Arrivée d'un nouvel équidé dans le troupeau
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Arrivée d'un nouvel équidé dans le troupeau
Il est toujours poli de présenter les raisons de sa présence lorsque l’on débarque dans un forum. De fait, je m’attèle à cette tâche et m’excuse déjà de la probable longueur de ce post à venir.
Je ne peux guère dire que je viens de découvrir ma zébritude car j’en ai l’intime conviction depuis que j’ai lu ce fameux ouvrage de Madame Siaud-Facchin il y a presque dix ans déjà. Au gré de mes années passées sur les fauteuils plus ou moins confortables des psys, la question n’a cessé d’être soulevée. Je me savais différente mais je ne savais pas comment. Cependant, je le notais bien dans mes relations à autrui, à leurs regards hébétés face à mes propos ou mon débit de paroles, mon côté je-sais-tout qui agace ou amuse. Cependant, j’ai longtemps cru que j’étais malade entre bipolarité ou bordeline. Je ne parvenais pas franchement à expliquer d’où venait cet ennui, cette désinvolture, ce cynisme froid, ce désintérêt pour le monde, ce besoin d’être aimé, cette curiosité maladive, cette indécision permanente… La « surdouance » a été un questionnement éclusé assez vite : une élève moyenne atrocement nulle en maths, ça ne colle pas aux clichés. Si je n’étais point un petit zèbre, j’étais donc tarée (logique implacable).
A l’aube de la trentaine, j’ai repris le chemin de nos copains psy-mettez-ce-qui-vous-convient-derrière sans trop savoir ce que je souhaitais en retirer. Il faut dire que ma relation avec les psys a été tumultueuse, entre incompréhension et rejet. J’ai testé chacun de mes psys comme une enfant de 5 ans teste ses parents. Deux n’ont pas flanché dans toute ma « carrière thérapeutique » dont celle que je consulte actuellement. Le début d’une nouvelle ère.
Deuxième séance, elle me balance d’emblée que je suis « très intelligente ». Soit. Troisième séance, elle me suggère fortement les tests. Je ne rebondis pas. Je cogite durant trois semaines encore avant de parvenir à en reparler avec elle. Elle posait ici le doigt sur une souffrance si profonde et ancienne qu’il fallait digérer l’information. Et un miracle s’est produit. J’ai accepté. J’ai accepté d’entendre que j’étais un zèbre caché derrière des années de normalisation. J’ai enfin osé admettre et poser des mots sur ce sentiment d’être « à côté ». Cette acception a sonné comme une délivrance. Un voile s’est levé et j’ai accepté de commencer à respirer de nouveau.
Passé le soulagement, je me retrouve un peu les bras ballants face à cette « découverte ». J’ai l’impression d’avoir vécu une épiphanie interne tandis que le monde n’a pas changé autour de moi. Je relis mon histoire, mon parcours et mes émotions, avec ce nouveau curseur et le puzzle peut enfin être terminé.
Mais désormais, je dois faire face à de nouveaux sentiments, notamment la colère. Je ne sais pas comment gérer la colère de l’adolescente que j’étais envers les adultes qui m’ont laissé patauger dans un mal-être effroyable me conduisant aux conduites additives, aux troubles alimentaires et aux comportements dangereux. Je fais aussi face au flot incessant des émotions empathiques bloquées jusqu’alors. Il faut dire que je me suis toujours trouvée d’une bêtise affligeante à être émue et perturbée par le décès d’un oiseau qui s’est pris la vitre dans la figure. Je ne disais donc rien. Je ne peux pas dire non plus que je reste les yeux grands ouverts dans le noir à penser aux victimes des attentats, aux habitants d’Alep, aux individus vivants dans la rue ou même aux chats errants qui doivent mourir de froid. Finalement, j’avais un système qui fonctionnait plutôt bien jusqu’ici. Je compartimentais et donnait la part belle à l’analyse froide, au détriment de l’émotionnel. Moi et moi-même, on s'en sortait pas trop mal avec ce fonctionnement qui s'ébranle chaque jour davantage après ce déblocage.
Parallèlement, je prends plaisir à faire tomber mes propres barrières en m’autorisant à nouveau à apprendre et comprendre. Je me suis relancée dans les mathématiques en dépit d'un passif miséreux dans ce domaine. Je m’observe différemment en m’amusant de mes processus. Je ne m’excuse plus vraiment d’être étrange et je ne cherche plus à justifier mes millions de centres d’intérêt, ma boulimie de connaissances, mes questions incessantes, mon impatience, cette énergie intarissable ou mon refus du moule.
Bref, j’ai, à la fois un sentiment étrange d'enfin me comprendre et d'être déboussolée face à tout ce qui remonte à la surface, et peine à tout gérer. C'est ce qui m'a mené ici avec cette envie de trouver des « copains » qui partagent cette sensibilité, ces questionnements, ces ressentis… Des individus qui ont peut-être déjà passé ces étapes et sauront me fournir des clés pour avancer dans cette nouvelle ère personnelle dans laquelle je viens de mettre les pieds.
Merci à ceux qui m'auront lu (finalement, j'ai fait de grosses coupes dans le récit ^^)
Et enchantée de faire votre connaissance.
Marine (Nantaise&Dijonnaise)
Je ne peux guère dire que je viens de découvrir ma zébritude car j’en ai l’intime conviction depuis que j’ai lu ce fameux ouvrage de Madame Siaud-Facchin il y a presque dix ans déjà. Au gré de mes années passées sur les fauteuils plus ou moins confortables des psys, la question n’a cessé d’être soulevée. Je me savais différente mais je ne savais pas comment. Cependant, je le notais bien dans mes relations à autrui, à leurs regards hébétés face à mes propos ou mon débit de paroles, mon côté je-sais-tout qui agace ou amuse. Cependant, j’ai longtemps cru que j’étais malade entre bipolarité ou bordeline. Je ne parvenais pas franchement à expliquer d’où venait cet ennui, cette désinvolture, ce cynisme froid, ce désintérêt pour le monde, ce besoin d’être aimé, cette curiosité maladive, cette indécision permanente… La « surdouance » a été un questionnement éclusé assez vite : une élève moyenne atrocement nulle en maths, ça ne colle pas aux clichés. Si je n’étais point un petit zèbre, j’étais donc tarée (logique implacable).
A l’aube de la trentaine, j’ai repris le chemin de nos copains psy-mettez-ce-qui-vous-convient-derrière sans trop savoir ce que je souhaitais en retirer. Il faut dire que ma relation avec les psys a été tumultueuse, entre incompréhension et rejet. J’ai testé chacun de mes psys comme une enfant de 5 ans teste ses parents. Deux n’ont pas flanché dans toute ma « carrière thérapeutique » dont celle que je consulte actuellement. Le début d’une nouvelle ère.
Deuxième séance, elle me balance d’emblée que je suis « très intelligente ». Soit. Troisième séance, elle me suggère fortement les tests. Je ne rebondis pas. Je cogite durant trois semaines encore avant de parvenir à en reparler avec elle. Elle posait ici le doigt sur une souffrance si profonde et ancienne qu’il fallait digérer l’information. Et un miracle s’est produit. J’ai accepté. J’ai accepté d’entendre que j’étais un zèbre caché derrière des années de normalisation. J’ai enfin osé admettre et poser des mots sur ce sentiment d’être « à côté ». Cette acception a sonné comme une délivrance. Un voile s’est levé et j’ai accepté de commencer à respirer de nouveau.
Passé le soulagement, je me retrouve un peu les bras ballants face à cette « découverte ». J’ai l’impression d’avoir vécu une épiphanie interne tandis que le monde n’a pas changé autour de moi. Je relis mon histoire, mon parcours et mes émotions, avec ce nouveau curseur et le puzzle peut enfin être terminé.
Mais désormais, je dois faire face à de nouveaux sentiments, notamment la colère. Je ne sais pas comment gérer la colère de l’adolescente que j’étais envers les adultes qui m’ont laissé patauger dans un mal-être effroyable me conduisant aux conduites additives, aux troubles alimentaires et aux comportements dangereux. Je fais aussi face au flot incessant des émotions empathiques bloquées jusqu’alors. Il faut dire que je me suis toujours trouvée d’une bêtise affligeante à être émue et perturbée par le décès d’un oiseau qui s’est pris la vitre dans la figure. Je ne disais donc rien. Je ne peux pas dire non plus que je reste les yeux grands ouverts dans le noir à penser aux victimes des attentats, aux habitants d’Alep, aux individus vivants dans la rue ou même aux chats errants qui doivent mourir de froid. Finalement, j’avais un système qui fonctionnait plutôt bien jusqu’ici. Je compartimentais et donnait la part belle à l’analyse froide, au détriment de l’émotionnel. Moi et moi-même, on s'en sortait pas trop mal avec ce fonctionnement qui s'ébranle chaque jour davantage après ce déblocage.
Parallèlement, je prends plaisir à faire tomber mes propres barrières en m’autorisant à nouveau à apprendre et comprendre. Je me suis relancée dans les mathématiques en dépit d'un passif miséreux dans ce domaine. Je m’observe différemment en m’amusant de mes processus. Je ne m’excuse plus vraiment d’être étrange et je ne cherche plus à justifier mes millions de centres d’intérêt, ma boulimie de connaissances, mes questions incessantes, mon impatience, cette énergie intarissable ou mon refus du moule.
Bref, j’ai, à la fois un sentiment étrange d'enfin me comprendre et d'être déboussolée face à tout ce qui remonte à la surface, et peine à tout gérer. C'est ce qui m'a mené ici avec cette envie de trouver des « copains » qui partagent cette sensibilité, ces questionnements, ces ressentis… Des individus qui ont peut-être déjà passé ces étapes et sauront me fournir des clés pour avancer dans cette nouvelle ère personnelle dans laquelle je viens de mettre les pieds.
Merci à ceux qui m'auront lu (finalement, j'ai fait de grosses coupes dans le récit ^^)
Et enchantée de faire votre connaissance.
Marine (Nantaise&Dijonnaise)
Mabac- Messages : 69
Date d'inscription : 16/12/2016
Age : 37
Localisation : Nantes
Re: Arrivée d'un nouvel équidé dans le troupeau
Bienvenue, Mabac !
Toi et toi-même semblez avoir beaucoup de choses à discuter, espérons que vous trouviez ici les "copains" souhaités, et au moins (ça, je n'en doute pas) de quoi papoter de vos questions.
Bons échanges, bonnes rencontres !
(Et je ne résiste pas à faire un peu de pub, des maths, on en parle un peu dans "j'aime apprendre" )
Toi et toi-même semblez avoir beaucoup de choses à discuter, espérons que vous trouviez ici les "copains" souhaités, et au moins (ça, je n'en doute pas) de quoi papoter de vos questions.
Bons échanges, bonnes rencontres !
(Et je ne résiste pas à faire un peu de pub, des maths, on en parle un peu dans "j'aime apprendre" )
Re: Arrivée d'un nouvel équidé dans le troupeau
Salut salut
1+1 = 1
Bienvenue
1+1 = 1
Bienvenue
petit vélo- Messages : 73
Date d'inscription : 05/09/2016
Localisation : sur le chemin
Re: Arrivée d'un nouvel équidé dans le troupeau
Bonjour Mabac et bienvenue avec les pareil-pareils zébrés !
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
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