Cuite finale (ouais j'ai pas trouvé de titre ^^)

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Message par Invité Lun 5 Nov 2018 - 15:13

Je viens d'écrire ça, attention c'est un texte sombre.

J'ai toujours du mal à savoir si mon style est fluide ou pas. J'ai l'impression d'être lourd. Si vous pouviez faire des retours, des conseils, je vous en serais fort gré.





Bouche pâteuse, mal de crâne. Le réveil annonce 15h. J'ai encore trop dormi. J'ai surtout encore trop bu. Je peine à
ouvrir les yeux dans cette chambre trop lumineuse. Je referme les paupières pour tenter de retrouver le doux sommeil de
l'oubli, mais ça ne marche plus. Je me lève mais ne suis toujours pas sûr de mon équilibre. Cette journée va encore être
trop longue. Les questions vont encore se ressasser. Pourquoi je bois comme ça ? Quelle partie enfouie de ma personnalité
ai je encore montrée ?

Je le sais très bien pourquoi je bois trop. Pour relâcher. Le contrôle d'abord, le regard des autres ensuite. Je ne me
sens jamais à l'aise avec les gens. Que ce soit des amis ou non, j'analyse leurs comportements, les juges secrètement
me disant qu'ils pourraient faire, comme moi, des efforts pour le bien du groupe. En même temps je ne leur dirais jamais
car je chéris par-dessus tout l'atypisme et aurait trop peur, par mes remarques de modifier leurs comportements, de
faire taire leur intérieur fou. L'atypisme autour de soi ce sont des courants d'air, des vides. Qui permettent à son tour
d'être soi, de pouvoir bouger librement dans l'espace et dans sa tête. Ce sont eux qui vous permettent d'exister sans
être jugé en retour. La norme au contraire fait que les gens autour de vous prennent moins de place et se resserrent,
vous étouffant petit à petit dans le conformisme.

Ouarg, je divague encore, en piquant du nez dans mon thé. Mes descentes d'alcool se suivent et se ressemblent. Après la
sensation de vol dans un monde arrondi je me retrouve tout à coup à m'examiner, minable que je suis. Malgré mon travail
pour être différent au jour le jour, ma vie est des plus banales et des plus creuses. J'ai l'impression d'avoir tout
autour de moi du vide, je l'entretiens par mon inadaptation.

Parlons de ce vide. Vide d'ami, vide d'amour, vide de sens. Ayant sans doute beaucoup trop peur de m'abandonner à
l'autre je déménage à intervalle régulier et ne donne plus signe de vie à mes anciennes connaissances. Je n'arrive à tenir
que le jeu de la séduction amical. Je peux être courtois, dociles, aidant, attentionné. Mais être moi, ça ne marche
jamais, je fais fuir les gens. Ne parlons même pas de l'amour, je n'ai jamais compris ses codes. Encore pire que
l'amitié je nage dans le néant. Je n'arrive pas à voir les gens comme de possibles partenaires, que comme des individus.
Le tour est vite fait. Je l'ai rayé de ma carte. L'amour pourra bien exister mais ça sera sans moi. Faire l'effort me
met dans une détresse bien trop grande. Et pour finir je suis vide de sens, je fais semblant de m'intéresser à des
choses, je m'investis dans des passions qui passent aussi vite qu'elles ont été fortes. Je collectionne les intérêts
comme une encyclopédie. Une fois que je pense avoir réussir à les définir, je passe au prochain mais n'approfondis
jamais aucun. Je ne serais jamais spécialiste de rien. « Tout aimer ce n'est rien aimer » m'avais t'on dit de manière
cinglante dans ma jeunesse. Que cette personne avait raison, je n'aime rien. Alors pour faire comme si, pour travailler
mes amitiés je pavoise, me gargarisant de mes bases. La seule chose que j'ai c'est le charisme, ça me permet de tenir
des discours bancals avec toute l'assurance de l'expert. Ça marche très bien dans le jeu de la séduction mais je me sens
encore plus vil.

Après avoir titubé jusqu'au salon, je me jette dans le canapé, le cerveau carbure toujours et me rappelle sans cesse à la
noirceur. À quoi bon continuer, je sens que de jour en jour je deviens de plus en plus médiocre, ne trouvant pas
d'interlocuteur valable. Entre deux cuites je lis des livres mais ne trouve personne avec qui en parler, je vais au
cinéma seul voir des films que personne ne veut voir. Et je cahote lentement de cette manière sur la route de la
solitude. Puis vins le jour où une connaissance fais un effort pour moi et m'invite à boire un verre. Ça me rend
heureux, je verrais enfin du monde. Des gens nouveaux, des gens qui ne me connaissent pas encore, je pourrais parader.
J'y vais et pour tenir le coup je bois plus que de raison. Si j'ai l'alcool mauvais je prendrais alors un malin plaisir
à écraser les gens, à montrer la superficialité de leurs idées, de leurs discussions. Je me lèverais alors proférant des
jurons aux gens qui oseraient se prétendre être intelligents. Dans le fond nous sommes tous non sachant. J'irais alors
me cacher, m'écroulerait et pleurerait blotti dans mon chagrin.

Je vais prendre une douche, ça m'éclaircira les idées. Après m'être mis à nu, je me recroqueville dans le fond de la
baignoire. Mes yeux tombent sur les rames de rasoirs qui trainent là. J'en prends une et la frotte délicatement sur les
veines tendues de mon poignet comme tant de fois avant. Le courage me manque toujours. Et si ? Si ça en valait la peine
! Si demain chantait. Mais je n'y crois plus. Demain sera pire qu'hier. Je parle de moins en moins aux gens. Je sors de
moins en moins. Vélo, boulot, dodo. Ma vie est bercée par l'ennuie. Je me mets à chantonner et rappelle alors ce poème
que j'avais écris à 15 ans :

Je veux plus vivre,
Juste qu'on me délivre,
Me tirer une balle,
Qu'on écrive "Enfin" sur ma pierre tombale.

Je commence à couper. Ce n'est pas un appel au secours, je sais que personne ne viendra me chercher. Mon départ sera
silencieux. Il commence à faire nuit quand je me sens flotter, je pleure, mais je ne sais pas pourquoi. Plus rien ne me
retiens ici, ma vie n'est qu'un long râle, une glaire qu'on arrive pas à dégager.

J'en ai enfin eu le courage, et c'est tant mieux.

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