Dimanche dernier j'ai ressuscité

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 03:48

Bonjour à toutes et à tous. Mon titre est un petit peu pompeux et c'est une métaphore pour décrire l'impression de ce que j'ai vécu le week end dernier. En réalité cette expérience fut infiniment plus intense que la somme de toutes mes expériences vécues. Je n'ai pas de mots pour décrire exactement ce qui s'est passé mais je ressens le besoin d'en parler, de chercher un début d'explication, de comprendre la portée de ce que j'ai vécu et ressenti. J'ai provoqué ce qui m'est arrivé en prenant une énorme quantité d'ayahuasca, une potion hallucinogène extrêmement puissante utilisée depuis des millénaires en amazonie. Je ne vous décris pas la substance ni ce qu'elle est supposée faire, ceux qui ne connaissent pas peuvent aller lire sur le sujet. J'avais préparé ce voyage depuis plusieurs semaines, suivi une diète spéciale pour maximiser mon expérience et j'avais beaucoup de raisons de le faire à ce moment de ma vie, mais jamais rien n'aurait pu me préparer à vivre ce qui s'est produit. Je vais donc vous raconter ce que j'ai vécu ce week end, comme je l'ai vécu sur le moment, je suis encore très loin de pouvoir expliquer rationnellement cette expérience mais j'y travaille.

Le samedi 2 mars 2019 débutait donc ma première expérience avec l'ayahuasca après dix jours de préparation consistant en un régime à base de riz et de légumes sans assaisonnement et d'eau, ainsi qu'un exercice physique régulier. J'ai pris mon dernier repas samedi midi. A 20h je décide que le moment est venu de procéder à un premier essai en laissant infuser une très petite quantité de plantes. Après deux heures de relaxation, vers 22 heures je bois la tisane au goût amer mais supportable car légèrement concentrée. Je m'allonge à la lueur de quelques bougies. Environ 30 minutes plus tard je ressens une sorte de chaleur aussi intense que réconfortante émanant du centre indéterminable de ma conscience, se diffusant dans tout mon corps. L'intensité croit tout doucement. Les idées jaillissent dans ma tête, comme si j'avais accès de loin à davantage de possibilités, de probabilités, mais tout reste sous contrôle. Les heures passent, à quatre heures du matin environ les effets se sont en grande partie estompés sans que je n'aie vraiment pu « percer le voile de ma conscience ». Je me sens bien, à peine fatigué, et je décide de procéder à l'expérience réelle la nuit suivante.

Le dimanche 3 mars à 19h, a jeun je bois une dose qui s’avérera bien plus importante que je ne l'avais estimée, peut être trente fois au moins supérieure à la veille. Je me dis que tout se passera bien, mis en confiance par le test de la veille. Je m'allonge dans le noir. Je commence d'abord par ressentir la même chaleur que la veille, mais beaucoup plus intense. J'étais partagé entre un sentiment de bien être absolu et l'angoisse d'une situation sur laquelle je n'ai manifestement aucun contrôle. Puis j'ai commencé à ressentir des distorsions dans le temps et l'espace, à distinguer des formes en plusieurs dimensions à l'intérieure de ma conscience, avec une netteté infiniment plus précise que ce à quoi mes yeux m'ont habitué. Je me met à gesticuler de façon incontrôlée mais en même temps très synchronisée et précise. Je suis en transe et j'exécute des gestes que je ne décide pas, je me saisis de choses émanant de mon corps et de ma tête que j'expulse au loin. Je ne perçois que ma voix marmonnant dans un silence de mort et j'assiste à la scène plus que je n'y participe. Puis je reviens brutalement avec une soudaine envie de vomir. Je me précipite sur le sceau que j'avais mis à ma disposition et expulse tout le contenu de mon estomac dans un bruit épouvantable. Je ressens beaucoup plus de choses sortir à cet instant qu'il n'y a de liquide. Lorsque je repose le sceau, tout ce que j'entends produit un écho. Les sons sont aussi plus forts, pas assourdissants car mes oreilles sont épargnées, l'intensité ressentie de chaque son est phénoménale. J'entends aussi des fréquences très aiguës qui crépitent, comme si la perception du temps altérée me faisait entendre les moindres variations des ondes sonores. Je ressentais une énergie électrisante émanant de ma peau vers tout ce qui entrait en contact avec moi, visqueuse et crépitante à la fois. Je me souviens m'être levé à ce moment là puis m'être immédiatement recouché pour éviter de tomber. Je me suis dit à cet instant qu'il ne fallait pas que j'essaye de contrôler ce qui se passait mais qu'il fallait toutefois que je reste à l'endroit le plus sûr de mon appartement pour apprécier ce voyage. Je me suis alors allongé confortablement et ait essayé de me détendre. J'ai commencé à oublier qui j'étais, à me demander pourquoi j'étais là. C'est alors que j'ai eu une réponse dont je n'ai pas perçu sur le moment la portée de la signification. A cet instant la chaleur dans ma conscience s'est ravivée et tout mon corps s'est mis à onduler selon une séquence cyclique de gestes que je percevais comme extrêmement synchronisés. Cette ondulation bien précise autour de cette chaleur bienveillante était à cet instant ma seule raison d'être, la seule chose qui me définissait. Les gestes sont devenus de plus en plus amples et incontrôlables, c'est alors que ma conscience primaire a ressurgi pour se débattre et sortir de cette spirale. Puis j'étais assis, la conscience fragmentée en plusieurs fils distincts et simultanés. J'avais encore conscience de mon ego mais je ne savais pas ce qui m'arrivait. Je ne savais plus pourquoi ça m'arrivait. J'avais seulement l'impression que toute ma vie, tous mes choix passés m'avaient menés à cet endroit précis de l'espace et du temps où je recevais une sorte d'achèvement avec une illumination grandiose. J'avais la sensation très forte que quelque chose entrait en communication avec ma conscience, quelque chose d'incommensurable et d'éblouissant. Sur le moment j'étais toujours partagé entre l'extase absolue de vivre une telle expérience, et l'angoisse que cela pouvait impliquer dans mon existence future.

J'ai alors commencé à me poser des questions et j'obtenais instantanément une réponse sous forme de sensation de plénitude. J'entrais à nouveau dans une sorte de boucle entre question et réponse, néant et tout, possibilités et réalité. Ma conscience oscillait en permanence entre un centre lumineux et une spirale de questions et d'idées qui convergeaient toutes vers ce centre. Puis je me suis senti aspiré doucement hors de mon corps. Je n'avais pas conscience de ce qui se produisait exactement dans mes sensations mais quelque chose me disait que mon existence était compromise, que je vivais mes derniers instants. Je me suis dit que c'était dommage de finir comme ça mais que vu la situation il était clair que je n'y pouvais pas grand chose, que c'était visiblement le moment le plus important de mon existence et que je n'avais plus qu'à y faire face sans lutter. Des éléments de ma vie passée ressurgissaient par vague, mes angoisses, mes questionnements, mais aussi des aspects positifs. Et sur le haut de la vague je me sentais aspiré vers cette lumière laiteuse dans un élan émotionnel indescriptible. Puis revenaient ma vie passée et mes questions avec en second plan la sensation que quelque chose me parlait sans que je l'entende, comme un autre étage de conscience auquel je n'ai pas accès en tant qu'individu. Cette entité semblait me dire « tu veux vraiment savoir ? », puis j'étais projeté vers ce centre d'un blanc laiteux éclatant avec le sentiment « VOILA POURQUOI » accompagnant une explosion de toutes les émotions imaginables et au delà d'une intensité démentielle. Et cette boucle tournait de plus en plus vite, de plus en plus fort, comme une sorte de lave-linge cosmique dans un vacarme de plus en plus écrasant, et soudain, j'ai senti le voile de ma conscience et de mon ego se déchirer comme une feuille de papier. Il ne restait plus que cette blancheur éclatante, laiteuse englobant toutes les dimensions, où commençaient à apparaître les méandres de spirales en fractales d'un noir tout aussi éblouissant que la blancheur qu'il contrastait. J'étais comme en partie happé par les spirales se déployant tout autour, puis systématiquement renvoyé au centre lumineux. Les fractales sont rapidement devenues de plus en plus complexes et le rythme auquel j’oscillai entre le centre absolu et l'infini alentour s’accélérait. Sur le moment j'ai eu le sentiment d'avoir toujours été là plus où moins, que je ne faisais pas qu'y passer mais que j'y retournai d'une certaine manière. Je me demandai si telle était ma réelle existence au delà de ma vie, si je n'en avais eu qu'une seule et pourquoi, si j'allais rester sous cette forme pour l'éternité. Les oscillations on continué d'accélérer pour atteindre un rythme effréné. Tout se résumait à une pulsation provoquant un bruit très particulier qui tournait en boucle, avec une fractale infinie se déployant et se repliant sur elle même indéfiniment. A cet instant il était clair que tout ce qui existait était résumé à cette pulsation, y compris moi même. J'étais l'expérience de cette pulsation infinie entre le tout et le néant, l'acceptant totalement.

J'ai retrouvé mes esprits vers 22 heures, de façon assez subite, comme si j'avais été réintégré dans mon corps là où je l'avais laissé, sans séquelles, avec le souvenir exact de ce qui m'avait semblé durer une éternité. J'étais à la fois d'une sérénité totale et dans un état de sidération absolue. Je n'arrivais pas du tout à rationaliser quoi que ce soit. J'étais sur d'une seule chose, c'est que jamais le langage serait en mesure de décrire cette expérience, et c'est effectivement le cas. En le formulant j'ai été amené à faire des choix, des compromis entre les expressions pour tenter d'évoquer ce que j'ai vraiment vécu et ressenti, mais c'est impossible. Les émotions étaient d'une amplitude inimaginable. La réponse que j'obtenais à toute les questions est aussi inconcevable qu'évidente lorsque je la recevais. Je n'aurais jamais pu être préparé à une telle expérience, pas avec une telle dose absorbée en une fois. Depuis mon retour, tout a changé pour moi. Mes sensations corporelles ont changé, je me sens plus vivant mais aussi moins humain, beaucoup plus détaché de mes problèmes personnels et de mes préoccupations habituelles. Je ne ressens plus l'ennui ou le besoin de me distraire, je peux rester des heures immobile à simplement profiter du simple fait de respirer. Mes pensées, notamment négatives, ne m'assaillent plus en permanence, toute ma réflexion est occupée à essayer d'intégrer cette expérience dans mon vécu et dans une conception nouvelle de l'existence. Je me suis débarrassé d'énormément d'angoisses et de séquelles traumatiques liées à mon enfance aussi. J'étais sujet à des pulsions autodestructrices, voir suicidaires. J'ai aujourd'hui l'impression d'avoir largement satisfait ces pulsions mais surtout qu'elles étaient ridicules, m'autodétruire me paraît désormais impensable. Je travaille mieux, de façon plus organisée et méthodique. Je ne stresse plus, je m'endors très bien, presque sur commande alors que j'ai presque toujours été insomniaque. Il n'y a pas que du positif, loin de là, car même si je sais exactement qui est la personne que j'ai toujours incarné, j'ai aujourd'hui du mal à m'y identifier. Mes amis me trouvent changé, certains sont inquiets car j'ai l'air triste (alors que je n'ai au contraire jamais été serein), que je ne parle plus, que je n'interagis plus. Je suis encore complètement bouleversé par tout ça et c'est vrai que je n'arrive pas à penser à autre chose. Je ne sais pas combien de temps dureront ces changements mais clairement plus rien ne sera comme avant.

J'ai toujours été quelqu'un de très terre à terre, avec une idée assez ouverte de la spiritualité, mais sans croyances affirmées. Je crois que c'est ce dernier détail qui m'a évité de perdre totalement la boule car si il y a bien une chose dont je suis sur, c'est que les humains sont dans leur très grande majorité totalement incapables de concevoir ce qui se passe au delà de notre conscience. Aucune religion n'a jamais effleuré ne serait-ce qu'une approximation d'idée des choses dont j'ai été témoin de l'autre côté. Ce que j'ai vécu était beaucoup trop intense pour n'être qu'une simple hallucination provoquée par une plante exotique random. D'ailleurs la DMT (principe actif de l'ayahuasca) serait synthétisée en très petite quantité par la quasi totalité du vivant. Comme une clé permettant d'ouvrir d'autres étages de consciences plus ou moins collectifs. Le simple fait que ce potentiel existe dans nos cerveaux devrait à mon avis, surtout par les temps qui courent où l'humanité a fait sécession avec le reste du vivant, constituer une priorité pour la recherche scientifique. Il est juste impossible que le pouvoir de cette molécule soit juste une curiosité de la nature arrivée là par hasard et qu'il conviendrait d'ignorer ou de diaboliser. Je dirais même que selon moi elle est notre seule chance d'évoluer vers quelque chose de plus intelligent. J'ai vraiment l'impression de nager en plein roman de science-fiction depuis une semaine, mais vraiment je ne peux pas vivre et penser comme si il ne s'était rien passé, comme si je n'en savais pas davantage qu'avant.

Je suis à peu près sur qu'il y en a parmi vous qui ont essayé ce breuvage, qui en savent plus que moi sur le sujet, qui ont eut être vécu la même chose, voir qui sont capable de l'interpréter et de l'expliquer. J'ai besoin d'échanger là dessus, explorer cette voie est devenue une priorité pour moi.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 08:58

Normalement, l'ayahuasca se prend accompagné d'un chamane, un guide. C'est une substance puissante qui peut s'avérer dangereuse si prise sans contrôle. D'ailleurs tu ne maîtrises pas les dosages comme tu l'as dit.
Je te conseillerai, si tu souhaites renouveler ton expérience, de le faire en compagnie de quelqu'un de confiance, familiarisé à cette expérience au minimum.
(Pour précision, je n'en ai pas pris, j'y ai déjà pensé, certains de mes amis en ont fait l'expérience, cette perte de "contrôle" me fait encore trop peur)

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 10:08

Merci pour cet excellent retour objectif et absolument clair qui fait écho en moi bien que je n’ai pris aucune matière de ce type (je ne fume même pas). Enfant, dans mon sommeil j’avais ces spirales qui venaient m’environner et osciller tout autour de moi suivant une vitesse de plus en plus grandissante. Je les tolérais jusqu'à une certaine vitesse après quoi je m’affolais en me réveillant terrifiée. A mes parents qui m’interrogeaient j’évoquais une somme de routes qui se croisaient. C’est la sensation de rester prisonnière de cette géométrie variable qui me convainquait de me réveiller.
Je suis généralement d’une nature plane. Je dors sans problème et vis ma vie sans donner aux difficultés qui surgissent des dimensions énormes. Je pourrais également rester des heures dans une totale inactivé à profiter du présent, sans verser dans le rêve ou la méditation (sur laquelle je ne possède rien en terme de connaissance). Berf, sans user de substances j’approche les états que tu décris. Je suis par ailleurs très sensible à toute médication. Lors d’une d’elle en perdant connaissance j’ai revu ces oscillations et ces couleurs végétant dans un état de ravissement extrême au point de me réveiller en m’exclamant « whaouuu ! ».
Aussi il existe des substances qui aident (les SS et soldats allemands étaient dopés à la méthamphétamine), je pense que cela se pratique encore de nos jours chez les troupes dites d’elite (Je le suppose). Je pense aussi que le but de nos gouvernants n’est pas de nous donner le bien être à son extrême devant nous contraindre à tant de choses désagréables.
Je dis tout cela sans rien connaître de ces substances et d’ailleurs, je ne serais pas réfractaire pour tenter sous couvert ce genre d’expériences.
Pour finir, c’est à toi peut etre d’assumer désormais tes changements, de favorablement tirer partie de cette expérience sans toutefois tenter de la renouveler tirant les ressorts de ton existence en toi désormais plus qu’au travers de ces substances délicates.
Merci encore pour ton témoignage.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 13:21

Saxifrage* a écrit:Normalement, l'ayahuasca se prend accompagné d'un chamane, un guide. C'est une substance puissante qui peut s'avérer dangereuse si prise sans contrôle. D'ailleurs tu ne maîtrises pas les dosages comme tu l'as dit.
Je te conseillerai, si tu souhaites renouveler ton expérience, de le faire en compagnie de quelqu'un de confiance, familiarisé à cette expérience au minimum.
(Pour précision, je n'en ai pas pris, j'y ai déjà pensé, certains de mes amis en ont fait l'expérience, cette perte de "contrôle" me fait encore trop peur)

Cette expérience m'appris notamment que la normalité était un concept très artificiel. C'était un choix délibéré de le faire seul et si c'était à refaire je le referais seul. Je ne dis pas que c'est mieux de le faire seul et je déconseillerai à quiconque de le faire dans ces conditions, mais pour moi c'est ainsi que ça s'est imposé. Je ne pense pas qu'il soit judicieux d'être accompagné d'un chaman pour faire cette expérience, et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce que chaman ne veut plus rien dire. La culture occidental a complètement vidé le terme de son sens pour en faire une sorte de guide spirituel mystique et éclectique doté d'un pouvoir et d'une connaissance ancestrale sur le monde des esprits. Cette vision romantique et folklorique, souvent réconfortante pour l'imaginaire collectif occidental, est en fait apparue très récemment. La nature du chamanisme tel qu'il est décrit dans les recherches de nombreux ethnologues n'a rien à voir avec cette conception de guide spirituel. En effet, le seul rôle du chaman dans les cultures dites "chamaniques" est de soigner le corps physique (ou de le blesser, car en amazonie les chamans sont souvent en conflit). L'ayahuasca n'est pas un breuvage médicinal à proprement parlé pour les chamans authentiques (pas les autoproclamés), mais une source de connaissance permettant notamment de détecter les maladies et de deviner le remède, mais aussi d'espionner les ennemis le cas échéant. Les chamans n'existent que dans les populations qui pratiquent cette culture en désignant en leur sein des individus prédestinés pour ce rôle. Le seul moyen de suivre une cérémonie chamanique avec l'ayahuasca qui ne soit pas une parodie mise en scène par un charlatan aurait été de partir en amazonie à leur rencontre. Trop d'occidentaux font ça, le bilan carbone d'un tel tourisme me donne le vertige, pour moi c'était hors de question.

J'aurais pu le faire en compagnie d'un "guide" dans le sens de quelqu'un qui connaît et qui aurait pu être capable d'encadrer l'expérience pour la sécuriser, sans chercher à l'orienter. Mais je ne connais personne qui aurait pu endosser ce rôle. J'aurais aussi pu demander à une personne de confiance juste d'être là au cas où pour me surveiller mais j'avais peur que ce soit cette personne qui panique en assistant à ma transe et j'ai bien fait car je crois que ça devait être vraiment spectaculaire et qu'une personne normale aurait complètement paniqué. Faire l'expérience seul s'est donc imposé comme le choix le plus logique pour moi, ce qui ne veut pas dire que je ne me suis pas préparé. Je me suis énormément documenté les semaines qui ont précédé l'expérience. C'est aussi délibérément que j'ai pris une dose très forte, même si rétrospectivement je crois que j'aurais préféré une dose plus réduite pour ne pas totalement perdre le contrôle, d'un autre côté je me dis que j'ai eu bien plus que ce que j'espérais en procédant de la sorte.

En fait je ne pense pas que l'ayahuasca soit dangereuse en soi. Ce qui peut être dangereux c'est l'effet de ce qu'elle dévoile à des esprits qui ne sont pas en mesure de l'accepter. Enfin il y a tout de même un danger à boire ce truc si on a des problèmes cardiovasculaires, ou si l'on a pas suivi un régime sans tyramine quelques jours auparavant. Il y a aussi bien évidemment le risque de "rester perché" et clairement on reste perché après une telle expérience. Mais perché par rapport à quoi exactement? En ce qui me concerne je suis resté perché par rapport à la pensée matérialiste dominante et je le vis plutôt bien, j'ai plutôt l'impression d'être redescendu dans le réel justement.

J'ai décidé d'en reprendre, mais pas tout de suite, il faut que je laisse passer plusieurs mois et que je me prépare beaucoup mieux. Je le referais seul, c'est une certitude, mais avec des doses beaucoup moins importantes. Je n'ai pas envie d'être initié au chamanisme, je ne fais pas ça dans une démarche de guérison. Je le fais car je ressens le besoin d'explorer, de comprendre et de repousser l'horizon de ma conscience. Je veux apprendre par l'expérience avant de peut être tenter des expériences collectives un jour. Nous sommes tous aptes à vivre ces choses là, le potentiel est dans notre cerveau et nous appartient à tous. Les chamans sont juste des gens qui vont et viennent dans ces états de conscience pour divers raisons et qui donc bénéficient d'une expérience qui peut être rassurante, mais la spiritualité n'a pas besoin de guide à mon avis, bien au contraire.

izo a écrit:Merci pour cet excellent retour objectif et absolument clair qui fait écho en moi bien que je n’ai pris aucune matière de ce type (je ne fume même pas). Enfant, dans mon sommeil j’avais ces spirales qui venaient m’environner et osciller tout autour de moi suivant une vitesse de plus en plus grandissante. Je les tolérais jusqu'à une certaine vitesse après quoi je m’affolais en me réveillant terrifiée. A mes parents qui m’interrogeaient j’évoquais une somme de routes qui se croisaient. C’est la sensation de rester prisonnière de cette géométrie variable qui me convainquait de me réveiller.
Je suis généralement d’une nature plane. Je dors sans problème et vis ma vie sans donner aux difficultés qui surgissent des dimensions énormes. Je pourrais également rester des heures dans une totale inactivé à profiter du présent, sans verser dans le rêve ou la méditation (sur laquelle je ne possède rien en terme de connaissance). Berf, sans user de substances j’approche les états que tu décris. Je suis par ailleurs très sensible à toute médication. Lors d’une d’elle en perdant connaissance j’ai revu ces oscillations et ces couleurs végétant dans un état de ravissement extrême au point de me réveiller en m’exclamant « whaouuu ! ».
Aussi il existe des substances qui aident (les SS et soldats allemands étaient dopés à la méthamphétamine), je pense que cela se pratique encore de nos jours chez les troupes dites d’elite (Je le suppose). Je pense aussi que le but de nos gouvernants n’est pas de nous donner le bien être à son extrême devant nous contraindre à tant de choses désagréables.
Je dis tout cela sans rien connaître de ces substances et d’ailleurs, je ne serais pas réfractaire pour tenter sous couvert ce genre d’expériences.
Pour finir, c’est à toi peut etre d’assumer désormais tes changements, de favorablement tirer partie de cette expérience sans toutefois tenter de la renouveler tirant les ressorts de ton existence en toi désormais plus qu’au travers de ces substances délicates.
Merci encore pour ton témoignage.

En fait tu as déjà, comme tout le monde, goûté aux effets de la DMT, qui sont ceux que tu décris. La DMT est sécrétée par notre cerveau de façon normale, en particulier lorsque nous rêvons. C'est une sorte de passe partout de la conscience qui est commun à tout le vivant. Le moment où notre cerveau relache le plus de DMT, c'est lorsque nous mourrons. Il a été d'ailleurs montré qu'il y avait un lien évident entre les expériences sous DMT et les expériences de mort imminente. L'ayahuasca que j'ai ingéré c'est ni plus ni moins qu'une tasse de DMT.

Je pense qu'il est possible de façon normale de ressentir les effets de notre propre DMT, de façon assez déroutante, sans doute que cela peut se travailler aussi. En revanche, et là je suis catégorique, c'est totalement impossible de ressentir ce que j'ai ressenti sans prise d'ayahuasca. C'était beaucoup trop intense. Même les psychédéliques plus faibles comme la psylocine ou le LSD induisent déjà des états de conscience que notre cerveau est physiologiquement incapable de produire seul, et la comparaison entre le LSD (qui est déjà très puissant) et l'ayahuasca revient un peu à mon avis à comparer une trottinette avec la fusée ariane. On peut être tenté de se dire "oh moi je suis sur que je peux avoir les mêmes effets que les psychédéliques sans en prendre, juste avec le seul pouvoir de mon introspection". Mais c'est un leurre, c'est l'ego qui se flatte, d'autant que dans notre culture, il n'y a aucune différence entre les psychédéliques et les drogues psychotropes, alors le fait d'explorer la conscience au travers de substances exogènes, quand bien même elles existaient bien avant l'humanité et n'ont pas été inventées, subit une connotation négative, moins valorisante que des choses telles que la méditation, qui n'a pourtant strictement rien à voir et ne sert pas du tout à la même chose.

Concernant la métamphétamine, il ne s'agit pas d'un psychédélique. Cela n'agit pas du tout sur le cerveau de la même manière, ce n'est absolument pas comparable. Contrairement aux drogues les psychédéliques ne créent pas de dépendance, pas de phénomènes d’accoutumance et ne sont pas toxiques même à forte dose. Tous les psychédéliques connus existent dans la nature et la DMT est le plus puissant de tous car c'est celui qui correspond parfaitement aux récepteurs qui déclenchent les effets dans notre cerveau (qui sont les mêmes recepteurs engagés par la psylocine, le LSD ou la mescaline). On ne peut en théorie pas synthétiser de psychédélique plus puissant que la DMT. Effectivement je pense aussi que si la DMT est prohibée (ce qui est absurde car c'est une molécule que nous synthétisons tous), c'est qu'elle représente en soi, comme les autres psychédéliques, un risque pour l'ordre établi. Un risque d'une population trop libre et éveillée qui ne permet plus de faire tourner la machine. Cette prohibition, cette diabolisation des modificateurs de l'état de conscience, prennent à mon avis leurs racines dans les origines de la civilisation impériale et religieuse, mais c'est sans doute un vaste débat!

Je ne vois pas trop pourquoi chercher en moi les ressorts de mon existence après une expérience qui m'a au contraire dissocié de mon ego et rapproché d'une sorte de communion avec le cosmos. J'ai l'impression d'être bien plus que simplement l'individu que j'ai pris l'habitude d'incarner. Je ne vois pas ce que ces substances ont de délicat. Je vois pourquoi elles aspirent la crainte, ça c'est évident vu leur pouvoir, mais je vois aussi qu'elles existent. On peut faire les autruches et se dire qu'elles existent pour que nous ayons à nous en priver, mais pourquoi ne pas dire cela de l'eau et de la nourriture? Je pense que le vivant est en crise, une crise que notre espèce a déclenché en se coupant trop longtemps d'une réalité qui est bien présente avec nous, en nous mais pas que. C'est parce qu'on nous a appris à nous méfier de certains aspects de la réalité qu'on croit par exemple dur comme fer en la réalité d'un concept comme celui de la nature par exemple, opposé à la culture. Nous avons trop appris, des choses qui n'ont pas lieu d'être, qui n'ont aucun intérêt pour l'épanouissement de la vie, voir qui la compromettent à grande échelle. Nous avons un besoin urgentissime d'intelligence et d'humilité, et je pense que l'intelligence c'est la capacité à changer. Je pense désormais que l'humanité a besoin de redescendre de son piédestal artificiel, d'accepter qu'elle ne sait rien et a tout à apprendre du vivant. Utiliser les clés à disposition autour de nous pour expérimenter les différents niveaux de notre conscience me semble beaucoup plus sage que l'attitude consistant à décréter qu'en tant qu'individu on vaut mieux que ça et qu'on est largement à la hauteur du défi sans aucune aide extérieure, juste en faisant des efforts. La vie est toujours partisane du moindre effort, son humilité vis à vie d'elle même est totale.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 16:38

tu sais quoi, je ne vois aucun argumentaire à opposer à ton propos. J'ignorais pour le DMT que nous produisons et dont nous pouvons apprécier l'effet ainsi. Je ne disais pas pouvoir approcher l'état atteint suite à la prise de l'ayahuasca, je m'étonnais du souvenir laissé longtemps après par ces expériences vécues enfant pendant mon sommeil. Je m'interroge donc sur les réticences envers toute substance. Des essais d'usage ont été réalisés notamment l'administration de psilocybine dont les effets néfastes n'ont pas été relevés.
je pense aussi qu'on ne désire pas une population trop éveillée, prompte à se saisir d'elle même.
Quant à mon propos sur les ressorts de ton existence où puiser la suite, c'était une manière de dire que peut être cet état pouvait se travailler par soi même sans avoir recours à la substance que je dis délicate car elle l'est du fait de son dosage et de son approche. Une intelligence aiguë est requise en effet envers soi pour en user, pour en faire un usage décisif au sens de clé en effet.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 19:05

C'est clair qu'il est possible de travailler sur soi même pour modifier notre état de conscience. J'en suis convaincu et d'ailleurs depuis le week end dernier cela me semble plus facile, j'ai l'impression d'avoir une réelle prise notamment sur la conscience de mon corps physique que j'arrive à éteindre presque sur commande, très pratique pour m'endormir ou me relaxer. J'arrive aussi à laisser mes émotions couler sans être affecté et générer un stress inutile, à relativiser mes problèmes prosaïques à l'extrême. Clairement dans mon cas j'ai subi une modification de mon cerveau qui a ouvert des possibilités qui auraient sans doute pris énormément de temps et de travail par un autre moyen.
Je pense que le gros danger de la DMT sur le plan psychologique c'est la destruction de l'ego, l'anéantissement des conceptions traditionnelles de l'existence et des croyances qui volent toutes en éclat passé une certaine dose. Dans mon cas je ne croyais en rien et j'étais totalement ouvert à ce que j'allais potentiellement apprendre, donc cela n'a généré aucun conflit existentiel, je me pose moins de questions, ou du moins je me les pose différemment. Si j'avais été croyant au sens de définir en partie mon identité par mes convictions, ça aurait été sans doute beaucoup plus dur d'encaisser le choc. D'où à mon avis l'importance d'ancrer une telle expérience dans un processus plus long d'éveil de la conscience par étapes.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 19:30

A moins que le DMT ait un effet polarisant, devenant pour un croyant une drogue enthéogène. Ensuite la destruction de l'égo si elle a lieue ne me pose personnellement pas tant de problème que cela, parce que tout dépend de ce que l'on met dans l'égo. Actuellement ce que l'on y met me déplait beaucoup tant il est indigent et intrinsèquement inapproprié à la personne qu'elle sert tant en effet il ne le la respecte pas dans la mesure où il est fait d'exigences issues du groupe (au possible détriment de l'individu qui est alors soumis à des pressions contre-natures qui expliquent le mal-être ambiant). Ceci pourrait-on dire est un autre débat, je n'en suis pas si sûre. On devrait nous apprendre à nous approcher intimement plutôt que par le biais du collectif. Seulement nous armer ainsi est pressenti comme une menace.....


Dernière édition par izo le Sam 09 Mar 2019, 20:09, édité 1 fois

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Dimanche dernier j'ai ressuscité  Empty Re: Dimanche dernier j'ai ressuscité

Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 19:38

Un merveilleux instant présent.

Dans sa misère ou dans sa richesse, la vie est une expérience.

Merci de ce partage.

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Dimanche dernier j'ai ressuscité  Empty Re: Dimanche dernier j'ai ressuscité

Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 20:37

izo a écrit:A moins que le DMT ai un effet polarisant, devenant pour un croyant une drogue enthéogène. Ensuite la destruction de l'égo si elle a lieue ne me pose personnellement pas tant de problème que cela, parce que tout dépend de ce que l'on met dans l'égo. Actuellement ce que l'on y met me déplait beaucoup tant il est indigent et intrinsèquement inapproprié à la personne qu'elle sert tant en effet il ne le la respecte pas dans la mesure où il est fait d'exigences issues du groupe (au possible détriment de l'individu qui est alors soumis à des pressions contre-natures qui expliquent le mal-être ambiant). Ceci pourrait-on dire est un autre débat, je n'en suis pas si sûre. On devrait nous apprendre à nous approcher intimement plutôt que par le biais du collectif. Seulement nous armer ainsi est pressenti comme une menace.....

Oui la DMT peut avoir un effet enthéogène sans doute, mais je pense qu'à très forte dose les visions sont tellement inconcevables qu'elles forcent à une humilité totale consistant en tous cas dans mon cas à me rendre à l'évidence qu'il y a des choses que la cognition humaine n'est pas en mesure de comprendre même lorsque cette chose est si évidente qu'elle semblait l'être. Et qu'en conséquence, quiconque prétend savoir ce qui se passe vraiment est dans l'erreur totale ne serait-ce que de se penser capable de savoir. Le dosage est déterminant pour la nature du trip, ce week end là j'ai expérimenté une très faible dose et une dose massive le lendemain. Seul le tout début de l'expérience était comparable.

Ce que j'entends par ego c'est ni plus ni moins que l'identification de soi, au sens très large. Dissociation de l'ego veut dire qu'on n'est plus en mesure de se concevoir en tant que personne, que tout ce qui fait notre identité à laquelle nous sommes habitué est de fait totalement dérisoire. C'est ce que j'ai ressenti lorsque j'ai cru que j'étais en train de mourir et que j'étais emmené ailleurs. Mon niveau de conscience me permettant de m'identifié à moi même en tant qu'individu a laché, j'avais toujours une conscience mais j'étais incapable de la rattacher à une enveloppe physique ou à une histoire vécue. Dit comme ça ça peut sembler assez effrayant mais lorsqu'on le vit c'est au contraire une sensation d'apaisement et de plénitude qui domine. Je n'ai pas une conception péjorative de l'ego, je pense qu'il peut poser des problèmes dans certains cas, comme dans le mien par exemple. Depuis toujours j'étais entravé par un auto-jugement qui me pourrissait la vie et qui était directement lié à mon passé. En vivant cette expérience j'ai l'impression d'avoir remis des choses en place et de m'être débarrassé de beaucoup de poids.

Maintenant j'ai l'impression de devoir me reconstruire une conception nouvelle de l'existence, de l'univers, de la vie, faite non pas de savoir empirique sur des notions qui dépassent totalement les facultés de notre cognition, mais assumant l'interprétation et les métaphores. Le modèle que j'imagine actuellement est le suivant:

Il y a un dualisme originel. Je n'y croyais pas avant, je pensais à une réalité bien plus complexe et multiple qu'un dualisme primaire, mais en fait ce n'est pas incompatible, exemple avec le langage numérique binaire qui ouvre un potentiel infini de possibilités. On est tenté de donner une symbolique à ce dualisme, comme le bien et le mal, le tout et le néant, etc... Il me semble évident qu'il y a une opposition forte et violente entre ces deux pôles, bien visibles dans mes visions qui étaient en grande partie faites de noir et de blanc. La manière dont je vois ce dualisme aujourd'hui consiste en deux forces qui s'oppose. Une force de conservation, qui permet aux choses d'exister, de perdurer de façon physique et métaphysique, et une force de création qui permet à l'univers de s'auto-créer spontanément à partir d'une infinité de possibilités et par le biais de différents procédés comme la vie. Je ne crois plus du tout en une séparation stricte entre le vivant et le non vivant mais je conçois pleinement une continuité entre le minéral, le végétal, l'animal, les idées, la technologie, le tout sous tendu par ce qu'on pourrait appeler "l'esprit" dont nous avons péniblement conscience de la nature exacte avec notre conscience individuelle qui n'a accès à chaque instant qu'à une partie ridiculement infime du cosmos. Je pense que la vie est en permanence partagée entre force de conservation, exprimée par notre mémoire et permettant la stabilité, la continuité de l'existence, la paix par le néant dans le sens d'absence de possibilité spontanée, et la force de création qui perturbe l'ordre établi des choses en permanence en enrichissant l'univers de nouveautés. Ces deux forces sont indispensables à l'épanouissement de la vie car la première permet à l'univers d'exister en lui donnant conscience de lui même par sa continuité, quand la première lui permet d'exister en évoluant vers toujours plus de complexité et de diversité des possibilités. Je ne crois toujours pas en une entité créatrice dont l'univers serait l'oeuvre planifiée. Je pense que l'humanité n'est qu'un bourgeon au sein d'une arborescence infiniment complexe et qu'au sein de chaque individus et sociétés d'individus, on retrouve cette lutte entre conservation et création. J'aurais tendance personnellement à pencher pour l'idée que nous sommes en déficit de créativité et que notre survie est menacée à cause de notre inertie conservatrice, que notre rôle devrait être de participer de toutes nos forces à l'élan créateur du vivant et de l'univers, non pas contre mais avec eux. Bon c'est encore un peu brouillon dans ma tête encore mais les idées foisonnent et changent d'heure en heure alors je suis très ouvert à la discussion car la seule chose dont je suis sur c'est que je ne suis sur de rien.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 20:53

vbgass a écrit: la seule chose dont je suis sur c'est que je ne suis sur de rien.

Oui, c'est cela quand l'ego recule pour laisser voir cette constante incertitude environnante, sans paniquer, sans intermédiation de sa part. Ce sont aussi les nuances qui s'insèrent partout, nous privant de ces repères très simples que nous avons pris "l’habitude" d'aménager et qui s'offrent à nous comme de véritables "ouvrants" sur la vie. Il y a un mot en anglais que j'apprécie à cause de son double sens : light, qui signifie à la fois "léger" et "lumière". Il peut résumer l'identité humble qui pourrait nous servir tout au long de notre vie.

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Message par Invité Sam 09 Mar 2019, 22:24

Il y a un livre que j'ai beaucoup aimé, c'est le Serpent cosmique, l'ADN ou les origines du savoir qui parle de drogues utilisés par les Chamans et plus particulièrement de l'ayahuasca.

Je n'en ai jamais (encore) pris. Je ne sais pas vraiment si un jour je le ferais, mais si c'est le cas, je m’entourerais des meilleures conditions et avec quelqu'un, parce que je suis particulièrement sensible aux drogues.
Trois bouffées de weed et me voilà parti dans un dedans-dessous, et que je m'estime déjà chaman.
Les angoisses j'ai conu, et je n'ai pas (quand même) hésité à réitérer ces expériences, parce que ce qu'elle m'apportait était indescriptible.
Ce n'est pas vraiment tout à fait comme tu le décris pour ma part (et puis ce n'était pas tout à fait la même drogue), mais je comprends ces prises de consciences, ces "je me meurs", ces changements, et le monde différent.
Moi c'était plutôt d'un ordre philosophique, méditative qui m'ouvrait sur des stupeurs, des étonnements, des prises de conscience comme jamais, des effarements etc..
Du coup pour l'ayahuasca, et connaissant ma sensibilité, je préfère si il arrive d'en prendre, de ne prendre aucun risque.

Comme toi j'ai changé, pas en une seule prise, pas comme ça du jour au lendemain, pas seulement a cause de la drogue, mais je dois avouer qu'elle m'a certainement aidé.
J'aime bien quand tu dis que tout le monde ne peut pas le vivre aussi bien, que selon la somme des préjugés, de nos attaches conventionnelles etc.. le choc peut-être dur.
Je pense la même chose, il y a des gens qu'une angoisse peut détruire, où la vie psychique peut être vraiment mise en danger.
J'aime bien parce que je crois que comprendre ça, ça apporte un peu plus de douceur dans notre volonté.
Parfois je me demande si il faut être cruel, bref.

Je ne sais pas si ce que je raconte te semble vraiment en rapport. J'aimerais aussi dire que nous ne cessons de nous "transformer", que nous en ayons conscience (forte introspection) ou pas, de là, en tout à cas à moi, il me parait difficile de croire que je sois arrivée à mes fins. Et que quand bien même toute la réalité s'est retrouvée sans dessus dessous chez moi, et à été remise totalement en question, elle ne cesse de l'être, et que demain, tout encore peut peut-être être encore renversé.

J'aime aussi quand tu parles de ce que tu t'es sentis plus spectateur que auteur, ça me parle.
J'aime à penser que je suis et l'un et l'autre, et créateur et créature. Et c'est sans doute ce recul du "spectateur" qui rends plus clame, plus apaisé. On n'apprends à ne plus réagir, mais à agir.

J'aime à dire en plaisantant que le chaînon manquant c'est la drogue ou l'alcool. Je sais que ce n'est pas entièrement vrai, mais je pense que ce n'est pas entièrement faux non plus. Pourquoi du comment, bien ou mal, tout ça nous dépasse certainement.

Bref, j'ai aimé te lire et merci.

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Message par Invité Dim 10 Mar 2019, 00:07

Merci de ton retour, toutefois j'insiste vraiment sur le fait que la DMT (ayahuasca) n'est pas une drogue et n'a strictement rien à voir avec aucune drogue. Il s'agit d'une substance psychédélique illégale, certes, mais ce n'est pas une drogue car notre corps la synthétise naturellement, qu'elle ne crée pas de dépendance, pas d’accoutumance et n'a aucune toxicité. C'est une molécule taillée sur mesure pour des récepteurs très spécifique de notre cerveau. J'ai essayé beaucoup de drogues différentes par le passé et clairement les psychédéliques ne sont pas des drogues. Ce ne sont d'ailleurs pas des substances rentables et elles ne font pas vraiment l'objet d'un trafic à grande échelle comme toutes les drogues y compris légales.
Comparer une expérience sous ayahuasca et la prise d'une drogue quelconque c'est comme comparer deux choses qui n'ont rien à voir si ce n'est le fait qu'il s'agisse de molécules interagissant chimiquement avec notre organisme. Ce n'est pas parce qu'il est écrit dans la loi que ces substances sont illégales que cela se traduit dans la réalité par une similarité. La DMT n'est pas davantage une drogue que la vitamine C ou même l'hémoglobine que nous sécrétons. Il s'agit d'une molécule clé de l'organisme qu'il est possible de trouver en grande quantité dans certaines plantes et de l'absorber pour accéder à des états de consciences inconcevables. Il faut vraiment faire la distinction entre les drogues addictives et psychotropes et les substances psychédéliques qui agissent de façon radicalement différente.



Une petite conférence sur les psychédéliques pour davantage d'explications.

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Message par Invité Dim 10 Mar 2019, 00:24

L'herbe n'est pas non plus une drogue synthétique, elle sécrète et libère elle aussi ce que le corps, notre biologie connait déjà, comme la dopamine etc..
Et ne rends pas dépendant comme une drogue dure etc..
Ce livre dont je parlais est très intéressant, il parle même de tabac et de des effets de la nicotine sur notre cerveau, expliquant ainsi pourquoi les chamans chiquaient du tabac avant la prise de l'ayahuasca.
Je n'entendais pas le mot drogue comme un mot moral, mais c'est comme ça qu'on appelle cela.

Je ne comptais pas comparer, ni même dire qu'il s'agissait de tout à fait la même expérience (je l'ai bien précisé), je voulais juste partager que malgré ces expériences divergentes, une expérience similaire, celle que tu sembles décrire quand au changement, aux idées etc.., me semblait plus ou moins se dessiner.

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Message par Invité Dim 10 Mar 2019, 00:48

https://fr.wikipedia.org/wiki/Usage_spirituel_et_religieux_du_cannabis

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Message par Invité Dim 10 Mar 2019, 00:53

L’organisme ne sécrète pas de THC ou de CBD, le cannabis ne contient pas de dopamine, il a une interaction sur la notre. Il s’agit d’une drogue au même titre que l’alcool, le tabac ou l’opium. J’ai été dépendant au cannabis, ce n’est vraiment pas une plante à sous estimer non plus. Pour les amérindiens c’est plus simple, le concept même de drogue est un non sens total.

Lorsque j’ai réintégré mon coprs a la fin de l’expérience, j’étais tellement sous le choc, je n’avais aucun référentiel dans mes expériences passées me permettant un point de comparaison quelconque et je suis sur sans l’ombre d’un doute que n’importe qui dans cette situation aurait ressenti la même chose. Même ma précédente expérience avec du LSD, qui est un psychédélique déjà extremement puissant, n’était absolument pas comparable, bien que boulversante a sa façon aussi.

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Message par Invité Dim 10 Mar 2019, 01:01

Bon bah écoute c'est pas grave, si tu veux après tout. J'étais pas là pour un qui mieux ou moins bien, ni une comparaison, je discutais juste.

C'était quand même sympa, aussi ce que tu dis sur la dualité.

Bonne soirée.

Toutefois, dans le circuit de la récompense, on observe comme pour les autres drogues une augmentation de la libération de la dopamine. Comme pour les opiacés, cet accroissement paradoxal s’explique par le fait que les neurones dopaminergiques de ce circuit ne possèdent pas de récepteurs CB1 mais sont inhibés par des neurones GABAergiques qui eux en possèdent. Le cannabis va donc provoquer une levée de l'inhibition des neurones au GABA et par conséquent activer les neurones à dopamine.

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par_cannabis.html



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Message par Invité Mar 19 Mar 2019, 23:22

pour vbgass:

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Message par Invité Jeu 21 Mar 2019, 00:48

Alim a écrit:Ce passage en particulier. L'impression s'est confirmée ? Tu as toujours cette vision-là ou s'est-elle évaporée après l'expérience ?

C'est une idée que je partage, au moins pour le début. Mais la suite est déroutante. Très logique pourtant, séduisante. Intéressante à tout le moins. Le choix des mots est parfaitement descriptif, l'idée est limpide. Une force de cohésion, une force de création. Et ces deux pôles seraient opposés, et tout naîtrait naturellement des oscillations entre eux deux. Création et cohésion. Intérieur et extérieur. Ou l'inverse. Et c'est un couple primitif.

L'impression que j'avais au moment de l'écrire s'est plus ou moins diluée dans beaucoup d'autres. Chaque jour depuis cette expérience je conçois ou découvre de nouveaux modes de pensée, parfois contradictoires, mais ce qui est certain c'est que personne ne comprend rien à ce qui se passe. Personne ne peu prétendre saisir l'essence de ce qui se passe. Notre réalité est faite de langage et le langage n'est pas quelque chose de matériel. Partant de là il ne peut y avoir que méprise dans notre conception de la réalité. Dès lors que j'essaye de poser des mots sur une expérience qui était bien au delà du langage et de sa capacité, je commet une falsification. Ce dualisme je le ressens toujours. Je sais que la capacité de créer de la complexité, à enrichir l'univers d'un potentiel de nouveauté exponentiel, est ce qui caractérise le mieux la vie. Je ne sais pas où la vie pioche ces nouveautés, j'imagine une infinité de possibilités disponibles à chaque instant et en chaque être, qu'il s'agisse d'une cellule dont l'ADN subirait une mutation ou d'un individu humain qui élaborerait un concept d'idée qui bouleverserait la société et par extension la dimension du cosmos sur laquelle elle a une influence. A ce chaos nécessaire s'oppose à mon avis un ordre tout aussi nécessaire qui, si il n'avait pas sa force opposée, rendrait le futur entièrement prévisible, et donc rendrait impossible toute existence, toute possibilité d'univers. Cette force de conservation est une sorte d'archive du tout. A notre échelle, elle définit notre identité, par notre passé, nos habitudes, nos certitudes. A l'échelle de l'humanité elle représente notre histoire et notre culture. Toutes ces choses évoluent, mais non sans violence car le conservatisme s'oppose toujours violemment à ce qui le bouscule Car la nouveauté représente un danger pour l'existence. Une mutation dans une cellule peut aboutir à une nouveauté intéressante dans l'évolution, tout comme elle peut générer un cancer. C'est pourquoi existent dans le noyau des cellules, tout un panel de dispositifs visant à corriger les erreurs éventuelles lors de la réplication de l'ADN. Mais ces dispositifs ne sont pas infaillibles, il existe toujours une possibilité qu'un peu de chaos passe entre les mailles du filet et à l'échelle du vivant toujours plus complexe, les choses ont l'air de s'accélérer.
Je pense que lorsqu'on s'intéresse à la nature de l'existence, il est capital de tenir compte de l'échelle que l'on considère. Beaucoup de paterns semblent se retrouver à différentes échelles. Toutefois notre conscience n'a accès qu'à l'échelle de temps et d'espace dans laquelle nous existons. Le reste, nous y avons généralement accès par le langage et l'imagination. Rien n'est réel dans cette dimension chaotique du cosmos. Mais elle contient nécessairement des clés de compréhension. Le tout est de n'avoir aucune certitude, de garder à l'idée qu'on est très loin d'avoir les facultés cognitives nécessaires pour comprendre. En revanche nous avons la faculté d'être créatifs et spontanés, pour peu que nous la développions (ou plutôt que nous ne l'inhibions pas). J'ai le sentiment que mon idée n'est rien de plus qu'une fiction, une métaphore, mais qu'elle illustre tant bien que mal une intuition profonde que je ne suis pas capable d'exprimer. Je pense que la clé pour accéder à un tel savoir non verbal se trouve dans les substances psychédéliques, ou plutôt dans leur symbiose avec notre cerveau. La culture diabolise ces substances. Pourtant elles existaient avant la culture, tout comme leur faculté à nous enseigner des choses normalement inaccessibles à notre conscience. J'ai le sentiment que je dois continuer à explorer cette voie si je veux repousser l'horizon de ma conscience. Je ne suis pas loin de penser qu'on devrait tous les faire, qu'on devrait tous prendre la culture pour ce qu'elle est; une arnaque, un écueil spirituel et ontologique dégradant envers la vie, et qu'il devient urgent que nous renouions un lien avec des niveaux de conscience plus étendus, bien plus sages que nos petits egos, qui existaient bien avant la naissance du langage.

Alim a écrit:Mais encore plus celui-là, parce que je pense l'opposé. Ou le contraire, ou une synthèse des deux. Il peut y avoir une différence de nature entre le non-vivant, le vivant et les idées et pour autant y avoir une continuité logique dans leur apparition donc une nature commune.

Comme un lien dans une nature supérieure, une logique fondamentale identique. Unis mais séparés. Une forme de fractale complexe. Et une fractale peut-être, pourrait-elle parvenir à boucler ? C'est une idée, pas d'observation. Mais si ça te parle... ou pas d'ailleurs dans les deux situations cela m'intrigue. Si ça te dit d'en parler.

Les catégories n'existent pas. Ce sont des inventions du langage qui aident notre conception du monde à se structurer, mais en dehors de notre pensée, elles n'ont aucune raison d'être. Et lorsqu'on essaye de concevoir l'existence à une échelle très étendue alors là nous sommes juste dépassés. C'est pourquoi je pense que l'idée d'une fractale infinie et continue est intéressante. Notre existence se situe à une échelle tellement réduite qu'elle ressemble à une droite alors qu'en prenant du recul on finirait par voir une courbe, puis une spirale, puis quelque chose d'incroyablement complexe. Pourtant la continuité entre chacun des points constituant cet ensemble reste totale.

Je pense que la nature n'existe pas. D'ailleurs le concept même de nature tel qu'on l'entend aujourd'hui est assez récent et exclusif à la culture occidentale moderne. C'est un élément constitutif d'une cosmologie singulière qui n'en est qu'une parmi les autres. L'idée d'une boucle par contre, ça me parle, car je l'ai vue/ressentie cette boucle dans mes visions. A chaque instant presque. Même si je ne suis pas sur de savoir l’interpréter, je pense que la notion de cycle est au cœur des origines et de la fin du tout.

Depuis prés de deux semaines maintenant je passe presque toutes mes journées à lire et à méditer sur ces sujets. Mais j'ai l'impression que je suis au tout début d'un parcours dont la fin semble totalement illusoire. J'ai beaucoup d'autres théories à discuter que j'exposerai peut être plus tard.

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Message par Invité Jeu 21 Mar 2019, 00:49


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Message par Invité Sam 23 Mar 2019, 11:57

Spoiler:

vbgass a écrit:Ce dualisme je le ressens toujours. Je sais que la capacité de créer de la complexité, à enrichir l'univers d'un potentiel de nouveauté exponentiel, est ce qui caractérise le mieux la vie.]

J'ai fini par concevoir l'Univers comme une onde, comme une corde de guitare pincée par Dieu sait qui et tout ce qui existe provient de cette oscillation permanente autour du point d'équilibre. Bien sûr pas "une seule corde", la corruption des mots, plutôt un "plan de cordes" ou une "fractale de cordes" ou peu importe. Et la complexité naît d'un phénomène simple : l'alternance permanente entre apogée et nadir.

Est-ce que tu connais le principe du phénomène d'émergence ? J'ai la sensation que c'est un élément fondamental.

vbgass a écrit:Les catégories n'existent pas. Ce sont des inventions du langage qui aident notre conception du monde à se structurer, mais en dehors de notre pensée, elles n'ont aucune raison d'être. Et lorsqu'on essaye de concevoir l'existence à une échelle très étendue alors là nous sommes juste dépassés. C'est pourquoi je pense que l'idée d'une fractale infinie et continue est intéressante. Notre existence se situe à une échelle tellement réduite qu'elle ressemble à une droite alors qu'en prenant du recul on finirait par voir une courbe, puis une spirale, puis quelque chose d'incroyablement complexe. Pourtant la continuité entre chacun des points constituant cet ensemble reste totale.

Ça aussi ça me parle. Ce qui n'empêche pas de comprendre la partie visible du spectre, celle dans laquelle nous vivons. En comprenant cette partie visible nous pouvons ensuite comprendre sa position dans la partie supérieure puis comprendre la partie supérieure. En n'oubliant jamais qu'il existe toujours une partie supérieure à la précédente, ni que tout procède de la même unité élémentaire. La vraie question étant de déterminer s'il existe une borne finale ou s'il s'agit d'une boucle. Pour l'instant je vois ça comme une boucle finie, de la même façon que l'espace-temps, et je suppose que cette onde/boucle autonome est contenue dans une partie supérieure. Parfois j'ai l'image d'une cellule, la boucle dans laquelle nous vivons étant le noyau tirant ses ressources du vaste cytoplasme qui l'entoure. Trop à dire, à réfléchir et trop peu de temps pour l'écrire...

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Message par Invité Sam 23 Mar 2019, 22:14

Concernant la dualité,

En psychanalyse nous parlons de "bon objet"<->"bon moi", "mauvais objet"<->"mauvais moi" pour décrire cette création psychique primitive, c'est à la fois psychotique et nécessaire, normal chez les enfants, pathologique chez les adultes. c'est le clivage, le premier mécanisme de défense qui structure le psychisme, et là je sors de la psychanalyse en disant que c'est le premier stade de l'instinct de conservation.

Chez l'adulte correctement psychiquement adapté, ou évolué, cette dualité est réduite à l'unité du sujet qui incarne à la fois le bon et à la fois le mauvais, et donc plus un objet tout bon ou un objet tout mauvais.

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Message par Invité Ven 29 Mar 2019, 22:29

Vbgass, sur la dualité il y a ce texte qui peut t'intéresser : Lao Tseu - Tao te king

Ça a été un plaisir d'échanger avec toi. Je pense que nous avons perçus chacun à notre façon le même phénomène. Je garde en tête l'idée de la DMT.

Puisse-tu trouver ta voie et bonne chance/harmonie pour la suite.

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Message par Invité Mer 03 Avr 2019, 23:54

Alim a écrit:Vbgass, sur la dualité il y a ce texte qui peut t'intéresser : Lao Tseu - Tao te king

Ça a été un plaisir d'échanger avec toi. Je pense que nous avons perçus chacun à notre façon le même phénomène. Je garde en tête l'idée de la DMT.

Puisse-tu trouver ta voie et bonne chance/harmonie pour la suite.

Peu de temps après mon expérience extatique, j'étais naturellement allé vers un ouvrage de Lao Tseu à la médiathèque près de chez moi. J'ai trouvé ça assez parlant mais j'ai eu le sentiment que cela n'allait pas beaucoup plus loin que les voies spirituelles classiques empruntées par l'humanité.
C'est finalement dans la pensée de Terence Mckenna que j'ai trouve le plus de choses. Tout ce qu'il avance n'est pas révolutionnaire mais en plus de faire la synthèse de beaucoup de choses, il tient entièrement compte du fait que l'Extrase, la Transcendance, la rencontre avec l'Autre, ne sont pas des choses extraordinaires, réservées à une infime partie d'élus touchés par la grâce et investis d'une mission. Toutes ces choses là sont accessibles à tous ceux qui ont vraiment le courage de les vivre, il suffit de s'en remettre aux plantes. Ce n'est pas quelque chose de facile sinon tout le monde le ferait, nous sommes si peu à aller à la rencontre de cet autre monde qu'il y a forcément des forces puissantes qui nous en empêchent, comme la peur d'être contraint d'abandonner nos certitudes et nos croyances, ou bien l'orgueil consistant à croire que l'on peut et que l'on doit se passer des plantes pour atteindre un niveau de conscience équivalent, comme si notre individu était dans la complétude et que nous possédions la volonté et la sagesse de chercher en nous mêmes des réponses satisfaisantes pour l'univers entier...

Je me suis lancé dans un projet de traduction de l'anglais vers le français du principal livre de Terence McKenna. Je vais partager avec vous l'introduction du livre, peut être le reste par la suite.

Terence Mckenna a écrit:Terence McKEnna

LA NOURRITURE DES DIEUX



Introduction :

Un manifeste pour une nouvelle pensée sur les drogues.

Un spectre hante la culture planétaire : le spectre de la drogue. La définition de la dignité humaine, créée pendant la renaissance et affirmée dans les valeurs démocratiques de la civilisation occidentale moderne, semble sur le point de se dissoudre. Les grands médias nous informent haut et fort que la capacité humaine de développer des comportements obsessionnels et addictifs a fait un mariage satanique avec la pharmacologie moderne, le marketing, et le transport à grande vitesse. Les utilisations de produits chimiques autrefois marginales sont aujourd’hui en concurrence libre dans un marché mondial très peu réglementé. Des gouvernements et des nations entières du tiers monde sont dominées par des dispositions légales encourageant un comportement obsessionnel.
Cette situation n'est pas nouvelle, mais elle s'aggrave. Jusqu'à tout récemment les cartels internationaux de la drogue ont été les créations obéissantes des gouvernements et des agences de renseignement qui étaient à la recherche de sources de financement “invisibles” pour financer leurs propres labels de comportements obsessionnels institutionnalisés. Aujourd'hui, ces cartels malhonnêtes de la drogue ont pris une telle ampleur grâce à la hausse sans précédent de la demande de cocaïne, que leur pouvoir a même commencé à menacer leurs créateurs.
Nous sommes assaillis par le triste spectacle des “guerres de la drogue” menées par les institutions gouvernementales qui sont généralement paralysées par la léthargie et l'inefficacité, ou qui sont en complicité ouverte avec les cartels internationaux de la drogue, alors qu’ils sont officiellement sensés les détruire.
Aucune lumière ne peut pénétrer cette situation de consommation pandémique et d’abus de drogues si nous ne nous engageons pas à une réévaluation sévère face à la situation actuelle et à un examen de certains modèles de comportement et d’expérience liée à la drogue, aujourd'hui presque oubliés. L'importance de cette tâche ne peut pas être surestimée. Il est clair que l'auto-administration de substances psychoactives, légales et illégales, sera de plus en plus partie prenante de l'avenir qui se dessine dans la culture mondiale.

Une réévaluation d'agonie

Toute remise en cause de notre utilisation de substances doit commencer par la notion de l'habitude, “une tendance ou une pratique installée”. Familières, répétitives, et en grande partie non étudiées, les habitudes sont tout simplement les choses que nous faisons. “Les gens”, dit un vieil adage, “sont des créatures d'habitude”. La culture est en grande partie une question d'habitude, apprise de leurs parents et de ceux qui nous entourent et puis, lentement modifiée par des conditions changeantes et des innovations inspirées.
Pourtant, aussi lentes que ces modifications culturelles peuvent sembler, une fois mises en perspective avec la temporalité évolutive des glaciers, des espèces et des écosystèmes, la culture présente un spectacle sauvage et continu de nouveauté. Si la nature représente un principe d'économie, alors la culture doit sûrement illustrer le principe de l'innovation par l'excès.
Lorsque les habitudes nous consomment, lorsque notre dévouement dépasse les normes définies culturellement, nous les étiquetons comme des obsessions. Dans de telles situations, nous avons l’impression que la dimension uniquement humaine du libre arbitre a en quelque sorte été violée. Nous pouvons devenir obsédés par presque n'importe quoi : par un mode de comportement tel que la lecture du journal du matin ou par des objets matériels (la collection), des terres et de la propriété (le bâtisseur d'empire), ou par le pouvoir sur d'autres personnes (le politicien).
Alors que beaucoup d'entre nous peuvent être des collectionneurs, rares sont ceux qui ont la possibilité de se livrer à leurs obsessions au point de devenir des bâtisseurs d'empire ou des politiciens. Les obsessions de la personne ordinaire ont tendance à se concentrer sur “l'ici et maintenant”, sur le domaine de la gratification immédiate par le sexe, la nourriture et les drogues. Une obsession envers les composants chimiques des aliments et des drogues (également appelées métabolites) est stigmatisée comme dépendance.
Dépendances et obsessions sont spécifiques aux êtres humains. Certes, de nombreuses preuves anecdotiques confirment l'existence d'une préférence pour l’état d'ébriété chez les éléphants, les chimpanzés et les papillons. Mais, comme lorsque nous comparons les compétences linguistiques des chimpanzés et des dauphins avec la parole humaine, nous voyons que ces comportements animaux sont extrêmement différents de ceux des humains.
Habitude. Obsession. Addiction. Ces mots sont des panneaux le long de la route d'un libre arbitre s'étiolant petit à petit. Le déni de la puissance du libre arbitre est implicite dans la notion de dépendance, et dans notre culture, les dépendances sont prises au sérieux, surtout celles qui sont exotiques ou pas familières. Au XIXe siècle, l'opiomane était le “démon de l'opium”, une description renvoyant à l'idée d'une possession démoniaque venant de l'extérieur. Au XXe siècle, le toxicomane comme personne possédée a été remplacé par la notion de dépendance maladive. Et, avec la notion de dépendance maladive, le rôle du libre arbitre est finalement en train de disparaître. Après tout, nous ne sommes pas responsables des maladies dont nous pouvons hériter et développer. Aujourd'hui, toutefois, la dépendance humaine aux produits chimiques joue un rôle plus conscient que jamais dans la formation et le maintien des valeurs culturelles.
Depuis le milieu du XIXe siècle, la chimie organique a mis en place avec toujours plus de rapidité et d'efficacité une corne d'abondance inépuisable de drogues de synthèse entre les mains des chercheurs et des médecins et, en fin de compte, entre les mains de tout le monde. Ces drogues sont plus puissantes, plus efficaces, durent plus longtemps, et dans certains cas, beaucoup sont plus addictives que leurs équivalents naturels (à l’exception de la cocaïne, qui, bien qu'étant un produit naturel, est particulièrement destructrice une fois qu’elle est raffinée, concentrée et consommée.).
L'avènement d'une culture mondiale de l'information a conduit à l'ubiquité des informations sur les plantes aphrodisiaques, stimulantes, sédatives, psychédéliques et récréatives qui ont été découvertes par des gens curieux, vivant dans des régions éloignées et auparavant déconnectées du reste du monde. En même temps que ce flot d'informations botaniques et ethnographiques est arrivé dans la société occidentale, l'assimilation des habitudes d'autres cultures sur notre propre culture nous a donné plus de choix que jamais et de grands progrès ont été réalisés dans la synthèse de molécules organiques complexes et dans la compréhension de la machinerie moléculaire des gènes et de l'hérédité. Ces nouvelles connaissances et technologies contribuent à une culture de l'ingénierie en psychopharmacologie radicalement différente.
Les drogues de synthèse comme la MDMA ou l‘ecstasy et les stéroïdes anabolisants utilisés par les athlètes et les adolescents pour stimuler le développement musculaire sont les signes avant-coureurs d'une ère de l'intervention pharmacologique de plus en plus fréquente et efficace dans la façon dont nous nous voyons, agissons et percevons.
La notion de régulation, à l'échelle planétaire, des premières centaines, puis des milliers de substances synthétiques illicites qui sont faciles à produire, est épouvantable pour tous ceux qui espèrent un avenir plus ouvert et moins réglementé.

Un renouveau archaïque

Ce livre va explorer la possibilité d'un renouveau de l’attitude archaïque – ou préindustrielle et prélittéraire – envers la communauté, de l'usage de substances, et de la nature, une attitude qui fut longtemps utile à nos ancêtres préhistoriques nomades avant la montée du style culturel actuel, que nous appelons “l'Occident”. L’archaïsme fait référence au Paléolithique supérieur, une période de sept à dix mille ans dans le passé, qui précède immédiatement l'invention et la diffusion de l'agriculture. L’archaïsme fut un temps de pastoralisme nomade et de partenariat, une culture fondée sur l'élevage, le chamanisme, et le culte de la Déesse.
J'ai organisé la discussion dans un ordre plus ou moins chronologique, en retraitant les thèmes archaïques des premiers chapitres dans les sections les plus orientées vers l'avenir. L'argumentaire procède à la manière de la progression d'un pèlerin pharmacologique. Ainsi j'ai appelé les quatre sections du livre “Paradis”, “Paradis perdu”, “Enfer” et, je l'espère, pas trop optimiste, “Paradis retrouvé ?” Un glossaire des termes spéciaux apparaît à la fin du livre. De toute évidence, nous ne pouvons pas continuer à penser à l'usage de drogues dans les mêmes vieilles habitudes. En tant que société mondiale, nous devons trouver une nouveau paradigme pour notre culture, celui qui unifie les aspirations de l'humanité avec les besoins de la planète et de l'individu. L’analyse de notre incomplétude existentielle qui nous pousse à établir des relations de dépendance et de toxicomanie avec les plantes et les drogues peut montrer que, à l'aube de l'histoire, nous avons perdu quelque chose de précieux, un manque qui nous a rendus malades de narcissisme. Seul un rétablissement de la relation que nous avons développée avec la nature par l'utilisation de plantes psychoactive avant la chute dans l'histoire peut nous offrir l'espoir d'un avenir humain et indéterminé.
Avant que nous nous engagions irrévocablement vers la chimère d'une culture sans drogue achetée au prix d'une refonte complète des idéaux d'une société libre et démocratique planétaire, nous devons nous poser des questions difficiles : pourquoi, en tant qu'espèce, sommes-nous si fascinés par les états altérés de la conscience ? Quel a été leur impact sur nos aspirations esthétiques et spirituelles ? Qu'avons-nous perdu en niant la légitimité de l'entraînement de chaque individu à utiliser des substances pour éprouver personnellement la transcendance et le sacré ? Mon espoir est que répondre à ces questions nous obligera à assumer les conséquences de la négation d'une dimension spirituelle de la nature, de voir la nature comme rien de plus qu'une “ressource” convoitée et pillée. Une discussion ouverte sur ces questions ne réconfortera pas le fondamentalisme religieux, ni ceux qui sont obsédés par le contrôle et ne réconfortera pas non plus le fascisme sous quelques formes que se soit.
La question de savoir, comment nous, en tant que société et en tant qu'individus de la fin du XXe siècle, sommes reliés aux plantes psychoactives, soulève une question plus large : comment, au fil du temps, avons-nous été sculptés par les alliances changeantes que nous avons formées et rompus avec divers membres du monde végétal pendant que nous faisions notre chemin à travers le labyrinthe de l'histoire ? C'est une question qui nous occupera en détail dans les chapitres à venir.
Le mythe ancestral de notre culture commence dans le jardin d'Éden, en mangeant le fruit de l'Arbre de la Connaissance. Si nous n'apprenons pas de notre passé, cette histoire pourrait se terminer par une planète intoxiquée, ses forêts ne serait qu'un souvenir, sa cohésion biologique brisée, notre héritage de naissance une friche étouffée par de mauvaises herbes. Si nous avons négligé quelque chose dans nos précédentes tentatives pour comprendre nos origines et notre place dans la nature, est-ce que nous sommes maintenant en mesure de regarder en arrière et de comprendre, non seulement notre passé, mais notre avenir d'une manière entièrement nouvelle ? Si nous pouvons retrouver le sens perdu de la nature comme un mystère de la vie, nous pouvons être sûrs d’avoir de nouvelles perspectives sur l'aventure culturelle qui doit certainement advenir. Nous avons la possibilité de nous éloigner du sombre nihilisme historique qui caractérise le règne de notre culture de domination profondément patriarcale. Nous sommes en mesure de reprendre l'appréciation archaïque de notre relation quasiment symbiotique avec des plantes psychoactives comme une source de connaissance et de coordination qui coule du monde végétal vers le monde humain.

Le mystère de notre propre conscience et les pouvoirs de l'autoconscience sont en quelque sorte liés à ce canal de communication avec l'esprit invisible dont les chamans soutiennent qu'il s'agit de l'esprit du monde vivant de la nature. Pour les chamans et les cultures chamaniques, l'exploration de ce mystère a toujours été une alternative crédible au vécu dans une culture matérialiste restrictive. Nous, les démocraties industrielles, pouvons choisir d'explorer ces dimensions inconnues maintenant. Ou nous pouvons attendre jusqu'à ce que la destruction avancée de la planète vivante rende impossible toute poursuite supplémentaire de son exploration.

Un nouveau manifeste

Le moment est donc venu, dans le grand discours naturel qu'est l'histoire des idées, de repenser fondamentalement notre fascination pour l'utilisation habituelle de plantes psychoactives et des plantes ayant un effet sur l’état physique. Nous devons tirer des leçons des excès du passé, en particulier des années 1960, mais nous ne pouvons pas simplement propager “Il suffit de dire non”, comme nous ne pouvons non plus propager “Essayez, vous aimerez”. Nous ne pouvons pas soutenir une vue qui veut diviser la société entre utilisateurs et non-utilisateurs. Nous avons besoin d'une approche compréhensive de ces questions qui inclut des implications évolutionnaires et historiques profondes.
L'influence de la mutation induite par l'alimentation sur les premiers humains et l'effet des métabolites exotiques sur l'évolution de leur neurochimie et de la culture sont encore un territoire peu exploré. L'adoption d'un régime omnivore des premiers hominidés et leur découverte de la puissance de certaines plantes ont été des éléments décisifs pour sortir les premiers humains du flux de l'évolution animale dans la rapide marée montante de la langue et de la culture. Nos lointains ancêtres ont découvert que certaines plantes, lorsqu'elles sont auto-administrées, suppriment l'appétit, diminuent la douleur, fournissent des éclats d'énergie soudains, procurent une immunité contre les organismes pathogènes et renforcent les activités cognitives. Ces découvertes nous ont mis sur la longue route de l'autoconscience. Une fois que nous sommes devenus des omnivores utilisant des outils, l’évolution elle-même a changé à partir d'un lent processus de modification de notre forme physique vers une définition rapide des formes culturelles par l’enseignement des rituels, des langues, de l'écriture, des compétences mnémoniques et de la technologie.
Ces immenses changements sont principalement le résultat de la synergie entre les êtres humains et les diverses plantes avec lesquelles ils ont interagi et évolué simultanément. Une évaluation honnête de l'impact des plantes sur les fondations des institutions humaines laisserait conclure qu’il a tenu un rôle absolument primordial. Dans le futur, l’application de solutions d’équilibre inspiré de la botanique, telle que la croissance zéro de la population, l’extraction de l’hydrogène à partir d’eau de mer et des programmes de recyclage massifs, pourrait aider à réorganiser nos sociétés et la planète suivant une ligne plus holistique, néo-archaïque.
La suppression de la fascination naturelle des humains par les états altérés de la conscience et la périlleuse situation actuelle de toute vie sur terre sont intimement et causalement liées. Lorsque l'on supprime l'accès à l'extase chamanique, nous nous fermons aux eaux rafraîchissantes de l'émotion qui en découle et qui nous lie profondément, dans une relation quasi symbiotique, avec la terre. En conséquence, les styles sociaux mésadaptés qui encouragent la surpopulation, la mauvaise gestion des ressources et l’intoxication de l'environnement se développent et se maintiennent. Aucune culture sur la terre n’est aussi fortement anesthésiée que l'Occident industriel en termes d’habitude aux conséquences d'un comportement inadapté. Nous poursuivons une attitude de “commerce comme d'habitude” dans une atmosphère surréaliste de crises croissantes et de contradictions irréconciliables.
En tant qu'espèce, nous devons reconnaître la profondeur de notre dilemme historique. Nous allons continuer à jouer ce jeu tant que nous continuerons à tolérer les cardinaux des gouvernements et de la science qui présument dicter où la curiosité humaine peut légitimement se diriger ou pas. Ces restrictions sur l'imagination humaine sont humiliantes et absurdes. Non seulement le gouvernement limite la recherche sur les drogues psychédéliques qui pourraient éventuellement donner un aperçu psychologique et médical de grande valeur, mais il prétend aussi empêcher leur utilisation religieuse et spirituelle. L’usage religieux de plantes psychédéliques est une question de droits civiques ; sa restriction est la répression d'une sensibilité religieuse légitime. En fait, ce n'est pas une sensibilité religieuse qui est réprimée, mais LA sensibilité religieuse, une expérience de religion basée sur les relations plantes-humains qui étaient en place bien avant l'avènement de l'histoire.
Nous ne pouvons plus retarder une réévaluation honnête des vrais coûts et des avantages de l'utilisation habituelle des plantes et des drogues par rapport aux vrais coûts et avantages de la suppression de leur utilisation. Notre culture mondiale se trouve en danger de succomber à un effort orwellien de matraquer le problème de l'existence par un terrorisme militaire et policier dirigée vers les consommateurs de drogues dans nos propres populations et les producteurs de drogues du Tiers Monde. Cette réponse répressive est en grande partie alimentée par une peur non justifiée qui est le produit de la désinformation et de l'ignorance historique.
Des biais culturels profondément ancrés expliquent pourquoi l'esprit occidental devient soudainement anxieux et répressif au regard de la drogue. Les changements de la conscience induits par des substances révèlent de façon spectaculaire que notre vie mentale a des bases physiques. Les drogues psychoactives contestent donc l'hypothèse chrétienne de l'inviolabilité et le statut ontologique particulier de l'âme. De même, elles remettent en question l'idée moderne de l'ego et son inviolabilité et ses structures de contrôle. En bref, des rencontres avec des plantes psychédéliques mettent en question toute la vue du monde de la culture de domination.
Nous reviendrons souvent sur ce thème de l'ego et de la culture de domination dans ce réexamen de l'histoire. En fait, la terreur que l’ego ressent dans la contemplation de la dissolution des frontières entre soi et le monde n’est pas seulement à l’origine de la suppression des états modifiés de la conscience, mais, plus généralement, explique la suppression de la féminité, de l’étranger, de l’exotique et des expériences transcendantales. Dans l’époque préhistorique, mais postarchaïques à environ 5000 à 3000 ans av. J.-C., la suppression de la société de partenariat par les envahisseurs patriarcaux a ouvert la voie à la suppression des études expérimentales de la nature illimitée exercée par les chamans. Dans les sociétés hautement organisées, cette tradition archaïque a été remplacée par la tradition de dogmes, de prêtres, de patriarcat, de la guerre et, éventuellement, de valeurs de domination “rationnelles et scientifiques”.
Jusqu'à présent, j'ai utilisé les termes “partenariat” et “domination” comme styles de culture sans explications. Je dois ces termes utiles à Riane Eisler et son importante nouvelle vision de l'histoire, “Le Calice et l'Épée”. Eisler a avancé l'idée que les modèles d'organisation de “partenariat” de la société ont précédé les modèles d'organisation de “domination” et, plus tard, ont été en concurrence entre eux avant d’avoir finalement été opprimés par les modèles d'organisation de “domination”. Les cultures de domination sont hiérarchiques, paternalistes, matérialistes et dominées par les hommes. Eisler estime que la tension entre les organisations partenaires et dominatrices et la surexpression du modèle dominant sont responsables de notre éloignement de la nature, de nous mêmes, et de l'Autre.
Eisler a écrit une brillante synthèse sur l'apparition de la culture humaine dans le Proche-Orient ancien et le débat politique qui se déroule sur la féminisation de la culture et la nécessité de surmonter les formes de domination masculine dans la création d'un avenir viable. Son analyse de la politique des sexes relève le niveau du débat au-delà de ceux qui ont si violemment salué et critiqué tels ou tels ancien “matriarcat” ou “patriarcat”. “Le Calice et l'Épée” introduit la notion de “sociétés de partenariat” et de “sociétés de domination” et utilise les données archéologiques pour faire valoir que les sociétés de partenariat du Moyen-Orient ancien étaient sans guerre et sans bouleversements sur de vastes zones et pour de nombreux siècles. La guerre et le patriarcat sont arrivés avec l'apparition des valeurs de domination.

L'héritage de la domination

Notre culture, auto-intoxiquée par le poison des produits technologique et de l'idéologie égocentrique, est l'héritière malheureuse de l'attitude de domination pour qui l'altération de la conscience par l'utilisation de plantes ou de substances est quelque chose de mauvais, onaniste, pervers et antisocial. Je soutiendrai que la suppression de la gnose chamanique, avec sa confiance et l'insistance sur la dissolution extatique de l'ego, nous a privé du sens de la vie et fait de nous des ennemis de la planète, de nous-mêmes et de nos petits-enfants. Nous tuons la planète afin de garder intactes les hypothèses aberrantes du style culturel ego-dominateur. Il est temps pour un changement.


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Message par Invité Lun 09 Mar 2020, 10:50

Up.

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Message par J043947.08+163415.7 Lun 09 Mar 2020, 14:14

Tu peux essayer les psylo -> même type d'état modifié de conscience
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Message par Invité Lun 09 Mar 2020, 18:14

oui les psylos c’est idéal pour une première expérience, c’est beaucoup plus doux. C’est par ça que j’ai commencé. Par contre pour vivre une dissolution de l’ego avec les psylos il faut en prendre beaucoup mais je e recommande pas sans expérience.

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Message par J043947.08+163415.7 Lun 09 Mar 2020, 18:23

Ça dépend probablement de l’état d’esprit et de la physiologie de la personne également.
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Message par Invité Lun 09 Mar 2020, 18:26

Tu as l'air de t'y connaître Thalestra, tu as des proches qui ont déjà essayé ?

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Message par Invité Lun 09 Mar 2020, 18:40

Thalestra a écrit:Ça dépend probablement de l’état d’esprit et de la physiologie de la personne également.

Ce que les anglo-saxons appellent « set & setting » est au moins aussi important que la substance oui. Le set c’est la préparation mentale, l’état d’esprit et le but recherché et le setting c’est le contexte choisi, voir la ritualisation, le cadre donné à l’expérience.

Le rituel est assez important pour mener une expérience mystique avec des psychédéliques, peu importe la nature de ce rituel. Il fonctionne comme un creuset alchimique en donnant un cadre propice pour que la réaction ait lieu. Clairement on obtient pas du tout les mêmes bénéfices en prenant par exemple du LSD au calme et de manière sérieuse et ritualisé, qu’en prenant la même dose dans un contexte récréatif et festif.

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