Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
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Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Jeudi dernier je suis allé à mon premier Café philo à Toulouse (thème de la cession : " LES DÉMOCRATIES PEUVENT-ELLES TOLÉRER TOUTES LES IDÉOLOGIES ?", cf. mon post). Je me dit que çà pourrait être aussi l'occasion de sorties/rencontres pour nous.
Les débats sont généralement le jeudi soir de 20h30 à 22h30 au Café Saint-Sernin, 2 rue Saint-Bernard, 31000 Toulouse.
Pour le programme, voir le site fourni de l'asso : https://alderan-philo.org
C'est très riche : il y a aussi, à d'autres moments, des conférences, cycle de cours, cercle de lecture, etc...
Avis donc auxamateurs shad'oc !
Les débats sont généralement le jeudi soir de 20h30 à 22h30 au Café Saint-Sernin, 2 rue Saint-Bernard, 31000 Toulouse.
Pour le programme, voir le site fourni de l'asso : https://alderan-philo.org
C'est très riche : il y a aussi, à d'autres moments, des conférences, cycle de cours, cercle de lecture, etc...
Avis donc aux
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Wow merci, je cherchais justement ce genre d'événements. Pas sur d'être dispo ce jeudi mais je prends note pour les semaines suivantes.
leow- Messages : 30
Date d'inscription : 21/09/2017
Localisation : Toulouse
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Soto, moi aussi j'y étais !
Breizhanie- Messages : 86
Date d'inscription : 20/05/2017
Localisation : Bordeaux
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Présent aussi, cela ne me fera pas de mal
Invité- Invité
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
@ Breizhanie : sha alors !
Sujet de demain : POURQUOI SOMMES-NOUS MAUVAIS PERDANTS ?
De mon coté çà ne décoiffe pas, mais çà ne mange pas de pain non plus...
A priori j'y go.
Signe distinctif pour se reconnaître : j’hésite entre vous proposer de porter des chaussettes dépareillées ou mettre un nez de clown. Il y avait aussi "faire le salut nazi en rentrant dans la salle" (en référence au sujet précédent), mais je ne suis pas sûr que tout le monde en apprécie l'humour, à commencer par moi...
Sujet de demain : POURQUOI SOMMES-NOUS MAUVAIS PERDANTS ?
De mon coté çà ne décoiffe pas, mais çà ne mange pas de pain non plus...
A priori j'y go.
Signe distinctif pour se reconnaître : j’hésite entre vous proposer de porter des chaussettes dépareillées ou mettre un nez de clown. Il y avait aussi "faire le salut nazi en rentrant dans la salle" (en référence au sujet précédent), mais je ne suis pas sûr que tout le monde en apprécie l'humour, à commencer par moi...
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Hello,
Des personnes présentes à la séance de ce soir ?
Bonne soirée !
Des personnes présentes à la séance de ce soir ?
Bonne soirée !
Shlorkhan- Messages : 171
Date d'inscription : 16/11/2016
Age : 27
Localisation : Là-bas
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
yo Shlorkhan ! Pas moi, j'avais une repet de batuk. Par contre je pense y aller demain, mais c'est pas "café" philo, c'est une conférence et c'est pas au café St Sernin :
Date de début: 20:30
Sujet :
LE GESTE ET LA PAROLE
DANS LA GRÈCE ANTIQUE
Mythes et rituels dans le monde grec antique aux époques
archaïques et classiques (VIIIème-IVème s AV.JC)
Conférence par Christophe Trémège
Titulaire d’un DEA en Sciences de l’Antiquité (Université Jean Jaurès de Toulouse)
Enseigne l’histoire grecque aux étudiants en licence à l’ICT
(Faculté des lettres et des sciences humaines)
Lieu : Maison de la Philosophie
PAF : 4€ - Adhérent : gratuit
Cf. site en début de post pour plus d'infos.
S'il y en a qui veulent se connecter, faites vous connaitre.
Date de début: 20:30
Sujet :
LE GESTE ET LA PAROLE
DANS LA GRÈCE ANTIQUE
Mythes et rituels dans le monde grec antique aux époques
archaïques et classiques (VIIIème-IVème s AV.JC)
Conférence par Christophe Trémège
Titulaire d’un DEA en Sciences de l’Antiquité (Université Jean Jaurès de Toulouse)
Enseigne l’histoire grecque aux étudiants en licence à l’ICT
(Faculté des lettres et des sciences humaines)
Lieu : Maison de la Philosophie
PAF : 4€ - Adhérent : gratuit
Cf. site en début de post pour plus d'infos.
S'il y en a qui veulent se connecter, faites vous connaitre.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Excellent, c'est l'occasion de mettre en relation les différentes disciplines que j'étudie. Il y a moyen que j'y aille aussi du coup. Merci pour l'information!
Shlorkhan- Messages : 171
Date d'inscription : 16/11/2016
Age : 27
Localisation : Là-bas
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonjour bonjour ! Je suis allée à mon premier café philo hier soir, et je tombe sur vos posts aujourd'hui. Petite coïncidence :p
Ce serais sympas qu'on s'y retrouve la semaine pro? Le sujet c'est "Qu'est ce qu'être autonome?"
On pourrait ce donner rdv un peu avant devant le café pour se reconnaître.
Bonne soirée !
Ce serais sympas qu'on s'y retrouve la semaine pro? Le sujet c'est "Qu'est ce qu'être autonome?"
On pourrait ce donner rdv un peu avant devant le café pour se reconnaître.
Bonne soirée !
sunset- Messages : 2
Date d'inscription : 07/10/2017
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonjour sunset, et bienvenu !
Nous étions deux à la conf d'hier soir et c'était vraiment excellent (le sens du sacré et des rituels du quotidien chez les grecs, d'indifférenciation culte/culture, la production et la socialisation du mutos, du mythe, l'éthique et le sens de la honte et de l'honneur (vs morale chrétienne du Bien et du Mal), le "Roi" et l'agora... bref, édifiant et passionnant !
Pour ma part le sujet sur l'autonomie m'intéresse beaucoup : j'ai une culture épistémologique sur sa conception dans le domaine biologique du vivant.
Donc, sauf contre-temps, je pense y aller.
Nous étions deux à la conf d'hier soir et c'était vraiment excellent (le sens du sacré et des rituels du quotidien chez les grecs, d'indifférenciation culte/culture, la production et la socialisation du mutos, du mythe, l'éthique et le sens de la honte et de l'honneur (vs morale chrétienne du Bien et du Mal), le "Roi" et l'agora... bref, édifiant et passionnant !
Pour ma part le sujet sur l'autonomie m'intéresse beaucoup : j'ai une culture épistémologique sur sa conception dans le domaine biologique du vivant.
Donc, sauf contre-temps, je pense y aller.
Bonne idée, mais pour ma part je risque d'arriver "just in time". Le plus simple est de s'échanger nos tel en mp.sunset a écrit:On pourrait ce donner rdv un peu avant devant le café pour se reconnaître.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonjour! Le thème de demain m'intéresse. Je tâcherai de venir.
Haude- Messages : 108
Date d'inscription : 04/01/2014
Age : 54
Localisation : Muret
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Sauf imprévu, je vais venir voir à quoi ça ressemble.
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Cool, çà commence à ressembler à une opération commando philo !
A ce soir.
- Textes de prépa pour ce soir:
- ... reçu par courriel de l'assoc, donc pour ceux qui ne les recevraient pas :
Qu’est-ce qu’ÊTRE AUTONOME ?
Textes de préparation
C'est, à mon avis, les deux derniers qui sont les plus intéressants :
* * *
Est-ce devenir majeur ?
Les enfants de la maison, qui avec les parents constituaient une famille, deviennent majeurs, c'est-à-dire leurs propres maîtres, sans qu'il soit besoin d'un contrat qui les libère de leur dépendance passée, par le seul fait qu'ils parviennent à la faculté de se conserver eux-mêmes (ce qui résulte en partie du cours universel de la nature qui leur donne une majorité naturelle, et en partie de leurs dispositions particulières) ; ils acquièrent ce droit sans aucun acte juridique particulier, par conséquent simplement grâce à la loi. Ils ne doivent plus rien aux parents en ce qui touche leur éducation, de même que ceux-ci sont libérés inversement en même façon de leur obligation envers les enfants, si bien que les uns et les autres trouvent ou retrouvent leur naturelle liberté. Quant à la société familiale qui était nécessaire d'après la loi, elle est dès lors dissoute.
Kant (1724-1804)
Fondements à la métaphysique des moeurs
* * *
Mais la majorité légalé suffit-elle à faire de nous des êtres autonomes ?
Ne plus être mineur n’est pas qu’une disposition légale : encore faut-il vouloir l’être !
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d'une direction étrangère, restent cependant volontiers leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est si aisé d'être mineur ! Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant vers leur majorité, outre que c'est une chose pénible, c'est ce à quoi s'emploient fort bien les tuteurs qui, très aimablement, ont pris sur eux d'exercer une haute direction de l'humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail, et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n'aient pas la permission d'oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace, si elles essaient de s'aventurer seules au dehors. Or ce danger n'est vraiment pas si grand ; car, elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher ; mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte détourne ordinairement d'en refaire l'essai. Il est donc difficile pour chaque individu de sortir de la minorité, qui est presque devenue pour lui nature.
Kant (1724-1804)
Fondements à la métaphysique des moeurs
* * *
Etre autonome, est-ce avant tout s’être émancipé, c’est-à-dire refuser l’aliénation ?
Il est assez difficile de comprendre comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus d'honneur se conduire par ses propres yeux que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espoir d'avoir un conducteur. (...) Pourquoi le fou marche-t-il dans les ténèbres ? C'est qu'il ne voit que par les yeux d'autrui, et que ne voir que de cette manière, proprement parler, c'est ne rien voir. L'usage de l'esprit est celui des yeux ce que l'esprit est aux yeux ; et de même que l'esprit est infiniment au-dessus des yeux, l'usage de l'esprit est accompagné de satisfactions bien plus solides, et qui le contentent bien autrement, que la lumière et les couleurs ne contentent la vue. Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent jamais de leur esprit pour découvrir la vérité.
Nicolas Malebranche (1638-1715)
Recherche de la vérité, 1674
* * *
Mais la liberté préserve-t-elle de toute aliénation et manque d’autonomie ?
La liberté peut aussi amener à l’aliénation
La motivation peut être aliénante. Faisons une brève parenthèse à propos de la liberté. Nous pouvons affirmer que, de toute façon, l'individu humain est libre. Il est libre parce qu'il est la source de son action, il est la source de ce dépassement que l'on constate en lui, quand il va du passé immédiat vers le futur immédiat. N'importe lequel de nos gestes quotidiens, n'importe laquelle de nos actions, est une sorte de transcendance (comme le dit Sartre), un dépassement du passé vers l'avenir. Ce dépassement est en même temps un arrachement à ce que l'on pourrait croire être la causalité.
Donc, l'individu est libre. Mais cette liberté est une liberté spontanée, source d'elle-même. Elle est rapide, elle est hâtive, et dans la plupart des cas, elle est obscure, quasiment ignorante. Elle est consciente, mais ignorante de ses vraies significations.
Pour résumer, la liberté spontanée, qui est donnée à tous, pour tous, dans toutes circonstances, reste, dans la plupart des cas, une liberté maladroite et obscure. Une liberté qui est capable de produire - et c'est ce qu'elle fait le plus souvent - de la dépendance !
Prenons un exemple simple : l'adolescent qui se drogue. Il est libre. Il décide librement d'un acte spontané. Il décide de se fournir de la drogue et de se droguer pour obtenir un certain effet. Il décide librement, mais il n'a pas assez réfléchi, et le résultat c'est qu'il a mal choisi, il a mal orienté sa liberté. En effet, sa liberté se retournera contre lui et créera une dépendance.
Indépendamment de la drogue il y a un nombre incroyable de personnes qui sont dépendantes librement ! Je pense au texte de La Boétie, au sujet de la servitude volontaire. Nous ne sommes dépendants de chefs d'États tyrans ou dictateurs que dans la mesure où nous le voulons bien. Nous le voulons bien, mais en même temps nous sommes dépendants. Cela veut dire, qu'au fond, tout cela crée de la souffrance. Et c'est dans ce cadre-là, celui de la spontanéité et de la dépendance, que nous allons voir en jeu (et vous avez raison de l'évoquer) les motivations passives !
Mais, souvent, ces motivations, qui vont agir sur nous et nous rendre dépendants, ne sont actives que contre nous, que par nous ! C'est nous qui faisons l'efficacité des motivations qui nous aliènent. Nous sommes réellement aliénés, mais par notre faute.
Nous restons responsables de tous nos actes et de toutes nos intentions ?
Oui, et même de tous ceux qui se retournent contre nous, et a fortiori contre les autres. Voilà pourquoi il y a maintenant (et ce sera le but d'une philosophie de la joie et du bonheur) à faire que cette liberté, qui est la liberté du Désir, aboutisse à des résultats qui soient positifs et non négatifs. C'est-à-dire qu'il faut reconstruire la vie de la liberté. Il faut construire cette fois, non pas une liberté dépendante, mais une liberté indépendante.
Une authentique liberté. Et ce sera l'œuvre de la réflexion.
Robert Misrahi
L’enthousiasme et la joie, au Temps de l’Exaspération, 2000
* * *
Il y a des formes d’auto-aliénation qui nous faut dépendre d’autrui :
la puissance fanatique idéologique
Parmi les formes d’auto-aliénation, il en est une qu’il ne faut pas négliger : l’auto-aliénation idéologique, la servitude intellectuelle volontaire, qui devient vite fanatisme. Le 20ème siècle a montré la puissance aliénante des idéologies (de tout bord) pour l’individu qui se laisse séduire. Le début du 21ème siècle a vu le retour d’idéologies que l’on pensait dépassées, les idéologies religieuses. Le texte qui suit, extrait d’un ouvrage d’Arthur Koestler, illustre le processus d’auto-aliénation idéologique en prenant le cas, à peine déguisé, de Sartre :
A la vedette noire [lors d’un meeting politique du Parti] succéda un célèbre philosophe français, le professeur Pontieux. Il était grand, gauche et mal assuré. Il plaça devant lui sur le pupitre le texte de son discours, une volumineuse liasse de feuillets que les autres orateurs inscrits regardèrent avec un peu d'appréhension, ajusta ses lunettes et commença :
«je vais être tout à fait sincère avec vous. je ne suis pas membre du Parti...»
Il se tut et, à la surprise générale, le président se mit à applaudir en regardant sévèrement l'auditoire.
L'auditoire joignit ses applaudissements aux siens mais sans enthousiasme. Le professeur parut ému.
«Merci, dit-il. je vois dans votre amical hommage la preuve de cette largeur d'idées, de cette tolérance qui est un élément inhérent à tous les mouvements révolutionnaires progressistes de l'Histoire.
- Qui diable est-ce là ? demanda Heydie.
- Un professeur de philosophie. Il peut prouver tout ce qu'il croit et il croit tout ce qu'il peut prouver. »
Pontieux avait commencé à exposer les principes du néonihilisme, une philosophie qu'il avait lancée dans son fameux ouvrage Négation et Position et qui avait été très à la mode après la seconde guerre mondiale. Il y avait eu des pièces de théâtre néo-nihilistes, des boîtes de nuit néonihilistes, des crimes néo-nihilistes, parmi lesquels la célèbre affaire Duval, un tapissier daltonien de Ménilmontant qui avait égorgé sa femme et ses trois enfants et qui, comme on lui demandait au procès pourquoi il avait commis ce crime, avait fait la réponse classique : «Pourquoi pas ?» Ceci provoqua une dissidence au sein du groupe néo-nihiliste dont l'aile extrême s'intitula les «Pourquoi pas-istes? » et fonda une boîte de nuit rivale laquelle, grâce à un trio de chanteuses séduisantes appelées les « Soeurs pourquoi pas ?», se tailla la part du lion parmi les touristes américains à tendances intellectuelles. Le professeur Pontieux était épouvanté par ces événements, car c'était un moraliste sincère, un dialecticien croyant à la mission révolutionnaire du prolétariat, ce qui, comme il ne se lassait pas de l'expliquer dans un flot de livres et de brochures, était l'essence même de la philosophie néonihiliste.
Clignant des yeux sous l'éclat des projecteurs, Pontieux s'appliquait à définir son attitude envers « la crise de valeurs universelle actuelle, ce défi le plus grand qui ait jamais été lancé à l'individu par le milieu social qu'il a lui-même créé ». Il parlait d'une voix hésitante et avec une sincérité évidente, en soulignant ses mots par les gestes saccadés d'un homme timide en proie à une forte agitation.
La plus grande partie de son discours était formulée en propositions négatives. Il n'était pas - il l'avait déclaré avec franchise - membre du Parti. Mais cela ne signifiait point qu'il fût insensible aux forces dynamiques inhérentes à la volonté organisée des masses. En tant qu'humaniste, il était l'ennemi de toute restriction imposée au droit d'expression de l'individu. Mais cela ne signifiait point que le mouvement révolutionnaire qui représentait la volonté créatrice de l'Histoire dût être mutilé par l'application de concepts légaux rigides et statiques. Ici, il parut se perdre dans son texte, tourna une page et déclara en frappant deux fois le pupitre du poing, ce qui renversa le verre d'eau :
« L'homme n'est fidèle à sa vérité que lorsqu'il dépasse les limites inhérentes à sa nature. »
Il prit un temps pour l'effet, le président applaudit et toujours applaudissant, s'approcha du pupitre et ramassa le verre. Il y eut quelques applaudissements dans l’auditoire, et le professeur continua à expliquer que la société planifiée était la seule où l'homme pouvait dépasser ses propres limites par l'acceptation volontaire des bornes nécessaires imposées à sa liberté par la volonté démocratique des masses. Mais cela ne signifiait nullement, bien entendu, que, dans une démocratie révolutionnaire, la volonté des masses dût forcément dominer dans toutes les situations concrètes. Le plus souvent, en effet, l'Histoire atteignait ses buts par la négation de ses propres négations. Ainsi, la démocratie pouvait, dans certaines circonstances, se manifester sous la forme extérieure d'une dictature, tandis que, dans une autre situation, la dictature pouvait apparaître sous l'aspect de la démocratie. Il ne fallait pas oublier non plus que le rejet du nationalisme n'impliquait point l'acceptation du cosmopolitisme. Il se déclara en faveur du gouvernement mondial, mais contre toute restriction de souveraineté nationale. Il condamna les arrestations arbitraires et les emprisonnements sans jugement, mais reconnut aux forces de progrès le droit d'éliminer sans pitié les représentants de la réaction. Il déclara qu'il considérait la religion comme une drogue dangereuse pour le peuple, et il loua la Libre Confédération d'encourager les pratiques religieuses dans toutes les races et toutes les Églises. Il reconnut qu'il était un ardent avocat du désarmement universel, mais rejeta toute ingérence dans la transformation des pays de progrès en puissants arsenaux de paix. Il demandait que les nations éprises de paix prissent l'offensive et portassent sans pitié la lutte pour la paix sur le territoire de l'ennemi.
« Le plus grand danger pour la paix est le défaitisme pacifiste », déclara le professeur Pontieux au milieu de vigoureux applaudissements.
Après quelques variations sur ce thème, il salua l'avance victorieuse des armées de la paix dans les diverses parties du monde, tout en restant, quant à lui, neutre dans ce conflit, réservant les droits d'une critique objective envers l'un et l'autre camp. Bien qu'il ne participât à ce Ralliement qu'en qualité d'invité, il remercia le comité et les membres pour la patience avec laquelle ils avaient écouté ses opinions, hérétiques, il en convenait, et leur souhaitait bonne chance dans leur œuvre de Paix, de Liberté et de Progrès...
Arthur Koestler (1905-1985)
Les hommes ont soif, 1951
* * *
POUR APPROFONDIR CE SUJET
- Dans l’intimité des drogues, sous la direction de Mario Sanchez, Éditions Autrement, 2003
- Le poison de la dépendance, Francis Hofstein, Seuil, 2000
- Du chocolat à la morphine, Andre Weil et Winifred Rosen, Editions du Lézard,1993
- Je veux regarder Dieu en face (le phénomène hippie), Michel Lancelot, J’ai lu, 1971
- Les portes de la perception , Aldous Huxley (1954), Éditions du Rocher, 1984
- Le cas étrange du Dr. Jekyll et de M. Hyde, Robert Louis Stevenson (1886), Librio, 2000
A ce soir.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Merci d’avoir partagé ce mail !
À ce soir
À ce soir
sunset- Messages : 2
Date d'inscription : 07/10/2017
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Ah! J'étais justement en train de me préparer pour y aller, ces textes tombent à point nommé, merci!
À ce soir aussi, donc.
À ce soir aussi, donc.
Shlorkhan- Messages : 171
Date d'inscription : 16/11/2016
Age : 27
Localisation : Là-bas
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Je suis au fond dans le coin.
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
Mensa / zebra crossing
Bonjour, je cherche le pseudo du zèbre que j'ai vu au café-philo ce jeudi et à la soirée mensa le vendredi suivant, le 24.
Nicolas Messina- Messages : 3
Date d'inscription : 24/09/2014
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Thème de jeudi prochain : POURQUOI OPPOSE-T-ON MORALE ET ETHIQUE ?
A priori, j'y vais. Anybody else ?!
Sinon, demain soir (mercredi, hein) :
Les chemins de la pensée
Date de début: 18:30
Sujet :
LA LAÏCITÉ DANS LES SCIENCES
La distinction entre savoirs, opinions, croyances
par Guillaume Lecointre
du Muséum national d'histoire naturelle
Conférence de Zététique
Lieu : Salle San-Subra, Rue San Subra, Toulouse, France
PAF : 4€ - Adhérent gratuit
... chui tenté aussi...
A priori, j'y vais. Anybody else ?!
Sinon, demain soir (mercredi, hein) :
Les chemins de la pensée
Date de début: 18:30
Sujet :
LA LAÏCITÉ DANS LES SCIENCES
La distinction entre savoirs, opinions, croyances
par Guillaume Lecointre
du Muséum national d'histoire naturelle
Conférence de Zététique
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soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Salut :-) je viendrai sans doute demain soir pour le café philo. Tu as les docs de l'asso à mettre en lien? A demain(si tout va bien).
Haude- Messages : 108
Date d'inscription : 04/01/2014
Age : 54
Localisation : Muret
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Salut /// Pour l'instant je n'ai rien reçu... Oui, surement à demain.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonsoir à vous,
J'irai aussi au café philo de ce jeudi; le thème est tout à fait en lien avec les notions abordées par M. Trémège lors de la conférence sur la Grèce antique. C'est parfait.
À demain à ceux qui seront présents, donc.
J'irai aussi au café philo de ce jeudi; le thème est tout à fait en lien avec les notions abordées par M. Trémège lors de la conférence sur la Grèce antique. C'est parfait.
À demain à ceux qui seront présents, donc.
Shlorkhan- Messages : 171
Date d'inscription : 16/11/2016
Age : 27
Localisation : Là-bas
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Ayé !
SUPPORT DE REFLEXION :
Support de réflexion du débat du 30/11/2017
* * *
Société, culture et morale : il n’y a pas de société sans morale
La morale est un élément universellement constitutif des cultures, mais il n’existe pas de morale universelle. Elle relève toujours d’une convention sociale et historique, elle est toujours relative et contextuelle :
Le comportement typique, caractéristique de l'état civilisé, diffère essentiellement du comportement animal à l'état de nature. Quelque simple que soit sa culture, l'homme dispose d'un ensemble matériel d'instruments, d'armes, d'ustensiles domestiques ; il évolue dans un milieu social qui l'assiste et le contrôle à la fois ; il communique avec les autres à l'aide de langage et arrive à former des concepts d'un caractère rationnel, religieux ou magique. L'homme dispose ainsi d'un ensemble de biens matériels, il vit au sein d’une organisation sociale, communique à l'aide du langage et puise les mobiles de ses actions dans des systèmes de valeurs spirituelles. Ce sont là les quatre principaux groupes dans lesquels nous rangeons la totalité des conquêtes culturelles de l'homme. Nous ne connaissons donc la culture qu'à l'état de fait accompli, mais nous ne l'observons jamais, et c'est ce dont il importe de se rendre compte avec toute la clarté possible, in statu nascendi [...] Commençons par formuler ce postulat que les principales catégories culturelles ont dû exister simultanément dès le début, à l'état d'interdépendance. Elles n'ont pas pu naître les unes après les autres, et il est impossible d'établir leur succession dans le temps. La culture matérielle, par exemple, n'a pas pu naître, avant que l'homme n'ait été capable de se servir de ses outils selon la technique traditionnelle qui, nous le savons, implique un certain canon de connaissances. De leur côté, la connaissance et la tradition sont inconcevables sans l'existence de la pensée conceptuelle et du langage. Il existe donc une corrélation étroite entre la pensée, le langage, et la culture matérielle, il a dû en être ainsi à toutes les phases de l'évolution, y compris la phase initiale. D'autre part, les arrangements matériels de la vie, usage d'ustensiles domestiques, moyens de déplacement dans la vie de tous les jours, sont les corollaires et les conditions préliminaires indispensables de toute organisation sociale. Le foyer et le seuil ne sont pas seulement des symboles de la vie domestiques, mais des facteurs sociaux réels jouant un rôle des plus actifs dans la formation de liens de parenté. De son côté, la morale est une force sans laquelle l'homme est incapable de lutter contre ses instincts, ou même de dépasser la vie purement instinctive, et à laquelle il doit constamment avoir recours à l'état de culture, même dans ses activités techniques les plus simples.
Alexandre Malinowski (1884-1942)
La sexualité et sa répression parmi les sociétés primitives
* * *
Les référents d’une morale peuvent être imaginaire
Les fondements moraux ne sont pas seulement relatifs, ils sont aussi subjectifs, ils peuvent relever entièrement de notions imaginaires, fictionnelles, décorrélées de toute réalité mondaine ou anthropologique.
Dans le christianisme, ni la morale ni la religion n'ont quelque point de contact que ce soit avec la réalité. Il ne s'y trouve rien que des causes imaginaires (“Dieu”, “l'âme”, le “Moi “, l'”esprit”, le “libre arbitre”, à moins que ce ne soit le “serf arbitre”) ; rien que des effets imaginaires (“péché “,”rédemption “, “grâce” , “châtiment”, “rémission des péchés”). Un commerce entre des êtres imaginaires (“Dieu”, “esprits”, “âmes”) ; une science imaginaire de la nature (anthropocentrique ; absence totale du concept de causes naturelles) ; une psychologie imaginaire (rien que des malentendus sur soi-même, interprétations de sensations générales agréables ou désagréables, des états du nervus sympathicus par exemple, à l'aide du langage figuré de l'idiosyncrasie religieuse et morale, (“repentir”, “remords”, “a tentation du diable”, “la présence de Dieu”) ; une téléologie imaginaire (“le royaume de Dieu”, le “jugement de Dieu”, la “vie éternelle”). Ce monde de pure fiction se distingue du monde des rêves par un trait qui est fort à son désavantage, c'est que ce dernier reflète la réalité, tandis que l'autre ne fait que la fausser, la dévaluer, la nier. Une fois que l'on eut inventé le concept de « nature » pour l'opposer en tant que tel à celui de « Dieu », « naturel » ne put que devenir l'équivalent de " condamnable “ : ce monde de fiction a tout entier sa racine dans la haine de la nature (de la réalité), il est l'expression d'un profond malaise causé par la réalité ... Mais cela explique tout. Le seul qui ait besoin de mentir pour s'évader de la réalité, qui est-il ? Celui qui en souffre. Mais souffrir de la réalité signifie être soi-même une réalité manquée ... La prépondérance des sentiments de déplaisir sur les sentiments de plaisir est la cause de cette religion, de cette morale fictives ; or, c'est cette prépondérance qui fournit la formule de la décadence ...
Nietzsche (1844 - 1900)
L’antéchrist, chap XV
* * *
La nature, un alibi pour bien des morales
Dans un univers créé par Dieu, le monde et ses habitants étaient nécessairement comme ils devaient être. La nature était pour ainsi dire plaquée sur la morale. Avec la théorie de l'évolution, il devint tentant de retourner la situation et de déduire une morale de la connaissance de la nature. Dès sa naissance, le darwinisme s'est ainsi trouvé mêlé à l'idéologie. Dés le début, l'évolution par sélection naturelle fut utilisée, à l'appui de doctrines variées, voire opposées. Comme les processus naturels sont dépourvus de toute valeur morale, on pouvait tout aussi bien la peindre en blanc ou en noir et en proclamer l'accord avec n'importe quelle thèse. Pour Marx et Engels, l'évolution des espèces marchait dans le même sens que l'histoire des sociétés. Pour les idéologies capitalistes et colonialistes, le darwinisme servait d'alibi scientifique pour justifier les inégalités sociales et les formes variées du racisme. Depuis le milieu du XIXe siècle, on a vu se répéter les efforts - et la sociobiologie en représente le plus récent - pour fonder une morale sur des considérations éthologico-évolutionnistes. En fait, la capacité d'adopter un code moral peut être considérée comme un aspect du comportement humain. Elle doit donc avoir été modelée par des forces de sélection tout comme, par exemple, la capacité de parler, ce que Noam Chomsky appelle une «structure profonde14». En ce sens, il revient aux biologistes d'expliquer comment les êtres humains ont, au cours de l'évolution, acquis leur capacité à avoir des croyances morales. Mais cela ne s'applique en rien au contenu de ces croyances. Ce n'est pas parce qu'une chose est «naturelle» qu'elle est «bonne», Même s'il existait des différences de tempérament et de capacité cognitive entre les deux sexes - ce qui reste à préciser - il n'en serait pas pour autant «bien» ou «juste» de refuser aux femmes certains droits et certains rôles dans la société. Il n'y a pas plus de raison de chercher dans l'évolution une explication des codes moraux qu'une explication de la poésie ou de la mathématique. Et personne n'a jamais suggéré une théorie biologique de la physique.
En fait, vouloir fondre l'éthique dans les sciences de la nature, c'est confondre ce que Kant considérait comme deux catégories bien distinctes. Cette «biologisation», si l'on peut dire, relève idéologiquement du scientisme, de la croyance que les méthodes et concepts de cette science pourront un jour rendre compte des activités humaines dans leurs moindres aspects. C'est une telle croyance qui transparaît derrière la terminologie quelque peu équivoque utilisée par beaucoup de sociobiologistes, derrière certaines de leurs suppositions que rien ne justifie, ou derrière leur extrapolations de l'animal à l'homme.
François Jacob (1920-2013)
in Le jeu des possible, Livre de poche, 1981
14 - Chomsky, N. Problems of Knowledge and Freedom. The Russell Lectures. Pantheon Books, New York 1971.
* * *
La naissance de la conscience critique individuelle
est l’acte de naissance de l’éthique
La perpétuation de la morale serait éternelle s’il n’y avait pas une différenciation individuelle dans la manière d’apprécier et de juger les la valeur des actes et des comportements humains.
La majeure partie des membres de n’importe quelle société donnée se laissent guider par le code de morale généralement accepté; quelques-uns rejettent le code soit en totalité, soit en partie; et quelques-uns préfèrent vivre conformément à un autre code, plus élevé, plus exigeant.
Aldous Huxley (1894-1963)
La philosophie éternelle
* * *
L’éthique comme acte de déconditionnement individuel
du consentement social collectif et passif ?
L’éthique peut s’envisager comme un processus de déconditionnement du contenu de la morale, donc des normes sociales et dans certains cas des lois communément admises.
La morale, c’est ce qui reste de la peur quand on l’a oubliée.
Jean Rostand (1894-1977)
* * *
L’éthique, une approche expérientiele et conséquentialiste,
et non plus principielle et a priori
L'expérience ne permet pas aux hommes d'ignorer combien ils se nuiraient, si chacun, voulant s'occuper de son bonheur aux dépens de celui des autres, pensait que toute action est suffisamment bonne dès qu'elle procure un bien physique à celui qui agit. Plus ils réfléchissent sur leurs besoins, sur leurs plaisirs, sur leurs peines, ... plus ils sentent combien il leur est nécessaire de se donner des secours mutuels. Ils s'engagent donc réciproquement; ils conviennent de ce qui sera permis ou défendu, et leurs conventions sont autant de lois auxquelles les actions doivent être subordonnées; c'est là que commence la moralité.
Etienne Bonnot de Condillac (1715 - 1780)
Traité des animaux, 1755 , Partie Il, Chap 7
* * *
Les chocs entre morale (d’une société) et éthique (d’un individu) sont nombreux
en voici un exemple concernant l’industrie de la guerre et le marché des armes.
Certains vous diront : “Oui, mais j'ai une famille à nourrir, il me faut gagner ma vie et je n'ai pu trouver que cet emploi.”
Bien sûr, mais on peut dire cela de toute activité délictuelle. Le criminel a peut-être lui aussi une famille à élever et peut-être ne sait-il pas comment y parvenir sauf par des voies que réprouvent la morale et la législation. La fabrication des armes fait vivre tant de milliers de personnes dans notre pays qu'on ne se résout à en limiter l'activité qu'avec force réticences. Nous nous glorifions même d'être un grand exportateur d'armes à travers le monde. La France actuellement figure au troisième rang mondial en volume, mais au premier rang si on rapporte ce volume au nombre d'habitants. Il y a quelques années, un député s'était hasardé à demander à l'Assemblée nationale une "moralisation" des ventes d'armes. On a eu tôt fait de contraindre l'imprudent au silence. Et plus jamais on a reparlé de moraliser ce commerce. D'ailleurs le mot "vente d'armes" n'est pas moralisable. La guerre non plus. On ne moralise pas la guerre, on la supprime. Il faut savoir ce que l'on veut si on est honnête.
Théodore Monod (1902-2000)
Terre et ciel
* * *
La distinction entre morale et éthique facilite l’autonomisation de soi
et une réappropriation de son comportement
Les choses extérieures ne dépendent pas de moi; ma volonté dépend de moi.
Où chercher le bien et le mal ? En moi-même, dans ce qui est mien.
Epictète ( 50 - env. 125 après JC)
* * *
POUR APPROFONDIR CE SUJET
- Du devoir de la désobéissance civile, de Henry David Thoreau, Aldéran Éditions, 1998
- Les voix de la liberté, les écrivains engagés au 19ème siècle, par Michel Winock, Seuil, 2001
- Petite philosophie à l’usage des non philosophes, Jacquard Albert, Calmann-Lévy, 1997
- Histoire des moeurs, collectif, sous la direction de Jean Poirier, Seuil
- Éthique de la responsabilité, R. Simon, Cerf, 1993
- Éléments pour une éthique, Aubier-Montaigne, Paris, 1962
- Éthique, Spinoza
- Éthique à Nicomaque, Aristote (tra. Tricot), Ed. Vrin, 1994
A ce soir. Dressing code : blouse blanche de labo et laissez vos crucifix néo-gothiques à la maison, sinon on va se faire botter les fesses par la police laïque !
SUPPORT DE REFLEXION :
POURQUOI OPPOSE-T-ON MORALE ET ETHIQUE ?
Support de réflexion du débat du 30/11/2017
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Société, culture et morale : il n’y a pas de société sans morale
La morale est un élément universellement constitutif des cultures, mais il n’existe pas de morale universelle. Elle relève toujours d’une convention sociale et historique, elle est toujours relative et contextuelle :
Le comportement typique, caractéristique de l'état civilisé, diffère essentiellement du comportement animal à l'état de nature. Quelque simple que soit sa culture, l'homme dispose d'un ensemble matériel d'instruments, d'armes, d'ustensiles domestiques ; il évolue dans un milieu social qui l'assiste et le contrôle à la fois ; il communique avec les autres à l'aide de langage et arrive à former des concepts d'un caractère rationnel, religieux ou magique. L'homme dispose ainsi d'un ensemble de biens matériels, il vit au sein d’une organisation sociale, communique à l'aide du langage et puise les mobiles de ses actions dans des systèmes de valeurs spirituelles. Ce sont là les quatre principaux groupes dans lesquels nous rangeons la totalité des conquêtes culturelles de l'homme. Nous ne connaissons donc la culture qu'à l'état de fait accompli, mais nous ne l'observons jamais, et c'est ce dont il importe de se rendre compte avec toute la clarté possible, in statu nascendi [...] Commençons par formuler ce postulat que les principales catégories culturelles ont dû exister simultanément dès le début, à l'état d'interdépendance. Elles n'ont pas pu naître les unes après les autres, et il est impossible d'établir leur succession dans le temps. La culture matérielle, par exemple, n'a pas pu naître, avant que l'homme n'ait été capable de se servir de ses outils selon la technique traditionnelle qui, nous le savons, implique un certain canon de connaissances. De leur côté, la connaissance et la tradition sont inconcevables sans l'existence de la pensée conceptuelle et du langage. Il existe donc une corrélation étroite entre la pensée, le langage, et la culture matérielle, il a dû en être ainsi à toutes les phases de l'évolution, y compris la phase initiale. D'autre part, les arrangements matériels de la vie, usage d'ustensiles domestiques, moyens de déplacement dans la vie de tous les jours, sont les corollaires et les conditions préliminaires indispensables de toute organisation sociale. Le foyer et le seuil ne sont pas seulement des symboles de la vie domestiques, mais des facteurs sociaux réels jouant un rôle des plus actifs dans la formation de liens de parenté. De son côté, la morale est une force sans laquelle l'homme est incapable de lutter contre ses instincts, ou même de dépasser la vie purement instinctive, et à laquelle il doit constamment avoir recours à l'état de culture, même dans ses activités techniques les plus simples.
Alexandre Malinowski (1884-1942)
La sexualité et sa répression parmi les sociétés primitives
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Les référents d’une morale peuvent être imaginaire
Les fondements moraux ne sont pas seulement relatifs, ils sont aussi subjectifs, ils peuvent relever entièrement de notions imaginaires, fictionnelles, décorrélées de toute réalité mondaine ou anthropologique.
Dans le christianisme, ni la morale ni la religion n'ont quelque point de contact que ce soit avec la réalité. Il ne s'y trouve rien que des causes imaginaires (“Dieu”, “l'âme”, le “Moi “, l'”esprit”, le “libre arbitre”, à moins que ce ne soit le “serf arbitre”) ; rien que des effets imaginaires (“péché “,”rédemption “, “grâce” , “châtiment”, “rémission des péchés”). Un commerce entre des êtres imaginaires (“Dieu”, “esprits”, “âmes”) ; une science imaginaire de la nature (anthropocentrique ; absence totale du concept de causes naturelles) ; une psychologie imaginaire (rien que des malentendus sur soi-même, interprétations de sensations générales agréables ou désagréables, des états du nervus sympathicus par exemple, à l'aide du langage figuré de l'idiosyncrasie religieuse et morale, (“repentir”, “remords”, “a tentation du diable”, “la présence de Dieu”) ; une téléologie imaginaire (“le royaume de Dieu”, le “jugement de Dieu”, la “vie éternelle”). Ce monde de pure fiction se distingue du monde des rêves par un trait qui est fort à son désavantage, c'est que ce dernier reflète la réalité, tandis que l'autre ne fait que la fausser, la dévaluer, la nier. Une fois que l'on eut inventé le concept de « nature » pour l'opposer en tant que tel à celui de « Dieu », « naturel » ne put que devenir l'équivalent de " condamnable “ : ce monde de fiction a tout entier sa racine dans la haine de la nature (de la réalité), il est l'expression d'un profond malaise causé par la réalité ... Mais cela explique tout. Le seul qui ait besoin de mentir pour s'évader de la réalité, qui est-il ? Celui qui en souffre. Mais souffrir de la réalité signifie être soi-même une réalité manquée ... La prépondérance des sentiments de déplaisir sur les sentiments de plaisir est la cause de cette religion, de cette morale fictives ; or, c'est cette prépondérance qui fournit la formule de la décadence ...
Nietzsche (1844 - 1900)
L’antéchrist, chap XV
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La nature, un alibi pour bien des morales
Dans un univers créé par Dieu, le monde et ses habitants étaient nécessairement comme ils devaient être. La nature était pour ainsi dire plaquée sur la morale. Avec la théorie de l'évolution, il devint tentant de retourner la situation et de déduire une morale de la connaissance de la nature. Dès sa naissance, le darwinisme s'est ainsi trouvé mêlé à l'idéologie. Dés le début, l'évolution par sélection naturelle fut utilisée, à l'appui de doctrines variées, voire opposées. Comme les processus naturels sont dépourvus de toute valeur morale, on pouvait tout aussi bien la peindre en blanc ou en noir et en proclamer l'accord avec n'importe quelle thèse. Pour Marx et Engels, l'évolution des espèces marchait dans le même sens que l'histoire des sociétés. Pour les idéologies capitalistes et colonialistes, le darwinisme servait d'alibi scientifique pour justifier les inégalités sociales et les formes variées du racisme. Depuis le milieu du XIXe siècle, on a vu se répéter les efforts - et la sociobiologie en représente le plus récent - pour fonder une morale sur des considérations éthologico-évolutionnistes. En fait, la capacité d'adopter un code moral peut être considérée comme un aspect du comportement humain. Elle doit donc avoir été modelée par des forces de sélection tout comme, par exemple, la capacité de parler, ce que Noam Chomsky appelle une «structure profonde14». En ce sens, il revient aux biologistes d'expliquer comment les êtres humains ont, au cours de l'évolution, acquis leur capacité à avoir des croyances morales. Mais cela ne s'applique en rien au contenu de ces croyances. Ce n'est pas parce qu'une chose est «naturelle» qu'elle est «bonne», Même s'il existait des différences de tempérament et de capacité cognitive entre les deux sexes - ce qui reste à préciser - il n'en serait pas pour autant «bien» ou «juste» de refuser aux femmes certains droits et certains rôles dans la société. Il n'y a pas plus de raison de chercher dans l'évolution une explication des codes moraux qu'une explication de la poésie ou de la mathématique. Et personne n'a jamais suggéré une théorie biologique de la physique.
En fait, vouloir fondre l'éthique dans les sciences de la nature, c'est confondre ce que Kant considérait comme deux catégories bien distinctes. Cette «biologisation», si l'on peut dire, relève idéologiquement du scientisme, de la croyance que les méthodes et concepts de cette science pourront un jour rendre compte des activités humaines dans leurs moindres aspects. C'est une telle croyance qui transparaît derrière la terminologie quelque peu équivoque utilisée par beaucoup de sociobiologistes, derrière certaines de leurs suppositions que rien ne justifie, ou derrière leur extrapolations de l'animal à l'homme.
François Jacob (1920-2013)
in Le jeu des possible, Livre de poche, 1981
14 - Chomsky, N. Problems of Knowledge and Freedom. The Russell Lectures. Pantheon Books, New York 1971.
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La naissance de la conscience critique individuelle
est l’acte de naissance de l’éthique
La perpétuation de la morale serait éternelle s’il n’y avait pas une différenciation individuelle dans la manière d’apprécier et de juger les la valeur des actes et des comportements humains.
La majeure partie des membres de n’importe quelle société donnée se laissent guider par le code de morale généralement accepté; quelques-uns rejettent le code soit en totalité, soit en partie; et quelques-uns préfèrent vivre conformément à un autre code, plus élevé, plus exigeant.
Aldous Huxley (1894-1963)
La philosophie éternelle
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L’éthique comme acte de déconditionnement individuel
du consentement social collectif et passif ?
L’éthique peut s’envisager comme un processus de déconditionnement du contenu de la morale, donc des normes sociales et dans certains cas des lois communément admises.
La morale, c’est ce qui reste de la peur quand on l’a oubliée.
Jean Rostand (1894-1977)
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L’éthique, une approche expérientiele et conséquentialiste,
et non plus principielle et a priori
L'expérience ne permet pas aux hommes d'ignorer combien ils se nuiraient, si chacun, voulant s'occuper de son bonheur aux dépens de celui des autres, pensait que toute action est suffisamment bonne dès qu'elle procure un bien physique à celui qui agit. Plus ils réfléchissent sur leurs besoins, sur leurs plaisirs, sur leurs peines, ... plus ils sentent combien il leur est nécessaire de se donner des secours mutuels. Ils s'engagent donc réciproquement; ils conviennent de ce qui sera permis ou défendu, et leurs conventions sont autant de lois auxquelles les actions doivent être subordonnées; c'est là que commence la moralité.
Etienne Bonnot de Condillac (1715 - 1780)
Traité des animaux, 1755 , Partie Il, Chap 7
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Les chocs entre morale (d’une société) et éthique (d’un individu) sont nombreux
en voici un exemple concernant l’industrie de la guerre et le marché des armes.
Certains vous diront : “Oui, mais j'ai une famille à nourrir, il me faut gagner ma vie et je n'ai pu trouver que cet emploi.”
Bien sûr, mais on peut dire cela de toute activité délictuelle. Le criminel a peut-être lui aussi une famille à élever et peut-être ne sait-il pas comment y parvenir sauf par des voies que réprouvent la morale et la législation. La fabrication des armes fait vivre tant de milliers de personnes dans notre pays qu'on ne se résout à en limiter l'activité qu'avec force réticences. Nous nous glorifions même d'être un grand exportateur d'armes à travers le monde. La France actuellement figure au troisième rang mondial en volume, mais au premier rang si on rapporte ce volume au nombre d'habitants. Il y a quelques années, un député s'était hasardé à demander à l'Assemblée nationale une "moralisation" des ventes d'armes. On a eu tôt fait de contraindre l'imprudent au silence. Et plus jamais on a reparlé de moraliser ce commerce. D'ailleurs le mot "vente d'armes" n'est pas moralisable. La guerre non plus. On ne moralise pas la guerre, on la supprime. Il faut savoir ce que l'on veut si on est honnête.
Théodore Monod (1902-2000)
Terre et ciel
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La distinction entre morale et éthique facilite l’autonomisation de soi
et une réappropriation de son comportement
Les choses extérieures ne dépendent pas de moi; ma volonté dépend de moi.
Où chercher le bien et le mal ? En moi-même, dans ce qui est mien.
Epictète ( 50 - env. 125 après JC)
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POUR APPROFONDIR CE SUJET
- Du devoir de la désobéissance civile, de Henry David Thoreau, Aldéran Éditions, 1998
- Les voix de la liberté, les écrivains engagés au 19ème siècle, par Michel Winock, Seuil, 2001
- Petite philosophie à l’usage des non philosophes, Jacquard Albert, Calmann-Lévy, 1997
- Histoire des moeurs, collectif, sous la direction de Jean Poirier, Seuil
- Éthique de la responsabilité, R. Simon, Cerf, 1993
- Éléments pour une éthique, Aubier-Montaigne, Paris, 1962
- Éthique, Spinoza
- Éthique à Nicomaque, Aristote (tra. Tricot), Ed. Vrin, 1994
°°°°~x§x-<@>
A ce soir. Dressing code : blouse blanche de labo et laissez vos crucifix néo-gothiques à la maison, sinon on va se faire botter les fesses par la police laïque !
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
N'hésitez pas à nous faire un retour de vos travaux !
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Un peu déçu de m'être retrouvé seul... (et le soir de mon anniversaire). C'est pas grave, vous n'avez rien loupé : je suis parti au bout d'une heure.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
... Je suis également un familier des conférences proposées par Aldéran et depuis quelques temps du café Philo, mais je n'ai toujours pas réussi (malgré quelques tentatives de repérages et/ou approches) à identifier les autres zèbres qui pourraient fréquenter cette prairie ?!! .....
Aristobule- Messages : 16
Date d'inscription : 14/12/2014
Localisation : Toulouse
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Thème de ce jeudi : "Pourquoi la violence fascine t-elle ?".
Faut bien que je me lance à y aller un jour, alors si y'a d'autres intéressés on peut s'y retrouver
Faut bien que je me lance à y aller un jour, alors si y'a d'autres intéressés on peut s'y retrouver
Nefalashus- Messages : 96
Date d'inscription : 31/05/2016
Age : 28
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Ce jeudi je ne pourrais pas. Peut-être Soto² ?
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Non, moi non plus : j'ai une repet de batucada...
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonsoir.
Jeudi, j'irai à mon premier café philo. Le thème sera : L’homme restera-t-il toujours un loup pour l’homme ?
Si certains sont intéressés...
Amicalement.
Tristan
Jeudi, j'irai à mon premier café philo. Le thème sera : L’homme restera-t-il toujours un loup pour l’homme ?
Si certains sont intéressés...
Amicalement.
Tristan
Invité- Invité
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
JEUDI 8 FÉVRIER 2018 A 20H30
AU CAFÉ SAINT-SERNIN - 2 rue Saint-Bernard
rue de l’ABC, à l’angle de la place Saint-Sernin à Toulouse
à coté du métro jeanne d’arc (ligne B) ou capitole (ligne A)
La citation inspiratrice de ce débat
Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit.
Quand on ne le connaît pas, l'homme est un loup pour l'homme
Plaute (environ -254, -184 avant JC)
La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C, II v495
* * *
Seul me reste à étudier sans doute le plus important, peut-être la source de tout le reste : Ce que je suis pour moi-même. Non pas l'estime en laquelle je me tiens, la connaissance de mes défauts, de mes qualités, toutes choses que je connais déjà parfaitement. Mais ce que je pense inconsciemment de moi, l'image qui se dresse, si j'ose dire, devant les yeux de mon subconscient.
De courts extraits de la correspondance, relue ces temps-ci, que j'adressai jadis à ma fiancée, en peuvent donner, je crois, une idée nette :
Moi... Moi ... Moi... Moi... Pour Moi ... Quant à Moi... Chez moi... En moi ... Avec Moi ... Sans Moi ... Moi, Je dis... Moi, Je pense... Moi, Je fais... Mes idées ... Mes opinions... Mon avenir.. Mes entreprises... Mes résultats ... Ma famille ... Mes amis ... Mes ennemis... Mes inférieurs ... Mes collègues ... Mes chefs ... Ma société ... Mes concitoyens ... Mes pareils... Ma maison... Mon quartier ... La ville que J'habite... Le pays qui M'a vu naître... La patrie que Je défends... Le sol que Je foule... Le Soleil qui M'éclaire...
Vercors (1902-1991)
Un homme coupé en tranches, Ch. “Le même, dans le fond de sa propre pensée”
* * *
L’état de “nature” de l’homme semble donc être une
Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille et dans les combats effectifs ; mais dans un espace de temps où la volonté de s'affronter cri des batailles est suffisamment avérée - on doit par conséquent tenir compte, relativement à la nature de la guerre, de la notion de durée, comme on tient compte, relativement à la nature, du temps qu'il fait. De même en effet que la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses mais dans une tendance qui va dans ce sens, pendant un grand nombre de jours consécutifs, de même la nature de la guerre ne consiste pas dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens, aussi longtemps qu'il n'y a pas d'assurance du contraire. Tout autre temps se nomme PAIX. [...] Il peut sembler étrange, à celui qui n'a pas bien pesé ces choses, que la nature puisse ainsi dissocier les hommes et les rendre enclins à s'attaquer et à se détruire les uns les autres : c'est pourquoi peut-être, incrédule à l'égard de cette inférence tirée des passions, cet homme désirera la voir confirmée par l'expérience. Aussi, faisant un retour sur lui-même, alors que partant en voyage, il s'arme et cherche à être bien accompagné, qu'allant se coucher, il verrouille ses portes ; que, dans sa maison même il ferme ses coffres à clefs ; et tout cela sachant qu'il existe des lois, et des fonctionnaires publics armés, pour venger tous les torts qui peuvent lui être faits - qu'il se demande quelle opinion il a de ses compatriotes, quand il voyage armé ; de ses concitoyens, quand il verrouille ses portes ; de ses enfants et de ses domestiques, quand il ferme ses coffres à clef. N'incrimine-t-il pas l'humanité par ses actes autant que je le fais par mes paroles ? Mais ni lui ni moi n'incriminons la nature humaine en cela. Les désirs et les autres passions de l'homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tandis que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise ; et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu'il n'en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire.
Thomas Hobbes (1588-1679)
Léviathan
* * *
Cette dimension de “l’homo praedator” de l’Être Humain est parfois accentuée par les justifications morales, religieuses, voire philosophiques de ces comportements. A une nature humaine potentiellement violente se rajoute donc des cultures de violence, de domination et de prédation.
Combien d'écrivains, de philosophes, de politiques, qui, tel Gamplovitz, ont vu dans la guerre un des moteurs essentiels de l'évolution de l'humanité, la source de toutes les institutions et de la civilisation. Leroi-Gouhran constatait que : “jusqu'à l'heure présente (elle) reste inséparable du progrès de la Société”. Moltke partageait cette idée : “(l'Allemagne) est le seul peuple qui, en ce moment, peut assumer la conduite de l'humanité vers des buts supérieurs... l'Allemagne est le peuple élu : elle vaincra”. Pour Hegel, elle est le moment où l'État et les individus se réalisent pleinement : “C'est aussi le creuset où se fondent les plus belles qualités humaines, un excitant incomparable pour l'intelligence, l'imagination, l'esprit de décision.” Aux yeux de J. de Maistre, elle fortifie la nature humaine, elle la régénère pour R. Kanters, “bain de sang, mais bain de jouvence”. Idée d'autant plus forte, qu'aux yeux des Européens, la guerre, la conquête coloniale, apportaient la vérité, la civilisation. Bossuet, dans son déterminisme théologique, voyait dans la chute de Rome, le moyen voulu par Dieu, de diffuser la religion chrétienne parmi les peuples Barbares. Teilhard de Chardin soulignait que la guerre qu'il condamnait - ramène aussi à Dieu, ceux qui s'en sont écartés. Il s'agissait là d'une idée ancienne qui voyait dans la guerre un mystère sacré, surtout la « guerre sainte » rédemptrice des hommes, Dieu «se réjouit de voir enrôler dans l'armée des croisés, des homicides, des voleurs, des adultères, des parjures et tous les autres criminels»; «Tuez et vous serez sauvés».
Claude Nieres
Faire la guerre
* * *
La nature humaine est double,
Si la base première de la nature humaine est l’animalité, elle contient aussi des éléments différents, novateurs et supérieurs que sont la solidarité, l’altruisme, la coopération et le respect de l’autre. Ce sont les fondements de la spécificité humaine. La question est de savoir quelle partie de notre nature va être l’élément directeur de notre comportement, notre animalité ou notre humanité, notre animalitude ou notre humanitude ?
Publiée en 1871, La Filiation de l'Homme, de Darwin [1809-1882], établit qu'un renversement s'est opéré, chez l'homme, à mesure que progressait le processus de civilisation. La marche conjointe du progrès (sélectionné) de la rationalité et du développement (également sélectionné) des instincts sociaux, l'accroissement corrélatif du sentiment de sympathie, l'essor des sentiments moraux en général et de l'ensemble des conduites et des institutions d'assistance permettent à Darwin de constater que la sélection naturelle n'est plus, à ce stade de l'évolution, la force principale qui gouverne le devenir des groupes humains, mais qu'elle a laissé place dans ce rôle à l'éducation. Or, cette dernière dote les individus et les groupes de principes et de comportements qui s'opposent, précisément, aux effets anciennement éliminatoires de la sélection naturelle, et qui orientent à l'inverse une partie de l'activité sociale vers la protection et la sauvegarde des faibles de corps et d'esprit, aussi bien que vers l'assistance aux déshérités. La sélection naturelle a ainsi sélectionné les instincts sociaux, qui à leur tour ont favorisé des dispositions éthiques ainsi que des dispositifs institutionnels et légaux antisélectifs et anti-éliminatoires.
Ce faisant, la sélection naturelle a travaillé à son propre déclin (sous la forme éliminatoire qu'elle revêtait initialement), en suivant le modèle même de l'évolution sélective. À l'ancienne forme, qui a dépéri, s'est substituée une forme nouvelle: en l'occurrence, une compétition dont les fins sont de plus en plus la moralité, l'altruisme et les valeurs de l'intelligence et de l'éducation. Sans rupture, Darwin, à travers cette dialectique évolutive qui passe par un renversement progressif que nous avons nommé l'effet réversif de l'évolution, installe toutefois, entre biologie et civilisation, un effet de rupture qui interdit que l'on puisse rendre son anthropologie responsable d'une quelconque dérive en direction des désastreuses «sociologies biologiques». Il s'oppose ainsi expressément au racisme, au malthusianisme et à l'eugénisme, contrairement à l'erreur courante qui lui attribue la justification de ces trois systèmes de prescriptions éliminatoires. Cette remarquable dialectique du biologique et du social, qui se construit pour l'essentiel entre les chapitres III, IV, V et XXI de La Filiation et qui, en plus de s'opposer à toutes les conduites oppressives, préserve l'indépendance des sciences sociales en même temps qu'elle autorise, et même requiert le matérialisme éthique déductible d'une généalogie scientifique de la morale, n'a été reconnue dans toute sa force logique qu'à partir du début des années 1980.
Patrick Tort
Directeur de l'Institut Charles Darwin International
in L'influence de Darwin sur la pensée moderne, Ernst Mayr, In Pour la Science N°275 septembre 2000
* * *
Publiée en 1871u loup le fidèle gardien du troupeau devrait être capable d'exercer une influence sur les instincts de sauvagerie de l'homme civilisé.
Thomas Huxley (1825-1895)
Évolution et éthique
* * *
L’homme est une corde tendue entre l’animal et le Surhomme, une corde au-dessus d’un abîme.
Friedrich Nietzsche (1844-1900)
Ainsi parlait Zarathoustra
* * *
Nous avons la chance, en cette fin de millénaire, d'avoir fait de grands progrès dans la lucidité face à nous-mêmes et de nous être dotés de moyens d'action qui auraient, il y a peu, paru fabuleux. Nous pouvons donc raisonnablement faire un projet pour le genre humain et réaliser les premières étapes dans la direction choisie. Utopie peut n'être plus synonyme de rêve, mais d'objectif lointain. Le point de départ doit être la réponse à la question de toujours : “Un homme, qu'est-ce donc ?”. La reconstitution de l'aventure qui, à partir du cosmos initial, a abouti à notre espèce, nous a permis de proposer une vision nouvelle de nous-mêmes. Classiquement, théologiens et philosophes attribuaient à l'homme une double nature, le corps et l'âme. Il est aujourd'hui possible de le considérer comme n'ayant qu'une nature : il est un objet parmi tous ceux qu'a mis en place l'univers. Mais il a bénéficié d'une telle avancée dans la complexité qu'il a eu le pouvoir de mettre en place un réseau de communication d'une efficacité sans pareil. Grâce à ce réseau, l'humanité est devenue elle-même un objet plus complexe que chaque individu et, par conséquent, doté de pouvoirs que ces individus ne possèdent pas. Parmi ces pouvoirs: celui de faire émerger une conscience en chacun. A la double nature est ainsi substituée une double source: d'une part le patrimoine génétique qui apporte les recettes biologiques de l'être, d'autre part la collectivité humaine, qui fournit la conscience d'être.
Avec un tel regard sur nous-mêmes, il est clair que le premier devoir de toute collectivité est d'intégrer en elle chaque promesse d'homme qu'est un nouveau-né, et de lui apporter ce qui lui permettra de réaliser cette promesse, de lui proposer un destin digne de ce potentiel. Toutes les autres fonctions sociales doivent être au service de cet objectif.
Albert Jacquard
Science et croyance
* * *
POUR APPROFONDIR CE SUJET
- Dialogue sur la nature humaine, Boris Cyrulnik et Edgar Morin, Éditions de L'aube, 2000
- J’accuse l’économie triomphante, Albert Jacquard, Calmann-Lévy, 2000
- L’Héritage de la liberté, Albert Jacquard, Seuil, 1991
- Pour sortir du XXème siècle, Edgar Morin, Seuil, 1984
- Terre-Patrie, Edgar Morin, Seuil, 1993
- La barbarie à visage humain, Bernard-Henri Lévy, Grasset, 1977
- Si c’est un homme, Primo Levi (1947), Julliard, 1990
- A l’Est d’Eden, John Steinbeck, Le Livre de Poche, 1984
- Martin Eden, Jack London (1908), éditions 10-18, 1973
- Le loup des mers, Jack London (1904), éditions 10/18
- Éloge de la folie, Erasme (1509), Actes Sud, 1994
- Éthique de Nicomaque, Aristote
AU CAFÉ SAINT-SERNIN - 2 rue Saint-Bernard
rue de l’ABC, à l’angle de la place Saint-Sernin à Toulouse
à coté du métro jeanne d’arc (ligne B) ou capitole (ligne A)
L’HOMME RESTERA-T-IL TOUJOURS UN LOUP POUR L’HOMME ?
La citation inspiratrice de ce débat
Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit.
Quand on ne le connaît pas, l'homme est un loup pour l'homme
Plaute (environ -254, -184 avant JC)
La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C, II v495
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Avant d’être des êtres « civilisés », nous sommes des primates
Notre modèle comportemental est naturellement égocentré, limité à nos désirs et intérêts. C’est l’attitude primaire de l’Homo Sapiens :Seul me reste à étudier sans doute le plus important, peut-être la source de tout le reste : Ce que je suis pour moi-même. Non pas l'estime en laquelle je me tiens, la connaissance de mes défauts, de mes qualités, toutes choses que je connais déjà parfaitement. Mais ce que je pense inconsciemment de moi, l'image qui se dresse, si j'ose dire, devant les yeux de mon subconscient.
De courts extraits de la correspondance, relue ces temps-ci, que j'adressai jadis à ma fiancée, en peuvent donner, je crois, une idée nette :
Moi... Moi ... Moi... Moi... Pour Moi ... Quant à Moi... Chez moi... En moi ... Avec Moi ... Sans Moi ... Moi, Je dis... Moi, Je pense... Moi, Je fais... Mes idées ... Mes opinions... Mon avenir.. Mes entreprises... Mes résultats ... Ma famille ... Mes amis ... Mes ennemis... Mes inférieurs ... Mes collègues ... Mes chefs ... Ma société ... Mes concitoyens ... Mes pareils... Ma maison... Mon quartier ... La ville que J'habite... Le pays qui M'a vu naître... La patrie que Je défends... Le sol que Je foule... Le Soleil qui M'éclaire...
Vercors (1902-1991)
Un homme coupé en tranches, Ch. “Le même, dans le fond de sa propre pensée”
* * *
L’état de “nature” de l’homme semble donc être une
source importante de conflits et d’affrontements
Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille et dans les combats effectifs ; mais dans un espace de temps où la volonté de s'affronter cri des batailles est suffisamment avérée - on doit par conséquent tenir compte, relativement à la nature de la guerre, de la notion de durée, comme on tient compte, relativement à la nature, du temps qu'il fait. De même en effet que la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses mais dans une tendance qui va dans ce sens, pendant un grand nombre de jours consécutifs, de même la nature de la guerre ne consiste pas dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens, aussi longtemps qu'il n'y a pas d'assurance du contraire. Tout autre temps se nomme PAIX. [...] Il peut sembler étrange, à celui qui n'a pas bien pesé ces choses, que la nature puisse ainsi dissocier les hommes et les rendre enclins à s'attaquer et à se détruire les uns les autres : c'est pourquoi peut-être, incrédule à l'égard de cette inférence tirée des passions, cet homme désirera la voir confirmée par l'expérience. Aussi, faisant un retour sur lui-même, alors que partant en voyage, il s'arme et cherche à être bien accompagné, qu'allant se coucher, il verrouille ses portes ; que, dans sa maison même il ferme ses coffres à clefs ; et tout cela sachant qu'il existe des lois, et des fonctionnaires publics armés, pour venger tous les torts qui peuvent lui être faits - qu'il se demande quelle opinion il a de ses compatriotes, quand il voyage armé ; de ses concitoyens, quand il verrouille ses portes ; de ses enfants et de ses domestiques, quand il ferme ses coffres à clef. N'incrimine-t-il pas l'humanité par ses actes autant que je le fais par mes paroles ? Mais ni lui ni moi n'incriminons la nature humaine en cela. Les désirs et les autres passions de l'homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tandis que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise ; et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu'il n'en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire.
Thomas Hobbes (1588-1679)
Léviathan
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Une nature violente parfois encouragée par des cultures violentes
Cette dimension de “l’homo praedator” de l’Être Humain est parfois accentuée par les justifications morales, religieuses, voire philosophiques de ces comportements. A une nature humaine potentiellement violente se rajoute donc des cultures de violence, de domination et de prédation.
Combien d'écrivains, de philosophes, de politiques, qui, tel Gamplovitz, ont vu dans la guerre un des moteurs essentiels de l'évolution de l'humanité, la source de toutes les institutions et de la civilisation. Leroi-Gouhran constatait que : “jusqu'à l'heure présente (elle) reste inséparable du progrès de la Société”. Moltke partageait cette idée : “(l'Allemagne) est le seul peuple qui, en ce moment, peut assumer la conduite de l'humanité vers des buts supérieurs... l'Allemagne est le peuple élu : elle vaincra”. Pour Hegel, elle est le moment où l'État et les individus se réalisent pleinement : “C'est aussi le creuset où se fondent les plus belles qualités humaines, un excitant incomparable pour l'intelligence, l'imagination, l'esprit de décision.” Aux yeux de J. de Maistre, elle fortifie la nature humaine, elle la régénère pour R. Kanters, “bain de sang, mais bain de jouvence”. Idée d'autant plus forte, qu'aux yeux des Européens, la guerre, la conquête coloniale, apportaient la vérité, la civilisation. Bossuet, dans son déterminisme théologique, voyait dans la chute de Rome, le moyen voulu par Dieu, de diffuser la religion chrétienne parmi les peuples Barbares. Teilhard de Chardin soulignait que la guerre qu'il condamnait - ramène aussi à Dieu, ceux qui s'en sont écartés. Il s'agissait là d'une idée ancienne qui voyait dans la guerre un mystère sacré, surtout la « guerre sainte » rédemptrice des hommes, Dieu «se réjouit de voir enrôler dans l'armée des croisés, des homicides, des voleurs, des adultères, des parjures et tous les autres criminels»; «Tuez et vous serez sauvés».
Claude Nieres
Faire la guerre
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La nature humaine est double,
partagée entre l’animalité et l’humanité
Si la base première de la nature humaine est l’animalité, elle contient aussi des éléments différents, novateurs et supérieurs que sont la solidarité, l’altruisme, la coopération et le respect de l’autre. Ce sont les fondements de la spécificité humaine. La question est de savoir quelle partie de notre nature va être l’élément directeur de notre comportement, notre animalité ou notre humanité, notre animalitude ou notre humanitude ?
Publiée en 1871, La Filiation de l'Homme, de Darwin [1809-1882], établit qu'un renversement s'est opéré, chez l'homme, à mesure que progressait le processus de civilisation. La marche conjointe du progrès (sélectionné) de la rationalité et du développement (également sélectionné) des instincts sociaux, l'accroissement corrélatif du sentiment de sympathie, l'essor des sentiments moraux en général et de l'ensemble des conduites et des institutions d'assistance permettent à Darwin de constater que la sélection naturelle n'est plus, à ce stade de l'évolution, la force principale qui gouverne le devenir des groupes humains, mais qu'elle a laissé place dans ce rôle à l'éducation. Or, cette dernière dote les individus et les groupes de principes et de comportements qui s'opposent, précisément, aux effets anciennement éliminatoires de la sélection naturelle, et qui orientent à l'inverse une partie de l'activité sociale vers la protection et la sauvegarde des faibles de corps et d'esprit, aussi bien que vers l'assistance aux déshérités. La sélection naturelle a ainsi sélectionné les instincts sociaux, qui à leur tour ont favorisé des dispositions éthiques ainsi que des dispositifs institutionnels et légaux antisélectifs et anti-éliminatoires.
Ce faisant, la sélection naturelle a travaillé à son propre déclin (sous la forme éliminatoire qu'elle revêtait initialement), en suivant le modèle même de l'évolution sélective. À l'ancienne forme, qui a dépéri, s'est substituée une forme nouvelle: en l'occurrence, une compétition dont les fins sont de plus en plus la moralité, l'altruisme et les valeurs de l'intelligence et de l'éducation. Sans rupture, Darwin, à travers cette dialectique évolutive qui passe par un renversement progressif que nous avons nommé l'effet réversif de l'évolution, installe toutefois, entre biologie et civilisation, un effet de rupture qui interdit que l'on puisse rendre son anthropologie responsable d'une quelconque dérive en direction des désastreuses «sociologies biologiques». Il s'oppose ainsi expressément au racisme, au malthusianisme et à l'eugénisme, contrairement à l'erreur courante qui lui attribue la justification de ces trois systèmes de prescriptions éliminatoires. Cette remarquable dialectique du biologique et du social, qui se construit pour l'essentiel entre les chapitres III, IV, V et XXI de La Filiation et qui, en plus de s'opposer à toutes les conduites oppressives, préserve l'indépendance des sciences sociales en même temps qu'elle autorise, et même requiert le matérialisme éthique déductible d'une généalogie scientifique de la morale, n'a été reconnue dans toute sa force logique qu'à partir du début des années 1980.
Patrick Tort
Directeur de l'Institut Charles Darwin International
in L'influence de Darwin sur la pensée moderne, Ernst Mayr, In Pour la Science N°275 septembre 2000
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L’humanisation de l’Être Humain, premier défi du progrès
Publiée en 1871u loup le fidèle gardien du troupeau devrait être capable d'exercer une influence sur les instincts de sauvagerie de l'homme civilisé.
Thomas Huxley (1825-1895)
Évolution et éthique
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L’humanisation de soi devrait être le premier objectif de l’éducation
L’homme est une corde tendue entre l’animal et le Surhomme, une corde au-dessus d’un abîme.
Friedrich Nietzsche (1844-1900)
Ainsi parlait Zarathoustra
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Comprendre la nature humaine pour faire prévaloir notre humanité
Nous avons la chance, en cette fin de millénaire, d'avoir fait de grands progrès dans la lucidité face à nous-mêmes et de nous être dotés de moyens d'action qui auraient, il y a peu, paru fabuleux. Nous pouvons donc raisonnablement faire un projet pour le genre humain et réaliser les premières étapes dans la direction choisie. Utopie peut n'être plus synonyme de rêve, mais d'objectif lointain. Le point de départ doit être la réponse à la question de toujours : “Un homme, qu'est-ce donc ?”. La reconstitution de l'aventure qui, à partir du cosmos initial, a abouti à notre espèce, nous a permis de proposer une vision nouvelle de nous-mêmes. Classiquement, théologiens et philosophes attribuaient à l'homme une double nature, le corps et l'âme. Il est aujourd'hui possible de le considérer comme n'ayant qu'une nature : il est un objet parmi tous ceux qu'a mis en place l'univers. Mais il a bénéficié d'une telle avancée dans la complexité qu'il a eu le pouvoir de mettre en place un réseau de communication d'une efficacité sans pareil. Grâce à ce réseau, l'humanité est devenue elle-même un objet plus complexe que chaque individu et, par conséquent, doté de pouvoirs que ces individus ne possèdent pas. Parmi ces pouvoirs: celui de faire émerger une conscience en chacun. A la double nature est ainsi substituée une double source: d'une part le patrimoine génétique qui apporte les recettes biologiques de l'être, d'autre part la collectivité humaine, qui fournit la conscience d'être.
Avec un tel regard sur nous-mêmes, il est clair que le premier devoir de toute collectivité est d'intégrer en elle chaque promesse d'homme qu'est un nouveau-né, et de lui apporter ce qui lui permettra de réaliser cette promesse, de lui proposer un destin digne de ce potentiel. Toutes les autres fonctions sociales doivent être au service de cet objectif.
Albert Jacquard
Science et croyance
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POUR APPROFONDIR CE SUJET
- Dialogue sur la nature humaine, Boris Cyrulnik et Edgar Morin, Éditions de L'aube, 2000
- J’accuse l’économie triomphante, Albert Jacquard, Calmann-Lévy, 2000
- L’Héritage de la liberté, Albert Jacquard, Seuil, 1991
- Pour sortir du XXème siècle, Edgar Morin, Seuil, 1984
- Terre-Patrie, Edgar Morin, Seuil, 1993
- La barbarie à visage humain, Bernard-Henri Lévy, Grasset, 1977
- Si c’est un homme, Primo Levi (1947), Julliard, 1990
- A l’Est d’Eden, John Steinbeck, Le Livre de Poche, 1984
- Martin Eden, Jack London (1908), éditions 10-18, 1973
- Le loup des mers, Jack London (1904), éditions 10/18
- Éloge de la folie, Erasme (1509), Actes Sud, 1994
- Éthique de Nicomaque, Aristote
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Ca donne envie de se lancer. Je me lance. Je viendrai.
Valika- Messages : 142
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 52
Localisation : Toulouse (et très urbaine dans l'âme)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
INITIATION À LA PHILOSOPHIE
Cycle d’initiation à la philosophie en 5 cours hebdomadaires, le jeudi soir de 18H30 à 20H
DÉBUT LE JEUDI 15 FÉVRIER 2018 - de 18H30 à 20H
Cycle animé par Valéria Rousseau
Avant de lire Kant, Platon, Derrida, Sartre et les autres, faites un petit retour sur les principes fondamentaux de la philosophie. Qu’est-ce que la philosophie ? La philosophie est-elle réductible aux cours de Terminale ? Quelle différence entre philosophie et psychologie, philosophie et idéologie, philosophie et science, philosophie et religion ? La philosophie sert-elle à quelque chose ? Est-elle réservée à une élite ? Est-elle quête de sens ou quête de vérité ? Est-ce une activité théorique ou a-t-elle des applications pratiques ? La philosophie est-elle seulement une manière de s’interroger ou apporte-t-elle des réponses pour vivre mieux ? Pour faire le tour de ces questions, nous vous proposons un module d’initiation (ou de rappel) à la philosophie en 5 cours :
1 – 15/02 - QU'EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?
2 - 22/02 - LES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE
3 - 1er/03 - QU'EST-CE QU'UN PHILOSOPHE ?
4 - 08/03 - L'INTÉRÊT DE LA PHILOSOPHIE
5 – 15/03 - LA DÉMARCHE PHILOSOPHIQUE
POURQUOI CE CYCLE DE COURS ?
La philosophie est victime de nombreux préjugés et de multiples incompréhensions, autant de la part du grand public que de bon nombre de philosophes professionnels. Quelles différences par exemple entre philosophie, sagesse, doctrines religieuses et idéologie ? Tout système de pensée est-il une philosophie pour autant ? La nécessité d'une définition précise de la philosophie s'impose. Ce cycle de cours se propose de donner des bases essentielles pour ensuite pouvoir se diriger par soi-même dans l’univers de la philosophie.
DES COURS OUVERTS À TOUS, ACCESSIBLES À TOUS
Ce cycle est accessible à tous, il ne demande pas de connaissances préalables. Tous les éléments nécessaires pour comprendre les sujets sont donnés dans les cours. Des livrets de cours avec plans détaillés, schémas et bibliographies accompagnent chaque cours (le manuel est compris dans l'inscription au cycle de cours).
INSCRIPTION PRÉALABLE – inscrivez-vous en ligne directement
https://www.alderan-philo.org/content/inscription-aux-activités
Le nombre de place étant limité, l’inscription préalable est indispensable avant le début de la session de cours.
Inscrivez-vous directement en ligne sur notre site ou bien en remettant le bulletin ci-joint à la Maison de la philosophie.
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
Association ALDÉRAN pour la promotion de la philosophie
29 rue de la Digue, 31300 Toulouse
Tél. : 05.61.42.14.40
Email : philo@alderan-philo.org
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Je me suis inscrit à ce cycle, histoire de mettre les choses bien à plat.
Attention, cela se passe à la Maison de la philo (cf. ci-dessus), pas au café St Sernin...
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Café philo du JEUDI 15 FÉVRIER 2018 A 20H30
Supports de réflexion du débat du 15/02/2018
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La technophobie n’est pas chose nouvelle
Les machines nouvelles, sources de nos problèmes contemporains
Toutes les technologies nouvelles (et non pas nouvelles techonologies) ont toujours provoqué des réactions d’hostilité et de conservatisme, les accusants d’à peu près tous les mots. Prenons l’exemple d’une technologie nouvelle aux conséquences sociales désastreuses, en partie responsable de la décadence de la culture et de la civilisation (attention, c’est de l’ironie) : le téléphone.
On aurait tort de croire que la politesse est le propre des sociétés comblées. La marche triomphante de la civilisation mécanicienne, au XIXe siècle et pendant le début du XXe, a contribué grandement à ruiner le sentiment de la politesse. […]
Le machinisme a mis à la disposition de tous et de chacun une puissance démesurée. Il est très difficile de conserver la raison quand on dispose d'une telle puissance. L'homme qui, volontiers, s'effacerait, devant une porte, pour laisser passer son voisin, cet homme, s'il pilote une «quinze chevaux», entend bien dépasser le modeste possesseur d'une voiture de dix chevaux. Ne le voudrait-il pas qu'il, y est en quelque sorte contraint par les lois de la matière. Sa machine lui force la main. Il donne donc un coup de klaxon qui signifie : «Rangez-vous, et sans tarder, puisque Je suis plus fort que vous. Rangez-vous ! Laissez-moi passer. A vous de recevoir la fange de mes roues. A vous de respirer les gaz puants de mon moteur. D'ailleurs je ne vous boucherai pas longtemps la vue. Je vous suis bien supérieur par la cylindrée, par la souplesse, par les reprises, par toutes ces vertus mirifiques, célébrées sur les affiches et les prospectus. Rangez-vous ou je vous bouscule, car je manque de patience».
Ainsi pense, et le plus souvent même sans le savoir, l'homme qui dispose d'une puissante mécanique. De tous les endroits où la machine sévit, la politesse a dû se retirer et disparaître. J'ai vu des ouvriers travailler à la chaîne. Il ne reste plus rien, dans ces empires, funèbres, des conventions délicates qui entretiennent la douceur humaine. Le climat de la mécanique n'est pas celui de la politesse. La civilisation mécanicienne a restauré les lois de la jungle. Même quand elle semble favoriser les desseins et les entreprises de la courtoisie, la machine ouvre la porte à maintes pratiques insolentes.
Le téléphone rend d'appréciables services, dans la vie de société. Il nous permet de nous enquérir de ceux que nous aimons, d’avoir promptement de leurs nouvelles, d'intervenir au besoin sans retard en leur faveur, de régler élégamment une foule de problèmes, de rendre sur l’heure de grands ou de menus services. Le téléphone pourrait, devrait représenter un des, instruments de la civilité nouvelle. Hélas, il n'en est rien. Beaucoup de gens usent du téléphone par paresse pour se dispenser d'écrire, pour n'avoir pas à laisser un témoignage indubitable de leurs démarches, de leurs dires. Chose plus grave encore, le téléphone incline toutes sortes de gens à l'indiscrétion. Ceux qui hésitent à écrire parce que cela demande un effort, ceux qui n'osent pas se présenter parce qu'il redoutent le franc contact humain, le regard et le geste, ceux-là n'ont pas peur du téléphone. Ils en usent, ils en abusent, ils s'en servent avec impudeur, avec effronterie.
Une coutume tend même à s'établir, dans la société des affaires, une coutume qui gagne le monde le meilleur et que je trouve d'une grande inconvenance. La mode est de faire appeler par le truchement d'une secrétaire la personne que l'on souhaite d'entretenir, cette secrétaire dit alors : «Ne quittez pas !» La personne ainsi avertie demeure le cornet à l'oreille pendant plusieurs longues minutes. Le calcul est tort simple et pourrait se résumer ainsi «Je ne veux pas perdre mon temps, je vais donc, bien tranquillement, vous forcer à perdre le vôtre.» Je ne suis pas dépourvu de patience, mais cette pratique m'exaspère et, dès que l'on me dit "Ne quittez pas", je m'empresse de raccrocher l’appareil.
Le machinisme a porté de rudes coups à la traditionnelle politesse française et nous voyons s'instaurer, petit à petit, chez nous comme ailleurs, ce que je serais tenté d'appeler la muflerie internationale. La politesse reste en honneur au sein de petits groupes fermés, les familles, les clubs, les cercles, les académies. On y maintient telles quelles les traditions et, parfois, avec une grande exactitude.
Il y a, dans la politesse parfaite, une austère tristesse et une précision impérieuse que ne peuvent pas comprendre les hommes grossiers. Appeler tel personnage par son titre ou sa fonction, lui dire, à chaque réplique, soigneusement, rigoureusement, «Monsieur le Président», «Monsieur l'Ambassadeur», «Monsieur le Directeur», c'est en vérité, une méthode pleine d'avantages ; c'est replacer soigneusement l'interlocuteur dans la lumière où l'on souhaite de le trouver, c'est lui remettre en mémoire son emploi et ses devoirs, c'est le contraindre à formuler sa réponse en président, en ambassadeur ou en directeur. En outre, cette stricte politesse nous délivre des effusions faciles et des familiarités mondaines. Dire à quelqu'un : Monsieur le Ministre, même quand on le connaît fort bien, voilà qui nous dispense merveilleusement de l'appeler «mon cher ami».
La vie des grandes collectivités est peu favorable à la politesse et quand ces collectivités pâtissent de mille manières, au milieu d'événements cruels, elles sont bien excusables d'oublier certaines de leurs traditions. L’étranger qui se retrouverait aujourd'hui dans les mornes galeries du métropolitain, après plusieurs années d'absence, aurait quelque peine à reconnaître les multitudes parisiennes, autrefois, si gaies, si désinvoltes et si volontiers flâneuses. Le peuple de Paris lui paraîtrait triste et rude, surmené, pressé, hagard.
Georges Duhamel (1884-1966)
chroniques des saisons amères (1940-1943)
* * *
Nous prenons prétexte des nouvelles technologies pour avoir peur,
mais aurions-nous moins peur s’il n’y avait pas ces technologies nouvelles ?
La source de ces peurs provient-elle de ces technologies nouvelles ou de nos sentiments de peur spontanés, de notre craintivité naturelle, voir de notre goût pour la peur.
La peur serait un comportement hérité de nos ancêtres qui en auraient tiré profit pour se soustraire aux dangers mortels qui les menaçaient. En conséquence, nous avons peur aujourd'hui de ce que nos ancêtres ont redouté, mais, aujourd'hui, les situations naturelles dangereuses et effrayantes sont rares, du moins dans les pays occidentaux : les rencontres avec des serpents, des tigres ou des crocodiles sont exceptionnelles ! Toutefois, dans notre tentative de soumettre la nature, nous avons créé de nouveaux dangers : des autoroutes aux gaz à effet de serre, des armes automatiques au bioterrorisme ou à la bombe atomique. Ces dangers engendrés par l'homme sont souvent trop abstraits pour susciter une peur réelle, ce qui présente un risque. Selon le psychologue américain William James (1842-1910), la supériorité de l'homme sur les animaux ne s'est nulle part exprimée aussi clairement que dans le recul des conditions effrayantes pour l'homme (mais à la lumière des nouvelles menaces, ce n'est peut-être plus un réel progrès). De surcroît, même si les occasions d'avoir peur ont diminué, les sentiments de peur auraient augmenté. Selon l'anthropologue et éthologue lrenaus Eibl-Eibesfeldt, l'homme est peut-être la créature la plus craintive, car à la peur élémentaire des prédateurs et des congénères hostiles s'ajoutent des angoisses existentielles.
Dans la Grèce antique, on n'évoquait que la peur d'un objet, d'un animal ou de la douleur, jamais la peur de phénomènes de société. Ce type de peur serait plus récent : peut-être est-il né dans l'Empire romain dont les limites étaient si lointaines que les individus avaient peur de cet inconnu. Pour les philosophes grecs Aristote (environ -385 à -322) et Platon (environ -428 à -347), la peur était avant tout une réaction physique. Chez Aristote, elle n'est pas mentionnée dans les réflexions De Anima (De l'âme) et, étymologiquement, l'angoisse est une manifestation purement corporelle (du latin angustia, c'est-à-dire resserrement).
Les religions promettent que les croyants seront libérés de leur peur, tout en attisant d'autres peurs, telles celle du Jugement dernier, des représentations de l'enfer et de la menace d'une réincarnation éternelle. Saint-Augustin (354-430) considérait la peur comme l'une des quatre passions humaines. Il distingua deux peurs : la peur méprisable de la punition (timor servilis) et la peur plus élevée de la faute contre Dieu (timor castus). Cette distinction fut reprise par Thomas d'Aquin (-1225-1274).
Avec la foi dans le progrès et le rationalisme, notamment à l'époque des Lumières, la peur ne joua aucun rôle en tant que thème philosophique. Toutefois, au XIXe siècle, le philosophe Sôren Kierkegaard considéra l'angoisse existentielle comme une caractéristique fondamentale de la pensée humaine. Pour la surmonter, il proposa le «passage à la foi». Martin Heidegger (1889-1976) développa l'analyse : la crainte de l'homme serait liée au fait d'être présent au monde. L'homme, qu'il décrit comme un «être-là», planté dans le monde, redoute l'idée de ne pas exister autrement que par sa destination finale, la mort (il serait un «être pour la mort»). Pour Jean-Paul Sartre (1905-1980), l'angoisse redevient «une qualité de notre conscience» en tant que condition préalable de la liberté. L'angoisse ne serait donc pas nécessairement un mal, elle pourrait ouvrir à l'homme la voie vers son «être véritable».
Rüdiger Vaas
Une petite histoire de la peur
Cerveau & Psycho, n°2, juin-août 2003
* * *
Ou bien est-ce une opposition entre Technocratie versus démocratie ?
Ou bien est-ce la conscience que l'évolution des sociétés paraît désormais plus déterminée par le progrès scientifique et technique que les décisions politiques, donc démocratiques ?
Le progrès quasi autonome de la science et de la technique dont dépend effectivement la variable la plus importante du système, à savoir la croissance économique, fait [...] figure de variable indépendante. Il en résulte une perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique. La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes objectives auxquelles doit se conformer une politique répondant à des besoins fonctionnels. Or, une fois que cette illusion s'est effectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de la science et de la technique pour expliquer et légitimer les raisons pour lesquelles dans les sociétés modernes, un processus de formation démocratique de la volonté politique concernant les questions de la pratique « doit » nécessairement perdre toute fonction et céder la place aux décisions de nature plébiscitaire concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel administratif à la tête de l'État. C'est la thèse de la technocratie, et le discours scientifique en a développé la théorie sous différentes versions. Mais le fait qu'elle puisse pénétrer aussi, en tant qu'idéologie implicite, dans la conscience de la masse de la production dépolitisée et avoir un pouvoir de légitimation me paraît plus important.
Jürgen Habermas
La Technique et la Science comme idéologie, 1973
* * *
La peur des technologies nouvelles est-elle un paravent de notre propre responsabilité ?
N’est-il pas plus facile d’accuser les technologies nouvelles que d’assumer notre propre responsabilité ? Nous avons peur de ces technologies nouvelles, mais est-ce d’elles dont il faut avoir peur ? Quelles que soient ces technologies, elles sont inventées, mises en oeuvres, et utilisé par des êtres humains, en vertus de finalités humaines. Quelques soient les nouvelles technologies, elles sont toujours subordonnées à des intérêts humains (richesse, pouvoir, célébrité, service, plaisir…), par leurs inventeurs comme leurs utilisateurs.
Dans ces temps anciens la technique était, comme nous l'avons vu, une concession adéquate à la nécessité et non la route vers le but électif de l'humanité - un moyen avec un degré fini d'adéquation à des fins proches, nettement définies. Aujourd'hui, sous la forme de la technique moderne, la technè s'est transformée en poussée en avant infinie de l'espèce et en son entreprise la plus importante. On serait tenté de croire que la vocation de l'homme consiste dans la progression, en perpétuel dépassement de soi, vers des choses toujours plus grandes et la réussite d'une domination maximale sur les choses et sur l'homme lui-même semblerait être l'accomplissement de sa vocation.
Ainsi le triomphe de l'homo faber sur son objet externe signifie-t-il en même temps son triomphe dans la constitution interne de l'homo sapiens, dont il était autrefois une partie servile. En d'autres termes : indépendamment même de ses oeuvres objectives, la technologie reçoit une signification éthique par la place centrale qu'elle occupe désormais dans la vie subjective des fins humaines. Sa création cumulative, à savoir l'environnement artificiel qui se propage, renforce par un perpétuel effet rétroactif les forces particulières qui l'ont engendrée : le déjà créé oblige à leur mise en œuvre inventive toujours recommencée, dans sa conservation et dans son développement ultérieur et elle la récompense par un succès accru - qui de nouveau contribue à sa prétention souveraine [...]
Si la sphère de la production a investi l'espace de l'agir essentiel, alors la moralité doit investir la sphère du produire dont elle s'est tenue éloignée autrefois, et elle doit le faire sous la forme de la politique publique. Jamais dans le passé la politique publique n'avait eu affaire à des questions de cette ampleur et recouvrant de telles latitudes de l'anticipation projective. En effet, l'essence transformée de l'agir humain modifie l'essence fondamentale de la politique.
Hans Jonas (1903-1993)
Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, 1979
* * *
POUR APPROFONDIR CE SUJET
- La fin de l’homme, les conséquences de la révolution biotechnique, Francis Fukuyama, La table Ronde, 2002
- Enjeux du progrès technique, prudence et responsabilité, Pascal Sévérac, Ellipses, 2001
- Choc du progrès technique, J. Bourles et J. H. Lorenzi, Éditions Economica, 1994
- Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, Hans Jonas, 1979
- La Technique et la Science comme idéologie, Jürgen Habermas, 1973
- Frankenstein ou le Prométhée moderne, Mary W. Shelley, 1818
POURQUOI LES NOUVELLES TECHNOLOGIES FONT-ELLES PEUR ?
Supports de réflexion du débat du 15/02/2018
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La technophobie n’est pas chose nouvelle
Les machines nouvelles, sources de nos problèmes contemporains
Toutes les technologies nouvelles (et non pas nouvelles techonologies) ont toujours provoqué des réactions d’hostilité et de conservatisme, les accusants d’à peu près tous les mots. Prenons l’exemple d’une technologie nouvelle aux conséquences sociales désastreuses, en partie responsable de la décadence de la culture et de la civilisation (attention, c’est de l’ironie) : le téléphone.
On aurait tort de croire que la politesse est le propre des sociétés comblées. La marche triomphante de la civilisation mécanicienne, au XIXe siècle et pendant le début du XXe, a contribué grandement à ruiner le sentiment de la politesse. […]
Le machinisme a mis à la disposition de tous et de chacun une puissance démesurée. Il est très difficile de conserver la raison quand on dispose d'une telle puissance. L'homme qui, volontiers, s'effacerait, devant une porte, pour laisser passer son voisin, cet homme, s'il pilote une «quinze chevaux», entend bien dépasser le modeste possesseur d'une voiture de dix chevaux. Ne le voudrait-il pas qu'il, y est en quelque sorte contraint par les lois de la matière. Sa machine lui force la main. Il donne donc un coup de klaxon qui signifie : «Rangez-vous, et sans tarder, puisque Je suis plus fort que vous. Rangez-vous ! Laissez-moi passer. A vous de recevoir la fange de mes roues. A vous de respirer les gaz puants de mon moteur. D'ailleurs je ne vous boucherai pas longtemps la vue. Je vous suis bien supérieur par la cylindrée, par la souplesse, par les reprises, par toutes ces vertus mirifiques, célébrées sur les affiches et les prospectus. Rangez-vous ou je vous bouscule, car je manque de patience».
Ainsi pense, et le plus souvent même sans le savoir, l'homme qui dispose d'une puissante mécanique. De tous les endroits où la machine sévit, la politesse a dû se retirer et disparaître. J'ai vu des ouvriers travailler à la chaîne. Il ne reste plus rien, dans ces empires, funèbres, des conventions délicates qui entretiennent la douceur humaine. Le climat de la mécanique n'est pas celui de la politesse. La civilisation mécanicienne a restauré les lois de la jungle. Même quand elle semble favoriser les desseins et les entreprises de la courtoisie, la machine ouvre la porte à maintes pratiques insolentes.
Le téléphone rend d'appréciables services, dans la vie de société. Il nous permet de nous enquérir de ceux que nous aimons, d’avoir promptement de leurs nouvelles, d'intervenir au besoin sans retard en leur faveur, de régler élégamment une foule de problèmes, de rendre sur l’heure de grands ou de menus services. Le téléphone pourrait, devrait représenter un des, instruments de la civilité nouvelle. Hélas, il n'en est rien. Beaucoup de gens usent du téléphone par paresse pour se dispenser d'écrire, pour n'avoir pas à laisser un témoignage indubitable de leurs démarches, de leurs dires. Chose plus grave encore, le téléphone incline toutes sortes de gens à l'indiscrétion. Ceux qui hésitent à écrire parce que cela demande un effort, ceux qui n'osent pas se présenter parce qu'il redoutent le franc contact humain, le regard et le geste, ceux-là n'ont pas peur du téléphone. Ils en usent, ils en abusent, ils s'en servent avec impudeur, avec effronterie.
Une coutume tend même à s'établir, dans la société des affaires, une coutume qui gagne le monde le meilleur et que je trouve d'une grande inconvenance. La mode est de faire appeler par le truchement d'une secrétaire la personne que l'on souhaite d'entretenir, cette secrétaire dit alors : «Ne quittez pas !» La personne ainsi avertie demeure le cornet à l'oreille pendant plusieurs longues minutes. Le calcul est tort simple et pourrait se résumer ainsi «Je ne veux pas perdre mon temps, je vais donc, bien tranquillement, vous forcer à perdre le vôtre.» Je ne suis pas dépourvu de patience, mais cette pratique m'exaspère et, dès que l'on me dit "Ne quittez pas", je m'empresse de raccrocher l’appareil.
Le machinisme a porté de rudes coups à la traditionnelle politesse française et nous voyons s'instaurer, petit à petit, chez nous comme ailleurs, ce que je serais tenté d'appeler la muflerie internationale. La politesse reste en honneur au sein de petits groupes fermés, les familles, les clubs, les cercles, les académies. On y maintient telles quelles les traditions et, parfois, avec une grande exactitude.
Il y a, dans la politesse parfaite, une austère tristesse et une précision impérieuse que ne peuvent pas comprendre les hommes grossiers. Appeler tel personnage par son titre ou sa fonction, lui dire, à chaque réplique, soigneusement, rigoureusement, «Monsieur le Président», «Monsieur l'Ambassadeur», «Monsieur le Directeur», c'est en vérité, une méthode pleine d'avantages ; c'est replacer soigneusement l'interlocuteur dans la lumière où l'on souhaite de le trouver, c'est lui remettre en mémoire son emploi et ses devoirs, c'est le contraindre à formuler sa réponse en président, en ambassadeur ou en directeur. En outre, cette stricte politesse nous délivre des effusions faciles et des familiarités mondaines. Dire à quelqu'un : Monsieur le Ministre, même quand on le connaît fort bien, voilà qui nous dispense merveilleusement de l'appeler «mon cher ami».
La vie des grandes collectivités est peu favorable à la politesse et quand ces collectivités pâtissent de mille manières, au milieu d'événements cruels, elles sont bien excusables d'oublier certaines de leurs traditions. L’étranger qui se retrouverait aujourd'hui dans les mornes galeries du métropolitain, après plusieurs années d'absence, aurait quelque peine à reconnaître les multitudes parisiennes, autrefois, si gaies, si désinvoltes et si volontiers flâneuses. Le peuple de Paris lui paraîtrait triste et rude, surmené, pressé, hagard.
Georges Duhamel (1884-1966)
chroniques des saisons amères (1940-1943)
* * *
Nous prenons prétexte des nouvelles technologies pour avoir peur,
mais aurions-nous moins peur s’il n’y avait pas ces technologies nouvelles ?
La source de ces peurs provient-elle de ces technologies nouvelles ou de nos sentiments de peur spontanés, de notre craintivité naturelle, voir de notre goût pour la peur.
La peur serait un comportement hérité de nos ancêtres qui en auraient tiré profit pour se soustraire aux dangers mortels qui les menaçaient. En conséquence, nous avons peur aujourd'hui de ce que nos ancêtres ont redouté, mais, aujourd'hui, les situations naturelles dangereuses et effrayantes sont rares, du moins dans les pays occidentaux : les rencontres avec des serpents, des tigres ou des crocodiles sont exceptionnelles ! Toutefois, dans notre tentative de soumettre la nature, nous avons créé de nouveaux dangers : des autoroutes aux gaz à effet de serre, des armes automatiques au bioterrorisme ou à la bombe atomique. Ces dangers engendrés par l'homme sont souvent trop abstraits pour susciter une peur réelle, ce qui présente un risque. Selon le psychologue américain William James (1842-1910), la supériorité de l'homme sur les animaux ne s'est nulle part exprimée aussi clairement que dans le recul des conditions effrayantes pour l'homme (mais à la lumière des nouvelles menaces, ce n'est peut-être plus un réel progrès). De surcroît, même si les occasions d'avoir peur ont diminué, les sentiments de peur auraient augmenté. Selon l'anthropologue et éthologue lrenaus Eibl-Eibesfeldt, l'homme est peut-être la créature la plus craintive, car à la peur élémentaire des prédateurs et des congénères hostiles s'ajoutent des angoisses existentielles.
Dans la Grèce antique, on n'évoquait que la peur d'un objet, d'un animal ou de la douleur, jamais la peur de phénomènes de société. Ce type de peur serait plus récent : peut-être est-il né dans l'Empire romain dont les limites étaient si lointaines que les individus avaient peur de cet inconnu. Pour les philosophes grecs Aristote (environ -385 à -322) et Platon (environ -428 à -347), la peur était avant tout une réaction physique. Chez Aristote, elle n'est pas mentionnée dans les réflexions De Anima (De l'âme) et, étymologiquement, l'angoisse est une manifestation purement corporelle (du latin angustia, c'est-à-dire resserrement).
Les religions promettent que les croyants seront libérés de leur peur, tout en attisant d'autres peurs, telles celle du Jugement dernier, des représentations de l'enfer et de la menace d'une réincarnation éternelle. Saint-Augustin (354-430) considérait la peur comme l'une des quatre passions humaines. Il distingua deux peurs : la peur méprisable de la punition (timor servilis) et la peur plus élevée de la faute contre Dieu (timor castus). Cette distinction fut reprise par Thomas d'Aquin (-1225-1274).
Avec la foi dans le progrès et le rationalisme, notamment à l'époque des Lumières, la peur ne joua aucun rôle en tant que thème philosophique. Toutefois, au XIXe siècle, le philosophe Sôren Kierkegaard considéra l'angoisse existentielle comme une caractéristique fondamentale de la pensée humaine. Pour la surmonter, il proposa le «passage à la foi». Martin Heidegger (1889-1976) développa l'analyse : la crainte de l'homme serait liée au fait d'être présent au monde. L'homme, qu'il décrit comme un «être-là», planté dans le monde, redoute l'idée de ne pas exister autrement que par sa destination finale, la mort (il serait un «être pour la mort»). Pour Jean-Paul Sartre (1905-1980), l'angoisse redevient «une qualité de notre conscience» en tant que condition préalable de la liberté. L'angoisse ne serait donc pas nécessairement un mal, elle pourrait ouvrir à l'homme la voie vers son «être véritable».
Rüdiger Vaas
Une petite histoire de la peur
Cerveau & Psycho, n°2, juin-août 2003
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Ou bien est-ce une opposition entre Technocratie versus démocratie ?
Ou bien est-ce la conscience que l'évolution des sociétés paraît désormais plus déterminée par le progrès scientifique et technique que les décisions politiques, donc démocratiques ?
Le progrès quasi autonome de la science et de la technique dont dépend effectivement la variable la plus importante du système, à savoir la croissance économique, fait [...] figure de variable indépendante. Il en résulte une perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique. La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes objectives auxquelles doit se conformer une politique répondant à des besoins fonctionnels. Or, une fois que cette illusion s'est effectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de la science et de la technique pour expliquer et légitimer les raisons pour lesquelles dans les sociétés modernes, un processus de formation démocratique de la volonté politique concernant les questions de la pratique « doit » nécessairement perdre toute fonction et céder la place aux décisions de nature plébiscitaire concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel administratif à la tête de l'État. C'est la thèse de la technocratie, et le discours scientifique en a développé la théorie sous différentes versions. Mais le fait qu'elle puisse pénétrer aussi, en tant qu'idéologie implicite, dans la conscience de la masse de la production dépolitisée et avoir un pouvoir de légitimation me paraît plus important.
Jürgen Habermas
La Technique et la Science comme idéologie, 1973
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La peur des technologies nouvelles est-elle un paravent de notre propre responsabilité ?
N’est-il pas plus facile d’accuser les technologies nouvelles que d’assumer notre propre responsabilité ? Nous avons peur de ces technologies nouvelles, mais est-ce d’elles dont il faut avoir peur ? Quelles que soient ces technologies, elles sont inventées, mises en oeuvres, et utilisé par des êtres humains, en vertus de finalités humaines. Quelques soient les nouvelles technologies, elles sont toujours subordonnées à des intérêts humains (richesse, pouvoir, célébrité, service, plaisir…), par leurs inventeurs comme leurs utilisateurs.
Dans ces temps anciens la technique était, comme nous l'avons vu, une concession adéquate à la nécessité et non la route vers le but électif de l'humanité - un moyen avec un degré fini d'adéquation à des fins proches, nettement définies. Aujourd'hui, sous la forme de la technique moderne, la technè s'est transformée en poussée en avant infinie de l'espèce et en son entreprise la plus importante. On serait tenté de croire que la vocation de l'homme consiste dans la progression, en perpétuel dépassement de soi, vers des choses toujours plus grandes et la réussite d'une domination maximale sur les choses et sur l'homme lui-même semblerait être l'accomplissement de sa vocation.
Ainsi le triomphe de l'homo faber sur son objet externe signifie-t-il en même temps son triomphe dans la constitution interne de l'homo sapiens, dont il était autrefois une partie servile. En d'autres termes : indépendamment même de ses oeuvres objectives, la technologie reçoit une signification éthique par la place centrale qu'elle occupe désormais dans la vie subjective des fins humaines. Sa création cumulative, à savoir l'environnement artificiel qui se propage, renforce par un perpétuel effet rétroactif les forces particulières qui l'ont engendrée : le déjà créé oblige à leur mise en œuvre inventive toujours recommencée, dans sa conservation et dans son développement ultérieur et elle la récompense par un succès accru - qui de nouveau contribue à sa prétention souveraine [...]
Si la sphère de la production a investi l'espace de l'agir essentiel, alors la moralité doit investir la sphère du produire dont elle s'est tenue éloignée autrefois, et elle doit le faire sous la forme de la politique publique. Jamais dans le passé la politique publique n'avait eu affaire à des questions de cette ampleur et recouvrant de telles latitudes de l'anticipation projective. En effet, l'essence transformée de l'agir humain modifie l'essence fondamentale de la politique.
Hans Jonas (1903-1993)
Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, 1979
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POUR APPROFONDIR CE SUJET
- La fin de l’homme, les conséquences de la révolution biotechnique, Francis Fukuyama, La table Ronde, 2002
- Enjeux du progrès technique, prudence et responsabilité, Pascal Sévérac, Ellipses, 2001
- Choc du progrès technique, J. Bourles et J. H. Lorenzi, Éditions Economica, 1994
- Le Principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, Hans Jonas, 1979
- La Technique et la Science comme idéologie, Jürgen Habermas, 1973
- Frankenstein ou le Prométhée moderne, Mary W. Shelley, 1818
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Bonjour à tous,
Retour de ma première expérience du café philo du "L’HOMME RESTERA-T-IL TOUJOURS UN LOUP POUR L’HOMME ?" : les gens étaient là pour avoir un auditoire et/ou s'écouter parler. Je renouvellerai l'expérience mais me laisse un peu de temps pour digérer cette non agréable soirée.
A+,
Valérie
Retour de ma première expérience du café philo du "L’HOMME RESTERA-T-IL TOUJOURS UN LOUP POUR L’HOMME ?" : les gens étaient là pour avoir un auditoire et/ou s'écouter parler. Je renouvellerai l'expérience mais me laisse un peu de temps pour digérer cette non agréable soirée.
A+,
Valérie
Valika- Messages : 142
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 52
Localisation : Toulouse (et très urbaine dans l'âme)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Je confirme, c'est en partie assez vrai, et on pourrait rajouter une tendance idéologique politique nettement à "gauche" et scientiste / anti-religieux (cf. la présence de la "zététique"). Mais n'empêche : j'ai pour ma part trouvé que l'on y apprend quand même des choses intéressantes et que cela fait réfléchir. Et puis c'est aussi pour nous une occasion de rencontre et de discussions lors de l'after...
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Pareil, je ne retente pas l'expérience, sauf si un "after" (un "après" ?) de qualité* est assuré.
*c'est à dire avec des gens de qualité, comme ceux qui fréquentent ce forum
*c'est à dire avec des gens de qualité, comme ceux qui fréquentent ce forum
Yoda300- Messages : 1254
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 51
Localisation : Haute-Garonne
Re: Sorties / Rencontres Café Philo sur Toulouse (jeudi soir)
Partante pour en retenter un "avec after". On pourrait aussi avoir un "sujet" entre "after philo" et "présentation classique" pour le prochain brunch (voir autre fil) ...
Valika- Messages : 142
Date d'inscription : 12/06/2016
Age : 52
Localisation : Toulouse (et très urbaine dans l'âme)
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