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Message par Rose Noire (Georgio) Mar 26 Juil 2016 - 23:03

Bien le bonjour à tous et à toutes,
je vais profiter de mon investissement maintenant casi quotidien sur ce forum pour rédiger, chaque jour, mes petits états d'âmes sous forme de journal intime. Sa fonction principale sera cathartique vis à vis de ce que je vis tous les jours, mon  rapport au monde, à ma famille, à mes amis, mais également de permettre une potentielle identification à certains membres de ce forum, qui pourront se reconnaître dans ma détresse quotidienne. L'indicateur "J-..." correspondra au nombre de jours me restant jusqu'à obtenir un examen médical censé remédier à ce malheur qui fait mon quotidien. Il est l'espoir d'une vie meilleur, le fil conducteur qui me permet de ne pas sombrer dans les affres sanglotantes de mon coeur.
Je vous souhaite à tous, et à toutes, une excellente lecture, vous mes zèbres qui seront à même d'exploiter votre fonction emphatique pour comprendre que parfois, un grand malheur a des causes, et que dans mon cas, ces causes dépassent bien la compréhension commune.
Rose Noire.

J-53
Plus que 53 jours avant de redécouvrir le monde. Plus que 53 jours avant de pouvoir m'envoler, m'échapper de cette cage, cette cage qu'est le syndrome qui m'a atteint, insidieusement, comme un serpent qui viendrait vous croquer dans votre sommeil. Une cage d'angoisse, une cage d'incompréhension. Une cage de peur, de doute, de sueurs et de pleurs (plus vraiment maintenant, mes larmes sont comme l'amour qui jadis, comme une rivière, coulait dans mon coeur. Aujourd'hui la rivière est tarie, et les larmes ont donné place à un mutisme douloureux, tellement douloureux).
53 jours avant d'être sûr, et de laisser de côté mes doutes et mes souffrances, sans jamais les oublier, pour toujours me rappeller qu'un jour j'ai souffert, et d'élever cette souffrance passée au rang de force indomptable, pour me permettre d'assouvir mes désirs et mes ambitions dans cette vie, dans ce monde.
53 jours avant de pouvoir rassurer mes parents, qui se font un sang d'encre, 53 jours avant de leur prouver que j'ai pas un dérèglement psychologique, et que je n'aurai pas besoin d'être interné. 53 jours pour retrouver la force et la confiance en moi comme en eux.
Et enfin, 53 jours avant d'entamer un lent processus de "remonter la pente" pour moi, ma famille et mes amis. Des amis qui n'ont pas toujours été là, au même titre que ma famille. 53 jours pour briser le silence et la solitude.
53 jours pour être heureux. 53 jours pour vivre mieux.

J-52
Comme prévu, mes parents ne peuvent pas accepter ce fait. Très angoissés, ils ont tellement de mal à accepter que la vie est simple, belle, et qu'elle vaut tellement la peine d'être vécue. Ils me mettent une pression incroyable sur mes épaules pour ma rentrée future en Septembre, mais n'arrivent pas à admettre que je n'arrive même pas à trouver une quiétude intérieure en vacances, alors comment pourrait-il comprendre que ma préoccupation est due à l'instant présent? Qu'il est impossible pour moi de me projeter plus loin que le bout de mon nez? Comment leur faire comprendre que la vie a perdu son goût, sa beauté, son toucher? Comment leur faire comprendre que ce n'est pas un trouble psychologique qui en est la cause, mais qu'il en est la conséquence?
J'aimerais qu'ils me laissent tranquille, qu'ils comprennent que je souffre, au plus profond de moi, de ne pas pouvoir VIVRE tout simplement. Qu'ils me soutiennent, qu'ils me rassurent et me disent "On te sent fiston. Si tu penses avoir trouvé une solution, alors fonces".
Trop sceptiques, ils remettent en cause ma parole, et me font douter plus que nécéssaire. Je doute déjà assez de mon côté. Je n'ai pas besoin d'une couche supplémentaire sur les épaules. J'étouffe.
D'un point de vue physique, toujours pas d'amélioration. Je me suis réveillé dans un brouillard lourd ce matin, les jambes douloureuses, encore contractées de la nuit. Mal au crâne aussi. Mais bon, je commence à être habitué depuis le temps. J'ai l'impression de pouvoir toucher mon mal-être du doigt, mais l'incapacité de pouvoir le faire changer m'angoisse terriblement. Je subis ma vie, et je ne trouve pas de solutions afin d'apaiser les symptômes. Je souffre en silence. Je me bats pour ne pas lâcher prise. Je me bats, tous les jours silencieusement.
Heureusement mon meilleur ami est là pour moi, et il me croit, et me soutient. Il me tape dans le dos, me frotte un bon coup, et ça me fait du bien. Un peu de chaleur humaine, un petit contact physique bienveillant, ça me fait du bien. Mon père, je voudrais que tu puisses en faire autant.
52 jours d'espoir pour que les choses changent. 52 jours de doutes. 52 jours de souffrance.

J-51
Je suis un peu rassuré. On a pu discuter avec mes parents, et même si ça a été dur, j'ai l'impression qu'ils m'ont entendus. J'ai rdv chez ma psy avec eux vendredi, j'appréhende un peu, et j'ai très peur qu'on me dise que j'ai un souci psychiatrique.
Ils sont d'accord pour penser à un plan B vis à vis de mes études, et seraient près à m'accorder une année de plus pour que je puisse suivre les soins avec ponctualité et efficacité. Ça me rassure, et ça me détend.
J'écoute beaucoup de musiques en ce moment, des jolies musiques, souvent sans paroles. Je les stockent toutes dans des playlists youtube, un peu comme si je me préparais au jour de la "rédemption". De ce fameux jour ou je pourrai aller dans la rue, et marcher la tête droite, avec ces musiques dans les oreilles, et une cigarette fraîchement roulée dans ma main droite.
Quand je prend du recul, et que je repense à ces 3 années que j'ai vécues, je me dis qu'avoir trouvé une solution potentielle c'est déjà quelque chose. Mais ces 3 années ont été tellement difficiles que je viens à en douter...Est-ce que ça va être la solution escomptée? Je dois m'y résoudre, et ne pas penser à la potentialité d'un problème annexe. Il faut que je garde espoir.
51 jours...c'est pas long mais pourtant c'est si long. Les jours passent et se ressemblent, avec leurs lots d'émotions. Mais d'un point de vue mécanique, ça stagne encore et toujours. Je ne vois pas clair, j'ai encore mal aux jambes. J'ai du mal à agencer mes idées, à me relire, à lire tout court d'ailleurs, même si ça marche plutôt bien quand je me concentre. Mais il faut que je me concentre beaucoup.
La vie telle que je la vie aujourd'hui c'est un peu comme si j'avais perdu tous les automatismes qui font de la vie ce qu'elle est. La lecture, la posture, les sens etc...Imaginez-vous une vie sans goût, sans odeur, sans beauté. Une vie sans cohérence spatiale, une vie hachée. Une vie sans plaisirs, une vie sans découvertes...
Ce n'est pas aussi extrême bien sûr, il existe quand même des goûts et des couleurs, et des odeurs, mais qui sont tellement éloignées de l'intensité à laquelle je tendais avant ces 3 années.
Ma théorie est que le port d'un appareil dentaire à complètement faussé mon système proprioceptif et que je m'en retrouve là aujourd'hui.
Enfin bref, il me reste 51 jours avant d'être fixé. J'espère qu'ils passeront vite.

J-50 10h57
Je viens de piquer une colère énorme: j'ai voulu jouer à un jeu vidéo en ligne ce matin. Je me suis fait rouler dessus, ça m'a mis dans un état de colère incroyable. J'ai fini par mes mettre des baffes, et de frapper ma tête sur l'annuaire du bureau.
J'en ai marre, tellement marre. Le pire c'est pas de pas y arriver, c'est d'être conscient de ça. Comme si il y avait le moi qui joue, et le moi qui observe le joueur. C'est un peu une séparation entre le corps et l'esprit. Le moi qui joue (corps) est dyspraxique donc il galère un max, alors que le moi qui observe (esprit) lui il file à toute vitesse. C'est peut être ça qui me met en colère: le fait que mon corps et mon esprit soient désynchronisés.
En tout cas j'ai gravement pété un câble. Si vous saviez à quelle point j'en ai marre de tout ça.
50 jours et peut être que ce sera fini.

J-49  11h42
Je reviens d'une petite ville à côté de chez moi, dans laquelle j'ai été prendre du pain pour mes parents, et un paquet de cigarettes pour moi. Épisode de phobie sociale, comme à l'accoutumée. Difficulté à se sentir à l'aise dans les espaces clos, remplis de monde. J'avais l'impression de pourrir l'ambiance dans la boulangerie. J'ai vite demandé mon pain long et je suis parti. Pareil au bureau de tabac. J'ai croisé un mec assis qui fumait une clope dans la rue, je lui ai dis bonjour de manière défilée et j'ai détourné le regard.
Je dois paraître tellement bizarre vu de l'extérieur.
Sinon j'ai encore progressé au niveau psychique, et réflexion intérieure. Je crois que ma phobie sociale ne vient pas du fait que j'ai peur de l'autre, mais que je ne peux pas compter sur moi-même. Je m'explique: de mes souvenirs les plus récents (soit avant la décompensation du SDP), lorsque je faisais face à une situation me mettant en relation avec un nombre important de personnes, je me recentrais sur moi-même et je me mettais dans une position d'observateur (avec ou sans interactions, tout dépend de si je connaissais les gens ou pas).
Aujourd'hui j'ai énormément de mal à faire ça, quitte à ne me recentrer que sur moi-même dans un premier temps avant de rentrer dans la position d'observateur. Quand je regarde vers le bas, je ne vois que le bout de mes pieds, et le devant de mon ventre. Je pense que c'est dû à ma très mauvaise posture, sur laquelle je constate de plus en plus de "symptômes" vérifiant la théorie pro-SDP.
J'ai été chez ma psy avec mes parents hier aprèm. Il ne considère pas du tout cette théorie dans le même sens que moi. C'est peut être normal, qu'ils prennent du recul etc...
Le plan B est en marche, et je vais prendre une année sabbatique pour profiter du traitement, et me remettre doucement dans le bain de la vie.
Encore 49 jours, c'est long.

J-48 10h47
Aaaaaaah ça faisait longtemps que j'avais pas passé une nuit aussi mauvaise. Couché à minuit, réveillé à 4h10 après un rêve. Tentative de rendormissement, pas possible. Bon j'ai fini par matter des spectacles de Jamel Debouze jusqu'à 7H du mat, jusqu'à ce que ma connection internet bug et que je finisse dans un dernier élan d'espoir, par imiter la position de sommeil préconisée par les posturologues (l'imiter du mieux que je peux selon ce que j'en ai compris). Finalement ça n'a pas trop marché, je crois que mon lit commence vraiment à être trop petit pour moi. Va falloir que j'en parle à mes parents. Mais je me suis quand même endormi tant bien que mal.
Je viens juste de me réveiller et j'en profite pour écrire cet édit.
Côté physique toujours aucune amélioration, mais bon c'est un peu normal j'ai pas commencé le traitement. Mon dos est courbé il me fait mal, j'ai mal à la partie gauche de mon coup (on dirait bien une contracture), en fait musculairement à cette heure-ci, toute la partie supérieure de mon corps est douloureuse. Toujours les mêmes problèmes de vision, floue, difficulté à regarder une chose (à l'observer), mal oculaire (directement aux yeux) et rétro-oculaire (derrière le crâne mais à l'intérieur) surtout hier soir. Bref, pas d'amélioration du tout. Pas facile à vivre. J'ai trouvé un lien hier sur l'évolution du traitement, et les pourcentages d'amélioration en fonction d'un percentile d'enfants traité (de ceux qui ont le moins bien suivi le traitement: 25%, médiane, à ceux qui l'ont le mieux suivi:75%) est super motivateur, et me donne plein d'espoir pour Septembre. Le plus dur va être de tenir jusque là.
Allez, 48 jours, ça va le faire.

J-46 19h55 "Je balise"
Bon, 2 jours que j'ai pas écris ici. J'étais pas mal occupé. Mon frère est rentré chez moi ce midi, donc c'est assez cool je vais pouvoir prendre l'air et tout ça, essayer d'arrêter de brasser et de rebrasser, toutes les informations que j'ai assimilées, dans ma tête. Mais bon, c'est un peu plus fort que moi. On connaît tous ici les périodes de gamberge.
Bref. J'ai refumé sur un pet hier soir avec trois amis. Ça allait. Difficulté de concentration, de perception visuelle etc... amplifiée évidemment mais pas anormale vis à vis de ce que je vis tous les jours.
Pourtant j'ai balisé toute la journée, comme un dingue. J'ai horriblement peur d'être schizophrène, et je sais que j'aurais horriblement du mal à l'admettre. Mais je me dis que c'est peut être pas une attitude schizophrénique que d'être phobique de sa propre pathologie.
J'ai l'impression d'avoir tous les symptômes négatifs de la maladie, mais sans les délires (ou alors très peu: le soir j'entends comme des petits frottements de galets, mais je pense plus que c'est un souci physique que psychologique, pas de voix, pas d'hallucinations visuelles).
Je me rassure du mieux que je peux, mais ça m'empêche quand même pas d'avoir vraiment très très peur. Je pense que le canabis amplifie ma peur quotidienne etc...
Je viens de tomber sur un lien qui fait un rapprochement entre symptômes négatifs de la schizophrénie et troubles visuo-constructif, donc par extension, troubles posturaux. Je viens peut être par l'expérience et la cognition, de mettre le doigt sur un pan inexploré de cette maladie.
Je vous souhaite une bonne lecture: http://www.ingentaconnect.com/content/ben/cpsr/2012/00000008/00000002/art00004 (c'est en anglais, désolé pour les non bilingues).
Encore 46 jours avant que tout cela se décante enfin.

J-45 20h24 "Un nouveau petit jour"
Allez, un nouveau petit jour passé. Pas d'améliorations sur mes angoisses et mon estime interne. J'ai pas l'impression de beaucoup avancer, mais pas non plus de reculer, bien au contraire. Peut être que j'avance pas sur le plan physique, sur les angoisses et tout le reste, mais j'avance énormément sur une connaissance de moi-même, de mes relations familiales etc...
J'apprends à ne compter que sur moi-même dans ces temps difficiles. Et aussi sur mon meilleur ami, à qui j'ai eu le courage de tout raconter, et qui est là pour moi, là pour supporter un peu de ma peine. J'espère le garder pour longtemps, et le plus cadeau que je pourrai lui offrir en retour, ce sera mon bien être. On est très proche d'un point de vue philosophique lui et moi, à la recherche du feeling, du bonheur, et même si nos expériences sont contraires, on se ressemble. Je pense qu'il est surdoué à sa façon. En tout cas il est extrêmement intelligent et montre des capacités emphatiques assez bouleversantes. Y'a pas de mystère dans la vie, c'est pas pour rien que je m'entend si bien avec lui. Je voudrais qu'on reste ami toute la vie, qu'il me voit faire mon retour, grandir et m'épanouir. Que je le vois réussir ses études, fonder une famille, s'épanouir dans la voie qu'il choisira. Il fait partie des rares personnes qui restent encore terre à terre et lucides dans ce monde de fou. J'ai entendu dire que pour nous autres, les "intelligents", la créativité est le salut. Je suis assez d'accord avec ça. Mais pour moi la créativité est un salut quand elle est mise à la cause d'une chose plus grande: l'élévation. Qu'elle soit sociale, philosophique ou matérielle, est-ce que l'on ne tend pas tous à une forme d'élévation, d'éveil? C'est peut être ça la vie en fin de compte. Un éveil constant au service d'un épanouissement personnel. "Cultives ton jardin" disait l'autre.
On pourrait dire que pour le moment, moi mon jardin est en jachère, je l'entretien, je le laboure, en vue d'une prochaine plantation. Si les jardiniers souffrent pour labourer la terre, alors moi je souffre pour la rendre fertile. La souffrance que j'endure aujourd'hui est le terreau futur d'un beau et grand jardin.
On peut choisir d'être lourd et rigide, mais lorsqu'on chute, on s'écrase. Moi j'ai choisi d'être flexible, comme ça je sais qu'à la fin de la chute, je pourrai rebondir.
Une pensée pleine d'amour à toutes les personnes en souffrance sur ce forum. Ne perdez pas espoir, cherchez les causes, éliminez les jusqu'à ce qu'elles n'obscurcisses plus le ciel de votre jardin intérieur, pour qu'enfin vos plantes se gorgent d'un soleil mérité.
Rappellez-vous, chaque problème à sa solution.
Encore 45 jours et j'aurai peut être trouver la mienne.
Bien à vous,
Rose Noire.

J-42 Samedi 6 Août 2016, 16h44 "Je me bats dans l'ombre"
Pas facile à comprendre ce qu'il m'arrive pour ma famille. Ils sont perturbés bon sang, mais je suis aussi impuissant qu'eux. Je me bats dans l'ombre pour pas lâcher prise, pour pas que le doute prenne le pas sur mes convictions. Je suis d'accord qu'il faut faire attention à l'auto-diagnostic, mais je ressens bien trop de similarités pour que ce soit juste un moyen de me rassurer. Suis-je en train de somatiser? Je ne pense pas.
Bon dieu j'aimerais que ça cesse. Toutes ces conneries de confiance en moi, de gène sociale, bon sang qu'est-ce que j'en ai marre. Je voudrais rester dans ma chambre jusqu'à la fin de ces jours si longs.
Le rendez-vous et le début des soins sonnera le glas d'une époque nouvelle pour moi. J'ai pas changé tout au fond, mais cette expérience m'en a appris beaucoup, et aujourd'hui je suis capable de comprendre la souffrance. Je pense que c'est un parcours nécéssaire pour devenir un homme, avec du vécu derrière lui, qui lui permet de se dire "Ce sera toujours mieux que ça".
Je pense que, une fois le bien être retrouvé, je croquerai la vie, et plus rien ne m'arrêtera. Je pense à raconter mon histoire, à en faire une source d'inspiration. J'aimerais me mettre à raper.
Je me bats dans l'ombre, même si ça se voit pas. Je suis un combattant de l'ombre.

J-41 Dimanche 7 Août 2016, 23h23 "Anybody ear me?"
Anybody ear me? Anybody ear me? Je jette un cri de coeur à coeur, ici comme ailleurs. Soyons un peu créatif. Transformons la souffrance en poésie, la prose rendra ludique le contenu.
Allons-y:
Au fond la rage, dehors le calme et
mal au crâne, alors je tais,
je tais, je tais tout, je taitou.

C'est pas mal ça, je taitou. Définitivement un terme que je vais additionner à mon vocabulaire. Taitoure: action de taire un ensemble de souffrance non comprise.
Oui je taitou,
la tristesse comme la peur,
le doute comme l'humeur.
Je taitou et c'est mieux comme ça.
Pourtant je taitou, mais alors je parle?
Et si je taitou pourquoi je parle?
Faudrait-il que je taisetou, même la parole?
Oh non je ne peux pas taire la parole.
Je taitou parce qu'on mentenmal.
Alors je taitou.
Vivement que je disetou, même si on mentenmal.
Vivement que la peur,
se transforme en heures,
la tristesse en vitesse,
et le doute et l'humeur,
en milliards de porte bonheurs,
de joie et de finesse.


Bien à vous, Rose Noire Laughing

J-36 Vendredi 12 Août 2016, 23h40 "Plus que 36 jours affraid"
Daaaaamn plus que 36 jours! Surprised
Bon sang que le temps passe vite quand on y pense pas!
Bon, ça fait 6 jours que je vous ai pas parlé! Moi ça va mieux, c'est cool. Enfin mieux, d'un point de vue psychologique. Je me pose un peu moins de questions, franchement c'est cool. Mon grand frère est rentré chez moi, il fait le tampon, j'adore le concept. Je peux rester dans mon caca mais au moins mes parents sentent plus son odeur Laughing
Non franchement il assure le grand, il pose ses balls et ça détend tout le monde, c'est cool. Bon il me victimise un peu mais le jour où je vais faire mon come-back il fera moins le fou Razz
Sinon je vois de plus en plus mes amis ça fait du bien! Je me débarrasse un peu de ma phobie sociale, même si il me reste énormément de chemin à faire!
Je comprends de plus en plus le pourquoi du comment du traitement de posturologie, c'est cool, je comprends l'importance de la respiration ventrale! C'est la respiration la plus profonde et c'est vrai, celle de la détente! Alors que la respiration thoracique est celle du stress, le stresssss, le mauvais stressssss qui t'angoisssssse Twisted Evil
Enfin bref comme vous pouvez le constater, je reprends le dessus psychologique, et ça c'est un bon point Smile
Allez et en cadeau je vous offre un petit son plein de good vibes Very Happy: https://www.youtube.com/watch?v=ebjXsc0UjdQ
À la prochaine mes chers amis, et je ne manquerai pas de vous tenir toujours plus au courant Smile
Bisous sur vos petites joues :sunna:

J-30 Jeudi 18 Août 2016, 00h24 "J-30, hypocondrie et ascenseur"
Dans mes montagnes russes j'ai pas l'impression que ça avance. Je recommence à avoir un peu peur de tout. A 18 ans si c'est pas malheureux... Je suis retourné sur mon jeu vidéo, mes parents aiment vraiment pas ça, il me dédaigne un peu. Pourtant c'est agréable de s'améliorer, de découvrir de nouveaux personnages, de nouveaux styles de jeux... J'y passe peut être un peu trop de temps, je m'en rend même pas compte. En même temps niveau notion du temps je suis à l'Ouest.
Je me rend compte que j'ai tout le temps la langue blanche, j'ai du mal à déglutir et j'ai l'impression de voir un truc au fond de ma gorge. Je commence à me dire que j'ai peut être un cancer de la langue. Je pète un câble sérieux...et le meilleur moyen que ça finisse par être le cas c'est en continuant de somatiser.
Bon, l'anxiété c'est bon je connais maintenant. Je pense que l'hypocondrie est une pathologie psychologique de l'anxiété. L'anxiété qu'est-ce que c'est? C'est un état de tension face à un évènement potentiellement dangereux. Quand on prend le cas du SDP l'anxiété est plutôt inconsciente, c'est une réaction du cerveau face à un dysfonctionnement corporel, c'est ce que je pense. Et donc l'hypocondrie c'est une pathologie qui a pour but de rationaliser cette sensation d'angoisse, angoisse qui ne trouve pas de causes, par un processus de "peut être que c'est ça ce qui m'arrive". C'est ce genre de cercle vicieux qui n'a qu'une seule issue, son origine.
Bon voilà, il reste 30 jours, qui vont passer vite peut être, ou peut être pas.
Bien à toi, un petit gars qui voudrait qui ça aille mieux dans sa vie.

J-25 Mardi 23 Août 2016, 00h36 "Pas loin d'être mort"
Aujourd'hui j'ai du me rendre en ville. Pas juste y passer pour aller rejoindre un ami, sortir de ma voiture et être "hors de la rue" en quelques minutes. Non, cette fois-ci j'ai du vadrouiller pour trouver un lieu dans lequel je devais me rendre. Seul, avec personne que je connaissais. Je suis passé au bord de la crise d'angoisse, no joke.
J'ai un peu galérer à trouver l'endroit, et donc j'ai du faire des tours et des allers retours dans la rue, avec les gens, les voitures, et mon cerveau qui bidouille et qui s'agite. Premier aller, bon, j'ai pas l'air de trouver. Je retourne sur mes pas. Le stress monte, je trouve toujours pas, je retourne dans l'autre sens. L'impression que les immeubles me regardent, les gens dans les voitures, les passants...
Je trouve toujours pas. Je retourne sur mes pas. Je décide d'appeler l'organisme dans lequel je devais me rendre. Il m'indique l'endroit exact. J'étais allé dans le mauvais sens.
Je décide d'y aller, et plus je m'en rapproche, plus le stress monte, monte monte sans s'arrêter. Impossible d'aller plus loin sans trouver une petite bulle éphémère dans laquelle je peux me réfugier. Je retourne à ma voiture, me roule une cigarette, en prenant bien mon temps. Je la fume dehors avant d'y aller. Je suis devant un arbre. Le soleil et l'ombre forment un tapis qui devraient me rasséréner, me tranquiliser. Mais je ne le vois pas. Je ne vois rien, que le stress, et l'impression que tout ce qui se passe autour me dépasse. Un homme passe devant moi avec des sacs remplis, qui ont l'air d'être lourds. Il évite mon regard. Je me rend dans l'organisme finalement, indique le pourquoi de ma présence, obtient un rendez-vous et je file. Je file, la démarche déterminée. Je m'en vais de là. Je me tire de cet endroit, de cette rue. J'appelle un ami qui habite à quelques minutes. Il est là, j'y vais, me fume une clope ou deux et puis je m'en vais. Il me propose de venir le revoir le soir même. Je lui dit que je viendrai volontiers.
Aujourd'hui j'ai appris quelque chose. Aujourd'hui j'ai appris que mon agoraphobie n'était pas alimentée par la peur de l'autre, mais par le surplus d'information que je n'arrive plus à trier. Dans la rue, dans le monde il se passe trop de choses. Les voitures, le soleil, les immeubles, les gens, tout. Je n'arrive plus à trier tout ça et donc je file, je compense. Je fais de mon mieux pour m'y sentir à l'aise mais c'est trop dur. Je veux juste filer.
Je remonte dans ma voiture. Silence morne, ça y'est, au moins une chose en moins, le bruit. Je peux me tranquilliser, au moins à 20%. Je démarre. Et puis m'en vais. Je retourne chez moi.
Je ne pense qu'à une seule chose, m'enterrer dans mon jeu vidéo. Ne plus voir ce monde qui me stress. Oublier qu'il me stress juste un instant. N'entendre plus que la musique et voir les images. Même si je ne les perçois pas dans leur ensemble. Juste limiter le flux d'information. Juste un peu.
Ma mère me fait travailler un peu quand je rentre. Pas grave, je prend sur moi et je l'aide. Je pense toujours autant à l'ordinateur, libérateur illusoire. Comme la drogue et l'alcool à l'époque où je ne m'en rendait pas compte. Elles m'aidaient à déshiniber, à limiter les informations. À dormir, à oublier mon mal-être. À apaiser mon cerveau qui surcharge.
Plus que 25 jours. Tiens bon.

J-22 Vendredi 26 Août "La rage"
J'ai la rage. Une rage furieuse qui gronde en moi, que je vais catharciser sous forme de rap quand j'aurai repris mes "esprits". Toute la petite famille est réunie. Mon frère me charrie à mort, et je pense que ça ne me toucherais même pas en temps normal.
Je demanderais juste à être tranquille, jusqu'au 16 Septembre. Ça fait 2 mois que j'insiste sur l'importance du traitement, mais ni mon frère, ni ma soeur, ni mes parents, n'ont été capable de me comprendre, ou seulement de s'y intéresser.
Quand je vais retrouver une routine sereine et confiante, je vais faire péter le feu partout où je vais passer. Ça va être fou furieux.
Donc ouais, la j'ai la rage, par pour ce qu'il m'arrive, mais parce que aucun membre de ma famille n'est capable de m'entendre. Je suis dans la frustration constante. Je vous parle même pas de mes rapports avec mon père. Si de son côté il a fait aucun efforts pour me comprendre, du mien je fais aucun effort pour pas complètement le dédaigner. Ça va bien au bout d'un moment, il faudrait que j'aille décrocher la lune sur un fauteuil roulant. Je vous promets que c'est comme ça que je me sens: comme un myope à qui on demanderait de se concentrer pour mieux voir.
Et puis cette imbécile de psychologue qui est pas capable de voir un peu plus loin que le bout de son nez me concernant. C'est facile d'adopter la même méthode tous les jours et de faire payer une heure de séance à 45€. Ah ça oui c'est facile. Mais quand il s'agit de donner du sien pour avancer, et de manière mutuelle, là y'a plus personne. Et dire que je dois me forcer à aller la voir pour faire plaisir à mes parents, parce que je leur ai déjà dit que c'était pas du tout ce dont j'avais besoin! Je suis pas dépressif bordel de m****, il m'est juste arrivé une sale crasse, par un espèce de c** de dentiste pas formé!!!! C'est absurde sérieusement. Absurdissime. Le pire dans tout ça, c'est que mon père est comme moi! Sauf que lui il veut pas l'accepter! Il est dans le déni et c'est à moi de faire des efforts! Non mais sérieusement, où va le monde! C'est bon au bout d'un moment il faut se remettre en cause bon sang de bonsoir, quand tu dors mal, que tu es angoissé, irrité, tout le temps en train de travailler, que tu captes plus rien et que t'es h24 (dois-je le redire...) DANS TON DÉLIRE (COMME MOI, PARCE QUE C'EST TROP DUR DE FAIRE AUTREMENT) ET BEN IL FAUT COMMENCER À SE POSER DES QUESTIONS! HÉ OH! DES QUESTIONS!!!!!!!
AAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ÇA M'ÉNERVEEEEEEEE! Bordel j'enrage tout seul dans ma chambre, j'enrage intérieurement, et je peux pas faire autre chose que réprimer tout ça, parce qu'il n'y a pas de terrain d'entente chez moi lalalalalalalalalalaalallala.
Enfin bref, plus que 22 jours avant de faire péter le feu, et puis ni*** ce que mes parents, les gens et le monde entier pourra en penser: J'AURAI MON P***** DE QUART D'HEURE DE GLOIRE DANS CETTE FAMEUSE AFFAIRE.
Ps: pardon pour la grossièreté mes chers amis, mais il fallait bien que je l'exprime quelque part. J'espère ne pas subir une censure trop forte de la part de la modération Wink (ce serait bien le comble hahahaha)
Enfin bref. Plus que 22 jours.
Hold on my nigga, hoooooold oon.


Dernière édition par Rose Noire (Georgio) le Ven 26 Aoû 2016 - 23:55, édité 7 fois
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Message par zeliefree Dim 7 Aoû 2016 - 12:47

Super bonne initiative, tu as mon soutient Smile
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Message par Rose Noire (Georgio) Dim 7 Aoû 2016 - 15:31

Super sympa, merci beaucoup! Trèfle
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