Ma vie, mes souffrances

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Message par TemperM Mar 21 Aoû 2018 - 14:59

Devant la page blanche, l'esprit divague et cherche, s'éteint puis se rallume, persuadé d'avoir trouvé la bonne première phrase, sûr d'avoir trouvé le bon fil conducteur, celui qui accroche et donnera envie de lire un texte qui ne parle que de soi, ce qui est paradoxalement le plus intéressant, et le moins intéressant pour autrui.

J'ai 132 de QI et une bonne dose de contradiction. 24 ans. Ma mère m'a fait tester vers mes 12 ans.
Rejeté par tous, pour ma bizzarerie et mon honnêteté, car ce que j'étais, n'était pas connu de l'enfant normal.
J'ai déménagé 9 fois, 7 fois avec ma famille, 2 fois tout seul.

Chaque année de ma vie, jusqu'a mes 18 ans, fut un calvaire, un mélange d'incompréhension, de rejet, de tristesse, et je ne saurais dire aujourd'hui si j'en fus réellement affecté, car je ne me souviens pas de mes réactions de l'époque.
"On veut pas être tes amis, dégages !"
"J'ai fait semblant d'être pote avec toi, en fait je t'aime pas, AHAHAH"
"T'es trop bizarre, trouve d'autres gens"

Le rejet, pur et dur, simple et frappant. Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois.. Je ne sais plus.

Hypersensibilité, les larmes aux yeux pour un rien, arborescence, un cerveau rapide, trop rapide, changement de sujet sans raison apparente, les gaffes a répétitions de par ma non connaissance des conventions sociales, pertinence, incompréhension, haine du monde, tristesse, rêveries. Ma prof' d'Anglais m'appelait le "Robinet", un simple mot pouvait ouvrir les vannes des larmes, elle n'avait pas tort, mais quelle c***e. Bravo la pédagogie.
Mon frère regarde de la télé-réalité. La bêtise, l'aveuglement, satisfaction de la petitesse des petites gens, ils ne se rendent pas compte.

Refuge dans le virtuel. Je n'ai jamais étudié de ma vie, ma mère m'a dit que j'étais surdoué, c'est que je pouvais m'en sortir avec le minimum. Le minimum bientot n'a plus suffi, et si j'ai sauté le CM1, ce n'était que pour tranquillement voir mes notes s'écrouler au fils des ans.. Mais toujours 20 en dictée, mon orthographe était parfaite. Je mangeais des 500,600, 800 pages en quelques heures.

Pour résumer, ce décalage incroyable entre la normalité et le zèbre (je n'aime pas ce mot mais je vais l'employer pour cette phrase uniquement, afin de.)
La vie du normal est simple, même dans la difficulté. Il n'a pas a supporter ce cerveau si étrange, il ne se sentira jamais étrange, et il pourra construire son estime de soi au travers des différentes activités, relations amicales et amoureuses, amour de la famille. Beaucoup plus simple, même dans la difficulté. Aucune lucidité a propos des autres, le normal ne se pose pas de questions, le surdoué ne fait que ça.

Déménagements a répétition, aucune structure stable, le rejet a chaque rencontre, mon cerveau qui n'en faisait qu'a sa tête, aucun contrôle, refuge dans le virtuel, mes camarades ne m'appréciaient pas. Je ne me souviens pas du bon. Je me souviens juste d'avoir eu beaucoup de succès avec les filles grâce a ma pratique du théatre, qui m'a ENORMEMENT servi, grosse facilité a mettre un masque de pure confiance en soi, a me mouvoir comme l'homme le plus sûr de sa valeur au monde.

J'ai réussi a charmer une fille en un trajet de 20 minutes, le lendemain elle désirait que l'on sorte ensemble, mais confronté a une réalité qu'il faut assumer au plus profond de soi, le masque tombe, et l'homme de 35 ans ayant tout réussi dans la vie a disparu, laissant place a un adolescent bredouillant et rougissant pour un rien, je n'ai pu l'embrasser qu'une fois avant qu'elle se rendre compte de la supercherie. Les filles me courraient après, littéralement.

Un jour de ma quinzième année, ma mère me demande de prendre le pendule qu'elle a dans la main et de le tenir au dessus de la carte. Elle ne dort plus avec mon père mais sur un matelas dans la pièce a côté. Elle disparait un jour, retire 10 000 euros qu'elle dépense en affaires pour bébés et chiots, et part en Espagne. Mon père appelle Interpol et nous la retrouvons deux jours plus tard, en panne sur le bord de la route, après s'être fait flashée 12 fois a 150, 180, 200 km/h, persuadée d'être suivie par des francs maçons dans une berline.
Hospitalisation forcée.. La nouvelle tombe, schizophrénie avec tendances paranoiaques et hallucinations auditives.

Mon père lui achète une maison en Normandie afin de l'éloigner de nous, elle y vit un ans et décide ensuite de revenir vivre avec nous, pour quelle que raison que ce soit. Puis repart. Et revient. Elle n'a jamais pris son traitement. Elle parle toute seule, met la musique au maximum dans la voiture et parle toute seule. Elle entend des voix. Je ne sais plus ce que j'en pensais, je ne sais pas si j'étais affecté. Je ne sais pas si je comprenais.

Je décide que j'en ai plus rien a foutre, l'école, les gens, je sèche des semaines entières de cours, restant devant le lycée a fumer des clopes.
Je me fais virer du lycée, et mis dans un lycée professionnel, ou je finis par apprendre et apprécier la simplicité des gens simples. Je décide de devenir con.
Ma mère me conduit en cours, elle ne prend pas son traitement. Le bus passait a 6h30 du matin, des fois je n'avais pas le courage.
"Tu es juif ? Tu es franc maçon ? Ton père est franc maçon, il a voulu me tuer. Il m'a tapé dessus. Il a dit aux médecins de m'injecter de l'héroine!"
Je serre les dents. Tous les jours. Fort. Tellement fort qu'un jour, je me réveille avec la machoire bloquée. A chaque bouchée, blocage, douleur, et CLAC faisait ma machoire.


Petit aparté, tout ceci ne contient pas tous les détails nécessaires pour comprendre a quel point ma vie était pourrie jusqu'a la moelle, mes deux frères me détestaient et étaient jaloux, mes "amis" étaient des grandes gueules a qui je servais de tête de turc, pour se faire bien voir des autres, j'étais sur l'ordinateur dès que possible. Et ma mère était malade. Mais ce n'est pas une biographie, je vais rester sur les grandes lignes.

J'obtiens mon bac professionnel de comptabilité après avoir redoublé 3eme et seconde, en ayant 3,8 de moyenne dans la matière principale.

Je décide que je veux devenir psychologue, ma mère est schizophrène, ma motivation profonde était surement d'être persuadé de pouvoir la soigner. (Quand tu sais que tu es surdoué, tu es persuadé de pouvoir faire plus et mieux que les autres. Je pensais cela, tout du moins.)

Faculté dans le 93, 2h30 aller, 2h30 retour. Ma mère me conduit tous les matins au train, elle n'a toujours jamais pris son traitement.
"Ton père est un salopard, et ta grand mère baise avec tout le monde."
Je serre les dents. Tout mon corps est contracté.
Le soir, quand je rentre des cours vers 20h, c'est encore elle qui vient me chercher. Et ce sont les même délires qui reviennent.
Au bout de deux mois de fac, qui se passaient bien, j'ai enfin rencontré des gens biens, de réels amis, je finis par développer le syndrôme du colon irritable.
Si vous vous demandez ce que c'est, c'est comme avoir une diarhée toutes les 20 minutes, le ventre gonflé, flatulences. Une horreur, et le seul remède, une diminution du stress.. Je vous laisse imaginer.

J'abandonne au bout de 6 mois.

Ma mère refuse l'héritage de son père décédé, nous touchons une certaine somme.

Je déménage a Lille pour une fac de philosophie, me rends compte que les cours sont chiants a mourir, découvre également que juste a coté de la fac, ils vendent de la très bonne weed. Je passe 8 mois de l'année a fumer. Seul. Et a boire, seul ou avec mon cousin qui habitait la bas. Je n'ai pas mon année, retour a la maison.

Je déménage a Nice pour une fac de psychologie, me dis que je devrais m'en sortir avec un minimum de travail, découvre qu'il y a une épicerie a côté de chez moi, et je bois. Et je joue aux jeux vidéos. Et je bois, seul ou avec mon autre cousin qui habitait a côté.

Retour a la maison, je travaille 8 mois en tant que serveur dans un restaurant, et j'alterne alcool et shit en jouant, seul.

Aujourd'hui ma mère est partie, mon père a vendu la maison et si il nous assume toujours financièrement, mon petit frère et moi, en nous louant un appartement, il part également vivre dans le Sud avec sa copine dans quelques mois.

Pendant deux semaines j'essaye de reprendre ma vie en main, je fais du sport, puis je bois un soir. Et j'arrête le sport. Je bois, un soir, deux trois, une semaine d'affilée.

Je suis allé voir une addictologue, qui m'a conseillé de ne pas tout arrêter d'un coup, mais de commencer par la drogue.

J'ai bu pendant trois semaines, chaque jour. Puis je me suis fait hospitaliser, la semaine dernière, pour un sevrage, a ma demande. Une nuit de sueurs froides et de bouffées de chaleur, puis plus rien. Verdict : Je ne suis pas alcoolique.

J'ai maintenant peur d'avoir perdu ma douance, ma précocité, car si je veux rattraper mon retard et construire quelque chose me permettant d'accomplir mes rêves démesurés, je vais avoir besoin d'une bonne dose d'"intelligence".

--------

Je vais m'arrêter la. Je n'ai pas réellement de questions. Donnez moi votre ressenti, si vous le voulez, si vous êtes arrivés jusqu'en bas.
Tellement de précisions, tellement de choses a dire, et ce n'est pas en voyant un psychologue une fois par semaine que je vais épancher tout cela.
Pour être honnête, la seule question que je me pose, même si je sais que la réponse n'aura aucun intérêt pour mon avancement, c'est :
"A quel point, a quel point une personne peut-elle jouer d'autant de malchance tout au long de sa vie..?"

J'appuie sur envoyer et je m'arrête.















TemperM

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Message par Invité Mar 21 Aoû 2018 - 15:36

Bonjour TemperM,

de la malchance, tu n'en as pas manqué, certes. Sache, si ça peut te rassurer que tu n'es pas le seul dans ce cas.

Maintenant, il est temps de prendre ta vie en main et de faire confiance à ta capacité de surmonter tout ça. Ca n'est pas facile, mais, étape par étape, tu vas y arriver.

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Message par Feadin Mar 21 Aoû 2018 - 17:35

Bonjour.

Comme dit Hortense, oui. Tu as eu de la malchance et en effet, tu n'es pas le seul.
Je suis conscient d'avoir eu de la chance dans ma malchance, j'ai morflé mais à petite échelle. Le problème, c'est qu'aujourd'hui j'enchaîne les problèmes psychologiques a priori causés par des événements enfouis dans ma mémoire. Le problème c'est que je n'ai aucune idée de ce qui peut causer tout ça.

Je te souhaite, tout comme Hortense, de surmonter ces épreuves. Petit à petit. A ton rythme.

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Message par Invité Mar 21 Aoû 2018 - 17:37

24 ans c'est jeune, tu as la lucidité, la clairvoyance et le temps, l'autonomie il me semble, toute voie donc s'ouvre à toi. Toi qui dois faire des choix sans forcément faire peser sur la balance cette surdouance qui n'est pas unilatéralement la cause de tout ce qui arrive ainsi que la malchance. Si tu penses cela tu risques de t'enfermer dans un schéma qui rebouclera à l'infini sur ce genre de vain scénario. Or il te faut (oui je sais l'horreur des y a qu'à faut qu'on, n’empêche que je donne mon ressenti - pas mon avis, note bien), inventer ton chemin et ceci assez fréquemment si je peux dire. C'est ainsi. Tu connais peut être la scène de Will Hunting avec Matt Damon, ce que fait le prof est très simple,peut importe s'il dit ou non la vérité,  il clôt un dossier, il empoigne la main de Matt pour tourner la page et lui donner la possibilité de détourner le regard de ce passé stérile, à la manière d'Orphée aux enfers avec Eurydice, "ne jamais se retourner" pour avancer.  Aussi d'abord te réconcilier avec toi serait un fameux premier pas, te rendre aimable pour te reséduire et te dire que tu en vaux la peine, parce que c'est toi (oui la pub a du bon). Donc t'envisager pour te considérer sans te comparer à des milliards qui en fin de compte ne diffèrent pas tant que cela ce que tu dis être. En tout cas ici sur ZC tu peux trouver des pistes et échanger à ta guise, c'est ce que je te souhaite TemperM.

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Message par TemperM Mar 21 Aoû 2018 - 18:48

Un grand merci pour vos réponses.
Je suis en train de chercher ma voie, ce que je considère actuellement comme le Graal, une passion. J'ai ce sentiment qu'une fois la passion trouvée, je pourrais enfin me concentrer sur ce qui compte vraiment, et construire ma vie autour de cela.
Merci Izo de me rappeler ce concept d'arrêter de se retourner sur le passé, je pense m'en sortir de mieux en mieux.
Au plaisir de vous partager prochainement mes découvertes plutôt que mes déboires Very Happy

TemperM

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Message par Invité Mer 22 Aoû 2018 - 15:49

TemperM a écrit:Un grand merci pour vos réponses.
Je suis en train de chercher ma voie, ce que je considère actuellement comme le Graal, une passion. J'ai ce sentiment qu'une fois la passion trouvée, je pourrais enfin me concentrer sur ce qui compte vraiment, et construire ma vie autour de cela.
Merci Izo de me rappeler ce concept d'arrêter de se retourner sur le passé, je pense m'en sortir de mieux en mieux.
Au plaisir de vous partager prochainement mes découvertes plutôt que mes déboires Very Happy

Au plaisir en effet TemperM

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