Prise de contact avec vous tous

Bonjour à tout le monde!

Quel bonheur de voir une communauté de zèbres réunie dans un forum qui me paraît assez actif. J'espère pouvoir contribuer positivement à la communauté.
En tout cas, pour que vous puissiez me connaître davantage, je vais vous résumer mon parcours :

J’ai aujourd'hui 27 ans, je suis un adulte « surdoué », avec des guillemets car j’ai depuis bien longtemps l’impression de stagner dans mon existence. J’ai été scolarisé à distance dès le début, car dépisté HPI (mon QI frisait les 150) à 3 ans, âge où j’étais déjà capable de lire, ce qui avait mis la puce à l’oreille de mes parents. Du coup, j’ai sauté 3 classes d’office et j’ai fini par obtenir un bac littéraire à 14 ans (littéraire, car mes facilités ne s’appliquaient pas du tout aux mathématiques). Après cela, on m’a dirigé vers un cursus d’anglais qui s’est achevé par mon obtention d’un master de traduction (bac + 5) à 20 ans.

Par ailleurs, mes activités parallèles ont eu leur lot de positif, mais aussi de négatif. Pendant mes années d’université, j’ai perfectionné mon anglais, et aussi appris l’italien et l’allemand. C’était le début d’une passion énorme pour les langues étrangères qui se poursuit encore aujourd’hui, vu que je parle russe couramment et apprends des bases de chinois.

Pour ce qui est des moins, à partir de l’adolescence, je me suis aussi collé des sacrés boulets aux pieds, car souffrant de la solitude, de l’ennui et d’un manque cruel d’estime de soi, j’ai développé des comportements addictifs qui m’absorbaient et me fournissaient un pic « dopaminergique », tels que l’alcool et le tabagisme en soirée, les jeux-vidéo MMORPG en ligne et d’autres choses moins sympas sur Internet. Ces mauvaises manies me poursuivent pour certaines jusqu’à aujourd’hui, et vont à mon sens de pair avec un mal-être et un ennui chronique.

Pour couronner le tout, je suis apparemment aussi TDA/H (et pour l'heure réfractaire à la ritaline comme à toute chimie), et ce "syndrome" est à mon sens est plus une conséquence de ma nature et de mon vécu, que la véritable cause de mes problèmes. La difficulté à se concentrer, à faire taire son flot de pensées intarissable (dixit le déficit d'inhibition latente), à combattre la procastination et à maîtriser son hyper-émotivité n'est-elle pas typique chez les surdoués? Bref, je referme la parenthèse.

Après la fac, lorsqu’il s’est agi de me mettre dans le grand bain de la vie professionnelle, cela s’est compliqué nettement. J’ai été traducteur pendant 6 mois, puis j’ai voulu changer de voie, alors j’ai essayé une formation dans l’hôtellerie, assez peu ambitieuse car j’allais être simple réceptionniste, qui s’est de tout façon mal passé vu ma gestion du stress dans l’hôtel où j’ai commencé à travailler. En fait, mon directeur était quelque peu cassant et autoritaire, ce qui m’avait mis au quatrième dessous. Je suis donc parti et j’ai connu une longue période de chômage. Passé un concours pour devenir gardien de la paix. Réussi l’écrit, le sport un peu moins… Allez, on continue.

Après huit mois passés sans emploi, je pars travailler à l’accueil d’un monument historique sur recommandation d’un ami de la famille. Je me fais des amis quarantenaires, je surprends un peu tout le monde par mon "polyglottage". A la fin de mon contrat d’un an, je pars faire un stage en Allemagne pour parler l’allemand et quitter un peu la maison des parents, qui commence à devenir sacrément étouffante. Là-bas, je me fais des amis cinquantenaires. On parle politique dans les brasseries. Je veux rester à n’importe quel prix, et me désespère car 3 mois, c’est un peu court pour trouver un job qui me permette de ne pas revenir en France, surtout qu’un CV déposé à l’arrache m’avait valu l’intérêt d’une entreprise parisienne.

Je reviens en France la queue entre les jambes et à contrecoeur, même si mes parents sont contents. Je vais à l’entretien attendu et paf! je suis accepté dans l’entreprise dont je parlais, et donc là ça fait quatre ans que j’y bosse en tant qu’assistant de direction (certes en théorie multilingue) que j’envoie les mêmes mails à longueur de journée, le nez collé à l’écran 7 heures par jour, tout ça quand même pour un bon salaire et une autonomie sans précédent. En effet, il faut bien signaler que je me suis marié, que j’habite en couple et que j’ennuie ma femme régulièrement avec mon insatisfaction et ma morosité!

En fait, vu que j’ai toujours été un adepte des écrans parce qu’ils me fournissaient une source intarissable de contenus, pour le meilleur et pour le pire, et ça plus le travail de bureau, eh bien sur le long terme, je finis par sacrément saturer . Mes yeux sont trop sollicités et parfois, en revenant chez moi, je me sens abruti (même mentalement) et je n’ai même pas de goût à lire ou à consulter quoi que ce soit. De plus, mon perfectionnisme de surdoué m’a fait développer des tocs de vérification assez fatiguants, histoire ne pas faire d’erreur dans la routine de mes échanges d’emails ou traitements de documents chiffrés.

Tout ça pour dire que se retrouver coincé entre la stabilité, le confort de son emploi, et puis l’ennui mortel, le sentiment de perdre sa vie à la gagner, d’y laisser un peu de sa santé, et d’être en manque total de sens, c’est pas cool. Horrible de s’imaginer qu’on peut se retrouver comme ça encore à 50 ans si on ne fait rien...

Là en ce moment, je suis comme "en dépression", je traverse une crise de sens et je me suis mis en tête de rechercher tout ce qui est bilan de compétence, coaching en reconversion professionnelle, ou autre accompagnement, pourvu que cela ne soit pas une pure entreprise de commerce et de préférence adapté aux profils dits surdoués. Vous auriez des pistes?

Si quelqu'un a besoin de mon aide, surtout n'hésitez pas, je serai ravi de faire partager mon expérience de vie. Je m'intéresse aussi pas mal aux personnalités addictives, en ce qu'elles sont courantes chez les HPI. Alors, si quelqu'un s'y intéresse aussi ou a une question, je suis là.

A très vite sur le forum en tout cas et merci de m'avoir lu jusqu'au bout!

Salut,

et merci pour ce témoignage. Tu as un parcours intéressant et riche.
A mon sens, et pour le vivre aussi à ma façon, je t'invite à recréer du lien avec le réel, le concret, la matière, la vie. Je ne sais pas comment est la région où tu vis, mais le plus simple et le plus efficace consiste en des balades en nature, des randonnées... Peut-être aussi pratiquer du sport en extérieur... Si tout cela ne te convient pas, peut-être essayer des disciplines ou bricolages concrets, type la poterie, la sculpture, le travail du bois...
Tu dis trouver également les choses les plus intéressantes par écran... il y a d'autres façons, certes moins faciles et rapides, mais plus "nourrissantes". Je t'assure que lire un livre en pdf et en vrai n'apportera pas le même ressenti (ni le même traitement de l'information par ton cerveau).

J'espère que tu pourras trouver des gens plus à même de te répondre, et également que tu pourras leur apporter un peu de tes propres lumières.

Bienvenue Ici.

Merci pour vos réponses!

@Kingfisher: Oui, c'est exactement ce que me dit ma femme, de trouver une passion qui est plus ancrée dans le réel et la matière.

Beaucoup de choses ont attiré ma curiosité (la photographie, le dessin, le sport), mais je me suis souvent découragé et ces hobbies ont fini par être des lubies passagères car chez moi, un clou chasse l'autre!

En plus, comme mon travail m'épuise visuellement et mentalement, et qu'entretenir mon niveau en cinq langues tout en apprenant une sixième est déjà un challenge, je me sens souvent débordé et je vais rarement au bout de mes projets du moment.

Sans compter que ma frustration a souvent été calmée par des addictions chronophages et culpabilisantes, ce qui gâche aussi pas mal d'énergie...

Je traverse à l'heure qu'il est une période charnière et vais essayer de tenir bon pour retrouver le contact avec le réel, comme tu dis!

En tout cas, si quelqu'un a des pistes pour faire un bilan de compétences, ou connaît une personne (idéalement professionnelle) sur la région parisienne qui sait guider les gens en perte de sens dans leur vie pro, qu'il n'hésite pas!

Toutanmemtan a écrit:Merci pour vos réponses!
@Kingfisher: Oui, c'est exactement ce que me dit ma femme, de trouver une passion qui est plus ancrée dans le réel et la matière.

Sans parler de passion... juste une balade en forêt, le long d'un fleuve ou d'un canal, en montagne... je t'assure que ça ressource bien.

Bonjour,
Pour ma part, je bénéficie d'un coaching professionnel qui, par chance, est spécialisé dans l'accompagnement des HP (la RH ignore mon cas, je ne l'ai pas dit, car je crains de faire peur, j'en ai parlé seulement à mon patron, qui ne sait pas quoi faire avec ça, enfin bref, c'est la merde au boulot). Ma coach me dit de me raccrocher à mes sensations pour revenir dans le réel. Elle m'a dit un jour "vous êtes une tête sans corps". Sympa, l'image ? Alors elle me demande de travailler sur les sensations, mais aussi les émotions.

Ca fonctionne plutôt pas mal. Je me concentre à certains moments de la journée pour nommer ce que je ressens. Ou ce que je sens (au sens propre). D'ailleurs, je me rends compte en écrivant qu'il faut que je fasse la même chose avec ce que je vois, ce que j'entends, ce que je touche. Prendre le temps pour conscientiser la réalité.

Je suis également suivie par un psychothérapeute pour traiter la dimension plus perso (j'avais l'impression de ne pas vivre la vie que je voulais).

Vous allez peut-être trouver que cela fait bcp d'accompagnement, mais pour ma part, extravertie que je suis, ça me permet de verbaliser beaucoup de choses, de partager mes problématiques avec un professionnel qui m'aiguille, et comme je suis très motivée et assidue, je progresse énormément sur les objectifs que j'ai fixés avec chacun. C'est une source de satisfaction et de fierté.

Alors si tu ne l'as jamais fait, évidemment, je t'encourage. Mais attention à bien mentionner dès le départ ta spécificité, car sinon, cela peut être contre-productif.

Dis-moi si tu veux plus d'infos.

Toutanmemtan a écrit: Tout ça pour dire que se retrouver coincé entre la stabilité, le confort de son emploi, et puis l’ennui mortel, le sentiment de perdre sa vie à la gagner, d’y laisser un peu de sa santé, et d’être en manque total de sens, c’est pas cool. Horrible de s’imaginer qu’on peut se retrouver comme ça encore à 50 ans si on ne fait rien...

Bonjour et bienvenue

Et pour reprendre ce que tu évoques, tu n'as pas vécu le pire ! Imagines que tu sois (comme certains d'entre nous, plus nombreux qu'il y parait) dépourvu d'ambition et malgré tout satisfait de ton sort…
Bon séjour...

@Kingfisher: Oui, faire une vraie coupure au vert, ça doit faire énormément de bien. Et une fois tous les 6 mois, ce n'est pas assez..!

@Ninoud: Le coup de la tête sans corps, c'est juste prodigieux de justesse dans la description de ce que l'on peut ressentir en effet, je te confirme ! D'ailleurs, ça se recoupe avec ce que mes proches me disent.

Moi aussi, mon patron sait que je suis un cas particulier ! Mon ex-collègue avec qui on travaillait avant a quitté son job il y a quelques mois et là, je rêve de faire la même chose d'ici un moment, car j'ai une vraie crise de sens, une saturation des écrans, un ennui global, un bore-out...

Toi, ton coach, c'est pour penser à une reconversion pro ou bien juste pour t'aider à mieux gérer ton quotidien ? Et si cela n'est pas indiscret, dans quel domaine travailles-tu ?

En tout cas, conscientiser et exprimer ce qu'on ressent, c'est super important. Moi, je garde trop tout enfoui et ça me ronge !

@Mentounasc: Justement, j'ai longtemps pensé n'avoir pas d'autre ambition que celle de satisfaire ma curiosité et rechercher la ou les vérités. Du coup, faire de l'argent pour en avoir ne m'a jamais transcendé. Je vois dans le monde professionnel tant d'absurdités, de laideurs, que cela m'a souvent ôté l'envie de participer à ce que je considère comme de grandes mascarades commerciales. Ça m'évoque la phrase suivante: L'obligation de produire tue la passion de créer. Je vois ce que tu veux dire en tout cas !

Toutanmemtan a écrit:@Kingfisher:

@Ninoud: Le coup de la tête sans corps, c'est juste prodigieux de justesse dans la description de ce que l'on peut ressentir en effet, je te confirme ! D'ailleurs, ça se recoupe avec ce que mes proches me disent.

Moi aussi, mon patron sait que je suis un cas particulier ! Mon ex-collègue avec qui on travaillait avant a quitté son job il y a quelques mois et là, je rêve de faire la même chose d'ici un moment, car j'ai une vraie crise de sens, une saturation des écrans, un ennui global, un bore-out...

Toi, ton coach, c'est pour penser à une reconversion pro ou bien juste pour t'aider à mieux gérer ton quotidien ? Et si cela n'est pas indiscret, dans quel domaine travailles-tu ?

Une tête sans corps qui flotte sans attache à la terre : ça rejoint ce que l'on dit >> le rapport à la nature est super important pour moi, ça me ressource, me rassure sur la puissance de la vie à qui on laisse libre cours : elle finit toujours par trouver des solutions pour continuer son chemin. Parce qu'elle reste ancrée à l'essentiel : l'eau, le soleil, la terre, le vent... etc.

Ma coach, c'est pour les deux : envisager quelles évolutions possibles pour une personne comme moi, mais aussi pour gérer mon quotidien dans mon univers professionnel aux antipodes de ce dont un zèbre a besoin. Je travaille dans la fonction publique : les règles, les normes, la sécurité... tout le contraire de ce qu'il me faudrait (j'ai fait aussi le test "profil talent" : je suis clairement créative et stratégique.

En puis, c'est aussi par rapport aux responsabilités qui m'incombent. J'ai charge d'âmes, alors, savoir faire la part des choses, l'investissement pro / l'investissement perso, la sensibilité face aux injustices, à la souffrance des personnes, poser un cadre épanouissant dans un monde un peu rétro en termes de management. Ces sujets mes passionnent tellement qu'ils hantent mes nuits jusqu'à échafauder des stratégies jusqu'à point d'heure.

Mais moi, dans tout ça ? Qui m'aide ? Quand est-ce que je me repose et me ressource ? Nous travaillons sur tout cela avec ma coach et les progrès sont fulgurants. Je me sens tellement mieux. Je n'ai qu'un seul regret : ne pas avoir su avant, pour pouvoir trouver un accompagnement adapté, et alléger plus rapidement mes souffrances !

Alors coach, psy, mentor... peu importe, si ce n'est un professionnel formé et adapté à notre tempérament, notre parcours de vie, et la problématique à traiter.

Bonne route à tous !