lien entre autisme et notion du temps

Bonjour à tous,

avez-vous des liens fiables sur la notion du temps chez les autistes ? Ou éventuellement des témoignages de comment vous le vivez aujourd'hui si vous êtes diagnostiqués.

Je suis en cours de diag autisme et je me questionne du coup sur toutes mes bizarreries (et jusqu'à présent la totalité de mes problèmes correspondraient aux critères de l'autisme). Et j'ai notamment un soucis avec la notion du temps (et aussi de l'espace mais là n'est pas tant ma question).
J'ai aperçu quelques trucs sur internet qui mentionnaient les problèmes de notion du temps chez les enfants autistes, mais rien sur les symptômes en rapport chez l'adulte.

Et comme je ne me souviens pas vraiment comment je le vivais étant enfant (à part que je passais mes journées à demander l'heure et à bloquer sur des horloges), les infos que je trouve sur les enfants ne me sont pas très utiles pour comprendre mes symptômes actuels.

Par exemple, lorsque j'envoie un mail ou un message à quelqu'un, le temps d'attente de la réponse m'est insupportable, et j'en viens à, soit, harceler la personne jusqu'à obtenir une réponse, ou soit, me refermer sur moi-même en mode crise (stimming ++, impression d'être enfermée dans mon corps, besoin de fuir la réalité, impression de ne plus réussir à respirer, tout ça...)...

Et en en discutant avec une collègue qui a un fonctionnement extrêmement proche du mien et se pose aussi la question de l'autisme, elle m'a expliqué avoir exactement le même soucis de notion du temps et notamment d'attente de réponse à un message...

Du coup si vous avez des infos/liens/témoignages personnels ou autres là-dessus ça m'intéresse

Salut,

Je sais avoir de forts traits autistiques, et la psy qui a établi mon profil de QI m'a dit que plus ce dernier était élevé, plus des traits autistiques pouvaient apparaitre sans pour autant que le diagnostic d'autisme soit avéré.

Ensuite, le rapport au temps. Il est pour moi élastique et j'ai l'impression, quand je suis affairé, qu'il s'écoule beaucoup plus vite qu'il ne le fait en réalité. Autrefois, quand j'attendais des réponses de personnes auxquelles je tenais, il me semblais que ce même temps s'étirait en longueur et cela me frustrait et me donnait le sentiment que la personne en face n'avait rien à faire de moi.

J'ai fini par me rendre compte que ma notion du temps était distordue par rapport à la moyenne des êtres, et que j'assimilais un courriel à du temps réel et non pas à du temps différé comme le fut le courrier postal à une époque. Et que l'interlocuteur avait sans doute beaucoup de choses à faire, choses que je ne pouvais même pas imaginer.

J'ai donc pris beaucoup de recul, et me suis contenté de me vivre sans attacher à ces ressentis quelque forme de doute sur mon importance aux yeux de l'autre. Et je m'en porte bien mieux:)

Merci Ludion pour ce retour.

De mon côté j'ai beau savoir que l'autre a d'autres choses à faire que de me répondre, sans que cela n'indique quoi que ce soit sur l'importance de mon message à ses yeux, cela ne change rien à mon incapacité à supporter ce temps d'attente.

Mais mon questionnement s'attache plus à savoir si cela pourrait être un symptôme autistique ou pas.

Bonjour Kaimetsu,

Aurais-tu des liens sur ça stp :

J'ai aperçu quelques trucs sur internet qui mentionnaient les problèmes de notion du temps chez les enfants autistes

Je me suis beaucoup interrogée sur des traits autistiques chez mon fils et son rapport au temps est souvent difficile. Pour autant, je me demande maintenant si, plus qu'Asperger, il ne serait pas passé par une longue phase de Troubles Anxieux Généralisés…

J'ai aussi beaucoup de mal avec la temporalité… mais si j'ai des traits autistiques, ils sont trop compensés pour y penser. Pareil avec la notion d'espace…

L'anxiété en tout cas peut altérer ces notions me semble-t-il.

Kaimetsu a écrit:

Mais mon questionnement s'attache plus à savoir si cela pourrait être un symptôme autistique ou pas.

Un symptôme, c'est clair que non : la liste des symptômes autistiques est très clairement définie et l'impatience n'en fait pas partie.
Maintenant, il est vrai aussi que lorsqu'on est anxieux, l'attente est beaucoup plus difficilement supportable.

Et pour les autistes, il y a beaucoup de sources d'anxiété possible.


Exemple :
Lorsque je suis parti au Canada, j'ai dû me rendre à mon nouveau boulot en transports en commun (métro, puis bus)
Les problèmes se sont accumulés : réseau 4G qui ne passe pas, AUCUN plan de bus, et des arrêts de bus disséminés un peu partout autour de la station. Du coup, pas moyen de trouver l'arrêt du bus qui me convient. GROSSE panique, montée en flèche du stress. A un moment, je dois traverser une rue : j'attends donc que le petit bonhomme passe au vert. Je jurerais avoir dû attendre 10 minutes avant que ça n'arrive, dans un état d'énervement indescriptible, alors qu'en réalité (je suis par la suite passé par là plusieurs fois), il est calé sur 45 secondes ...
Et j'ai été diagnostiqué négatif à l'autisme, même si pas mal de traits et de symptômes s'en rapprochent. Finalement, un peu comme ce que Ludion indique au début de son message.

OK merci Fift, donc ça serait plus à mettre sur le dos de l'anxiété du coup...

Kaimetsu a écrit:Par exemple, lorsque j'envoie un mail ou un message à quelqu'un, le temps d'attente de la réponse m'est insupportable, et j'en viens à, soit, harceler la personne jusqu'à obtenir une réponse, ou soit, me refermer sur moi-même en mode crise (stimming ++, impression d'être enfermée dans mon corps, besoin de fuir la réalité, impression de ne plus réussir à respirer, tout ça...)...

Ohhh que oui cela me parle (je suis HQI-Asperger) surtout avec les SMS donc j’évite d’en envoyer et/ou j’essaye de relativiser. Reste à savoir pourquoi cette entente t’est si difficile ? De mon côté c’est parce que je me pose 36 000 questions : « est ce que je l’ai vexé ? », « qu’est ce que j’ai pu dire de mal ? », « est ce qu’il va penser ça ou ça de moi ? », « j’aurai du mettre des smiley »...

A côté de cela, j’ai une représentation du temps et de l’espace qui, je crois, est assez singulière et se rapprocherait de la synesthésie.

Oui dans mon cas il y a aussi cette foule de questions qui m'angoissent pendant l'attente, et je relis 35 fois mon message pour voir les différentes manières dont il pourrait être pris et essayer de savoir si effectivement ça aurait pu vexer l'interlocuteur ou faire croire à tort que ça n'appelait pas de réponse.

Et j'ai également une représentation du temps assez synesthésique. Mais j'ai aussi la sensation de ne pas avoir la même notion du temps que les autres.

A bien y réfléchir je me suis demandée si ça n'était pas à rapprocher de la notion de "cloture cognitive" qui est abordée par christel Petitcollin dans je-ne-sais-plus-lequel-de-ses-livres... En mode : tant que le dossier n'est pas clos tu restes dessus et tu ne peux pas passer à autre chose...
Alors que visiblement les neurotypiques peuvent mettre un truc de côté le temps de faire autre chose et "rouvrir" le dossier une fois la réponse reçue...

Kaimetsu a écrit:En mode : tant que le dossier n'est pas clos tu restes dessus et tu ne peux pas passer à autre chose...
Alors que visiblement les neurotypiques peuvent mettre un truc de côté le temps de faire autre chose et "rouvrir" le dossier une fois la réponse reçue...

Je pense qu'il est effectivement clair que ça joue.

Saxifrage* a écrit:
Aurais-tu des liens sur ça stp :

J'ai aperçu quelques trucs sur internet qui mentionnaient les problèmes de notion du temps chez les enfants autistes

Je me suis beaucoup interrogée sur des traits autistiques chez mon fils et son rapport au temps est souvent difficile. Pour autant, je me demande maintenant si, plus qu'Asperger, il ne serait pas passé par une longue phase de Troubles Anxieux Généralisés…

J'ai aussi beaucoup de mal avec la temporalité… mais si j'ai des traits autistiques, ils sont trop compensés pour y penser. Pareil avec la notion d'espace…

L'anxiété en tout cas peut altérer ces notions me semble-t-il.

désolée Saxifrage je viens de voir que je n'avais pas vue ta réponse.

Non désolée je n'ai pas de lien précis mais j'ai tapé "autisme notion du temps" sur internet et j'ai trouvé quelques articles qui mentionnent la notion du temps comme un soucis chez les enfants autistes mais sans rentrer dans le détail.

Edel a écrit:

Kaimetsu a écrit:Par exemple, lorsque j'envoie un mail ou un message à quelqu'un, le temps d'attente de la réponse m'est insupportable, et j'en viens à, soit, harceler la personne jusqu'à obtenir une réponse, ou soit, me refermer sur moi-même en mode crise (stimming ++, impression d'être enfermée dans mon corps, besoin de fuir la réalité, impression de ne plus réussir à respirer, tout ça...)...

Ohhh que oui cela me parle (je suis HQI-Asperger) surtout avec les SMS donc j’évite d’en envoyer et/ou j’essaye de relativiser. Reste à savoir pourquoi cette entente t’est si difficile ? De mon côté c’est parce que je me pose 36 000 questions : « est ce que je l’ai vexé ? », « qu’est ce que j’ai pu dire de mal ? », « est ce qu’il va penser ça ou ça de moi ? », « j’aurai du mettre des smiley »...

et finalement ce stress concernant la façon dont l'autre aurait pu percevoir notre message et qui expliquerait sa non réponse, est-ce que ça n'aurait pas un lien avec le déficit en théorie de l'esprit ? (difficile de savoir les intentions de l'autre a priori).

Je pense que c'est l'anxiété.

En marge de l'autisme, des maladies mentales changent également la notion du temps, qui n'est plus alors vu comme un continuum, mais dans des points éparts dans lesquels on se perd...