Asocial.e

Quand je regarde cette incroyable fourmilière qu'est l'humanité, quand je regarde des petits groupes d'ouvrières graviter autour des reines, parler de tout et de rien, galoper les unes vers les autres comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, j'ai le sentiment que les autres ont une choses que moi, je n'ai pas. Comme un autre membre ou un troisième œil. Comme si on m'en avait amputé à la naissance avant de me jeter dans la vie et de me dire "Débrouille-toi."

Ou peut-être que c'est à eux qu'il manque quelque chose ?

Moi je crois au contraire que tu as quelque chose qu'elles n'ont pas.

Deal with it.

Je me reconnais particulièrement dans le texte de lili Zevra (coucou d'ailleurs).
Vous pouvez approfondir Loxosceles et Alcedo?

Une intelligence sociale développée peut-être. Ceci dit, on se débrouille bien sans aussi. La confiance en soi par contre, est très difficile à construire.

Mon cas perso... j'ai développé ma sociophobie à moi tout au long de ma vie. Je ne pense pas que ce soit un bien ou un mal, faut trouver des moyens différents de se débrouiller. De m' être approprié ce terme m'a mieux aidé à comprendre mon fonctionnement dominant, plutôt qu'avec les catégories A-social ou Anti social

Moi j'essaie d'expliquer que je suis plutôt"orientée objet", mais ça me peine de heurter des gens et en même temps ils m'épuisent tellement... C'est pas souvent que j'ai plaisir à être avec des gens mais quand ça arrive je ne sais jamais vraiment pourquoi.

Des fois j'ai un peu l'impression qu'on est comme le lièvre de la fable de Jean de La Fontaine, avec la tortue.
On voit plein de trucs, on fait plein de trucs, on n'a pas du tout le même but dans la vie que les tortues.

Ce confinement est particulièrement activant en souvenir de solitude et toute la cascade émotionnelle qui va avec.
A moins qu’autre chose ne se soit passé ?
En tout cas, tu ne m'as pas laissé l'impression d'avoir « une chose en moins ». Surtout entourée de personnes du double de ton age… Je n’aurais personnellement jamais osé !

En attendant avec impatience la sortie rando ou jeu de société...

Spoiler:

Merci pour vos réponses (et un clin d’œil à Pango). En effet, le confinement laisse plus de temps libre, et qui dit temps libre dit réflexion... Vous connaissez la suite.
LaRousse, j'aime bien ta façon de te décrire "orientée objet". Il y a aussi un peu de ça chez moi même si en général j'aime bien les gens. C'est juste que je n'ai pas trouvé la bonne clef (ou peut-être n'ai-je pas le bon trousseau ?).

Je ne sais pas si j'ai vraiment quelque chose en plus ou quelque chose en moins. Mais ce que je sais c'est que c'est toujours (ou presque) pour moi une épreuve d'échanger avec les autres. Ex : Mon papa me demande de lui raconter de quoi parle le livre que je lis actuellement. Résultat, je patine pendant de longues et douloureuses minutes à exprimer ma pensée, claire dans ma tête mais uniquement dans ma tête. Alors que ça me fait plaisir de lui raconter ! Quel bonheur ça a été de lui dire un jour "Le scénario est trop compliqué, je ne peux pas t'expliquer"...

Quant à se faire des amis, on en parle même pas... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression d'avoir fait une découverte intéressante. Pour parler avec des gens (et éventuellement leur faire remarquer qu'on est troooop génial et qu'on mérite teeeellement leur amitié ), il faut avoir des choses à raconter. Or, pour avoir des choses à raconter, en général il faut parler avec des gens. Et on revient au début. C'est un vrai cercle vicieux (ou vertueux, selon).

L'avantage de parler par clavier interposé, c'est que je peux réfléchir à mon texte pendant trois heures si j'ai envie et me relire autant de fois que nécessaire. Alors que, prenons l'IRL que j'ai fait, il fallait que j'improvise quand on me parlais et le résultat n'était pas glorieux. Du coup j'ai l'impression que ça mettait les gens en face de moi mal à l'aise (Pango, tu me donneras ton avis ?) et je me suis retrouvée à écouter. Non pas que l'écoute ne soit pas intéressante, hein. C'est juste que je n'arrive pas à me convaincre que, si je suis asociale c'est très bien comme ça, et que arrête de tout le temps vouloir être super sociable.

Tu n’as mis personne mal à l’aise, je t'assure. (J'ai demandé à certain qui y était)
La première rencontre est une épreuve que certain ne tente même pas ! L’aisance des conversations vient doucement, quand on a assez d’information sur l’autre pour prendre des nouvelles, rebondir, approfondir, s’intéresser, débattre…

Pour parler avec des gens, il faut avoir des choses à raconter. Or, pour avoir des choses à raconter, en général il faut parler avec des gens

C’est bien un problème si tu intellectualises à outrance les relations sociales… Hélaseureusement, les relations sociales passent principalement par un ressenti. Si tu souhaites changer pour de meilleures relations, dis toi aussi que ces même relations vont te changer en retour, pour le meilleur. Je me trouve beaucoup plus cohérent dans mes idées et leurs expressions après une immersion sociale ressentie comme positive, sûre. De même pour la gestion émotionnelle qui devient plus facile. Les ruminations prennent tellement de ressources !
Avec ce ressenti, il ne sera plus question d’être asocial, super sociable ou de résultat glorieux. Il sera simplement question d’être TOI. (De la part d'un névrosé qui galère encore ).

Et si mes mots te paraissent cohérents et intelligibles, c'est aussi qu'il y a eu de longues heures (et d'écran de veille intempestif) à relire ces quelques lignes. Des phrases ont été durement maltraitées pendant le processus et toutes non pas survécus

Le reste autour d'un chocolat chaud (si, si, c'est bien du chocolat chaud !)

La question du langage que l'on utilise est super importante.
Il m'arrive de pratiquer du taï-chi-chuan mais quand on me demande ce que ça m'apporte ...... c'est très difficile de trouver des mots.
Idem quand au boulot je lis des docs informatiques en anglais, ça m'est très difficile de trouver les mots français pour en parler aux personnes plus ou moins informaticiennes du boulot...
Il s'agit plus de pouvoir échanger que de vouloir. La volonté est là en nous, mais comment trouver les mots ?
Bon, en plus, pour ma part, le taï-chi-chuan est une pratique silencieuse. Même dans les exercices avec un partenaire on ne devrait pas parler. Ça développe du ressenti, une expression gestuelle peut-être, mais pas du tout le langage.

Lili Zévra a écrit:Quand je regarde cette incroyable fourmilière qu'est l'humanité, quand je regarde des petits groupes d'ouvrières graviter autour des reines, parler de tout et de rien, galoper les unes vers les autres comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, j'ai le sentiment que les autres ont une choses que moi, je n'ai pas. Comme un autre membre ou un troisième œil. Comme si on m'en avait amputé à la naissance avant de me jeter dans la vie et de me dire "Débrouille-toi."

Ne serais-tu pas également autiste ? Tout « simplement »...

C'est avec plaisir que je lis vos retours. Je me rends compte (avec surprise ?) que cela fait du bien de discuter d'un sujet comme celui-là avec d'autres frères et sœurs de pensée.

Pango a écrit:Avec ce ressenti, il ne sera plus question d’être asocial, super sociable ou de résultat glorieux. Il sera simplement question d’être TOI. (De la part d'un névrosé qui galère encore).

Edel a écrit:Ne serais-tu pas également autiste ? Tout « simplement »...

J'avoue m'être déjà posée la question, mais c'était plutôt une idée qui me passait par la tête parmi tant d'autres. Mais depuis que j'ai lu ton message, ça me trotte vraiment dans la tête...

" Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade. "

Jiddu Krishnamurti