L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
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L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Cette semaine, je trouvai dans un relais Emmaüs le livre « l’Etranger » de Camus. De ce dernier, j’avais déjà eu l’occasion de lire et d’apprécier « l’Eté » ainsi que « La chute », mais jamais ce grand classique qu’était « l’étranger ». Pourquoi m’étais-je enfin résolue de chercher et de lire celui-ci, ici et maintenant ? Outre mon souhait d’user de mon année sabbatique pour tenter de dépasser une petite pique/réplique culte, tout aussi affectueuse que cinglante de mon défunt géniteur, à savoir que l’« on peut vivre sans culture » - j’y avais sûrement été inconsciemment invitée par quelque émission, quelque podcast que j’écoutais nuits et jours, y faisant sans doute mention, quoique je fusse bien incapable, devant les rayonnages, d’identifier clairement la source d’inspiration.; Aujourd’hui, il semble que j’ai retrouvé la chaine de podcast qui m’a influencée dans cette démarche, puisque l’annonce d’un épisode tout entier consacré à ce livre a été publiée. Je m’empresse donc de vite coucher sur le papier ce que j’ai compris de l’ouvrage...avant d’écouter l’analyse d’un autre.
Si vous êtes désireux de faire de même, de participer à un « groupe de lecture virtuel », surtout, surtout, ne me lisez pas plus. Fermez votre ordinateur, courrez prendre ce livre, accordez-vous une petite matinée pour le siphonner d’une traite avec un bon café et venez poster ici ce que vous en aurez pensé !
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Si vous êtes désireux de faire de même, de participer à un « groupe de lecture virtuel », surtout, surtout, ne me lisez pas plus. Fermez votre ordinateur, courrez prendre ce livre, accordez-vous une petite matinée pour le siphonner d’une traite avec un bon café et venez poster ici ce que vous en aurez pensé !
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Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
La première chose qui j’ai relevée, nécessairement, fût le style de narration. Une narration que je qualifierais – faute de mieux - de « simple » (et non de « simpliste »), s’en tenant à une description basique, de plans visuels sans ornements, de scènes s’enchaînant factuellement. Je n’y ai pas retrouvé le mordant, les traits d’esprit et les figures de style qui peuplent l’écriture de Camus dans « l’Eté ».
Ici, le narrateur est un certain Meursault qui se rend à l’enterrement de sa mère. Et, le moins que l’on puisse dire est que Meursault ne se prend – tout simplement - pas la tête. Il s’en tient aux faits, il commente également ses sensations physiques et ça ne va pas plus loin. Il ne bascule pas dans des sortes de tourments, de réflexions diverses ou de ruminations. En somme : cet homme est simple et cet homme va bien.
Entre l’enterrement et le retour à son domicile, je ne fus absolument pas « choquée » par sa narration et par son comportement. Et, quelque part, j’en fus assez étonnée puisque j’avais retenu l’information – concernant ce livre - qu’il s’agissait de l’histoire d’un homme condamné par ses semblables parce qu’il ne se comporte pas « comme tout le monde ».
Il ne pleure pas sa mère ? Certes, mais ça ne veut absolument pas dire qu’il ne l’aimait pas. Et quand bien même il n’aurait pas aimé sa mère…c’est sa vie. Vie que, de toute façon, il ne nous détaille pas. Il n’aurait été ni le dernier ni le premier dans l’histoire de l’humanité à l’expérimenter. Il semble au contraire assez lucide quant aux relations qu’il avait avec elle, sur celle qu’elle était, sur leurs besoins respectifs, sur leurs tempéraments, leurs contraintes matérielles, il est lucide sur la mort, cohérent avec une philosophie matérialiste. Bref : pas de quoi fouetter un chat. Pas de quoi poser un jugement moral sur lui, à savoir qu’il serait un mauvais fils, un être insensible, par exemple.
Néanmoins, le jugement moral sur le caractère de Meursault, j’ai commencé à le développer un peu plus tard dans l’ouvrage, lorsqu’il se mis à interagir avec son voisinage. Son vieux voisin qui maltraite son chien, son autre voisin qui bat sa femme…face à tous ces actes de méchanceté, de cruauté, Meursault ne dit rien. Meursault ne juge pas. C’est là, c’est devant lui, c’est ce qui se passe, alors il regarde. Mais il ne se pose pas de questions. Il ne fait pas non plus de leçons de morale à ces personnes. Il se fou la paix et fou la paix aux gens. A aucun moment il n’intervient pour défendre la femme ou le chien. Ce « besoin impérieux » d’intervenir que j’ai, par exemple, senti en moi lorsque j’ai lu ces quelques lignes de maltraitance…lui, semble ne pas l’éprouver. Ma réaction est, finalement, assez proche de sa copine, Marie :
« Marie et moi sommes sortis aussi. La femme criait toujours et Raymond frappait toujours. Marie m’a dit que c’était terrible et je n’ai rien répondu. Elle m’a demandé d’aller chercher un agent, mais je lui ai dit que je n’aimais pas les agents ». (page 60)
Et c’est là que mon jugement sur lui apparait : « ce type est un je-m’en-foutiste ». « Il est détaché de tout et de tout le monde ». « La maison d’à côté peut brûler, il ne se mettra pas dans tous ses états, il ne basculera pas dans la peur et l’angoisse, il n’ira pas aider si on ne le lui demande pas, il la regardera brûler. Il ne s’en réjouira pas non plus, certes, cet homme n’a rien de sadique, rien de pervers en lui, mais il semble juste être un type passif ». Il est dans la réception du monde qui l’entoure, tel qu’il est. Ni plus, ni moins. Non, c’est plus que cela, en fait « il s’en fou de tout ». C’est là, que je suis tombée dans le même piège que les autres personnages du livre : j’avais dressé un jugement critique face à cet homme, mais simplement, le mien s’était déclenché un peu plus tard, suite à d’autres faits, à partir de ma propre sensibilité.
En réalité, Meursault n’est pas insensible. Il y a de nombreux passages de contemplation dans l’ouvrage : la mer, le ciel, ce qu’il se passe dans la rue du haut de son balcon. Tout comme il est capable de s’abandonner à ses sensations et de sentir les instants d’harmonie : « Avec Marie, nous nous sommes éloignés et nous nous sentions d’accord dans nos gestes et dans notre contentement ».
Meursault est d’une cohérence et d’une sincérité absolue. Lorsque Marie lui demande, par exemple, s’il l’aime, il ne ment pas. Il n’a absolument aucune intention de la blesser, mais il ne cède pas à un « impératif relationnel » et demeure cohérent entre ce qu’il pense, ce qu’il ressent et ce qu’il dit et fait. Quelque part, cet homme s’assume tel qu’il est jusqu’au bout :
« Un moment après, elle (Marie) m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu’il me semblait que non. Elle a eu l’air triste. Mais en préparant le déjeuner, et à propos de rien, elle a encore ri de telle façon que je l’ai embrassée ». (page 59)
Rien à voir, par exemple, avec le personnage d’Henry Morgan dans La Coupe d’Or de Steinbeck. Voilà ce qu’il répond à l’une de ses maîtresses quelque peu envahissantes dont il n’a en réalité que faire :
« Aimes-tu Paulette ? Es-tu bien sûr de l’aimer ?
- Naturellement que je l’aime ! Comment serait-il possible de voir l’adorable petite Paulette et de toucher ses lèvres, sans l’adorer ? »
(Et son regard se portait vers la mer au-dessous de lui, scrutant avidement le rivage courbe.)
« Mais es-tu absolument sûr d’aimer Paulette ? Tiens, baise les seins de ta petite Paulette chérie…
- Oui j’en suis sûr et certain. Voilà, j’ai baisé tes seins : le charme est fait… A présent, tiens-toi tranquille. (page 108)
Plus tard, Marie fera part à Meursault de son désir de se marier. Voici ce que Meursault, fidèle à lui-même, lui répond :
« J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors » ? a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » Elle s’est tue un moment et elle m’a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait simplement savoir si j’aurais accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit : « Naturellement. » Elle s’est demandé alors si elle m’aimait et moi, je ne pouvais rien savoir sur ce point. Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je me taisais, n’ayant rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier avec moi. J’ai répondu que nous le ferions dès qu’elle le voudrait. (pages 69-70)
Ce passage, entre Marie et Meursault est représentatif de toute une série d’événements du même acabit dans ce récit : Sera reproché à Meursault d’être insensible, d’être cruel, alors qu’il ne l’est en rien. Et cette supposée insensibilité, cette cruauté, cette perversité, découle de cette habitude commune qui consiste à « penser à la place des autres ». Le contraste entre le comportement de Meursault et celui de ses semblables sera d’autant plus saisissant. Ceux-là mêmes qui sont considérés comme « normaux ». Le seul tort de Meursault, qui lui vaudra d’être condamné à mort, est finalement de ne pas entrer dans les jeux de dupes conscients ou inconscients des autres.
Ici, le narrateur est un certain Meursault qui se rend à l’enterrement de sa mère. Et, le moins que l’on puisse dire est que Meursault ne se prend – tout simplement - pas la tête. Il s’en tient aux faits, il commente également ses sensations physiques et ça ne va pas plus loin. Il ne bascule pas dans des sortes de tourments, de réflexions diverses ou de ruminations. En somme : cet homme est simple et cet homme va bien.
Entre l’enterrement et le retour à son domicile, je ne fus absolument pas « choquée » par sa narration et par son comportement. Et, quelque part, j’en fus assez étonnée puisque j’avais retenu l’information – concernant ce livre - qu’il s’agissait de l’histoire d’un homme condamné par ses semblables parce qu’il ne se comporte pas « comme tout le monde ».
Il ne pleure pas sa mère ? Certes, mais ça ne veut absolument pas dire qu’il ne l’aimait pas. Et quand bien même il n’aurait pas aimé sa mère…c’est sa vie. Vie que, de toute façon, il ne nous détaille pas. Il n’aurait été ni le dernier ni le premier dans l’histoire de l’humanité à l’expérimenter. Il semble au contraire assez lucide quant aux relations qu’il avait avec elle, sur celle qu’elle était, sur leurs besoins respectifs, sur leurs tempéraments, leurs contraintes matérielles, il est lucide sur la mort, cohérent avec une philosophie matérialiste. Bref : pas de quoi fouetter un chat. Pas de quoi poser un jugement moral sur lui, à savoir qu’il serait un mauvais fils, un être insensible, par exemple.
Néanmoins, le jugement moral sur le caractère de Meursault, j’ai commencé à le développer un peu plus tard dans l’ouvrage, lorsqu’il se mis à interagir avec son voisinage. Son vieux voisin qui maltraite son chien, son autre voisin qui bat sa femme…face à tous ces actes de méchanceté, de cruauté, Meursault ne dit rien. Meursault ne juge pas. C’est là, c’est devant lui, c’est ce qui se passe, alors il regarde. Mais il ne se pose pas de questions. Il ne fait pas non plus de leçons de morale à ces personnes. Il se fou la paix et fou la paix aux gens. A aucun moment il n’intervient pour défendre la femme ou le chien. Ce « besoin impérieux » d’intervenir que j’ai, par exemple, senti en moi lorsque j’ai lu ces quelques lignes de maltraitance…lui, semble ne pas l’éprouver. Ma réaction est, finalement, assez proche de sa copine, Marie :
« Marie et moi sommes sortis aussi. La femme criait toujours et Raymond frappait toujours. Marie m’a dit que c’était terrible et je n’ai rien répondu. Elle m’a demandé d’aller chercher un agent, mais je lui ai dit que je n’aimais pas les agents ». (page 60)
Et c’est là que mon jugement sur lui apparait : « ce type est un je-m’en-foutiste ». « Il est détaché de tout et de tout le monde ». « La maison d’à côté peut brûler, il ne se mettra pas dans tous ses états, il ne basculera pas dans la peur et l’angoisse, il n’ira pas aider si on ne le lui demande pas, il la regardera brûler. Il ne s’en réjouira pas non plus, certes, cet homme n’a rien de sadique, rien de pervers en lui, mais il semble juste être un type passif ». Il est dans la réception du monde qui l’entoure, tel qu’il est. Ni plus, ni moins. Non, c’est plus que cela, en fait « il s’en fou de tout ». C’est là, que je suis tombée dans le même piège que les autres personnages du livre : j’avais dressé un jugement critique face à cet homme, mais simplement, le mien s’était déclenché un peu plus tard, suite à d’autres faits, à partir de ma propre sensibilité.
En réalité, Meursault n’est pas insensible. Il y a de nombreux passages de contemplation dans l’ouvrage : la mer, le ciel, ce qu’il se passe dans la rue du haut de son balcon. Tout comme il est capable de s’abandonner à ses sensations et de sentir les instants d’harmonie : « Avec Marie, nous nous sommes éloignés et nous nous sentions d’accord dans nos gestes et dans notre contentement ».
Meursault est d’une cohérence et d’une sincérité absolue. Lorsque Marie lui demande, par exemple, s’il l’aime, il ne ment pas. Il n’a absolument aucune intention de la blesser, mais il ne cède pas à un « impératif relationnel » et demeure cohérent entre ce qu’il pense, ce qu’il ressent et ce qu’il dit et fait. Quelque part, cet homme s’assume tel qu’il est jusqu’au bout :
« Un moment après, elle (Marie) m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu’il me semblait que non. Elle a eu l’air triste. Mais en préparant le déjeuner, et à propos de rien, elle a encore ri de telle façon que je l’ai embrassée ». (page 59)
Rien à voir, par exemple, avec le personnage d’Henry Morgan dans La Coupe d’Or de Steinbeck. Voilà ce qu’il répond à l’une de ses maîtresses quelque peu envahissantes dont il n’a en réalité que faire :
« Aimes-tu Paulette ? Es-tu bien sûr de l’aimer ?
- Naturellement que je l’aime ! Comment serait-il possible de voir l’adorable petite Paulette et de toucher ses lèvres, sans l’adorer ? »
(Et son regard se portait vers la mer au-dessous de lui, scrutant avidement le rivage courbe.)
« Mais es-tu absolument sûr d’aimer Paulette ? Tiens, baise les seins de ta petite Paulette chérie…
- Oui j’en suis sûr et certain. Voilà, j’ai baisé tes seins : le charme est fait… A présent, tiens-toi tranquille. (page 108)
Plus tard, Marie fera part à Meursault de son désir de se marier. Voici ce que Meursault, fidèle à lui-même, lui répond :
« J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors » ? a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » Elle s’est tue un moment et elle m’a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait simplement savoir si j’aurais accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit : « Naturellement. » Elle s’est demandé alors si elle m’aimait et moi, je ne pouvais rien savoir sur ce point. Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je me taisais, n’ayant rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier avec moi. J’ai répondu que nous le ferions dès qu’elle le voudrait. (pages 69-70)
Ce passage, entre Marie et Meursault est représentatif de toute une série d’événements du même acabit dans ce récit : Sera reproché à Meursault d’être insensible, d’être cruel, alors qu’il ne l’est en rien. Et cette supposée insensibilité, cette cruauté, cette perversité, découle de cette habitude commune qui consiste à « penser à la place des autres ». Le contraste entre le comportement de Meursault et celui de ses semblables sera d’autant plus saisissant. Ceux-là mêmes qui sont considérés comme « normaux ». Le seul tort de Meursault, qui lui vaudra d’être condamné à mort, est finalement de ne pas entrer dans les jeux de dupes conscients ou inconscients des autres.
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Marie ? Nous pourrions juger que c’est elle qui, par sa demande en mariage précipitée, atteste de son indifférence et que le « premier venu » aurait fait l’affaire. D’ailleurs, ne cesse-t-elle pas également de lui écrire une fois qu’il sera en prison ?
Le vieux voisin Salamano ? Certes, il n’accusera Meursault de rien lors du procès, mais tandis que Meursault n’a aucune perversité en lui, ce vieil homme veille à martyriser son chien quotidiennement.
Deux fois par jour, à onze heures et à six heures, le vieux mène son chien promener. Depuis huit ans, ils n’ont pas changé d’itinéraire. On peut les voir le long de la rue de Lyon, le chien tirant l’homme jusqu’à ce que le vieux Salamano bute. Il bat son chien alors et il l’insulte. Le chien rampe de frayeur et se laisse traîner. A ce moment, c’est au vieux de le tirer. Quand le chien a oublié, il entraîne de nouveau son maître et il est de nouveau battu et insulté. Alors, ils restent tous les deux sur le trottoir et ils se regardent, le chien avec terreur, l’homme avec haine. C’est ainsi tous les jours. Quand le chien veut uriner, le vieux ne lui en laisse pas le temps et le tire, l’épagneul semant derrière lui une traînée de petites gouttes. Si par hasard, le chien fait dans la chambre, alors il est encore battu. Il y a huit ans que cela dure. Céleste dit toujours que « c’est malheureux » mais au fond, personne ne peut savoir.
Son voisin Raymond ? Il fera une demande « d’amitié » à Meursault. Mais son premier réflexe ne sera pas de demander à Meursault « que puis-je faire pour toi, mon ami » mais d’exiger des actions pour honorer ce nouveau statut. Il s’empressera de lui demander une oreille attentive, puis qu’il lui prête sa plume, puis d’aller témoigner pour lui à la police après avoir battu sa femme, puis de se battre avec lui contre le frère de sa femme. Ce sont ses mensonges et sa violence à lui, qui entrainent une escalade avec le clan des arabes, jusqu’au « malheureux incident » sous le cagnard de la plage.
Raymond n’est-il pas une brute épaisse doublé d’un abruti, capable de déclarer à sa maîtresse après l’avoir battue :
« Tu ne vois pas que le monde il est jaloux du bonheur que je te donne. Tu connaîtras plus tard le bonheur que tu avais ».
N’est-il pas monstrueux dans les plans extravagants qu’il fomente afin de lui faire du mal :
« Raymond a continué. Ce qui l’ennuyait, c’est qu’il avait encore « un sentiment pour son coït ». Mais il voulait la punir. Il avait d’abord pensé à l’emmener dans un hôtel et à appeler les « mœurs » pour causer un scandale et la faire mettre en carte. Ensuite, il s’était adressé à des amis qu’il avait dans le milieu. Ils n’avaient rien trouvé. (…) ils avaient alors proposé de la « marquer ». (…) Il voulait lui écrire une lettre « avec des coups de pied et en même temps des choses pour la faire regretter ». Après quand elle reviendrait, il coucherait avec elle et « juste au moment de finir » il lui cracherait à la figure et il la mettrait dehors ».
Le juge ? Il y a cette scène hallucinante où il exige presque de Meursault qu’il pleure sur un crucifix.
Le procureur : Il se charge de brosser le portrait du « monstre » Meursault, celui d’un assassin dépourvu de tout sentiment, d’un ignoble criminel. Mais au final, le crime absolu, la monstruosité, ne tient-elle pas dans l’acte d’envoyer un homme à l’échafaud – limite - parce qu’il a fumé une cigarette et bue un café au lait lors de l’enterrement de sa mère ?
Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec une société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles et que je ne pouvais pas en appeler à ce cœur humain dont j’ignorais les réactions élémentaires. « Je vous demande la tête de cet homme, a-t-il dit, et c’est le cœur léger que je vous le demande. Car s’il m’est arrivé au cours de ma déjà longue carrière de réclamer des peines capitales, jamais autant qu’aujourd’hui, je n’ai senti ce pénible devoir compensé, balancé, éclairé par la conscience d’un commandement impérieux et sacré et par l’horreur que je ressens devant un visage d’homme où je ne lis rien que de monstrueux ». (page 157)
L’aumônier ? Sous couvert d’empathie (sauver les âmes du purgatoire) il viendra rendre visite à Meursault contre son gré et ne supportera pas que Meursault atteste ne pas croire en Dieu, tant cela vient remettre en question son propre système de croyance. Il exigera égoïstement et lourdement que Meursault reconnaisse l’existence de Dieu, qu’il affirme qu’il a en lui quelque espoir. Et c’est là, et seulement là, dans le couloir de la mort que Meursault sort de ses gongs contre l’aumônier et hurle sa conception de la vie : qu’elle est absurde ! Ce qui permet également d’expliquer ce détachement envers son environnement.
Lors du procès, chacun semble bien déterminé à affirmer « ce qu’il y a » dans l’âme de Meursault. Le lecteur, qui peut y avoir accès par le biais de la narration faite directement par Meursault, peut alors d’autant plus mesurer le fossé entre ce qu’il est et ce qu’on dit de lui.
Moi j’écoutais et j’entendais qu’on me jugeait intelligent. Mais je ne comprenais pas bien comment les qualités d’un homme ordinaire pouvaient devenir des charges écrasantes contre un coupable (page 154)
Mais à cause de toute ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, j’ai eu l’impression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige . (page 160)
Meursault se retrouve quelque peu traité comme une bête, un animal, on lui demande de « laisser faire » l’avocat, le procureur. Tout le monde parle de lui, devant lui, mais c’est comme si, déjà, il n’existait plus, il n’existait pas.
Puis, une fois que le procureur s’est acharné à démontrer que Meursault était un monstre, une bête à abattre, et qu’il obtient l’application de la peine capitale, presque d’un coup d’un seul, Meursault semble reprendre forme humaine pour ses semblables : de nouveau, on le touche, de nouveau, on éprouve pour lui de la considération, de nouveau on se rappelle qu’il existe :
Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s’est ouverte, c’est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j’ai eue lorsque j’ai constaté que le jeune journaliste avait détourné ses yeux. Je n’ai pas regardé du côté de Marie. Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français. Il m’a semblé alors reconnaître le sentiment que je lisais sur tous les visages. Je crois bien que c’était de la considération. Les gendarmes étaient très doux avec moi. L’avocat a posé sa main sur mon poignet. Je ne pensais plus à rien. Mais le président m’a demandé si je n’avais rien à ajouter. J’ai réfléchi. J’ai dit : « Non. » C’est alors qu’on m’a emmené. (pages 163-164)
Le vieux voisin Salamano ? Certes, il n’accusera Meursault de rien lors du procès, mais tandis que Meursault n’a aucune perversité en lui, ce vieil homme veille à martyriser son chien quotidiennement.
Deux fois par jour, à onze heures et à six heures, le vieux mène son chien promener. Depuis huit ans, ils n’ont pas changé d’itinéraire. On peut les voir le long de la rue de Lyon, le chien tirant l’homme jusqu’à ce que le vieux Salamano bute. Il bat son chien alors et il l’insulte. Le chien rampe de frayeur et se laisse traîner. A ce moment, c’est au vieux de le tirer. Quand le chien a oublié, il entraîne de nouveau son maître et il est de nouveau battu et insulté. Alors, ils restent tous les deux sur le trottoir et ils se regardent, le chien avec terreur, l’homme avec haine. C’est ainsi tous les jours. Quand le chien veut uriner, le vieux ne lui en laisse pas le temps et le tire, l’épagneul semant derrière lui une traînée de petites gouttes. Si par hasard, le chien fait dans la chambre, alors il est encore battu. Il y a huit ans que cela dure. Céleste dit toujours que « c’est malheureux » mais au fond, personne ne peut savoir.
Son voisin Raymond ? Il fera une demande « d’amitié » à Meursault. Mais son premier réflexe ne sera pas de demander à Meursault « que puis-je faire pour toi, mon ami » mais d’exiger des actions pour honorer ce nouveau statut. Il s’empressera de lui demander une oreille attentive, puis qu’il lui prête sa plume, puis d’aller témoigner pour lui à la police après avoir battu sa femme, puis de se battre avec lui contre le frère de sa femme. Ce sont ses mensonges et sa violence à lui, qui entrainent une escalade avec le clan des arabes, jusqu’au « malheureux incident » sous le cagnard de la plage.
Raymond n’est-il pas une brute épaisse doublé d’un abruti, capable de déclarer à sa maîtresse après l’avoir battue :
« Tu ne vois pas que le monde il est jaloux du bonheur que je te donne. Tu connaîtras plus tard le bonheur que tu avais ».
N’est-il pas monstrueux dans les plans extravagants qu’il fomente afin de lui faire du mal :
« Raymond a continué. Ce qui l’ennuyait, c’est qu’il avait encore « un sentiment pour son coït ». Mais il voulait la punir. Il avait d’abord pensé à l’emmener dans un hôtel et à appeler les « mœurs » pour causer un scandale et la faire mettre en carte. Ensuite, il s’était adressé à des amis qu’il avait dans le milieu. Ils n’avaient rien trouvé. (…) ils avaient alors proposé de la « marquer ». (…) Il voulait lui écrire une lettre « avec des coups de pied et en même temps des choses pour la faire regretter ». Après quand elle reviendrait, il coucherait avec elle et « juste au moment de finir » il lui cracherait à la figure et il la mettrait dehors ».
Le juge ? Il y a cette scène hallucinante où il exige presque de Meursault qu’il pleure sur un crucifix.
Le procureur : Il se charge de brosser le portrait du « monstre » Meursault, celui d’un assassin dépourvu de tout sentiment, d’un ignoble criminel. Mais au final, le crime absolu, la monstruosité, ne tient-elle pas dans l’acte d’envoyer un homme à l’échafaud – limite - parce qu’il a fumé une cigarette et bue un café au lait lors de l’enterrement de sa mère ?
Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec une société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles et que je ne pouvais pas en appeler à ce cœur humain dont j’ignorais les réactions élémentaires. « Je vous demande la tête de cet homme, a-t-il dit, et c’est le cœur léger que je vous le demande. Car s’il m’est arrivé au cours de ma déjà longue carrière de réclamer des peines capitales, jamais autant qu’aujourd’hui, je n’ai senti ce pénible devoir compensé, balancé, éclairé par la conscience d’un commandement impérieux et sacré et par l’horreur que je ressens devant un visage d’homme où je ne lis rien que de monstrueux ». (page 157)
L’aumônier ? Sous couvert d’empathie (sauver les âmes du purgatoire) il viendra rendre visite à Meursault contre son gré et ne supportera pas que Meursault atteste ne pas croire en Dieu, tant cela vient remettre en question son propre système de croyance. Il exigera égoïstement et lourdement que Meursault reconnaisse l’existence de Dieu, qu’il affirme qu’il a en lui quelque espoir. Et c’est là, et seulement là, dans le couloir de la mort que Meursault sort de ses gongs contre l’aumônier et hurle sa conception de la vie : qu’elle est absurde ! Ce qui permet également d’expliquer ce détachement envers son environnement.
Lors du procès, chacun semble bien déterminé à affirmer « ce qu’il y a » dans l’âme de Meursault. Le lecteur, qui peut y avoir accès par le biais de la narration faite directement par Meursault, peut alors d’autant plus mesurer le fossé entre ce qu’il est et ce qu’on dit de lui.
Moi j’écoutais et j’entendais qu’on me jugeait intelligent. Mais je ne comprenais pas bien comment les qualités d’un homme ordinaire pouvaient devenir des charges écrasantes contre un coupable (page 154)
Mais à cause de toute ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, j’ai eu l’impression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige . (page 160)
Meursault se retrouve quelque peu traité comme une bête, un animal, on lui demande de « laisser faire » l’avocat, le procureur. Tout le monde parle de lui, devant lui, mais c’est comme si, déjà, il n’existait plus, il n’existait pas.
Puis, une fois que le procureur s’est acharné à démontrer que Meursault était un monstre, une bête à abattre, et qu’il obtient l’application de la peine capitale, presque d’un coup d’un seul, Meursault semble reprendre forme humaine pour ses semblables : de nouveau, on le touche, de nouveau, on éprouve pour lui de la considération, de nouveau on se rappelle qu’il existe :
Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s’est ouverte, c’est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j’ai eue lorsque j’ai constaté que le jeune journaliste avait détourné ses yeux. Je n’ai pas regardé du côté de Marie. Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français. Il m’a semblé alors reconnaître le sentiment que je lisais sur tous les visages. Je crois bien que c’était de la considération. Les gendarmes étaient très doux avec moi. L’avocat a posé sa main sur mon poignet. Je ne pensais plus à rien. Mais le président m’a demandé si je n’avais rien à ajouter. J’ai réfléchi. J’ai dit : « Non. » C’est alors qu’on m’a emmené. (pages 163-164)
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Finalement, c’est dans sa cellule de prison, en attendant la mort, en guettant chaque aube, que Meursault devient quelque peu « normal », qu’il devient quelque peu « malade » du fait qu’il bascule dans de multiples réflexions, ruminations et tente de tuer dans l’œuf l’espoir d’une grâce.
Mais dans sa longue tirade contre l’aumônier, il synthétise sa vérité, sa certitude : la vie est absurde.
Les autres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait. Qu’importe si, accusé de meurtre, il était exécuté pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère ? Le chien de Salamano valait autant que sa femme. La petite femme automatique était aussi coupable que la Parisienne que Masson avait épousée ou que Marie qui avait envie que je l’épouse. Qu’importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux que lui ? Qu’importait que Marie donnât aujourd’hui sa bouche à un nouveau Meursault ? Comprenait-il donc, ce condamné et que du fond de mon avenir…J’étouffais en criant tout ceci.
C’est ainsi que, moi, lectrice, j’ai pu mesurer ma « maladie normalisée » en continuant précisément à juger les autres protagonistes du livre et à me juger, tandis que Meursault, dans le couloir de la mort, réussissait malgré cela à échapper à ce fonctionnement-là. Meursault demeurait capable d’être sincèrement et profondément indifférent au monde. Meursault devenait, ainsi, le seul individu véritablement « innocent ».
« Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux et que je l’étais encore ». (page 185-186)
Mais dans sa longue tirade contre l’aumônier, il synthétise sa vérité, sa certitude : la vie est absurde.
Les autres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait. Qu’importe si, accusé de meurtre, il était exécuté pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère ? Le chien de Salamano valait autant que sa femme. La petite femme automatique était aussi coupable que la Parisienne que Masson avait épousée ou que Marie qui avait envie que je l’épouse. Qu’importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux que lui ? Qu’importait que Marie donnât aujourd’hui sa bouche à un nouveau Meursault ? Comprenait-il donc, ce condamné et que du fond de mon avenir…J’étouffais en criant tout ceci.
C’est ainsi que, moi, lectrice, j’ai pu mesurer ma « maladie normalisée » en continuant précisément à juger les autres protagonistes du livre et à me juger, tandis que Meursault, dans le couloir de la mort, réussissait malgré cela à échapper à ce fonctionnement-là. Meursault demeurait capable d’être sincèrement et profondément indifférent au monde. Meursault devenait, ainsi, le seul individu véritablement « innocent ».
« Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux et que je l’étais encore ». (page 185-186)
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Mouahahah....je suis vraiment trop fan de ces moments de synchronicité : où deux productions artistiques, qui, à priori, n'ont rien en commun, se mettent d'un coup à devenir des "échos" l'une de l'autre.
Les paroles de la chanson "Desenchantée" de Mylène Farmer viennent de prendre une toute nouvelle dimension :
"Nager dans les eaux troubles des lendemains, attendre ici la fin" => Meursault dans sa cellule après sa condamnation à mort.
"Flotter dans l'air trop lourd du presque rien "
" Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence " : les derniers paragraphes et Meursault qui savoure l'infinie indifférence du monde qui continue de tourner.
"Je voudrais retrouver l'innocence"
"mais rien n'a de sens"
Que c'est beau !!!!
Et...j'ai pas encore le droit de mettre le lien de la chanson, tant pis
Les paroles de la chanson "Desenchantée" de Mylène Farmer viennent de prendre une toute nouvelle dimension :
"Nager dans les eaux troubles des lendemains, attendre ici la fin" => Meursault dans sa cellule après sa condamnation à mort.
"Flotter dans l'air trop lourd du presque rien "
" Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence " : les derniers paragraphes et Meursault qui savoure l'infinie indifférence du monde qui continue de tourner.
"Je voudrais retrouver l'innocence"
"mais rien n'a de sens"
Que c'est beau !!!!
Et...j'ai pas encore le droit de mettre le lien de la chanson, tant pis
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Je cherche une âme qui,
Pourra m'aider,
À poster des liens,
À pouvoir chanter...
Des anges chantés
PS : Bonsoir. Bienvenue
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
*SoSûre* a écrit:
Je cherche une âme qui,
Pourra m'aider,
À poster des liens,
À pouvoir chanter...
Des anges chantés
PS : Bonsoir. Bienvenue
Merci beaucoup Sosûre ! <3
Invité- Invité
Re: L'étranger d'Albert CAMUS : l'innocence est-elle indifférence ?
Tout le plaisir est pour moi.
Invité- Invité
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