La quête de la longévité et de l’immortalité

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Message par offset Lun 25 Mai 2015, 21:47

Ce qu’en pense le philosophe Jean-Michel BESNIER :


« Si les progrès de la science nous offrais vraiment la vie éternelle, quel sens donnerions-nous alors à notre existence ? Une histoire sans fin est une histoire absurde et une histoire terrifiante. C’est la mort qui donne son sens à la vie. Si on imagine une humanité qui est dépourvu de cette mort, on s’installe dans une histoire ou plus rien n’aura de sens »  (48’09)



https://www.youtube.com/watch?v=D4mWUNRYg0w



L'immortalité, est-ce bien raisonnable ?

L’immortalité : le sujet est vertigineux. Jean-Michel Besnier s’y est pourtant attaqué, le 24 mars dernier, à la Gaîté Lyrique, lors d’une conférence intituléeVers l’immortalité ?. Sans tomber dans l’apologie ou la critique de « ceux qui y croient », le philosophe, professeur à la Sorbonne et auteur de Demain, les posthumains (ed. Hachette Littératures, 2009), a su rendre cette question compréhensible et donc pensable.


Les dépenses en recherches et développement dans les NBIC(Nanotechnologies, Biotechnologies, Intelligence artificielle et sciences Cognitives), la croyance en un « homme nouveau », ou la volonté de se débarrasser du corps, comme obstacle à l’éternité, sont déjà des effets produits par cette question. C’est pour cela que le philosophe souhaite faire de l’immortalité une véritable interrogation contemporaine.

Aujourd’hui, si le rêve d’une vie éternelle n’est que pure spéculation, le progrès scientifique ouvre la porte à de nouvelles perspectives, rendant la chose, semble-t-il, « de moins en moins déraisonnable ».
« On croyait en avoir fini avec les utopies. Avec cette promesse d’une immortalité future, on assiste à leur retour », explique Jean-Michel Besnier.

De la numérisation de l’info… à celle du cerveau

L’envie de devenir immortel existait déjà avec les métaphysiciens, dont le but était « d’en finir avec la finitude » de l’Homme. Cependant, Jean-Michel Besnier pense que l’émergence du numérique a rendu l’ère du temps plus perméable à ces nouveaux courants de pensée « éternitaires » :

« Le mouvement de numérisation du monde participe à convertir une quantité gigantesque d’informations en 0 et en 1. Ce qui renvoie à l’idée que tout est commensurable avec le numérique, que tout peut s’homogénéiser et s’interchanger. »
Un contexte qui laisse penser que le « contenu » de notre cerveau pourrait, au même titre que celui d’un livre, être numérisé et sauvegardé.

Quelles seraient alors les étapes qui, selon les partisans du transhumanisme, nous mèneraient de notre simple condition d’être humain à celle « d’homme augmenté », puis de « posthumain »?

La première consisterait à changer les « pièces usagés de notre corps » au fur et à mesure de notre vieillissement. La suivante serait de rendre nos organes artificiels avant d’atteindre la dernière étape : « uploader » - mettre en ligne - notre cerveau sur un support plus durable que notre propre corps.

Dans ces conditions, la mort ne serait dès lors plus une fatalité, mais un choix : « celui de se déconnecter soi-même ».

Distinguer longévité et éternité

Avant d’en arriver là, le philosophe préfère ajouter quelques sérieux bémols à cette route vers l’infini.
Tout d’abord, il ne faut pas confondre les progrès de la longévité de la vie, bien réels - bientôt, tous 130 ans ? - avec l’hypothèse de l’immortalité, qui bute techniquement sur un obstacle de taille :

« Les technosciences qui visent l’immortalité se donnent finalement comme but de supprimer l’entropie [principe scientifique selon lequel toute énergie se dégrade inexorablement]. Une affirmation qui a de quoi faire bondir bon nombre de physiciens ! », pointe Jean-Michel Besnier.

Les avantages exceptionnels conférés par cet hypothétique horizon ne doivent donc pas faire oublier de véritables réalités scientifiques. En revanche, « voyager à la vitesse de la lumière permet de ne pas vieillir », précise-t-il. Autant dire que cette perspective relève aujourd’hui plus du mirage qu’autre chose.

« La fin de la souffrance vaut-elle la fin du plaisir ? »

Au-delà des enjeux purement techniques, reste la question de ce que serait un humain immortel. Et Jean-Michel Besnier tente d’en dresser un portrait précis.

D’abord, désir et immortalité s’excluent mutuellement selon lui. Devenir immortel, ce serait « la fin de la nature érotique de l’Homme ». Car les désirs de ce dernier ne s’expriment que dans une tension par rapport au temps, dans une volonté infiniment renouvelée, qui serait alors comblée.

Autre point : à supposer que la fin de la nécessité de mourir supprime également vieillesse et souffrance, ressentir du plaisir ne serait plus possible :

« On sait déjà grâce à la neuroscience, par l’interaction entre les antidépresseurs et la sérotonine, que supprimer la souffrance revient à en finir avec le plaisir », explique Jean-Michel Besnier.

Comme il le rappelle, dès l’Antiquité, une des aventures d’Ulysse ne dit pas autre chose. Calypso, nymphe amoureuse du héros, lui propose l’immortalité contre sa présence auprès d’elle. Plutôt que d’accepter ce « cadeau », un avenir de dieu, il préfère tourner le dos à l’éternité, et terminer sa courte mais intense vie auprès des siens.

« Si l’immortalité est désirable, est-elle pour autant souhaitable ? La question mérite d’être posée », conclut alors le philosophe.
http://www.rslnmag.fr/post/2012/04/18/Limmortalite-est-ce-bien-raisonnable-.aspx


D'un désir mortifère d'immortalité. À propos du transhumanisme, par Jean-Michel Besnier (1/2)


https://www.youtube.com/watch?v=crNoMVjwjVA



D'un désir mortifère d'immortalité. À propos du transhumanisme, par Jean-Michel Besnier (2/2)


https://www.youtube.com/watch?v=qzAZUUWnVBY
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Message par louise Lun 25 Mai 2015, 23:15

Merci Offset, je me posais justement plein de questions, suite à une émission radiophonique.

louise

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Message par Doom666 Mar 26 Mai 2015, 06:55

Bonjour à tous,
"J'suis content de voir Mc Leod !".... lol!
Cordialement.
Alain.
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Message par offset Ven 29 Mai 2015, 13:00

Désir d’immortalité et refus de vieillir


Ma première perplexité concerne le vieillissement. Nous sommes dans une société où la longévité s’est considérablement accrue, et nous n’avons pas encore digéré ce choc économique et culturel. Comment faire une société capable de transmettre et d’inventer avec une moyenne d’âge doublée ? Ne reportons nous pas à plus tard la proportion de personnes dépendantes qu’il faudra soigner ? Que dira t’on aux personnes? Que l'on va leur donner des anti-vieillissants le plus tôt possible ? Qu’ils peuvent l’acheter ? Qu’ils ont la chance d’être dans une société qui leur offre tous les jours la dose nécessaire dans l’eau du robinet? La généralisation de la solitude dans les trajectoires de fin de vie, quand les proches sont partis et qu’on n’a plus que la télé, et l’extrême et inédite ségrégation des âges, devraient nous faire hésiter. Quelle est la valeur d’une survie, quand le pouvoir médical vous redonne du temps, mais un temps vide et inemployable ? On dira que chacun aura le choix. Pas sûr, s’il faut commencer très tôt. Et surtout on ne sait pas comment notre société va pouvoir s’installer durablement dans cette condition, où la mort comme la naissance et tout le reste sont et seront de plus en plus le résultat d’un choix. On ne fait ici qu’augmenter le tragique. Pourquoi d’ailleurs ce gigantesque effort pour allonger la longévité ? Peut-être est-ce encore notre religion de la croissance c’est à dire la peur panique qui est la nôtre face à l’entropie universelle et au silence infini des étoiles.

Ma seconde perplexité concerne notre rapport à la mort. Je crois que nous avons un problème collectif avec l’interprétation de la mort : qu’en faisons-nous ? Qu’allons-nous en faire ? Refuser qu’elle arrive, n’est-ce pas d’avance programmer que nous allons devoir la faire arriver, en masse ? Voudrions-nous régresser de la mort singulière de chacun à l’extinction en masse de populations prise dans leur ensemble ? Refuser la limite, la finitude, n’est ce pas un luxe au-dessus de nos moyens individuels, collectifs, et planétaires ? N’est ce pas vouloir une prolifération elle-même cancéreuse ? Est-ce simplement le refus de la génération ? On retrouve ici les vieilles religions gnostiques qui voulaient nous sauver de la mort par un savoir initiatique. Il nous faudrait au contraire inventer une manière d’interpréter la mort sobre et modeste, un peu comme cette remarque d’un enfant de dix ans : « ça y est, je sais à quoi ça sert la mort ! Ça sert à faire de la place ». Certes rien ne nous prépare à cette attitude où nous nous effacerions à notre tour, avec allégresse et gratitude, pour laisser la place à d’autres. Tout nous pousse à augmenter, à grandir encore, et rien ne nous autorise à diminuer, à nous faire petit. Et pourtant à l’échelle du vivant la mort individuelle est une invention finalement rare des êtres supérieurs, et l’on a pu dire que c’est la mort qui a sculpté la vie. Oui, la mort entendue non comme le meurtre, ni comme l’extinction de l’espèce, mais comme ce qui arrive à chacun de nous, au moment où il reporte son souci de vivre sur d’autres que soi, est encore une invention de la vie, une invention très rare, et fragile, et précieuse.
Olivier Abel

 http://olivierabel.fr/nuit-ethique-le-courage-et-la-fragilite/desir-d-immortalite-et-refus-de-vieillir.php




La fontaine de Jouvence (conte japonais)

"Il était une fois un très vieux bûcheron nommé Yoshida qui vivait auprès de sa très vieille femme, Fumi. Ils habitaient tous deux, pleinement heureux, dans l'île sacrée de Miyajima, couverte de pins et d'érables. Un des plus beaux paysages du Japon. Nul n'avait le droit de mourir ici. Ils avaient connu de grandes joies lors de la naissance de leurs trois enfants. De grandes peines aussi. Mais la solitude et la vieillesse les avaient gagnés, ils étaient ridés et secs comme ces vieux troncs que l'on rencontre dans la forêt.

Un jour, par un clair soleil d'automne, Yoshida se dirigea vers la forêt et se promena dans ce lieu qu'il avait tant fréquenté autrefois. Il n'avait jamais prêté attention à cette fontaine. Puisant un peu de son eau limpide, il la porta à ses lèvres.

Miracle ! voici que ses cheveux redevinrent noirs, que son visage perdit ses rides, que les forces passées lui revinrent. Yoshida reconnut le solide jeune homme qu'il avait été. Il avait bu, sans le savoir, l'eau de la Fontaine de Jouvence.

Il se hâta vers sa maison où l'attendait Fumi. Lorsqu'elle vit entrer ce beau jeune homme qu'elle avait connu, elle poussa un cri de surprise. Yoshida la rassura et lui expliqua son aventure. C'était décidé. Elle irait aussi boire l'eau de la Fontaine de Jouvence.

Le lendemain, tôt le matin, elle se dirigea vers la source. Yoshida garda la maison. Le temps passa. Yoshida commença à s'inquiéter. Au bout d'un certain temps, il partit à sa recherche. Il arriva à la source. Personne. Il s’apprêta à rentrer lorsqu'un bruit lui fit tourner la tête. Il s'agissait d'une vague plainte. Yoshida s'approcha de l'endroit d'où venait le bruit. Caché par les hautes herbes qui entouraient la source, il aperçut un tout petit enfant à peine âgé de quelques mois. Trop jeune pour pouvoir parler, il tendit ses bras vers Yoshida d'un air désespéré. Dans ses yeux, le bûcheron crut reconnaître le regard de celle qu'il avait tant aimée. Oui, ce petit enfant était Fumi. Fumi qui, dans sa soif d'éternelle jeunesse, avait tant bu l'eau de la source qu'elle était devenue un nourrisson.

Yoshida attacha la fillette sur son dos comme le font les Japonaises de cette époque et rentra chez lui avec la pensée qu'il devrait, à l'avenir, protéger et éduquer celle qui fut jadis sa compagne."

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_jouvence_%28conte_japonais%29
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Message par louise Ven 29 Mai 2015, 14:53

Les deux sont très bien dits Smile

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