23 haricots

Bonjour,
J'avais déjà fait une présentation ici il y a quelques années et je n'étais plus venue depuis longtemps. Mais ce matin il pleut, je me sens un peu seule et fatiguée et j'ai repensé à ce forum. Donc me revoilà.

Je m'appelle Laure et j'ai 23 ans. J'aime écrire, courir, les crêpes et chanter sour la douche. Et je déteste les haricots verts, mais ma grand-mère continue à me forcer à en manger parce que j'ai 23 ans et que quand on a 23 ans, on mange 23 haricots. Je suis un peu mélancolique, hyper maladroite et je dis beaucoup trop de gros mots.
Je crois que ce sont les grands points à savoir.
Ce que je voudrais dire aussi, c'est que les quelques dernières années ont été un peu difficiles et que ce matin le moral s'est un peu fait la malle... De toute façon, il part et il revient depuis pas mal de temps maintenant.

Je suis entrée dans le monde du travail avec un poste relativement prestigieux et à responsabilités à même pas 20 ans. Mon entourage était très fier et je l'ai très mal vécu. Je faisais déjà avec mon syndrome de l'imposteur depuis plusieurs années, mais je n'ai plus su le gérer. J'ai tenu pendant deux ans, mais il a fallu que je parte. J'étais beaucoup trop malheureuse et seule et stressée, et j'étais trop fatiguée pour continuer à faire semblant.
J'ai donc rendu les clés de mon appartement et de ma vie d'adulte qui commençait et je suis retournée chez mes parents. Pendant des mois, je n'ai rien fait. Le peu de confiance en moi que j'avais difficilement gagné depuis le lycée et le moment où j'ai découvert que j'étais HP s'était totalement effondré. Je devais chercher du travail sans savoir quoi faire, sans savoir si je devais retourner dans le monde de l'édition dans lequel je m'étais senti si mal, dans le monde de l'entreprise qui ne m'allait pas non plus. Reprendre des études alors qu'aller au bout de mon DUT avait été un combat ? Monter ma boite comme j'en avais rêvé avec mon syndrome de l'imposteur et ma mauvaise estime de moi et de mon travail ? J'étais totalement paralysée. Et puis se justifier encore et toujours de pourquoi on ne fait rien, pourquoi on a quitté son travail quand soit-même on n'a pas vraiment les réponses, c'est usant. Surtout quand on a cette très mauvaise habitude de toujours faire croire à tout le monde que tout va bien et qu'on sait ce qu'on fait.

Aujourd'hui, je viens de déménager dans une région loin de mes proches parce que je viens de retrouver un poste en CDI. Je sais que je ne m'y épanouirai pas, je sais que je prends le risque de reproduire exactement le même schéma, mais il fallait que j'y retourne avant de me faire bouffer par la culpabilité.
Ca fait presque deux mois que j'ai commencé ce nouveau travail. C'est un soulagement et un nouveau souffle cette sensation d'avoir reprit le cours de sa vie après avoir vécu sur pause, mais c'est aussi beaucoup de frustration en même temps. Le travail m'ennuie, je ne sais plus comment aborder mes collègues et les gens en règle général après être restée enfermée si longtemps dans mon cocon familial. Je me sens tellement à côté de mes pompes.
Et je me sens seule. Je me sens seule depuis beaucoup trop longtemps. C'est difficile d'exprimer tout ça avec quelqu'un quand on met toujours un point d'honneur à faire croire que tout va bien.

Voilà, je vais m'arrêter là pour cette fois. Je suis désolée pour cette présentation un peu triste, mais j'avais besoin d'évacuer ce matin.
Et promis, en dehors des dimanches un peu mélancoliques, je suis plutôt rigolote comme fille.

Hello,

Je trouve ta présentation très touchante, empreinte de tristesse, mais pas que.
Je te souhaite de retrouver le soleil, le sourire, des ressources internes et externes,...

Bienvenue à nouveau

Bienvenue, Laure !

Tour comme Topsy Turvy ; merci pour cette présentation. Content de lire le soulagement et le nouveau souffle, et j'espère que la frustration se dissipera un peu (ou beaucoup). N'hésite pas à évacuer plus avant, ici ou ailleurs, si l'envie t'en prend.

Et on attend avec impatience de voir le côté rigolo

Bons échanges, bonnes rencontres !

Topsy Turvy, Ardel, merci beaucoup à vous deux ! Merci pour votre accueil et vos encouragements. Mine de rien, écrire cette présentation ça permet déjà de mettre des mots sur la situation et ça fait du bien.

heyheyhey ! bienvenue ( ou re-bienvenue ? x) ) dans le coiinc !

c'est pas souvent que je vois des gens de ma tranche d'âge alors, ahoy !

si tu a besoin,
hésite pas a venir discuter sur les différent fils, en mp ou sur le discord si tu veux faire de jolie rencontre et si tu chercher a rencontré des gens irl il y a toujours les attroupement irl un peux partout en france et ailleur

Merci valerian !
Je n'hésiterai pas, merci beaucoup pour ton message en tout cas !

Citation de Jiddu Krishnamurti a écrit:
Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade.

On est tous soumis à une incroyable pression sociale. Certains sont y sont plus sensibles que d'autres. C'est certainement une bonne chose que d'être en mouvement, de travailler son sens des autres et de la communication, de mettre ses peurs de coté et de créer sa boîte, même pas forcément pour faire fortune ou réussir, juste pour essayer, pour avancer, (ou pour faire une différence si la boîte a ce genre d'utilité). Je repense souvent à cette époque ou une majorité de la population était esclave à des degrés divers. On est certainement soumis à des pressions extrêmes, mais on a quand on a la protection de nos parents, ou d'un diplôme prestigieu, et quand on est suffisamment jeune pour avoir encore de la place pour grandir, ça permet de disposer d'une marge de choix. Mais notre société est incroyablement normative. On ne se demande pas ce qui est bien, on se demande pas ce qui fonctionne, on réagit à "ce qui se fait". Et on l'impose par la force de la pression sociale à nos proches. Rester prisonnier de notre culpabilité, c'est laisser se perpétuer cet état de fait. C'est même l'alimenter.

Si un jour tu lis des livres (ou vidéos) de développement personnel, tu entendras souvent "Apprenez à compter sur vous même". "Soyez autonomes". Mais la vérité, c'est que le corps humain se dégrade lorsqu'il n'est pas suffisamment exposé à ses pairs. Notre espèce est grégaire. Même le plus isolationniste des aspergers subit ce phénomène. Pour beaucoup la solution  est simple : sortir, rencontrer du monde. Pour quelques autres, le défi est plus délicat à relever : quand nos semblables nous fatiguent plus qu'ils ne nous régénèrent. Mais avec de la chance, en cherchant bien, on trouvera fatalement quelque part, bien caché, une communauté de gens  (ou une personne) qui naturellement nous accueillent comme un des leurs. Ca vaut le coup de chercher, ça vaut le coup de trouver. Néanmoins le conseil "soyez autonome" reste important, il signifie qu'on ne doit pas attendre d'être sauvé. On ne vas pas vers les autres pour recevoir des "conseils", ou se faire expliquer comment vivre notre vie. On y va car l'isolement est un poison fatal qu'il faut combattre par tous les moyens.

Bonjour Loorre, et bienvenue.

On est tous différents. Suivant le poste qu'on occupe, on se sent toujours plus ou moins imposteur (à moins d'en être réellement un, mais on en croise pas beaucoup en ses lieux, et de toutes façons, ils ne parlent pas comme toi).

Si tu fréquentes le milieu informatique, tu entendras (ou a déjà entendu) parler des SSII. Des gens qui vendent de la main d'œuvre à la journée. Des ruffians sans foi ni loi qui te vendront comme expert avec 6 ans d'expérience sur SQL Server 2019 (en 2021). Des abominafreux, donc. Mais qui m'ont appris un truc fondamental : le boulot, c'est juste du mercenariat. Il ne faut pas s'impliquer émotionnellement. Il n'y a que trois règles : (1) tant qu'on est payé, on doit bosser. (2) tant qu'on bosse, on doit être payé. (3) un jour, ça s'arrête, et ça n'est pas un drame, c'est juste le moment de chercher autre chose.

(tu noteras que je n'ai même pas mis "mieux" dans mon point 3, juste "autre chose" - je ne me berce pas d'illusions).

Tu arrives dans ton CDI à reculons. J'ai connu ça. Dis toi qu'au pire, ça se termine plus vite que prévu, et c'est pas grave. Tant qu'ils te gardent, c'est que ça leur convient. Et ça paye les factures. Et ça remplit le CV. Tu fais au mieux, et basta. Le reste n'est pas de ton ressort. Tu as l'impression de ne pas avoir le niveau? Demande une formation additionnelle, et c'est tout. Et si ils la refusent, tu as une excuse en béton. Vis-à-vis des autres, et aussi vis-à-vis de toi-même.

Bonjour et bienvenue zici Loorrre,
Normalement, sur ce forum, à part de conformer à la Charte, tu n'as aucune obligation donc tu as le droit de laisser tes haricots à la porte, profites-en !
Bon courage dans ce boulot ennuyeux.
Et bonne redécouverte du forum !

Daurinak, merci pour ton message.
C'est vrai, notre société est normative, mais comme tu le dis, j'ai une marge de choix. Et je le sais. Mais le problème, c'est le choix justement. Je suis simplement incapable d'en faire. J'aime une multitude de choses sans savoir en choisir une que je préfère. Je ne sais même pas choisir ce que je vais manger ce soir. Je ne choisis pas de retourner travailler en rêvant à ce que je pourrais faire à la place, parce que je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre. Et puis à un moment, il faut renflouer le compte en banque, l'assurance de ma voiture me coute la peau des fesses... Donc je retourne dans le moule qu'on m'impose pour quelque temps, on verra combien de temps ça dure, et verra ce que je ferai ensuite.
En ce qui concerne la solitude, ne t'inquiète pas, je suis trèèès autonome. Je ne cherche pas de conseils, de toute façon j'écoute personne, je suis une tête de mule. Je cherche une oreille surtout.

RonaldMcDonald,
Oh oui, je connais les abominafreux dont tu parles... Et je sais qu'il ne faut pas s'impliquer émotionnellement, mais tu parles à une fille qui pleure quand elle rate sa mayonnaise. La non-implication émotionnelle je sais pas ce que c'est.  
C'est la deuxième fois que je prends un CDI à reculons, au moins cette fois, je suis préparée et je saurai prendre la fuite avant de devenir complètement folle.

SaraharaS
Merci pour ton message ! Je vais très certainement venir souvent me réfugier ici pour échapper à mon assiette de haricots.

Loorrre a écrit:
En ce qui concerne la solitude, ne t'inquiète pas, je suis trèèès autonome. Je ne cherche pas de conseils, de toute façon j'écoute personne, je suis une tête de mule. Je cherche une oreille surtout.

Ah oui, c'est tant mieux ça. Les conseils sont rarement bons à suivre, s'ils ne viennent pas de nous même (les gens tendent à donner les conseils qu'ils auraient aimé recevoir). Même si nombre d'entre nous, ont à un moment ou un autre une période où ils aimeraient qu'on leur dise quoi faire plutôt que de tâtonner, ou rester perdu. A contrario une oreille est généralement quelque chose d'accessible. Même si ça demande quand même un peu de chance.

+1 avec Daurinak. On peut te donner des pistes de réflexions pour t'aider sur la route, mais bien évidemment, pas des chemins de vie clef en main. Ca serait aussi prétentieux que peu pertinent. Je m'aperçois que j'ai peut-être été un peu prétentieux dans mon choix de mots, d'ailleurs...

Daurinak Merci pour la vidéo, mais j’ai déjà essayé. C’est peine perdue, je crois que je vais continuer à rater une mayo sur deux jusqu’à la fin de mes jours…

RonaldMcDonald, ne t’inquiète pas pour ton choix de mots, j’ai très bien compris que c’était seulement un retour d’expérience et des pistes pour me rassurer. Rien de prétentieux

Bienvenue Loorrre, et bravo pour la démarche. C'est très important d'exprimer son ressenti pour avancer.

Globalement, cet état des lieux m'attriste (surement parceque je m'identifie). Une part de toi t'a saboté et tu sembles y retourner à reculons. J'espère que tu trouvera rapidement des ressources pour luter contre ce qui te mine. Tu te sens seule, pourquoi? T'ouvres tu suffisamment aux autres et es tu connecté à tes émotions?

En tout cas, je suis de tout coeur avec toi!