La confusion entre timidité et introversion

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Message par Sekhemi Dim 22 Mai 2016 - 12:51

Bonjour à tous,

C'est la première fois que j'introduis un sujet sur ce forum et malgré les recherches, il me semble qu'il n'a pas encore été abordé. Ou pas de la même façon du moins.

La première question que je me pose tout d'abord est celle de savoir si l'introversion est "innée" ou un comportement résultant des conditions environnementales et des facteurs sociaux du milieu et de l'entourage dans lequel on a grandi, été élevé et vit actuellement.

L'origine de cette interrogation réside dans l'évolution d'une personnalité que j'essaye toujours de dénouer aujourd'hui. Par nostalgie peut-être ou plus probablement par curiosité et poursuite de la découverte de soi, j'ai été poussée à feuilleter l'album retraçant les étapes de ma naissance en passant par mon entrée à l'école jusqu'à mes 5-6 ans environ. Et il en est ressorti (ma mère ayant conservé des écrits et notes sous les photos) que j'apparaissais comme une enfant très sociable et loquace, faisant le premier pas pour établir des contacts mais aussi toujours dans la lune. Défaut (si c'en est un ?) qui me valait moult remarques dans mes bulletins de primaires pour s'essouffler ensuite en manque de participation en classe. Je me suis permis l'hypothèse selon laquelle ces réprimandes face aux bavardages et aux rêveries ont contribué à m'éteindre comme une bougie privée d'air par une cloche en verre qui s'assoupit de plus en plus sur elle.

Et maintenant, je ne peux m'empêcher, légitimement, de me demander comment j'en suis arrivée à ce que je suis. C'est-à-dire quelqu'un qui paraît froid a priori (on me l'a souvent fait remarquer), se sent mal à l'aise en groupe et surtout, ne parle que très peu si ce n'est avec celle que je considère comme ma meilleure amie et je pense que cette appellation est réciproque. Cette taciturnité est également valable avec mes propres parents et le reste de ma famille. D'où mon tempérament taiseux est devenu synonyme de calme et timide.

Seulement voilà, bien que je sois calme certes, je ne suis pas que timide. Je pense l'être modérément, je n'ai pas peur du jugement des autres, en tout cas pas plus qu'eux eux-même. C'est alors que je suis tombée sur une vidéo traitant de l'introversion en "zappant" sur TED. Inutile de préciser que cela me correspondait parfaitement, loin de l'effet Barnum et tout ce que cela entraîne.

Se ressourcer par la solitude. Et je pense qu'il est ici nécessaire de distinguer la solitude "volontaire" de l'isolement "contre notre gré", lequel procure tristesse et remise en question permanente alors que la première permet émancipation et quand même remise en question permanente ^^. Cette émancipation est la liberté qu'on s'octroie de laisser vagabonder une créativité qui ne serait plus recadrée, même inconsciemment, par des usages communément acceptables. Comme si on retournait à l'intérieur de nous-mêmes alors qu'en présence d'autres personnes, on observe bien souvent la scène depuis l'extérieur, pareillement à un narrateur omniscient dans un roman qui est le nôtre mais dont nous ne sommes pas les acteurs.

Croyez-vous enfin qu'un individu peut radicalement changer de la sorte, à savoir de passer de ce qui semble être à l'origine de l'extraversion vers de l'introversion ?
Qu'un comportement de timidité est plus "convenable" qu'une personnalité (si c'est inné) introvertie parce que cette dernière est mal interprétée et mal comprise (ou pour une autre raison quelconque) ?

Merci de partager votre vécu, votre histoire, vos ressentis et vos avis, ils m'importent sincèrement.

PS : Je tiens à vous signaler que je n'ai jamais été testée, même si non sans timidité (?) je me pose la question. J'ignore donc si ce comportement se retrouve plus ici qu'ailleurs, mais j'en ai l'intuition.

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Message par Etoile Cachée Dim 22 Mai 2016 - 13:21

Sekhemi, je suis très émue par ton post dans lequel je me retrouve énormément. J'ai moi aussi été une petite fille plutôt sociable (je me rappelle même avoir été une meneuse), bavarde et sûre de moi. Au fil de ma scolarité, cette confiance semble s'éteindre peu à peu, exactement comme la bougie privée d'air que tu as décrite. Je crois qu'on m'a fait beaucoup de remontrances et que je me suis domptée...j'ai appris à m'effacer, au point même de paraître timide alors que je ne pense pas vraiment l'être.

Je ne pense pourtant pas, dans mon cas, être passée de l'extraversion à l'introversion. Je pense que ma façon d'analyser le monde en moi-même avant d'y réagir, d'avoir besoin de solitude et de calme a toujours fait partie de moi. Il paraît que dès mes premiers jours de vie j'avais un regard à la fois perçant et pensif (ma mère m'a même dit que ça la faisait flipper, haha) que j'associe aux introvertis. Mais peut-être que nous ne comprenons pas ce concept de la même façon? Je serais intéressée par le lien TED si tu veux bien le donner. Pour ma part, je me réfère beaucoup au concept d'introversion développé par le MBTI.

Je suis tout à fait d'accord quand tu différencies solitude volontaire et subie. Et le fait d'être solitaire est aussi à différencier de la timidité ou de la misanthropie...Quant aux petites flammes qui se tassent sur elles-mêmes en attendant des jours meilleurs, ne seraient-elles pas dues à la suradaptation demandée par une société majoritairement non-zèbre?
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Message par Sekhemi Dim 22 Mai 2016 - 14:15

Merci de ta réponse, Étoile Cachée, cela me fait très plaisir.

En effet, nos témoignages semblent se croiser sur ce point et c'est un sentiment appréciable que de se sentir compris.

Selon moi, l'introspection se manifeste bien sûr d'un point de vue psychologique mais aussi "physique" comme tu l'as décrit très justement avec la profondeur d'un regard qui peut faire peur notamment. Même si cela reste avant tout une façon d'analyser le monde pour reprendre tes mots, l'aspect "physique" si je puis m'exprimer ainsi n'en est pas moins négligeable vu les difficultés relationnelles qui peuvent en découler. J'entends par là, et je parle suivant mon expérience, le fait de se mettre en retrait, paraître hermétique et rester muette en groupe principalement et qui, faut-il l'admettre, ne va pas en mon sens pour créer des liens avec les autres malgré que j'y accorde beaucoup d'importance et d'énergie pour y remédier.
Voici le lien TED, la vidéo est en anglais mais pas trop compliquée à comprendre, sinon les sous-titres : https://youtu.be/c0KYU2j0TM4
Petite parenthèse concernant le MBTI, mon résultat est INTP.

Je pense que tu as bien fait de différencier également solitaire de timide et misanthropique. Pour ma part, je pars du principe que tout un chacun a quelque chose à nous apprendre, que ce soit une amitié, une motivation, un but ou encore une leçon.
Et quant aux petites flammes, je suis du même avis que toi. D'où le soupçon d'extraversion dans l'enfance. Certainement qu'il n'a jamais existé et qu'il provient du fait qu'à cet âge, l'insouciance face à l'inconnu est maîtresse de l'indifférence et qu'au fur et à mesure qu'on grandit, cette lueur et cette curiosité se perdent pour transformer ce qui se présentait comme de l'ouverture aux autres en peur de leur jugement. Mais elles ne sont pas obligées d'en rester là, ces petites flammes. J'ignore si je suis zèbre ou non, mais qu'importe la réponse si elle est de bon conseil, il faut juste trouver les bonnes personnes pour les alimenter en espérant qu'elles éclaireront plus que ce qu'elles ne brûleront.


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Message par Invité Dim 22 Mai 2016 - 14:34

Personnellement j'ai des souvenirs assez précis de la maternelle (sur la fin), et du tournant entre 5 et 7 ans. Avant, j'étais souriant et sociable, ensuite je suis devenu froid (de l'extérieur :p) et introverti. Pas timide car sans problèmes sur le plan professionnel, assez sûr de mes convictions jusqu'à contredire (et prouver) les erreurs de mes instits devant la classe - je doute donc qu'on puisse dire que c'est de la timidité.

Mon analyse c'est que, jeune enfant, les relations sociales n'ont pas besoin de réciprocité : si vous regardez des petits jouer, ils jouent souvent parallèlement les uns aux autres, avec des règles parfois différentes mais ne s'en rendent pas compte ou s'en fichent. L'âge avançant cette compréhension devient nécessaire, ce qui veut dire que les implicites de chacun doivent être assez similaires.

Il y a probablement pas mal d'autres paramètres : par exemple le fait que petit la réussite est totalement valorisée, et que par la suite elle devient encombrante pour l'intégration dans une classe ; ou l'extension de notre conscience et la volonté de ne pas nuire - ou gêner - les autres alors que plus jeunes le concept n'existe pas encore.

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Message par Aliocha Dim 22 Mai 2016 - 15:20

Bonjour,

Tout d'abord je te remercie de poster ce sujet précisément.
J'aurais du mal à analyser ton parcours et surtout cette différence entre ton tempérament lors de la prime enfance et aujourd'hui. Ceci dit tu évoques le fait que parfois tu semblais être "dans la lune".
C'était peut-être dans ces moments que tu réalisais ton retrait. Tu as peut être toujours été introvertie.
Et il y a, à mon sens, une nette différence entre timidité et introversion ( même si les deux caractéristiques peuvent être mêlées).
Par exemple, en ce qui me concerne, je ne suis pas du tout timide et pourtant clairement introvertie. Je l'ai toujours été. J'ai également eu une période de timidité. Donc je pense savoir quelle différence il y a entre les deux.
Mon introversion est incompressible, elle fait partie intégrante de ma façon de fonctionner. La timidité est davantage un trouble.
Je peux être sociable. Généralement je n'ai pas de difficultés à communiquer même avec des inconnus.
Par contre, je choisis ces moments et il ne faut pas que ce soit subi ou que ça dure trop longtemps.
Ensuite je m'isole pour retrouver de l'énergie.
C'est un fonctionnement tourné davantage vers l'intériorité.
Par contre je ne suis pas du genre facile d'accès car toujours en retrait. Souvent un m'attribue le qualificatif de " froide".
 J'ai un ami très extraverti, les contacts sociaux fréquents le nourrissent, moi ils m'affament.
La timidité c'est davantage un blocage, une peur terrible du contact qui produit des effets physiologiques (rougir, trembler, transpirer). Le timide est focalisé sur le regard de l'autre au présent.
Voilà... ce que je raconte est le fruit de ma propre expérience, à prendre comme tel.
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Message par Maxim Dim 22 Mai 2016 - 17:08

Je me retrouve également beaucoup dans ce profil.
Enfant lunatique mais plutot sociable; pas du tout meneur mais toujours pret à suivre les autres dans leurs activités. Ce n est que par après selon moi que l introversion a gagné du terrain pour faire de la place à de la timidité (peur de ne pas être à sa place; peur de mal faire).

Pour répondre à la question à savoir si l introversion est acquise ou innée, je dirais sans doute un peu des deux. J étais sans doute deja plutot introverti dans le sens où j aimais observer le monde pour mieux le comprendre mais je ne partageais pas forcement mes résultats. D un autre coté un encouragement soutenu à la communication aux premiers ages de la vie aurait peut etre donné une personnalité extravertie étant donné que la timidité n était pas encore présente. La question est de savoir si l éducation au sens large ne favorise pas une forme de communication "formatée" qui profite au plus grand nombre au détriment d une forme d expression "trop" comme ci, "pas assez" comme ca, qui elle est réprimée.

Je dirais que je suis (devenu?) quelqu un qui a une forte tendance à tout vouloir analyser et controler; mes émotions et celles de ceux qui m entourent. Ce qui mène selon moi directement à un besoin de s isoler puisque ca demande un effort de tout les instants lorsqu on est pas seul. Ca m a amené à avoir un comportement calme, froid, minimaliste en fait, pour susciter le moins de réactions possible; réactions qu il faudrait sinon analyser, decrypter --> épuisement. Il s agira alors pour moi d identifier et de comprendre ce qui m a amené à ce besoin de controle absolu et d apprendre à communiquer en faisant fi des consequences (mission impossible?).

ps: je ne suis pas non plus testé pour la douance, c est l introspection qui m a amené sur ce forum également.
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Message par Sekhemi Dim 22 Mai 2016 - 21:06

Merci à tous pour le témoignage de vos expériences Smile

Sethlans : Quel a été l'élément déclencheur de ce tournant ? Si ce n'est pas indiscret... Les théories que tu exposes ensuite dans ton message sont très intéressantes. Penses-tu que si la réciprocité n'est pas nécessaire dans leurs relations, seule la proximité l'est ?

Aliocha : Et je le suis toujours sauf qu'avant, cela était attribué au compte de la distraction. Certainement, oui. Pour évoquer la période de timidité, peut-être aussi qu'elle est directement liée à l'introversion de par le fait que "celui qui ne parle pas" est ennuyeux. Cette stigmatisation colle tellement à sa peau que les autres sont indifférents dès qu'il ouvre la bouche et le conduit finalement à ne plus oser intervenir par peur de leur jugement, ce qui correspond à la définition de la timidité.

Martien : La communication est un domaine assez vaste. Suffit-elle pour déterminer dans quel type se classe un individu (intro- ou extraversion) ? D'une part, la communication de la pensée et d'autre part, des émotions. C'est probablement cette seconde qui se révèlerait la plus significative. Une dernière question, qu'entends-tu par comportement minimaliste et de quelles façons l'adoptes-tu ? Les conséquences sont donc pour toi plus une source d'épuisement que le sentiment de décalage généré par ce mode de fonctionnement un peu différent ?

Enfin, je m'adresserai à tous pour de plus amples informations sur le plan professionnel. Exercez-vous malgré tout une profession dont l'aspect relationnel prime ? Vous saviez-vous introverti avant de vous orienter vers ce métier ? Ou vous croyiez-vous plutôt timide ? Si oui, était-ce un choix volontaire de se diriger à l'encontre de sa nature (pour dompter ce qui était alors perçu comme de la timidité, parce qu'il relevait d'une passion de jeunesse, ...) ?

D'avance merci pour vos réponses !

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Message par fleurblanche Lun 23 Mai 2016 - 10:37

Salut !

Je passe en coup de vent (beaucoup de boulot).

Je voulais juste dire que j'ai été les 2 : à la fois timide et introvertie.

Introvertie : je n'exprimais pas ce que je pensais, ce que je ressentais, je gardais tout pour moi.

Timide : j'avais peur de m'exprimer devant les autres, ne levant même pas la main en classe bien que personne ne sut la réponse à la question alors que moi je l'avais. J'avais "peur" également de demander de l'aide, je préférais me débrouiller seule. Comme si j'allais déranger. Ou comme si je ne le méritais pas. Ou comme si les autres allaient m'agresser.

J'ai changé au fil du temps. De manière "naturelle", mais aussi grâce à un travail conscient et volontaire sur moi-même. Qui s'est poursuivi jusqu'à l'âge adulte, durant ma vie professionnelle. En fait, la vie te met parfois devant des situations à cause desquelles tu es en quelque sorte "obligée" de changer. Pour pouvoir te défendre, ou défendre tes droits. Ou pour pouvoir protéger ou prendre soin des personnes auxquelles tu tiens. Etc.

La vie est vraiment une école.
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Message par Maxim Lun 23 Mai 2016 - 19:41

Sekhemi : Bien sur être introverti ou extraverti est la definition même de notre manière de communiquer. Et comme c est la définition d un mécanisme de communication ce mécanisme peut changer!

Concernant le comportement minimaliste il s agit pour les parfaits inconnus d utiliser les formules de politesses et éventuellement de répondre aux demandes mais ne jamais relancer la discussion. Pour ce qui est des amis il s agit la plupart du temps d un enthousiasme feint pour leur personne et c est ce qui est le plus épuisant parce que le plus éloigné de la réalité: ils m ennuient. Alors je souris, fais semblant et essaye de m eclipser le plus vite possible sinon la superchérie serait sans doute démasquée!

Mais je ne peux pas leur en vouloir; ils ne font que se rapporter à ce que j étais autrefois: en effet plus jeune je m interessais à la psychologie et j apprenais à leur contact les mécanismes de psyché humaine. Véritable psy de comptoir je voulais percer les mystères des motivations cachées derrière chaque action. Dans cette démarche j étais donc toujours plutot passif et interessé par leurs activités. Ainsi quand ils me retrouvent aujourd hui c est le même mécanisme qu ils s attendent à voir.

Pour ce qui est de ma famille, je dirais que c est un environnement plutot pathologique dans lequel les émotions sont refoulées, masquées. Il n y a donc jamais d expression de nos émotions et on en reviens donc toujours à parler de nos activités et des événements de notre vie; là aussi on y parle donc de ce qui va bien et on aborde surtout pas ce qui va mal. J adopte alors malgré moi une facade en faux-self pour preserver le fragile équilibre.

A l heure actuelle j ai une image plutot négative de la psyché humaine et je ne suis donc plus autant interessé par les autres. Néanmoins je suis toujours interessé par la psychologie pour percer les mystères de ma propre psyché; pour sortir de cette situation qui est bien sur intenable.

Cette facade en faux self qui s est donc infiltrée un peu partout dans ma vie est evidemment épuisante et donc me pousse à limiter les interactions. Par exemple je ne vais plus aux anniversaires; je trouve des excuses pour éviter les sorties etc... --> attitude minimaliste.

ps: Désolé d avoir devié du sujet et raconté ma vie. Je m essaye actuellement à cet exercice égoïste auquel je ne suis pas habitué. Je dois bien avouer que ca procure un certain soulagement aussi fugace soit-il et l air de rien m en apprend un peu sur mon fonctionnement.

Il semble que l introversion soit une caractéristique "zébresque" si on en croit le sondage qui se refere au test de personnalité Mbti: https://www.zebrascrossing.net/t12353p150-mbti-rassemblement-de-donnees-des-membres-du-site-a-toute-fin-utile


Dernière édition par Martien le Mar 24 Mai 2016 - 0:13, édité 1 fois
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Message par Invité Mar 24 Mai 2016 - 0:11

La première question que je me pose tout d'abord est celle de savoir si l'introversion est "innée" ou un comportement résultant des conditions environnementales et des facteurs sociaux du milieu et de l'entourage dans lequel on a grandi, été élevé et vit actuellement.
Je pense que c'est lié aux deux. En tous cas, en ce qui me concerne, c'est le cas. Je ne suis pas hyper extravertie de base mais je sens bien tout au fond de moi que je garde un fond de réserve/ introversion qui vient de mon éducation. Je me lâche plus ou moins selon l'entourage et la situation, et surtout ma confiance envers mes interlocuteurs. Je suis bien plus extravertie avec mes amis que dans ma famille.

Par nostalgie peut-être ou plus probablement par curiosité et poursuite de la découverte de soi, j'ai été poussée à feuilleter l'album retraçant les étapes de ma naissance en passant par mon entrée à l'école jusqu'à mes 5-6 ans environ. Et il en est ressorti (ma mère ayant conservé des écrits et notes sous les photos) que j'apparaissais comme une enfant très sociable et loquace, faisant le premier pas pour établir des contacts mais aussi toujours dans la lune. Défaut (si c'en est un ?) qui me valait moult remarques dans mes bulletins de primaires pour s'essouffler ensuite en manque de participation en classe. Je me suis permis l'hypothèse selon laquelle ces réprimandes face aux bavardages et aux rêveries ont contribué à m'éteindre comme une bougie privée d'air par une cloche en verre qui s'assoupit de plus en plus sur elle.
Je me suis posé exactement la même question. Je suis super souriante et espiègle sur mes photos et à 6-7 ans, je me renferme, c'est très net. Il y a eu un événement douloureux à cette période qui est sans doute à l'origine de cela. Mais je me suis longtemps demandé qui je suis et au final, je ne vois plus de problème à être un mélange des deux (je peux être relativement extravertie avec mes amis proches et beaucoup plus introvertie au travail sans que ça me pose souci).

Croyez-vous enfin qu'un individu peut radicalement changer de la sorte, à savoir de passer de ce qui semble être à l'origine de l'extraversion vers de l'introversion ?
Je pense que oui, en se forçant. J'étais une timide maladive (du genre à ne pas oser demander un renseignement simple sans tergiverser durant 10 minutes, même si je le masquais plutôt bien). Un jour, j'en ai eu assez, je ne me voyais pas rester comme ça toute ma vie donc j'ai dit stop et j'y suis allée par palier.
J'osais à peine prendre un sandwich  à la boulangerie par exemple, ça me mettait mal à l'aise. Du coup, je me suis obligée à aller au kebab en voyant que mon amie de l'époque n'était pas mal à l'aise, elle! Eh oui, il faut choisir ses ingrédients devant tout le monde, la viande, la sauce (et demander ce que c'est) et le pire, parfois il faut attendre!!). Et puis il y a la sauce pour les frites (c'est quoi la sauce trucmuche? devant tout le monde).
Sauf que ça ne pose pas de problèmes aux autres donc j'ai peu à peu intégré que c'est normal mais que moi, je manquais de pratique car je n'y allais jamais avant. Je n'ai pas de raison d'avoir peur.
Mon premier resto seule, l'envie a été la plus forte. Je voulais une crêperie par gourmandise (j'étais en Bretagne donc bon, je voulais en profiter), je me suis dit que les commerciaux mangeaient seuls eux aussi (et que le restaurateur s'en fout, tant que je le paie!). Et les gens? Je m'en fiche, je n'ai jamais jugé les gens qui mangent seuls donc ce sera pareil. Et au final, c'était très bon, le restaurateur était aux petits soins avec moi et j'ai survécu.

Il faut y aller par palier pour sortir peu à peu de sa zone de confort selon ce dont on se sent capable.

Qu'un comportement de timidité est plus "convenable" qu'une personnalité (si c'est inné) introvertie parce que cette dernière est mal interprétée et mal comprise (ou pour une autre raison quelconque) ?
Je ne pense pas qu'il y ai de bon ou mauvais comportement. De ce que j'ai remarqué en observant les autres, ce qui fait un bon comportement, c'est qu'il est assumé, c'est naturel et les gens ne remettent pas en cause une personnalité "forte". Mais quelqu'un de fragile, qui ne s'assume pas, n'ose pas, ça laisse une faille dans laquelle les gens s'engouffrent. Je crois que la clé, c'est l'estime de soi et la confiance en soi pour oser dépasser ses limites et s'accepter comme on est. Heureusement qu'il y a eu des introvertis, timides, ça a dû donner pas mal d'artistes peintres/ écrivains/ philosophes/ inventeurs. Mais heureusement qu'il y a des extravertis: les clowns, les chanteurs, les hommes politiques ou les commerciaux (il faut bien vendre les inventions des inventeurs introvertis  Laughing). Là, je caricature à fond mais il faut de tout pour faire un monde et chaque personnalité a ses avantages et ses inconvénients. On peut s'amuser/ rire/ déconner avec une personne extravertie mais on peut aussi apprécier les discussions sérieuses/ activités artistiques/ juste se poser et contempler la nature avec un introverti.

Ce qui compte, c'est ce que tu veux et ce que tu sens être ton "vrai toi".

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Message par Etoile Cachée Mer 25 Mai 2016 - 9:59

[quote/]
Enfin, je m'adresserai à tous pour de plus amples informations sur le plan professionnel. Exercez-vous malgré tout une profession dont l'aspect relationnel prime ? Vous saviez-vous introverti avant de vous orienter vers ce métier ? Ou vous croyiez-vous plutôt timide ? Si oui, était-ce un choix volontaire de se diriger à l'encontre de sa nature (pour dompter ce qui était alors perçu comme de la timidité, parce qu'il relevait d'une passion de jeunesse, ...) ?

D'avance merci pour vos réponses ![/quote]

Oui, je fais un métier de soin, et je rencontre sans cesse de nouveaux patients de tous âges. J'adore ça, d'ailleurs. Comme le cadre de la rencontre est très bien posé (les patients ont une plainte spécifique à laquelle je réponds de mon mieux avec les connaissances et compétences que j'ai), je me sens très à l'aise. Il n'y a pas de conflit avec mon introversion naturelle.

D'ailleurs, petit clin d’œil à toi, ô collègue INTP: la fonction intuition extravertie (Ne, très forte chez les INTP) raffole des rencontres d'idées et de personnes, parce qu'elle a besoin sans cesse de nouveau grain intellectuel à moudre. Je la vois s'exprimer beaucoup lors de l'anamnèse (la première rencontre avec le patient): je suis comme un détective qui recueille des indices, j'essaie de me former une image la plus proche possible de la situation de la personne et de ses besoins. Stimulant et utile; que demander de mieux^^?

Pour finir de répondre à ta question, lorsque j'ai choisi mon métier, je me percevais comme très timide et très introvertie. Je ne voyais pas ça comme un problème, cependant. Je n'ai pas cherché à lutter contre, j'ai juste choisi quelque chose qui m'intéressait en me disant que ça irait. Et le fait est que ça va très bien! Je ne pense pas que les introvertis (ni même les vrais timides) doivent s'inquiéter pour leur carrière. Une personne un peu en réserve peut aussi être appréciée, car elle a des qualités rares: le sens de l'écoute, le respect de l'intimité d'autrui, le calme, la réflexion...
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Message par Etoile Cachée Mer 25 Mai 2016 - 10:03

@ Bleuenn:
J'osais à peine prendre un sandwich  à la boulangerie par exemple, ça me mettait mal à l'aise. Du coup, je me suis obligée à aller au kebab en voyant que mon amie de l'époque n'était pas mal à l'aise, elle! Eh oui, il faut choisir ses ingrédients devant tout le monde, la viande, la sauce (et demander ce que c'est) et le pire, parfois il faut attendre!!). Et puis il y a la sauce pour les frites (c'est quoi la sauce trucmuche? devant tout le monde).

Et des fois, le serveur du kebab fait des blagues douteuses sur la sauce que tu prends, ah la la... Razz

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Message par Sekhemi Mer 25 Mai 2016 - 11:24

Merci de ta réponse, Étoile Cachée.

En fait, j'ai mentionné le plan professionnel parce que même s'il n'est pas immuable, il occupe malgré tout une place importante dans la vie d'un individu.
Pour détailler un peu plus ma situation actuelle, je poursuis des études qui correspondent aux STAPS en France. C'est-à-dire tout ce qui se rattache au milieu du sport et de la santé et dont j'espère boucler le master par une finalité soit en préparation physique (et pourquoi pas d'athlètes paralympiques) soit me permettant l'analyse des effets de l'activité physique sur les maladies neurodégénératives ou l'autisme par exemple.
Cependant, le bachelier ou licence fonctionne de manière assez générale et être capable de gérer un groupe et donner un cours ou un entraînement font partie des principales compétences à acquérir.
Et c'est justement sur ce point que je ne peux m'empêcher de remettre en question le choix entrepris quant à mon orientation dans cette filière. Suis-je vraiment "faite" pour ça ? Serai-je capable d'assumer ce rôle d'éducateur ou d'entraîneur ? Ma personnalité convient-elle dans un métier où prônent les contacts et le caractère relationnel ?
Autant de questions que de doutes... Mais pourtant, le sport m'est une véritable passion. J'accorde énormément de crédit à la notion de rêve selon laquelle on peut parvenir à tous ses buts tant qu'on s'en donne les moyens. Cela se rapproche pour moi d'une forme d'art étant donné que c'est aussi une façon de s'exprimer et je sais que les qualités développées dans cette option me seront également utiles sur le terrain où il m'est souvent reproché de ne pas assez communiquer sur le terrain.
Paroxysme du paradoxe que d'avoir pour philosophie de ne jamais renoncer à ses objectifs tout en hésitant (encore) à faire mon bout de chemin sur une voie que j'apprécie plus que sincèrement par crainte de ne pas être à la hauteur. Finalement, le seul obstacle qui s'oppose à moi est moi-même et j'ignore comment y remédier.

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Message par Sekhemi Mer 25 Mai 2016 - 11:27

Merci Bleuenn, c'est un vrai message d'encouragement Smile

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Message par Etoile Cachée Mer 25 Mai 2016 - 12:42

Sekhemi a écrit:Merci de ta réponse, Étoile Cachée.

En fait, j'ai mentionné le plan professionnel parce que même s'il n'est pas immuable, il occupe malgré tout une place importante dans la vie d'un individu.
Pour détailler un peu plus ma situation actuelle, je poursuis des études qui correspondent aux STAPS en France. C'est-à-dire tout ce qui se rattache au milieu du sport et de la santé et dont j'espère boucler le master par une finalité soit en préparation physique (et pourquoi pas d'athlètes paralympiques) soit me permettant l'analyse des effets de l'activité physique sur les maladies neurodégénératives ou l'autisme par exemple.
Cependant, le bachelier ou licence fonctionne de manière assez générale et être capable de gérer un groupe et donner un cours ou un entraînement font partie des principales compétences à acquérir.
Et c'est justement sur ce point que je ne peux m'empêcher de remettre en question le choix entrepris quant à mon orientation dans cette filière. Suis-je vraiment "faite" pour ça ? Serai-je capable d'assumer ce rôle d'éducateur ou d'entraîneur ? Ma personnalité convient-elle dans un métier où prônent les contacts et le caractère relationnel ?
Autant de questions que de doutes... Mais pourtant, le sport m'est une véritable passion. J'accorde énormément de crédit à la notion de rêve selon laquelle on peut parvenir à tous ses buts tant qu'on s'en donne les moyens. Cela se rapproche pour moi d'une forme d'art étant donné que c'est aussi une façon de s'exprimer et je sais que les qualités développées dans cette option me seront également utiles sur le terrain où il m'est souvent reproché de ne pas assez communiquer sur le terrain.
Paroxysme du paradoxe que d'avoir pour philosophie de ne jamais renoncer à ses objectifs tout en hésitant (encore) à faire mon bout de chemin sur une voie que j'apprécie plus que sincèrement par crainte de ne pas être à la hauteur. Finalement, le seul obstacle qui s'oppose à moi est moi-même et j'ignore comment y remédier.


Ton projet professionnel a l'air passionnant et très prometteur! C'est beau de voir quelqu'un s'engager dans une voie avec un tel investissement...et ça m'attriste de voir que, souvent, les personnes les plus sincères et engagées sont celles qui doutent le plus d'elles-mêmes...

Se pourrait-il que les reproches que tu as reçus de "ne pas communiquer assez sur le terrain" t'aient fait douter de ta légitimité à entreprendre ce parcours? T'es-tu mise à ruminer, à retourner cette critique encore et encore dans ta tête? Au point d'en être presque malade?
Si c'est le cas, tu as mon entière sympathie (tu l'as, de toute façon^^). Il m'est arrivé la même chose pendant mes études. Pendant une formation, je suis tombée sur une personne qui m'a brutalement remise en cause, qui a critiqué tout ce que je faisais, qui a manipulé ma mauvaise estime de moi pour me faire croire que j'étais juste nulle...ça m'a rendue très malade, pendant des années.
Les gens qui voulaient m'aider me disaient de surmonter ces critiques, que ce n'était pas grave, que je travaillais bien, etc. Je n'arrivais pas à passer au-dessus. Les critiques de cette personne étaient surpuissantes, parce qu'elles avaient rejoint mes insécurités les plus profondes.

Est-ce que ça résonne en toi? Penses-tu que cette remarque sur un éventuel manque de communication ait alimenté des reproches que tu te fais à toi-même? Ou des craintes que tu as depuis très longtemps? Si l'image que tu as de toi est celle d'une personne "nulle avec les autres" ou "incapable de dire quelque chose d'intéressant" ou quelque chose du genre, il est possible que ça ait transformé une simple remarque qui devait te permettre de progresser en une sentence indépassable qui te condamne (dans ton esprit) à l'échec.

J'ai découvert grâce à ma mésaventure que j'étais horriblement méchante avec moi-même. Plus dure et plus cruelle que je ne le serais avec mon pire ennemi. Je n'avais ni pitié ni compassion ni tolérance pour mes difficultés ou mes fragilités. Cela me rendait très vulnérable aux critiques, qu'elles soient justes, constructives ou non.  De plus, le fait d'être étudiante (et donc soumise à l'évaluation et à l'appréciation d'autrui) me rendait encore plus sensible à tout ce qui ressemblait à un jugement. J'avais si peur et si honte que je n'ai osé parler à personne à ma fac de ma mauvaise expérience en formation. Je me suis renfermée sur ma blessure et me suis torturée très longtemps, comme si ça pouvait m'apporter quoi que ce soit de positif.

Si ta situation ressemble à la mienne, je peux t'assurer que tu es légitime dans ce que tu fais. Je n'ai pas besoin de te connaître pour le dire: ta passion transparaît dans tes écrits. Elle n'empêche pas les obstacles ou les problèmes, mais elle est là pour te donner l'énergie de les surmonter ou de les contourner. Si jamais tu constates, après avoir examiné les remarques qui t'ont été faites (en restant bonne et tolérante avec toi-même), que certaines compétences importantes dans ta formation ne sont pas suffisamment développées chez toi, ne te fais aucun souci. Ne te demande pas si ça veut dire que tu n'es pas faite pour ça. Tu es faite pour ça tant que ça t'intéresse, c'est tout. S'il te manque quelque chose pour parvenir à ton but, dis-toi que tu vas l'acquérir en travaillant paisiblement, à ton rythme. Applique-toi le même programme que tu conseillerais à un jeune handicapé qui rêve de sport, et qui n'ose pas croire en lui-même.

J'espère avoir pu t'aider...je me rends compte que je me suis focalisée sur cette histoire de manque de communication, mais dis-moi si je suis à côté de la plaque^^
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Message par Sekhemi Mer 25 Mai 2016 - 13:57

Tes premières phrases me touchent sincèrement.

Pardon, je me suis mal exprimée par rapport au sens de "sur le terrain". Je viens de me rendre compte qu'il en existe deux significations un peu différentes. Initialement, elle se rapportait au terrain de foot, que je pratique depuis très jeune et qui m'a également permis de créer des liens et rencontrer des personnes formidables m'ayant beaucoup appris sur moi-même. Ensuite, elle peut être perçue comme la réalité pratique des principes théoriques et ainsi se référer aux milieux d'intervention du sport et de l'activité physique.
Dans les deux cas, ces reproches m'y ont été faites. En réalité, je ne les prends pas en tant que reproches mais plutôt commentaires d'apprentissage visant à améliorer le champ de compétences dans ce que je fais. Au final, les professeurs et entraîneurs ne sont là que pour aider.
Petite digression : "Le talent artistique est largement plus répandu que celui de le faire fructifier. Toute personne autoritaire peut le broyer à jamais mais le nourrir est chose beaucoup plus difficile."  Ca me rappelle cette citation du livre 22/11/63 de Stephen King que je suis en train de lire. Parce que c'est cette représentation que j'aimerais assouvir. Faire prendre conscience et fructifier les capacités qui sont en chacun de nous.
Quant à ton histoire, elle dépeint le fait que tu as été importunée volontairement par quelqu'un visiblement aux mauvaises intentions. Et tu as ma sympathie pour ça aussi. Mais tu sembles lui avoir prouvé le contraire aujourd'hui, c'est la plus belle réponse que tu aurais pu lui donner.

Je pense que ces remarques ont plus alimenté mes craintes qu'elles n'en ont été l'origine. Et par conséquent qu'elles apparaissent plus comme une remise en question de décisions relatives à des voies futures que comme une barrière infranchissable posée par des personnes extérieures.
Elles étaient donc déjà présentes, ces hésitations. Ce qui me renvoie exactement l'image que tu as décrite.

Ne serait-ce pas ce que l'on appelle communément du perfectionnisme ? Comment t'en es-tu délivrée ? Ou plus justement, comme as-tu appris à "vivre avec" ? Il est vrai qu'il est difficile à gérer mais il faut se dire que s'il y avait perfection, il n'y aurait plus nécessité d'évolution. Et le jour où l'homme cessera de progresser, si le sens de la vie réside dans l'estime de soi, elle sera bien vide, cette vie. Mais ça, c'est une autre question.

Je tâcherai de me rappeler ces dernières lignes encourageantes dans les moments de doute.

Absolument pas, merci encore !

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Message par Etoile Cachée Jeu 26 Mai 2016 - 12:26

Sekhemi a écrit:
Petite digression : "Le talent artistique est largement plus répandu que celui de le faire fructifier. Toute personne autoritaire peut le broyer à jamais mais le nourrir est chose beaucoup plus difficile."  Ca me rappelle cette citation du livre 22/11/63 de Stephen King que je suis en train de lire. Parce que c'est cette représentation que j'aimerais assouvir. Faire prendre conscience et fructifier les capacités qui sont en chacun de nous.

J'aime beaucoup Stephen King et je le soupçonne d'être quelqu'un d'adorable dans la vie. Cette citation me semble très juste. Elle me rappelle un passage d'un de ses livres, Écriture. Mémoires d'un métier. King raconte qu'il a commencé à envoyer des manuscrits à des éditeurs quand il était encore au lycée, je crois. Quand il a reçu sa première lettre de refus, il l'a épinglée à un gros clou ou un crochet qui dépassait sur le mur de sa chambre. Au fil de ses tentatives, les lettres de refus se sont accumulées sur le crochet, jusqu'à former une liasse d'une épaisseur respectable. J'admire sa ténacité à vouloir faire fructifier son talent, elle me semble tout à fait hors normes. La plupart des gens ont besoin, je pense, d'un guide bienveillant qui leur révèle leur valeur.

C'est pour ça que je trouve ton idéal magnifique: tu seras une vraie bénédiction pour les autres. Et pour en revenir à l'introversion, je pense que, dans la poursuite de cet idéal, elle te sera très utile. Les introvertis, dans l'imagerie populaire, sont souvent des sages, des observateurs, des personnes calmes et détachées qui savent écouter et qui peuvent apporter un point de vue décisif, unique, lucide sur les choses. Leur parole est rare mais elle a du poids! Dans leurs rapports aux autres, ils sont loin d'être des chauffeurs d'ambiance mais ils peuvent trouver leur place en société grâce à la qualité de leurs analyses et à l'originalité de leurs réflexions. Ce sont des qualités précieuses et très appréciables.

Peut-être qu'une piste de développement pour toi serait de faire confiance à tes qualités d'introvertie dans tes rapports avec les autres? On a tendance à considérer qu'être extraverti c'est bien, et introverti c'est mal, mais pas du tout! Les extravertis ont autant besoin des introvertis que l'inverse.

Sekhemi a écrit:
Ne serait-ce pas ce que l'on appelle communément du perfectionnisme ? Comment t'en es-tu délivrée ? Ou plus justement, comme as-tu appris à "vivre avec" ? Il est vrai qu'il est difficile à gérer mais il faut se dire que s'il y avait perfection, il n'y aurait plus nécessité d'évolution. Et le jour où l'homme cessera de progresser, si le sens de la vie réside dans l'estime de soi, elle sera bien vide, cette vie. Mais ça, c'est une autre question.


Ah, c'est intéressant que tu me poses cette question, parce que je me la pose aussi. Je ne sais pas si je suis perfectionniste. Plusieurs personnes m'ont dit que je l'étais, mais j'ai du mal à me voir comme ça. Le perfectionnisme, dans ma tête, c'est une de mes copines de collège qui avait tout un assortiment de beaux crayons billes de toutes les couleurs, une petite règle dans sa trousse, et qui tenait son cahier dans un état de propreté et de clarté visuelle irréprochables. Je la regardais avec un mélange d'admiration et d'horreur (on va dire que mes cahiers étaient un PEU moins bien tenus^^).

Mais si le perfectionnisme c'est être exigeant envers soi-même et se fixer des objectifs élevés...oui, je le suis. A un très haut degré. Je me rappelle que vers l'âge de huit ou neuf ans je m'endormais en pensant à mes projets d'avenir et en me demandant avec angoisse "est-ce que j'y arriverai?" Ce qui montre bien les deux faces de ce trait de caractère: il me donne l'envie et l'énergie d'aller plus loin, de poursuivre mes efforts, de m'engager à fond dans ce que j'aime. De l'autre côté, il me rend sujette à l'angoisse, à une intense pression psychologique, et, comme tu as pu le voir dans le récit de mes mésaventures, parfois à une implacabilité très rigide.

Pour être franche, je suis toujours en apprentissage! Je n'ai pas encore maîtrisé cet aspect de moi-même. J'aimerais apprendre à le doser, et à reconnaître le moment où je m'enferme dans un fonctionnement trop dur et inefficace. Certains évènements dans ma vie m'ont fait un peu progresser. Par exemple, il m'est arrivé plusieurs fois de constater que l'objectif que j'avais voulu atteindre était manqué, et que finalement ce n'était pas grave, voire que ça m'offrait des possibilités plus intéressantes que ce que j'aurais imaginé. C'est de cette façon, je pense, que j'apprends à vivre avec. Le fait de voir que le monde ne s'écroule pas parce que j'ai raté, ou parce que je n'ai pas fait tout à fait comme je pensais, et que les gens qui m'aiment continuent à m'aimer, me sécurise peu à peu. Cela me fait remettre doucement en question certaines croyances que j'ai sur moi-même, ces insécurités qui me coincent parfois. Comme le fait de croire que si je ne me débrouille pas entièrement toute seule, je serai une charge pour les autres, un poids, un boulet, une nullité (c'est méchant, un Surmoi, quand on y pense^^).

Une autre chose qui me permet de vivre avec mon perfectionnisme, c'est ce que tu as pointé dans ton message: s'il y avait perfection, il n'y aurait plus d'évolution. En effet, cela permet de relativiser l'importance du but en lui-même, et d'apprécier aussi le cheminement que l'on fait pour y parvenir. J'aime l'idée qu'une évolution, une amélioration sont toujours possibles. Je ne pense pas, d'ailleurs, tomber un jour à court d'objectifs, parce qu'en réalité le voyage n'est jamais fini. Le tout est de ne pas s'épuiser en route^^!

Et toi, comment fais-tu pour ne pas te laisser piéger par ton perfectionnisme?
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Message par Sekhemi Jeu 26 Mai 2016 - 18:47

Je suis tout-à-fait d'accord et il en existe plusieurs exemples : Walt Disney, Andy Warhol, JK Rowling, Mohammed Ali, ... Pour ne citer qu'eux.

Merci, vraiment. J'ose espérer que tu vois juste en ce qui concerne les qualités des introvertis. Mais il n'est guère évident de leur faire confiance dans nos rapports avec les autres lorsque l'on ne possède pas ce don d'engager la conversation autrement qu'avec maladresse pour autant qu'on prenne la peine et surtout le courage de faire le premier pas (parce que ça relève réellement de l'effort sur soi). Lorsque, trop souvent, les sujets se tarissent malgré nous et malgré eux aussi et que le silence étouffe. Lorsque, enfin, ils ne nous accostent plus pour cette même raison.
Je me suis toujours demandée pourquoi le silence dérangeait. Je songe d'ailleurs à ouvrir un nouveau post sur la question.
Exact, toute chose nécessite un certain équilibre.

Haha, je connais ça Laughing
Maintenant, je pense qu'il ne faut pas confondre le fait d'être maniaque et d'être perfectionniste. Toutefois, je te l'accorde, leurs significations sont relativement proches. Je définirais maniaquerie par un comportement obsessionnel vis-à-vis de détails tangibles tandis que perfectionnisme par la recherche intrinsèque d'un idéal selon nos buts et ambitions. Et bien sûr, ce qui rend cet attribut encore plus attrayant, c'est qu'il soit une arme à double tranchant. Comme tu l'as dit, il s'agit à la fois d'une force vitale intérieure, un feu sacré, une énergie indomptable et d'une source d'angoisses, de doutes, de remise en question, d'une envie d'abandon mais qui nous empêche d'abandonner.

Moi, comment je fais pour ne pas me laisser piéger par mon perfectionnisme ? Et bien, à vrai dire, j'en ai besoin. Et pour l'énergie et pour la remise en question. Les deux me sont indispensables. D'une part, c'est un moteur qui projette et d'autre part, c'est un frein qui ralentit pour donner le temps de réfléchir et prendre conscience de ce qui est en train de se passer. Aussi, je crois important de s'attribuer des objectifs mesurés avec, en amont, un rêve complètement démesuré. Tu sais, celui qu'on garde tous secret avec l'espoir de ne serait-ce que le frôler un jour. Ces objectifs ne sont pas figés. Ils évoluent à leur rythme (notre rythme) à la façon d'un escalier. Image banale mais pas à pas, la somme de tous ces objectifs aboutira au rêve qui ne sera alors plus secret que pour les craintes qu'il évoquait. Puis, si jamais à un moment donné la somme se soustrait et ne fournit pas la réponse attendue, il suffit de regarder en arrière et voir par nous-même les objectifs dépassés au lieu d'éprouver des remords pour le rêve qui paraît encore loin. La confiance retrouvée dans ce que l'on a accompli et non dans ce que l'on a pas (encore) accompli, il convient de se remettre en route et le poursuivre jusqu'au bout.
Je peux concevoir que c'est une vision de la vie encore idéaliste, peut-être s'estompera-t-elle avec l'âge mais j'espère éternellement conserver cet âme d'enfant.

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Message par 'C.Z. Jeu 26 Mai 2016 - 23:25

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Message par Etoile Cachée Ven 27 Mai 2016 - 12:18

Sekhemi a écrit:
Merci, vraiment. J'ose espérer que tu vois juste en ce qui concerne les qualités des introvertis. Mais il n'est guère évident de leur faire confiance dans nos rapports avec les autres lorsque l'on ne possède pas ce don d'engager la conversation autrement qu'avec maladresse pour autant qu'on prenne la peine et surtout le courage de faire le premier pas (parce que ça relève réellement de l'effort sur soi). Lorsque, trop souvent, les sujets se tarissent malgré nous et malgré eux aussi et que le silence étouffe. Lorsque, enfin, ils ne nous accostent plus pour cette même raison.
Je me suis toujours demandée pourquoi le silence dérangeait. Je songe d'ailleurs à ouvrir un nouveau post sur la question.

J'en profite pour te reparler de la conférence TED que tu as partagée (merci de l'avoir fait^^). Je suis entièrement d'accord avec l'oratrice, et trois choses dans son discours m'ont particulièrement touchée.

-Elle parle du fait que dans un groupe de travail, les opinions tendent à se rejoindre par conformisme, voire à se modeler sur celles du leader, même si les gens au départ n'étaient pas d'accord. Les introvertis, parce qu'il sont moins souvent en groupe, peuvent donc apporter une bouffée d'air frais avec leurs idées en-dehors du bocal. Leur rôle est donc crucial au sein d'une équipe.

-Le deuxième élément que je trouve très pertinent est ce qu'elle dit sur l'école et le travail de groupe. Les enfants sont de plus en plus encouragés à travailler en groupe, et elle dit que c'est très bien qu'ils apprennent à le faire. Cependant, ils devraient aussi apprendre à travailler seuls, c'est tout autant indispensable. Les introvertis ont là aussi leur rôle à jouer. Qui apprendra aux enfants extravertis à compter sur leurs propres ressources en cas de coup dur, à être indépendants d'esprit face au groupe et à voyager en eux-mêmes, si ce n'est un introverti bienveillant? Un extraverti peut enseigner plein de choses formidables, mais pas celles-là car elles ne lui sont pas naturelles, tout comme un introverti aurait du mal à transmettre des compétences sociales.

-Enfin, l'oratrice observe qu'un chef introverti peut apporter beaucoup à une équipe. Son style de management ne sera pas d'apporter seulement ses idées ou ses convictions au groupe, mais aussi de laisser fleurir celles des autres et leur laisser la liberté de les développer. Pour moi, c'est une façon de diriger qui est respectueuse et riche de potentialités.

Je suis entièrement convaincue du besoin crucial d'introvertis dans la société. Je ne chercherais à devenir extravertie pour rien au monde, parce que ce serait renier mes qualités propres qui naissent justement de mon introversion. Je peux cependant apprendre à "extravertir" ces qualités, c'est-à-dire apprendre à partager les fruits de mon introversion, sans renoncer à ma spécificité.

Cela nous ramène à ta situation: est-ce que ça te gêne si je te demande un peu plus de détails sur les situations sociales qui te sont difficiles? Tu dis que tu as du mal à engager ou à alimenter une conversation. Est-ce le cas dans toutes les situations? Que tu sois avec des inconnus, des collègues, des amis, des membres de ta famille? Est-ce que ça dépend du sujet de la conversation? Est-ce que tu renonces parfois à parler parce que tu te dis que ça n'intéressera pas ton interlocuteur? Est-ce que tu traques le moindre indice non-verbal qui montrerait que ton interlocuteur s'ennuie/te trouve bizarre/ne te comprend pas/n'est pas d'accord avec toi? Quelle serait pour toi la pire chose qui pourrait arriver au cours d'une conversation, ton scénario catastrophe? Quelqu'un a-t-il déjà fait une réflexion désagréable sur ta façon de parler/tes opinions? Que se passe-t-il en toi quand le silence se fait, que ressens-tu?

Et concernant ces fameuses remarques sur la communication sur le terrain, à quelles situations correspondent-elles? Dois-tu transmettre des instructions, en donner? Proposer des stratégies? Assurer un retour sur la performance de quelqu'un? Rendre compte à un supérieur d'un évènement touchant ton groupe?

Pardon pour toutes ces questions, j'essaie de mieux cerner ta situation. Si ça te gêne de répondre, n'hésite pas à me le dire^^. Ton questionnement sur le silence est intéressant, c'est une bonne idée de lancer un post là-dessus^^.

Sekhemi a écrit: D'une part, c'est un moteur qui projette et d'autre part, c'est un frein qui ralentit pour donner le temps de réfléchir et prendre conscience de ce qui est en train de se passer.

C'est une belle image. Je la trouve très juste. Parfois, le problème c'est que le frein ne répond plus, et on peut alors perdre de vue le contexte. Les efforts perdent alors leur raison d'être, ils deviennent déconnectés, inutiles.

Sekhemi a écrit: Aussi, je crois important de s'attribuer des objectifs mesurés avec, en amont, un rêve complètement démesuré. Tu sais, celui qu'on garde tous secret avec l'espoir de ne serait-ce que le frôler un jour. Ces objectifs ne sont pas figés. Ils évoluent à leur rythme (notre rythme) à la façon d'un escalier. Image banale mais pas à pas, la somme de tous ces objectifs aboutira au rêve qui ne sera alors plus secret que pour les craintes qu'il évoquait. Puis, si jamais à un moment donné la somme se soustrait et ne fournit pas la réponse attendue, il suffit de regarder en arrière et voir par nous-même les objectifs dépassés au lieu d'éprouver des remords pour le rêve qui paraît encore loin. La confiance retrouvée dans ce que l'on a accompli et non dans ce que l'on a pas (encore) accompli, il convient de se remettre en route et le poursuivre jusqu'au bout.
Je peux concevoir que c'est une vision de la vie encore idéaliste, peut-être s'estompera-t-elle avec l'âge mais j'espère éternellement conserver cet âme d'enfant.

Cette vision me touche et m'encourage. Il faut que j'apprenne à m'y référer quand je deviens trop dure avec moi-même.

Une petite précision sur la notion d'idéal: pour moi, elle n'a aucune connotation péjorative, j'ai employé ce mot comme un simple synonyme de "but", "projet", ou "rêve". Je n'avais pas la moindre intention de suggérer que ton point de vue était "enfantin", "irréaliste", ou que sais-je. Désolée si tu l'as ressenti comme un jugement. Pour moi l'idéalisme est une belle chose qui ne s'oppose en rien à la lucidité. Je pense que tu as bien raison de vouloir conserver tes idéaux. Je crois bien qu'un humain sans idéal est mort en lui-même.
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Message par Sekhemi Ven 27 Mai 2016 - 22:29

Avec plaisir, je t'en prie. Et entièrement d'accord avec ces 3 éléments que tu as relevés.

Extravertir son introversion, je n'aurais pas dit mieux  Smile

Non, enfin pas trop (ça, quand on a pas l'habitude), ça fait partie des raisons pour lesquelles je me suis inscrite sur ce forum. Je vais donc tâcher d'essayer d'y répondre le plus précisément possible. Avant tout, je tiens également à signaler que je suis tout-à-fait consciente que le problème vient de moi et non pas des autres.
1. Est-ce qu'engager ou alimenter une conversation m'est difficile dans toutes les situations ?
Non et heureusement. D'abord, ce n'est pas le cas avec mon père de qui je tiens clairement ce caractère introverti pour peu qu'il puisse se tenir de quelqu'un. Ensuite, ce n'est pas le cas non plus avec ma meilleure amie, et ce à propos de n'importe quel sujet. Absolument (ou plutôt relativement mais quasi) toutes nos facettes et tribulations peuvent être abordées et traitées avec confiance, sincérité et sympathie. Ni avec mes amies proches, du secondaire notamment, que je côtoie encore assez régulièrement mis à part 2 d'entre elles dont les contacts sont moins fréquents mais toujours présents en raison de leur localisation tout simplement (universités néerlandaise et suisse).
Enfin, je parlerai de tous ces connus ou inconnus et proches ou non, peu importe, de qui émane une certaine honnêteté. Ces personnes avec qui le courant passe tout de suite comme on dit. Elle ne partagent pas nécessairement des centres d'intérêt identiques, pas même semblables mais l'absence de jugement avant de connaître de leur part et leur écoute en font des personnes tout-à-fait extraordinaires et tellement rares. En revanche, ça se complique avec grossièrement "le reste". C'est donc valable aussi bien avec ma mère, mes grands-parents (que j'aime inconditionnellement), mes copains (j'accorde de l'importance à la distinction entre connaissances/copains/amis) et mes "collègues" qui sont en réalité les autres étudiants.
2. Est-ce que ça dépend du sujet de la conversation ?
Bien sûr. Ce dont on va parler est le moteur de la conversation. Comme je l'ai mentionné dans la question précédente, le fait que les centres d'intérêt divergent ne me pose aucun souci. Au contraire. Mais les évidences (météo, journal, rappels), les ragots et commérages, plus sur les gens que sur les évènements, me bassinent profondément. A tel point que j'en ai envie de hurler l'ennui qui me ronge. Puis, il y a ces sujets d'ados qui entrent dans l'âge adulte mais dont j'ignore encore tous les aspects. Pourtant, ils paraissent inévitables lors de soirées (que j'essaye la plupart du temps d'éluder pour ce motif) : l'alcool (je n'en bois pas/plus) et ses nombreuses anecdotes de beuverie générale, l'amour (jamais eu) et le sexe (jamais fait).
3.  Est-ce que je renonce parfois à m'exprimer parce que je me dis que ça n'intéressera pas mon interlocuteur ?
Constamment. Sauf avec les personnes précisées dans le point 1. Parce que ce qui intéresse la plupart des gens, c'est de parler d'eux et de raconter ce qu'ils ont fait de leur journée ou ce que d'autres n'ont pas fait. Et parce que beaucoup jugent, au lieu d'être un sujet potentiel de moquerie ou méchanceté gratuite, mieux vaut ne pas en être du tout (je me rends compte que ça se rapproche plus du délire qu'autre chose mais je ne peux m'en défaire).
4. Est-ce que je traque le moindre indice non-verbal qui montrerait que mon interlocuteur s'ennuie/me trouve bizarre/ne me comprend pas/n'est pas d'accord avec moi ?
Tout le temps. Je ne peux pas m'en empêcher. Le langage corporel en dit bien plus long que le langage verbal. Qu'il ne soit pas d'accord n'est pas un problème.
5. Quelle serait pour moi la pire chose qui pourrait arriver au cours d'une conversation, mon scénario catastrophe ?
Je t'avouerai que je me suis pris cette question en pleine face parce que, finalement, quelle serait la pire chose qui pourrait se passer au cours d'une conversation ? Rien. Absolument rien. En fait, c'est surtout le jugement que l'interlocuteur se fera après la conversation qui me tarabuste. Et celui qu'il distribuera aux autres. Et celui que les autres se feront après avoir écouté celui de l'interlocuteur.
6. Quelqu'un a-t-il déjà fait une réflexion désagréable sur ma façon de parler/mes opinions ?
Très souvent : "tu sais que t'es bizarre parfois", "je ne te comprendrai jamais", "arrête de tout prendre au pied de la lettre", "faut toujours que t'analyses ce que je dis à la limite de la paranoïa", "tu es trop méfiante", "tu ne parles pas beaucoup", "tu es avec nous ?" et j'en passe.
7. Que se passe-t-il en moi quand le silence se fait, qu'est-ce que je ressens ?
Un vrai moment de ressource. Parce que je n'ai plus besoin de simuler ou porter de masque. Mais aussi un vrai moment d'angoisse. Parce que je me demande pourquoi je ne parviens pas à pouvoir juste discuter naturellement sans réfléchir à tout ça.

Alors en ce qui concerne la communication sur le terrain, il y a 2 milieux différents. Le premier, au foot. Je joue à un poste où il est indispensable de communiquer, que ce soit pour appeler la balle, préciser où je vais la donner, repositionner quelqu'un, encourager, ce genre de trucs. Le deuxième, en cours. Il m'est arrivé de devoir donner des séances d'animation et d'entraînement dont le but était d'apprendre à transmettre des consignes claires et concises ainsi qu'assurer leur bon déroulement et gérer le groupe (ma classe). Puis en témoigner le compte-rendu des prestations au professeur chargé du cours en question.

Voilà qui est fait Smile

Oui, mais heureusement, quelqu'un peut tirer le frein-à-main.

Je suis désolée si ma tournure de phrase te l'a fait interpréter de la sorte. Sache que je ne l'ai aucunement pris comme une connotation péjorative. C'était juste pour souligner l'impression que plus on grandit et moins on croit en nous.

Sekhemi

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Message par Bird Ven 27 Mai 2016 - 23:27

Je m'apprête quant à moi à rédiger le premier tome de "Comment je suis devenu bavard".
Wink
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La confusion entre timidité et introversion Empty Re: La confusion entre timidité et introversion

Message par Etoile Cachée Dim 29 Mai 2016 - 13:08

Merci beaucoup Sekhemi d’avoir répondu aussi gentiment à mes questions. Elles m’ont permis de faire deux hypothèses. J’insiste sur le fait que ce sont des hypothèses, et qu’en aucun cas je ne me permettrais d’affirmer des choses sur ton vécu ou ta personnalité. Aussi, si tu n’es pas d’accord avec mon analyse, rejette-là sans remords^^

Ma première hypothèse s’appuie sur le fait que tu es une introvertie dans un monde qui valorise et favorise les extravertis. Prenons ta description des façons de communiquer qui te laissent froide : les commérages, les histoires de beuverie et de sexe, les commentaires sur la météo. Tous ces thèmes sont des rituels sociaux. Cette façon d’utiliser la parole est à mon sens particulière aux extravertis, ou du moins, ils y excellent particulièrement. Je ne dis pas que les extravertis ne parlent que de ces sujets, bien sûr, mais ils maîtrisent ce type de communication. C’est une façon d’utiliser la parole pour créer ou maintenir du lien social, plus que pour échanger des idées ou des émotions.

De l’autre côté, les introvertis n’utilisent pas du tout la parole pour cet usage : pour eux, « parler pour ne rien dire » est simplement absurde. Ils parlent déjà rarement, alors quand ils le font c’est avec un objectif précis, en général pour transmettre une idée, une information, débattre, etc. Il y a donc dès le début un malentendu entre les extravertis et les introvertis. Ce n’est pas tant « de quoi » on parle que « pourquoi » on parle qui les divise.

Les introvertis s’ennuient souvent avec les extravertis, si ceux-ci se cantonnent à un bavardage social. Les extravertis se sentent mal à l’aise avec les introvertis lorsque ceux-ci tentent d’utiliser la parole à la façon qui leur est naturelle. Les extravertis peuvent avoir des réactions du type « mais pourquoi tu te prends la tête avec ça ? On est bien, là, on est là pour se détendre, s’amuser, tu vas plomber l’ambiance avec tes grands débats à la con ».

Evidemment, si un petit enfant, introverti heureux et sans complexes, reçoit régulièrement ce genre de remarques, il risque au fil du temps de devenir un introverti honteux et de s’auto-censurer pour ne pas faire tache dans le groupe. Il y a sans doute beaucoup d’adultes qui sont des introvertis cachés et qui ont appris à se conformer à l’extraversion ambiante.

Ceux qui persévèrent dans leur introversion ont intérêt à garder le moral. Bien souvent, à force de se faire rabrouer, l’introverti développe une estime de soi basse. Il devient très sensible au jugement des autres, qu’il anticipe comme forcément négatif. Parler devient pour lui un enjeu douloureux, un combat perdu d’avance.

Je pense qu’une telle situation peut être améliorée de part et d’autre. D’abord, les introvertis devraient s’accepter tels qu’ils sont, avec leurs forces et leurs faiblesses. Au lieu de chercher à se conformer au grand théâtre social, ils pourraient concentrer leurs efforts dans l’apprentissage d’une extraversion minimale, suffisante pour extérioriser leurs qualités. Ils peuvent aussi essayer d’être plus indulgents avec le blabla insipide des groupes en se rappelant qu’il s’agit tout bêtement d’un rituel social destiné à maintenir la cohésion dans la société (hé oui, rien que ça ! La météo est décidément très importante^^). De l’autre côté, les extravertis pourraient essayer de s’intéresser à des sujets plus risqués et moins fédérateurs, accepter de sortir des sentiers battus…

Cette hypothèse me semble intéressante d’après ce que tu m’as décrit. Notamment à cause de l’effet qu’à sur toi le jugement des autres (ou l’anticipation de leur jugement, ou le spectacle que tu observes du jugement qu’ils ont sur les autres). Il est possible que tu aies des croyances sur toi-même qui sont nées de cette incompréhension fondamentale entre intro et extra. Des croyances du genre « ce que je dis n’est pas intéressant », ou pire « je ne suis pas intéressante ». Cela pourrait peut-être expliquer le fait que dans ton enfance tu étais beaucoup plus encline à aller vers les autres. Tu n’avais pas encore « appris » que tu étais « nulle » pour ça.

Maintenant, ma deuxième hypothèse, qui se superpose plus ou moins à la première. Si tu es sur ce forum, j’imagine que tu connais au moins un peu le thème de la surdouance et de ses effets. Il faut que je te dise que tu as décrit quasiment mot pour mot ce que je ressens en société. Et c’est ce qui, d’après beaucoup de témoignages et d’explications de psys spécialisés dans le haut potentiel, est typique de la zébritude.  

Pour un zèbre, bavarder de tout et de rien est une rude épreuve. C’est assommant, pénible, sans intérêt, même carrément absurde. Les sujets de conversations rebattus comme la météo sont une vraie torture. Les jeux sociaux que sont les commérages, les critiques, les « tu as vu le nouveau mec de machine ? » et les « je déteste la coupe de cheveux de truc » sont perçus comme carrément inutiles, et même malveillants dans le pire des cas.

Avec sa capacité d’abstraction, le zèbre voit tout ça de très loin. Il remarque les faux-semblants, l’incohérence entre l’attitude amicale et l’arrière-pensée parfois jalouse ou méchante des interlocuteurs, bref, il perce à jour les rôles sociaux qui n’ont de valeur que parce qu’ils sont acceptés par tout le monde. Ces masques sociaux sont des conventions, mais le zèbre voit le vide qu’ils cachent, et il a du mal à se contenter de ce vide. Il peut y avoir alors un vrai malaise entre un zèbre et un groupe de gens « normaux » (je dis normaux parce que leur comportement est dans la norme).

Le zèbre peut se dire qu’il est simple de prendre de la hauteur et de parler ENFIN de choses intéressantes avec les autres. Mais en fait il est tout seul dans son délire. Les gens normaux prennent leur pied à parler de la pluie et du beau temps, et des habits de machine, et des enfants de truc.
Il y a apparemment une forte corrélation entre haut potentiel intellectuel et introversion. Dans les deux cas on retrouve, à mon avis, deux groupes de personnes qui ne parlent pas des mêmes choses et pas pour les mêmes raisons, avec de gros malentendus entre eux. J’aime beaucoup le livre de Cristel Petitcollin qui explique (entre autres) pourquoi les zèbres ont tant de mal à papoter à la machine à café.

Qu’est-il possible de faire, si on est dans ce cas ? Si on est zèbre, peut-être arrêter d’attendre des autres des conversations super chiadées et apprécier ce qu’ils sont capables de donner. Arrêter aussi de s’embêter des heures durant à suivre le bulletin météo et la rubrique de surveillance du voisinage : s’y astreindre juste de temps en temps pour éviter d’être exclu ou perçu comme quelqu’un qui se croit mieux que les autres. Jouer le jeu social de temps en temps pour rassurer nos frères extravertis et/ou non zèbres. Par exemple, saluer tout le monde au travail/à la fac par son nom avec un sourire. Histoire que les autres voient qu’on est bizarre mais qu’on ne mort pas. Essayer de trouver un terrain d’entente, un lieu où l’on peut se rejoindre.

Je ne sais pas si cette deuxième hypothèse te parle ou non, et je ne veux pas te gêner si tu es actuellement dans un processus de réflexion sur la zébritude/la douance. Mon post est déjà très long et je ne veux pas t’assommer. En tous cas merci beaucoup à toi d’avoir partagé ton vécu et ta perception de l’art difficile de la conversation (ça me fait penser d’ailleurs à un petit livre que j’ai juste feuilleté pour le moment, mais qui est peut-être utile aux introvertis/zèbres/zèbres introvertis : https://www.amazon.fr/grand-art-petite-conversation/dp/2848995238).
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Message par Sekhemi Mar 31 Mai 2016 - 13:07

Je pense que tu as vu très juste avec ta première hypothèse. De plus, il est vrai qu'être témoin du jugement que certains portent sur d'autres, nous encourage à l'anticiper afin de bénéficier d'un effet protecteur même si dans la pratique, il ne l'est pas réellement. Cette impression de malveillance, je la ressens également. En fait, je ne dirais pas intention malveillante mais plutôt bienveillante à leur propre égard dans le sens où il y a deux solutions pour s'élever au-dessus des autres : les surpasser ou les dénigrer. Malheureusement, c'est la facilité qui est le plus souvent de mise. Maintenant, des efforts sont à fournir dans les deux cas, c'est certain.


Je me renseigne sur le sujet et essaye de rassembler bon nombre d'informations provenant d'études, sources et témoignages. Je dois avouer que je me cherche encore et j'ignore si cela est un trait principalement lié à la transition adolescence/âge adulte, à la timidité, à l'introversion ou à ce que tu viens de mentionner.

[quote="Bleuenn"]Je ne pense pas qu'il y ai de bon ou mauvais comportement. De ce que j'ai remarqué en observant les autres, ce qui fait un bon comportement, c'est qu'il est assumé, c'est naturel et les gens ne remettent pas en cause une personnalité "forte". Mais quelqu'un de fragile, qui ne s'assume pas, n'ose pas, ça laisse une faille dans laquelle les gens s'engouffrent. Je crois que la clé, c'est l'estime de soi et la confiance en soi pour oser dépasser ses limites et s'accepter comme on est.[quote]

Comme l'a dit Bleuenn, on ne remet pas en cause une personnalité qui s'assume. Sauf que la mienne est assez instable étant donné qu'elle balance entre diverses pistes et il n'est pas évident d'assumer lorsqu'on ne sait pas.
Et si cette possibilité n'était que l'effet Barnum qui me confortait dans une réponse qui porte un nom ?
J'évite et ne veux pas donner l'image de quelqu'un qui se croit mieux que les autres. D'ailleurs pour l'anecdote, j'ai acheté le live de JSF il y a quelques temps à la Fnac et ai prétexté au vendeur un cadeau pour le faire emballer et me laver du moindre soupçon de mégalomanie. Les mythes et idées reçues ont encore la tête dure à tel point que j'en avais presque honte.
A quelle période de ta vie l'as-tu appris ? Et est-ce que "savoir" t'as permis d'avancer et de t'accepter tel que tu es ?
Idem, si ces questions te sont indiscrètes, tu n'es pas obligée d'y répondre.

En tout cas, je tenais vraiment à te remercier d'avoir pris le temps de lire tous les posts aussi longs soient-ils et d'avoir pris également la peine d'y répondre et même de demander des compléments d'informations. J'ai eu bien plus que ce que j'attendais, encore merci !


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Message par Invité Mar 31 Mai 2016 - 16:12

Pour te répondre Sekhemi, j'ai eu aussi jusqu'à il y a peu cette impression d'avoir une personnalité instable parce que je suis beaucoup dans les extrêmes tout en étant ambivalente (je suis introvertie mais quand je me lâche avec mes amis, je peux rire/ faire des bêtises/ dire des bêtises comme une gamine de 5 ans; je suis très ouverte, indulgente et je m'entends généralement bien avec les gens mais quand ça ne passe pas, ça ne passe pas). J'ai fini par accepter que c'est moi, ce qui me rend unique. Je l'accepte chez les autres donc il n'y a pas de raison qu'ils ne me rendent pas la pareille et si on ne m'apprécie pas, tant pis, il reste plein de gens pour ça. Je me sens bien mieux, en tous cas.

Et si cette possibilité n'était que l'effet Barnum qui me confortait dans une réponse qui porte un nom ?
Je me suis posé la question et la douance explique les aspects de ma personnalité dont je ne trouvais pas l'origine. Ca me donne un cadre qui boucle la boucle et donne une unicité à ma personnalité. Et puis, je me suis demandé ce que ça changerait si j'apprenais que c'est une erreur de diagnostic. Ca ne changerait rien parce que je serais non plus avec une intelligence différente mais une hypersensibilité et un cheminement de pensées différentes qui n'aurait pas de nom défini, pas d'étiquette, juste "le cerveau tordu" comme je dis. Sauf que ça ne changerait rien à ce que je suis.

J'évite et ne veux pas donner l'image de quelqu'un qui se croit mieux que les autres.
A mon sens, ce n'est pas se croire mieux que les autres, c'est juste prendre conscience qu'on a des capacités et décider de ce qu'on en fait. Je prends souvent l'exemple de Mozart qui avait certainement un don naturel pour la musique. S'il n'avait pas travaillé les instruments, le solfège aurait-il été moins bien que les autres? Il aurait sans doute inventé des chansons pour ses enfants et fait de la musique avec des bouts de bois ou aurait exploré d'autres voies loin de la musique. Il est certes un génie mais pas mieux que les autres, il avait un don naturel et il a travaillé dur pour le faire fructifier, ce n'est pas son don qui le rend "génial" mais son travail acharné. Mais si ça se trouve, son jardinier qui restera un illustre inconnu était doué dans son domaine alors que lui faisait mourir les plantes rien qu'en les arrosant.
C'est pareil pour nous, si on ne fait rien de nos capacités, on n'est pas meilleurs que les autres dans un domaine précis. Mais on n'est pas mieux que les autres, j'ai une facilité en langues mais je suis nulle en maths/ physique car ça ne m'intéresse pas, je n'en vois pas l'utilité donc je ne cherche pas à comprendre. Alors oui, je suis mieux que machin en langues mais comme je suis une quiche en cuisine (le beau jeu de mots) et que lui fait des choses magnifiques, je ne suis pas meilleure que lui (si, en langues mais lui, il se débrouille en cuisine, on est quittes!).

A quelle période de ta vie l'as-tu appris ? Et est-ce que "savoir" t'as permis d'avancer et de t'accepter tel que tu es ?
Je l'ai su en seconde mais comme la psy ne m'a pas expliqué ce que ça changeait (ou la recherche n'était pas aussi pointue que maintenant donc elle ne savait pas vraiment), j'ai haussé les épaules et mis ça de côté. C'est ressorti quand j'en ai fini avec mes parents toxiques, trié ce qui était "moi" et "pas moi". J'ai eu de gros soucis au travail et je ne comprenais pas pourquoi la plupart des gens font leur boulot sans se poser de questions ni en souffrir, pourquoi je n'arrivais pas à m'adapter/ faire semblant. Pourquoi je n'ai presque pas d'amis et je m'entends bien avec les gens plus âgés ou les enfants mais les gens de mon âge ne m'intéressent souvent pas plus que ça, leurs discussions futiles et nos centres d'intérêts différents. Mais je ne pouvais plus faire semblant car je prenais confiance en moi. J'avais identifié un gros malaise au fond de moi, le sentiment d'être à part et en tapant des mots clé sur Googoole, je suis  retombée sur la notion de douance et "ah, oui, c'est vrai, il y a eu ce test que j'avais oublié". Les caractéristiques m'ont rassurée car "je ne suis pas bizarre, en fait, il y a plein de gens comme moi". A la base, je partais sur de la schizophrénie du fait de mon monde imaginaire très développé (et si ça avait été ça, ma foi, j'ai toujours vécu avec donc je m'en fichais royalement) et en fait, non.
Discuter ici m'aide beaucoup: le brassage d'idées, la relative ouverture d'esprit, l'acceptation des "bizarreries" de chacun qui sont souvent partagées, plus la lecture d'ouvrages sur le sujet me permettent de m'accepter de plus en plus comme je suis. "oui et alors? C'est moi, c'est tout, c'est comme ça". J'ai eu un faux-self très puissant qui a fini par craquer, se fissurer de toutes part, je n'ai plus cette carapace donc je n'ai pas d'autre choix que d'avancer sans cette protection.

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Message par Sekhemi Mar 31 Mai 2016 - 20:53

En parlant de "se croire mieux que les autres", je ne voulais pas donner l'impression d'une quelconque supériorité, loin de là, ni même comparer. Mais simplement dire que celui qui se cherche parce qu'il se sent différent, doit parfois sortir des sentiers communs dans l'espoir d'y trouver des éléments de réponse et donc se détacher de la majorité des gens. Il est alors perçu comme quelqu'un qui "se croit mieux que les autres" (je déteste cette expression) alors que sa démarche consistait à l'origine et avant tout à se connaître lui-même afin de peut-être mieux s'intégrer dans ce groupe qu'est la majorité et auquel il veut adhérer tout en restant fidèle à lui-même. Bien sûr qu'on a des choses à apprendre de tout le monde.

C'est pour cette raison que le savoir peut changer quelque chose, tu l'as très bien décrit. Ne plus te sentir seule, être consciente que (beaucoup) d'autres sont comme toi et avoir l'opportunité de discuter avec ouverture d'esprit. Je ne peux être qu'admirative face à quelqu'un qui est parvenu à se libérer de son faux-self et exposer ses fragilités mais aussi ses folies et son côté railleur.

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Message par 'C.Z. Mar 31 Mai 2016 - 22:13

Je vous lis depuis quelques jours et vous remercie en premier lieu de m'offrir des possibles à penser. J'apprécie la délicatesse et la sincérité du questionnement de chacun.


Pour un zèbre, bavarder de tout et de rien est une rude épreuve. C’est assommant, pénible, sans intérêt, même carrément absurde. Les sujets de conversations rebattus comme la météo sont une vraie torture. Les jeux sociaux que sont les commérages, les critiques, les « tu as vu le nouveau mec de machine ? » et les « je déteste la coupe de cheveux de truc » sont perçus comme carrément inutiles, et même malveillants dans le pire des cas.

Il me semble que ce point de vue est biaisée. Dans ce sens où selon cette idée : parce qu'une personne est surdouée, elle doit souffrir du comportement d'autrui, quand celui ci ne répond pas à ses attentes. J'aurais tendance à penser qu'il n'est de surdoué qui ne s'adapte à son environnement pour ne pas en souffrir, parce que c'est bon pour sa santé. Souffrir de la recherche de confort de l'autre quand elle est différente de la nôtre n'est pas pour moi une preuve de sagesse. Je pense qu'il est préférable de s'intéresser à son propre confort.

Je ne sais pas si je suis plus extravertie et qu'introvertie, je me vois mal, mais même si les conversations "légères" des autres ne m'intéressent pas, que j'aimerais plus de réflexion dans le discours, je sais qu'y prendre part avec gaieté provoque un double effet kiss cool : cela cimente la cohésion sociale et contribue à l'installation de comportements positifs, de bonnes habitudes.

(Après, je n'y arrive pas toujours, mais j'essaie)

En même temps, je pars d'une idée de départ subjective : qu'un surdoué apprend à se connaître pour se donner les moyens d'atteindre une certaine paix intérieure avec lui même et les autres... qu'il soit introverti ou extraverti. Que l'important c'est de ne pas souffrir de ses relations et que ça ne peut venir que de soi. (Oui, bon, d'accord, je crois à cela).

En fait, je ne pense pas qu'il soit important de se demander "pourquoi suis je ainsi ?", mais plutôt :

"Est ce que je sens bien ?
- Oui.
- Ben c'est cool alors, continue !"

"Et là ? C'est toujours le cas ?
- Non.
- Ben alors change quelque chose et n'oublie pas de refaire tourner le disque."
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Message par Etoile Cachée Mer 1 Juin 2016 - 8:25

'C.Z. a écrit:Je vous lis depuis quelques jours et vous remercie en premier lieu de m'offrir des possibles à penser. J'apprécie la délicatesse et la sincérité du questionnement de chacun.


Pour un zèbre, bavarder de tout et de rien est une rude épreuve. C’est assommant, pénible, sans intérêt, même carrément absurde. Les sujets de conversations rebattus comme la météo sont une vraie torture. Les jeux sociaux que sont les commérages, les critiques, les « tu as vu le nouveau mec de machine ? » et les « je déteste la coupe de cheveux de truc » sont perçus comme carrément inutiles, et même malveillants dans le pire des cas.

Il me semble que ce point de vue est biaisée. Dans ce sens où selon cette idée : parce qu'une personne est surdouée, elle doit souffrir du comportement d'autrui, quand celui ci ne répond pas à ses attentes. J'aurais tendance à penser qu'il n'est de surdoué qui ne s'adapte à son environnement pour ne pas en souffrir, parce que c'est bon pour sa santé. Souffrir de la recherche de confort de l'autre quand elle est différente de la nôtre n'est pas pour moi une preuve de sagesse. Je pense qu'il est préférable de s'intéresser à son propre confort.

Je ne sais pas si je suis plus extravertie et qu'introvertie, je me vois mal, mais même si les conversations "légères" des autres ne m'intéressent pas, que j'aimerais plus de réflexion dans le discours, je sais qu'y prendre part avec gaieté provoque un double effet kiss cool : cela cimente la cohésion sociale et contribue à l'installation de comportements positifs, de bonnes habitudes.

(Après, je n'y arrive pas toujours, mais j'essaie)

En même temps, je pars d'une idée de départ subjective : qu'un surdoué apprend à se connaître pour se donner les moyens d'atteindre une certaine paix intérieure avec lui même et les autres... qu'il soit introverti ou extraverti. Que l'important c'est de ne pas souffrir de ses relations et que ça ne peut venir que de soi. (Oui, bon, d'accord, je crois à cela).

En fait, je ne pense pas qu'il soit important de se demander "pourquoi suis je ainsi ?", mais plutôt :

"Est ce que je sens bien ?
- Oui.
- Ben c'est cool alors, continue !"

"Et là ? C'est toujours le cas ?
- Non.
- Ben alors change quelque chose et n'oublie pas de refaire tourner le disque."

Tu as raison 'C.Z, j'ai sans doute trop généralisé mon vécu du papotage social et ça en a biaisé mon analyse. En fait, je n'ai absolument aucune attente chez l'autre. Quand je rencontre quelqu'un,  je ne me demande pas si c'est son confort ou le mien qui va l'emporter. J'essaie d'être ouverte à ce qui peut se construire dans la conversation. Mais je remarque aussi qu'avec certaines personnes, je ne suis là que pour renvoyer la balle poliment,  parce qu'il n'y a pas de partage possible. J'ai constaté que, même si je fais de mon mieux pour leur répondre avec entrain, je ne suis pas une bonne interlocutrice pour ces personnes. Elles attendent de moi que je lance des "C'EST PAS VRAI!" Et autres marques de violent intérêt,  mais je n'arrive guère à feindre l'enthousiasme si le sujet est trop plat et me contente de polis "ah oui, tu manques de fer en ce moment?", "oui, c'est dommage que la coiffeuse ait raté ta coupe", etc... (en fonction de la situation,  hein, je suis quand même pas inapte à ce point là Razz ). Ce qui m'amuse, c'est que, lorsque quelqu'un d'autre entre dans la discussion,  mon interlocuteur s' accroche à cette personne comme à une bouée,  et parfois même raconte de nouveau sa petite histoire,  dans l'espoir de produire ENFIN l'effet adéquat.

Dans une situation duelle, c'est déjà un peu compliqué,  du coup, surtout avec les gens qui adorent parler de leur vie ou raconter celle des autres. Lorsque la personne a un métier ou un passe temps dont elle est capable de parler avec passion, ça stimule mon intérêt et je peux assumer cette relation même si elle est à sens unique. Mais lorsque tout est plat, que les banalités s' enchainent, je ne suis plus qu'un mur qui sert à faire rebondir la balle. Et je m'ennuie.

Ça se complique encore si on est en groupe, genre discussion dans un bar avec tous les collègues ou repas de famille. Et là,  pour moi, c'est vraiment la torture. Même si j'apprécie les personnes individuellement,  en groupe, je trouve qu'elles se revêtent systématiquement de leur masque social, et ça annihile presque totalement tout espoir pour moi de passer un bon moment. Les répliques fusent, les sujets sont balayés les uns après les autres sans avoir été approfondis, le brouhaha ambiant, les rituels immanquables du genre "qu'est ce que tu deviens, toi?"sans véritable intérêt pour la réponse, les gens se coupent la parole, etc...voila les ingrédients d'une soirée dont je mets plusieurs jours à me remettre,  en général,  épuisée par l'effort.
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Message par Etoile Cachée Mer 1 Juin 2016 - 11:47

Sekhemi a écrit:Je pense que tu as vu très juste avec ta première hypothèse. De plus, il est vrai qu'être témoin du jugement que certains portent sur d'autres, nous encourage à l'anticiper afin de bénéficier d'un effet protecteur même si dans la pratique, il ne l'est pas réellement. Cette impression de malveillance, je la ressens également. En fait, je ne dirais pas intention malveillante mais plutôt bienveillante à leur propre égard dans le sens où il y a deux solutions pour s'élever au-dessus des autres : les surpasser ou les dénigrer. Malheureusement, c'est la facilité qui est le plus souvent de mise. Maintenant, des efforts sont à fournir dans les deux cas, c'est certain.


Oui, tu as raison de tempérer le mot "malveillance"; je l'ai choisi faute de mieux. En fait je voulais exprimer mon malaise face aux commérages qui souvent, sous couvert de donner innocemment des nouvelles des uns et des autres, tournent au règlement de compte ou, plus simplement, à la critique mesquine. Il y a sans doute un vieux réflexe de protection dans le fait de dénigrer les autres. Il s'agit souvent, probablement, de se rassurer en se disant "je fais mieux que lui" ou "je suis mieux que ça". Ce n'est pas glorieux, mais comme tu le dis, c'est plus facile que de se battre pour dépasser ses propres limites. Je ne pense pas que les gens  soient, dans l'ensemble, mal intentionnés. Plutôt indifférents, avec une ouverture d'esprit variable qui les pousse parfois au rejet et à la critique, parfois à la curiosité bienveillante.


Sekhemi a écrit:Je me renseigne sur le sujet et essaye de rassembler bon nombre d'informations provenant d'études, sources et témoignages. Je dois avouer que je me cherche encore et j'ignore si cela est un trait principalement lié à la transition adolescence/âge adulte, à la timidité, à l'introversion ou à ce que tu viens de mentionner.


Je ne sais pas si ça va te rassurer ou te déprimer, mais moi aussi je me cherche encore^^ (et j'ai quelques années de plus que toi).

Sekhemi a écrit: Comme l'a dit Bleuenn, on ne remet pas en cause une personnalité qui s'assume. Sauf que la mienne est assez instable étant donné qu'elle balance entre diverses pistes et il n'est pas évident d'assumer lorsqu'on ne sait pas.
Et si cette possibilité n'était que l'effet Barnum qui me confortait dans une réponse qui porte un nom ?

Dans ce cas, il faudrait que ton effet barnum m'ait contaminée sans même que tu évoques dans ce topic tes questionnements spécifiques sur la douance^^. Cela me semble un peu tiré par les cheveux. Sérieusement, je peux comprendre tes doutes et ta réserve, ils font partie de la découverte de soi, quelle que soit la "réponse". Je ne veux pas en dire trop, parce que tu te trouves dans une phase où il faut souvent du temps pour examiner ce qu'on ressent par rapport aux diverses informations qu'on reçoit. C'est, à mes yeux, un véritable cheminement que chacun fait à son rythme.

Sekhemi a écrit:J'évite et ne veux pas donner l'image de quelqu'un qui se croit mieux que les autres. D'ailleurs pour l'anecdote, j'ai acheté le live de JSF il y a quelques temps à la Fnac et ai prétexté au vendeur un cadeau pour le faire emballer et me laver du moindre soupçon de mégalomanie. Les mythes et idées reçues ont encore la tête dure à tel point que j'en avais presque honte.

J'avoue, j'ai rigolé à ton anecdote, elle m'a amusée et surtout attendrie. C'est vrai qu'il n'est pas facile d'assumer le fait d'être un zèbre, et c'est encore plus dur d'oser se demander si on en est un (parfois, même s'avouer à soi-même qu'on ose envisager l'idée est compliqué). Il y a en effet beaucoup de préjugés là-dessus, et je préfère, pour ma part, n'en parler qu'a des personnes très proches.

Sekhemi a écrit:A quelle période de ta vie l'as-tu appris ? Et est-ce que "savoir" t'as permis d'avancer et de t'accepter tel que tu es ?
Idem, si ces questions te sont indiscrètes, tu n'es pas obligée d'y répondre.

Je l'ai appris il y a deux ans et quelques mois. Une psy m'a conseillé de passer le test car j'étais vraiment bloquée sur un problème, et elle trouvait que ma façon de réagir à ce problème était assez typique des hpi. J'ai donc passé le test quelque temps après. Je crois que j'ai eu de la chance d'être en quelque sorte "reconnue" hpi par ma psy avant même le test. Je culpabilisais moins d'oser croire que j'étais peut-être plus intelligente que la moyenne, je me protégeais derrière les assomptions de ma psy.  

Le fait de savoir m'a soulagée d'un grand poids. Cela m'a aussi donné plus de liberté: j'ose plus suivre ma voie qu'avant. J'ose davantage envoyer balader des choses qui ne me conviennent pas. Donc oui, je dirais que le fait de savoir m'a permis d'avancer et de m'accepter.
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Message par 'C.Z. Mer 1 Juin 2016 - 12:02

Je comprends ton point de vue (Etoile cachée), je comprends la lassitude que cela provoque chez toi, mais je ne peux pas voir les choses de la même manière, parce que je ressens un tel besoin d’interagir avec l'autre que j'angoisse à l'idée de ne pas y arriver. C'est certainement de la dépendance affective, alors je m'encourage à la dépasser pour mon confort et celui de l'autre... Mais comment ? Cela tourne souvent à la bataille contre moi même, à l'angoisse de ne pas savoir quoi dire ou de dire quelque chose qui agace.

En fait, je suis de l'autre côté de la barrière. Je suis celle qui veut établir une communication, mais qui ne sait pas quoi dire, parce que je sais que les banalités gavent ceux avec qui je veux communiquer, je sais que mon besoin de reconnaissance les saoule d'avance, et pourtant j'ai besoin d'exprimer mes frustrations pour en prendre conscience et lâcher prise, j'ai besoin de dire mes petites victoires et de voir l'autre sourire et m'encourager sur ces voies.

Je me rends bien compte que ce besoin de reconnaissance passe généralement par l'ignorance de ce que l'autre a besoin de communiquer... Et je n'arrive pas à l'ignorer, je n'arrive pas à ignorer que ces besoins sont les miens et pas les siens, je n'arrive pas à me faire passer en premier. Du coup, je me tais, ou alors je sors un truc maladroit et je me dis "et merde, mais putain, pourquoi est ce que je ne ferme pas ma gueule ?"

Je pense que c'est ton indépendance affective qui fait que ces conversations te gavent, plus que leur sujet. Tu ne ressens pas le besoin que l'autre participe à la construction de ton confort psychique. J'aimerais bien en dire autant en fait, mais je ne peux pas et je ne dois pas me blâmer d'être ce que je suis.

Depuis quelques temps, j'ai un pote avec qui j'aimerais être amie et il est comme toi, indépendant, mais je suis comme moi. La richesse de son monde intérieur me donne envie de développer le mien pour le partager avec lui. Il me rend l'appétit perdu. Je passe le voir chez lui, je m'incruste pendant qu'il regarde ses séries après le boulot, je lui taxe une bière, m'installe dans un fauteuil et me tais plutôt que de dire de la merde. Lui ne ressent pas le besoin de parler. Il ne change pas ses plans parce que je suis là.

J'aurais peut être des choses intéressantes à dire, mais ma peur s'élève comme un brouillard dans mon esprit et je ne trouve pas. Pour l'instant, j'essaie de lâcher prise et me détendre dans ce silence en me disant que ma présence ne lui déplaît pas puisqu'il l'accepte et que la sienne me suffit puisque c'est le cas. J'ai encore beaucoup de mal à vivre dans ces instants et mon esprit part continuellement dans des fantasmes de conversations, des fantasmes tout court. Je passe mon temps à perdre le fil de l'instant présent et à le raccrocher. Paradoxalement, j'aime ces instants qui me poussent à me dépasser. J'essaie d'avoir foi en moi, d'être patiente avec moi même, j'aimerais tellement qu'avec cette patience j'arrive à établir une communication qui nous mette dans le confort. J'avoue, j'aimerais que l'idée de parler avec moi lui donne envie.

Cela a-t-il du sens ? Est-ce que je ne me fais pas plus de mal que de bien ? Souhaite-t-il seulement mon amitié ? Je n'en sais rien. Il est indépendant, il n'a pas besoin de moi. Je ne veux pas avoir besoin de lui, j'aimerais juste exister avec lui sans me poser de questions, sans douter du plaisir qu'il aurait à échanger avec moi.

Pour en revenir à ce que tu dis, oui, il y a des trucs qui me gavent aussi dans les conversations en général. Déjà avec les collègues, pas parce que leur conversation ne m'intéresse pas, mais parce que je ne veux pas partager mon monde intérieur avec eux. Je n'ai que des conversations légères avec eux parce que je ne veux pas qu'ils entrent dans ma vie, ça serait de trop. Je compartimente parce que je ne saurais pas gérer. C'est déjà bien assez épuisant pour moi d'appréhender le partage de mon monde intérieur avec deux ou trois personnes dans ma vie. Alors je passe pour une indépendante au travail, je passe peut être même pour quelqu'un qui se la pète, mais c'est un masque pour me protéger.

Pour ce qui est des conversations de groupe, je suis un peu comme toi. En général, j'arrive à décocher quelques plaisanteries en arrivant, mais très vite la platitude de tout cela me fait taire et quand j'aimerais approfondir quelque chose, ce n'est pas le cas des autres et ça me frustre. J'apprends à lâcher cette frustration pour ne pas en souffrir, mais c'est vrai que c'est fatiguant.

Bref, j'essaie de me mettre à la place de l'autre pour trouver une zone de confort commune. Ce n'est pas facile et je vois bien que l'autre ne se pose même pas la question, mais j'apprécie l'ignorance qu'il a de ses propres motivations à s'exprimer, car je l'envie.

Je crois que les moments où je me sens le mieux en groupe, sont quand je suis légèrement en retrait et que je les écoute exister. J'entends leurs échanges, leurs rires, leurs émotions, leurs sentiments, leur passion, je souris du plaisir qu'ils ont à vivre sans se poser de question, je me délecte de ce désir d'exister qu'ils communiquent sans y penser. Je trouve ça beau. J'aime ces moments où je lâche prise, mais je n'y arrive pas tout le temps.


Dernière édition par 'C.Z. le Mer 1 Juin 2016 - 16:03, édité 7 fois (Raison : maniaquerie)
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Message par 'C.Z. Mer 1 Juin 2016 - 12:12

Désolée de dévier du sujet pour parler de ma petite personne Pété de rire
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Message par Etoile Cachée Mer 1 Juin 2016 - 12:44

'C.Z. a écrit:Désolée de dévier du sujet pour parler de ma petite personne Pété de rire

Au contraire, merci pour ton message! Il est tellement hyper super que je veux prendre le temps de te répondre comme il se doit. J'espère que je ne t'ai pas blessée par ce que j'ai écrit. Je voudrais préciser quelque chose d'important avant de te répondre en détail. Une personne qui ouvre son coeur pour parler de ses frustrations et de ses petites victoires n'est jamais, à mes yeux, dans la banalité. Ça me rend triste de penser que tu puisses te retenir de les partager,  alors que tu en as besoin,  de peur d'être rejetée.

A très bientôt pour discuter en profondeur de ce que tu as apporté!
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Message par 'C.Z. Mer 1 Juin 2016 - 12:58

[quote="Etoile Cachée"]
'C.Z. a écrit: J'espère que je ne t'ai pas blessée par ce que j'ai écrit.

Au contraire ! Tu me donnes l'occasion d'explorer ma manière de voir et de constater que même si elle est différente, elle est accueillie avec bienveillance comme ni bonne, ni mauvaise, mais autre Wink
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Message par Etoile Cachée Jeu 2 Juin 2016 - 15:17

Tout d'abord, merci beaucoup 'C.Z. pour ton message qui m'a beaucoup fait cogiter. J'ai essayé d'y répondre de mon mieux en fonction de ce qu'il m'évoquait, mais je tiens à préciser que ce que je dis reste toujours des suppositions et non des affirmations.

'C.Z. a écrit:Je comprends ton point de vue (Etoile cachée), je comprends la lassitude que cela provoque chez toi, mais je ne peux pas voir les choses de la même manière, parce que je ressens un tel besoin d’interagir avec l'autre que j'angoisse à l'idée de ne pas y arriver.

Oui, je comprends que ton point de vue soit différent du mien si l'intensité de ton besoin est si forte et impérieuse. Mon besoin de l'autre existe, mais il ne me fait pas souffrir, car il est comblé par des actes minimes qui ne me demandent pas beaucoup d'efforts.

'C.Z. a écrit:C'est certainement de la dépendance affective, alors je m'encourage à la dépasser pour mon confort et celui de l'autre...Mais comment ? Cela tourne souvent à la bataille contre moi même, à l'angoisse de ne pas savoir quoi dire ou de dire quelque chose qui agace.

Pardonne-moi, mais je voudrais te conseiller d'éviter de te juger toi-même avec des mots aussi durs. Tu l'as peut-être lu dans les messages précédents, j'ai beaucoup utilisé cette attitude très sévère envers moi-même, mais finalement ça sert davantage à m'enfoncer qu'à m'aider. Ceci dit, il est tout de même intéressant d'avoir des concepts à sa disposition pour alimenter sa réflexion sur ce qui ne va pas. Je peux comprendre que tu cherches à définir ce qui se passe en toi, et à ce titre il serait sans doute intéressant que tu puisses lister ce qui, dans le concept de "dépendance affective" correspond à ton vécu. Mais si cela te conduit à construire une image négative de toi-même dans laquelle tu es impuissante et destinée à souffrir, c'est vraiment dommage.

Par ailleurs, il semble que tu considères ton attitude envers les autres comme "incorrecte" ou "mauvaise", et tu cherches à la modifier, au prix de beaucoup de souffrances. Es-tu sûre que ça en vaut la peine? Si tu luttes contre tes propres besoins, comme ce sont des besoins et non de simples désirs, ils vont revenir t'exploser dans la figure. Chercher à les combattre ou à les ignorer, c'est préparer de nouvelles souffrances, et peut-être aussi réduire à néant tes si grands efforts.

C'est intéressant que tu dises que tu recherches le confort en luttant contre ton inclination naturelle. Est-ce que ça veut dire que tu as toujours souffert dans ta relation à l'autre? Te sens-tu dans la "dépendance" avec tout le monde, tout le temps? Est-ce que ton besoin de relation n'a jamais été bénéfique pour toi, par exemple en te permettant de créer des liens sécurisants/porteurs/stimulants? Ton élan vers l'autre est-il toujours marqué par la souffrance?

'C.Z. a écrit:En fait, je suis de l'autre côté de la barrière. Je suis celle qui veut établir une communication, mais qui ne sait pas quoi dire, parce que je sais que les banalités gavent ceux avec qui je veux communiquer, je sais que mon besoin de reconnaissance les saoule d'avance, et pourtant j'ai besoin d'exprimer mes frustrations pour en prendre conscience et lâcher prise, j'ai besoin de dire mes petites victoires et de voir l'autre sourire et m'encourager sur ces voies.

Merci de me montrer la vue, de ton côté de la barrière sunny
A te lire, on dirait que tu ne fréquentes que de lourds introvertis ou que des zèbres trop occupés dans leur propre monde pour te donner une véritable attention. Peut-être que ton besoin d'expression ne s'exprime qu'avec ce type de personnes? Que tu comptes spécifiquement sur ces personnes pour te reconnaître, te réassurer? Comme si tu leur voyais un pouvoir particulier, comme si tu leur faisais confiance en raison d'un élément mystérieux pour former de toi une image plus juste que celle que tu as de toi-même. On dirait que tu mets ces gens sur un piédestal, et que tu te tords le cou pour les regarder d'en bas d'un petit trou dans lequel tu es coincée. Si tu pouvais définir la raison pour laquelle tu t'es mise en-dessous de ces gens, tu pourrais peut-être aller vers eux avec moins de souffrance?

Serait-il possible que tu aies vécu plusieurs fois dans ta vie des relations très asymétriques, dans lesquelles tes besoins d'affection et d'attention étaient sévèrement bafoués ou réprimés? Des relations dans lesquelles tu n'étais pas autorisée à avoir besoin de quoi que ce soit? Où tu as fini par te dire que tu étais un poids pour l'autre, et où tu as appris à t'écraser pour ne pas te faire rejeter? Si c'est le cas, ton parcours ressemble un peu à celui d'un introverti "typique". On y reconnait un phénomène de retrait douloureux, une blessure de rejet après avoir tenté d'offrir à l'autre les fruits de ton cœur ou de ton esprit, et que ces cadeaux aient été jugés inadéquats, sans valeur, bizarres, gênants, ou autre.

A propos de ce qui se joue dans la rencontre avec l'autre, je pense que l'intérêt d'une discussion, à mes yeux, est de partager quelque chose, peu importe quoi. On peut partager de l'affection, des informations, des idées, le bien-être de l'instant présent, de la chaleur, des émotions...

Je décroche des conversations lorsque je sens que rien n'est partagé. C'est-à-dire que mon interlocuteur ne cherche ni à donner ni à recevoir, il se sert de moi comme d'un public devant lequel il fait son show, il parle tout seul pour se prouver à lui-même comme il est intéressant...de même, si mon interlocuteur ne m'écoute pas, ne m'accorde pas d'attention, je sais que l'espace mental commun n'est pas présent et qu'il sera difficile de créer quelque chose. Je crois que c'est ça, en fait, que je cherche: une rencontre mentale et émotionnelle qui permet à un espace virtuel commun d'exister pour quelques instants. Le fait que moi et l'autre personne allons créer un artefact mental unique, puisqu'il sera le fruit de deux individus uniques à un moment unique. Peu importe de quoi sera fait l'artefact, du moment qu'il est créé. Voilà pourquoi je ne peux pas m'intéresser à un bavardage purement social: de par sa nature même, il va suivre les conventions. Il sert à maintenir le statut quo et non à permettre une expérience de pensée. Il faudrait que j'apprenne à mélanger bavardage social et création d'artefacts, peut-être?

Bon, tout ceci pour te dire que si tu vas vers les autres avec le désir de partager quelque chose d'aussi personnel et unique que tes frustrations ou tes victoires, et en recherchant une réponse de la part de l'autre, je ne vois pas en quoi tu risquerais le moins du monde de dire des banalités. Et si en face tu ne reçois qu'indifférence, lassitude ou rejet, je crois que la question n'est pas forcément du côté de l'introversion de ton interlocuteur, mais de la valeur réelle de la relation. Est-ce que ça vaut le coup de créer un lien avec quelqu'un qui n'est pas dans la réciprocité?

'C.Z. a écrit:Je me rends bien compte que ce besoin de reconnaissance passe généralement par l'ignorance de ce que l'autre a besoin de communiquer... Et je n'arrive pas à l'ignorer, je n'arrive pas à ignorer que ces besoins sont les miens et pas les siens, je n'arrive pas à me faire passer en premier. Du coup, je me tais, ou alors je sors un truc maladroit et je me dis "et merde, mais putain, pourquoi est ce que je ne ferme pas ma gueule ?"

Je pense qu'on retrouve cette question de donner et de recevoir, et j'ai une impression d'asymétrie fondamentale dans ce que tu te sens le droit de donner et de recevoir par rapport à ton interlocuteur. Je commence même à être un peu inquiète pour toi, il me semble que des gens peu scrupuleux peuvent facilement profiter de ce manque d'équilibre. Sans compter ta dernière phrase et la croyance très négative sur toi-même qu'elle laisse transparaître.

'C.Z. a écrit:Je pense que c'est ton indépendance affective qui fait que ces conversations te gavent, plus que leur sujet. Tu ne ressens pas le besoin que l'autre participe à la construction de ton confort psychique. J'aimerais bien en dire autant en fait, mais je ne peux pas et je ne dois pas me blâmer d'être ce que je suis.

Oui, tu as tout à fait raison, dans le sens où je vois les discussions comme une cerise sur le gâteau (dans le meilleur des cas: dans le pire, c'est une crotte de nez sur un furoncle^^) mais pas comme un besoin (du moins si mes besoins émotionnels sont remplis par ailleurs). Mon confort psychique ne vient pas, pour la plus grande partie, de ce que les autres me renvoient. Peut-être que c'est ce qui fait de moi une introvertie hardcore? Ou peut-être que j'ai appris à me passer de l'approbation des autres, à force de ne pas l'obtenir? Je ne sais pas. Tu as raison en tous cas de ne pas te blâmer d'être comme tu es.

'C.Z. a écrit:Depuis quelques temps, j'ai un pote avec qui j'aimerais être amie et il est comme toi, indépendant, mais je suis comme moi. La richesse de son monde intérieur me donne envie de développer le mien pour le partager avec lui. Il me rend l'appétit perdu.

Mention spéciale à Sekhemi: tu vois que les qualités des introvertis sont précieuses Smile !

Je trouve ça super de vouloir renouer avec ton monde intérieur, t'y reconnecter de donnera des forces.

'C.Z. a écrit:Je passe le voir chez lui, je m'incruste pendant qu'il regarde ses séries après le boulot, je lui taxe une bière, m'installe dans un fauteuil et me tais plutôt que de dire de la merde. Lui ne ressent pas le besoin de parler. Il ne change pas ses plans parce que je suis là.

J'aurais peut être des choses intéressantes à dire, mais ma peur s'élève comme un brouillard dans mon esprit et je ne trouve pas. Pour l'instant, j'essaie de lâcher prise et me détendre dans ce silence en me disant que ma présence ne lui déplaît pas puisqu'il l'accepte et que la sienne me suffit puisque c'est le cas. J'ai encore beaucoup de mal à vivre dans ces instants et mon esprit part continuellement dans des fantasmes de conversations, des fantasmes tout court. Je passe mon temps à perdre le fil de l'instant présent et à le raccrocher. Paradoxalement, j'aime ces instants qui me poussent à me dépasser. J'essaie d'avoir foi en moi, d'être patiente avec moi même, j'aimerais tellement qu'avec cette patience j'arrive à établir une communication qui nous mette dans le confort. J'avoue, j'aimerais que l'idée de parler avec moi lui donne envie.

Cela a-t-il du sens ? Est-ce que je ne me fais pas plus de mal que de bien ? Souhaite-t-il seulement mon amitié ? Je n'en sais rien. Il est indépendant, il n'a pas besoin de moi. Je ne veux pas avoir besoin de lui, j'aimerais juste exister avec lui sans me poser de questions, sans douter du plaisir qu'il aurait à échanger avec moi.

Parfois il y a des conversations silencieuses qui sont très agréables entre deux personnes proches...si vous êtes tous les deux dans le partage d'un bien-être commun, d'une tranquillité, ça peut être une belle relation.

J'ai cependant quelques réserves, parce qu'on dirait que tu l'as installé dans un statut supérieur au tien d'emblée. C'est comme si tu partais avec l'idée que tu es indigne de lui; tu m'étonnes que tu aies la pression pour parler, dans ce cas! Pour aller encore plus loin, la façon dont tu te décris m'évoque une personne transie d'admiration devant quelque chose d'idéalisé et d'inatteignable. Il y a à mes yeux une grande asymétrie dans votre relation. Pardonne-moi si je suis trop crue, mais pourrait-il y avoir une part de projection dans ton attachement à cette personne? Ne lui attribues-tu pas les qualités que ton Moi "idéal" souhaiterait avoir? Ou bien les qualités de personnes qui ont été très importantes pour toi dans le passé mais qui ne t'ont jamais reconnue à ta juste valeur? Ce ne sont que des hypothèses, évidemment, mais j'ai une perception assez troublante de schéma "appris" au fil d'aventures douloureuses...

Pour être plus dans le concret, je crois qu'à ta place je tenterais une approche un peu frontale pour éviter de me torturer par le doute: "J'aime rester avec toi, mais toi, peut-être que ça t'emmerde? Ne réponds pas "non" juste pour être poli ou me faire plaisir: moi, ce qui me ferait plaisir, ce serait d'avoir un lien avec toi." Si ça se trouve il va complètement tomber des nues. Il est peut-être en train de psychoter tout seul, en se demandant pourquoi une fille aussi géniale que toi reste auprès d'un gros blaireau comme lui incapable d'aligner deux phrases? Peut-être qu'il croit que tu veux juste de la bière^^?

'C.Z. a écrit:Pour en revenir à ce que tu dis, oui, il y a des trucs qui me gavent aussi dans les conversations en général. Déjà avec les collègues, pas parce que leur conversation ne m'intéresse pas, mais parce que je ne veux pas partager mon monde intérieur avec eux. Je n'ai que des conversations légères avec eux parce que je ne veux pas qu'ils entrent dans ma vie, ça serait de trop. Je compartimente parce que je ne saurais pas gérer. C'est déjà bien assez épuisant pour moi d'appréhender le partage de mon monde intérieur avec deux ou trois personnes dans ma vie. Alors je passe pour une indépendante au travail, je passe peut être même pour quelqu'un qui se la pète, mais c'est un masque pour me protéger.

La pudeur m'émeut et je me sens souvent un lien fort avec les personnes discrètes.

'C.Z. a écrit:Pour ce qui est des conversations de groupe, je suis un peu comme toi. En général, j'arrive à décocher quelques plaisanteries en arrivant, mais très vite la platitude de tout cela me fait taire et quand j'aimerais approfondir quelque chose, ce n'est pas le cas des autres et ça me frustre. J'apprends à lâcher cette frustration pour ne pas en souffrir, mais c'est vrai que c'est fatiguant.

Bref, j'essaie de me mettre à la place de l'autre pour trouver une zone de confort commune. Ce n'est pas facile et je vois bien que l'autre ne se pose même pas la question, mais j'apprécie l'ignorance qu'il a de ses propres motivations à s'exprimer, car je l'envie.

Oui, je pense que nous avons des vécus assez similaires sur les situations de groupe.

'C.Z. a écrit:Je crois que les moments où je me sens le mieux en groupe, sont quand je suis légèrement en retrait et que je les écoute exister. J'entends leurs échanges, leurs rires, leurs émotions, leurs sentiments, leur passion, je souris du plaisir qu'ils ont à vivre sans se poser de question, je me délecte de ce désir d'exister qu'ils communiquent sans y penser. Je trouve ça beau. J'aime ces moments où je lâche prise, mais je n'y arrive pas tout le temps.

Tu as réussi à décrire avec acuité quelque chose que je ressens dans mes bons jours et que je trouve aussi très beau: merci!
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Message par 'C.Z. Ven 3 Juin 2016 - 20:46

Je vais me permettre de te répondre en MP Etoile Cachée Very Happy
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Message par Etoile Cachée Ven 3 Juin 2016 - 21:11

'C.Z. a écrit:Je vais me permettre de te répondre en MP Etoile Cachée Very Happy

Bien sûr, avec plaisir! Wink
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