’usage.
Crowdfunding : pour réunir les fonds nécessaires à la réalisation d’un film, lancer une entreprise, soutenir un projet humanitaire ou culturel (restaurer un vieux monument), on peut désormais faire appel à la foule (« crowd »). Le financement participatif consiste à faire appel aux dons, aux prêts ou à l’investissement dans un projet collectif, par l’intermédiaire de sites en ligne qui peuvent regrouper un grand nombre de participants. Les réseaux sociaux sont un vecteur de l’essor du crowdfunding.
Fab lab : les fab labs (contraction de « fabrication laboratory ») sont des lieux de rencontre collaboratifs entre créateurs qui peuvent utiliser les mêmes machines, ordinateurs ou imprimantes à leur disposition.
Jean-François Dortier
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Date d'inscription : 11/11/2013
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Re: L'économie du partage
Il y a se partager (facile).
Il y a partager ce que l'on a (dur).
Piste intéressante d'équilibre non? Enfin, l'équilibre, ça se test.
Il y a partager ce que l'on a (dur).
Piste intéressante d'équilibre non? Enfin, l'équilibre, ça se test.
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