Les chamboulés
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Les chamboulés
Et il y a ces endroits, disséminés de-ci, de-là de par la ville et dans les environs immédiats.
Ces endroits, je les nomme les chamboulés.
Ce endroits sont ceux de nombreuses heures passées à apprendre à les connaître.
Je pense aux couloirs jaunes caca d'oie, aux bâtiments vieux mais vivants, je pense à la bibliothèque, restructurée ensuite et mise ailleurs et appelée désormais "médiathèque". Je pense au dojo, vétuste et poussiéreux, maintenant flambant neuf et brillant. Je pense à la piscine, où les cours de natation après l'école étaient une torture. Elle me plaît tellement dans la beauté que j'y vois désormais, que je me demande où est passé mon ancien calvaire.
Je n'aimais que peu les activités dans ces endroits ( sauf ceux de la bibliothèques ), pourtant les vieux murs vivaient, les tatamis usaient respiraient une poussière familière. Tant de judokas et karatékas y étaient tombés avant moi ( et je pensais que tant d'autres suivraient ).
La bibliothèque était pleine d'anciennes BD, usées par des générations de lectrices et lecteurs qui partageaient toutes et tous un même intérêt pour la découverte pré-internet de mondes complets en eux-même.
Je me balade dans cette ville où beaucoup de commerces changent de propriétaires et de noms.
Le collège fut pratiquement rasé et reconstruit.
Bon d'accord, autrefois s'adosser aux murs donner l'impressions qu'ils vibraient ( très étrange comme phénomène ), et s'appuyer à la porte l'ouvrait, mais moi je voyais les temps passés et l'usure comme le signe d'une appartenance à la grande classe inter-générationnelle.
Le raser sans aucune concession est l'équivalent du meurtre.
Raser un arbre pour construire un parking est une méprise quant aux prioriétés dans la vie.
À quoi bon se garer confortablement, si quelques pas en plus seraient un équilibre bienvenu ?
Dans cette nouvelle médiathèque, avec pourtant beaucoup des personnes qui travaillaient auparavant dans la bibliothèque, je sens du plastique neuf.
Dans le dojo, malgré l'aspect un peu "dégueux" de prime abord d'une odeur de sueur qui ne part pas, je ne trouve pourtant plus vraiment le vivant dans un lieu plus propre que les cuisines de grands chefs ( bon, je pars du principe qu'elles sont propres, pour faire une métaphore, hein ! ^^ ) Où est le combat, les "randoris" comme ils disent de celles et ceux qui, venant avant moi étaient sûrement inspirés par Bruce Lee et d'une génération de quelques aîné.e.s que je ne distingue plus dans la masse.
Pour moi, j'ai l'impression que les idéaux de ceux et celles qui me précédaient, qui écoutaient Nirvana, et qui découvraient la sexualité avec un style de rockeur ( je caricature, je sais ), sont rasés avec ces bâtiments à facade, make-up.
Marrant, le verbe "to make up" en Anglais peut vouloir dire quelque chose du type "se rattraper" après un manquement.
Raser des bâtiment et proposer du moderne, voici peut-être l'illusion de l'intellect : rattraper un manque d'intérêt par un financement pour du neuf.
Jeter les vieux jouets pour vivre avec du encore plus gadget ( qui sera d'autant plus vite jeté ).
Alors, je peux faire genre "tout était mieux avant".
Non, j'admets que la poussière et les portes qui s'ouvrent toutes seules c'est bof, et que les murs qui tiennent pas franchement, je concois que nous pourrions en prendre conscience.
Mais de là à TOUT refaire direct.
Hahah, je râle, parce qu'en fait je suis un peu triste et nostalgique et dans un passé qui n'existe plus.
Je revois des copains et copines qui ne sont plus que dans mon coeur.
Je suis content d'accueillir le nouveau, sauf que je me perds un peu.
Je comprends ce jeune étudiant qu'est devenu Andy à la fin de Toy Story 3, qui donne ses anciens compagnons de jeu, les jouets à une petite fille avec le coeur qui se serre.
Faire confiance, et comprendre.
Beaucoup de livres que j'aimaient, je ne les vois plus dans les rayons de la médiathèque.
Peut-être que je me trompe et pense de manière partiale d'entrée de jeu, mais à 26 ans penser comme un pépé me soûle.
Et pourtant, où sont certains des Ric Hochet, Thorgal etc. ?
Certes, ils étaient usés, mais moi je les aime encore.
C'est un peu comme les relations amoureuses et amicales.
Je les porte, comme des chaussettes porte-bonheur, malgré les trous et les signes du temps qui passe.
Alors, pour le tri, je me réfère à la méthode de rangement de Marie Kondo : https://www.zebrascrossing.net/t29409-la-methode-de-rangement-selon-marie-kondo?highlight=kondo
N'empêche, lorsque je suis dans la gare de la ville et que je vois les photos de l'ancienne gare : quelle classe, et quel style dans ce bâtiment du XIXème siècle !!!
Et maintenant, ce truc "moderne" où je ne vois aucune beauté des années 60, 70, où est l'âme.
La modernité pour la modernité ??
Tant que manque le coeur, remplacer l'ancien par le nouveau est une forme de meurtre, à mes yeux.
Je veux pouvoir encore jouer aux billes, intérieurement, et aux pokémons, lorsque je passe devant les anciennes écoles.
Je veux me rappeler des jeux avec les copains, des heures de judo contre mon gré un peu, mais avec les copains.
Je vois même des copains et copines dans les livres, et dans la gare ( des copains inconnus ).
Les endroits lient les gens, surtout les endroits publics.
Le "patrimoine" m'est un mot trop "officiel", je préfère parler d'amour.
Alors, l'objet n'est en rien amour, mais la subjectivité que j'y investis, avec des gens qui sont parti.e.s dans d'autres villes, lieux, vers d'autres horizon, j'aimerais pouvoir les porter en mon jardin secret et intime dans des lieux "modernisés" peut-être, mais de facon plus "progressive" et ciblée.
Si tu perds un objet en forêt, est-ce que tu brûles toute la forêt pour le retrouver où est-ce que tu cherches de facon ciblée ?
Un "vieux bâtiment" est aussi empli de l'âme du lieu, à mon sens.
Les restructurations sont comme les effets un métabolisme qui se remet d'aplomb après une maladie.
Aller plus loin requiert un discerment des plus poussés.
Or, peu sommes nous sur cette terre à pouvoir prendre les décisions qui conviendront à toutes et à tous.
Prudence, parcimonie et patience donc, le temps est le maître de toute oeuvre, et je préfère jouer avec plutôt que contre, avec une ambition de "créer du neuf" ex nihilo, à défaut de comprendre l'établi et avéré.
Conservateur ?
Non.
Amoureux de la vie que je suis. :-)
Bien à vous,
PJ.
Oscar gagné à l'époque !
PS : à une époque, je craignais de faire de l'idolatrie, être "matérialiste", mais je crois que la distinction est celle du coeur et de l'intention.
Aimer pour avoir ( un lieu, un souvenir, ou quelque "chose" que ce soit ) ou être ( être bien en un lieu, être parmi des camarades partis "se battre" dans un monde de compétition auquel ils.elles croient, illusion rendue réelle par leur acceptation. Moi je garde les miennes d'illusions, et les entretiens, tel un feu. Prométhée se verra puni. Y a-t-il un Hercule dans la salle ? )
Transmission à travers les générations que ce moment où Dumbledore tire Harry Potter du Lac de Voldemort - avec l'inferi.
PPS : Et serait-ce un syndrôme de Stockholm pour aimer les lieux fréquentés quelque peu à contre coeur ?
Non, plutôt une appréciation MALGRE tout, de la vie et de ses facettes qui me plaisent.
Tout est amour.
Et avec un peu d'entraînement, toutes, tous, nous les voyons où que nous soyons.
L'amour et la bonne intention est même dans le changement, même si l'enfer en est pavé.
Je comprends le monde dans la continuité.
Ces endroits, je les nomme les chamboulés.
Ce endroits sont ceux de nombreuses heures passées à apprendre à les connaître.
Je pense aux couloirs jaunes caca d'oie, aux bâtiments vieux mais vivants, je pense à la bibliothèque, restructurée ensuite et mise ailleurs et appelée désormais "médiathèque". Je pense au dojo, vétuste et poussiéreux, maintenant flambant neuf et brillant. Je pense à la piscine, où les cours de natation après l'école étaient une torture. Elle me plaît tellement dans la beauté que j'y vois désormais, que je me demande où est passé mon ancien calvaire.
Je n'aimais que peu les activités dans ces endroits ( sauf ceux de la bibliothèques ), pourtant les vieux murs vivaient, les tatamis usaient respiraient une poussière familière. Tant de judokas et karatékas y étaient tombés avant moi ( et je pensais que tant d'autres suivraient ).
La bibliothèque était pleine d'anciennes BD, usées par des générations de lectrices et lecteurs qui partageaient toutes et tous un même intérêt pour la découverte pré-internet de mondes complets en eux-même.
Je me balade dans cette ville où beaucoup de commerces changent de propriétaires et de noms.
Le collège fut pratiquement rasé et reconstruit.
Bon d'accord, autrefois s'adosser aux murs donner l'impressions qu'ils vibraient ( très étrange comme phénomène ), et s'appuyer à la porte l'ouvrait, mais moi je voyais les temps passés et l'usure comme le signe d'une appartenance à la grande classe inter-générationnelle.
Le raser sans aucune concession est l'équivalent du meurtre.
Raser un arbre pour construire un parking est une méprise quant aux prioriétés dans la vie.
À quoi bon se garer confortablement, si quelques pas en plus seraient un équilibre bienvenu ?
Dans cette nouvelle médiathèque, avec pourtant beaucoup des personnes qui travaillaient auparavant dans la bibliothèque, je sens du plastique neuf.
Dans le dojo, malgré l'aspect un peu "dégueux" de prime abord d'une odeur de sueur qui ne part pas, je ne trouve pourtant plus vraiment le vivant dans un lieu plus propre que les cuisines de grands chefs ( bon, je pars du principe qu'elles sont propres, pour faire une métaphore, hein ! ^^ ) Où est le combat, les "randoris" comme ils disent de celles et ceux qui, venant avant moi étaient sûrement inspirés par Bruce Lee et d'une génération de quelques aîné.e.s que je ne distingue plus dans la masse.
Pour moi, j'ai l'impression que les idéaux de ceux et celles qui me précédaient, qui écoutaient Nirvana, et qui découvraient la sexualité avec un style de rockeur ( je caricature, je sais ), sont rasés avec ces bâtiments à facade, make-up.
Marrant, le verbe "to make up" en Anglais peut vouloir dire quelque chose du type "se rattraper" après un manquement.
Raser des bâtiment et proposer du moderne, voici peut-être l'illusion de l'intellect : rattraper un manque d'intérêt par un financement pour du neuf.
Jeter les vieux jouets pour vivre avec du encore plus gadget ( qui sera d'autant plus vite jeté ).
Alors, je peux faire genre "tout était mieux avant".
Non, j'admets que la poussière et les portes qui s'ouvrent toutes seules c'est bof, et que les murs qui tiennent pas franchement, je concois que nous pourrions en prendre conscience.
Mais de là à TOUT refaire direct.
Hahah, je râle, parce qu'en fait je suis un peu triste et nostalgique et dans un passé qui n'existe plus.
Je revois des copains et copines qui ne sont plus que dans mon coeur.
Je suis content d'accueillir le nouveau, sauf que je me perds un peu.
Je comprends ce jeune étudiant qu'est devenu Andy à la fin de Toy Story 3, qui donne ses anciens compagnons de jeu, les jouets à une petite fille avec le coeur qui se serre.
Faire confiance, et comprendre.
Beaucoup de livres que j'aimaient, je ne les vois plus dans les rayons de la médiathèque.
Peut-être que je me trompe et pense de manière partiale d'entrée de jeu, mais à 26 ans penser comme un pépé me soûle.
Et pourtant, où sont certains des Ric Hochet, Thorgal etc. ?
Certes, ils étaient usés, mais moi je les aime encore.
C'est un peu comme les relations amoureuses et amicales.
Je les porte, comme des chaussettes porte-bonheur, malgré les trous et les signes du temps qui passe.
Alors, pour le tri, je me réfère à la méthode de rangement de Marie Kondo : https://www.zebrascrossing.net/t29409-la-methode-de-rangement-selon-marie-kondo?highlight=kondo
N'empêche, lorsque je suis dans la gare de la ville et que je vois les photos de l'ancienne gare : quelle classe, et quel style dans ce bâtiment du XIXème siècle !!!
Et maintenant, ce truc "moderne" où je ne vois aucune beauté des années 60, 70, où est l'âme.
La modernité pour la modernité ??
Tant que manque le coeur, remplacer l'ancien par le nouveau est une forme de meurtre, à mes yeux.
Je veux pouvoir encore jouer aux billes, intérieurement, et aux pokémons, lorsque je passe devant les anciennes écoles.
Je veux me rappeler des jeux avec les copains, des heures de judo contre mon gré un peu, mais avec les copains.
Je vois même des copains et copines dans les livres, et dans la gare ( des copains inconnus ).
Les endroits lient les gens, surtout les endroits publics.
Le "patrimoine" m'est un mot trop "officiel", je préfère parler d'amour.
Alors, l'objet n'est en rien amour, mais la subjectivité que j'y investis, avec des gens qui sont parti.e.s dans d'autres villes, lieux, vers d'autres horizon, j'aimerais pouvoir les porter en mon jardin secret et intime dans des lieux "modernisés" peut-être, mais de facon plus "progressive" et ciblée.
Si tu perds un objet en forêt, est-ce que tu brûles toute la forêt pour le retrouver où est-ce que tu cherches de facon ciblée ?
Un "vieux bâtiment" est aussi empli de l'âme du lieu, à mon sens.
Les restructurations sont comme les effets un métabolisme qui se remet d'aplomb après une maladie.
Aller plus loin requiert un discerment des plus poussés.
Or, peu sommes nous sur cette terre à pouvoir prendre les décisions qui conviendront à toutes et à tous.
Prudence, parcimonie et patience donc, le temps est le maître de toute oeuvre, et je préfère jouer avec plutôt que contre, avec une ambition de "créer du neuf" ex nihilo, à défaut de comprendre l'établi et avéré.
Conservateur ?
Non.
Amoureux de la vie que je suis. :-)
Bien à vous,
PJ.
Oscar gagné à l'époque !
PS : à une époque, je craignais de faire de l'idolatrie, être "matérialiste", mais je crois que la distinction est celle du coeur et de l'intention.
Aimer pour avoir ( un lieu, un souvenir, ou quelque "chose" que ce soit ) ou être ( être bien en un lieu, être parmi des camarades partis "se battre" dans un monde de compétition auquel ils.elles croient, illusion rendue réelle par leur acceptation. Moi je garde les miennes d'illusions, et les entretiens, tel un feu. Prométhée se verra puni. Y a-t-il un Hercule dans la salle ? )
Transmission à travers les générations que ce moment où Dumbledore tire Harry Potter du Lac de Voldemort - avec l'inferi.
PPS : Et serait-ce un syndrôme de Stockholm pour aimer les lieux fréquentés quelque peu à contre coeur ?
Non, plutôt une appréciation MALGRE tout, de la vie et de ses facettes qui me plaisent.
Tout est amour.
Et avec un peu d'entraînement, toutes, tous, nous les voyons où que nous soyons.
L'amour et la bonne intention est même dans le changement, même si l'enfer en est pavé.
Je comprends le monde dans la continuité.
Dernière édition par PJ le Jeu 25 Mai 2017 - 18:00, édité 1 fois
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