Effet des antidépresseurs, commencer un traitement?

Hello les zèbres,

Une question me tourmente depuis que mon psy et mon médecin, sans se concerter, ont évoqué la possibilité que je prenne des antidépresseurs. Ils doivent s'appeler pour en discuter ensemble, mais la décision me reviendra forcément… Et je ne sais pas vraiment quoi en penser!

Je n'ai pas envie, en refusant, de risquer de passer à côté de quelque chose qui aurait pu m'aider.
Mais j'appréhende tellement! J'ai surtout peur, je crois, que ça crée une sorte de bonheur chimique et factice, ou en tout cas quelque chose qui voilerait mes émotions. Je ne veux pas que ça ressemble à une fuite, que ça soit seulement parce que j'en ai marre de me battre toute seule, et que le chemin à parcourir semble encore tellement long.

Alors oui, j'ai peut-être une entorse, et je veux bien d'une béquille, mais pas si celle-ci m'empêche de sentir la douleur, ou si elle est trop lourde pour que je puisse encore courir, même en serrant les dents.
Je ne sais pas si l'analogie est parlante…

Donc je voulais vous demandez, pour celles et ceux qui sont passés par là, si vous arriveriez à décrire l'effet que ça a eu. S'il y a quelque chose "d'assommant", ou si ce ne sont que des préjugés que j'aurais construits sur le sujet.

Je ne sais pas si c'était clair, mais tout témoignage est bon à prendre…

Merci d'avance!

C'est un peu long, mais j'en parle dans ce témoignage de ma prise d'anti dép

https://www.zebrascrossing.net/t20292-la-depression-il-parait-qu-ici-c-est-tabou#885385


Dans tous les cas parles en bien avec ton médecin pour bien saisir tous les "pour" et "contre".

Ayant bossé 9 ans en pharma, je crois que je peux me permettre de répondre à certaines questions.

Les antidépresseurs ne sont pas le mal, c'est la façon de les utiliser qui peut être complètement nulle.
Dans ton cas précis tu as déjà une bonne base : un suivi psy (sert à rien d'avoir une béquille si tu ne soignes pas la jambe).

Le secret, c'est une bonne prise pendant la durée indiquée par les docs (c'est pas je prend 3 mois ça va mieux j'arrête, je retombe, je reprends. L'arrêt se décidera avec l'aide des médecin, et ça peut être 6 mois-1 an).

Au début tu peux avoir des petits effets secondaires : petits vertiges etc... ça passe souvent très vite et certains n'ont pas de problèmes du tout.

Les antidépresseurs "assommants" il y en a. mais ceux ne sont pas ceux prescrits en première intention. Il y a des molécules relativement récentes qui n'ont pas beaucoup d'effet secondaires et celles-ci sont les plus prescrites. Ne pas hésiter à émettre ses appréhensions au médecin. Avec la batterie de molécules, il va pouvoir en choisir une qui convient.

Tu peux avoir une prescription d'anxyolitique en doublé au début (pas obligé mais si le doc y songe, ne t'inquiète pas c'est que c'est important). Attention ceux-là peuvent faire dormir, donc si il prescrit ça, vois pour en prendre juste le soir par exemple et pour une durée courte.

Si vraiment tu n'es pas convaincu, il existe des plantes telles que le gryffonia qui agissent sur le même neurotransmetteur. A toi de voir avec le doc si la phyto conviendrait. Certes pour beaucoup de médecins le dialogue sera plutôt fermé sur la phyto. Et en mode très terre à terre, cette plante n'est pas donnée et zéro remboursement. Et faut éviter tous les produits qui sont bidons.

Si tu as d'autres questions n'hésite pas.

Salut,

Je vais partager mon expérience si ça peut t'aider à prendre ta décision .

Pour ma part, j'ai longtemps lutté pour ne pas en prendre car avec ma propre histoire, cela raisonné comme un échec ou la preuve de mon manque de force à affronter les difficultés que je rencontrais. Puis un jour, j'ai pris conscience que oui j'étais dépressive et que oui, mon cerveau avait été soumis à trop de stress et avait besoin d'un coup de pouce pour se remettre en route normalement.

Cela fait maintenant 9 mois que j'en prends. Quand on commence, on commence pour au moins 1 an, le temps que le cerveau reprenne le bon mode de fonctionnement. J'en ai pris un premier qui avait pour effet de me faire dormir beaucoup beaucoup ! Du coup, j'ai changé pour trouver celui qui me convenait le mieux.

Le bilan : ca a été une vraie béquille. Ca ne m'empêche pas de ressentir, ça apaise ou plutôt, ça éclaircit mes idées sur certaines choses. Je suis une thérapie depuis 4 ans et je n'arrivais plus à vraiment avancer depuis quelques mois quand j'ai pris les AD. Et le fait de les prendre, ça m'a permis de reprendre mon travail sur moi de façon plus claire et sereine.

Jusqu'à maintenant, les effets positifs de mes AD m'ont permis de bien avancer et les effets négatifs qu'ils impliquaient ne me déranger que peu. Et là, je viens de passer un cap sur mon travail personnel et je crois que je vais envisager l'arrêt d'ici la fin de l'année car les effets négatifs que je ressens ont pris le dessus sur les bienfaits.

Quand je dis effets négatifs, c'est le sentiment d'être un peu coupé des autres émotionnellement et aussi l'impression que ma bibliothèque mentale, bien rangée et accessible avant, l'est moins. C'est un peu plus le bordel, mais du coup, ça oblige à laisser un peu son esprit au repos. Maintenant, les bienfaits c'était un peu plus de sérénité, être un peu plus claire dans mes émotions à moi et surtout un peu d'aide à mon cerveau qui ne pouvait plus gérer tout le stress auquel j'étais confronté.

Tout est une question de ressenti. Si tu suis un traitement adapté, ce sera une aide, une béquille temporaire pour reprendre pieds et tu sauras l'arrêter. Ca ne me donne pas une fausse impression de bonheur. Les problèmes sont toujours là, mais j'ai moins de difficultés à les affronter et ça m'aura permis de remettre le pieds à l'étrier pour me reprendre en main sans couler...

Merci pour vos réponses!

Kalthu, merci pour ton témoignage... Je vois dans les réactions que tu as eue que j'ai de la chance, sur ce fil!

La phytothérapie, j'ai essayé (millepertuis pendant une année), mais n'ai été que moyennement convaincue...

Et Erykael, merci aussi.
J'ai lu à plusieurs endroits sur ce forum des phrases du type: "J'ai l'impression que mes capacités de réflexion et d'imagination sont bridées depuis que je prends ces cachets" ou " moi aussi j'ai l'impression que ça m’empêche un peu de réfléchir normalement. Enfin, "comme avant" je veut dire", et c'est ça qui est réellement effrayant!

Millepertuis je l'aurais jamais conseillé à une jeune femme car ça peut diminue rles effets de certains médicaments, comme la contraception orale...

Ecoute, je ne peux pas te décrire plus les anti dépresseurs sans te sortir du jargon inutile pour toi. Perso tout ce que j'ai vu c'est une mauvaise utilisation et une bonne utilisation. Et la bonne on est plusieurs a te l'avoir décrite.

Ce sera toujours ton choix, car tu as des thérapeutes normaux et à l'écoute, qui ne t'ont pas prescrit arbitrairement un médoc sans rien t'expliquer. Ce qui m'incite à penser que le suivi sera bon, et que leur avis est réfléchi, et que l'idée est peut-être pas si bête. Je te l'ai déjà dit, parle de ta peur des effets secondaires, ils ont des molécules qui n'induisent pas ces effets, que je me garderais de nommer car je ne suis pas prescripteur.

A toi de voir si tu veux une aide pour remonter plus vite et l'arrêter après une période et un suivi psy de près, ou si tu veux absolument éviter les médicaments. Il n'y a pas de bonne réponse, personne ne pourra décider à ta place.

Daorys a écrit:sert à rien d'avoir une béquille si tu ne soignes pas la jambe

J'aurais pas dit mieux, et ça résume parfaitement ma pensée.

J'ai été soignée par AD pendant quelques mois, et je peux dire que ça m'a sauvée.
Je savais que c'était juste une aide, quelques mois, le temps de trouver la solution au problème ou plutôt la base du problème pour l'enlever.
Et au bout d'un moment, je n'en ai plus eu besoin, j'ai pu arrêter.

Il faut "juste" trouver la bonne molécule, que ce soit une plante ou un truc créé en labo. J'ai eu deux expériences assez peu sympathiques (mais pas dangereuses ^^) avant de trouver les bons cachets.
J'ai eu un suivi, j'ai travaillé sur moi-même (surtout au niveau "lâcher prise") et même si parfois j'ai encore des périodes de gros down, elles ne durent pas longtemps et ne sont plus aussi intenses.

Certes, c'est "artificiel". Mais en toute franchise, ça fait un bien fou. Après tout, on prend un café pour avoir la pêche, c'est artificiel aussi ^^ Mais ça aide.
Je n'ai, aussi, jamais eu l'impression que les AD bridaient mes capacités de réflexion. Au contraire. En fait, au début j'ai un peu eu cette impression, c'est vrai, mais c'était juste parce qu'il n'y avait plus ces idées négatives auxquelles je réfléchissais sans cesse. ça fait un gros vide, c'est vrai x'D Mais on prend vite le pli et on remplit avec de bonnes choses, des projets, des réflexions sur ce qu'on peut faire maintenant qu'on est sur un chemin "qui va mieux".

D'une manière ou d'une autre, c'est à toi de prendre la décision. Chacun ressent les effets d'une autre manière, aussi. Et chaque molécule n'est pas forcément adaptée à tout le monde. Mais tu trouveras

As tu essayé le footing, le yoga et la meditation? Je te suggere les 5 tibétains, ce sont des techniques de yoga tibetaines.

La décision a été prise, merci tout le monde!

Même si, pour l'instant, je ne vois que les effets secondaires, j'espère aller gentiment vers un mieux-être qui me permettra d'avancer...

Et ShineFlower, à mon avis, il y a un stage où la course à pied et la méditation ne suffisent plus....

Tu as bien fait.

Je t'avoue que ton pseudo me fout une peur bleue car il me rappelle un événement personnel assez dur.

Personnellement , j'en ai pris toute ma vie ! Je suis bipolaire unipolaire (versant dépressif).
Il y a, ouch, presque depuis 15 ans que je prends un produit pour la recapture de la sérotonine. Celui-là fonctionne.
Outre le fait que je suis devenu accroc, je ne me vois pas m'en passer...
Par contre les benzodiazépines, qui combattent plutôt l'anxiété, sont plus dangereux, ainsi que les hypnotiques.
La dépression est une maladie grave. Alors quand on est vraiment au plus bas on ne se pose pas toutes ces questions.
S'il s'agit d'une dépression passagère (exogène ?) il vaut mieux ne pas trop charger la mule (Désolé )
Par contre si c'est une dépression (endogène) installée, mieux vaut ne pas tergiverser.
Je sais qu'il y a un tabou autour de ces médocs qui agissent sur le cerveau, mais l'anti-dépresseur adapté n'assomme pas (les nouvelles molécules n'ont rien à voir avec les anciennes qui arasaient tout !) et permet juste d'être à flot. On peut créer, penser, vivre normalement.
La souffrance n'a rien de glorieux et paralyse la conscience et les émotions incomparablement plus qu'un médoc bien choisi.
Le tout est d'en avoir réellement besoin, et cela, tu es la seule à pouvoir le dire.