Le style de Louis Ferdinand Céline
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Le style de Louis Ferdinand Céline
A l'occasion de la sortie du roman "Guerre", qui serait intéressé par un groupe de discussion autour de l'oeuvre romanesque de Céline ?
J'exclue bien évidemment du projet les pamphlets, qui font l'éloge de l'antisémitisme et du racisme.
On y débattrait à bâtons rompus de la langue de Céline qui va puiser sa force révolutionnaire dans l'émotion et l'oralité...
J'exclue bien évidemment du projet les pamphlets, qui font l'éloge de l'antisémitisme et du racisme.
On y débattrait à bâtons rompus de la langue de Céline qui va puiser sa force révolutionnaire dans l'émotion et l'oralité...
Arnaud1- Messages : 33
Date d'inscription : 10/06/2022
Localisation : Saint-Germain en Laye (Yvelines)
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
en août dernier, sont retrouvés des inédits de Céline. (d'un volume d'un mètre cube !)
"Guerre" vient de paraître.
malgré les éloges du Masque et la plume, j'hésite.
"Guerre" vient de paraître.
malgré les éloges du Masque et la plume, j'hésite.
isadora- Messages : 3889
Date d'inscription : 04/09/2011
Localisation : Lyon
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Exercice périlleux de couper Louis Ferdinand en deux. Tu risques de devoir gérer des débats houleux. Mais au delà de la langue, l'émotion et l'oralite, il me semble avoir dit des trucs.
Après. ...si je le replace dans son époque. ...Certaines choses qu'on lui reproche, a raison, n'étaient que le reflet de la société française. Mais les miroirs, quand ils ne vous disent pas que vous êtes le plus beau ou la plus belle. ...on les brise.
Bref...curieux de voir ça. ...ça remonte a loin loin mes lectures de Céline.
Après. ...si je le replace dans son époque. ...Certaines choses qu'on lui reproche, a raison, n'étaient que le reflet de la société française. Mais les miroirs, quand ils ne vous disent pas que vous êtes le plus beau ou la plus belle. ...on les brise.
Bref...curieux de voir ça. ...ça remonte a loin loin mes lectures de Céline.
Shadow Boxeur- Messages : 1530
Date d'inscription : 22/04/2022
Age : 53
Localisation : Marseille
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Oui, bien sûr, le risque existe et n'est pas à prendre à la légère tant les passions exacerbées autour du personnage sulfureux sont hautement inflammables. D'accord avec vous, le contexte de l'époque est à prendre en compte. Le balayer du revers d'une main reviendrait à se crever un oeil et à se couper une oreille. Boxer avec les ombres fût son chemin hasardeux.
Arnaud1- Messages : 33
Date d'inscription : 10/06/2022
Localisation : Saint-Germain en Laye (Yvelines)
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Moi aussi Isadora je suis dubitatif. Il y a dans "Guerre" des accents céliniens certains, mais aussi des passages stéréotypées très éloignés de ce que j'ai lu de lui... Puisse-t-on y voir plus clair avec la suite, "Londres", qui, je crois, devrait paraître cet automne...
Arnaud1- Messages : 33
Date d'inscription : 10/06/2022
Localisation : Saint-Germain en Laye (Yvelines)
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Arnaud1 a écrit:Moi aussi Isadora je suis dubitatif. Il y a dans "Guerre" des accents céliniens certains, mais aussi des passages stéréotypées très éloignés de ce que j'ai lu de lui... Puisse-t-on y voir plus clair avec la suite, "Londres", qui, je crois, devrait paraître cet automne...
Ce n'est pas un livre abouti ; pas un livre que Céline eût voulu faire éditer tel quel.
Donc il y a du Céline, mais ce n'est pas ce que Céline eût voulu que fût son bookin achevé.
Par ailleurs, comme le dit SB, essayons de trop couper l'écrivain de son œuvre ; c'est trop aisé. L'existence d'un auteur est tout autant une continuité que celle de son œuvre, inextricables.
Ennaétéride- Messages : 1765
Date d'inscription : 20/01/2021
Localisation : dans l’idéal d’une oreille éléphantine, hamac indolore
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Loin de moi l'idée de désosser la bête pour en choisir les fins morceaux. Je sais juste que les joutes verbales concernant Céline peuvent vite tourner à l'empoignade tant le sillage du bonhomme est inflammable, et qu'on risque d'y foutre le feu si l'on y prend garde. C'est pourquoi je précise les choses. Donc, la langue, le style, pas la polémique. Mais, oui, bien sûr, Céline est un tout.
Par exemple, qui sait quand il se rend à une expo de Picasso que c'était un sale con de pervers narcissique qui a précipité certaines de ses conquêtes dans l'antre de la folie et du suicide ?
On peut parler de Guernica sans évoquer l'aspect peu reluisant du peintre. Omettre n'est pas nier. Omettre, ici, c'est préserver.
Par exemple, qui sait quand il se rend à une expo de Picasso que c'était un sale con de pervers narcissique qui a précipité certaines de ses conquêtes dans l'antre de la folie et du suicide ?
On peut parler de Guernica sans évoquer l'aspect peu reluisant du peintre. Omettre n'est pas nier. Omettre, ici, c'est préserver.
Arnaud1- Messages : 33
Date d'inscription : 10/06/2022
Localisation : Saint-Germain en Laye (Yvelines)
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Nous sommes parfaitement d'accord !
- Quand j'étais si jeune:
- — ce sujet m'y fait repenser et doncques je le dépose ici — j'ai écrit ça, concernant Féerie pour une autre fois :
Rares sont les auteurs de la trempe de Céline qui ont pondu de pareil monument étranger difforme, tors, profond à n'en déceler le fond, hérissé, vallonné, bouillant, bruyant. Ici, Féerie pour une autre fois révèle Céline au summum de son Art. Folkloriquement parlant, l'homme se porte bien lorsqu'il imagine, très certainement au mieux. Face au réalité, quelque complication s'immisce gentiment. Céline, Louis-Ferdinand Céline, lui, Louis Destouches est un grand dans le second domaine, très grand, LE grand. Il vous cloue imaginairement devant la véracité humaine métaphysique… il vous la rive, fond, fusionne à la conscience. Les situations peintes, énoncées, décortiquées, détaillées par ses « héros » et personnages rendent transparentes les natures, les profondes métaphysiques. « C'est des filigranes la vie, ce qu'est écrit net c'est pas grand-chose, c'est la transparence qui compte », je ne croyais pas tant mieux tomber, dans Féerie pour une autre fois, pour illustrer toute son oeuvre, sa philosophie et ses aspirations psychologiques. Il y a de quoi vous en aliéner, vous biaiser, en vous ouvrant, écarquillant les yeux, seulement. Gare ! les hommes ont peur des vérités, c'est vérifié, la nouvelle est séculaire, ancrée, fossile, génétique. Ils fuient, mentent, esquivent, alibigent, pretextent, contrecarrent à qui mieux mieux, déjouent, évitent, détournent. le bal de l'égoïsme ratiocinant, conscientisé est né. À trop manger de Céline, c'est la surdose, vraiment. Overdose de perversion humaine. Il vous la sert avec humour dans Féerie. Son petit jeu de radotage excessif est drolatique. le langage néologistique prolifère et cela divertie, empêche de s'ennuyer. Il a ce pouvoir transcendantal de fasciner celui qui veut se détourner de la vérité, la contourner pertinemment, puis de le ronger de l'intérieur par l'objet de son faux-fuyant. Tellement il reçut, engrangea, essuya vingt, trente, quarante sortes et variétés de haine à coup de flagelle, d'autoputréfaction infligée, d'angoisse et de calomnie, qu'il put être devin et représentant haut la main, haut la "branlée d'une vie" en tous ses termes, et le sera toujours grâce à ce style intemporel, ce don pour saisir et décrire l'ontologique et le psychologique précis plus que le superficiel grossier – et futile. le contexte spatio-temporel peut être bâclé, car cela sert la description de l'homme et de ses caractères bien spécifiques. Écrivit-il alors en haine humaine caustique, encre de laquelle il fut l'exclusif possesseur. Les autres écrivains n'écrivent que des euphémismes à ses côtés ou bien mentent-ils, fictionnent-ils alors ; il fut exhaustif en persécution pour des siècles. Lorsqu'il nous dit : « il faut avoir payé pour pouvoir écrire », dans une de ses interviews, il utilise la formule idoine qui se suffit à elle-même, il a tout compris. le reflet de cette citation est visible tout au long de Féerie, il a décidé de payer et le fait comprendre! Vous n'avez qu'à le lire, vous verrez. Forcez la main comme pour beaucoup de chose, mettez le train en marche, suivez son rythme à lui. Gare encore ! vous allez vous aliéner pour quelques heures, mois, années, qui sais… Ah ! le docteur Destouches n'est pas dans l'hyperbole, ah ! nenni-da, dans la justesse pure, le fil au funambule derviche, fakir, mitraillé, les plantes sur des lames de rasoir qu'il avance, écrit, car c'est sa plume qui avance, avec l'engagement de son entier être derrière. C'est une quintessence de Vrai, du sang qui parle. Très uniquement vérace, ce que vous avez devant les yeux, certes un peu caché à l'absence d'effort, parfois, dans le fin fond des hommes, là, devant, partout, demain, hier, toujours ! Il traduit de la nature à même le papier, puis il fignole beaucoup par raffinement, coquetterie. Son style nonpareil est envoûtant. La sienne est fourbie, de nature, puis, avec son incroyable talent, il y va comme ça, force de travail, lectures, ratures, relectures, écrémage, élagage. Il a compris ! bon Dieu ! Lisez ! Lisez ! Lisez Féerie!
Ennaétéride- Messages : 1765
Date d'inscription : 20/01/2021
Localisation : dans l’idéal d’une oreille éléphantine, hamac indolore
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Je comprends la démarche, je pense juste que c'est périlleux et que les frontières que tu pourrais fixer à la discussion pourraient vite être débordées.
Ton exemple de Picasso est intéressant, dans le devenir et la postérité des œuvres.
J'ai vu des croquis il n'y a pas longtemps dans un musée ou une expo à Arles.
Ben...des croquis...pas de quoi casser trois pattes à un canard. Franchement.
Mais c'est Picasso, il faut s'extasier.
Je me serais probablement fait lyncher si j'avais dit ça à voix haute devant ces vagues esquisses.
Le moindre de ses coups de crayons est censé être un chef d'œuvre.
Tout l'inverse avec Céline. Le moindre de ses mots est comme entaché de son histoire, lorsque tu veux parler à son sujet.
Voilà, juste compliqué je pense de mener une discussion, mais je la suivrai avec grand plaisir.
Ton exemple de Picasso est intéressant, dans le devenir et la postérité des œuvres.
J'ai vu des croquis il n'y a pas longtemps dans un musée ou une expo à Arles.
Ben...des croquis...pas de quoi casser trois pattes à un canard. Franchement.
Mais c'est Picasso, il faut s'extasier.
Je me serais probablement fait lyncher si j'avais dit ça à voix haute devant ces vagues esquisses.
Le moindre de ses coups de crayons est censé être un chef d'œuvre.
Tout l'inverse avec Céline. Le moindre de ses mots est comme entaché de son histoire, lorsque tu veux parler à son sujet.
Voilà, juste compliqué je pense de mener une discussion, mais je la suivrai avec grand plaisir.
Shadow Boxeur- Messages : 1530
Date d'inscription : 22/04/2022
Age : 53
Localisation : Marseille
Re: Le style de Louis Ferdinand Céline
Moi je pense qu'en présentiel ce serait l'idéal. On peut se poser en terrasse autour d'une bière bien fraîche et débattre/échanger autour du bonhomme Céline et de son oeuvre sous le soleil exactement, qu'en pensez-vous ?
Arnaud1- Messages : 33
Date d'inscription : 10/06/2022
Localisation : Saint-Germain en Laye (Yvelines)
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