Faire avec son passé
+4
higeekomori
RonaldMcDonald
siamois93
Marya
8 participants
Page 1 sur 1
Faire avec son passé
Il semblerait que tu sois tombé.e trop tard pour lire ce sujet.
C'est donc avec enthousiasme que je te souhaite une excellente promenade sur le reste du forum
C'est donc avec enthousiasme que je te souhaite une excellente promenade sur le reste du forum
Dernière édition par Marya le Sam 13 Juin 2020 - 16:54, édité 2 fois
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Bonjour, merci pour ton long bavardage.
Alors là, sur les mariages forcés, je n'ai pas d'expérience du tout, la mienne est plutôt le contraire avec des parents qui ne se sont pas du tout préoccuppés que je me marie ou non (sauf ma mère qui voulait que je lui donne des petits-enfants).
Je n'ai pas de communauté, moitié ceci et moitié cela mais sans racines bien connues d'aucun côté.
Je ne comprends pas pourquoi tu parles de racisme vis-à-vis des mariages forcés.
Ton questionnement à mon avis c'est qu'après avoir quitté ta famille tu as envie de créer ta propre famille et alors que deviennent tes racines ? Vas-tu retourner vers ta communauté ou te marier à un juif chinois, ou un martien ?
Aujourd'hui je te donne ce conseil, un peu difficile peut-être, mais ne regarde pas trop les autres. Toute ta scolarité est empreinte d'un positionnement par rapport aux autres élèves. Continue à avancer, ne regarde pas derrière, ça ne sert qu'à pleurer.
La vie tu t'en rends bien compte ce n'est pas toujours être le premier.
De manière très classique, tu ne parles pas de tes grand-parents. Tu n'as que tes parents et frères et soeurs ? Personne d'autre autour de toi ?
Tu as choisi de garder pour la fin le fait que tu es malienne musulmane, en quoi est-ce un souci pour toi ?
Peut-être que la sociologie subit les statistiques, et que tu fais partie des quelques cas particuliers. Il y a cette américaine, tu en as peut-être entendu parler, Liz Murray. «Homeless to Harvard» est vraiment un film intéressant.
C'est quoi ton avenir professionnel ? Gue veux-tu devenir ? Et combien de temps ça durera ?
Alors là, sur les mariages forcés, je n'ai pas d'expérience du tout, la mienne est plutôt le contraire avec des parents qui ne se sont pas du tout préoccuppés que je me marie ou non (sauf ma mère qui voulait que je lui donne des petits-enfants).
Je n'ai pas de communauté, moitié ceci et moitié cela mais sans racines bien connues d'aucun côté.
Je ne comprends pas pourquoi tu parles de racisme vis-à-vis des mariages forcés.
Ton questionnement à mon avis c'est qu'après avoir quitté ta famille tu as envie de créer ta propre famille et alors que deviennent tes racines ? Vas-tu retourner vers ta communauté ou te marier à un juif chinois, ou un martien ?
Aujourd'hui je te donne ce conseil, un peu difficile peut-être, mais ne regarde pas trop les autres. Toute ta scolarité est empreinte d'un positionnement par rapport aux autres élèves. Continue à avancer, ne regarde pas derrière, ça ne sert qu'à pleurer.
La vie tu t'en rends bien compte ce n'est pas toujours être le premier.
De manière très classique, tu ne parles pas de tes grand-parents. Tu n'as que tes parents et frères et soeurs ? Personne d'autre autour de toi ?
Tu as choisi de garder pour la fin le fait que tu es malienne musulmane, en quoi est-ce un souci pour toi ?
Peut-être que la sociologie subit les statistiques, et que tu fais partie des quelques cas particuliers. Il y a cette américaine, tu en as peut-être entendu parler, Liz Murray. «Homeless to Harvard» est vraiment un film intéressant.
C'est quoi ton avenir professionnel ? Gue veux-tu devenir ? Et combien de temps ça durera ?
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Un sacré pavé qui me frappe personnellement, tu sembles être un mélange d'expériences douloureuses que moi, mais aussi pas mal de mes proches, ont subi. Je vais essayer d'être bref(le boulot m'attends, je cherche la motivation ailleurs, comme ici...)
On a tous besoin d'aide, à un moment ou à un autre. il n'y a pas de honte à demander de l'aide quand c'est justifié. Et vu ton pavé, dans ton cas, ça me semble plus que justifié.
Mes deux grand-mères ont été très toxiques avec leurs enfants, alors j'imagine facilement. Mes parents m'ont raconté. Ils ont presque éradiqué toute toxicité de l'éducation qu'ils m'ont donné, et je leur en suis très reconnaissant. Il leur reste 2-3 bizarreries, mais vu de là ou ils sortent.....
Avoir "grillé" son adolescence, ça veut juste dire avoir fait autre chose que les autres. Toi(comme moi, autrement), tu as développé d'autre qualités qui correspondent mieux à ta personnalité que sortir, fumer des trucs bizarres, se mettre mal, et plomber ses études. Je ne dis pas de mal de ceux qui ne font ça. Ils ont juste pris un autre chemin. Avec ses joies et ses peines, aussi. C'est juste un chemin dont le reste de ton intervention me fait penser qu'il ne t'aurait pas convenu. Moi, je l'ai fui délibérément, ce chemin. Toi, tu n'as pas eu le choix, d'ou, sans doute, plus de regrets de ton coté.
Bon boulot. C'est très difficile de sortir de ce genre d'environnement. Je suis ami(internet) avec des gens qui ont échappé à la chape de plomb de l'évangélisme américain, et je retrouve le même genre de discours chez celles qui ont rejeté le conformisme de la "southern belle"(belle pour son mari, prisonnière de la maison et de ses enfants, et qui n'a pour s'exprimer que l'intrigue et la manigance, tout autre outil d'expression lui étant interdit - et le sourire est obligatoire).
On passe une bonne partie de sa vie adulte à guérir de son enfance. C'est encore plus vrai pour ceux qui ont subi une enfance toxique, mais je crains que même pour des enfants comme les miens, dont j'espère qu'ils échappent à une grande partie de tout ça(j'y veille, et leur mère aussi, malgré sa religiosité profonde), il y aura pas mal de trucs à désapprendre. Un enfant est le réceptacle de tous les préjugés de ses parents, pour bonne partie. C'est un sacré boulot de déméler tout ça.
La difficulté est de trouver des pairs. Des gens avec qui ça colle. On ne peut pas être amis avec tout le monde. Quand on est hors-norme, les amis potentiels sont plus rares. Il n'y a pas à se sentir coupable. Acquérir un vernis de relations sociales(aux alentours de mes 30 ans, je n'ai pas été précoce pour ça) m'a bien aidé dans la vie professionnelle, je peux désormais discuter avec des inconnus dans les transports - mais ça n'ira pas beaucoup plus loin. Les relations profondes, je n'en ai pas des masses. Quelques collègues, ma fille, ma nièce. Et c'est à peu près tout. Même avec ma femme, ce n'est pas toujours Byzance, on a une relation avec de nombreux déséquilibres(dans les deux sens), même si on arrive presque à être complémentaires.
Pour les contacts physiques, j'ai une collègue Marocaine(zébrette qui s'ignore, et qui fait partie des rares gens avec qui je peux parler en profondeur) qui a eu, elle aussi, une éducation, euh, conservatrice et patriarcale. Le premier jour ou elle est arrivée, machinalement, je lui ai fait la bise. Elle a reculé en catastrophe, et expliqué qu'elle ne faisait pas la bise. 4 ans plus tard, elle a appris les codes et fait la bise comme les autres. Ca n'est pas grand chose, mais c'est pour dire que le vernis, il finit par s'acquérir si on en fait le choix. Au delà du vernis, c'est plus dur, mais le vernis aide vraiment à se faire accepter - à défaut de se faire aimer. Je n'ai pas été aussi rapide qu'elle.
Bourdieu, c'est de la statistique. Toi, tu est un individu. Il a raison à son niveau, mais toi, dans ton individualité, tu n'est pas à ce niveau. La dualité individualité/collectivité est fondamentale pour comprendre ce qui se passe. Ce sont deux grilles de lectures fondamentales pour comprendre ce qui ce passe. Elles disent des choses très différentes, et pourtant très vraies toutes les deux.
Au niveau de la collectivité, oui, les masses de pauvres privés de savoirs culturels vendables sont parquées dans des ghettos ou ils resteront massivement. Au niveau individuel, toutefois, il existe parfois des portes de sorties, et l'histoire que racontent ces individus est radicalement différente. Prends Rachida Dati. On pense ce qu'on veut de ses idées politiques(et je n'en pense pas que du bien). Mais au niveau personnel, elle a su trouver la porte de sortie, et changer complètement d'univers. Cadre supérieur de grand groupe Français, puis ministre de la justice, puis députée européenne. La grille de lecture Bourdieusienne, si pertinente à l'échelon du pays, n'est d'aucune aide pour la comprendre. Ni pour te comprendre. Ni pour comprendre mon père, fils ainé et maltraité d'un forain devenu ouvrier. Ni pour comprendre mon grand-père maternel, orphelin de prolétaires qui a bouffé du chat(oui, du chat, un collet à lapin, à Paris, ça n'attrape que du chat, pas de lapins) pendant l'occupation pour survivre pendant qu'il était élève en école d'ingé, avant de finir directeur d'usine chimique.
Tu fais partie des individus qui ont une opportunité de briser leur malédiction personnelle. Comme d'autres avant toi. La droite t'utilisera pour dire "regardez, il suffit de bosser pour s'en sortir" alors que c'est le plus souvent faux(cf Bourdieu). La gauche te dénoncera comme traitresse à tes origines. Tu ne dois pas t'en préoccuper. Tu as, avec un mélange de chance, de travail, et de talent, entrouvert une porte vers un avenir personnel meilleur. Fonce!
Pour ce qui est des repères, enfin, on est toujours seuls face aux choix de ses propres valeurs. Nos parents font tout pour que nous perpétuions les leurs, et je n'échappe pas à la règle. Pourtant, on dévie, forcément. On doit choisir, et choisir, c'est renoncer. J'ai une moralité personnelle de couple, disons [i]conservatrice, mais j'ai décidé de ne pas juger ceux qui font autrement - parce-que ce ne sont pas mes oignons. Ma mère désapprouve formellement ce laisser-faire(elle tape beaucoup sur les gays, en particulier). Il me semble que tu est partie pour une remise en cause plus complète que ça de tes valeurs d'enfance. Je n'ai aucun souci avec ça, mais sois sûre de le faire pour de bonnes raisons - i.e. pas par vengeance.
Pour le mariage forcé : je parlais de Rachida Dati, elle a fait annuler le sien. Pour celle qui parvient à un niveau de maitrise des institutions suffisant, les outils existent pour s'en libérer. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles beaucoup de familles patriarcales toxiques privent de possibilités scolaires leurs filles(je connais quelques catholiques et autres évangéliques dans ce cas, je suis certain que ce ne sont pas les seuls).
Un autre outil qui existe, c'est l'interdiction du pariage avant 18 ans. Chirac l'a mis en place expressément pour cibler les musulmans qui mariaient des gamines - et s'est pris une volée de bois vert de la part d'ultracathos qui n'étaient pas dans son radar, mais faisaient exactement pareil. Il a tenu bon(d'ailleurs, vu le bonhomme, ça l'a sans doute amusé de les faire chier). Ca n'élimine que les cas les plus atroces, mais c'est toujours un élément positif.
Je constate que tu considères aussi le mariage arrangé comme un forme de mariage forcé(enfin, corriges-moi si je t'ai mal lu). J'ai toujours tenu ce discours, aussi. Je suis assez pote avec certains gauchistes américains, mais ils ne voient pas les points communs en termes de pression sociale. Leur antiracisme leur interdit de penser que les non-blancs puissent se comporter parfois aussi mal que les évangélistes blancs qui sont leur ennemi total. Et tolèrent le mariage arrangé, tant que ça ne les concerne pas personnellement... De voir que quelqu'un qui se sent assez directement concerné est d'accord avec moi me renforce sur la perception que j'ai de certaines pratiques que l'on qualifie de médiévales, et qui auraient effectivement dû rester au moyen-âge.
Pour le racisme, c'est difficile à éviter. C'est une histoire de paille et de poutre. quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage. Tous les gens que j'ai cité dans ma réponse ne sont que des gens, des individualités à l'histoire unique, qui peut parfois illustrer des tendances ennuyeuses, mais en aucun cas ne peuvent servir comme mètre étalon pour jauger le groupe dont ils sont originaires(sans l'avoir demandé. Je n'ai demandé ni à être blanc, ni zèbre, ni à avoir des parents cathos-new age).
Dernier détail : pour la socio, c'est passionnant, mais les places sont chères. Les émeutes de Mai 1968 ont commençé à la fac de Nanterre, dans une fac de sociologie. A l'époque, on formait 3000 sociologues par an, là ou le marché pouvait en absorber 50. Ce n'est pas un hasard si c'est là que ça a pété en premier. Les chiffres ont dû un peu changer depuis, mais les places restent très chères. Il te faudra être meilleure que les autres. Tu me sembles en avoir le potentiel, mais c'est un chemin parsemé d'embuches.
(résultat, moi aussi j'ai écrit un pavé, et je suis en retard dans mon boulot. Aucun regret ).
Marya a écrit:(.../...)Coup de sang que j'ai rapidement su canaliser. Mon tempérament raisonnable ne m'a pas quittée, comme d'habitude, et alors que j'étais en train d'écrire un petit (gros) texte qui détaillait mon passé et toutes les interrogations et les souffrances qui m'habitent par rapport à lui, je me suis "raisonnée". Je me suis surtout surprise une énième fois à me dire que je détestais déballer cela, que j'avais l'impression d'être comme une nécessiteuse qui demande charité au premier passant (waw, quel respect pour les nécessiteux), parce que raconter une histoire pas très rose dans l'espoir d'avoir un peu de consolation, voilà quoi...
On a tous besoin d'aide, à un moment ou à un autre. il n'y a pas de honte à demander de l'aide quand c'est justifié. Et vu ton pavé, dans ton cas, ça me semble plus que justifié.
Marya a écrit:Alors très succinctement, je suis une femme de 21 ans et je suis issue d'une famille où j'ai été éduquée selon des valeurs traditionnelles, conservatrices. Dans ma jeunesse (de mes 10 ans environ à il y a quelques mois) j'ai avant tout pâti de ce qu'il y avait de patriarcal et de misogyne dans leur éducation. Pour résumer, une conjonction d'événements, liés ou non à ce patriarcat, ont poussé mes parents à me faire rompre contact avec le monde extérieur, pour tout ce qui ne relevait pas de l'école. Ayant été une ado docile dans mon comportement (mais "indépendante" dans ma façon de penser), je me suis pliée à leur volonté, ce qui a à peu près grillé mon adolescence.
De plus, j'ai eu un père très autoritaire et colérique, bref toxique, qui m'a imprégnée de terreur pendant toute cette période. Je n'ai pas envie de raconter comment il s'y prenait pour inspirer cette peur (je veux juste préciser qu'il n'y a pas eu de violence physique), mais j'imagine que vous voyez un peu l'idée.
Mes deux grand-mères ont été très toxiques avec leurs enfants, alors j'imagine facilement. Mes parents m'ont raconté. Ils ont presque éradiqué toute toxicité de l'éducation qu'ils m'ont donné, et je leur en suis très reconnaissant. Il leur reste 2-3 bizarreries, mais vu de là ou ils sortent.....
Avoir "grillé" son adolescence, ça veut juste dire avoir fait autre chose que les autres. Toi(comme moi, autrement), tu as développé d'autre qualités qui correspondent mieux à ta personnalité que sortir, fumer des trucs bizarres, se mettre mal, et plomber ses études. Je ne dis pas de mal de ceux qui ne font ça. Ils ont juste pris un autre chemin. Avec ses joies et ses peines, aussi. C'est juste un chemin dont le reste de ton intervention me fait penser qu'il ne t'aurait pas convenu. Moi, je l'ai fui délibérément, ce chemin. Toi, tu n'as pas eu le choix, d'ou, sans doute, plus de regrets de ton coté.
Marya a écrit:Pour en revenir au patriarcat, en plus de l'enfermement, et au fur et à mesure que je grandissais, il y a eu d'autres formes d'intimidation qui se sont greffées. Disons qu'ils avaient pour moi un schéma de vie qui ne correspond pas du tout à mes aspirations. Sauf qu'ils ont été très têtus, en particulier mon père. Ça en est arrivé à un point où j'ai pris la décision de quitter le foyer familial, et que j'ai réalisé cette aspiration il y a quelques mois (seulement).
Bon boulot. C'est très difficile de sortir de ce genre d'environnement. Je suis ami(internet) avec des gens qui ont échappé à la chape de plomb de l'évangélisme américain, et je retrouve le même genre de discours chez celles qui ont rejeté le conformisme de la "southern belle"(belle pour son mari, prisonnière de la maison et de ses enfants, et qui n'a pour s'exprimer que l'intrigue et la manigance, tout autre outil d'expression lui étant interdit - et le sourire est obligatoire).
Marya a écrit:Maintenant, je fais des études qui vont me mener, je l'espère, à l'avenir professionnel que je veux, je vis de mes propres revenus avec ma petite sœur et tout est ouvert pour que je réalise ma propre vie selon mes propres valeurs. Sauf que... sauf qu'on ne quitte pas 21 ans de sa vie comme ça. Surtout quand on en a 21. Eh oui, j'ai quelquesscrupulesinterrogations qui me hantent quotidiennement et qui me ralentissent, mais surtout me plongent dans des états de tristesse et de culpabilité, et d'angoisse dans certaines situations bien précises (sociales avant tout).
J'aimerais vous partager mes interrogations.
On passe une bonne partie de sa vie adulte à guérir de son enfance. C'est encore plus vrai pour ceux qui ont subi une enfance toxique, mais je crains que même pour des enfants comme les miens, dont j'espère qu'ils échappent à une grande partie de tout ça(j'y veille, et leur mère aussi, malgré sa religiosité profonde), il y aura pas mal de trucs à désapprendre. Un enfant est le réceptacle de tous les préjugés de ses parents, pour bonne partie. C'est un sacré boulot de déméler tout ça.
Marya a écrit:Mes relations amicales et sociales
(.../...)
La difficulté est de trouver des pairs. Des gens avec qui ça colle. On ne peut pas être amis avec tout le monde. Quand on est hors-norme, les amis potentiels sont plus rares. Il n'y a pas à se sentir coupable. Acquérir un vernis de relations sociales(aux alentours de mes 30 ans, je n'ai pas été précoce pour ça) m'a bien aidé dans la vie professionnelle, je peux désormais discuter avec des inconnus dans les transports - mais ça n'ira pas beaucoup plus loin. Les relations profondes, je n'en ai pas des masses. Quelques collègues, ma fille, ma nièce. Et c'est à peu près tout. Même avec ma femme, ce n'est pas toujours Byzance, on a une relation avec de nombreux déséquilibres(dans les deux sens), même si on arrive presque à être complémentaires.
Pour les contacts physiques, j'ai une collègue Marocaine(zébrette qui s'ignore, et qui fait partie des rares gens avec qui je peux parler en profondeur) qui a eu, elle aussi, une éducation, euh, conservatrice et patriarcale. Le premier jour ou elle est arrivée, machinalement, je lui ai fait la bise. Elle a reculé en catastrophe, et expliqué qu'elle ne faisait pas la bise. 4 ans plus tard, elle a appris les codes et fait la bise comme les autres. Ca n'est pas grand chose, mais c'est pour dire que le vernis, il finit par s'acquérir si on en fait le choix. Au delà du vernis, c'est plus dur, mais le vernis aide vraiment à se faire accepter - à défaut de se faire aimer. Je n'ai pas été aussi rapide qu'elle.
Marya a écrit:Mon parcours scolaire et mon statut de "transfuge de classe"
L'interrogation pour laquelle ce serait cool qu'il y ait des fanas de socio / des bourd(.../...)
Bourdieu, c'est de la statistique. Toi, tu est un individu. Il a raison à son niveau, mais toi, dans ton individualité, tu n'est pas à ce niveau. La dualité individualité/collectivité est fondamentale pour comprendre ce qui se passe. Ce sont deux grilles de lectures fondamentales pour comprendre ce qui ce passe. Elles disent des choses très différentes, et pourtant très vraies toutes les deux.
Au niveau de la collectivité, oui, les masses de pauvres privés de savoirs culturels vendables sont parquées dans des ghettos ou ils resteront massivement. Au niveau individuel, toutefois, il existe parfois des portes de sorties, et l'histoire que racontent ces individus est radicalement différente. Prends Rachida Dati. On pense ce qu'on veut de ses idées politiques(et je n'en pense pas que du bien). Mais au niveau personnel, elle a su trouver la porte de sortie, et changer complètement d'univers. Cadre supérieur de grand groupe Français, puis ministre de la justice, puis députée européenne. La grille de lecture Bourdieusienne, si pertinente à l'échelon du pays, n'est d'aucune aide pour la comprendre. Ni pour te comprendre. Ni pour comprendre mon père, fils ainé et maltraité d'un forain devenu ouvrier. Ni pour comprendre mon grand-père maternel, orphelin de prolétaires qui a bouffé du chat(oui, du chat, un collet à lapin, à Paris, ça n'attrape que du chat, pas de lapins) pendant l'occupation pour survivre pendant qu'il était élève en école d'ingé, avant de finir directeur d'usine chimique.
Tu fais partie des individus qui ont une opportunité de briser leur malédiction personnelle. Comme d'autres avant toi. La droite t'utilisera pour dire "regardez, il suffit de bosser pour s'en sortir" alors que c'est le plus souvent faux(cf Bourdieu). La gauche te dénoncera comme traitresse à tes origines. Tu ne dois pas t'en préoccuper. Tu as, avec un mélange de chance, de travail, et de talent, entrouvert une porte vers un avenir personnel meilleur. Fonce!
Pour ce qui est des repères, enfin, on est toujours seuls face aux choix de ses propres valeurs. Nos parents font tout pour que nous perpétuions les leurs, et je n'échappe pas à la règle. Pourtant, on dévie, forcément. On doit choisir, et choisir, c'est renoncer. J'ai une moralité personnelle de couple, disons [i]conservatrice, mais j'ai décidé de ne pas juger ceux qui font autrement - parce-que ce ne sont pas mes oignons. Ma mère désapprouve formellement ce laisser-faire(elle tape beaucoup sur les gays, en particulier). Il me semble que tu est partie pour une remise en cause plus complète que ça de tes valeurs d'enfance. Je n'ai aucun souci avec ça, mais sois sûre de le faire pour de bonnes raisons - i.e. pas par vengeance.
Marya a écrit:Questionnement politique(.../...)
Pour le mariage forcé : je parlais de Rachida Dati, elle a fait annuler le sien. Pour celle qui parvient à un niveau de maitrise des institutions suffisant, les outils existent pour s'en libérer. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles beaucoup de familles patriarcales toxiques privent de possibilités scolaires leurs filles(je connais quelques catholiques et autres évangéliques dans ce cas, je suis certain que ce ne sont pas les seuls).
Un autre outil qui existe, c'est l'interdiction du pariage avant 18 ans. Chirac l'a mis en place expressément pour cibler les musulmans qui mariaient des gamines - et s'est pris une volée de bois vert de la part d'ultracathos qui n'étaient pas dans son radar, mais faisaient exactement pareil. Il a tenu bon(d'ailleurs, vu le bonhomme, ça l'a sans doute amusé de les faire chier). Ca n'élimine que les cas les plus atroces, mais c'est toujours un élément positif.
Je constate que tu considères aussi le mariage arrangé comme un forme de mariage forcé(enfin, corriges-moi si je t'ai mal lu). J'ai toujours tenu ce discours, aussi. Je suis assez pote avec certains gauchistes américains, mais ils ne voient pas les points communs en termes de pression sociale. Leur antiracisme leur interdit de penser que les non-blancs puissent se comporter parfois aussi mal que les évangélistes blancs qui sont leur ennemi total. Et tolèrent le mariage arrangé, tant que ça ne les concerne pas personnellement... De voir que quelqu'un qui se sent assez directement concerné est d'accord avec moi me renforce sur la perception que j'ai de certaines pratiques que l'on qualifie de médiévales, et qui auraient effectivement dû rester au moyen-âge.
Pour le racisme, c'est difficile à éviter. C'est une histoire de paille et de poutre. quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage. Tous les gens que j'ai cité dans ma réponse ne sont que des gens, des individualités à l'histoire unique, qui peut parfois illustrer des tendances ennuyeuses, mais en aucun cas ne peuvent servir comme mètre étalon pour jauger le groupe dont ils sont originaires(sans l'avoir demandé. Je n'ai demandé ni à être blanc, ni zèbre, ni à avoir des parents cathos-new age).
Dernier détail : pour la socio, c'est passionnant, mais les places sont chères. Les émeutes de Mai 1968 ont commençé à la fac de Nanterre, dans une fac de sociologie. A l'époque, on formait 3000 sociologues par an, là ou le marché pouvait en absorber 50. Ce n'est pas un hasard si c'est là que ça a pété en premier. Les chiffres ont dû un peu changer depuis, mais les places restent très chères. Il te faudra être meilleure que les autres. Tu me sembles en avoir le potentiel, mais c'est un chemin parsemé d'embuches.
(résultat, moi aussi j'ai écrit un pavé, et je suis en retard dans mon boulot. Aucun regret ).
RonaldMcDonald- Messages : 11616
Date d'inscription : 15/01/2019
Age : 48
Localisation : loin de chez moi, dans un petit coin de paradis
Re: Faire avec son passé
Bonjour à Marya, bonjour aux autres intervenants qui ont alimenté le fil.
Très riche topic, et très intéressant. Et complexe aussi. D'où une lecture très lente pour ma part pour une plus grande assimilation.
Depuis février, je pense et j'espère que Marya a trouvé quelques réponses à ses tourments intérieurs. Du moins, les plus préoccupants. Et, j'avoue aimer l'idée qu'elle puisse repasser ici bientôt pour donner des nouvelles, et puis aussi nous exposer les suites positives ou négatives de ses interrogations.
Amitiés, amour, position sociale, position intrapersonnelle, tout ça dans les flux et reflux du quotidien, avec toutes les milles choses à faire qui appellent au plus grand pragmatisme et même parfois à la monotonie. Bref, la Vie quoi !... Un sentiment profond parfois peut émerger de tout cela et donne à penser que, l'existence, avec les bouts qu'on a chacun de sa propre expérience, c'est bien complexe finalement. Ca prend la tête souvent...
Le seul conseil que je pourrais donner à Marya serait celui-ci :
L'équilibre intérieur vient par un schéma mental simple.
De ce schéma obtenu naît ensuite la prise de distance qui permet de lire sa propre vie plus clairement.
Dès lors, écrire la suite de la vie est moins complexe.
- Le schéma simple s'obtient en éliminant un maximum de "bruits de fond".
- La lecture claire de la vie s'obtient ensuite en réintroduisant progressivement chaque bruit, un par un.
- Libre à chacun-e ensuite de réintroduire ce bruit là, et pas un autre. Et puis de sentir à partir de quel moment le schéma devient complexe, et de régresser d'un bruit ou deux, si nécessaire.
Pour initier le processus, il faut prioritairement "lister" ce qu'on veut garder dans sa vie et ce qu'on ne veut pas. C'est du blanc/noir. Pas de gris, pas d'entre deux. Amitiées, emploi, amour, biens de consommation, relation parentales toxiques ou pas..., qu'importe ce qu'on souhaite éliminer temporairement. L'important c'est de préserver juste ce qui est fondamental pour démarrer, et le texte de Marya comporte en cela, dans sa genèse, déjà de bonnes pistes.
.
Très riche topic, et très intéressant. Et complexe aussi. D'où une lecture très lente pour ma part pour une plus grande assimilation.
Depuis février, je pense et j'espère que Marya a trouvé quelques réponses à ses tourments intérieurs. Du moins, les plus préoccupants. Et, j'avoue aimer l'idée qu'elle puisse repasser ici bientôt pour donner des nouvelles, et puis aussi nous exposer les suites positives ou négatives de ses interrogations.
Amitiés, amour, position sociale, position intrapersonnelle, tout ça dans les flux et reflux du quotidien, avec toutes les milles choses à faire qui appellent au plus grand pragmatisme et même parfois à la monotonie. Bref, la Vie quoi !... Un sentiment profond parfois peut émerger de tout cela et donne à penser que, l'existence, avec les bouts qu'on a chacun de sa propre expérience, c'est bien complexe finalement. Ca prend la tête souvent...
Le seul conseil que je pourrais donner à Marya serait celui-ci :
L'équilibre intérieur vient par un schéma mental simple.
De ce schéma obtenu naît ensuite la prise de distance qui permet de lire sa propre vie plus clairement.
Dès lors, écrire la suite de la vie est moins complexe.
- Le schéma simple s'obtient en éliminant un maximum de "bruits de fond".
- La lecture claire de la vie s'obtient ensuite en réintroduisant progressivement chaque bruit, un par un.
- Libre à chacun-e ensuite de réintroduire ce bruit là, et pas un autre. Et puis de sentir à partir de quel moment le schéma devient complexe, et de régresser d'un bruit ou deux, si nécessaire.
Pour initier le processus, il faut prioritairement "lister" ce qu'on veut garder dans sa vie et ce qu'on ne veut pas. C'est du blanc/noir. Pas de gris, pas d'entre deux. Amitiées, emploi, amour, biens de consommation, relation parentales toxiques ou pas..., qu'importe ce qu'on souhaite éliminer temporairement. L'important c'est de préserver juste ce qui est fondamental pour démarrer, et le texte de Marya comporte en cela, dans sa genèse, déjà de bonnes pistes.
21 ans, c'est l'âge parfait pour commencer... Ni trop vieux, ni trop jeune.
"Lister, ça prend 30 minutes, 24 - 48 heures si c'est fait dans le grand calme, les yeux fermés, et selon le rythme de chacun.
Vivre équilibré, c'est ensuite pour toute la Vie.
Le challenge vaut le coup...
"Lister, ça prend 30 minutes, 24 - 48 heures si c'est fait dans le grand calme, les yeux fermés, et selon le rythme de chacun.
Vivre équilibré, c'est ensuite pour toute la Vie.
Le challenge vaut le coup...
.
higeekomori- Messages : 3165
Date d'inscription : 20/03/2015
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Coucou Marya,
Je suis toute nouvelle sur le forum et j'avoue que ton texte m'a beaucoup touchée, ayant vécu des choses assez similaires au niveau familial.
Tes questionnements autour du fait de se construire seule, parfois à l'encontre des traditions parentales, dans un milieu où beaucoup ont eu des facilités, un réseau, une "base culturelle" solide, me parlent également, ainsi que tes réflexions sur la situation de la femme/l'enfant dans certaines cultures...
On n'évoque pas assez de ces problématiques alors qu'elles sont tout à fait d'actualité en France.
J'espère que depuis tu as pu trouver des réponses et un peu d'apaisement.
Avoir des interrogations est toujours normal, mais n'oublie pas de penser à toi avant tout !
J'ai découvert récemment que faire preuve d'un "égoïsme" bienveillant envers soi et envers les autres (savoir poser les limites pour son propre bien-être) peut être salvateur ^^
Je te souhaite plein de bonnes choses, au plaisir de te lire !
Je suis toute nouvelle sur le forum et j'avoue que ton texte m'a beaucoup touchée, ayant vécu des choses assez similaires au niveau familial.
Tes questionnements autour du fait de se construire seule, parfois à l'encontre des traditions parentales, dans un milieu où beaucoup ont eu des facilités, un réseau, une "base culturelle" solide, me parlent également, ainsi que tes réflexions sur la situation de la femme/l'enfant dans certaines cultures...
On n'évoque pas assez de ces problématiques alors qu'elles sont tout à fait d'actualité en France.
J'espère que depuis tu as pu trouver des réponses et un peu d'apaisement.
Avoir des interrogations est toujours normal, mais n'oublie pas de penser à toi avant tout !
J'ai découvert récemment que faire preuve d'un "égoïsme" bienveillant envers soi et envers les autres (savoir poser les limites pour son propre bien-être) peut être salvateur ^^
Je te souhaite plein de bonnes choses, au plaisir de te lire !
Nephtys- Messages : 11
Date d'inscription : 07/02/2020
Age : 38
Localisation : Toulouse
Re: Faire avec son passé
Chere Marya,
Ta tête semble pleine de tous ces constats justes et dures,
te voilà lucide,fine, en pleine possession de ta tête,
je sens chez toi l'ardeur de comprendre, la flamme du mental,
elle t'anime, te tient, te sors de tes gongs.
Elle t'ai nécessaire, encore aujourd'hui, terreau de ton intelligence, car pour se construire,
n'a t-on pas besoin de miroirs ?
Comme les tiens ont été défaillants, tu sembles avoir trouvé un substitut
dans la voie du savoir, l'école, et la sociologie est de toute évidence
calibré pour cela.
Pourtant, je crois que la sociologie ou les savoirs n'ont pas d'affect.
Ils t'aideront à tenir cap, à légitimer tes choix, mais, me dis-je,
s'ils sont ton salut aujourd'hui, ils font turbiner ton mental,
ton auto-observation, et ta capacité à être en lien cœur à cœur en pâti.
Tu sais, je crois effectivement que l'amitié est une très elle chose, que les liens du cœur
sont des miroirs indispensables.
Si tu fais de la sociologie, sûrement sais-tu que l'humain un être social,
construit par et dans le lien. Ou disons dans l'affect , familial d'abord, mais
ça n'a pas été probant dans ton histoire, ou amoureux, mais aux dernières nouvelles
tu était seule.
Alors, chère Marya, si je pouvais te donner un conseil, au delà même
de comprendre ton histoire et de t'en émanciper, ça serait de faire en sorte
de te mettre en lien avec des semblables. De trouver des miroirs d'affect auprès de qui cheminer. Dans ce bain là, la nage est souvent plus douce.
Tu dis que l'amitié t'épuise : sais-tu dire pourquoi ? Cela te met-il sur tes gardes ?
Est-ce à cause du harcèlement que tu as évoqué ?
Maintenant, de façon très pragmatique, je pense qu'une bonne façon
d'apprivoiser des personnes peut se faire via une activité,
une activité de corps, de musique, ou n'importe quoi, mais quelque chose qui te plait et
qui met en jeu autre chose que ton mental pur.
Bon, mais peut-être le fais-tu déjà, ou que ça ne fonctionne pas pour toi.
Les conseils sont parfois encore plus désespérants quand on les a déjà emprunté sans succès...
En tous cas, ce que je veux dire c'est que pour des personnes qui
comme toi semble prise d'assaut par des questionnements forts, profonds,
que je trouve sincèrement balaises et très habités pour ton jeune âge,
la fait de ne pas réussir à tisser des liens dans des cadres standards,
des soirées, des repas, me paraît aller de soi.
Je ne rebondis pas spécifiquement sur ce que tu as dis, mais je le reçois pleinement.
Très affectueusement,
Sarah
Ta tête semble pleine de tous ces constats justes et dures,
te voilà lucide,fine, en pleine possession de ta tête,
je sens chez toi l'ardeur de comprendre, la flamme du mental,
elle t'anime, te tient, te sors de tes gongs.
Elle t'ai nécessaire, encore aujourd'hui, terreau de ton intelligence, car pour se construire,
n'a t-on pas besoin de miroirs ?
Comme les tiens ont été défaillants, tu sembles avoir trouvé un substitut
dans la voie du savoir, l'école, et la sociologie est de toute évidence
calibré pour cela.
Pourtant, je crois que la sociologie ou les savoirs n'ont pas d'affect.
Ils t'aideront à tenir cap, à légitimer tes choix, mais, me dis-je,
s'ils sont ton salut aujourd'hui, ils font turbiner ton mental,
ton auto-observation, et ta capacité à être en lien cœur à cœur en pâti.
Tu sais, je crois effectivement que l'amitié est une très elle chose, que les liens du cœur
sont des miroirs indispensables.
Si tu fais de la sociologie, sûrement sais-tu que l'humain un être social,
construit par et dans le lien. Ou disons dans l'affect , familial d'abord, mais
ça n'a pas été probant dans ton histoire, ou amoureux, mais aux dernières nouvelles
tu était seule.
Alors, chère Marya, si je pouvais te donner un conseil, au delà même
de comprendre ton histoire et de t'en émanciper, ça serait de faire en sorte
de te mettre en lien avec des semblables. De trouver des miroirs d'affect auprès de qui cheminer. Dans ce bain là, la nage est souvent plus douce.
Tu dis que l'amitié t'épuise : sais-tu dire pourquoi ? Cela te met-il sur tes gardes ?
Est-ce à cause du harcèlement que tu as évoqué ?
Maintenant, de façon très pragmatique, je pense qu'une bonne façon
d'apprivoiser des personnes peut se faire via une activité,
une activité de corps, de musique, ou n'importe quoi, mais quelque chose qui te plait et
qui met en jeu autre chose que ton mental pur.
Bon, mais peut-être le fais-tu déjà, ou que ça ne fonctionne pas pour toi.
Les conseils sont parfois encore plus désespérants quand on les a déjà emprunté sans succès...
En tous cas, ce que je veux dire c'est que pour des personnes qui
comme toi semble prise d'assaut par des questionnements forts, profonds,
que je trouve sincèrement balaises et très habités pour ton jeune âge,
la fait de ne pas réussir à tisser des liens dans des cadres standards,
des soirées, des repas, me paraît aller de soi.
Je ne rebondis pas spécifiquement sur ce que tu as dis, mais je le reçois pleinement.
Très affectueusement,
Sarah
sarah sarah- Messages : 19
Date d'inscription : 27/02/2014
Age : 41
Localisation : cevennes
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Marya a écrit:2 - ça me fragilise beaucoup, parce que j'ai l'impression que tous les repères sur lesquels je vais choisir de me baser seront "sales", parce qu'ils ne sont pas issus des parents, de la communauté. Pire, ils contredisent ce qu'on m'a enseigné. Je me sens dans une situation de grande solitude par rapport à ça, je ne suis ni d' "ici" parce que je n'hérite pas des valeurs de mon milieu d'origine, ni de "là-bas" parce que je ne peux/veux pas adopter un système de valeurs complètement étranger à ce à quoi j'ai été biberonnée.
Je trouverais intéréssant que tu détailles ici, si tu le souhaites, les valeurs de ton milieu d'origine, et en quoi elles contredisent le système de valeurs de notre société.
Dernière édition par zebrisse le Mer 6 Jan 2021 - 14:32, édité 1 fois
zebrisse- Messages : 321
Date d'inscription : 16/07/2015
Re: Faire avec son passé
@Marya, mes réactions arrivent longtemps après ton premier témoignage, j'ai lu ensuite que la situation a progressé pour toi (bien sur)
---
Entendu dans un docu sur l'esclavage, et son héritage
Une phrase m'a frappé
'Nous sommes tous des descendants de bourreaux, tous des descendants de victimes'
L'héritage est commun, la cause commune, sont importants savoirs, responsabilité, avenir
La notion peut être élargie a l'histoire des peuples en géneral je pense
---
Entendu à la radio, une femme, je ne me rappelle plus qui
'Le mariage d'amour a été obtenu par les femmes'
Dans la culture occidentale ce n'est pas si vieux
---
Je suis triste en lisant les formes de pression que tu évoque
---
Je suis de plus en plus convaincu que les drames se perpétuent et se rejouent au fil des générations dans une famille jusqu'à ce qu'un enfant ait la force et les éléments nécessaires pour briser la chaîne, garder le bon et reléguer le reste au placard, en disant 'ces choix n'ont pas été les miens ils ne m' appartiennent pas'
La question de préserver ses racines peut être un peu élargie vers une culture plus large que celle de ses parents proches, a celle d'un peuple, pays, etc...? En allant rechercher des éléments auprès de cette communauté
---
Amitiés
@higeekomori
Merci pour cette notion ce schéma simple, d'élimination du bruit etc..
---
Entendu dans un docu sur l'esclavage, et son héritage
Une phrase m'a frappé
'Nous sommes tous des descendants de bourreaux, tous des descendants de victimes'
L'héritage est commun, la cause commune, sont importants savoirs, responsabilité, avenir
La notion peut être élargie a l'histoire des peuples en géneral je pense
---
Entendu à la radio, une femme, je ne me rappelle plus qui
'Le mariage d'amour a été obtenu par les femmes'
Dans la culture occidentale ce n'est pas si vieux
---
Je suis triste en lisant les formes de pression que tu évoque
---
Je suis de plus en plus convaincu que les drames se perpétuent et se rejouent au fil des générations dans une famille jusqu'à ce qu'un enfant ait la force et les éléments nécessaires pour briser la chaîne, garder le bon et reléguer le reste au placard, en disant 'ces choix n'ont pas été les miens ils ne m' appartiennent pas'
La question de préserver ses racines peut être un peu élargie vers une culture plus large que celle de ses parents proches, a celle d'un peuple, pays, etc...? En allant rechercher des éléments auprès de cette communauté
---
Amitiés
@higeekomori
Merci pour cette notion ce schéma simple, d'élimination du bruit etc..
Invité- Invité
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Marya a écrit:(.../...)Le gros souci avec lequel je dois faire en ce moment est mon manque d'activité (je ne fais concrètement rien en dehors de ce qui est nécessaire pour mes études, et très peu de choses me font envie) qui, je le comprends de plus en plus, est dû à un manque de motivation qui est lui même dû à manque structurel d'envie lié à un "but de vie", comme si je ne savais pas quoi faire sur cette Terre. À moins que ce soit le fait que je sois un peu "ravagée" par mon passé et que je n'arrive pas à m'en relever.
Mais... jai trop l'impression d'être une drama queen
En tout cas, dans ma tête les choses continuent d'être assez douloureuses et décousues, mais il me semble que j'ai tiré certaines leçons de quelques expériences qui je pense resteront.
Bonjour Marya. Ca fait plaisir d'avoir de tes nouvelles.
Ton inactivité relative(tu fait ce qu'il faut pour tes études, et c'est bien plus que certains, pas de culpabilité) me semble avoir un sens précis : tu remets de l'ordre dans tes idées. Tu as vécu pas mal de choses contradictoires, et tu as besoin de temps pour savoir ou tu veux/peux/dois aller.
Sur le fait de ne pas avoir de but : la plupart des gens n'en ont pas vraiment. Ils se laissent mener par la vie. Moi-même, j'ai le boulot qui m'est tombé dessus, la femme qui a bien voulu de moi, j'habite dans la ville ou j'ai trouvé du boulot (enfin, le boulot qui m'a trouvé), bref, je n'ai pas décidé grand chose. Par contre, j'ai su saisir certaines opportunités (pas toutes), ce qui me donne certaines choses pas mal. Le conseil que je te donnerais serais donc le suivant : sois à l’affût d'opportunités. Si elles te semblent sympa, fonce. Et tant pis si tu rayes la carrosserie, ça te fera des experiences.
RonaldMcDonald- Messages : 11616
Date d'inscription : 15/01/2019
Age : 48
Localisation : loin de chez moi, dans un petit coin de paradis
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Oui clairement je pense aussi que les drames que nous vivons vont plus loin qu'une question de deux générations qui s'affrontent. Dans mon cas, la question de la tradition qui doit être préservée par delà les siècles est explicite, alors qu'elle engendre le même types de problèmes de façon structurelle à travers les époques. Jen ai des preuves avec mes parents et jai eu des oui dire pour les générations au dessus.-Océan- a écrit:@Marya, mes réactions arrivent longtemps après ton premier témoignage, j'ai lu ensuite que la situation a progressé pour toi (bien sur)
---
Entendu dans un docu sur l'esclavage, et son héritage
Une phrase m'a frappé
'Nous sommes tous des descendants de bourreaux, tous des descendants de victimes'
L'héritage est commun, la cause commune, sont importants savoirs, responsabilité, avenir
La notion peut être élargie a l'histoire des peuples en géneral je pense
---
Entendu à la radio, une femme, je ne me rappelle plus qui
'Le mariage d'amour a été obtenu par les femmes'
Dans la culture occidentale ce n'est pas si vieux
---
Je suis triste en lisant les formes de pression que tu évoque
---
Je suis de plus en plus convaincu que les drames se perpétuent et se rejouent au fil des générations dans une famille jusqu'à ce qu'un enfant ait la force et les éléments nécessaires pour briser la chaîne, garder le bon et reléguer le reste au placard, en disant 'ces choix n'ont pas été les miens ils ne m' appartiennent pas'
La question de préserver ses racines peut être un peu élargie vers une culture plus large que celle de ses parents proches, a celle d'un peuple, pays, etc...? En allant rechercher des éléments auprès de cette communauté
---
Amitiés
@higeekomori
Merci pour cette notion ce schéma simple, d'élimination du bruit etc..
Et jai déjà pensé à m'ancrer dans mon héritage de façon plus profonde, à l'échelle d'une culture ou dun pays, déjà en comprenant les logiques qui animent ma culture d'origine et les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ça reste tout de même assez opaque, comme partout j'imagine (on ne livre pas ses traumatismes comme ça) et c'est difficile pour moi mais ça se fait petit à petit.
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
C'est à prendre dans quel sens comme question ?
Faire avec son passé au présent et dans l'avenir ?
Que faire avec son passé ?
Où les deux ?
Parce qu'à un "que" près, ça me fait une énorme différence quand je vois ce titre de fil.
Faire avec son passé au présent et dans l'avenir ?
Que faire avec son passé ?
Où les deux ?
Parce qu'à un "que" près, ça me fait une énorme différence quand je vois ce titre de fil.
Marya- Messages : 75
Date d'inscription : 10/12/2016
Age : 93
Re: Faire avec son passé
Je suppose que tu voulais dire sans avoir fait quelque chose.
C'est parce que pour moi le passé est passé donc il ne fait pas partie de mon présent ni de mon avenir sauf si je veux l'utiliser figé puisque on ne peut plus agir dessus en rapport avec le présent et l'avenir.
Genre je peux en faire ma biographie... j'étais en faire un bouquin de je sais pas quoi merci je n'ai pas envie d'écrire ma biographie ou d'en faire un bouquin je sais pas quoi..le passé reste à sa place, derrière moi.
Je ne voulais pas répondre de façon qui aurait pu te sembler totalement idiote fais ce que tu as envie.. et dans ce cas pour moi la seule question à se poser c'est qu'est-ce que j'ai envie pour aujourd'hui pour demain pour l'avenir ? Où est donc passé par le passé pour se faire je ne comprends pas le concept d'où ma question
C'est parce que pour moi le passé est passé donc il ne fait pas partie de mon présent ni de mon avenir sauf si je veux l'utiliser figé puisque on ne peut plus agir dessus en rapport avec le présent et l'avenir.
Genre je peux en faire ma biographie... j'étais en faire un bouquin de je sais pas quoi merci je n'ai pas envie d'écrire ma biographie ou d'en faire un bouquin je sais pas quoi..le passé reste à sa place, derrière moi.
Je ne voulais pas répondre de façon qui aurait pu te sembler totalement idiote fais ce que tu as envie.. et dans ce cas pour moi la seule question à se poser c'est qu'est-ce que j'ai envie pour aujourd'hui pour demain pour l'avenir ? Où est donc passé par le passé pour se faire je ne comprends pas le concept d'où ma question
Re: Faire avec son passé
AaAAh, mais que se passe t-il?
J'étais venu hier, assez tard pour lire tous les posts proposés. Puis, j'ai dû me résoudre à éteindre l'ordinateur...
Là, j'arrive, pas mal de messages ont été édités pour être effacé.
Je peux comprendre la volonté d'oblitérer un contenu. Mais c'est bien dommage.
Le minimum de ce que j'avais parcouru rapidement hier me semblait intéressant. Snif!
.
J'étais venu hier, assez tard pour lire tous les posts proposés. Puis, j'ai dû me résoudre à éteindre l'ordinateur...
Là, j'arrive, pas mal de messages ont été édités pour être effacé.
Je peux comprendre la volonté d'oblitérer un contenu. Mais c'est bien dommage.
Le minimum de ce que j'avais parcouru rapidement hier me semblait intéressant. Snif!
.
Dernière édition par higeekomori le Lun 15 Juin 2020 - 8:54, édité 1 fois (Raison : correction orthographique)
higeekomori- Messages : 3165
Date d'inscription : 20/03/2015
Re: Faire avec son passé
Marya a écrit:Il semblerait que tu sois tombé.e trop tard pour lire ce sujet.
C'est donc avec enthousiasme que je te souhaite une excellente promenade sur le reste du forum
L'enthousiasme
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum