Sortie de la moria
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Sortie de la moria
Bonjour à tout qui est là (pour pas genrer)
Vieux de la vieille, je reviens d'un voyage en Nouvelle-Zélande d'un an, j'ay ai vécu, et laissé une partie de mon âme.
Mais je reviens sur ZC parce que je j'ai réalisé que j'avais besoin d'échanger, de discuter, et après avoir essayé divers forums où je me fais bannir parce que mon attitude de vouloir parler de tout et de rien, ou au contraire, d'avoir un avis sur tout est vécu comme de la "non ouverture aux débats", je me dis que ZC reste le seul forum où je suis resté plus d'un an.
Donc voilà.
Clément, 30 ans, linguiste, prof de FLE, informaticien et chocolatier toujours en tongues.
Vieux de la vieille, je reviens d'un voyage en Nouvelle-Zélande d'un an, j'ay ai vécu, et laissé une partie de mon âme.
Mais je reviens sur ZC parce que je j'ai réalisé que j'avais besoin d'échanger, de discuter, et après avoir essayé divers forums où je me fais bannir parce que mon attitude de vouloir parler de tout et de rien, ou au contraire, d'avoir un avis sur tout est vécu comme de la "non ouverture aux débats", je me dis que ZC reste le seul forum où je suis resté plus d'un an.
Donc voilà.
Clément, 30 ans, linguiste, prof de FLE, informaticien et chocolatier toujours en tongues.
Re: Sortie de la moria
Bonjour. Ca ne fait que quelques mois que je viens. Du coup, suis-je légitime pour te souhaiter la bienvenue ?
Je vois bien comme ça peut être dur d'avoir laissé une partie de ton âme à l'autre bout de la Terre...
Je vois bien comme ça peut être dur d'avoir laissé une partie de ton âme à l'autre bout de la Terre...
Invité- Invité
Re: Sortie de la moria
Welcome back!
Comme Hortense, fraîchement arrivé moi même, mais bienvenue quand même
Comme Hortense, fraîchement arrivé moi même, mais bienvenue quand même
Elliot- Messages : 1177
Date d'inscription : 06/06/2018
Age : 43
Localisation : Dans la stratosphère
Re: Sortie de la moria
Bonsoir, merci.
Oui, il n'y a pas de légitimité due à l'âge sur le forum, vous le connaissez sûrement mieux que moi maintenant ^^
. J'apprécie énormément la chaleur humaine.
Oui, il n'y a pas de légitimité due à l'âge sur le forum, vous le connaissez sûrement mieux que moi maintenant ^^
. J'apprécie énormément la chaleur humaine.
Re: Sortie de la moria
YOU SHALL PASS !!
Elliot- Messages : 1177
Date d'inscription : 06/06/2018
Age : 43
Localisation : Dans la stratosphère
Re: Sortie de la moria
Je vais donc me présenter convenablement, puisque les posts qui font aujourd'hui office de présentation passées sont soit des fakes soit effacés.
Je me suis inscrit en 2010 des suites à un rende-vous chez cogito'Z où j'ai été un peu gêné par le prix. Cherchant si le prix était normal, je suis sur un post de ZC qui en parlait, et trouvant le titre sympa j'ai décidé de m'inscrire.
J'ai vécu une année très intense, plein de gens rencontrés, certaines qui comptent aujourd'hui dans ma vie autant que la prunelle de mes émotions. Après avoir passé un WAIS IV qui a surtout révélé que j'étais en dépression et que j'avais de nombreux problèmes non réglés avec mon père, j'ai déprimé sérieusement et entamé une thérapie de 4 ans qui m'aura aidé à m'en sortir, révélant après coup une dépression d'environ 6 ans.
Le WAIS (voici le post qui a suivi ma passation du WAIS) a été pour moi une étape clef, mais catastrophique sur le moment car la réponse officielle a été "non". Partagé entre le jugement général de l'opinion publique qui se fie à un jugement de médecin et d'un autre côté le fait que je me sente en adéquation parfaite lors des IRL (première IRL ici), j'ai pris mes distances de manière assez violente : j'ai rédigé un message d'adieux mensonger pour me faire plus de mal qu'autre chose et supprimé mon compte en passant par forumactif directement, en 2 minutes j'étais radié sans que les admins sachent pourquoi. J'ai vécu cet acte comme un suicide d'une certaine manière.
Je suis revenu quelques temps plus tard sous un autre pseudo, et fait une fake présentation pour profiter du contenu et lire un max sans être vraiment dérangé. C'était pas honnête, et j'en suis aujourd'hui honteux, mais ce qui est fait est fait.
J'ai vécu des choses magnifiques et d'autres terribles via ZC, il faut noter que mes plus belles amitiés sont nées soit sur ZC soit à la fac à la même époque. L'ambiance de ZC me manque, cette effusion de discussion et d'ouverture d'esprit manque gravement à de nombreux forums, et même si j'ai eu quelques problèmes avec des gens devenus modos à une certaine époque, je pense qu'aujourd'hui premièrement je ne suis plus attaché à ces guéguerres, et deuxièmement de nombreuses personnes sont parties.
En ce qui me concerne, j'ai fait peau neuve plusieurs fois depuis et la dernière a été e nouvelle-zélande. ZC a changé, de nombreuses discussions ont été archivées, et ZC reste quand même une référence en matière de prévention et de discussion sur le sujet des différence de traîtement de l’information, quels que soient les noms qu'on cherchent à leur donner.
Merci d'avoir lu.
Je me suis inscrit en 2010 des suites à un rende-vous chez cogito'Z où j'ai été un peu gêné par le prix. Cherchant si le prix était normal, je suis sur un post de ZC qui en parlait, et trouvant le titre sympa j'ai décidé de m'inscrire.
J'ai vécu une année très intense, plein de gens rencontrés, certaines qui comptent aujourd'hui dans ma vie autant que la prunelle de mes émotions. Après avoir passé un WAIS IV qui a surtout révélé que j'étais en dépression et que j'avais de nombreux problèmes non réglés avec mon père, j'ai déprimé sérieusement et entamé une thérapie de 4 ans qui m'aura aidé à m'en sortir, révélant après coup une dépression d'environ 6 ans.
Le WAIS (voici le post qui a suivi ma passation du WAIS) a été pour moi une étape clef, mais catastrophique sur le moment car la réponse officielle a été "non". Partagé entre le jugement général de l'opinion publique qui se fie à un jugement de médecin et d'un autre côté le fait que je me sente en adéquation parfaite lors des IRL (première IRL ici), j'ai pris mes distances de manière assez violente : j'ai rédigé un message d'adieux mensonger pour me faire plus de mal qu'autre chose et supprimé mon compte en passant par forumactif directement, en 2 minutes j'étais radié sans que les admins sachent pourquoi. J'ai vécu cet acte comme un suicide d'une certaine manière.
Je suis revenu quelques temps plus tard sous un autre pseudo, et fait une fake présentation pour profiter du contenu et lire un max sans être vraiment dérangé. C'était pas honnête, et j'en suis aujourd'hui honteux, mais ce qui est fait est fait.
J'ai vécu des choses magnifiques et d'autres terribles via ZC, il faut noter que mes plus belles amitiés sont nées soit sur ZC soit à la fac à la même époque. L'ambiance de ZC me manque, cette effusion de discussion et d'ouverture d'esprit manque gravement à de nombreux forums, et même si j'ai eu quelques problèmes avec des gens devenus modos à une certaine époque, je pense qu'aujourd'hui premièrement je ne suis plus attaché à ces guéguerres, et deuxièmement de nombreuses personnes sont parties.
En ce qui me concerne, j'ai fait peau neuve plusieurs fois depuis et la dernière a été e nouvelle-zélande. ZC a changé, de nombreuses discussions ont été archivées, et ZC reste quand même une référence en matière de prévention et de discussion sur le sujet des différence de traîtement de l’information, quels que soient les noms qu'on cherchent à leur donner.
Merci d'avoir lu.
Re: Sortie de la moria
J'espère que tu trouveras le forum à ta convenance aujourd'hui.
Ne ressassons le passé que pour mieux préparer le futur
Ne ressassons le passé que pour mieux préparer le futur
Elliot- Messages : 1177
Date d'inscription : 06/06/2018
Age : 43
Localisation : Dans la stratosphère
Re: Sortie de la moria
La Moria ? C'est vraiment si horrible que ça la Nouvelle Zélande ? ^^
Bienvenue à toi !
Bienvenue à toi !
Bimbang- Messages : 6444
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Sortie de la moria
J'aime la moria. Pas celle de l'époque de Frodon, mais la belle Moria, sculptée, "magnificient", impressionnante.
C'était merveilleux comme endroit. Mais sortir de la lothlorien je sais pas, sur le moment, ça sonnait moins bien ^^.
C'était merveilleux comme endroit. Mais sortir de la lothlorien je sais pas, sur le moment, ça sonnait moins bien ^^.
Re: Sortie de la moria
Et me voilà reparti :
Je suis pas venu depuis un moment parce que ... je suis parti en Chine ! Oui, j'y suis prof de français dans un groupe scolaire ciblé sur les langues étrangères.
La vie en Chine est sympa, même s'il y a certaines différence qui sont parfois très agaçantes.
Je suis au Sud Sud de la chine, à 100 km à vol d'oiseau du Vietnam ! il fait Chaud et Beau, tout le temps, tous les jours. une moyenne annuelle de 24°C, avec un taux d'humidité qui oscille entre 50 et 80%... Quelques typhons des fois, mais une petite ville de 1,7 millions d'habitants, désservie par une petit aéroport et une gare. Je suis à Beihai, dans le Guangxi si ça vous aide sur google maps.
C'est une ville de pêcheurs, située non loin de l'ancienne ville de Hepu, le port maritime de la route maritime de la soie, la même empruntée par les romains, si si. Le commerce principal ici est la perle, et la vie est tellement pas chère, pour 15 yuan (2€) vous mangez bien un plat de 20 huîtres fraîchement pếchées, cuites avec un mélange d'oignons jeunes, d'ail et de piment. Les gens en raffolent, et j'avoue (pas très fan des huîtres à la base) que c'est pas mauvais.
On y mange aussi des lombric de sable, bouillis ou frits, ainsi que du chien ! (c'est très élastique, pas très goûtu, mais toujours mieux que le rat !).
J'essaierai de poster quelques images ça et là quand j'aurai le temps, parce que je suis le premier prof de français dans la province ! Donc y'a du pain sur la planche, et je compte pas mes heures...
Merci de m'a voir lu, j'espère repasser par ici très vite,
Clém
Je suis pas venu depuis un moment parce que ... je suis parti en Chine ! Oui, j'y suis prof de français dans un groupe scolaire ciblé sur les langues étrangères.
La vie en Chine est sympa, même s'il y a certaines différence qui sont parfois très agaçantes.
Je suis au Sud Sud de la chine, à 100 km à vol d'oiseau du Vietnam ! il fait Chaud et Beau, tout le temps, tous les jours. une moyenne annuelle de 24°C, avec un taux d'humidité qui oscille entre 50 et 80%... Quelques typhons des fois, mais une petite ville de 1,7 millions d'habitants, désservie par une petit aéroport et une gare. Je suis à Beihai, dans le Guangxi si ça vous aide sur google maps.
C'est une ville de pêcheurs, située non loin de l'ancienne ville de Hepu, le port maritime de la route maritime de la soie, la même empruntée par les romains, si si. Le commerce principal ici est la perle, et la vie est tellement pas chère, pour 15 yuan (2€) vous mangez bien un plat de 20 huîtres fraîchement pếchées, cuites avec un mélange d'oignons jeunes, d'ail et de piment. Les gens en raffolent, et j'avoue (pas très fan des huîtres à la base) que c'est pas mauvais.
On y mange aussi des lombric de sable, bouillis ou frits, ainsi que du chien ! (c'est très élastique, pas très goûtu, mais toujours mieux que le rat !).
J'essaierai de poster quelques images ça et là quand j'aurai le temps, parce que je suis le premier prof de français dans la province ! Donc y'a du pain sur la planche, et je compte pas mes heures...
Merci de m'a voir lu, j'espère repasser par ici très vite,
Clém
Re: Sortie de la moria
J'avais dis revenir, souvent... j'ai pas eu le temps ! Cette année de folie est passée à vitesse grand V, et en voilà l'une des raisons :
Dans la charmante bourgade de Beihai (北海) au sud du Guangxi (广西), tout au sud de la chine continentale, j'ai trouvé du boulot. J'enseigne le, oui encore un, français, mais dans une école publique. Un programme intergouvernemental entre la France et la Chine, chapeauté par l'ambassade de France en Chine et le ministère de l'éducation...Bref, c'est une bonne opportunité pour découvrir une Chine encore rurale, en pleine expansion démographique, exode rural etc.
Vers google map
Ici j'ai découvert la Chine façon village. 3.5 millions d'habitants, mais une mentalité de village de pêcheur de 1000 âmes. "Tout le monde" se connaît (ou presque), on y parle le cantonais quand on veut pas que les gens des autres provinces comprennent, mais on est charmant, accueillant, et on cherche pas à arnaquer (en dehors des quartiers "touristiques" bien sûr).
La plupart des gens conduisent leur e-bike, un scooter électrique que même des ados conduisent (j'ai vu jusqu'à des gamins de 12 ans passer devant la police sans que rien ne se passe). Beihai aime le poisson et les crustacés séchés, ça pue je vous raconte pas (et je peux même pas en ramener comme souvenir parce que la France m'y autorise pas ^^).
Mais dans tout ça, j'ai trouvé une famille d'amis, des gens qui, comme nous, aiment le thé.
Personne de mon école, je veux dire qu'aucun.e collègue n'aime le thé, mais genre ils ne boivent que les "Pu'Er à l'Orange", manufacturés dans le Guangdong. Même si c'est très bon, trouver des amateurs de thé m'a pris un peu plus de temps que prévu.
[size=150]I. M. Wang[/size]
C'est fin septembre, l'un de ces samedis où je cherchais à échapper à la surveillance des dirigeants de mon école, qui pour "que rien de grave ne nous arrive", surveillait le moindre de mes mouvement, là où j'allais, heure, et tenais à m'accompagner où que j'aille... un léger sentiment de sursis dans l'air.
L'un de ces samedis donc, me voilà en vadrouille au plus grand centre commercial de la ville : Ningchun Cheng (宁春成). je sors, fais le tour, et me balade sur une avenue, puis tombe sur une échoppe de thé. Lumières éteintes, cadenas sur la porte, j'admire les étagères de style chinois, vous savez ? ces meubles en bois aux motifs ronds, avec des étagères partout où l'on ne s'y attend pas... C'est dans l'idée ce que je rêvais d'avoir dans ma modeste chambre, logé au sein du dortoir de l'école.
Quand soudain, un monsieur m'invite à entrer, m'asseoir, et boire le thé. La boutique est magnifique, recouverte de Pu'Er de tous âges, dont les plus chers sont encore dans une pochette plastique, avec marqué "18000元" dessus. 180000 yuan, c'est environ 2331€. C'est peut-être pas les plus chers, mais quand vous n'en avez jamais vus, c'est quand même un trésor sous vos yeux.
J'ai passé trois heures dans ce magasins, car c'était le soir de l'arrivée d'un typhon (mon Premier, how exciting ^^) sur la ville, et c'est la sœur du propriétaire qui m'a raccompagné en voiture à l'école. J'avais amené mon carnet de thé, un petit livret que j'ai confectionné avec les thés classés par type puis par région, écrit en chinois et pinyin...
J'ai demandé à essayer le Liu Bao (六堡), un thé noir (黑茶) typique de la région. Le propriétaire m'a proposé d'en boire avant d'en acheter. je me suis exécuté, et un acolyte s'est invité à la table.
Tout passait par Baidu Translate, puis via Wechat (application de messagerie instantanée utilisées par tout le monde) qui offre une option de traduction des messages.
De thés en thés, nous sommes passés de Liu Bao de 2012, à 2004, à 1998, puis 1988...L'acolyte n'en revenait pas, il n'avais jamais eu l'autorisation de goûter à un thé des années 80, et cela fait 3 ans qu'il vient à la boutique. Je me suis sentis gêné, pour la première fois (et pas la dernière) de ce traîtement de faveur. En échange, j'ai tenu à acheter du thé, du Liu Bao 1998. Le propriétaire à refusé, me disant qu'il préférait que je revienne. Et c'est ce que j'ai fait pendant 6 mois, chaque samedi, dans cette boutique entre 4 et 6 heures de l'après-midi. J'ai fini par acheter du Liu Bao, des thés rouges du Yunnan fait par des amis de Mr. Wang, des théières, un filtre, et en cadeau un jour, j'ai obtenu une "table à thé", un plateau de bois massif (assez lourd, genre facile 10 à 15 kg), creusé pour offrir un espace pour que l'eau se répande, et un goulot avec un trou pour qu'un tuyau s'y place afin d'évacuer les liquides. Oui, cadeau.
[size=150]II. Lisa[/size]
D'être le professeur principal du département d'une école qui se la pète vous amène nécessaire en dîners officiels de temps à autres, tout spécialement des dîners de dirigeants d'école, histoire de se la péter devant les autres "nous on a un prof européen". (ce sentiment de n'être qu'une fleur dans un pot qu'on sort au besoin restera longtemps d'ailleurs).
De dîners en dîners, j'ai fini par rencontrer une certaine Lisa, directrice d'une école de langue (comprenez Anglais) à Beihai, créée il y a de cela 15 ans (mon école a été créée il y a 3 ans). Lisa est également mère d'un jeune ado de 11 ans, qui est en "grade 6", l'équivalent de la 6e dans notre école, et qui parle un anglais digne de nos bacheliers les meilleurs.
Lisa est une amatrice de thé. Une grande amatrice, son fils et son mari en sont aussi. Histoire de se vanter, l'école me pousse à montrer mon carnet de thés, qui impression Lisa (au point de m'en demander une copie plus tard). On discute, et je me rend compte qu'il y a une connexion entre Lisa et moi, instantanée. Une curiosité pour le monde, une gentillesse naturelle, bienveillance à l'égard des autres, que je ne sens pas chez mes directeurs. Dans le taxi qui nous ramène, Lisa m'apprend qu’elle habite à 5 minutes de l'école, dans la plus haute tour au 28e étage, et qu'elle m'y invite (une fois Wechat échangé via code QR scanné) aussi souvent que possible pour boire le thé.
Très intimidé par cette requête, je n'y suis allé qu'en Décembre, après qu'une escroc se soit arnaqué lui-même en me vendant du thé (Tie Guanyin 铁观音, un oolong bien connu). Sur un petit marché d'occasion, le type m'attire vers son stand pendant avoir fléré le gros poisson (l'étranger, surtout s'il est blanc, est riche en Chine). Je regarde les qualités, thés rouges, oolongs, puer... je me décide pour un Tie Guanyin à 480元/斤 (1 Jin = 500g) . Le type rempli le sac, et quelqu'un remet la balance à 0 au milieu, je ne dis rien, il rempli.... jusqu'à 1kg, et me fait payer 480 yuan ! Oui, 1kg de Tie Guanyin de pas trop mauvaise qualité pour 480元 (62€) j'étais fier de moi.
Ce thé est le préféré de Lisa, j'ai immédiatement pensé à l'en faire profiter. Et me voilà invité le soir même chez elle, à boire le thé : le début d'une grande amitié.
Avec un mari qui adore le thé, et qui est natif de Beihai, elle-même parlant cantonais, de nombreuses portes lui sont ouvertes, notamment lorsqu'il s'agit d'acquérir des thés rares et de bonne qualité. Son fils a même choisi l'atelier "art du thé" du mercredi après-midi (appelés 星期三快乐 littéralement, "Happy Wednesday", deux heures durant lesquelles les professeurs sont encouragés à enseigner des ateliers culturels, sportifs, ou autres, à des élèves de tous niveaux mélangés). C'est donc son fils qui sert le thé à la maison.
Ce soir là, nous testons le tieguanyin que j'ai acheté, et le comparons avec le même thé de meilleure qualité qu'elle possède : ils se valent. Elle est ravie, et place le reste dans le congélateur.
Ici, tous les thés qui ont une couleur de feuilles verte sont conservés au congélateur, ou au moins au froid proche de 0°C.
Régulièrement, Lisa et moi-même allons nous revoir, chez elle, chez d'autres personnes, elle va m'introduire à des cercles d'amis, et faciliter mes démarches administratives grâce à ses nombreux contacts.
[size=150]III. Chong & Dr. Li[/size]
L'un des premiers amis que Lisa me présentera est docteur généraliste en médecine traditionnelle chinoise. C'est le médecin de famille du mari de Lisa, et un ami très proche. Il acceptera de m'aider lorsque, après avoir ingéré des Ormeaux (abalones, 鲍鱼) dans une soupe au poulet traditionnelle de Beihai, je me suis retrouvé à l'hôpital pour intoxication : je suis allergique aux Ormeaux ! (genre bien allergique). Le cabinet de Dr. Li (黎, le même li que Paris 巴黎) se trouve dans une maison quelque peut différente. Chez un habitant de la ville qui possède une sorte de manoir construit dans les années 70, le premier étage (à la française, car en chine, le rdc est le niveau 1) offre un salon de réception pour boire le thé, et deux chambres, dont l'une est le cabinet de Dr. Li. Plus tard, je découvrirai que Dr. a travaillé à l’hôpital de médecine traditionnelle de Beihai pendant des années, avant de démissionner n'appréciant pas la manière dont les patients étaient traîtés. Il y aura gardé de nombreux collègues, qui m'auront notamment aidé lors de mon appendicite en Avril). Au deuxième étage, la baraque offre une grande salle vide (même superficie que le salon pour le thé) où le propriétaire, M. Chong, enseigne le Taiji. En face, une acupunctrice très gentille tient un cabinet.
Chong est un gars qui a travaillé dans l'administration de Beihai, et se trouvait à un poste bien payé et réputé, mais dont le stress attendant était trop grand. Il quitta son travail à temps plein pour n'être présent qu'une semaine par mois, et gagne sa vie grâce à ses contacts, et les gens à qui il enseigne le Taiji. Chong est un amateur de thés très chers, et possède des contacts lui permettant de mettre la main sur des qualités impériales de thé. Il ne lésine pas sur la quantité, quand il n'a qu'un sachet de Long Jing qualité présidentielle de 20g, il met tout à infuser pour le plus grand plaisir de ses hôtes.
Pêches jaunes séchées à Hepu (合浦), poivre de sichuan frais, fleurs de chrysanthème des neige du Xinjiang (pays Ouighur), écorce d'oranges séchées vieilles de 30 ans à 48元 le gramme, Tie Guanyin cueilli par des singes, galettes de Pu'Er à plusieurs centaines de milliers de yuan l'unité, Chong aime les infusions rares et chères, et aime les partager avec ses amis.
La première fois que Lisa m'emmena chez Chong, Dr. Li était là, tout comme une demi douzaine d'autre personnes, deu ou trois gus pratiquent leur mouvement sde Taiji, pendant que Chong officie le service du thé. On discute en Cantonais (粤语,北海话) ou en Mandarin (普通话). Lisa est prof d'anglais, ma traductrice à chaque fois que je vais là-bas, jusqu'à l'échange de Wechat, qui me permet d'y aller seul. Chez Chong, on refait le monde, on discute des problèmes de la Chine, du gouvernement, de l'éducation, de cuisine et des saveurs du thé. Chez Chong, on est bouddhiste également, car Chong est initié au temple de Beihai, j'ai nommé "普渡寺", et certains dimanches c'est l'ensemble des élèves qui vont aux cérémonies, comme dernièrement "la naissance du bouddha".
Chez Chong, on ne boit pas un thé, mon boit un repas de thés. En entrée, des fleurs séchées, puis un thé vert de l'année dernière, conservé au congélateur, de très bonne qualité, un oolong vert, puis un oolong fermenté (pourrait-on classer les oolong en Sheng 生 et Shu 熟 comme les Pu'Er ?), pour finir sur un Pu'Er cuit (熟). 3 heures, accompagné de fruits frais, gâteaux maison, et viandes séchées.
De toutes mes visites chez Chong, on est encouragé à démontrer ses compétences sur le thé, observer les feuilles fraîches et humides, qualifier la clarté du liquide, couleur et odeur, comparer les thés proposés, goûter les feuilles avec les thés verts (c'est d'ailleurs le plat de résistance lors de l'arrivée du Long Jing présidentiel : 3 infusions, puis dégustation des feuilles... un vrai délice.)
Chacun a ses préférences, et Chong n'aime pas particulièrement Taiwan. Pour Chong, un vrai oolong (乌龙茶), ça vient du Fujian (福建) ou de l'Anhui (certains appellent ça des thés bleus (on devrait dire turquoise je pense) 青茶). Il n'est cependant pas fermé à la possibilité, et venir avec un thé qu'il ne connait pas, il l'infusera, le partagera, et le goûtera sans grogner.
[size=150]IV. M. Zhou - Joseph[/size]
L'un des parents de mes élèves les plus perturbateur de ma classe de CE2, qui deviendra le meilleur élève par la suite, est originaire du Yunnan, plus particulièrement d'une petite ville (vraiment petite en l'occurence) entre Dali 大理 et Lijiang 丽江.
Après un master en anglais, et quelques années d'enseignement, il a décidé avec sa femme de venir s'installer à Beihai, où la famille de sa femme avait déjà émmigré, pour un air plus frais, de meilleure qualité, et une vie plus saine. Aujourd'hui, le couple importe et vend des thés du Yunnan, venant de petits producteurs, que M. Zhou (qui m'a demandé le prénom Joseph en français) visite chaque année au printemps et en automne pour vérifier l'état des sols, la qualité de l'eau, la présence de pesticide, etc et ne sélectionne que ce que nous pourrions rapprocher d'un "label Bio".
Joseph va jusqu'à produire ses propre thés, en donnant les instruction de température, minutage, méthode de récolte etc. aux exploitants qu'il choisis pour produire les thés selon son idée : réduire le brûlé, préférer les séchage à l'air libre, au soleil, conserver le goût des jeunes plants dans les PuEr crus, etc.
J'ai pu goûter un thé rouge 红茶 produit dans une même ferme : la moitié séché dans une machine, l'autre moitié séché au soleil : rien à voir ! Séché dans une machine, le goût est purement celui d'un thé rouge chinois, une liqueur jaune d'or, un léger goût de bile, et sucré. Séché au soleil à l'air libre, le goût se rapproche d'un Pu'Er cru ! L'amertume domine, pour se révéler sucrée assez vite, les notes de bile, de bois de thé et le goût traditionnel du thé rouge sont légers, le qi du thé est fort, c'est incroyable.
Des thés que j'offre et que je fais goûter (et vends), Joseph, maintenant un ami proche (et son fils, Weihao (Florin de son prénom français) un petit frère) est mon principal fournisseur.
Cependant, les jeunes 生普洱 ne sont pas au goût de tous, et certains ont une idée que le Pu'Er doit garder le même goût d'une année à l'autre, afin de garantir une production régulière et une qualité aux consommateurs quelle que soit l'année. J'admet, mais j'aime la richesse et la diversité des thés de Joseph.
Durant le nouvel an Chinois, j'ai été invité au Yunnan par Joseph : 10 jours dans sa famille, et chez une amie. Temples, nourriture délicieuse, et visite d'une exploitation de thé, Joseph m'a ouvert les portes d'un monde insoupçonné, il m'a accueilli dans l'intimité de sa famille, et m'a confié certains de ses secrets sur le thé. En sa présence, j'ai pu goûter le oolong rouge 红乌龙, un thé relativement cher, qui s'étale entre le 红茶 et le 乌龙, tant en couleur, goûts ou odeurs.
Durant ce voyage, j'ai découvert que Joseph était très sensible (avec une légère intolérance) aux pesticides et fertilisants, ce qui l'a amené à ne chercher que des thés qui n'en contiennent pas.
Bien que Joseph ne prenne pas d'apprentis, je dois admettre que je le considère comme un instructeur important de mon apprentissage du monde du thé.
[size=150]V. Bobo - Édouard[/size]
Le thé m'a fait connaître tant de monde au final, bien plus que je n'aurais rêvé, et m'a également aidé à trouver l'amour !
Amateur de thés que je buvais chez M. Wang, j'ai mis comme avatar d'une app de rencontre une tasse de thé. quelque jours plus tard, un garçon (bobo de son profil) m'approche parce qu'il aime le thé également. Nous échangeons nos wechat, la confiance règne, et ne nous parlons plus pendant 3 mois.
Un évènement à l'école m'amène à solliciter l'aide de la communauté de gays chinois que je connais, dont Bobo. Il me répond être militant, dans un groupe qui s'appelle Pflag china (pas affilié au Pflag américain, mais la plus importante association lgbt en Chine), et connaître des gens qui peut m'aider pour mon problème. Il me propose de monter à Nanning 南宁, capitale du Guangxi, pour en parler.
C'est la période des vacances d'hiver, je dois prendre l'avion le mercredi matin pour 丽江, pour rejoindre Joseph et son fils dans le Yunnan. Je décide de partir le mardi soir pour Nanning, et de dormir chez Bobo pour être à l'heure le lendemain.
Arrive ce qui ne devait pas : je tombe amoureux, et lui aussi. voyage dans le Yunnan, séjour à Shenzhen 深圳 chez un pote, détour par un petit village au sud de Canton et un imprévu qui me pousse à avorter mes vacances. Bobo et moi échangions déjà comme un couple, bien que rien ne soit officiel. Il me dit m'attendre à Nanning le lendemain. Au final, nous avons passé 8 jours ensemble au lieu de 3 à la fin de mes vacances.
Bobo, qui est de minorité Dong 侗族, a une sœur qui vend du thé. Lui-même vient d'une famille qui produit du thé à huile, et de l'huile de thé. Son rêve ? Comme le mien, ouvrir un salon de thé à la chinoise en Europe. Il adore la culture occidentale, et bien que n'ayant jamais passé de diplôme d'anglais, l'enseigne et le parle quotidiennement.
Aujourd'hui, Bobo (pour Potter 波波, un surnom), Édouard de son prénom anglais (qu'il a souhaité garder en français), vit avec moi dans un 120m². Le thé prend une place centrale, qu'il s'agisse d'en boire, d'essayer des thés glacés, d'en goûter de nouveaux, ou de matériel intéressant.
[size=150]VI. Lisa & Wang[/size]
En janvier, j'ai fait se rencontrer Lisa et M. Wang. Lisa, a pu organiser deux ateliers en anglais dans les locaux de M. Wang, faire boire du thé à ses élèves, et les deuw se sont rendu compte qu'ils avaient en commun ... Chong ! Puisque M.Wang est aussi initié (plus avancé) au même temple que Chong !
Le monde est petit.
[size=150]VII. Lisa & Bobo[/size]
Mon copain devnt déménager de Nanning pour des raisons professionnelles (plus de taf) s'est retrouvé embauché par Lisa, et peut vivre tranquillement ici, entouré d'une nouvelle famille, et d'amateurs de thés (puisqu'il a bien sûr été introduit à Chong et M. Wang). Non, nous n'avons pas officiellement dit à tout le monde que nous étions ensemble, les gens le comprennent implicitement quand ils nous voient tout le temps venir ensemble.
[size=150]VIII. Le thé, ça sauve la vie ![/size]
Fin avril, je me suis plaint de crampes d'estomac, et de douleurs sur le côté. Je gère mal le stress loin de mes amis et des centre d'intérêts, et l'école est très forte pour me stresser. J'ai consulté Dr. Li, qui m'a envoyé à l'hôpital de médecine traditionnelle pour faire un check up. Le diagnostique tombe : une douleur au niveau du flanc droit, je l'ai compris en même temps qu'eux, l'appendicite. Mais l'équipemment pour les échographies doppler n'étant pas au top à cet hôpital, Lisa fait jouer ses contacts et le lendemain, j'ai rendez-vous avec un médecin de l'hôpital du peuple de Beihai (le meilleur hôpital de la ville), qui me confirme une appendicite. Ni une ni deux, Lisa fait jouer ses contacts pour me faire hospitaliser dans la journée, avoir une chambre (chose rare et coûteuse), et être opéré dans l'après-midi.
Après avoir survécu, l'hopital en Chine c'est différent, les gens viennent s'occuper de vos petits soins, parce que les infirmières sont pas là pour ça, j'ai officiellement remercié le médecin et l'hôpital avec une bannière imprimée (par qui ? Lisa bien sûr), prise en photo et publié sur le Wechat de l'hôpital quelques semaines après ma sortie. On y apprend que l'appendicite était suppurente, c'est à dire que le frôlais la péritonite, en d'autres mots mortel !
Le thé (via les relations qu'il m'a créé) m'a sauvé la vie !
Bonus : mon set à thé portable en jade blanc, cadeau d'anniversaire !
Dans la charmante bourgade de Beihai (北海) au sud du Guangxi (广西), tout au sud de la chine continentale, j'ai trouvé du boulot. J'enseigne le, oui encore un, français, mais dans une école publique. Un programme intergouvernemental entre la France et la Chine, chapeauté par l'ambassade de France en Chine et le ministère de l'éducation...Bref, c'est une bonne opportunité pour découvrir une Chine encore rurale, en pleine expansion démographique, exode rural etc.
Vers google map
Ici j'ai découvert la Chine façon village. 3.5 millions d'habitants, mais une mentalité de village de pêcheur de 1000 âmes. "Tout le monde" se connaît (ou presque), on y parle le cantonais quand on veut pas que les gens des autres provinces comprennent, mais on est charmant, accueillant, et on cherche pas à arnaquer (en dehors des quartiers "touristiques" bien sûr).
La plupart des gens conduisent leur e-bike, un scooter électrique que même des ados conduisent (j'ai vu jusqu'à des gamins de 12 ans passer devant la police sans que rien ne se passe). Beihai aime le poisson et les crustacés séchés, ça pue je vous raconte pas (et je peux même pas en ramener comme souvenir parce que la France m'y autorise pas ^^).
Mais dans tout ça, j'ai trouvé une famille d'amis, des gens qui, comme nous, aiment le thé.
Personne de mon école, je veux dire qu'aucun.e collègue n'aime le thé, mais genre ils ne boivent que les "Pu'Er à l'Orange", manufacturés dans le Guangdong. Même si c'est très bon, trouver des amateurs de thé m'a pris un peu plus de temps que prévu.
[size=150]I. M. Wang[/size]
C'est fin septembre, l'un de ces samedis où je cherchais à échapper à la surveillance des dirigeants de mon école, qui pour "que rien de grave ne nous arrive", surveillait le moindre de mes mouvement, là où j'allais, heure, et tenais à m'accompagner où que j'aille... un léger sentiment de sursis dans l'air.
L'un de ces samedis donc, me voilà en vadrouille au plus grand centre commercial de la ville : Ningchun Cheng (宁春成). je sors, fais le tour, et me balade sur une avenue, puis tombe sur une échoppe de thé. Lumières éteintes, cadenas sur la porte, j'admire les étagères de style chinois, vous savez ? ces meubles en bois aux motifs ronds, avec des étagères partout où l'on ne s'y attend pas... C'est dans l'idée ce que je rêvais d'avoir dans ma modeste chambre, logé au sein du dortoir de l'école.
Quand soudain, un monsieur m'invite à entrer, m'asseoir, et boire le thé. La boutique est magnifique, recouverte de Pu'Er de tous âges, dont les plus chers sont encore dans une pochette plastique, avec marqué "18000元" dessus. 180000 yuan, c'est environ 2331€. C'est peut-être pas les plus chers, mais quand vous n'en avez jamais vus, c'est quand même un trésor sous vos yeux.
J'ai passé trois heures dans ce magasins, car c'était le soir de l'arrivée d'un typhon (mon Premier, how exciting ^^) sur la ville, et c'est la sœur du propriétaire qui m'a raccompagné en voiture à l'école. J'avais amené mon carnet de thé, un petit livret que j'ai confectionné avec les thés classés par type puis par région, écrit en chinois et pinyin...
J'ai demandé à essayer le Liu Bao (六堡), un thé noir (黑茶) typique de la région. Le propriétaire m'a proposé d'en boire avant d'en acheter. je me suis exécuté, et un acolyte s'est invité à la table.
Tout passait par Baidu Translate, puis via Wechat (application de messagerie instantanée utilisées par tout le monde) qui offre une option de traduction des messages.
De thés en thés, nous sommes passés de Liu Bao de 2012, à 2004, à 1998, puis 1988...L'acolyte n'en revenait pas, il n'avais jamais eu l'autorisation de goûter à un thé des années 80, et cela fait 3 ans qu'il vient à la boutique. Je me suis sentis gêné, pour la première fois (et pas la dernière) de ce traîtement de faveur. En échange, j'ai tenu à acheter du thé, du Liu Bao 1998. Le propriétaire à refusé, me disant qu'il préférait que je revienne. Et c'est ce que j'ai fait pendant 6 mois, chaque samedi, dans cette boutique entre 4 et 6 heures de l'après-midi. J'ai fini par acheter du Liu Bao, des thés rouges du Yunnan fait par des amis de Mr. Wang, des théières, un filtre, et en cadeau un jour, j'ai obtenu une "table à thé", un plateau de bois massif (assez lourd, genre facile 10 à 15 kg), creusé pour offrir un espace pour que l'eau se répande, et un goulot avec un trou pour qu'un tuyau s'y place afin d'évacuer les liquides. Oui, cadeau.
[size=150]II. Lisa[/size]
D'être le professeur principal du département d'une école qui se la pète vous amène nécessaire en dîners officiels de temps à autres, tout spécialement des dîners de dirigeants d'école, histoire de se la péter devant les autres "nous on a un prof européen". (ce sentiment de n'être qu'une fleur dans un pot qu'on sort au besoin restera longtemps d'ailleurs).
De dîners en dîners, j'ai fini par rencontrer une certaine Lisa, directrice d'une école de langue (comprenez Anglais) à Beihai, créée il y a de cela 15 ans (mon école a été créée il y a 3 ans). Lisa est également mère d'un jeune ado de 11 ans, qui est en "grade 6", l'équivalent de la 6e dans notre école, et qui parle un anglais digne de nos bacheliers les meilleurs.
Lisa est une amatrice de thé. Une grande amatrice, son fils et son mari en sont aussi. Histoire de se vanter, l'école me pousse à montrer mon carnet de thés, qui impression Lisa (au point de m'en demander une copie plus tard). On discute, et je me rend compte qu'il y a une connexion entre Lisa et moi, instantanée. Une curiosité pour le monde, une gentillesse naturelle, bienveillance à l'égard des autres, que je ne sens pas chez mes directeurs. Dans le taxi qui nous ramène, Lisa m'apprend qu’elle habite à 5 minutes de l'école, dans la plus haute tour au 28e étage, et qu'elle m'y invite (une fois Wechat échangé via code QR scanné) aussi souvent que possible pour boire le thé.
Très intimidé par cette requête, je n'y suis allé qu'en Décembre, après qu'une escroc se soit arnaqué lui-même en me vendant du thé (Tie Guanyin 铁观音, un oolong bien connu). Sur un petit marché d'occasion, le type m'attire vers son stand pendant avoir fléré le gros poisson (l'étranger, surtout s'il est blanc, est riche en Chine). Je regarde les qualités, thés rouges, oolongs, puer... je me décide pour un Tie Guanyin à 480元/斤 (1 Jin = 500g) . Le type rempli le sac, et quelqu'un remet la balance à 0 au milieu, je ne dis rien, il rempli.... jusqu'à 1kg, et me fait payer 480 yuan ! Oui, 1kg de Tie Guanyin de pas trop mauvaise qualité pour 480元 (62€) j'étais fier de moi.
Ce thé est le préféré de Lisa, j'ai immédiatement pensé à l'en faire profiter. Et me voilà invité le soir même chez elle, à boire le thé : le début d'une grande amitié.
Avec un mari qui adore le thé, et qui est natif de Beihai, elle-même parlant cantonais, de nombreuses portes lui sont ouvertes, notamment lorsqu'il s'agit d'acquérir des thés rares et de bonne qualité. Son fils a même choisi l'atelier "art du thé" du mercredi après-midi (appelés 星期三快乐 littéralement, "Happy Wednesday", deux heures durant lesquelles les professeurs sont encouragés à enseigner des ateliers culturels, sportifs, ou autres, à des élèves de tous niveaux mélangés). C'est donc son fils qui sert le thé à la maison.
Ce soir là, nous testons le tieguanyin que j'ai acheté, et le comparons avec le même thé de meilleure qualité qu'elle possède : ils se valent. Elle est ravie, et place le reste dans le congélateur.
Ici, tous les thés qui ont une couleur de feuilles verte sont conservés au congélateur, ou au moins au froid proche de 0°C.
Régulièrement, Lisa et moi-même allons nous revoir, chez elle, chez d'autres personnes, elle va m'introduire à des cercles d'amis, et faciliter mes démarches administratives grâce à ses nombreux contacts.
[size=150]III. Chong & Dr. Li[/size]
L'un des premiers amis que Lisa me présentera est docteur généraliste en médecine traditionnelle chinoise. C'est le médecin de famille du mari de Lisa, et un ami très proche. Il acceptera de m'aider lorsque, après avoir ingéré des Ormeaux (abalones, 鲍鱼) dans une soupe au poulet traditionnelle de Beihai, je me suis retrouvé à l'hôpital pour intoxication : je suis allergique aux Ormeaux ! (genre bien allergique). Le cabinet de Dr. Li (黎, le même li que Paris 巴黎) se trouve dans une maison quelque peut différente. Chez un habitant de la ville qui possède une sorte de manoir construit dans les années 70, le premier étage (à la française, car en chine, le rdc est le niveau 1) offre un salon de réception pour boire le thé, et deux chambres, dont l'une est le cabinet de Dr. Li. Plus tard, je découvrirai que Dr. a travaillé à l’hôpital de médecine traditionnelle de Beihai pendant des années, avant de démissionner n'appréciant pas la manière dont les patients étaient traîtés. Il y aura gardé de nombreux collègues, qui m'auront notamment aidé lors de mon appendicite en Avril). Au deuxième étage, la baraque offre une grande salle vide (même superficie que le salon pour le thé) où le propriétaire, M. Chong, enseigne le Taiji. En face, une acupunctrice très gentille tient un cabinet.
Chong est un gars qui a travaillé dans l'administration de Beihai, et se trouvait à un poste bien payé et réputé, mais dont le stress attendant était trop grand. Il quitta son travail à temps plein pour n'être présent qu'une semaine par mois, et gagne sa vie grâce à ses contacts, et les gens à qui il enseigne le Taiji. Chong est un amateur de thés très chers, et possède des contacts lui permettant de mettre la main sur des qualités impériales de thé. Il ne lésine pas sur la quantité, quand il n'a qu'un sachet de Long Jing qualité présidentielle de 20g, il met tout à infuser pour le plus grand plaisir de ses hôtes.
Pêches jaunes séchées à Hepu (合浦), poivre de sichuan frais, fleurs de chrysanthème des neige du Xinjiang (pays Ouighur), écorce d'oranges séchées vieilles de 30 ans à 48元 le gramme, Tie Guanyin cueilli par des singes, galettes de Pu'Er à plusieurs centaines de milliers de yuan l'unité, Chong aime les infusions rares et chères, et aime les partager avec ses amis.
La première fois que Lisa m'emmena chez Chong, Dr. Li était là, tout comme une demi douzaine d'autre personnes, deu ou trois gus pratiquent leur mouvement sde Taiji, pendant que Chong officie le service du thé. On discute en Cantonais (粤语,北海话) ou en Mandarin (普通话). Lisa est prof d'anglais, ma traductrice à chaque fois que je vais là-bas, jusqu'à l'échange de Wechat, qui me permet d'y aller seul. Chez Chong, on refait le monde, on discute des problèmes de la Chine, du gouvernement, de l'éducation, de cuisine et des saveurs du thé. Chez Chong, on est bouddhiste également, car Chong est initié au temple de Beihai, j'ai nommé "普渡寺", et certains dimanches c'est l'ensemble des élèves qui vont aux cérémonies, comme dernièrement "la naissance du bouddha".
Chez Chong, on ne boit pas un thé, mon boit un repas de thés. En entrée, des fleurs séchées, puis un thé vert de l'année dernière, conservé au congélateur, de très bonne qualité, un oolong vert, puis un oolong fermenté (pourrait-on classer les oolong en Sheng 生 et Shu 熟 comme les Pu'Er ?), pour finir sur un Pu'Er cuit (熟). 3 heures, accompagné de fruits frais, gâteaux maison, et viandes séchées.
De toutes mes visites chez Chong, on est encouragé à démontrer ses compétences sur le thé, observer les feuilles fraîches et humides, qualifier la clarté du liquide, couleur et odeur, comparer les thés proposés, goûter les feuilles avec les thés verts (c'est d'ailleurs le plat de résistance lors de l'arrivée du Long Jing présidentiel : 3 infusions, puis dégustation des feuilles... un vrai délice.)
Chacun a ses préférences, et Chong n'aime pas particulièrement Taiwan. Pour Chong, un vrai oolong (乌龙茶), ça vient du Fujian (福建) ou de l'Anhui (certains appellent ça des thés bleus (on devrait dire turquoise je pense) 青茶). Il n'est cependant pas fermé à la possibilité, et venir avec un thé qu'il ne connait pas, il l'infusera, le partagera, et le goûtera sans grogner.
[size=150]IV. M. Zhou - Joseph[/size]
L'un des parents de mes élèves les plus perturbateur de ma classe de CE2, qui deviendra le meilleur élève par la suite, est originaire du Yunnan, plus particulièrement d'une petite ville (vraiment petite en l'occurence) entre Dali 大理 et Lijiang 丽江.
Après un master en anglais, et quelques années d'enseignement, il a décidé avec sa femme de venir s'installer à Beihai, où la famille de sa femme avait déjà émmigré, pour un air plus frais, de meilleure qualité, et une vie plus saine. Aujourd'hui, le couple importe et vend des thés du Yunnan, venant de petits producteurs, que M. Zhou (qui m'a demandé le prénom Joseph en français) visite chaque année au printemps et en automne pour vérifier l'état des sols, la qualité de l'eau, la présence de pesticide, etc et ne sélectionne que ce que nous pourrions rapprocher d'un "label Bio".
Joseph va jusqu'à produire ses propre thés, en donnant les instruction de température, minutage, méthode de récolte etc. aux exploitants qu'il choisis pour produire les thés selon son idée : réduire le brûlé, préférer les séchage à l'air libre, au soleil, conserver le goût des jeunes plants dans les PuEr crus, etc.
J'ai pu goûter un thé rouge 红茶 produit dans une même ferme : la moitié séché dans une machine, l'autre moitié séché au soleil : rien à voir ! Séché dans une machine, le goût est purement celui d'un thé rouge chinois, une liqueur jaune d'or, un léger goût de bile, et sucré. Séché au soleil à l'air libre, le goût se rapproche d'un Pu'Er cru ! L'amertume domine, pour se révéler sucrée assez vite, les notes de bile, de bois de thé et le goût traditionnel du thé rouge sont légers, le qi du thé est fort, c'est incroyable.
Des thés que j'offre et que je fais goûter (et vends), Joseph, maintenant un ami proche (et son fils, Weihao (Florin de son prénom français) un petit frère) est mon principal fournisseur.
Cependant, les jeunes 生普洱 ne sont pas au goût de tous, et certains ont une idée que le Pu'Er doit garder le même goût d'une année à l'autre, afin de garantir une production régulière et une qualité aux consommateurs quelle que soit l'année. J'admet, mais j'aime la richesse et la diversité des thés de Joseph.
Durant le nouvel an Chinois, j'ai été invité au Yunnan par Joseph : 10 jours dans sa famille, et chez une amie. Temples, nourriture délicieuse, et visite d'une exploitation de thé, Joseph m'a ouvert les portes d'un monde insoupçonné, il m'a accueilli dans l'intimité de sa famille, et m'a confié certains de ses secrets sur le thé. En sa présence, j'ai pu goûter le oolong rouge 红乌龙, un thé relativement cher, qui s'étale entre le 红茶 et le 乌龙, tant en couleur, goûts ou odeurs.
Durant ce voyage, j'ai découvert que Joseph était très sensible (avec une légère intolérance) aux pesticides et fertilisants, ce qui l'a amené à ne chercher que des thés qui n'en contiennent pas.
Bien que Joseph ne prenne pas d'apprentis, je dois admettre que je le considère comme un instructeur important de mon apprentissage du monde du thé.
[size=150]V. Bobo - Édouard[/size]
Le thé m'a fait connaître tant de monde au final, bien plus que je n'aurais rêvé, et m'a également aidé à trouver l'amour !
Amateur de thés que je buvais chez M. Wang, j'ai mis comme avatar d'une app de rencontre une tasse de thé. quelque jours plus tard, un garçon (bobo de son profil) m'approche parce qu'il aime le thé également. Nous échangeons nos wechat, la confiance règne, et ne nous parlons plus pendant 3 mois.
Un évènement à l'école m'amène à solliciter l'aide de la communauté de gays chinois que je connais, dont Bobo. Il me répond être militant, dans un groupe qui s'appelle Pflag china (pas affilié au Pflag américain, mais la plus importante association lgbt en Chine), et connaître des gens qui peut m'aider pour mon problème. Il me propose de monter à Nanning 南宁, capitale du Guangxi, pour en parler.
C'est la période des vacances d'hiver, je dois prendre l'avion le mercredi matin pour 丽江, pour rejoindre Joseph et son fils dans le Yunnan. Je décide de partir le mardi soir pour Nanning, et de dormir chez Bobo pour être à l'heure le lendemain.
Arrive ce qui ne devait pas : je tombe amoureux, et lui aussi. voyage dans le Yunnan, séjour à Shenzhen 深圳 chez un pote, détour par un petit village au sud de Canton et un imprévu qui me pousse à avorter mes vacances. Bobo et moi échangions déjà comme un couple, bien que rien ne soit officiel. Il me dit m'attendre à Nanning le lendemain. Au final, nous avons passé 8 jours ensemble au lieu de 3 à la fin de mes vacances.
Bobo, qui est de minorité Dong 侗族, a une sœur qui vend du thé. Lui-même vient d'une famille qui produit du thé à huile, et de l'huile de thé. Son rêve ? Comme le mien, ouvrir un salon de thé à la chinoise en Europe. Il adore la culture occidentale, et bien que n'ayant jamais passé de diplôme d'anglais, l'enseigne et le parle quotidiennement.
Aujourd'hui, Bobo (pour Potter 波波, un surnom), Édouard de son prénom anglais (qu'il a souhaité garder en français), vit avec moi dans un 120m². Le thé prend une place centrale, qu'il s'agisse d'en boire, d'essayer des thés glacés, d'en goûter de nouveaux, ou de matériel intéressant.
[size=150]VI. Lisa & Wang[/size]
En janvier, j'ai fait se rencontrer Lisa et M. Wang. Lisa, a pu organiser deux ateliers en anglais dans les locaux de M. Wang, faire boire du thé à ses élèves, et les deuw se sont rendu compte qu'ils avaient en commun ... Chong ! Puisque M.Wang est aussi initié (plus avancé) au même temple que Chong !
Le monde est petit.
[size=150]VII. Lisa & Bobo[/size]
Mon copain devnt déménager de Nanning pour des raisons professionnelles (plus de taf) s'est retrouvé embauché par Lisa, et peut vivre tranquillement ici, entouré d'une nouvelle famille, et d'amateurs de thés (puisqu'il a bien sûr été introduit à Chong et M. Wang). Non, nous n'avons pas officiellement dit à tout le monde que nous étions ensemble, les gens le comprennent implicitement quand ils nous voient tout le temps venir ensemble.
[size=150]VIII. Le thé, ça sauve la vie ![/size]
Fin avril, je me suis plaint de crampes d'estomac, et de douleurs sur le côté. Je gère mal le stress loin de mes amis et des centre d'intérêts, et l'école est très forte pour me stresser. J'ai consulté Dr. Li, qui m'a envoyé à l'hôpital de médecine traditionnelle pour faire un check up. Le diagnostique tombe : une douleur au niveau du flanc droit, je l'ai compris en même temps qu'eux, l'appendicite. Mais l'équipemment pour les échographies doppler n'étant pas au top à cet hôpital, Lisa fait jouer ses contacts et le lendemain, j'ai rendez-vous avec un médecin de l'hôpital du peuple de Beihai (le meilleur hôpital de la ville), qui me confirme une appendicite. Ni une ni deux, Lisa fait jouer ses contacts pour me faire hospitaliser dans la journée, avoir une chambre (chose rare et coûteuse), et être opéré dans l'après-midi.
Après avoir survécu, l'hopital en Chine c'est différent, les gens viennent s'occuper de vos petits soins, parce que les infirmières sont pas là pour ça, j'ai officiellement remercié le médecin et l'hôpital avec une bannière imprimée (par qui ? Lisa bien sûr), prise en photo et publié sur le Wechat de l'hôpital quelques semaines après ma sortie. On y apprend que l'appendicite était suppurente, c'est à dire que le frôlais la péritonite, en d'autres mots mortel !
Le thé (via les relations qu'il m'a créé) m'a sauvé la vie !
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