[ MINUTE CULTURE ]
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
J'ai trouvé une chaîne Youtube top : Dirty Biology.
Je connaissais de nom mais je n'avais jamais regardé, j'ai beaucoup apprécié, extrait :
Je connaissais de nom mais je n'avais jamais regardé, j'ai beaucoup apprécié, extrait :
parsem / parsec- Messages : 1083
Date d'inscription : 12/05/2015
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, Sony LABOU TANSI à travers Christiane TAUBIRA.
« J'exige un autre centre du monde, d'autres excuses de nommer, d'autres manières de respirer... parce que être poète, de nos jours, c'est vouloir de toutes ses forces, de toute son âme et de toute sa chair, face aux fusils, face à l'argent qui lui aussi devient un fusil, et surtout face à la vérité reçue sur laquelle nous, poètes, avons une autorisation de pisser, qu'aucun visage de la réalité humaine ne soit poussé sous le silence de l'Histoire. [...] Je suis à la recherche de l'homme, mon frère d'antan - à la recherche du monde et des choses, mes autres frères d'antan. »
(Sony Labou Tansi, cité par Christiane Taubira, "Baroque Sarabande", 2018, p. 7).
« J'exige un autre centre du monde, d'autres excuses de nommer, d'autres manières de respirer... parce que être poète, de nos jours, c'est vouloir de toutes ses forces, de toute son âme et de toute sa chair, face aux fusils, face à l'argent qui lui aussi devient un fusil, et surtout face à la vérité reçue sur laquelle nous, poètes, avons une autorisation de pisser, qu'aucun visage de la réalité humaine ne soit poussé sous le silence de l'Histoire. [...] Je suis à la recherche de l'homme, mon frère d'antan - à la recherche du monde et des choses, mes autres frères d'antan. »
(Sony Labou Tansi, cité par Christiane Taubira, "Baroque Sarabande", 2018, p. 7).
Athena25- Messages : 271
Date d'inscription : 02/10/2017
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
épopée mandingue
Les griots connaissent l'histoire des rois et des royaumes, c'est pourquoi il sont les meilleurs conseillers des rois. Tout grand roi veut avoir un chantre pour perpétuer sa mémoire, car c'est le griot qui sauve la mémoire des rois, les hommes ont la mémoire courte.
Les royaumes ont leur destin tracé comme les hommes; les devins le savent qui scrutent l'avenir; il ont, eux, la science de l'avenir; nous autres griots nous sommes les dépositaires de la science du passé, mais qui connaît l'histoire d'un pays peut lire dans son avenir.
D'autres peuples se servent de l'écriture pour fixer le passer; mais cette invention a tué le mémoire chez eux; ils ne sentent plus le passé car l'écriture n'a pas la chaleur de la voix humaine. Chez eux tout le monde croit connaître alors que le savoir doit être un secret (1); les prophètes n'ont pas écrit et leur parole n'en a été que plus vivante. Quelle piètre connaissance que la connaissance qui est figée dans les livres muets.
1; Voici une des formules qui vient souvent dans la bouche des griots traditionalistes. Ceci explique la parcimonie avec laquelle ces détenteurs des traditions historiques dispensent leur savoir. Selon eux les Blancs ont rendu la science vulgaire; quand un Blanc sait quelque chose tout le monde le sait. Il faudrait que nous arrivions à faire changer cet état d'esprit si nous voulons un jours savoir tout ce que les griots ne veulent pas livrer.
Les griots connaissent l'histoire des rois et des royaumes, c'est pourquoi il sont les meilleurs conseillers des rois. Tout grand roi veut avoir un chantre pour perpétuer sa mémoire, car c'est le griot qui sauve la mémoire des rois, les hommes ont la mémoire courte.
Les royaumes ont leur destin tracé comme les hommes; les devins le savent qui scrutent l'avenir; il ont, eux, la science de l'avenir; nous autres griots nous sommes les dépositaires de la science du passé, mais qui connaît l'histoire d'un pays peut lire dans son avenir.
D'autres peuples se servent de l'écriture pour fixer le passer; mais cette invention a tué le mémoire chez eux; ils ne sentent plus le passé car l'écriture n'a pas la chaleur de la voix humaine. Chez eux tout le monde croit connaître alors que le savoir doit être un secret (1); les prophètes n'ont pas écrit et leur parole n'en a été que plus vivante. Quelle piètre connaissance que la connaissance qui est figée dans les livres muets.
1; Voici une des formules qui vient souvent dans la bouche des griots traditionalistes. Ceci explique la parcimonie avec laquelle ces détenteurs des traditions historiques dispensent leur savoir. Selon eux les Blancs ont rendu la science vulgaire; quand un Blanc sait quelque chose tout le monde le sait. Il faudrait que nous arrivions à faire changer cet état d'esprit si nous voulons un jours savoir tout ce que les griots ne veulent pas livrer.
Zeuxis- Messages : 17
Date d'inscription : 09/10/2017
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, 3 minutes 13 secondes de torpeur endémique dans les Lettres françaises. Mais au fond, ça intéresse encore qui, le bonheur...
Athena25- Messages : 271
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St'ban- Messages : 10478
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
merci pour ton fil Athena que je déguste avec bonheur ce matin
j'ai découvert Keith Haring la semaine dernière et je l'ai "rencontré" hier ....
j'ai découvert Keith Haring la semaine dernière et je l'ai "rencontré" hier ....
ou-est-la-question- Messages : 8075
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Age : 67
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui... un Classique parmi les CLASSIQUES.
« Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. »
(Albert CAMUS, "L’Étranger").
Athena25- Messages : 271
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Age : 32
Localisation : Paris
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Et puisque l'on parle de "Classiques", le texte immortel d'un auteur né à quelques kilomètres près au même endroit qu'Albert Camus, mais à 1559 années d'intervalle.
« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore ? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps ; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus ? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas ?
Or, ce qui devient évident et clair, c’est que le futur et le passé ne sont point ; et, rigoureusement, on ne saurait admettre ces trois temps : passé, présent et futur ; mais peut-être dira-t-on avec vérité : Il y a trois temps, le présent du passé, le présent du présent et le présent de l’avenir. Car ce triple mode de présence existe dans l’esprit ; je ne le vois pas ailleurs. Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est l’attention actuelle ; le présent de l’avenir, c’est son attente. Si l’on m’accorde de l’entendre ainsi, je vois et je confesse trois temps ; et que l’on dise encore, par un abus de l’usage : Il y a trois temps, le passé, le présent et l’avenir ; qu’on le dise, peu m’importe ; je ne m’y oppose pas : j’y consens, pourvu qu’on entende ce qu’on dit, et que l’on ne pense point que l’avenir soit déjà, que le passé soit encore. »
(Saint Augustin, "Les Confessions, Livre XI").
Invité- Invité
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Et oui , l'instant nous enfante , toujours , seulement , maintenant .
Invité- Invité
Re: [ MINUTE CULTURE ]
draf a écrit:Et oui , l'instant nous enfante , toujours , seulement , maintenant .
Même au sein du plus admirable des topics, il y a des gens qui salissent tout ce qu'ils touchent: Par mains pleines, confinés dans leurs coquilles de vase, leurs pensées ne se saisissent que de sable grossier, ne filtrent sans cesse que des clichés.
-----
Histoire de remonter le niveau, de montrer ce qu'on aurait pu y dire ou vraiment écrire à la suite des réflexions temporelles de Saint-Augustin:
Le temps présent et le temps passé
sont tous deux présents peut-être dans le temps futur
et le temps futur contenu dans le temps passé.
Si tout temps est éternellement présent
tout temps est irrémissible.
Ce qui aurait pu être est une abstraction
qui ne demeure un perpétuel possible
que dans un monde de spéculation.
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.
Des pas résonnent en écho dans la mémoire
le long du corridor que nous n’avons pas pris
vers la porte que nous n’avons jamais ouverte
sur le jardin de roses. Mes paroles font écho
ainsi, dans votre esprit.
Mais à quelle fin
troublent-elles la poussière d’une coupe de roses,
qu’en sais-je ?
D’autres échos
habitent le jardin. Les suivrons-nous ?
Vite, dit l’oiseau, vite, trouve-les, trouve-les
au détour de l’allée. Par le premier portail,
dans notre premier monde, allons-nous suivre
le leurre de la grive ? Dans notre premier monde,
ils étaient là, dignes et invisibles,
se mouvant sans peser parmi les feuilles mortes,
dans la chaleur d’automne, à travers l’air vibrant,
et l’oiseau d’appeler, en réponse
à la musique inentendue dissimulée dans le bosquet,
et le regard inaperçu franchit l’espace, car les roses
avaient l’air de fleurs regardées.
Ils étaient là : nos hôtes acceptés, acceptants.
Et nous procédâmes avec eux en cérémonieuse ordonnance,
le long de l’allée vide et dans le rond du buis,
pour plonger nos regards dans le bassin tari.
Sec le bassin, de ciment sec, au rebord brun,
et le bassin fut rempli d’eau par la lumière du soleil,
et les lotus montèrent doucement, doucement,
la surface scintilla au cœur de la lumière,
et ils étaient derrière nous, se reflétant dans le bassin.
Puis un nuage passa et le bassin fut vide.
Va, dit l’oiseau — les feuilles étaient pleines d’enfants
excités, réprimant leurs rires dans leurs cachettes.
Va, va, va, dit l’oiseau : le genre humain
ne peut pas supporter trop de réalité.
Le temps passé, le temps futur,
ce qui aurait pu être et ce qui a été
tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.
---------
En VO
Time present and time past
Are both perhaps present in time future,
And time future contained in time past.
If all time is eternally present
All time is unredeemable.
What might have been is an abstraction
Remaining a perpetual possibility
Only in a world of speculation.
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.
Footfalls echo in the memory
Down the passage which we did not take
Towards the door we never opened
Into the rose-garden. My words echo
Thus, in your mind.
But to what purpose
Disturbing the dust on a bowl of rose-leaves
I do not know.
Other echoes
Inhabit the garden. Shall we follow?
Quick, said the bird, find them, find them,
Round the corner. Through the first gate,
Into our first world, shall we follow
The deception of the thrush? Into our first world.
There they were, dignified, invisible,
Moving without pressure, over the dead leaves,
In the autumn heat, through the vibrant air,
And the bird called, in response to
The unheard music hidden in the shrubbery,
And the unseen eyebeam crossed, for the roses
Had the look of flowers that are looked at.
There they were as our guests, accepted and accepting.
So we moved, and they, in a formal pattern,
Along the empty alley, into the box circle,
To look down into the drained pool.
Dry the pool, dry concrete, brown edged,
And the pool was filled with water out of sunlight,
And the lotos rose, quietly, quietly,
The surface glittered out of heart of light,
And they were behind us, reflected in the pool.
Then a cloud passed, and the pool was empty.
Go, said the bird, for the leaves were full of children,
Hidden excitedly, containing laughter.
Go, go, go, said the bird: human kind
Cannot bear very much reality.
Time past and time future
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.
(C'était un extrait de Burnt Norton, de Thomas Stearns Eliot)
Invité- Invité
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Cette année 2019, en plein époque de l'endormissement... Rappelons qu'il y a 50 ans, c'est la mort d'une étoile qui a lancé le militantisme de la communauté homosexuelle et marqué le commencement d'une lutte de plus pour réclamer son droit à exister.
Parce qu'il n'existe ni sous-individu, ni sous-culture.
Parce qu'il n'existe ni sous-individu, ni sous-culture.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, en 2003, un homomorphisme célèbre nous rappelant la vanité de nos existences...
Six minutes 06 secondes de poésie subversive façon Wim Delvoye.
Six minutes 06 secondes de poésie subversive façon Wim Delvoye.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, en 2013. 6"57
[ 1:45-2:22 ]
[ 1:45-2:22 ]
Dernière édition par Athena25 le Sam 27 Juil 2019 - 20:26, édité 1 fois
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui en 2019, 28 minutes de mise en abyme déroutante sur une réalité des français vivant en Suisse...
ou quand le privilège de haïr l'autre se retourne contre soi.
ou quand le privilège de haïr l'autre se retourne contre soi.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
« Ne compte plus me trouver sain d’esprit. Finissons-en avec la raison. Ce fut un mariage à Louveciennes, tu ne peux le nier. Je suis reparti avec des morceaux de toi collés sur ma peau ; je marche, je nage dans un océan de sang, de ton sang d’Andalouse, distillé et venimeux. Tout ce que je fais, ce que je dis, ce que je pense tourne autour de ce mariage. Je t’ai vue en maîtresse de maison, une Mauresque au visage épais, une négresse au corps blanc, des yeux sur tout le corps – femme, femme, femme. Je ne vois pas comment je pourrais continuer à vivre loin de toi – ces séparations sont désormais la mort. Qu’as-tu éprouvé lorsque Hugo est rentré ? Étais-je encore là ? Je ne peux pas t’imaginer te comportant avec lui comme tu l’as fait avec moi. Les jambes serrées. Fragilité. Doux consentement du traître. Docilité d’oiseau. Avec moi tu es devenue femme. J’en fus presque terrifié. Tu n’as pas trente ans – tu as mille ans. »
(Anaïs NIN, Henry MILLER, "Correspondance passionnée" - Éditions Stock, 2007).
(Anaïs NIN, Henry MILLER, "Correspondance passionnée" - Éditions Stock, 2007).
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
« Paix et sécurité assez relatives, il est vrai, car le récit de la chute nous permet d'entrevoir qu'au cœur même de l’Éden le promoteur de notre race devait ressentir un malaise, faute de quoi on ne saurait expliquer la facilité avec laquelle il céda à la tentation. Il y céda ? il l'appela plutôt. En lui se manifestait déjà cette inaptitude au bonheur, cette incapacité de le supporter dont nous avons tous hérité. Il l'avait sous la main, il pouvait se l'approprier pour toujours, il le rejeta, et depuis nous le poursuivons sans le retrouver ; le retrouverions-nous que nous ne nous en accommoderions pas davantage. Qu'attendre d'autre d'une carrière commencée par une infraction à la sagesse, par une infidélité au don d'ignorance que le Créateur nous avait dispensé ? Précipités par le savoir dans le temps, nous fûmes du même coup dotés d'un destin. Car il n'y a de destin qu'en dehors du paradis.
[...]
Alors qu'il eût dû s'en tenir au silex et, en fait de raffinements techniques, à la brouette, avec une dextérité de démon il invente et manie des outils qui proclament l'étrange suprématie d'un déficient, d'un spécimen biologiquement déclassé dont personne n'eût pu deviner qu'il s’élèverait à une nocivité aussi ingénieuse. Ce n'est pas lui, c'est le lion ou le tigre qui aurait dû occuper la place qu'il détient dans l'échelle des créatures. Mais ce ne sont jamais les forts, ce sont les faibles qui visent au pouvoir et y atteignent, par l'effet combiné de la ruse et du délire. N'éprouvant nul besoin d'ajouter à sa force, qui est réelle, un fauve ne s'abaisse pas à l'outil. Parce qu'en tout l'homme était un animal anormal, peu doué pour subsister et s'affirmer, violent par défaillance et non par vigueur, intraitable à partir d'une position de faiblesse, agressif à cause de son inadaptation même, il lui revenait de chercher les moyens d'une réussite qu'il n'eût pu réaliser ni même imaginer si sa complexion eût répondu aux impératifs de la lutte pour l'existence. S'il exagère en tout, si l'hyperbole est chez lui nécessité vitale, c'est que, désaxé et débridé au départ, il ne peut se fixer à ce qui est, ni constater ou subir le réel sans vouloir le transformer et l'outrer. Dépourvu de tact, de cette science innée de la vie, inhabile de plus à discerner l'absolu dans l'immédiat, il apparaît, dans l'ensemble de la nature, comme un épisode, une digression, une hérésie, comme un trouble-fête, un extravagant, un fourvoyé qui a tout compliqué, même sa peur, devenue chez lui, en s'aggravant, peur de lui-même, effroi devant son sort de crevé séduit par l'énorme, en butte à une fatalité qui intimiderait un dieu. »
(CIORAN, "La Chute dans le Temps" - Nrf Essais, Gallimard, 2013).
[...]
Alors qu'il eût dû s'en tenir au silex et, en fait de raffinements techniques, à la brouette, avec une dextérité de démon il invente et manie des outils qui proclament l'étrange suprématie d'un déficient, d'un spécimen biologiquement déclassé dont personne n'eût pu deviner qu'il s’élèverait à une nocivité aussi ingénieuse. Ce n'est pas lui, c'est le lion ou le tigre qui aurait dû occuper la place qu'il détient dans l'échelle des créatures. Mais ce ne sont jamais les forts, ce sont les faibles qui visent au pouvoir et y atteignent, par l'effet combiné de la ruse et du délire. N'éprouvant nul besoin d'ajouter à sa force, qui est réelle, un fauve ne s'abaisse pas à l'outil. Parce qu'en tout l'homme était un animal anormal, peu doué pour subsister et s'affirmer, violent par défaillance et non par vigueur, intraitable à partir d'une position de faiblesse, agressif à cause de son inadaptation même, il lui revenait de chercher les moyens d'une réussite qu'il n'eût pu réaliser ni même imaginer si sa complexion eût répondu aux impératifs de la lutte pour l'existence. S'il exagère en tout, si l'hyperbole est chez lui nécessité vitale, c'est que, désaxé et débridé au départ, il ne peut se fixer à ce qui est, ni constater ou subir le réel sans vouloir le transformer et l'outrer. Dépourvu de tact, de cette science innée de la vie, inhabile de plus à discerner l'absolu dans l'immédiat, il apparaît, dans l'ensemble de la nature, comme un épisode, une digression, une hérésie, comme un trouble-fête, un extravagant, un fourvoyé qui a tout compliqué, même sa peur, devenue chez lui, en s'aggravant, peur de lui-même, effroi devant son sort de crevé séduit par l'énorme, en butte à une fatalité qui intimiderait un dieu. »
(CIORAN, "La Chute dans le Temps" - Nrf Essais, Gallimard, 2013).
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui... une Classique parmi les CLASSIQUES (version Deux).
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, ou plutôt le mois dernier, Dieu était de retour.
Et je ne vivais pas à Lyon.
Et je ne vivais pas à Lyon.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, en Vienne 1900, micro-portrait de l'un de ces génies déguisés que l'on se plaît à appeler "muses".
5"23 d'Alma Mahler.
5"23 d'Alma Mahler.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, des portraits plein de tendresse... plantés entre 2003 et 2016... bringuebalant entre chuchotements de rigueur et tumultes intérieurs.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Merci beaucoup pour le partage de ce documentaire (signé par la fille du grand Costa-Gavras), qui avait a priori pas mal de qualités pour m'exaspérer – des gosses de riche souvent coupés de réalités et préoccupations, disons, gilet-jaunesques, qui peuvent encore être les miennes – mais qui m’aura finalement séduit, capté que j’ai pu être par leurs problématiques, de mieux en mieux exotiques à mes yeux à mesure que ces derniers parvenaient à déceler les failles derrières les dorures (ou plutôt l'argenterie – celle de la cuillère innée) ; les témoignages féminins en sont, ici, les plus frappants et émouvants exemples.Athena25 a écrit:Aujourd'hui, des portraits plein de tendresse... plantés entre 2003 et 2016... bringuebalant entre chuchotements de rigueur et tumultes intérieurs.
En outre, Julie Gavras a le bon goût de signer les clips d’artistes qui me sont particulièrement chers (Mes Chers Amis et Mon plus bel incendie d'Arman Méliès ; Je ne te dirai pas de Clarika), ce qui achève de me la rendre précieuse !
Pour ma part, je vous invite à découvrir cette formidable série de vulgarisation scientifique, qui ressuscite l’esprit de son modèle jadis créé par l'astronome Carl Sagan à l'intention du jeune public, sur le principe d’un voyage au long cours dans le temps et l'espace à la découverte des mystères de notre univers. Cette nouvelle série documentaire en 13 épisodes nous emmène à bord d'un vaisseau imaginaire, pour mieux nous guider à la découverte de l'espace ou à la rencontre de ceux qui l'ont préfiguré ou exploré :
Ce qui me touche le plus, dans cette série – outre le vertige cosmologique qu’elle offre –, c’est la part belle qu’elle fait à l’enfance : celle des génies qui nous éclairent encore. Schopenhaueur le disait bien : « Il y a du génie dans chaque enfant, et un enfant en chaque génie. » Et en effet, les deux ont fait du « pourquoi ? » leur tenace question de prédilection, leur leitmotiv, leur sacerdoce.Cap sur les étoiles ! L’astrophysicien Neil deGrasse Tyson nous embarque à bord de son vaisseau propulsé par deux moteurs - celui de la Science et celui de l'Imaginaire - au cœur d'une odyssée passionnante reliant l'infiniment petit à l'infiniment grand. Une aventure graphique aux confins de l’univers où se dessinent les réponses aux mystères de notre monde.
MoojiKadja- Messages : 351
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Localisation : Avant « Je Suis »
Re: [ MINUTE CULTURE ]
En juillet 1968, Alena, étudiante de 23 ans à l’École d'interprètes de Prague, est venue en Suisse pendant ses vacances. Suivie par le journaliste Gérald Mury, la jeune femme a tenté de découvrir ce qui se cache derrière les clichés du pays. Toutes les rencontres du reportage ont été choisies par elle : des étudiants vaudois, les rédactrices d'un magazine féminin, les ouvriers d'une usine, un agriculteur, ainsi qu'un communiste pour confronter sa conception du socialisme avec la sienne. Alena se confie également sur la mode, la femme occidentale qui ne travaille pas, la sexualité, ses loisirs, la politique, le sens de la vie, le mariage, avoir des enfants, son ambition professionnelle.
Émission "Profils 68" du 16 septembre 1968.
La qualité de la pensée et de l'expression des jeunes gens de l'époque — et celle d'Alena en particulier — me complexerait presque, au regard de cet héritage culturel et de cette exigence existentielle desquels les générations suivantes se sont hélas montrées toujours plus indignes.
MoojiKadja- Messages : 351
Date d'inscription : 21/05/2017
Localisation : Avant « Je Suis »
Re: [ MINUTE CULTURE ]
"C'est un métier terrible. Il a une certaine beauté, mais cette beauté arrive et part au moment où on tourne, C'est pas joli. Ni avant, ni après". Avec franchise et lucidité, en français, l'actrice italienne se dévoile à Christian Defaye, remontant le cours de sa vie et de sa carrière. Sa voix doublée à ses débuts, son enfance en partie en Suisse, ses études de décoration, ses débuts dans le cinéma, sa rencontre avec Claude Sautet, son orgueil, sa timidité, la solitude. L'entretien se termine par un hommage au cinéaste suisse Michel Soutter dont elle a fait récemment la connaissance. Rencontre fructueuse puisqu'elle tournera peu de temps dans son film "Repérages".
Spécial Cinéma, le 2 février 1977.
Dans mes films, "je ne fais jamais un latin lover, jamais un séducteur, plutôt un impuissant". L'acteur italien réfute une réputation qu'il s'est toujours efforcé à détourner avec ses rôles. En compagnie de Christian Defaye, Marcello Mastroianni remonte le cours de sa carrière de ses débuts au théâtre puis au cinéma jusqu'à des confidences personnelles sur l'homme, en passant par sa consécration dans "La Dolce vita", ses collaborations avec Federico Fellini et Marco Ferreri, son prix d'interprétation à Cannes, son expérience à Hollywood, les cinémas italien et français, sa timidité.
Spécial Cinéma, 13 juin 1976.
Je vous soumets délibérément ce duo d'archives portant sur deux acteurs italiens francophones très populaires en France, où ils ont tournés certains de leurs plus beaux films. Tournés à quelques mois d'intervalles seulement, ces entretiens les dévoilent magnifiquement, je trouve, chacun d'entre eux y jouant le jeu d'une belle transparence, ne craignant pas d'exposer failles et faiblesses, ou encore de déconstruire l'image de sex symbol qu'ils avaient alors collés à la peau, à leur grand dam. Ils sont beaux, ici, et pourtant si loin de leurs séduisants archétypes ; ils sont justes superbes de nudité et d'authenticité révélées – de vérité sensible, en définitive.
Bon visionnage aux curieux !
MoojiKadja- Messages : 351
Date d'inscription : 21/05/2017
Localisation : Avant « Je Suis »
Re: [ MINUTE CULTURE ]
https://www.franceinter.fr/emissions/du-vent-dans-les-synapses/du-vent-dans-les-synapses-28-septembre-2019
Invité- Invité
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Athena25 a écrit:Aujourd'hui, retour sur un génie (mé)connu de tous, Ryuichi Sakamoto.
Merci pour cet émouvant souvenir... Furyo.
Qui m'évoque ces deux Tokyo !
Basilice- Messages : 1936
Date d'inscription : 01/11/2012
Localisation : Tout dépend des moments
Re: [ MINUTE CULTURE ]
Oh, j'ai raté certaines choses ici...
Merci pour ton partage Basilice, d'ailleurs le trailer de "Tokyo!" a totalement attiré mon attention. Je vais essayer de retrouver ce film et de le regarder.
Ce trailer me donne d'ailleurs envie de partager la BA d'un film datant de 1998 intitulé "Tokyo Eyes" et signé Jean-Pierre Limosin. Un fait divers et une rencontre amoureuse ordinaire sont prétextes à la déambulation tokyoïte... Le reste pour piquer votre curiosité, c'est ici :
Pour en revenir à Ryuichi Sakamoto, je suis totalement désappointée d'avoir raté son concert dans le cadre du festival DAYS OFF 2020... Pour circonstances confinesques évidemment.
lisaloup1 : le de Senlis que tu as partagé est tout simplement... incroyable. Merci.
Merci pour ton partage Basilice, d'ailleurs le trailer de "Tokyo!" a totalement attiré mon attention. Je vais essayer de retrouver ce film et de le regarder.
Ce trailer me donne d'ailleurs envie de partager la BA d'un film datant de 1998 intitulé "Tokyo Eyes" et signé Jean-Pierre Limosin. Un fait divers et une rencontre amoureuse ordinaire sont prétextes à la déambulation tokyoïte... Le reste pour piquer votre curiosité, c'est ici :
Pour en revenir à Ryuichi Sakamoto, je suis totalement désappointée d'avoir raté son concert dans le cadre du festival DAYS OFF 2020... Pour circonstances confinesques évidemment.
lisaloup1 : le de Senlis que tu as partagé est tout simplement... incroyable. Merci.
Athena25- Messages : 271
Date d'inscription : 02/10/2017
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L'ACCUSATRICE DE CENTRAL PARK [ 2020 ]
Aujourd'hui, en 2020, j'ai pleuré à chaudes larmes, le plus limpidement du monde.
Pour George Floyd et tous les (trop) nombreux autres....
6"14 d'utilité publique... à regarder de toute URGENCE.
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6"14 d'utilité publique... à regarder de toute URGENCE.
Athena25- Messages : 271
Date d'inscription : 02/10/2017
Age : 32
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Arte Radio - Découverte I (Paradis artificiels)
Aujourd'hui, en Juin 2020, je découvre Arte RADIO.
Et "Crackopolis", une série documentaire signée Jeanne Robet.
Et ça se passe de commentaires.
Épisode 1/15 (4 minutes 9 secondes) - Playlist à faire dérouler...
Et pour les intrigué·e·s des paradis artificiels et de leurs petites mains, un excellent podcast de Merry Royer, toujours signé Arte RADIO : ICI.
Et "Crackopolis", une série documentaire signée Jeanne Robet.
Et ça se passe de commentaires.
Épisode 1/15 (4 minutes 9 secondes) - Playlist à faire dérouler...
Et pour les intrigué·e·s des paradis artificiels et de leurs petites mains, un excellent podcast de Merry Royer, toujours signé Arte RADIO : ICI.
Athena25- Messages : 271
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Arte Radio - Découverte II (Le Diable ne se défend pas si bien tout seul)
Aujourd'hui, en Juin 2020, je découvre Arte RADIO.
Et un usage absolument unique du terme "nonobstant"...
Podcast de Merry Royer - Quinze minutes treize secondes.
Et un usage absolument unique du terme "nonobstant"...
Podcast de Merry Royer - Quinze minutes treize secondes.
Athena25- Messages : 271
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Re: [ MINUTE CULTURE ]
Aujourd'hui, 3 août 2020, j'allais vous partager du Gainsbourg·
Et finalement je vous partage 8"20 d'utilité publique.
A écouter et à repartager aussi loin que vous le pourrez... à toutes les personnes que vous sentirez concerné·e·s.
Et finalement je vous partage 8"20 d'utilité publique.
A écouter et à repartager aussi loin que vous le pourrez... à toutes les personnes que vous sentirez concerné·e·s.
Athena25- Messages : 271
Date d'inscription : 02/10/2017
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