Noir Lucide Et Rouge Passion : Merci.

Comment font-ils ?  Savoir , admettre et jouer. Comment font-ils ?
Réaliser le jeu. En prendre intimement conscience. Se vêtir de la tunique demandée et participer à cette scène théâtrale. Comment arrivent-ils à chosifier ainsi l’autre ? A le baiser gentiment en rétorquant à une éventuelle conscience intérieure : « Ils jouissent que je les baise de la sorte  , alors pourquoi m’en priver et ne pas éjaculer silencieusement mais toujours abondamment  ma supériorité . Ma supériorité quantifiable.»
J' ai vu les miens  naitre dans une cage, j’ai souffert de les voir évoluer dans cette cage. Je leur ai paru fou quand j’ai clamé haut et fort qu’il ne tenait qu’a nous de pousser ensemble les murs. Ensemble qu’enfin, ils tombent.
Je suis à l’agonie après avoir compris que la cécité leur a été inoculée dans un breuvage doux et addictogène. Ils ne voient pas les murs, ils ne se savent pas en cage. Mais comment font-ils ceux-là ? Ceux qui voient ces murs, cette cage pour admettre et jouer ?
Quitte à y rester autant être le plus gras ? Comment peuvent-ils taire ce qu’ils savent à leurs camarades de cage ? Et pire, comment peuvent-ils même en jouer et en jouir ?
Quand sont-ils eux-mêmes ? Devant le miroir ? La minute avant de se lisser la peau du visage feignant ainsi l’innocence  de l’enfant? Sont-ils jamais eux-mêmes ?
Finalement savent-ils vraiment ? Savent-ils finalement ? Peut-être ne sont-ils que des techniciens pointus ? Techniciens de la vitesse de roue. Hamsters d’autre caste. Hamsters de caste supérieure puisqu’ils  ont vu la roue. Ils auraient vu la roue mais pas la cage?
Comment survivre quand on a conscience que les pas qui nous mènent au point d’eau sont les pas qui écrasent les cranes de nos semblables. Nombreux me disent qu’ils savent. Ils vont régulièrement au point d’eau et même à celui qui se trouve par delà les montagnes. Celui dont l’eau est pure et chargée de minéraux de jouvence. Mais comment font-ils ?  Ils disent savoir mais peut-être qu’ils imaginent, intellectualisent. Peut-être que leur science est celle dont découle les formules, axiomes, théorèmes. Peut-être qu’ils n’entendent pas le craquement des os à chaque pied posé sur la surface. Peut-être  ne se sont-ils pas débarrassés de la corne qui les prive du toucher de la chair en putréfaction, de l’os sec et blanchi au soleil.
Comment font-ils ?  Savoir, admettre et jouer. Comment font-ils ?

Écrire. Poster. Titiller le clavier pour laisser ce CO2 textuel , résidu d'une existence quelconque. Animal coincé dans son époque. A quoi bon même rechercher la justesse...Des pas lourds et sans élégance seront la danse du bouffon. J'attends encore que pleuvent les pièces rouges dans ce chapeau posé à mes pieds. Un crachat sur un mur que le temps rigidifie. Rien de plus. Une preuve nécessaire d'un passage. J'y repasse devant ce mur et souris de considérer sa forme. Impromptue. Espace personnel , violable à souhait. Cocktail d'urine et de foutre du peu d'un "quelconque moi" dont un démon n'aurait pas voulu. Un reste. Un majeur levé si haut qu'il en fut démis. Un cri ou un râle? Qu'importe. Qu'il en jaillisse quelque-chose. Contenu et contenant sont indissociables. Tout ceci n'est qu'une vaste blague. "Je" , "Vie", "Mort" , "Amour". Qui m’empêchera de semer dans mon champ de probabilités la patience crépue et la barbarée vulgaire? Cette soubrette aime ma langue rapeuse et je ne vis plus que d'amer et de cyprine fraiche.