Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
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Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Bonjour à tous,
Je suis totalement nouvelle sur ce forum, bien que je vous lise depuis 3 mois déjà de manière quotidienne.
Ainsi, j’ai pu explorer bon nombre d’articles et trouver beaucoup de réponses à mes questions, et pour ça je vous remercie du plus profond de mon être.
Il y a cependant un sujet sur lequel je ne trouve pas de réponses... bien qu’ayant lu les témoignages portant sur la synesthésie (présents sur ce forum ainsi que sur le web).
Je ne sais même pas s’il s’agit de synesthésie (je suis dans tous les cas synesthète pour tout ce qui touche aux couleurs...) mais en matière de synesthésie son-image, je n’ai trouvé aucun partage d’expérience ou d’articles scientifiques à ce sujet. J’ai seulement pu observer que certaines personnes visualisaient la musique. Cependant, dans mon cas, ce n’est pas seulement la musique... c’est l’ensemble des bruits qui m’entourent que je visualise tout le temps.
Par exemple, en ce moment, j’entends des oiseaux chanter dehors, un train qui passe, quelqu’un débarrasser le lave-vaisselle au rez-de-chaussée... Toutes ces situations sont visualisées dans ma tête : je suis avec les oiseaux et vois combien ils sont, je vois le train passer, je vois une personne débarrasser le lave-vaisselle et suis parallèlement dans sa tête (decorporation, bref).
Pour tous les bruits de mon quotidien, je les visualise... même mon ventre qui gargouille, je me retrouve à l’intérieur de mon ventre en pensée.
C’est très fatigant, mais en même temps... ne trouvant aucune personne parler de ce phénomène, j’en viens à me demander si ce n’est pas juste normal.
Est-ce que tout le monde vit ça au quotidien ?
Sachez que je suis sincèrement désolée si je suis passée à côté d’un témoignage comme celui-ci sur ce forum, bien que j’en ai déjà lu beaucoup... je suis peut être passée à côté de l’info. Je n’ai que 20 ans, et je suis encore un peu perdue face à toutes ces découvertes sur moi-même et dont j’ai pris connaissance ces derniers mois.
N’hésitez pas à m’apporter des réponses, cela me ferait vraiment plaisir !
Je suis totalement nouvelle sur ce forum, bien que je vous lise depuis 3 mois déjà de manière quotidienne.
Ainsi, j’ai pu explorer bon nombre d’articles et trouver beaucoup de réponses à mes questions, et pour ça je vous remercie du plus profond de mon être.
Il y a cependant un sujet sur lequel je ne trouve pas de réponses... bien qu’ayant lu les témoignages portant sur la synesthésie (présents sur ce forum ainsi que sur le web).
Je ne sais même pas s’il s’agit de synesthésie (je suis dans tous les cas synesthète pour tout ce qui touche aux couleurs...) mais en matière de synesthésie son-image, je n’ai trouvé aucun partage d’expérience ou d’articles scientifiques à ce sujet. J’ai seulement pu observer que certaines personnes visualisaient la musique. Cependant, dans mon cas, ce n’est pas seulement la musique... c’est l’ensemble des bruits qui m’entourent que je visualise tout le temps.
Par exemple, en ce moment, j’entends des oiseaux chanter dehors, un train qui passe, quelqu’un débarrasser le lave-vaisselle au rez-de-chaussée... Toutes ces situations sont visualisées dans ma tête : je suis avec les oiseaux et vois combien ils sont, je vois le train passer, je vois une personne débarrasser le lave-vaisselle et suis parallèlement dans sa tête (decorporation, bref).
Pour tous les bruits de mon quotidien, je les visualise... même mon ventre qui gargouille, je me retrouve à l’intérieur de mon ventre en pensée.
C’est très fatigant, mais en même temps... ne trouvant aucune personne parler de ce phénomène, j’en viens à me demander si ce n’est pas juste normal.
Est-ce que tout le monde vit ça au quotidien ?
Sachez que je suis sincèrement désolée si je suis passée à côté d’un témoignage comme celui-ci sur ce forum, bien que j’en ai déjà lu beaucoup... je suis peut être passée à côté de l’info. Je n’ai que 20 ans, et je suis encore un peu perdue face à toutes ces découvertes sur moi-même et dont j’ai pris connaissance ces derniers mois.
N’hésitez pas à m’apporter des réponses, cela me ferait vraiment plaisir !
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Bienvenue en ces lieux de perdition.
Faut pas s’inquiéter !
La musique m'évoque des saveurs ou des fragrances. C'est pas grave ...
Faut pas s’inquiéter !
La musique m'évoque des saveurs ou des fragrances. C'est pas grave ...
Confiteor- Messages : 9159
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 65
Localisation : Drôme
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Ce forum est beaucoup de bruits aussi, d’images et de sons (non no. Je ne confonds pas bruits et sons), parfois on ne désire pas en rajouter ce qui explique quelques vacances sur des thèmes importants.
Ensuite vient la notion de normalité, qu’on réduit à la moyenne. On s’interroge sur nos particularités quand la majorité nous les renvoie. Sinon elles n’en sont pas à nos yeux, étant ainsi faits de ce bois ci.
Je confirme le procédé de convergence -divergence de tous ces sons fatigue.
Ensuite vient la notion de normalité, qu’on réduit à la moyenne. On s’interroge sur nos particularités quand la majorité nous les renvoie. Sinon elles n’en sont pas à nos yeux, étant ainsi faits de ce bois ci.
Je confirme le procédé de convergence -divergence de tous ces sons fatigue.
Invité- Invité
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Bonjour lili et bienvenue sur zebra crossing.
Voilà un sujet fort un intéressant que la synesthésie. Je me souviens, qu’ au début de ma fréquentation de zc, j’avais moi aussi cherché des témoignages sur zc et sur Internet. Je sais qu’il y a des sujets ouverts sur zc à ce sujet.
En ce qui te concerne lili, je ne sais pas si c’est de la synesthésie que tu fais. Je connais la synesthésie dont tu parles à propos de la musique. Ceux qui l’expérimentent, voient une couleur pour chaque note, ou ressentent un goût dans la bouche pour chaque note. Pareil pour ceux qui voient les chiffres en couleurs ou ceux qui voient les lettres en couleurs, ces deux derniers sont les plus rependus, il me semble.
Après, si je me souviens bien, il existe autant de type de synesthésie que de synesthésie.
Je ne sais pas si tu as connu ce buzz sur le net, il y a 3/4 ans ou certaines personnes entendaient un son sur une vidéo qui n'en avait pas. Un pylône électrique qui saute.
Ne soit pas désolé, tu es à l’écoute de ton corps et c’est plutôt une bonne chose.
En ce qui concerne des témoignages, je peux te conseiller le livre de Daniel Tammet : je suis né un jour bleu.
Daniel Tammet expérimente lui même la synesthésie, essaye de faire des recherches sur lui.
Pour conclure, non, tu n’as rien d’anormal lili, t’en fait pas.
N’hésite pas si tu as des questions.
Voilà un sujet fort un intéressant que la synesthésie. Je me souviens, qu’ au début de ma fréquentation de zc, j’avais moi aussi cherché des témoignages sur zc et sur Internet. Je sais qu’il y a des sujets ouverts sur zc à ce sujet.
En ce qui te concerne lili, je ne sais pas si c’est de la synesthésie que tu fais. Je connais la synesthésie dont tu parles à propos de la musique. Ceux qui l’expérimentent, voient une couleur pour chaque note, ou ressentent un goût dans la bouche pour chaque note. Pareil pour ceux qui voient les chiffres en couleurs ou ceux qui voient les lettres en couleurs, ces deux derniers sont les plus rependus, il me semble.
Après, si je me souviens bien, il existe autant de type de synesthésie que de synesthésie.
Je ne sais pas si tu as connu ce buzz sur le net, il y a 3/4 ans ou certaines personnes entendaient un son sur une vidéo qui n'en avait pas. Un pylône électrique qui saute.
Ne soit pas désolé, tu es à l’écoute de ton corps et c’est plutôt une bonne chose.
En ce qui concerne des témoignages, je peux te conseiller le livre de Daniel Tammet : je suis né un jour bleu.
Daniel Tammet expérimente lui même la synesthésie, essaye de faire des recherches sur lui.
Pour conclure, non, tu n’as rien d’anormal lili, t’en fait pas.
N’hésite pas si tu as des questions.
astronaute- Messages : 461
Date d'inscription : 07/07/2011
Age : 37
Localisation : Saturne
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Un lien intéressant :
Le Monde - « Mon E est vert, le sien est bleu » : le jour où ils ont découvert qu’ils étaient synesthètes
Associer des couleurs à des sons, des chiffres, des lettres ou des jours… La synesthésie touche 2 % à 5 % de la population, chez qui la prise de conscience de ces « superpouvoirs » est souvent tardive.
Je vous copie l’article.
i Imaginez que votre façon de voir le monde soit en partie une illusion. Que personne d’autre ne partage ce que vous ressentez quand vous lisez, quand vous entendez de la musique ou quand vous pensez au temps qui passe. Et que vous en preniez conscience du jour au lendemain. Ce n’est pas le scénario d’un nouvel opus de Matrix, mais la surprise qu’a eue Céline, il y a sept ans. En traînant sur Facebook, cette photographe et graphiste est tombée sur une vidéo « consacrée à une artiste qui peignait des chansons, parce qu’elle avait le don de voir des couleurs quand elle écoutait de la musique ». « C’est seulement à ce moment-là que j’ai compris que ce n’était pas le cas de tout le monde. » Cette particularité que Céline a immédiatement identifiée comme étant sienne et qu’elle qualifie volontiers de « superpouvoir » porte un nom : « synesthésie ».
Si pour vous, les chiffres ont une personnalité et les jours de la semaine arborent des couleurs, si vous vous représentez les mois de l’année sur une ellipse ou si la musique a une forme, vous êtes sûrement synesthète. Ces associations vous reviennent alors toujours à l’identique, elles s’imposent à votre esprit à chaque occasion et sans que vous le recherchiez. Céline en possède la forme la plus courante, la synesthésie graphèmes-couleurs, qui lui fait associer des couleurs aux chiffres et aux lettres. « Si je vois un A écrit noir sur blanc, je vois bien qu’il est noir. Il n’empêche qu’un A, pour moi, c’est toujours rouge, assure-t-elle. Et ce, aussi loin que je m’en souvienne.
Cette artiste de 42 ans cumule aussi des associations moins communes, parmi les dizaines de formes de synesthésie connues : les odeurs, les voix, les personnalités et la musique sont toutes colorées. En choisissant prudemment ses images, elle esquisse ainsi la vision que lui inspire la chanson Bohemian Rhapsody de Queen : un pinceau gorgé de peinture violette qu’on aurait trempé dans l’eau, et dont elle observerait les volutes à la surface. Au fil des passages de ce morceau pensé comme un opéra miniature en six parties distinctes, le même pinceau diffuse d’autres petites touches de couleur, parfois dorées, dans cette composition imaginaire.
Céline, photographe et graphiste de 42 ans, se représente les chiffres sous cette forme serpentine. Des nombres qu’elle voit également en couleurs, de même que les odeurs, les voix, les personnalités et la musique.
Céline, photographe et graphiste de 42 ans, se représente les chiffres sous cette forme serpentine. Des nombres qu’elle voit également en couleurs, de même que les odeurs, les voix, les personnalités et la musique. VALENTIN RAKOVSKY
Chaque jour, Céline tente d’assortir son parfum à la couleur de ses vêtements : « Si je porte du Chanel N° 5, c’est que je m’habille en beige ou en blanc, éventuellement en doré. » Puis ajoute que la fragrance « n’irait pas avec du rose, ça non ! », en laissant échapper un rire, tant l’idée lui semble saugrenue. Cette habitude a toujours été évidente pour elle mais, depuis sa découverte du phénomène, Céline soupçonne que « de l’extérieur, tout cela paraît sûrement idiot »… Elle a néanmoins trouvé une utilisation astucieuse de sa synesthésie graphèmes-couleurs : elle note sans scrupule ses mots de passe sur des morceaux de papier qu’elle peut laisser traîner. Ils y sont en effet noyés au milieu d’autres chiffres et lettres. « Les bons mots de passe ne sont constitués que des lettres d’une certaine couleur », qu’elle sait désormais être la seule à voir.
Un calendrier en 3D dans la tête
Thémis, 21 ans, se doutait depuis longtemps que tout le monde ne partageait pas sa façon de se représenter le temps. Il y a trois ans, elle parcourait un article de presse consacré à la synesthésie et s’est reconnue dans l’un des exemples cités. Elle a alors enfin pu mettre un mot sur sa représentation spatiale des jours, des semaines et des mois. L’année lui apparaît en effet comme une ellipse, à parcourir dans le sens des aiguilles d’une montre, avec août, septembre et octobre sur le quart supérieur, et le début du printemps en bas.
Chaque mois est un carré, dont les semaines sont les côtés. Je les vois en trois dimensions, comme si j’étais à l’intérieur d’une sorte de boîte… » L’étudiante pèse soigneusement ses mots pour dépeindre sa vision, mais se ravise devant la difficulté qu’elle a à la retranscrire : « J’ai déjà essayé d’en faire un dessin. Mais je n’arrive pas à le restituer fidèlement, c’est très bizarre à expliquer. » Même après avoir appris le mot « synesthésie », Thémis a continué d’utiliser la même expression pour désigner ce schéma mental : son « calendrier dans la tête ».
Chloé vit une forme de synesthésie à part, nommée ticker tape (« téléprompteur » en anglais), qui lui fait visualiser les mots qu’elle entend de la bouche des autres ou de la sienne. Les paroles s’écrivent dans son esprit au fur et à mesure « comme les sous-titres des allocutions présidentielles à la télévision ». Si envahissante que cette particularité puisse paraître, Chloé l’a seulement remarquée l’année dernière, à ses 20 ans, en la mentionnant devant une amie. « Elle m’a répondu que c’était fou, parce qu’elle ne vivait pas du tout cela, se souvient cette étudiante. Avant cet épisode, je croyais que tout le monde voyait la même chose. » Désormais consciente qu’elle doit expliquer ses « visions » à ceux qui ne les partagent pas, elle hésite un peu au moment de décrire dans le détail ces lettres qui s’imposent à elle « dans une police d’écriture de roman, avec un petit empattement… » « J’ignore si c’est la même police à chaque fois », ajoute Chloé qui a en revanche bien compris d’où lui venaient sa bonne orthographe ou ses facilités à prendre des notes : ses sous-titres lui restent « enregistrés » dans la tête quelques instants, évidemment sans fautes.
Conception spatiale
La prise de conscience de sa synesthésie peut survenir bien plus tard, comme pour Laurent, 53 ans, qui a trouvé un témoignage sur Internet lui ressemblant beaucoup. « C’était il y a six ou sept ans, narre-t-il. Je connaissais seulement la synesthésie comme le fait d’associer des nombres à des couleurs. J’y voyais un petit côté magique, mais qui ne me concernait pas. Et, sur cette page, quand j’ai vu des schémas de chiffres répartis dans l’espace, je me suis dit : “C’est exactement ce que j’ai !” »
Auparavant, Laurent supposait que sa conception spatiale de l’alphabet, des nombres et du temps était commune à tout le monde, et n’en parlait jamais « tant elle semblait évidente ».
Comme il le justifie, « c’était comme évoquer une couleur, on ne prend pas la peine de la décrire parce qu’on présume que tout le monde se figure la même image ». Le chercheur Michel Dojat, de l’Institut des neurosciences de l’université Grenoble-Alpes, a étudié les cas de nombreux synesthètes au cours de ses travaux, ces dernières années, et confirme « qu’on s’aperçoit surtout qu’on est synesthète en constatant que les autres ne le sont pas ». D’autres synesthètes remarquent en effet très jeunes que certaines de leurs perceptions diffèrent de celles de leur entourage, et n’apprennent le nom du phénomène que dans un second temps. Guillaume avait un doute dès les bancs de l’école, où il avait « déjà une relation particulière avec les chiffres ». « Je pense que ça m’a un peu perturbé, je passais plus de temps que les autres élèves à les identifier. » Ce cheminot de 43 ans appréciait déjà le 5, « rouge, vif, rapide, espiègle. Et cool ». A l’inverse, il évitait autant que possible d’écrire le 7 ou le 9, mais surtout le 3, qu’il trouve « inutile ». Lui qui a peu l’habitude de parler de ses associations s’esclaffe en s’entendant les énoncer à voix haute, et concède : « C’est original d’avoir des sentiments pour un chiffre ! » Il observait effectivement dans l’attitude de ses jeunes camarades de classe de l’époque qu’ils ne « ressentaient sûrement rien de spécial ».
En septembre 2020, il peut enfin nommer ces couleurs et ces personnalités qu’il attache aux chiffres, ainsi que la forme ovoïde qu’il attribue aux mois de l’année. Le terme « synesthésie » lui apparaît dans une vidéo du média Brut, consacrée à l’écrivain américain Daniel Tammet, un synesthète et autiste Asperger rendu célèbre par ses capacités de mémorisation. Mais Guillaume a accueilli cette nouvelle information avec appréhension, « comme si on [lui] avait confirmé qu’[il] était quelqu’un de bizarre ».
La crainte d’être pris pour un fou ou pour quelqu’un d’excentrique est fréquente chez les synesthètes, dès lors qu’ils se rendent compte que leurs perceptions ne sont pas partagées par leur entourage, et d’autant plus s’ils n’ont pas connaissance du nom de leur particularité. Sophie, 46 ans, libraire et synesthète ticker taper, avait par exemple mentionné ses visions devant sa mère alors qu’elle était enfant, et s’était heurtée à son incompréhension.
Elle se rappelle avoir alors choisi, dans le doute, de se taire : « Soit ce que je voyais était normal, et tout le monde le voyait aussi, soit ça ne concernait que moi. Mais, dans ce deuxième cas, il valait peut-être mieux ne pas en parler. » Un article du Monde sur la synesthésie ticker tape lui apporte enfin la réponse, en 2018, et lui insuffle un nouvel élan de curiosité. Sophie mène ses recherches sur la toile, prend connaissance de toutes les formes de synesthésie possibles… et s’aperçoit subitement que sa propre façon de visualiser les mois de l’année est bien moins anodine qu’elle ne le soupçonnait. Sur un cercle, disposé à plat en face d’elle, le 25 décembre et le 1er janvier sont placés tout en haut, et les mois d’été sur la partie inférieure.
Autrefois, les synesthètes qui se découvraient comme tels pouvaient se borner à se dire qu’ils n’étaient pas bien dans leur tête », suggère Michel Dojat. Aujourd’hui, quelques requêtes sur Internet satisfont leur appétit d’information et les conduisent à une nouvelle rassurante : la synesthésie n’est pas une pathologie. Le sujet a « suscité beaucoup d’intérêt » chez Thémis quand elle a découvert qu’elle n’était pas la seule à avoir un « calendrier dans la tête ». Elle a été soulagée d’apprendre que ce qu’elle considérait jusqu’alors comme « juste quelque chose de bizarre » avait fait l’objet d’études sérieuses, et n’était « ni une maladie ni une affabulation de [sa] part ».
Non pas que cette Grenobloise ait déjà eu honte de sa représentation personnelle du temps. Au contraire, comme à de nombreux synesthètes, ses associations lui servent de moyens mnémotechniques, et son calendrier mental la dispense de tenir un agenda pour se souvenir de ses rendez-vous. Mais, pour formuler sa découverte à ses proches, Thémis voulait « en connaître les termes exacts ». La documentation qu’elle a rassemblée pour s’y préparer n’était effectivement pas de trop : « Mon père pensait que j’avais trouvé une croyance spirituelle ou ésotérique. J’ai dû lui montrer des articles scientifiques pour lui prouver que c’était un phénomène bien réel. » Céline aussi a voulu faire connaître la synesthésie à son entourage. Son conjoint s’en étonne, notamment lorsqu’ils tentent ensemble de se rappeler le nom d’un acteur, et que Céline s’aide de son souvenir d’un nom jaune et bleu pour finalement s’écrier « Daniel Craig ! ». La mère de Céline lui demande de temps en temps, pour l’anecdote, quelle est la couleur d’une chanson ou de la date du jour, pour apprendre que de vendredi à samedi, on passe du jaune citron à l’écarlate. L’image qu’en a son père rend la graphiste plus perplexe. Elle le soupçonne d’hésiter « entre se dire que sa fille se rend intéressante, ou qu’elle a quelque chose de grave ». « Il n’arrive pas à trouver ça rationnel. »
Sophie a immédiatement transféré à sa mère l’article dans lequel elle a découvert le syndrome ticker tape. Au lieu du regard décontenancé qui l’avait découragée quand elle était enfant, la libraire a cette fois rencontré plus d’intérêt. « Ma mère a sûrement trouvé le phénomène assez extraordinaire, confie-t-elle. Je la crois même un peu jalouse… »
L’envie pressante de partager sa découverte avec ses proches peut cependant tourner court. En apprenant l’existence de sa synesthésie, Laurent a immédiatement ressenti le besoin de savoir s’ils étaient « nombreux dans le même cas », et a mené un « petit sondage » parmi les membres de sa famille, ses amis, ses collègues… La proportion de synesthètes dans la population est souvent estimée entre 2 % et 5 %, mais est certainement sous-évaluée, puisque beaucoup d’entre eux s’ignorent encore. Nous en connaissons donc tous probablement au moins un autour de nous !
Le Monde - « Mon E est vert, le sien est bleu » : le jour où ils ont découvert qu’ils étaient synesthètes
Associer des couleurs à des sons, des chiffres, des lettres ou des jours… La synesthésie touche 2 % à 5 % de la population, chez qui la prise de conscience de ces « superpouvoirs » est souvent tardive.
Je vous copie l’article.
i Imaginez que votre façon de voir le monde soit en partie une illusion. Que personne d’autre ne partage ce que vous ressentez quand vous lisez, quand vous entendez de la musique ou quand vous pensez au temps qui passe. Et que vous en preniez conscience du jour au lendemain. Ce n’est pas le scénario d’un nouvel opus de Matrix, mais la surprise qu’a eue Céline, il y a sept ans. En traînant sur Facebook, cette photographe et graphiste est tombée sur une vidéo « consacrée à une artiste qui peignait des chansons, parce qu’elle avait le don de voir des couleurs quand elle écoutait de la musique ». « C’est seulement à ce moment-là que j’ai compris que ce n’était pas le cas de tout le monde. » Cette particularité que Céline a immédiatement identifiée comme étant sienne et qu’elle qualifie volontiers de « superpouvoir » porte un nom : « synesthésie ».
Si pour vous, les chiffres ont une personnalité et les jours de la semaine arborent des couleurs, si vous vous représentez les mois de l’année sur une ellipse ou si la musique a une forme, vous êtes sûrement synesthète. Ces associations vous reviennent alors toujours à l’identique, elles s’imposent à votre esprit à chaque occasion et sans que vous le recherchiez. Céline en possède la forme la plus courante, la synesthésie graphèmes-couleurs, qui lui fait associer des couleurs aux chiffres et aux lettres. « Si je vois un A écrit noir sur blanc, je vois bien qu’il est noir. Il n’empêche qu’un A, pour moi, c’est toujours rouge, assure-t-elle. Et ce, aussi loin que je m’en souvienne.
Cette artiste de 42 ans cumule aussi des associations moins communes, parmi les dizaines de formes de synesthésie connues : les odeurs, les voix, les personnalités et la musique sont toutes colorées. En choisissant prudemment ses images, elle esquisse ainsi la vision que lui inspire la chanson Bohemian Rhapsody de Queen : un pinceau gorgé de peinture violette qu’on aurait trempé dans l’eau, et dont elle observerait les volutes à la surface. Au fil des passages de ce morceau pensé comme un opéra miniature en six parties distinctes, le même pinceau diffuse d’autres petites touches de couleur, parfois dorées, dans cette composition imaginaire.
Céline, photographe et graphiste de 42 ans, se représente les chiffres sous cette forme serpentine. Des nombres qu’elle voit également en couleurs, de même que les odeurs, les voix, les personnalités et la musique.
Céline, photographe et graphiste de 42 ans, se représente les chiffres sous cette forme serpentine. Des nombres qu’elle voit également en couleurs, de même que les odeurs, les voix, les personnalités et la musique. VALENTIN RAKOVSKY
Chaque jour, Céline tente d’assortir son parfum à la couleur de ses vêtements : « Si je porte du Chanel N° 5, c’est que je m’habille en beige ou en blanc, éventuellement en doré. » Puis ajoute que la fragrance « n’irait pas avec du rose, ça non ! », en laissant échapper un rire, tant l’idée lui semble saugrenue. Cette habitude a toujours été évidente pour elle mais, depuis sa découverte du phénomène, Céline soupçonne que « de l’extérieur, tout cela paraît sûrement idiot »… Elle a néanmoins trouvé une utilisation astucieuse de sa synesthésie graphèmes-couleurs : elle note sans scrupule ses mots de passe sur des morceaux de papier qu’elle peut laisser traîner. Ils y sont en effet noyés au milieu d’autres chiffres et lettres. « Les bons mots de passe ne sont constitués que des lettres d’une certaine couleur », qu’elle sait désormais être la seule à voir.
Un calendrier en 3D dans la tête
Thémis, 21 ans, se doutait depuis longtemps que tout le monde ne partageait pas sa façon de se représenter le temps. Il y a trois ans, elle parcourait un article de presse consacré à la synesthésie et s’est reconnue dans l’un des exemples cités. Elle a alors enfin pu mettre un mot sur sa représentation spatiale des jours, des semaines et des mois. L’année lui apparaît en effet comme une ellipse, à parcourir dans le sens des aiguilles d’une montre, avec août, septembre et octobre sur le quart supérieur, et le début du printemps en bas.
Chaque mois est un carré, dont les semaines sont les côtés. Je les vois en trois dimensions, comme si j’étais à l’intérieur d’une sorte de boîte… » L’étudiante pèse soigneusement ses mots pour dépeindre sa vision, mais se ravise devant la difficulté qu’elle a à la retranscrire : « J’ai déjà essayé d’en faire un dessin. Mais je n’arrive pas à le restituer fidèlement, c’est très bizarre à expliquer. » Même après avoir appris le mot « synesthésie », Thémis a continué d’utiliser la même expression pour désigner ce schéma mental : son « calendrier dans la tête ».
Chloé vit une forme de synesthésie à part, nommée ticker tape (« téléprompteur » en anglais), qui lui fait visualiser les mots qu’elle entend de la bouche des autres ou de la sienne. Les paroles s’écrivent dans son esprit au fur et à mesure « comme les sous-titres des allocutions présidentielles à la télévision ». Si envahissante que cette particularité puisse paraître, Chloé l’a seulement remarquée l’année dernière, à ses 20 ans, en la mentionnant devant une amie. « Elle m’a répondu que c’était fou, parce qu’elle ne vivait pas du tout cela, se souvient cette étudiante. Avant cet épisode, je croyais que tout le monde voyait la même chose. » Désormais consciente qu’elle doit expliquer ses « visions » à ceux qui ne les partagent pas, elle hésite un peu au moment de décrire dans le détail ces lettres qui s’imposent à elle « dans une police d’écriture de roman, avec un petit empattement… » « J’ignore si c’est la même police à chaque fois », ajoute Chloé qui a en revanche bien compris d’où lui venaient sa bonne orthographe ou ses facilités à prendre des notes : ses sous-titres lui restent « enregistrés » dans la tête quelques instants, évidemment sans fautes.
Conception spatiale
La prise de conscience de sa synesthésie peut survenir bien plus tard, comme pour Laurent, 53 ans, qui a trouvé un témoignage sur Internet lui ressemblant beaucoup. « C’était il y a six ou sept ans, narre-t-il. Je connaissais seulement la synesthésie comme le fait d’associer des nombres à des couleurs. J’y voyais un petit côté magique, mais qui ne me concernait pas. Et, sur cette page, quand j’ai vu des schémas de chiffres répartis dans l’espace, je me suis dit : “C’est exactement ce que j’ai !” »
Auparavant, Laurent supposait que sa conception spatiale de l’alphabet, des nombres et du temps était commune à tout le monde, et n’en parlait jamais « tant elle semblait évidente ».
Comme il le justifie, « c’était comme évoquer une couleur, on ne prend pas la peine de la décrire parce qu’on présume que tout le monde se figure la même image ». Le chercheur Michel Dojat, de l’Institut des neurosciences de l’université Grenoble-Alpes, a étudié les cas de nombreux synesthètes au cours de ses travaux, ces dernières années, et confirme « qu’on s’aperçoit surtout qu’on est synesthète en constatant que les autres ne le sont pas ». D’autres synesthètes remarquent en effet très jeunes que certaines de leurs perceptions diffèrent de celles de leur entourage, et n’apprennent le nom du phénomène que dans un second temps. Guillaume avait un doute dès les bancs de l’école, où il avait « déjà une relation particulière avec les chiffres ». « Je pense que ça m’a un peu perturbé, je passais plus de temps que les autres élèves à les identifier. » Ce cheminot de 43 ans appréciait déjà le 5, « rouge, vif, rapide, espiègle. Et cool ». A l’inverse, il évitait autant que possible d’écrire le 7 ou le 9, mais surtout le 3, qu’il trouve « inutile ». Lui qui a peu l’habitude de parler de ses associations s’esclaffe en s’entendant les énoncer à voix haute, et concède : « C’est original d’avoir des sentiments pour un chiffre ! » Il observait effectivement dans l’attitude de ses jeunes camarades de classe de l’époque qu’ils ne « ressentaient sûrement rien de spécial ».
En septembre 2020, il peut enfin nommer ces couleurs et ces personnalités qu’il attache aux chiffres, ainsi que la forme ovoïde qu’il attribue aux mois de l’année. Le terme « synesthésie » lui apparaît dans une vidéo du média Brut, consacrée à l’écrivain américain Daniel Tammet, un synesthète et autiste Asperger rendu célèbre par ses capacités de mémorisation. Mais Guillaume a accueilli cette nouvelle information avec appréhension, « comme si on [lui] avait confirmé qu’[il] était quelqu’un de bizarre ».
La crainte d’être pris pour un fou ou pour quelqu’un d’excentrique est fréquente chez les synesthètes, dès lors qu’ils se rendent compte que leurs perceptions ne sont pas partagées par leur entourage, et d’autant plus s’ils n’ont pas connaissance du nom de leur particularité. Sophie, 46 ans, libraire et synesthète ticker taper, avait par exemple mentionné ses visions devant sa mère alors qu’elle était enfant, et s’était heurtée à son incompréhension.
Elle se rappelle avoir alors choisi, dans le doute, de se taire : « Soit ce que je voyais était normal, et tout le monde le voyait aussi, soit ça ne concernait que moi. Mais, dans ce deuxième cas, il valait peut-être mieux ne pas en parler. » Un article du Monde sur la synesthésie ticker tape lui apporte enfin la réponse, en 2018, et lui insuffle un nouvel élan de curiosité. Sophie mène ses recherches sur la toile, prend connaissance de toutes les formes de synesthésie possibles… et s’aperçoit subitement que sa propre façon de visualiser les mois de l’année est bien moins anodine qu’elle ne le soupçonnait. Sur un cercle, disposé à plat en face d’elle, le 25 décembre et le 1er janvier sont placés tout en haut, et les mois d’été sur la partie inférieure.
Autrefois, les synesthètes qui se découvraient comme tels pouvaient se borner à se dire qu’ils n’étaient pas bien dans leur tête », suggère Michel Dojat. Aujourd’hui, quelques requêtes sur Internet satisfont leur appétit d’information et les conduisent à une nouvelle rassurante : la synesthésie n’est pas une pathologie. Le sujet a « suscité beaucoup d’intérêt » chez Thémis quand elle a découvert qu’elle n’était pas la seule à avoir un « calendrier dans la tête ». Elle a été soulagée d’apprendre que ce qu’elle considérait jusqu’alors comme « juste quelque chose de bizarre » avait fait l’objet d’études sérieuses, et n’était « ni une maladie ni une affabulation de [sa] part ».
Non pas que cette Grenobloise ait déjà eu honte de sa représentation personnelle du temps. Au contraire, comme à de nombreux synesthètes, ses associations lui servent de moyens mnémotechniques, et son calendrier mental la dispense de tenir un agenda pour se souvenir de ses rendez-vous. Mais, pour formuler sa découverte à ses proches, Thémis voulait « en connaître les termes exacts ». La documentation qu’elle a rassemblée pour s’y préparer n’était effectivement pas de trop : « Mon père pensait que j’avais trouvé une croyance spirituelle ou ésotérique. J’ai dû lui montrer des articles scientifiques pour lui prouver que c’était un phénomène bien réel. » Céline aussi a voulu faire connaître la synesthésie à son entourage. Son conjoint s’en étonne, notamment lorsqu’ils tentent ensemble de se rappeler le nom d’un acteur, et que Céline s’aide de son souvenir d’un nom jaune et bleu pour finalement s’écrier « Daniel Craig ! ». La mère de Céline lui demande de temps en temps, pour l’anecdote, quelle est la couleur d’une chanson ou de la date du jour, pour apprendre que de vendredi à samedi, on passe du jaune citron à l’écarlate. L’image qu’en a son père rend la graphiste plus perplexe. Elle le soupçonne d’hésiter « entre se dire que sa fille se rend intéressante, ou qu’elle a quelque chose de grave ». « Il n’arrive pas à trouver ça rationnel. »
Sophie a immédiatement transféré à sa mère l’article dans lequel elle a découvert le syndrome ticker tape. Au lieu du regard décontenancé qui l’avait découragée quand elle était enfant, la libraire a cette fois rencontré plus d’intérêt. « Ma mère a sûrement trouvé le phénomène assez extraordinaire, confie-t-elle. Je la crois même un peu jalouse… »
L’envie pressante de partager sa découverte avec ses proches peut cependant tourner court. En apprenant l’existence de sa synesthésie, Laurent a immédiatement ressenti le besoin de savoir s’ils étaient « nombreux dans le même cas », et a mené un « petit sondage » parmi les membres de sa famille, ses amis, ses collègues… La proportion de synesthètes dans la population est souvent estimée entre 2 % et 5 %, mais est certainement sous-évaluée, puisque beaucoup d’entre eux s’ignorent encore. Nous en connaissons donc tous probablement au moins un autour de nous !
Dernière édition par izo le Dim 30 Mai 2021 - 14:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Confiteor a écrit:Bienvenue en ces lieux de perdition.
Faut pas s’inquiéter !
La musique m'évoque des saveurs ou des fragrances. C'est pas grave ...
Ahah je ne m’inquiète pas disons que cela fait 20 ans que je suis comme cela donc j’y suis habituée... c’était plus de la curiosité et un étonnement face à un sujet peu abordé, savoir si cela n’arrive qu’à moi ou si quelqu’un d’autre est dans ce cas !
Pour la musique je visualise plein d’images, mais si seulement ça pouvait s’arrêter à la musique... ce serait moins usant je suppose ! Par contre pour les saveurs liées à la musique je ne connais pas, mais cela doit être sympathique
Merci beaucoup pour ta réponse et pour ce « bienvenue » !
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
izo a écrit:Ce forum est beaucoup de bruits aussi, d’images et de sons (non no. Je ne confonds pas bruits et sons), parfois on ne désire pas en rajouter ce qui explique quelques vacances sur des thèmes importants.
Ensuite vient la notion de normalité, qu’on réduit à la moyenne. On s’interroge sur nos particularités quand la majorité nous les renvoie. Sinon elles n’en sont pas à nos yeux, étant ainsi faits de ce bois ci.
Je confirme le procédé de convergence -divergence de tous ces sons fatigue.
Je suis totalement en accord avec ta vision de la normalité... personnellement, j’ai toujours pensé que visualiser des images pour chaque son, ou chaque bruit comme une multiplicité de sons, était inné chez tout le monde. Je pensais que l’hypersensibilité, et ainsi les sons qui dérangent pour la majorité des hypersensibles, provoquait le phénomène que je viens de décrire. Mais finalement, je crois que les hypersensibles sont souvent dérangés par le son mais ne le visualise pas, ou ne rentre pas dans ce son.
Je visualise parfois tellement tout que j’ai la sensation d’être un point de départ, et de tout voir en 360 degrés autour de mon corps (l’ensemble des sons derrière moi provoquant des images qui permettent de reproduire un environnement à première vue invisible).
Je viens de voir pour le lien ! Merci beaucoup... mais j’ai tout de même lu pas mal d’articles sur les formes de synesthésie.. je me reconnais dans différentes formes comme tous les mots en couleurs, les chiffres, le goût en regardant un aliment... mais aucun article n’aborde expressément les images. Ou bien des images « floues » liées à la musique, mais pas des images directement reliées à tous les sons entendus ( bruit d’avion = avion...).
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
astronaute a écrit:Bonjour lili et bienvenue sur zebra crossing.
Voilà un sujet fort un intéressant que la synesthésie. Je me souviens, qu’ au début de ma fréquentation de zc, j’avais moi aussi cherché des témoignages sur zc et sur Internet. Je sais qu’il y a des sujets ouverts sur zc à ce sujet.
En ce qui te concerne lili, je ne sais pas si c’est de la synesthésie que tu fais. Je connais la synesthésie dont tu parles à propos de la musique. Ceux qui l’expérimentent, voient une couleur pour chaque note, ou ressentent un goût dans la bouche pour chaque note. Pareil pour ceux qui voient les chiffres en couleurs ou ceux qui voient les lettres en couleurs, ces deux derniers sont les plus rependus, il me semble.
Après, si je me souviens bien, il existe autant de type de synesthésie que de synesthésie.
Je ne sais pas si tu as connu ce buzz sur le net, il y a 3/4 ans ou certaines personnes entendaient un son sur une vidéo qui n'en avait pas. Un pylône électrique qui saute.
Ne soit pas désolé, tu es à l’écoute de ton corps et c’est plutôt une bonne chose.
En ce qui concerne des témoignages, je peux te conseiller le livre de Daniel Tammet : je suis né un jour bleu.
Daniel Tammet expérimente lui même la synesthésie, essaye de faire des recherches sur lui.
Pour conclure, non, tu n’as rien d’anormal lili, t’en fait pas.
N’hésite pas si tu as des questions.
Merci pour ta réponse !
Et bien moi aussi, j’en viens à m’interroger sur la possibilité qu’il s’agisse d’autre chose que de la synesthésie (en tout cas pour les images incessantes décrites).
Mais en même temps, la synesthésie se définissant comme une confusion des sens, voir le bruit en image fait s’associer la « vue » et l’ouïe... ce qui me ferait qu’il s’agit tout de même de synesthésie.
J’aurais bien aimé trouver la liste des 152 types, peut être qu’elle est présente dans certains ouvrages !
Merci pour l’ouvrage conseillé, je vais essayer de me le procurer dans les prochaines semaines.
Pour le gif animé, oui je suis tombée dessus ce matin (quelle coïncidence) et effectivement j’entends bien un « boom ». Mais je pense que dans cette situation spécifique, beaucoup de personnes peuvent l’entendre étant donné qu’on « anticipe » le bruit à venir (je ne sais pas si c’est très clair).
Après, pour la synesthésie en général je sais que j’en fais, que je suis concernée et c’est un sujet très intéressant. Mais je suis incapable de comprendre et de relier à la synesthésie le phénomène mental spécifique qui vit en moi depuis toujours...
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Arthur Rimbaud a écrit:A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
N'en ratez pas les sou-entendus érotiques !
Confiteor- Messages : 9159
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Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Je t’en prie lili.
C’est vrai que la coïncidence est rigolote et je ne sais pas si on peut là aussi parler de synesthésie. Malgré l’explication de scientifiques pour expliquer pourquoi certaines personnes entendaient un son.
Il ne faut pas oublier que Rémi le rat de ratatouille fait de la synesthésie à chaque fois qu’il goûte un aliment, il voit des couleurs.
Tu as fait le rapprochement synesthésie douane grâce à Jeanne siaud facchin?
C’est vrai que la coïncidence est rigolote et je ne sais pas si on peut là aussi parler de synesthésie. Malgré l’explication de scientifiques pour expliquer pourquoi certaines personnes entendaient un son.
Il ne faut pas oublier que Rémi le rat de ratatouille fait de la synesthésie à chaque fois qu’il goûte un aliment, il voit des couleurs.
Tu as fait le rapprochement synesthésie douane grâce à Jeanne siaud facchin?
astronaute- Messages : 461
Date d'inscription : 07/07/2011
Age : 37
Localisation : Saturne
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
astronaute a écrit:Je t’en prie lili.
C’est vrai que la coïncidence est rigolote et je ne sais pas si on peut là aussi parler de synesthésie. Malgré l’explication de scientifiques pour expliquer pourquoi certaines personnes entendaient un son.
Il ne faut pas oublier que Rémi le rat de ratatouille fait de la synesthésie à chaque fois qu’il goûte un aliment, il voit des couleurs.
Tu as fait le rapprochement synesthésie douane grâce à Jeanne siaud facchin?
Pour être totalement transparente... bien que j’ai posté dans « la vie de zèbre »... je n’ai pas envie de me considérer zèbre avant d’avoir un test et l’avis d’une psychologique qui l’atteste.
Je sais qu’il y a 2 écoles, ceux qui considèrent qu’être zèbre est forcément lié à un haut QI et les autres. Mais je ressens personnellement le besoin de passer ce test avant de me considérer comme telle, chose qui sera faite dans les prochaines semaines ayant déjà pris mes rendez-vous.
Je n’ai pas lu encore d’ouvrages sur la douance, j’ai d’abord retourné internet ! mais j’ai très envie de lire son livre « trop intelligent pour être heureux ». J’ai déjà vu une interview d’elle où elle mentionnait justement la sensation de « 360 degrés » dans laquelle je me reconnais. Il me semble que cette psychologue parle notamment beaucoup d’hypersensibilité (n’hésite pas à me dire si je me trompe).
Je sais que je me reconnais dans divers « signes » de la douance : hypersensibilité très complexe à vivre, synesthésie (bien que cela n’ait pas nécessairement un lien), pensée divergente...
mais en même temps ces signes étant les mêmes chez les hypersensibles, c’est un peu compliqué. Et encore une fois, pour certains la douance se ramène à une simple hypersensibilité. Personnellement, je trouve ça bien trop facile de le résumer comme cela.
Bref, excuse moi, j’écris un pavé et je dévie.
Donc pour répondre à ta question, je n’ai fait aucun rapprochement. La synesthésie est la dernière chose que j’ai découverte un peu par hasard sur mon fonctionnement interne et par laquelle je ne pensais pas être concernée. Disons que j’ai d’abord découvert tout ce qu’était la douance, et qu’en lisant des témoignages j’ai vu que cela pouvait inclure de la synesthésie, et que je me suis reconnue notamment dans cela.
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Je n'ai pas lu l'intégralité de la conversation, seulement le premier message, mais ce que vous décrivez me semble correspondre à une forte capacité d'absorption dans l'imagerie mentale. Je ne trouve pas d'article Wiki-FR, mais voici celui en anglais : https://en.wikipedia.org/wiki/Absorption_(psychology)
Il s'agit d'une capacité particulière, qui, sans être ultra-rare, n'est pas non plus très commune, me semble-t-il. Elle est mesurable à l'aide de l'échelle d'absorption de Tellegen (Tellegen Absorption Scale). Là encore je ne l'ai pas sous la main, mais vous devriez pouvoir la trouver sur internet.
Il s'agit d'une capacité particulière, qui, sans être ultra-rare, n'est pas non plus très commune, me semble-t-il. Elle est mesurable à l'aide de l'échelle d'absorption de Tellegen (Tellegen Absorption Scale). Là encore je ne l'ai pas sous la main, mais vous devriez pouvoir la trouver sur internet.
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Lilli, ne tombe pas dans ce piège !
On peut avoir un QI hors norme, et donc un très haut potentiel de réalisation de soi, tout en étant équilibré, d'humeur stable, normalement émotif, etc.
N'oublie jamais les biais de sélection.
Les HQI qui se retrouvent chez le psy sont ceux qui vont mal, les autres se marrent au bar avec leurs potes ou dans un labo du CNRS. Et donc, si à partir de la clientèle d'un thérapeute, on prétend tirer des règles générales, ben, c'est portnawak.
C'est ce que font les JSF et autres misérabilistes du QI.
Il en est de même en ce lieu. La plupart des membres ont des soucis de gestion de leur QI (pour ceux qui ...) pour des raisons bien indépendantes de celui-ci. Ce peut être lié à des traumatismes de l'enfance, des comorbidités (autisme, bipolarité, etc.), une inadaptation au monde par carence ou défaillance éducative, etc.
À la relecture, je laisse le lapsus qui est drôle : l'usage du mot "comorbidité" laisse penser qu'un QI de 150 est une pathologie ! C'est plutôt la bêtise absolue qui en est une ...
On peut avoir un QI hors norme, et donc un très haut potentiel de réalisation de soi, tout en étant équilibré, d'humeur stable, normalement émotif, etc.
N'oublie jamais les biais de sélection.
Les HQI qui se retrouvent chez le psy sont ceux qui vont mal, les autres se marrent au bar avec leurs potes ou dans un labo du CNRS. Et donc, si à partir de la clientèle d'un thérapeute, on prétend tirer des règles générales, ben, c'est portnawak.
C'est ce que font les JSF et autres misérabilistes du QI.
Il en est de même en ce lieu. La plupart des membres ont des soucis de gestion de leur QI (pour ceux qui ...) pour des raisons bien indépendantes de celui-ci. Ce peut être lié à des traumatismes de l'enfance, des comorbidités (autisme, bipolarité, etc.), une inadaptation au monde par carence ou défaillance éducative, etc.
À la relecture, je laisse le lapsus qui est drôle : l'usage du mot "comorbidité" laisse penser qu'un QI de 150 est une pathologie ! C'est plutôt la bêtise absolue qui en est une ...
Confiteor- Messages : 9159
Date d'inscription : 01/04/2017
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Localisation : Drôme
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Pour revenir au sujet premier, certains prétendent que les HQI ont une connectivité cérébrale accrue, un excès de matière blanche.
C'est peut-être vrai, mais je ne suis pas nécessairement convaincu par des études (IRM) menées sur de faibles cohortes.
Admettons que ce soit le cas (ce n'est pas stupide dans l'idée).
Il ne serait pas étonnant que, du fait de cette hyperconnectivité, l'activation d'une zone cérébrale spécifique stimule une région voisine dédiée à des fonctions autres. La quantité excessive d'information "déborde" le système de gestion de celle-ci.
C'est peut-être vrai, mais je ne suis pas nécessairement convaincu par des études (IRM) menées sur de faibles cohortes.
Admettons que ce soit le cas (ce n'est pas stupide dans l'idée).
Il ne serait pas étonnant que, du fait de cette hyperconnectivité, l'activation d'une zone cérébrale spécifique stimule une région voisine dédiée à des fonctions autres. La quantité excessive d'information "déborde" le système de gestion de celle-ci.
Confiteor- Messages : 9159
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 65
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Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Bon je suis un humble exemple de ce bien être que je suis avec un QI évalué au dessus de mon âge (j’avais dix ans, on m’a dit que j’avais la configuration d’une gamine de 14), sauf que quelques décennies plus tard j’ai toujours l’impression d’avoir dix ans... je m’estime heureuse.
Sinon pour ces capacités excentriques de voir là où d’autres entendent et d’entendre là où d’autres voient, on parle de chevauchement des sens. Elle n’est pas belle la vie ?
Sinon pioche sur le Monde j’ai trouvé ceci
synesthésie ? Quels mécanismes la déclenchent ? Et pourquoi seulement chez certaines personnes ? « Il y a beaucoup de questions sur la synesthésie auxquelles on peut répondre avec cette certitude : on n’a aucune réponse certaine », avertit Jean-Michel Hupé, du Centre de recherche cerveau et cognition de l’université de Toulouse. Le phénomène a été identifié dès le XIXe siècle mais, pour l’heure, son étude a surtout confirmé qu’il était bien réel et qu’il ne s’acquérait pas intentionnellement, même avec de l’entraînement. Depuis la fin du XXe siècle, les chercheurs ont d’abord envisagé une origine génétique de la synesthésie, puis ont profité des possibilités qu’offrait l’imagerie médicale pour étudier le cerveau des synesthètes, et certains se rabattent maintenant sur une explication liée à la mémoire. Ces trois pistes ne s’excluent pas entre elles, mais aucune n’a encore mené à une preuve décisive.
Ainsi, dans les années 1990, l’observation de plusieurs synesthètes au sein de mêmes familles, plus souvent des femmes, a laissé penser que la synesthésie se transmettait génétiquement, par le chromosome X. Mais des études de prévalence systématique – et non plus fondées sur une participation spontanée – ont révélé une proportion identique chez les hommes et chez les femmes. Des exemples de père et fils comme seuls synesthètes d’une même famille ainsi que des cas de vrais jumeaux dont un seul était synesthète ont eu raison d’une explication génétique simple.
Depuis, des recherches comparent les génomes des synesthètes avec ceux des membres de leurs familles. Mais elles ne s’attendent pas à trouver de « gène de la synesthésie ». La chercheuse en sciences cognitives Tessa van Leeuwen, de l’université Radboud, à Nimègue (Pays-Bas), envisage plutôt « un ensemble de gènes qui prédisposeraient à l’apparition d’associations synesthésiques, sans les entraîner à chaque fois. Peut-être sont-ce les gènes liés au développement du cerveau ? » Pas de liaisons anormales dans le cerveau
Les encéphales des synesthètes sont scrutés depuis les années 2000, à l’aide d’IRM fonctionnelles (IRMf). Les chercheurs tentent de mettre en évidence une différence d’activité dans certains réseaux de neurones entre les non-synesthètes et les synesthètes. L’hypothèse est que, chez ces derniers, des connexions seraient anormalement nombreuses ou actives entre certaines zones. L’aire spécialisée dans la reconnaissance des lettres serait par exemple trop connectée à celle impliquée dans la vision des couleurs, et la sollicitation de la première activerait spontanément la deuxième, provoquant la synesthésie graphèmes-couleurs. Ces liaisons anormales seraient d’ailleurs plus fréquentes entre ces deux zones, puisqu’elles sont voisines au sein du cortex visuel.
« Cette hypothèse de départ était très séduisante, concède Jean-Michel Hupé, mais aucune équipe n’a pu reproduire de tels résultats. » En 2015, ce chercheur a passé en revue les études existantes avec son collègue Michel Dojat, de l’Institut des neurosciences de l’université Grenoble-Alpes, et ils ont constaté que l’enthousiasme était bien retombé depuis les promesses des publications initiales. « Avec des IRMf, le degré de précision n’est pas très bon, explique Michel Dojat. Il faudrait répéter l’expérience et retrouver le même résultat un grand nombre de fois pour pouvoir conclure. »
Tessa van Leeuwen, elle, continue de chercher des mécanismes neuraux impliqués dans la synesthésie. « Ce n’est pas seulement une question de connectivité, mais peut-être aussi de sensibilité », suggère-t-elle. Chez les synesthètes, des réseaux du cerveau auraient un seuil d’activation plus bas, se déclencheraient plus facilement et entraîneraient des perceptions additionnelles. « Mais ce n’est pas encore clair », prévient la chercheuse.
Moyens mnémotechniques
Alors que les traces de la synesthésie sont encore bien dissimulées sur les imageries médicales, Jean-Michel Hupé propose l’idée que les associations synesthésiques se développeraient pendant l’enfance. A l’âge où le cerveau assimile les positions spatiales, la lecture ou la musique, certains enfants feraient ces associations inconsciemment pour apprendre plus vite, comme autant de moyens mnémotechniques. En grandissant, ces derniers s’automatiseraient en synesthésies. Avec une précision surprenante, Thémis, étudiante de 21 ans, décrit les murs de sa classe de maternelle : une affiche représentait les saisons sur un cercle, et « un train tirait un wagon par jour de la semaine ». L’origine de sa représentation spatiale du temps ? « Je me pose souvent la question », reconnaît-elle.
D’un synesthète à l’autre, les associations sont pourtant très différentes. « Il y a beaucoup d’alphabets colorés dans une seule école, rétorque Jean-Michel Hupé. L’enfant peut mélanger plusieurs sources, son imagination ou des souvenirs erronés. Les associations évoluent probablement beaucoup à cet âge. » Cette hypothèse implique aussi des influences d’ordre culturel sur les associations synesthésiques, ce qui justifierait certains traits récurrents. Souvent, le zéro est peu coloré et les deux mois des vacances d’été sont placés aux extrémités des ellipses dans les représentations spatiales des mois. « Des études menées sur la forte coloration de certaines lettres font un lien possible avec leur fréquence d’apparition dans la langue maternelle », cite encore Michel Dojat. Si les analyses de Jean-Michel Hupé concernent surtout la synesthésie graphèmes-couleurs, elles pourraient être transposables à d’autres formes. Pour l’audition colorée par exemple, « il suffit qu’une nouvelle musique ressemble à des mélodies connues pour lesquelles des associations existent déjà, pour qu’elles soient reprises ».
Une étude semée d’embûches
La synesthésie est parfois associée à d’autres phénomènes, comme une créativité accrue. Réalité ou légende urbaine inspirée d’exemples célèbres (dont la chanteuse Billie Eilish, le peintre Vassily Kandinsky ou le musicien Olivier Messiaen) ? Michel Dojat penche pour la seconde option, reconnaissant que « l’audition colorée aide sûrement de la même façon que l’oreille absolue. Mais ce sont surtout des exceptions ». « Si le lien existe, il n’est certainement pas fort », renchérit Jean-Michel Hupé qui a recherché sans succès une telle corrélation avec sa collègue américaine Charlotte Chun dans des travaux publiés en 2015. De même, Tessa van Leeuwen balaie les idées reçues sur des rapprochements supposés entre synesthésie et haut potentiel intellectuel.
Pour la chercheuse néerlandaise, « rien n’a encore été montré sur ce point », comme sur beaucoup d’autres, tant l’étude de la synesthésie est semée d’embûches. Trouver des sujets, vérifier la consistance de leurs associations dans le temps, constituer une population témoin, créer un échantillon homogène… Ces difficultés que doivent affronter les scientifiques font soupirer Michel Dojat : « Sur un phénomène aussi fin et diversifié, un échantillon de synesthètes homogène, on ne sait pas trop ce que ça veut dire ! » Entre biais d’échantillonnage, effectifs limités et techniques d’imagerie pas toujours adaptées, les chercheurs n’ont pas fini de creuser les méninges des synesthètes, ni les leurs.
Sinon pour ces capacités excentriques de voir là où d’autres entendent et d’entendre là où d’autres voient, on parle de chevauchement des sens. Elle n’est pas belle la vie ?
Sinon pioche sur le Monde j’ai trouvé ceci
synesthésie ? Quels mécanismes la déclenchent ? Et pourquoi seulement chez certaines personnes ? « Il y a beaucoup de questions sur la synesthésie auxquelles on peut répondre avec cette certitude : on n’a aucune réponse certaine », avertit Jean-Michel Hupé, du Centre de recherche cerveau et cognition de l’université de Toulouse. Le phénomène a été identifié dès le XIXe siècle mais, pour l’heure, son étude a surtout confirmé qu’il était bien réel et qu’il ne s’acquérait pas intentionnellement, même avec de l’entraînement. Depuis la fin du XXe siècle, les chercheurs ont d’abord envisagé une origine génétique de la synesthésie, puis ont profité des possibilités qu’offrait l’imagerie médicale pour étudier le cerveau des synesthètes, et certains se rabattent maintenant sur une explication liée à la mémoire. Ces trois pistes ne s’excluent pas entre elles, mais aucune n’a encore mené à une preuve décisive.
Ainsi, dans les années 1990, l’observation de plusieurs synesthètes au sein de mêmes familles, plus souvent des femmes, a laissé penser que la synesthésie se transmettait génétiquement, par le chromosome X. Mais des études de prévalence systématique – et non plus fondées sur une participation spontanée – ont révélé une proportion identique chez les hommes et chez les femmes. Des exemples de père et fils comme seuls synesthètes d’une même famille ainsi que des cas de vrais jumeaux dont un seul était synesthète ont eu raison d’une explication génétique simple.
Depuis, des recherches comparent les génomes des synesthètes avec ceux des membres de leurs familles. Mais elles ne s’attendent pas à trouver de « gène de la synesthésie ». La chercheuse en sciences cognitives Tessa van Leeuwen, de l’université Radboud, à Nimègue (Pays-Bas), envisage plutôt « un ensemble de gènes qui prédisposeraient à l’apparition d’associations synesthésiques, sans les entraîner à chaque fois. Peut-être sont-ce les gènes liés au développement du cerveau ? » Pas de liaisons anormales dans le cerveau
Les encéphales des synesthètes sont scrutés depuis les années 2000, à l’aide d’IRM fonctionnelles (IRMf). Les chercheurs tentent de mettre en évidence une différence d’activité dans certains réseaux de neurones entre les non-synesthètes et les synesthètes. L’hypothèse est que, chez ces derniers, des connexions seraient anormalement nombreuses ou actives entre certaines zones. L’aire spécialisée dans la reconnaissance des lettres serait par exemple trop connectée à celle impliquée dans la vision des couleurs, et la sollicitation de la première activerait spontanément la deuxième, provoquant la synesthésie graphèmes-couleurs. Ces liaisons anormales seraient d’ailleurs plus fréquentes entre ces deux zones, puisqu’elles sont voisines au sein du cortex visuel.
« Cette hypothèse de départ était très séduisante, concède Jean-Michel Hupé, mais aucune équipe n’a pu reproduire de tels résultats. » En 2015, ce chercheur a passé en revue les études existantes avec son collègue Michel Dojat, de l’Institut des neurosciences de l’université Grenoble-Alpes, et ils ont constaté que l’enthousiasme était bien retombé depuis les promesses des publications initiales. « Avec des IRMf, le degré de précision n’est pas très bon, explique Michel Dojat. Il faudrait répéter l’expérience et retrouver le même résultat un grand nombre de fois pour pouvoir conclure. »
Tessa van Leeuwen, elle, continue de chercher des mécanismes neuraux impliqués dans la synesthésie. « Ce n’est pas seulement une question de connectivité, mais peut-être aussi de sensibilité », suggère-t-elle. Chez les synesthètes, des réseaux du cerveau auraient un seuil d’activation plus bas, se déclencheraient plus facilement et entraîneraient des perceptions additionnelles. « Mais ce n’est pas encore clair », prévient la chercheuse.
Moyens mnémotechniques
Alors que les traces de la synesthésie sont encore bien dissimulées sur les imageries médicales, Jean-Michel Hupé propose l’idée que les associations synesthésiques se développeraient pendant l’enfance. A l’âge où le cerveau assimile les positions spatiales, la lecture ou la musique, certains enfants feraient ces associations inconsciemment pour apprendre plus vite, comme autant de moyens mnémotechniques. En grandissant, ces derniers s’automatiseraient en synesthésies. Avec une précision surprenante, Thémis, étudiante de 21 ans, décrit les murs de sa classe de maternelle : une affiche représentait les saisons sur un cercle, et « un train tirait un wagon par jour de la semaine ». L’origine de sa représentation spatiale du temps ? « Je me pose souvent la question », reconnaît-elle.
D’un synesthète à l’autre, les associations sont pourtant très différentes. « Il y a beaucoup d’alphabets colorés dans une seule école, rétorque Jean-Michel Hupé. L’enfant peut mélanger plusieurs sources, son imagination ou des souvenirs erronés. Les associations évoluent probablement beaucoup à cet âge. » Cette hypothèse implique aussi des influences d’ordre culturel sur les associations synesthésiques, ce qui justifierait certains traits récurrents. Souvent, le zéro est peu coloré et les deux mois des vacances d’été sont placés aux extrémités des ellipses dans les représentations spatiales des mois. « Des études menées sur la forte coloration de certaines lettres font un lien possible avec leur fréquence d’apparition dans la langue maternelle », cite encore Michel Dojat. Si les analyses de Jean-Michel Hupé concernent surtout la synesthésie graphèmes-couleurs, elles pourraient être transposables à d’autres formes. Pour l’audition colorée par exemple, « il suffit qu’une nouvelle musique ressemble à des mélodies connues pour lesquelles des associations existent déjà, pour qu’elles soient reprises ».
Une étude semée d’embûches
La synesthésie est parfois associée à d’autres phénomènes, comme une créativité accrue. Réalité ou légende urbaine inspirée d’exemples célèbres (dont la chanteuse Billie Eilish, le peintre Vassily Kandinsky ou le musicien Olivier Messiaen) ? Michel Dojat penche pour la seconde option, reconnaissant que « l’audition colorée aide sûrement de la même façon que l’oreille absolue. Mais ce sont surtout des exceptions ». « Si le lien existe, il n’est certainement pas fort », renchérit Jean-Michel Hupé qui a recherché sans succès une telle corrélation avec sa collègue américaine Charlotte Chun dans des travaux publiés en 2015. De même, Tessa van Leeuwen balaie les idées reçues sur des rapprochements supposés entre synesthésie et haut potentiel intellectuel.
Pour la chercheuse néerlandaise, « rien n’a encore été montré sur ce point », comme sur beaucoup d’autres, tant l’étude de la synesthésie est semée d’embûches. Trouver des sujets, vérifier la consistance de leurs associations dans le temps, constituer une population témoin, créer un échantillon homogène… Ces difficultés que doivent affronter les scientifiques font soupirer Michel Dojat : « Sur un phénomène aussi fin et diversifié, un échantillon de synesthètes homogène, on ne sait pas trop ce que ça veut dire ! » Entre biais d’échantillonnage, effectifs limités et techniques d’imagerie pas toujours adaptées, les chercheurs n’ont pas fini de creuser les méninges des synesthètes, ni les leurs.
Invité- Invité
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Merci !
Il me semble avoir lu que les synesthètes sont plus nombreux chez les HQI ?
Mais t'imagines le bordel pour avoir un échantillonnage fiable ...
Il me semble avoir lu que les synesthètes sont plus nombreux chez les HQI ?
Mais t'imagines le bordel pour avoir un échantillonnage fiable ...
Confiteor- Messages : 9159
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 65
Localisation : Drôme
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
ilien a écrit:Je n'ai pas lu l'intégralité de la conversation, seulement le premier message, mais ce que vous décrivez me semble correspondre à une forte capacité d'absorption dans l'imagerie mentale. Je ne trouve pas d'article Wiki-FR, mais voici celui en anglais : https://en.wikipedia.org/wiki/Absorption_(psychology)
Il s'agit d'une capacité particulière, qui, sans être ultra-rare, n'est pas non plus très commune, me semble-t-il. Elle est mesurable à l'aide de l'échelle d'absorption de Tellegen (Tellegen Absorption Scale). Là encore je ne l'ai pas sous la main, mais vous devriez pouvoir la trouver sur internet.
Hello !
Merci pour ta réponse, je ne connaissais pas du tout !
J’ai fais quelques recherches, c’est complexe car le sujet n’est pas beaucoup abordé. Je pense effectivement qu’il y a de ça, puisque je dois être absorbé par mon imaginaire pour avoir cette sensation de 360 degrés.
D’autant plus que cette absorption intègre la synesthésie, d’après l’article Wikipedia.
Tu m’as beaucoup aidée ! Merci encore
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Confiteor a écrit:Lilli, ne tombe pas dans ce piège !
On peut avoir un QI hors norme, et donc un très haut potentiel de réalisation de soi, tout en étant équilibré, d'humeur stable, normalement émotif, etc.
N'oublie jamais les biais de sélection.
Les HQI qui se retrouvent chez le psy sont ceux qui vont mal, les autres se marrent au bar avec leurs potes ou dans un labo du CNRS. Et donc, si à partir de la clientèle d'un thérapeute, on prétend tirer des règles générales, ben, c'est portnawak.
C'est ce que font les JSF et autres misérabilistes du QI.
Il en est de même en ce lieu. La plupart des membres ont des soucis de gestion de leur QI (pour ceux qui ...) pour des raisons bien indépendantes de celui-ci. Ce peut être lié à des traumatismes de l'enfance, des comorbidités (autisme, bipolarité, etc.), une inadaptation au monde par carence ou défaillance éducative, etc.
À la relecture, je laisse le lapsus qui est drôle : l'usage du mot "comorbidité" laisse penser qu'un QI de 150 est une pathologie ! C'est plutôt la bêtise absolue qui en est une ...
Je suis d’accord, mais sont-ils réellement beaucoup à être totalement épanouis ? je n’en suis pas si sure
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
Confiteor a écrit:Pour revenir au sujet premier, certains prétendent que les HQI ont une connectivité cérébrale accrue, un excès de matière blanche.
C'est peut-être vrai, mais je ne suis pas nécessairement convaincu par des études (IRM) menées sur de faibles cohortes.
Admettons que ce soit le cas (ce n'est pas stupide dans l'idée).
Il ne serait pas étonnant que, du fait de cette hyperconnectivité, l'activation d'une zone cérébrale spécifique stimule une région voisine dédiée à des fonctions autres. La quantité excessive d'information "déborde" le système de gestion de celle-ci.
C’est une hypothèse intéressante...
mais encore une fois, cela revient à mon précédent message. Je ne suis pas encore testée, et ayant en plus de cela du mal à m’imaginer avec un haut QI, je peux pour l’instant difficilement étudier cette piste.
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
Re: Est-ce normal ? Pourquoi personne n’en parle ?
izo a écrit:Bon je suis un humble exemple de ce bien être que je suis avec un QI évalué au dessus de mon âge (j’avais dix ans, on m’a dit que j’avais la configuration d’une gamine de 14), sauf que quelques décennies plus tard j’ai toujours l’impression d’avoir dix ans... je m’estime heureuse.
Sinon pour ces capacités excentriques de voir là où d’autres entendent et d’entendre là où d’autres voient, on parle de chevauchement des sens. Elle n’est pas belle la vie ?
Sinon pioche sur le Monde j’ai trouvé ceci
synesthésie ? Quels mécanismes la déclenchent ? Et pourquoi seulement chez certaines personnes ? « Il y a beaucoup de questions sur la synesthésie auxquelles on peut répondre avec cette certitude : on n’a aucune réponse certaine », avertit Jean-Michel Hupé, du Centre de recherche cerveau et cognition de l’université de Toulouse. Le phénomène a été identifié dès le XIXe siècle mais, pour l’heure, son étude a surtout confirmé qu’il était bien réel et qu’il ne s’acquérait pas intentionnellement, même avec de l’entraînement. Depuis la fin du XXe siècle, les chercheurs ont d’abord envisagé une origine génétique de la synesthésie, puis ont profité des possibilités qu’offrait l’imagerie médicale pour étudier le cerveau des synesthètes, et certains se rabattent maintenant sur une explication liée à la mémoire. Ces trois pistes ne s’excluent pas entre elles, mais aucune n’a encore mené à une preuve décisive.
Ainsi, dans les années 1990, l’observation de plusieurs synesthètes au sein de mêmes familles, plus souvent des femmes, a laissé penser que la synesthésie se transmettait génétiquement, par le chromosome X. Mais des études de prévalence systématique – et non plus fondées sur une participation spontanée – ont révélé une proportion identique chez les hommes et chez les femmes. Des exemples de père et fils comme seuls synesthètes d’une même famille ainsi que des cas de vrais jumeaux dont un seul était synesthète ont eu raison d’une explication génétique simple.
Depuis, des recherches comparent les génomes des synesthètes avec ceux des membres de leurs familles. Mais elles ne s’attendent pas à trouver de « gène de la synesthésie ». La chercheuse en sciences cognitives Tessa van Leeuwen, de l’université Radboud, à Nimègue (Pays-Bas), envisage plutôt « un ensemble de gènes qui prédisposeraient à l’apparition d’associations synesthésiques, sans les entraîner à chaque fois. Peut-être sont-ce les gènes liés au développement du cerveau ? » Pas de liaisons anormales dans le cerveau
Les encéphales des synesthètes sont scrutés depuis les années 2000, à l’aide d’IRM fonctionnelles (IRMf). Les chercheurs tentent de mettre en évidence une différence d’activité dans certains réseaux de neurones entre les non-synesthètes et les synesthètes. L’hypothèse est que, chez ces derniers, des connexions seraient anormalement nombreuses ou actives entre certaines zones. L’aire spécialisée dans la reconnaissance des lettres serait par exemple trop connectée à celle impliquée dans la vision des couleurs, et la sollicitation de la première activerait spontanément la deuxième, provoquant la synesthésie graphèmes-couleurs. Ces liaisons anormales seraient d’ailleurs plus fréquentes entre ces deux zones, puisqu’elles sont voisines au sein du cortex visuel.
« Cette hypothèse de départ était très séduisante, concède Jean-Michel Hupé, mais aucune équipe n’a pu reproduire de tels résultats. » En 2015, ce chercheur a passé en revue les études existantes avec son collègue Michel Dojat, de l’Institut des neurosciences de l’université Grenoble-Alpes, et ils ont constaté que l’enthousiasme était bien retombé depuis les promesses des publications initiales. « Avec des IRMf, le degré de précision n’est pas très bon, explique Michel Dojat. Il faudrait répéter l’expérience et retrouver le même résultat un grand nombre de fois pour pouvoir conclure. »
Tessa van Leeuwen, elle, continue de chercher des mécanismes neuraux impliqués dans la synesthésie. « Ce n’est pas seulement une question de connectivité, mais peut-être aussi de sensibilité », suggère-t-elle. Chez les synesthètes, des réseaux du cerveau auraient un seuil d’activation plus bas, se déclencheraient plus facilement et entraîneraient des perceptions additionnelles. « Mais ce n’est pas encore clair », prévient la chercheuse.
Moyens mnémotechniques
Alors que les traces de la synesthésie sont encore bien dissimulées sur les imageries médicales, Jean-Michel Hupé propose l’idée que les associations synesthésiques se développeraient pendant l’enfance. A l’âge où le cerveau assimile les positions spatiales, la lecture ou la musique, certains enfants feraient ces associations inconsciemment pour apprendre plus vite, comme autant de moyens mnémotechniques. En grandissant, ces derniers s’automatiseraient en synesthésies. Avec une précision surprenante, Thémis, étudiante de 21 ans, décrit les murs de sa classe de maternelle : une affiche représentait les saisons sur un cercle, et « un train tirait un wagon par jour de la semaine ». L’origine de sa représentation spatiale du temps ? « Je me pose souvent la question », reconnaît-elle.
D’un synesthète à l’autre, les associations sont pourtant très différentes. « Il y a beaucoup d’alphabets colorés dans une seule école, rétorque Jean-Michel Hupé. L’enfant peut mélanger plusieurs sources, son imagination ou des souvenirs erronés. Les associations évoluent probablement beaucoup à cet âge. » Cette hypothèse implique aussi des influences d’ordre culturel sur les associations synesthésiques, ce qui justifierait certains traits récurrents. Souvent, le zéro est peu coloré et les deux mois des vacances d’été sont placés aux extrémités des ellipses dans les représentations spatiales des mois. « Des études menées sur la forte coloration de certaines lettres font un lien possible avec leur fréquence d’apparition dans la langue maternelle », cite encore Michel Dojat. Si les analyses de Jean-Michel Hupé concernent surtout la synesthésie graphèmes-couleurs, elles pourraient être transposables à d’autres formes. Pour l’audition colorée par exemple, « il suffit qu’une nouvelle musique ressemble à des mélodies connues pour lesquelles des associations existent déjà, pour qu’elles soient reprises ».
Une étude semée d’embûches
La synesthésie est parfois associée à d’autres phénomènes, comme une créativité accrue. Réalité ou légende urbaine inspirée d’exemples célèbres (dont la chanteuse Billie Eilish, le peintre Vassily Kandinsky ou le musicien Olivier Messiaen) ? Michel Dojat penche pour la seconde option, reconnaissant que « l’audition colorée aide sûrement de la même façon que l’oreille absolue. Mais ce sont surtout des exceptions ». « Si le lien existe, il n’est certainement pas fort », renchérit Jean-Michel Hupé qui a recherché sans succès une telle corrélation avec sa collègue américaine Charlotte Chun dans des travaux publiés en 2015. De même, Tessa van Leeuwen balaie les idées reçues sur des rapprochements supposés entre synesthésie et haut potentiel intellectuel.
Pour la chercheuse néerlandaise, « rien n’a encore été montré sur ce point », comme sur beaucoup d’autres, tant l’étude de la synesthésie est semée d’embûches. Trouver des sujets, vérifier la consistance de leurs associations dans le temps, constituer une population témoin, créer un échantillon homogène… Ces difficultés que doivent affronter les scientifiques font soupirer Michel Dojat : « Sur un phénomène aussi fin et diversifié, un échantillon de synesthètes homogène, on ne sait pas trop ce que ça veut dire ! » Entre biais d’échantillonnage, effectifs limités et techniques d’imagerie pas toujours adaptées, les chercheurs n’ont pas fini de creuser les méninges des synesthètes, ni les leurs.
Merci pour cet article très intéressant !
Pour le moment, je n’ai jamais expliqué mon fonctionnement à mes parents (j’attends encore un peu), mais je sais avec certitude qu’ils ne sont pas concernés, je vois bien qu’ils n’ont pas l’état d’ « alerte » que j’éprouve au quotidien.
Pour autant, ils sont peut être concernés par d’autres formes de synesthésie ! (Si la génétique s’avérait un facteur explicatif prédominant)
Je me reconnais dans le petit train de couleur avec les jours de la semaine. Quand je me suis rendue compte que j’étais synesthète (pour tout ce qui touchait aux couleurs), je me suis rendue compte que les couleurs des jours de la semaine que je voyais correspondent exactement au petit train que j’avais dans ma classe (merci Google image). Je l’ai donc mémorisé et ressorti comme tel à chaque occasion où j’entendais, lisais ou prononçais un jour de la semaine. Cependant, étant donné que la majorité des mots ont aussi des couleurs chez moi, je ne pense pas que tout puisse être expliqué par l’enfance non plus.
Lili1310- Messages : 12
Date d'inscription : 04/05/2021
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