Vos passages préférés de poèmes

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Message par fleurblanche Dim 17 Sep 2017 - 1:03

Il y a un sujet " Vos poèmes préférés ".

A côté des poèmes préférés, il y a des petites parties de poèmes qui peuvent nous plaire sans que le poème dans son entièreté fasse partie de nos poèmes préférés. C'est mon cas, peut-être que d'autres sont dans le même cas.

D'où ce fil pour mettre en avant ces versets qui nous enchantent ou nous marquent. Smile
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Message par fleurblanche Dim 17 Sep 2017 - 1:14

" Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? "


(Milly ou la terre natale, Alphonse de Lamartine)


" Le vent...
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ? "


(Le vent, Émile Verhaeren)


" Est-ce oh est-ce
la tristesse d’être abandonnée
qui me fait crier au secours
ou la crainte que vous m’oubliiez
arbre de ma jeunesse
ma jeunesse pour de vrai ?
Dans l’oasis du souvenir
une source vient de jaillir
est-ce pour me faire pleurer ?
J’étais si heureuse dans la foule
la foule verte de la forêt
avec la crainte de me perdre
et la crainte de me retrouver
N’oubliez pas votre petite amie
arbres de ma forêt. "


(Arbres, Jacques Prévert)
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Message par Invité Lun 18 Sep 2017 - 9:38

(il a pris l'habitude d'aller dans une maison abandonnée, pour contempler le coucher blablablananana mais cette fois, des ouvriers s'y trouvent, chemin de fer en constr etc "le séjour chéri, tourné par les progrès en cantine d’ouvriers de chemin de fer." : bref ; il les laisse se bourré laggle et pense pouvoir passer ensuite, quand ils auront tellement bu qu'ils tomberont dans un bon gros sommeil etc : mais il ne peut pas, pris par le "remord")

(...)
« Fumier ! » accompagné de pieds dans la grille, se profère violemment : je comprends qui l’aménité nomme, eh ! bien même d’un soulaud, grand gars le visage aux barreaux, elle me vexe malgré moi ; est-ce caste, du tout, je ne mesure, individu à individu, de différence, en ce moment, et ne parviens à ne pas considérer le forcené, titubant et vociférant, comme un homme ou à nier le ressentiment à son endroit. Très raide, il me scrute avec animosité. Impossible de l’annuler, mentalement : de parfaire l’œuvre de la boisson, le coucher, d’avance, en la poussière et qu’il ne soit pas ce colosse tout à coup grossier et méchant. Sans que je cède même par un pugilat qui illustrerait, sur le gazon, la lutte des classes, à ses nouvelles provocations débordantes. Le mal qui le ruine, l’ivrognerie, y pourvoira, à ma place, au point que le sachant, je souffre de mon mutisme, gardé indifférent, qui me fait complice.



Un énervement d’états contradictoires, oiseux, faussés et la contagion jusqu’à moi, par du trouble, de quelque imbécile ébriété.





Même le calme, obligatoire dans une région d’échos, comme on y trempe, je l’ai, particulièrement les soirs de dimanche, jusqu’au silence. Appréhension quant à cette heure, qui prend la transparence de la journée, avant les ombres puis l’écoule lucide vers quelque profondeur. J’aime assister, en paix, à la crise et qu’elle se réclame de quelqu’un. Les compagnons apprécient l’instant, à leur façon, se concertent, entre souper et coucher, sur les salaires ou interminablement disputent, en le décor vautrés. M’abstraire ni quitter, exclus, la fenêtre, regard, moi-là, de l’ancienne bâtisse sur l’endroit qu’elle sait ; pour faire au groupe des avances, sans effet. Toujours le cas : pas lieu de se trouver ensemble ; un contact peut, je le crains, n’intervenir entre des hommes. — « Je dis » une voix « que nous trimons, chacun ici, au profit d’autres. » — « Mieux, » interromprais-je bas, « vous le faites, afin qu’on vous paie et d’être légalement, quant à vous seuls. » — « Oui, les bourgeois, » j’entends, peu concerné « veulent un chemin de fer ». — « Pas moi, du moins » pour sourire « je ne vous ai pas appelés dans cette contrée de luxe et sonore, bouleversée autant que je suis gêné ». Ce colloque, fréquent, en muettes restrictions de mon côté, manque, par enchantement ; quelle pierrerie, le ciel fluide ! Toutes les bouches ordinaires tues au ras du sol comme y dégorgeant leur vanité de parole. J’allais conclure : « Peut-être moi, aussi, je travaille.. — À quoi ? n’eût objecté aucun, admettant, à cause de comptables, l’occupation transférée des bras à la tête. À quoi — tait, dans la conscience seule, un écho — du moins, qui puisse servir, parmi l’échange général. Tristesse que ma production reste, à ceux-ci, par essence, comme les nuages au crépuscule ou des étoiles, vaine.



Véritablement, aujourd’hui, qu’y a-t-il ?



L’escouade du labeur gît au rendez-vous mais vaincue. Ils ont trouvé, l’un après l’autre qui la forment, ici affalée en l’herbe, l’élan à peine, chancelant tous comme sous un projectile, d’arriver et tomber à cet étroit champ de bataille : quel sommeil de corps contre la motte sourde.



Ainsi vais-je librement admirer et songer.



Non, ma vue ne peut, de l’ouverture où je m’accoude, s’échapper dans la direction de l’horizon, sans que quelque chose de moi n’enjambe, indûment, avec manque d’égard et de convenance à mon tour, cette jonchée d’un fléau ; dont, en ma qualité, je dois comprendre le mystère et juger le devoir : car, contrairement à la majorité et beaucoup de plus fortunés, le pain ne lui a pas suffi — ils ont peiné une partie notable de la semaine, pour l’obtenir, d’abord ; et, maintenant, la voici, demain, ils ne savent pas, rampent par le vague et piochent sans mouvement — qui fait en son sort, un trou égal à celui creusé, jusqu’ici, tous les jours, dans la réalité des terrains (fondation, certes, de temple). Ils réservent, honorablement, sans témoigner de ce que c’est ni que s’éclaire cette fête, la part du sacré dans l’existence, par un arrêt, l’attente et le momentané suicide. La connaissance qui resplendirait — d’un orgueil inclus à l’ouvrage journalier, résister, simplement et se montrer debout — alentour magnifiée par une colonnade de futaie ; quelque instinct la chercha dans un nombre considérable, pour les déjeter ainsi, de petits verres et ils en sont, avec l’absolu d’un accomplissement rituel, moins officiants que victimes, à figurer, au soir, l’hébétement de tâches si l’observance relève de la fatalité plus que d’un vouloir.




Les constellations s’initient à briller : comme je voudrais que parmi l’obscurité qui court sur l’aveugle troupeau, aussi des points de clarté, telle pensée tout à l’heure, se fixassent, malgré ces yeux scellés ne les distinguant pas — pour le fait, pour l’exactitude, pour qu’il soit dit. Je penserai, donc, uniquement, à eux, les importuns, qui me ferment, par leur abandon, le lointain vespéral ; plus que, naguères, par leur tumulte. Ces artisans de tâches élémentaires, il m’est loisible, les veillant, à côté d’un fleuve limpide continu, d’y regarder le peuple — une intelligence robuste de la condition humaine leur courbe l’échine journellement pour tirer, sans l’intermédiaire du blé, le miracle de vie qui assure la présence : d’autres ont fait les défrichements passés et des aqueducs ou livreront un terre-plein à telle machine, les mêmes, Louis-Pierre, Martin, Poitou et le Normand, quand ils ne dorment pas, ainsi s’invoquent-ils selon les mères ou la province ; mais plutôt des naissances sombrèrent en l’anonymat et l’immense sommeil l’ouïe à la génératrice, les prostrant, cette fois, subit un accablement et un élargissement de tous les siècles et, autant cela possible — réduite aux proportions sociales, d’éternité.

mallarmé, divagations, anecdotes, conflit (~50%)

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Message par Poupipou Lun 18 Sep 2017 - 10:08

Merci pour le post,

Tu as raison. Je fais parti de ces gens qui cherchent dans les bouquins, les passages qui me feront décoller. Parfois, je me prends à lire le livre en entier (ça reste rare, néanmoins) et très souvent, voire constamment, je balaie des yeux chaque pages jusqu'à être attirée par un ver, un passage pour les romans, qui m'inspirera de belles choses.
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Message par Sabrilanuit Lun 18 Sep 2017 - 18:19

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Message par fleurblanche Mar 19 Sep 2017 - 3:10

Très beau !
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Message par Sabrilanuit Mar 19 Sep 2017 - 9:26

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Message par fift Mar 19 Sep 2017 - 9:44

En ce qui me concerne, étant peu lecteur de poèmes, le passage qui m'a le plus marqué est un extrait du Bateau Ivre. Je l'ai découvert en lisant … une bande dessinée (Les Ethiopiques, Corto Maltese) :
"Si je désire nulle eau d'Europe
C'est la flache noire et froide où,
Vers un crépuscule embaumé
Un enfant accroupi
Plein de tristesse lâche
Un bateau frêle
Comme un papillon de mai"

(le découpage est celui de la bande dessinée, et diffère de l'original)
(Rimbaud, Le bateau ivre)

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Message par Pieyre Mar 19 Sep 2017 - 9:52

En général je ne prends note que de poèmes entiers, qui présentent une unité de sens et de style, de sorte que chaque passage répond à l'autre ou prépare la conclusion. Mais il y a des exceptions quand il s'agit de poèmes très longs, comme ceux de Hugo, de Vigny ou de Musset.

Là, je commence par autre chose : la première strophe (qui est aussi la dernière) d'un poème de Verlaine, écrit en prison à Bruxelles après qu'il ait tiré un coup de feu sur Rimbaud.


          Je ne sais pourquoi
          Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
          Tout ce qui m'est cher,
          D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pour­quoi ?

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Message par Sabrilanuit Mar 19 Sep 2017 - 10:46

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Message par Sabrilanuit Mer 20 Sep 2017 - 15:27

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Message par Invité Mer 20 Sep 2017 - 18:57

((ulysse revient enfin dans sa ville après genre 20 ans d'absence, mais déguisé en mendiant pour n'être reconnu de personne, et ça marche... puis voilà son chien, maintenant très vieux, qui le reconnait, lui, et vient mourir dans ses bras))

Soudain un chien couché près d'eux lève sa tête et dresse ses oreilles : c'est Argus, que le vaillant Ulysse avait élevé lui-même ; mais ce héros ne put voir le succès de ses soins, car il partit trop tôt pour la ville sacrée d'Ilion. Jadis les jeunes chasseurs conduisaient Argus à la poursuite des chèvres sauvages, des cerfs et des lièvres ; mais depuis que son maître était parti, il gisait honteusement sur le vil fumier des mules et des bœufs, qui restait entassé devant les portes, jusqu'à ce que les serviteurs d'Ulysse vinssent l'enlever pour fumer les champs. C'est là que repose étendu le malheureux Argus tout couvert de vermine. Lorsqu'il aperçoit Ulysse, il agite sa queue en signe de caresses et baisse ses deux oreilles ; mais la faiblesse l'empêche d'aller à son maître. Ulysse, en le voyant, essuie une larme qu'il cache au pasteur

XVII, 290

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Message par Fata Morgana Mer 20 Sep 2017 - 21:35

Et bien voilà un pur sujet !

Un sol shisté de soleil m'enrose, m'abeille dans le jardin blanc."

Jean claude renard "Par vide nuit avide.
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Message par Zorglub_33 Ven 22 Sep 2017 - 13:49

Et lui dort-il sous les voiles
il écoute le vent son complice
il regarde la terre ferme son ennemie sans envie
et la boussole est près de son cœur immobile


Le Pirate, Philippe Soupault

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Message par fleurblanche Sam 23 Sep 2017 - 1:25

Tout cela est tellement beau ! Smile
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Message par fleurblanche Sam 23 Sep 2017 - 1:29

" Je dormais et je rêvais que la vie n'était que joie.
Je m'éveillais et je vis que la vie n'est que service.
Je servis et je compris que le service est joie.”


Rabindranàth Tagore.
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Message par Pieyre Jeu 28 Sep 2017 - 19:30

« Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin. »

Cette strophe de la Consolation à Du Périer de Malherbe  (poème dont on peut considérer dans l'ensemble qu'il n'était pas du meilleur goût pour un père qui venait de perdre sa fille de cinq ans) a été l'objet d'une controverse. Quand j'étais en classe de première, mon professeur de français nous avait indiqué qu'il était possible que ce chiasme magnifique, « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses », pouvait n'être dû qu'à une erreur de l'imprimeur, qui aurait lu la forme écrite par Malherbe : « Et Rosette a vécu ce que vivent les roses » comme : « Et Roselle a vécu ce que vient les roses » et qu'il aurait considéré que ce texte était défaillant, en rétablissant « rose elle » en place de « Roselle ». Or, si cette légende de la production d'un vers célèbre par le fait d'un hasard de lecture d'un non-poète qui aurait corrigé le poète peut paraître admirable, il n'en serait rien. Certes Malherbe avait déjà écrit un poème semblable auparavant, la Consolation à Cléophon, qui avait perdu sa fille Rosette, où l'on lit : « Et ne pouvait, Rosette, être mieux que les roses / Qui ne vivent qu'un jour. » Mais, en l'adaptant pour Du Périer, dont la fille s'appelait d'ailleurs Marguerite, c'est bien lui qui aurait amélioré grandement son texte.

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Message par Nyaga Ven 23 Mar 2018 - 11:32

Très beau Smile

Je ne vais pas dans l’originalite mais bon :

« Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. »

« El Desdichado », Gérard de Nerval

Du même auteur :
« Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens ! »

« Fantaisie »

Et puis Prevert « Le cancre » ❤️:
«  Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur »
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Message par Frugalite Ven 23 Mar 2018 - 12:37

Car ce que ta bouche cruelle,
Eparpille en l'air,
Monstre, assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang, et ma chaire.

L'amour et le Crâne, Baudelaire
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Message par Pieyre Ven 23 Mar 2018 - 14:12

Nyaga, en effet : j'aurais beau lire mille fois ces passages de Nerval, cela reste à chaque fois aussi inouï. L'évocation de la dame à sa haute fenêtre, c'est d'une douceur intemporelle que certains – ce qui n'est pas mon cas – pourraient juger un peu trop sentimentale. Mais, de reconnaître au poète cette puissance d'inspiration qui lui permet de moduler tour à tour les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée, quand bien même on pourrait contester ces deux figures emblématiques de la femme, cela procure selon moi une émotion où se mêlent tous les aspects de l'éros d'une façon difficilement dépassable.

« Ô temps ! suspends ton vol; et vous heures propices !
          Suspendez votre cours :
Laissez‑nous savourer les rapides délices
          Des plus beaux de nos jours ! »

— Lamartine, Le lac

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Message par Nyaga Ven 23 Mar 2018 - 16:37

Pieyre oui tout à fait Smile et la musicalité de ce vers m’attire aussi tout particulièrement.

En ce qui concerne « Fantaisie » c’est également le thème, la nostalgie d’une vie antérieure qui me plaît énormément.

Tu me fais penser qu’il faudrait que je relise Lamartine. Je l’ai toujours trouvé trop classique à mon goût, je suis curieuse de voir si mon ressenti a évolué.
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Message par Invité Ven 23 Mar 2018 - 17:06

Sais pas je pensais à ici et René Char est venu me chuchoter ceci :
« Mettre en route l’intelligence sans le recours des cartes d’etat-Major ». Personnellement j’aurais préféré la proposition « de » après cartes pour généraliser le propos.

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Message par AlphonseK Ven 23 Mar 2018 - 17:11

"Carcasse, Où est ta place ici, gêneuse, pisseuse, pot cassé ?
Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre mondes !"

Henri Michaux (contre!)


C'est chouette de lire vos extrais choisi.
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Message par Pieyre Ven 23 Mar 2018 - 17:30

Nyaga, à vrai dire, j'ai rarement lu des recueils de poèmes intégralement, sinon de Verlaine. Alors, Lamartine, c'est selon moi un peu comme Hugo. À la question : « Quel est le plus grand poète français ? », tout le monde connaît la réponse d'André Gide : « Victor Hugo, hélas ! »

De Lamartine, hormis Le lac, je connais ces Vers sur un album :

« Le livre de la vie est le livre suprême
Qu'on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix;
Le passage attachant ne s'y lit pas deux fois,
Mais le feuillet fatal se tourne de lui‑mê­me;
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page où l'on meurt est déjà sous vos doigts. »

Mais c'est tout. À cette époque, avec Hugo, c'est surtout Vigny et Musset que j'ai retenus, avant de passer par la suite à Baudelaire, Verlaine et Rimbaud.

Un extrait du Moïse de Vigny :

« Sitôt que votre souffle a rempli le berger,
Les hommes se sont dit : « Il nous est étranger. »
Et leurs yeux se baissaient devant mes yeux de flamme,
Car ils venaient, hélas ! d'y voir plus que mon âme.
J'ai vu l'amour s'éteindre et l'amitié tarir;
Les vierges se voilaient et craignaient de mourir.
M'enveloppant alors de la colonne noire,
J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloi­re,
Et j'ai dit dans mon cœur : « Que vouloir à présent ? »
Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant,
Ma main laisse l'effroi sur la main qu'elle touche,
L'orage est dans ma voix, l'éclair est sur ma bouche;
Aussi, loin de m'aimer, voilà qu'ils tremblent tous,
Et, quand j'ouvre les bras, on tombe à mes genoux.
Ô Seigneur ! j'ai vécu puissant et soli­taire,
Laissez‑moi m'endormir du sommeil de la terre ! »

Pieyre

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