Attention, c'est long! :)

Hi !

Je ne sais pas vraiment par où commencer et je vous prie, par avance, de bien vouloir m'excuser pour ce long pavé imbuvable !

J'ai découvert ce forum il y a quelques années déjà et je l'ai longuement feuilleté, sans jamais me décider à m'y inscrire. Aujourd'hui, j'ai enfin sauté le pas, parce que je crois (ou tout du moins, je l'espère) que je m'y sentirai à ma place.

Je m'appelle Manon, j'ai 23 ans et on m'a déclaré "surdouée" lorsque j'avais 8 ans. Jusque-là, j'étais une gamine curieuse, qui lisait beaucoup, qui s'intéressait à plein de choses et qui avait déjà des projets d'avenir plein la tête. J'ai passé une classe et ça a été le début d'une longue série d'emmerdements.

D'abord, le collège : je réussissais tout sans jamais bosser avec une facilité déconcertante, ce qui m'a valu le doux surnom "d'intello" pendant plusieurs années (ajoutez à cela que je suis rousse et vous avez la parfaite tête de turc du collège ahah )

Puis, le lycée. Là, ça se corse. Réussir sans travailler ce n'était plus possible mais comment se motiver à travailler alors que jusque-là, j'y arrivais très bien sans efforts ? Mes parents m'avaient mise sur un piédestal, ce qui ne m'a pas aidée. Je sentais sur moi une pression: celle d'être la dernière d'une fratrie de 5 enfants et d'être la seule qui avait les capacités pour accéder aux filières générales (rien de péjoratif pour mes frangin(e)s que j'adore mais l'école et eux, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour).

Après une année de Seconde lamentable, j'ai dû dire adieu à mes rêves professionnels car la sentence était tombée : je ne pouvais pas aller en S. A partir de ce moment là, je me suis contentée d'approuver les choix que ma mère a choisi de faire pour moi parce que je n'avais pas songé une seule fois à l'éventualité de devoir faire autre chose que S. Pourtant, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même : je n'ai jamais bossé et je n'ai jamais réussi à m'y mettre. C'est dur quand on est une ado qui a toujours tout réussi, de devoir se remettre en question et se dire que finalement, si on a besoin de bosser c'est qu'on est peut-être comme les autres.
Être "intelligente", c'était tout ce que j'avais à cette époque. Je n'étais pas bien dans ma peau, j'étais très timide et j'avais peu confiance en moi. Ca s'est aggravé quand j'ai commencé à faire face à tous mes échecs scolaires. Après une 1ère ES passée de justesse, voilà la terminale. J'ai 16 ans à l'époque. Mes parents sont tellement fiers !
Mais je ne fais toujours rien et ils ne le savent pas. Ayant confiance en moi, ils ne me réclament pas mes bulletins. Arrivent les épreuves du bac où je commence à paniquer sévèrement parce que forcément, je n'ai toujours rien révisé. Je le rate une première fois. Ca arrive à plein de monde, me direz-vous. Puis une deuxième. (Et là, dites moi si vous en connaissez beaucoup dans votre entourage).

Passer le bac trois PUTAIN de fois, ça a été le pire traumatisme de toute ma vie et aujourd'hui, je ne l'assume toujours pas. Je suis passée "d'intello" à "complètement débile" et quand on vous tanne toute votre vie à vous dire que vous êtes différente, ça met un sacré coup au moral.
Bac en poche, validé honteusement à 10 virgule zéro zéro, très précisément, me voilà partie pour un DUT Tech de Co, cursus choisie par ma mère et auquel je n'ai pas rechigné parce que je n'avais plus goût à rien et que je ne savais pas quoi faire d'autre. J'ai quelque peu changé ma méthode de "travail". Au lieu de ne rien faire tout le temps, je me mettais à réviser quelques jours avant les partiels, voire la veille. J'ai le souvenir d'avoir révisé mon partiel de droit la veille au soir à grands coups de café et de cortisone, ce qui m'a permis d'avoir la meilleure note de la promo. Bien que la méthode soit peu recommandable, je retrouvais le sourire avec la réussite.

Niveau relations sociales, je ne me suis jamais sentie à l'aise (ou très rarement) avec les gens de mon âge. Je les comprends mais eux, ne me comprennent pas.
Bac +2 en poche, je ne sais toujours pas ce que je vais faire de ma vie, j'arrête donc l'école et me met à la recherche d'un boulot. J'ai bossé sur une plateforme téléphonique et je ne souhaite ça à personne, pas même mon pire ennemi.

Alors, par le plus grand des hasard, je me suis inscrite dans une licence pro en management spécialisée grande distribution. J'ai été prise alors que je n'y connaissais rien, je n'y croyais pas trop. Et curieusement, ce milieu me plaît énormément. Aujourd'hui, je suis toujours dedans. Je suis en Master 1 Marketing (et j'en chie toujours autant ), toujours en alternance et je compte bien devenir cadre à la fin de mes études. Je crois, avec beaucoup de ferveur, que je peux changer ce milieu de requins où tout le monde me reproche mon trop plein d'empathie en me disant que je ne serai jamais un excellent manager avec de telles méthodes.

C'est quand je me suis retrouvée en contradiction avec les autres managers de mon entreprise que j'ai repris conscience du fait que je ne me sens pas à ma place dans cette société. Je ne suis plus timide, je n'ai plus de mal à communiquer mais je me sens (sans aucune prétention) trop intelligente pour les gens normaux et étrangement trop stupide pour des gens tels que vous qui avez des capacités hors du commun.

Avouons-le, aujourd'hui, je ne me cultive plus beaucoup, je ne lis plus (ou alors que des bouquins de management), parce que j'ai perdu cette part de moi qui croyait vraiment être surdouée. Je n'ai jamais fait les tests et j'aimerai avoir l'occasion un jour mais finalement, je ne suis peut-être juste qu'une personne normale avec beaucoup d'empathie et qui se pose beaucoup, beaucoup trop de questions.

Je vous remercie très sincèrement de m'avoir lue (si vous êtes arrivés jusqu'au bout ! ). Je suis désolée que ce soit si long et très "moi, je moi,je" mais parler de moi est quelque chose que je fais très peu, voire jamais, car personne ne comprend vraiment ce que je ressens. Mais, aujourd'hui j'avais vraiment besoin de le faire et je suis désolée : c'est tombé sur vous! Merci beaucoup