Egotrip nocturne
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Gasta
Ooona
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Egotrip nocturne
Voilà j'y suis.
Des semaines, des mois que ça m'effleure l'esprit avec insistance.
C'est la nuit, les mots viennent mieux dans la nuit.
Mon ami, mon compagnon, mon frère de coeur et d'esprit, mon amant, LUI. Il est HP. Certifié, sûr, aucun doute, 145 il y a écrit. Depuis le début il me dit que moi aussi. Je ne connais rien à ce monde, pour moi surdoué veut dire extrême intelligence, de celles qui vous poussent dans les hautes études et l'avenir brillant, les gamins qui passent leur bac à 12 ans.
Je découvre à ses côtés cet univers, les zèbres, je lis J.S-F, et internet.
Je le regarde LUI aussi, je l'observe un peu.
Je me regarde moi aussi, sans trop oser.
Un soir que le sujet revient sur la table, allongée dans ses bras, il me met devant ce forum, un témoignage de l'une d'entre vous, une femme.
Dans ce qu'elle raconte, je me lis, ça m'ébranle au point que les larmes dévalent mes joues, il me serre contre lui.
Je mendors.
J'y pense et j'y repense.
Je refuse de passer les tests. Je les fais vaguement sur Mensa. J'arrête avant de les terminer. J'ai trop peur de rater, d'être déçue.
Car si ce n'est pas ça, parfois je me dis qu'il vaudrait mieux m'enfermer.
Si ce n'est pas ça, ce sera un échec de plus.
Je sais bien que non, mais vous voyez.
Là il dort. Il ne sait pas que je suis en train d'écrire sur ce forum. Il a arrêté de m'en parler car je lui ai dit que "peu importe si je le suis ou pas, je m'en fous je préfère ne pas savoir".
Alors qu'est ce que je fous là?
Hey, j'en sais rien.
J'ai juste suivi mon envie.
J'essayais de m'endormir, les mots qui s'entrechoquent dans ma tête, inspirations-expirations tout en douceur, j'ai essayé aussi de faire comme mon père me disait quand j'étais petite et que je me relevais en lui disant que j'avais trop de trucs dans la tête et que je n'arrivais pas à m'endormir: "imagine une étendue de mer, à perte de vue, le resac des vagues", mais là papa ça ne marche plus.
Alors, énervée contre moi, j'ai allumé une cigarette, et me voilà ici. Je dormirai plus tard. Tant pis.
Quand j'étais petite, j'étais merveilleuse. Jolie, rigolote, prénom original, physique original, intéressée par tout, observatrice, et qui apprend vite.
J'ai sauté la classe de CP, car je savais lire et écrire. Mon papi me lisait des histoires, je le stoppais quand il raccourcissait des pages, ça leur a mis la puce à l'oreille.
Douée à l'école, mais un peu effacée.
Enfant unique, puis petite grande soeur de 4 ans. Un voisin malveillant qui m'a fait découvrir la sexualité bien avant l'âge. Une cassure à ce moment là.
Je mentais aussi, je faisais semblant de ne pas comprendre pour ne pas heurter les egos adultes, leur laisser leur prédominance.
Je les écoutais, j'emmagasinais les infos.
Je jouais du piano, autodidacte, je refusais d'apprendre le solfège, car je trouvais ça bien trop "linéaire" , bien trop cadré. Je chantais juste, je faisais rire, on me regardait, on m'écoutait. A l'école de moins en moins. Ils me regardaient tous de haut. Moi qui avais toujours un an de moins.
Je jouais au tennis, repérée par le staff de la Ligue, ils ont proposé de me faire entrer en sport-etudes à 200 km de chez moi. Hors de question. Comment feraient mes parents et ma soeur sans moi? Ils souffriraient trop que je sois loin, j'étais leur enfant, je ne pouvais pas leur faire ça. Et moi j'avais trop besoin de rester dans la bulle familiale. J'ai refusé.
Dès l'école primaire j'ai vécu de grandes passions amoureuses, des souffrances, des heures à rêvasser.
J'ai refusé tous les voyages scolaires, colonies de vacances, classes vertes. Même les anniversaires des copines, impossible de m'y envoyer. J'avais peur que mon absence perturbe la bulle familiale. Ce n'était pas prétentieux, pas que je sois persuadée de l'intérêt de ma petite personne, je me disais juste que j'étais la fille, la soeur, et je ne voulais pas prendre le risque que le moindre chagrin vienne assombrir leur journée. Je voulais la bulle familiale sereine, sans manque, sans remous.
J'écrivais beaucoup aussi, mon papi m'avait offert un carnet, je notais tout, consignais les sensations, les histoires, les ressentis.
Entrée au collège, les personnalités qui s'affirment partout, moi qui m'efface.
Ce monde était bien trop brutal.
Je suis devenue silencieuse, effacée.
La petite fille sage que personne ne déteste mais que personne n'adore non plus.
Je ne me souviens pas de grand chose de cette période.
Je me refugiais dans ma chambre, avec mon poste CD-RADIO-K7. Des heures à ressentir les notes, les sons, décomposer les musiques, les structures, m'ebahir devant les choix, les voix. Trembler. Pleurer. Frémir. Réécouter en boucle certains titres. Devenir monomanique chronique, obsédée par un titre, un album, sentir le coeur se remplir.
Au lycée j'ai retrouvé un peu de moi même.
Arrêté le sport et le piano.
Me suis plongée dans la musique, la fête, les potes.
Pas d'amoureux, ça fait bien trop mal.
Essayé de me créer une personnalité, en regardant trop les autres. Leur ressembler surtout, m'intégrer.
Bac Littéraire, le plaisir des mots, mais le refus d'analyser les auteurs. Prof de lettres géniale à qui j'expliquais que "nous ne sommes pas dans la tête de l'auteur, de quel droit se permet - on d'affirmer que quand il écrit ça, ça signifie forcément ça???!". Je refusais de mettre mon cerveau à la place d'un autre. De prendre le risque de mal interpréter sa pensée. Mais pour qui se prenait - on? Et puis ça enlevait toute la poésie des mots. Le voyage de la lecture.
Cours de philo. Plus gros coefficient au bac. Des débats incessants avec notre prof qui nous avait pris en grippe dès le départ, nous assénant des "vous êtes des incapables, vous irez dans le mur". Outrés, nous avons voté la décision de ne plus suivre ses cours et de réviser la philo au café du coin. Décision suivie par un bon quart de la classe.
J'ai capté que mon intérêt se trouvait malgré tout dans l'obtention du bac et j'ai donc fait les efforts minimum pour l'obtenir.
Des "révisions" dans les parcs au soleil en écoutant Radiohead et en fumant des joints.
10.2 de moyenne au bac. Ça ne s'invente pas.
S'en sont suivies des années WTF à la fac, mes parents et ma soeur qui déménagent à 500 km, des drames familiaux, je dois bosser pour louer un appart, Mc Do, pionne, puis un bts audiovisuel en alternance dans une grosse boîte que j'execre. Certes je bosse dans le milieu de la musique, ma passion, mais pour une firme multinationale, je n'en dors plus de bosser pour le fric et pas pour la musique, tout le monde me dit que j'ai un job en or, que c'est génial etc. Je me force à le croire, sors beaucoup. Je vis à côté de moi-même, j'ai du mal à me regarder dans le miroir. Moi qui aime tant la musique. Je me tire une balle dans le pied.
Je m'étais promis petite d'être écrivain, d'écrire un putain de livre, j'ai 23 ans, j'ai écrit des litres mais jamais rien terminé.
J'ai fini par démissionner, j'ai eu un projet de création d'entreprise avorté malgré moi, j'ai essayé de me recentrer sur moi, mes envies profondes, incapable de m'occuper de moi.
J'ai une soeur qui va mal, des grands parents dont il faut s'occuper, un mec qui tombe gravement malade et dont il faut s'occuper aussi. Année à l'hôpital, à droite à gauche, pas une once d'intérêt pour moi-même.
Me voilà donc dans un couple depuis 6 ans, il est sorti d'affaire, j'ai osé reprendre des études à distance dans un tout autre domaine, il me demande en mariage, je dis oui sans trop y réfléchir en fait, parce que c'est un rescapé, qu'on a traversé tant d'épreuves, parce que ça fait 6 ans, parce que c'est logique. J'ai mon job alimentaire, mes études à distance, mon stage, mon mariage à préparer, je vais couler mais je tiens tout à bras le corps. Je me marie, un mois plus tard j'ai mon diplôme, 4 mois plus tard je mets un grand coup de pied dans le miroir et demande le divorce.
Le jour du mariage, j'ai vécu la journée en observateur. Pas d'émotion, si ce n'est de voir ma mamie toute émue de marier sa petite fille. Je m'inquiète de tout et tout le monde et ne savoure rien. Je ne me rappelle quasiment pas de mon mari que je n'aime déjà certainement plus à ce moment là malheureusement. Je joue la comédie pour faire plaisir à tout le monde. Parce que c'est logique. Que c'est la vie. Que c'est sensé être le plus beau jour de ma vie.
Je regrette tellement. De lui avoir fait ça. De leur avoir fait ça. Mais j'avais compris que je ne pouvais pas ne pas essayer d'être heureuse. Que c'était mon tour maintenant.
Il a fallu tout reconstruire, ou plutôt tout construire, et c'était grisant.
J'ai enfin fait les choses pour moi.
Choisi d'accrocher ce tableau là sans me soucier de si ça dérangerait quelqu'un, mangé du Nutella à 3h du mat en lisant Milan Kundera, passé des journées entières à regarder la vie dehors et à fumer des clopes en écoutant des musiques magiques, j'ai voyagé, j'ai couché avec des garçons, je me suis teint les cheveux, me suis enfin tatouée.
J'ai tout simplement accordé du crédit à mon existence.
Et pour la première fois j'ai assumé le fait de ne pas être comme tous.
On m'a toujours dit que j'étais un peu instable, on me disait "alors Truc, tu as encore changé d'appart/de mec/de job/de vie?", et là pour la première fois ça me passait au dessus. Avant ça me terrifiait. Je me trouvais des excuses pour assumer publiquement. Je ne clamais rien sur tous les toits. Je me faisais petite et je répondais par un rire gêné mais connivent quand on m'appelais "miss CDD". Depuis, je le vis comme un genre de pouvoir. C'est ma liberté, ma force. Je ne sais pas me projeter dans un job, j'aime me dire que je ne sais pas où j'en serai dans 6 mois, 3 ans.
Je me lasse vite. Je passe du coq à l'âne. Ma psy dit que c'est lié à tous les stimuli que j'ai reçus petite. Ça m'a codée comme ça. J'ai besoin d'être stimulée tout le temps.
Je suis remplie d'angoisses mais je revis.
Je l'ai rencontré Lui. Il m'apaise, me comprend tellement, me fait assumer qui je suis, me dit que j'ai le droit.
On avance, on tâtonne, on parle énormément, on réfléchit des heures ensemble, on bouffe nos nuits parce qu'il y a toujours plus intéressant à faire que dormir.
La ça va faire un an. On vit ensemble. On a peur parce que c'est magique mais qu'on se dit que ça va forcément se péter la gueule un jour, c'est pas possible il y a toujours un piège on le sait bien.
On a fait des erreurs, on se dispute, on apprend, on grandit encore.
Mais on est incroyablement connectés. Assemblés. Différents, mais ensemble. Je peux lui parler de mes larmes quand je vois un sdf allongé dans le métro, de mon incapacité à regarder les infos parce que notre monde est atroce, de mon incompréhension face à certaines conversations, face à l'incohérence de l'être humain, de notre société, je peux aussi lui parler de mon ebahissement sur des musiques, des livres, des sensations. J'adore écouter ses théories fumeuses, son besoin des mots précis, ses idées, j'aime comprendre sa tristesse écrasante parfois et le réchauffer dans mes bras.
Ce n'est pas toujours simple mais je me sens enfin à ma place.
J'ai axé ma profession vers un métier tourné sur le bien-être des autres, et donc du mien aussi, je suis indépendante, libre. Mon métier a du sens, une utilité. Il fait sourire et apaise.
Alors qu'est ce que je fous là?
J'en sais toujours trop rien.
Juste bah...Je suis là quoi, excusez moi.
J'ai décidé d'arrêter de cogiter, je me dis que peut être vous allez rire de mon déballage mais que c'est pas grave. J'ai espoir que vous compreniez.
J'avais besoin de vider mon sac. D'être égoïste un peu.
Pardon pour le pavé, je vais pouvoir aller dormir un peu, delestée de quelques kilos de pensée. Égoïstement plus légère
Des semaines, des mois que ça m'effleure l'esprit avec insistance.
C'est la nuit, les mots viennent mieux dans la nuit.
Mon ami, mon compagnon, mon frère de coeur et d'esprit, mon amant, LUI. Il est HP. Certifié, sûr, aucun doute, 145 il y a écrit. Depuis le début il me dit que moi aussi. Je ne connais rien à ce monde, pour moi surdoué veut dire extrême intelligence, de celles qui vous poussent dans les hautes études et l'avenir brillant, les gamins qui passent leur bac à 12 ans.
Je découvre à ses côtés cet univers, les zèbres, je lis J.S-F, et internet.
Je le regarde LUI aussi, je l'observe un peu.
Je me regarde moi aussi, sans trop oser.
Un soir que le sujet revient sur la table, allongée dans ses bras, il me met devant ce forum, un témoignage de l'une d'entre vous, une femme.
Dans ce qu'elle raconte, je me lis, ça m'ébranle au point que les larmes dévalent mes joues, il me serre contre lui.
Je mendors.
J'y pense et j'y repense.
Je refuse de passer les tests. Je les fais vaguement sur Mensa. J'arrête avant de les terminer. J'ai trop peur de rater, d'être déçue.
Car si ce n'est pas ça, parfois je me dis qu'il vaudrait mieux m'enfermer.
Si ce n'est pas ça, ce sera un échec de plus.
Je sais bien que non, mais vous voyez.
Là il dort. Il ne sait pas que je suis en train d'écrire sur ce forum. Il a arrêté de m'en parler car je lui ai dit que "peu importe si je le suis ou pas, je m'en fous je préfère ne pas savoir".
Alors qu'est ce que je fous là?
Hey, j'en sais rien.
J'ai juste suivi mon envie.
J'essayais de m'endormir, les mots qui s'entrechoquent dans ma tête, inspirations-expirations tout en douceur, j'ai essayé aussi de faire comme mon père me disait quand j'étais petite et que je me relevais en lui disant que j'avais trop de trucs dans la tête et que je n'arrivais pas à m'endormir: "imagine une étendue de mer, à perte de vue, le resac des vagues", mais là papa ça ne marche plus.
Alors, énervée contre moi, j'ai allumé une cigarette, et me voilà ici. Je dormirai plus tard. Tant pis.
Quand j'étais petite, j'étais merveilleuse. Jolie, rigolote, prénom original, physique original, intéressée par tout, observatrice, et qui apprend vite.
J'ai sauté la classe de CP, car je savais lire et écrire. Mon papi me lisait des histoires, je le stoppais quand il raccourcissait des pages, ça leur a mis la puce à l'oreille.
Douée à l'école, mais un peu effacée.
Enfant unique, puis petite grande soeur de 4 ans. Un voisin malveillant qui m'a fait découvrir la sexualité bien avant l'âge. Une cassure à ce moment là.
Je mentais aussi, je faisais semblant de ne pas comprendre pour ne pas heurter les egos adultes, leur laisser leur prédominance.
Je les écoutais, j'emmagasinais les infos.
Je jouais du piano, autodidacte, je refusais d'apprendre le solfège, car je trouvais ça bien trop "linéaire" , bien trop cadré. Je chantais juste, je faisais rire, on me regardait, on m'écoutait. A l'école de moins en moins. Ils me regardaient tous de haut. Moi qui avais toujours un an de moins.
Je jouais au tennis, repérée par le staff de la Ligue, ils ont proposé de me faire entrer en sport-etudes à 200 km de chez moi. Hors de question. Comment feraient mes parents et ma soeur sans moi? Ils souffriraient trop que je sois loin, j'étais leur enfant, je ne pouvais pas leur faire ça. Et moi j'avais trop besoin de rester dans la bulle familiale. J'ai refusé.
Dès l'école primaire j'ai vécu de grandes passions amoureuses, des souffrances, des heures à rêvasser.
J'ai refusé tous les voyages scolaires, colonies de vacances, classes vertes. Même les anniversaires des copines, impossible de m'y envoyer. J'avais peur que mon absence perturbe la bulle familiale. Ce n'était pas prétentieux, pas que je sois persuadée de l'intérêt de ma petite personne, je me disais juste que j'étais la fille, la soeur, et je ne voulais pas prendre le risque que le moindre chagrin vienne assombrir leur journée. Je voulais la bulle familiale sereine, sans manque, sans remous.
J'écrivais beaucoup aussi, mon papi m'avait offert un carnet, je notais tout, consignais les sensations, les histoires, les ressentis.
Entrée au collège, les personnalités qui s'affirment partout, moi qui m'efface.
Ce monde était bien trop brutal.
Je suis devenue silencieuse, effacée.
La petite fille sage que personne ne déteste mais que personne n'adore non plus.
Je ne me souviens pas de grand chose de cette période.
Je me refugiais dans ma chambre, avec mon poste CD-RADIO-K7. Des heures à ressentir les notes, les sons, décomposer les musiques, les structures, m'ebahir devant les choix, les voix. Trembler. Pleurer. Frémir. Réécouter en boucle certains titres. Devenir monomanique chronique, obsédée par un titre, un album, sentir le coeur se remplir.
Au lycée j'ai retrouvé un peu de moi même.
Arrêté le sport et le piano.
Me suis plongée dans la musique, la fête, les potes.
Pas d'amoureux, ça fait bien trop mal.
Essayé de me créer une personnalité, en regardant trop les autres. Leur ressembler surtout, m'intégrer.
Bac Littéraire, le plaisir des mots, mais le refus d'analyser les auteurs. Prof de lettres géniale à qui j'expliquais que "nous ne sommes pas dans la tête de l'auteur, de quel droit se permet - on d'affirmer que quand il écrit ça, ça signifie forcément ça???!". Je refusais de mettre mon cerveau à la place d'un autre. De prendre le risque de mal interpréter sa pensée. Mais pour qui se prenait - on? Et puis ça enlevait toute la poésie des mots. Le voyage de la lecture.
Cours de philo. Plus gros coefficient au bac. Des débats incessants avec notre prof qui nous avait pris en grippe dès le départ, nous assénant des "vous êtes des incapables, vous irez dans le mur". Outrés, nous avons voté la décision de ne plus suivre ses cours et de réviser la philo au café du coin. Décision suivie par un bon quart de la classe.
J'ai capté que mon intérêt se trouvait malgré tout dans l'obtention du bac et j'ai donc fait les efforts minimum pour l'obtenir.
Des "révisions" dans les parcs au soleil en écoutant Radiohead et en fumant des joints.
10.2 de moyenne au bac. Ça ne s'invente pas.
S'en sont suivies des années WTF à la fac, mes parents et ma soeur qui déménagent à 500 km, des drames familiaux, je dois bosser pour louer un appart, Mc Do, pionne, puis un bts audiovisuel en alternance dans une grosse boîte que j'execre. Certes je bosse dans le milieu de la musique, ma passion, mais pour une firme multinationale, je n'en dors plus de bosser pour le fric et pas pour la musique, tout le monde me dit que j'ai un job en or, que c'est génial etc. Je me force à le croire, sors beaucoup. Je vis à côté de moi-même, j'ai du mal à me regarder dans le miroir. Moi qui aime tant la musique. Je me tire une balle dans le pied.
Je m'étais promis petite d'être écrivain, d'écrire un putain de livre, j'ai 23 ans, j'ai écrit des litres mais jamais rien terminé.
J'ai fini par démissionner, j'ai eu un projet de création d'entreprise avorté malgré moi, j'ai essayé de me recentrer sur moi, mes envies profondes, incapable de m'occuper de moi.
J'ai une soeur qui va mal, des grands parents dont il faut s'occuper, un mec qui tombe gravement malade et dont il faut s'occuper aussi. Année à l'hôpital, à droite à gauche, pas une once d'intérêt pour moi-même.
Me voilà donc dans un couple depuis 6 ans, il est sorti d'affaire, j'ai osé reprendre des études à distance dans un tout autre domaine, il me demande en mariage, je dis oui sans trop y réfléchir en fait, parce que c'est un rescapé, qu'on a traversé tant d'épreuves, parce que ça fait 6 ans, parce que c'est logique. J'ai mon job alimentaire, mes études à distance, mon stage, mon mariage à préparer, je vais couler mais je tiens tout à bras le corps. Je me marie, un mois plus tard j'ai mon diplôme, 4 mois plus tard je mets un grand coup de pied dans le miroir et demande le divorce.
Le jour du mariage, j'ai vécu la journée en observateur. Pas d'émotion, si ce n'est de voir ma mamie toute émue de marier sa petite fille. Je m'inquiète de tout et tout le monde et ne savoure rien. Je ne me rappelle quasiment pas de mon mari que je n'aime déjà certainement plus à ce moment là malheureusement. Je joue la comédie pour faire plaisir à tout le monde. Parce que c'est logique. Que c'est la vie. Que c'est sensé être le plus beau jour de ma vie.
Je regrette tellement. De lui avoir fait ça. De leur avoir fait ça. Mais j'avais compris que je ne pouvais pas ne pas essayer d'être heureuse. Que c'était mon tour maintenant.
Il a fallu tout reconstruire, ou plutôt tout construire, et c'était grisant.
J'ai enfin fait les choses pour moi.
Choisi d'accrocher ce tableau là sans me soucier de si ça dérangerait quelqu'un, mangé du Nutella à 3h du mat en lisant Milan Kundera, passé des journées entières à regarder la vie dehors et à fumer des clopes en écoutant des musiques magiques, j'ai voyagé, j'ai couché avec des garçons, je me suis teint les cheveux, me suis enfin tatouée.
J'ai tout simplement accordé du crédit à mon existence.
Et pour la première fois j'ai assumé le fait de ne pas être comme tous.
On m'a toujours dit que j'étais un peu instable, on me disait "alors Truc, tu as encore changé d'appart/de mec/de job/de vie?", et là pour la première fois ça me passait au dessus. Avant ça me terrifiait. Je me trouvais des excuses pour assumer publiquement. Je ne clamais rien sur tous les toits. Je me faisais petite et je répondais par un rire gêné mais connivent quand on m'appelais "miss CDD". Depuis, je le vis comme un genre de pouvoir. C'est ma liberté, ma force. Je ne sais pas me projeter dans un job, j'aime me dire que je ne sais pas où j'en serai dans 6 mois, 3 ans.
Je me lasse vite. Je passe du coq à l'âne. Ma psy dit que c'est lié à tous les stimuli que j'ai reçus petite. Ça m'a codée comme ça. J'ai besoin d'être stimulée tout le temps.
Je suis remplie d'angoisses mais je revis.
Je l'ai rencontré Lui. Il m'apaise, me comprend tellement, me fait assumer qui je suis, me dit que j'ai le droit.
On avance, on tâtonne, on parle énormément, on réfléchit des heures ensemble, on bouffe nos nuits parce qu'il y a toujours plus intéressant à faire que dormir.
La ça va faire un an. On vit ensemble. On a peur parce que c'est magique mais qu'on se dit que ça va forcément se péter la gueule un jour, c'est pas possible il y a toujours un piège on le sait bien.
On a fait des erreurs, on se dispute, on apprend, on grandit encore.
Mais on est incroyablement connectés. Assemblés. Différents, mais ensemble. Je peux lui parler de mes larmes quand je vois un sdf allongé dans le métro, de mon incapacité à regarder les infos parce que notre monde est atroce, de mon incompréhension face à certaines conversations, face à l'incohérence de l'être humain, de notre société, je peux aussi lui parler de mon ebahissement sur des musiques, des livres, des sensations. J'adore écouter ses théories fumeuses, son besoin des mots précis, ses idées, j'aime comprendre sa tristesse écrasante parfois et le réchauffer dans mes bras.
Ce n'est pas toujours simple mais je me sens enfin à ma place.
J'ai axé ma profession vers un métier tourné sur le bien-être des autres, et donc du mien aussi, je suis indépendante, libre. Mon métier a du sens, une utilité. Il fait sourire et apaise.
Alors qu'est ce que je fous là?
J'en sais toujours trop rien.
Juste bah...Je suis là quoi, excusez moi.
J'ai décidé d'arrêter de cogiter, je me dis que peut être vous allez rire de mon déballage mais que c'est pas grave. J'ai espoir que vous compreniez.
J'avais besoin de vider mon sac. D'être égoïste un peu.
Pardon pour le pavé, je vais pouvoir aller dormir un peu, delestée de quelques kilos de pensée. Égoïstement plus légère
Ooona- Messages : 2
Date d'inscription : 21/03/2016
Re: Egotrip nocturne
Bienvenue !Alors qu'est ce que je fous là?
J'en sais toujours trop rien.
Juste bah...Je suis là quoi
Prends tranquillement le temps de trouver ta place ici.
Re: Egotrip nocturne
Fameux parcours ! Soit la bienvenue, fait ce qu'il te chante
JulCat- Messages : 32
Date d'inscription : 06/03/2016
Localisation : Par là... Non, un peu plus à l'ouest ! Voilà, dans le pré, là c'est bien... Aaaah, Par-fait !
Re: Egotrip nocturne
Joli pavé... Fais sauter les conventions, libère toi totalement... Que l'électron libre vole
soit stable dans ton instabilité, soit toi profondément.
Bienvenue parmi nous
soit stable dans ton instabilité, soit toi profondément.
Bienvenue parmi nous
Iron Spider- Messages : 121
Date d'inscription : 12/06/2015
Age : 51
Localisation : Complètement à l'Ouest
Re: Egotrip nocturne
C'est marrant cette manie que les gens ont de mettre des smiley...
Le Don qui Chante- Messages : 2018
Date d'inscription : 05/01/2016
Re: Egotrip nocturne
Merci pour votre accueil.
Marcel Moreau c'est drôle, le premier CD acheté avec mon argent de poche était un album de Simon&Garfunkel.
Je ne sais pas si j'ai ma place ici, quand je lis certaines pérégrinations mentales je me dis que mon cerveau n'est pas aussi performant que ça.
C'est dur parfois. Il travaille mon cerveau, ça remue, ça bouillonne, mais dans le mauvais sens. Comme si ce petit monstre cherchait à me niveler vers le bas. Je manque cruellement de confiance en moi.
Ce soir j'ai la tête en vrac. C'est sombre.
Et putain qu'est ce que c'est fatigant.
Merde à la fin, j'aimerais tellement savoir me mettre sur pause. Arrêter de cogiter pour tout et pour rien. Me laisser respirer un peu. Apprendre à profiter sans tour anticiper, tout craindre.
Marcel Moreau c'est drôle, le premier CD acheté avec mon argent de poche était un album de Simon&Garfunkel.
Je ne sais pas si j'ai ma place ici, quand je lis certaines pérégrinations mentales je me dis que mon cerveau n'est pas aussi performant que ça.
C'est dur parfois. Il travaille mon cerveau, ça remue, ça bouillonne, mais dans le mauvais sens. Comme si ce petit monstre cherchait à me niveler vers le bas. Je manque cruellement de confiance en moi.
Ce soir j'ai la tête en vrac. C'est sombre.
Et putain qu'est ce que c'est fatigant.
Merde à la fin, j'aimerais tellement savoir me mettre sur pause. Arrêter de cogiter pour tout et pour rien. Me laisser respirer un peu. Apprendre à profiter sans tour anticiper, tout craindre.
Ooona- Messages : 2
Date d'inscription : 21/03/2016
Re: Egotrip nocturne
Bienvenue, Oona,
et merci pour cette promenade nocturne avec ton égo ... sacré texte, toute une vie en quelques minutes.
Et puis, on ne dira jamais assez, ta place, ici, elle est toujours là. Toujours libre, et tu y viens quand et si tu t'y sens bien.
Bonnes lectures.
et merci pour cette promenade nocturne avec ton égo ... sacré texte, toute une vie en quelques minutes.
Et puis, on ne dira jamais assez, ta place, ici, elle est toujours là. Toujours libre, et tu y viens quand et si tu t'y sens bien.
Bonnes lectures.
Re: Egotrip nocturne
Ce soir j'ai la tête en vrac. C'est sombre.
Et putain qu'est ce que c'est fatigant.
Il faut essayer de dormir.
Le sommeil est salvateur.
Le Don qui Chante- Messages : 2018
Date d'inscription : 05/01/2016
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