Test Wais IV - le fonctionnement d’un non sur-doué

Bonjour à tous,

Je suis nouvelle sur le forum, je m’intéresse depuis peu aux sujets de fonctionnement cognitif et je recherche également des réponses me concernant sur ce terrain.

J’essaierai de faire au plus simple : j’ai passé le wais iv en début de semaine dernière et j’ai eu mes résultats vendredi dernier. J’aurai le compte-rendu détaillé dans plusieurs semaines.
Le débrief avec la psy a été plutôt rapide, je suis sortie avec plein de questions que je n’ai pas pu poser à chaud.
D’abord je précise : le QIT a été calculé à 120, donc pas de sur-douance, j’espère ne pas être à côté des intérêts de ce forum qui s’adresse quand même aux surdoués.
J’ai donc plusieurs interrogations quant à mes résultats et surtout des questions plus générales.

J’ai eu les résultats suivants :

QI total : 120
Aptitude générale : 121
ICV : 126
Similitudes : 16
Vocabulaire : 15
Information : 10
J’ai pas forcément compris la difficulté de cet exercice, je trouvais mes réponses un peu tirées par les cheveux mais globalement pas de soucis particulier.
Le français n’étant pas ma langue maternelle (mais apprise à l’âge adulte), d’après la psy ça pouvait jouer en ma défaveur. Je n’ai pas forcément eu ce sentiment, à part peut-être 2 mots, je ne pense pas que j’aurais pu mieux faire dans ma langue maternelle.
Quant à la partie information, je comprends très bien mon score car je sais que je manque beaucoup de culture générale (j’ai manqué, je trouve, étant petite de stimulation intellectuelle et culturelle, je manque parfois vraiment de notions de base, au profit d’autres notions auxquelles je m’intéresse plus particulièrement à l’âge adulte).

En fait ce score total ne m’étonne pas, mais j’ai du mal à comprendre en quoi il mesure le QI.
J’ai bien compris que la façon dont on aborde les concepts et on fait des croisements d’informations y est pour beaucoup, mais je reste sur ma faim quant aux explications. Avez-vous des éléments plus éclairants là-dessus ?

Ensuite :

IRP 112
Cubes 13
Matrices 15
Puzzles visuels 8

Sur cette partie j’ai été plutôt étonnée de mes résultats.
Les matrices je comprends le score, je me suis trompée par erreur sur un des premiers items pas si difficiles, je suis allée facilement au bout, j’ai ensuite débriefé avec la psy mes réponses, elle trouvait globalement ma logique efficace et structurée. J’ai bien compris que ce test était plafonné à 17 donc tout va bien.
Quant aux cubes, je suis un peu surprise car j’ai tout fait correctement, mais j’ai compris que le temps beaucoup trop long sur un seul item a fait chuter mon score.
Et enfin le plus étonnant, les puzzles. J’ai globalement trouvé l’exercice pas trop difficile mais j’ai quand même fait deux mauvaises réponses en début du test, en plus j’ai pris beaucoup de temps à vérifier et revérifier de manière un peu obsessionnelle (un vrai problème chez moi) et j’ai mal réagit à la pression sur cet exercice chronométré. Le score me semble tout de même très bas, trouvez-vous ça cohérent ?
Bon globalement vous allez me dire que c’est finalement assez juste car ça démontre mes réelles problématiques et j’en ai conscience, pas question de remettre en question les résultats.

Je continue :

IMT 109
IVT 111
Je ne m’attarderai pas trop sur ces résultats que je trouve plutôt justes.
Je n’ai pas trouvé les exercices très passionnants, d’ailleurs la psy m’a signalé qu’elle a observé un manque d’intérêt certain : par exemple dans la mémoire des chiffres, je me suis trompée très vite deux fois d’affilée donc elle a arrêté de compter les points, par contre étant étonnée, elle a continué les questions, donc j’ai enchaîné plusieurs bonnes réponses dans des séries de 7 et de 8 chiffres, qu’elle n’a donc pas comptés. C’est les règles du jeux donc ça me parait juste. Elle m’a quand même mentionné qu’en cas d’intérêt particulier, ma mémoire pouvait aller plus loin, c’est bon à savoir.

Globalement j’étais plutôt fatiguée en passant le test ayant très peu dormi la veille pour des raisons étrangères à la passation, mais je ne remets pas en questions les résultats pour autant, pour ce motif, car je suis souvent fatiguée ) alors ça me va bien d’avoir un résultat moyen et plutôt représentatif.

Ça ne me tenait pas particulièrement à cœur d’avoir un score de 130 afin d’être qualifiée de surdouée (bien-sûr je l’aurais très bien pris !!) mais je cherchais à trouver par contre des solutions à mes problèmes qui me semblent similaires à ceux des personnes surdouées, en tout cas d’après mes lectures : ennui profond dans la vie de tous les jours mais surtout dans mon travail, manque de sens et pourtant un vrai besoin de sens, sentiment de différence et de rejet en présence d’autres personnes, sentiment de vide, des angoisses existentielles qui me font en quasi-permanence tout remettre en question, du mal à trouver ma voie (je fais un métier assez « opérationnel » et j’ai l’impression de rien apporter et que tous les autres sont meilleurs que moi) etc.

Je précise avoir déjà tenté un travail psy avant l’idée du test, afin de comprendre d’où viennent mes difficultés et je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante.

Pour finir, je me surprends quand même à être un peu perdue après ce test : c’est à dire que j’avais plus ou moins instinctivement conscience de mes forces et de mes faiblesses, mais les ayant objectivées par des scores, pour certains assez bas, ça me fait me sentir un peu... nulle. Je sais c’est bizarre. D’autant plus que comme je l’ai précisé, je ne cherchais pas à être « estampillée » surdouée mais finalement je pense que ça m’aurait bien aidé d’appartenir à une « famille » bien « étudiée » d’un point de vue cognitif.

Ma dernière question est la suivante : pensez-vous qu’au vu de mes résultats, il y a éventuellement des comportements cognitifs qui peuvent expliquer des « ressemblances » avec les problématiques d’un surdoué ?
Je souhaite approfondir des lectures sur ce sujet, mais je ne voudrais pas tomber dans l’écueil « on peut s’identifier à tout avec un peu de bonne volonté ».

Mon message est très long, si des lecteurs prennent de leur temps pour répondre ou pour donner des avis sur mon message, et m’apporter quelques éclaircissements, un grand merci par avance !!
Rita

Bonjour Rita, et bienvenue.

Je tiens d'abord à préciser, je ne suis pas testé. J'ai toutes les raisons de me penser assez haut, mais je n'ai pas de score précis à donner. Des récits que j'en ai lu (et le tien en fait partie), la gestion du stress semble essentielle pour avoir un bon score, c'est un peu dommage. Mais même comme ça, 120, ce n'est pas à la portée du premier venu.

Après, il faut bien voir que la barre à 130 est arbitraire. Plus le temps passe, et plus j'ai l'impression qu'il y a un recouvrement partiel, mais pas total, entre les "zèbres" qui ont du mal à s'intégrer dans la société, et les HQI, qui ont juste un QI supérieur à 130. Certains HQI sont très bien intégrés, et n'ont pas de problèmes particuliers (enfin, juste des problèmes de gens normaux). Si tu lis Gauvrit, pour lui, il n'y a pas de particularité du surdoué du tout. C'est une exagération, mais la corrélation entre spécificités et capacités intellectuelles n'est pas totale; loin s'en faut.

Donc, la question à toi, c'est de savoir si tu est une zèbre. Même si on est pas toujours d'accord avec ses conclusions, Carlos Tinoco décrit très bien cet écart. Quelques vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCTFSbMzp7yjguxH3eZU77CQ/videos

Je conseille particulièrement les plus anciennes (sur la sociabilité, sur l'écart, sur l'autorité, sur l'ennui). Alors certes il y a toujours le risque d'un effet barnum, mais ça cible quand même pas mal. C'est une piste à suivre. Ca te permettra de sentir si tu as des points commun avec le personnage qu'il raconte - et qu'il a croisé si souvent dans son cabinet, sous un grand nombre de visages différents.

Et il faut bien voir aussi que même si les surdoués sont statistiquement rares (par définition), ils ont une variabilité inter-groupe très forte. La diversité ici même est grande, ce n'est pas un hasard. Nous avons quelques points communs, mais aussi plein de différences.

Bonjour RonaldMcDonald,

Merci beaucoup pour ta réponse.

Oui c’est sûr et j’ai trouvé moi-même que le test faisait appel à plusieurs compétences différentes, et je n’ai pas tout compris en ce qui concerne la pertinence de certains items mais je me dit qu’ils avaient forcément leurs rôles Et chapeau à ceux qui arrivent à avoir des scores hauts partout car c’est typiquement le genre d’exercices qu’on pense faciles, mais qu’on foire quand même !

Sinon j’ai certainement besoin d’accepter une part d’incertitude, de subjectivité et de science pas si exacte quand il s’agit de se connaître soi-même.

La question de l’inadaptation ça a longtemps été un sujet pour moi, avec le recul je pense être de base une « handicapée » socialement parlant. J’ai en revanche toujours cherché à travailler là-dessus, à observer les règles des relations sociales et à les appliquer, au point d’être même considérée aujourd’hui comme quelqu’un de très à l’aise dans les interactions sociales. Mon problème maintenant est que je m’y ennuie beaucoup et souvent.
Comme dans mon travail, je me suis longtemps sentie inapte au monde de l’entreprise avec ses règles de gens « normaux », je partais de loin, et je m’y suis complément fait aujourd’hui. Par contre je m’y ennuie beaucoup.
Voilà mon problème c’est plus l’ennui, le manque de sens. Entre autres, il y a beaucoup à dire.
En échangeant rapidement avec la psy avant la passation, elle a évoqué un besoin constant de nouveauté. J’y réfléchis, mais je me demande si ce besoin de changement n’est pas juste une fuite en avant, à force de tomber toujours dans les mêmes travers (professionnellement parlant par exemple mais pas que) et les mêmes activités qui ne m’intéressent pas.
Bref j’en prends conscience de plus en plus.
Merci beaucoup en tout cas pour tes références de lecture et vidéo, j’irai voir avec grand plaisir !

Bonne journée

Bonjour RitaM, tes questions sont légitimes.
Néanmoins avant de prononcer un avis je dois te demander des questions indiscrètes: As tu un moral trés bas, prend tu des médicaments jouant sur l'humeur, te sens-tu inhibée émotionnellement (trop de contrôle)?

Bonjour Sylph,

Merci de ta réponse.
Le moral est fluctuant, je n’ai pas l’impression que ce soit particulièrement problématique en ce moment, à part une forme de désespoir plus ou moins prononcée en fonction des périodes mais qui me suit constamment globalement. Je ne prends pas de médicaments.
Quant à ta dernière question, oui j’ai de plus en plus conscience que c’est le cas, et notamment sur la question du contrôle, qui relève plus d’un réflexe que d’un effort : je suis très mal à l’aise dans la gestion et surtout dans l’expression de mes émotions, comme un mélange de gaucherie et de sentiment d’illégitimité, en plus de la honte et de l’impression de ridicule. Bref tout un sujet aussi !

Il me faudrait plus d'information sur tes aptitudes en générales. Mais en me fiant au détail, il est fort possible que tu n'ai pas passé ce test en toute possession de tes moyens.
L'IRP et l'ICP sont moins impactés par les facteurs pénalisant. C'est justement ceux où tu penses avoir sous-performé. Ce qui te fait perdre quelques points de façon non représentative de tes capacités.

Avec une inhibition, des facteurs de stress les 2 autres IMV/IVT peuvent être fortement impacté (personnellement j'ai même fait moins que toi, même si mon IRP & ICP sont extrêmement haut ce qui compense).

Officiellement tu es en zone "grise", car personne ne te soutiendra dans ton cheminement identitaire avec 120 de QI. On estime que le minimum est à partir de 125. Au risque de t'induire en erreur, je préfère personnellement trancher en faveur d'un fonction hp possible.

Pour la suite, il est possible de travailler en thérapie pour débrider tes capacités et gérer ton stress et refaire le test une fois le délai nécessaire imparti de 2ans grand minimum. Si tu veux en discuter, n'hésite pas à me mp.

Merci Sylph pour ton retour ! Je te réponds en mp

Bonjour Rita, quelques éléments que je remplace ici :

Nanaille a écrit:L'ICV mesure la capacité d'une personne à opérer des liens entre des concepts et à appréhender avec quelle finesse cette personne peut entrer, manipuler et justifier l'abstrait.
Les capacités d'abstraction, c'est à dire la capacité à convoquer ce qui n'existe pas dans ton environnement perceptif immédiat, sont à leur plus haut niveau soutenues par le langage. Enormément de concepts abstraits ne peuvent exister que par le langage. L'ICV mesure votre aisance dans cet espace.
L'IRP, dans la WAIS V, sera très probablement dissocié comme dans la WISC V, en Indice Visuospatial (IVS) et Indice de Raisonnement Fluide (IRF)
L'IVS mesure la capacité d'une personne à comprendre et manipuler les structures. Incidemment, il est extrêmement sensible aux capacités de planification (capacité à maintenir un objectif et les étapes à réaliser en mémoire de travail).
L'IRF mesure la capacité d'une personne à déduire et induire des règles de résolution d'un problème essentiellement perceptif. Il est ainsi nécessaire d'avoir une excellente capacité à porter attention aux détails, mais également avoir la capacité à tester et exclure une hypothèse.
Pour l'IVS et l'IRF, ce sont souvent des indices effondrés par rapport à ce qui est mesuré en ICV car il suffit d'avoir des difficultés sur le plan attentionnel, d'être un peu impulsif, de ne pas avoir la capacité à garder son flots de pensées sous contrôle, d'avoir la flemme de bien évaluer ses hypothèses, etc. Il suffit également d'avoir un peu de stress pour voir sa mémoire de travail saturée et hop, dans les choux.

IMT mesure la mémoire de travail, cette capacité justement à pouvoir garder un certain nombre de terme appartenant à un problème, le temps de les manipuler et d'en tirer un résultat. C'est une compétence difficilement entrainable, plus ou moins fixée à l'adolescence. Elle joue le rôle de facilitateur dans la vie quotidienne, et permet à ceux qui dispose d'une mémoire de travail de bonne qualité d'aller un peu plus vite lorsqu'il n'ont pas l'écrit pour soutenir leur pensée.
IVT mesure la vitesse de traitement, c'est à dire la capacité à prendre en compte rapidement une information simple. Même chose, elle joue un role de facilitateur, mais n'intervient que de très loin dans ce qui est conceptualisé derrière le mot intelligence.

Globalement, on fait le distinguo entre Indice d'Aptitude Générale qui fait la synthèse entre ICV et IRP et l'indice de Compétence Cognitive qui fait la synthèse entre IMT et IVT.

L'un serait le moteur, l'autre plutôt le lubrifiant (et l'émotion le carburant, mais ça c'est un autre chapitre).

Au vu de tes scores, il y a des fluctuations très importantes dans tes performances qui évoquerait peut-être la présence d'un trouble attentionnel (ca va avec le degré de motivation très fluctuant).
Si cela est vérifié chez toi, ce TDA est probablement associé quand même à un haut potentiel, car tes scores dans les subtests les plus saturés en facteur G (intelligence) sont hauts (Similitudes, Matrices et Vocabulaire).
Ton 10 à Information baisse énormément ton ICV. Le psy aurait fait passer Compréhension à la place, tu aurais eu très probablement plus de 130 à l'ICV.
Personnellement, je ne fais plus le subtest Information, qui est devenu un peu obsolète, et je le remplace par Compréhension, plus fin, mieux corrélé à Similitudes et Vocabulaire, et moins sensible au stress et au caractère arbitraire de la culture générale.

Être fatiguée n'aide pas.
Faire le test dans une autre langue que la langue maternelle, non plus.

Le psy était au courant ?

Et en ce qui concerne le chiffre, il faut bien comprendre que le QI ne se distribue PAS de façon linéaire parmi la population, et que 130 c'est une valeur liée à l'écart type de la distribution, mais c'est tout.



En regardant la courbe, ça te donne plus d'idée où tu te situes vis-à-vis du reste de la population, un QI de 120 doit probablement laisser 90+% de la population à gauche de la courbe.

Merci beaucoup de vos réponses !

@Nanaille j’aime beaucoup ton analogie avec le moteur, le lubrifiant et le carburant. En effet, je manquais beaucoup de carburant sur certains exercices !

@Stegos oui la psy était au courant que le français n’était pas ma langue maternelle et m’avait avertie des difficultés potentielles. Objectivement je ne pense pas que ça ait beaucoup influencé négativement mon score (à part peut-être 1 mot dans vocabulaire, et quelques références très françaises dans information).