Rien n'est précaire comme vivre
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Rien n'est précaire comme vivre
Alors voilà - disait un célèbre médecin lorsqu'il tenait encore un blog.
Je suis une ancienne de ZC, qui ne l'était pas tant que ça de toute façon, une année, plutôt deux, de présence hachurée - comment définit-on un passage effacé.
Je suis partie sur un coup de tête - comme très souvent - je suis partie pour laisser la place - ça n'a pas suffi - je suis partie pour respirer plus loin - mais l'asthme suit partout - je suis partie (très) froissée - je me suis dépliée depuis - je suis partie parce que la situation était devenue intenable ici et ailleurs - et ne pouvais en fuir qu'un sur les deux - je suis partie sans le dire - quels mots aurais-je pu poser - je suis partie parce que je ne savais pas qui j'étais - j'ai avancé de quelques pas.
Je suis HQI, juste ce qu'il faut pour être décalée, zébrée chat, intelligence à haute variabilité - une personne sûre d'elle me rendra idiote. Ma famille me rend idiote, par exemple. Il est peut-être très facile de me rendre idiote, mais parfois j'ai quelques fulgurances. Sur le papier.
Je suis autiste, juste ce qu'il faut pour avoir une vie compliquée, m'effondrer en fin de journée, ne rien comprendre dans une conversation quand je le devrais, crisser sur les bruits ambiants, m'enthousiasmer mille fois sur une fleur. Terriblement guidée par mes émotions.
Je suis liée à une maladie handicapante douloureuse - je ne suis pas elle.
Je suis une silencieuse enthousiaste - taiseuse intarissable.
Je suis artiste peintre lorsque je me perds. Photographe lorsque l'appareil n'est pas trop lourd.
Je suis écrivain pour moi, lente avec le reste du monde.
Je suis inadaptée en toute circonstance, une trop pas assez. Je rate beaucoup de marches.
Je suis nulle au jeu des réseaux sociaux.
Je suis douée les mains dans la terre, dans l'écoute des oiseaux.
Je suis passionnée, de plantes, de mots. J'aime mettre mes pensées à l'envers, les regarder glisser, les observer sous ce nouvel angle.
Je suis sur une tendance à la solitude, c'est plus calme. Les autres déçoivent même si j'essaye encore.
Je suis les pieds devant un trou noir, on se regarde droit dans les yeux. J'apprivoise.
Je suis une avaleuse de livres, un à deux par jour.
Je suis avec une mémoire trouée, la faute à des tiroirs trop remplis d'anciens mauvais jours. Les trous avalent parfois les gens, parfois les conversations, parfois moi.
Je suis en désobéissance civile régulièrement, dès que ça n'a pas de sens. Ça n'en a jamais.
Je suis entière. Qu'on me mente ou qu'on me blesse, je ne peux plus faire lien.
Je suis libre.
Je suis, pas sûre de moi. Une faille. Une muraille. Je suis vivante. Une survivante. Joyeuse. Compliquée. Je suis empathique jusqu'à la souffrance. Trop gentille. Très fatiguée. Trop généreuse. Brouillonne à l'excès, cachée, évidente, incapable de créer des liens sans qu'ils s'effilochent, amie aussi. Intelligente, stupide, heureuse, triste, toujours à voir le bon en l'autre jusqu'à la blessure. Je suis à fleur de peau, intouchable, sûre de moi, terrifiée, blessée à vif, réparée, muette, inarrêtable, émotionnellement folle, lucide, chaotique, forte, fantasque, zen, accompagnée, seule.
Avec l'envie de partager un peu de ma solitude évaporée par ici.
Je suis à ma place.
Est-ce que je me suis présentée ? Sans doute pas.
Me voilà sans doute reconnaissable mais avec un désir de repartir à zéro - alors silence ou mots en mp. J'efface mon ancien nom avec le reste.
J'écrirai peut-être, carnet sûrement, mais je vous lirai c'est une évidence.
Heureuse de vous retrouver, de découvrir tous les autres : )
Je vous laisse sur ce poème d'Aragon,
°
J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon.
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux.
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus.
Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps.
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie.
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux.
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées.
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Louis Aragon
Je suis une ancienne de ZC, qui ne l'était pas tant que ça de toute façon, une année, plutôt deux, de présence hachurée - comment définit-on un passage effacé.
Je suis partie sur un coup de tête - comme très souvent - je suis partie pour laisser la place - ça n'a pas suffi - je suis partie pour respirer plus loin - mais l'asthme suit partout - je suis partie (très) froissée - je me suis dépliée depuis - je suis partie parce que la situation était devenue intenable ici et ailleurs - et ne pouvais en fuir qu'un sur les deux - je suis partie sans le dire - quels mots aurais-je pu poser - je suis partie parce que je ne savais pas qui j'étais - j'ai avancé de quelques pas.
Je suis HQI, juste ce qu'il faut pour être décalée, zébrée chat, intelligence à haute variabilité - une personne sûre d'elle me rendra idiote. Ma famille me rend idiote, par exemple. Il est peut-être très facile de me rendre idiote, mais parfois j'ai quelques fulgurances. Sur le papier.
Je suis autiste, juste ce qu'il faut pour avoir une vie compliquée, m'effondrer en fin de journée, ne rien comprendre dans une conversation quand je le devrais, crisser sur les bruits ambiants, m'enthousiasmer mille fois sur une fleur. Terriblement guidée par mes émotions.
Je suis liée à une maladie handicapante douloureuse - je ne suis pas elle.
Je suis une silencieuse enthousiaste - taiseuse intarissable.
Je suis artiste peintre lorsque je me perds. Photographe lorsque l'appareil n'est pas trop lourd.
Je suis écrivain pour moi, lente avec le reste du monde.
Je suis inadaptée en toute circonstance, une trop pas assez. Je rate beaucoup de marches.
Je suis nulle au jeu des réseaux sociaux.
Je suis douée les mains dans la terre, dans l'écoute des oiseaux.
Je suis passionnée, de plantes, de mots. J'aime mettre mes pensées à l'envers, les regarder glisser, les observer sous ce nouvel angle.
Je suis sur une tendance à la solitude, c'est plus calme. Les autres déçoivent même si j'essaye encore.
Je suis les pieds devant un trou noir, on se regarde droit dans les yeux. J'apprivoise.
Je suis une avaleuse de livres, un à deux par jour.
Je suis avec une mémoire trouée, la faute à des tiroirs trop remplis d'anciens mauvais jours. Les trous avalent parfois les gens, parfois les conversations, parfois moi.
Je suis en désobéissance civile régulièrement, dès que ça n'a pas de sens. Ça n'en a jamais.
Je suis entière. Qu'on me mente ou qu'on me blesse, je ne peux plus faire lien.
Je suis libre.
Je suis, pas sûre de moi. Une faille. Une muraille. Je suis vivante. Une survivante. Joyeuse. Compliquée. Je suis empathique jusqu'à la souffrance. Trop gentille. Très fatiguée. Trop généreuse. Brouillonne à l'excès, cachée, évidente, incapable de créer des liens sans qu'ils s'effilochent, amie aussi. Intelligente, stupide, heureuse, triste, toujours à voir le bon en l'autre jusqu'à la blessure. Je suis à fleur de peau, intouchable, sûre de moi, terrifiée, blessée à vif, réparée, muette, inarrêtable, émotionnellement folle, lucide, chaotique, forte, fantasque, zen, accompagnée, seule.
Avec l'envie de partager un peu de ma solitude évaporée par ici.
Je suis à ma place.
Est-ce que je me suis présentée ? Sans doute pas.
Me voilà sans doute reconnaissable mais avec un désir de repartir à zéro - alors silence ou mots en mp. J'efface mon ancien nom avec le reste.
J'écrirai peut-être, carnet sûrement, mais je vous lirai c'est une évidence.
Heureuse de vous retrouver, de découvrir tous les autres : )
Je vous laisse sur ce poème d'Aragon,
°
J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon.
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux.
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus.
Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps.
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie.
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux.
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées.
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Louis Aragon
Dernière édition par L'éparpillée le Jeu 01 Juin 2023, 19:23, édité 1 fois
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Bonjour, bienvenue
Chouette présentation
Chouette présentation
persntm 2- Messages : 633
Date d'inscription : 28/04/2023
Localisation : exerce ses doudounes d'homme
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Bonjour,
J'ai aimé te lire.
J'espère que tu posteras régulièrement.
J'ai aimé te lire.
J'espère que tu posteras régulièrement.
Invité- Invité
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Idem. Belle présentation joliment écrite
Bienerevenue à toi, au plaisir de te lire.
Bienerevenue à toi, au plaisir de te lire.
Laelia- Messages : 2911
Date d'inscription : 23/02/2022
Re: Rien n'est précaire comme vivre
@persntm, Merci, tellement
@La Blanquette, merci beaucoup
@Laelia, merci beaucoup ! C'est moi où tu as changé de pseudo ? C'est ma déduction un peu rapide, peut-être
@La Blanquette, merci beaucoup
@Laelia, merci beaucoup ! C'est moi où tu as changé de pseudo ? C'est ma déduction un peu rapide, peut-être
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Rebienvenue alors !
Syl_20- Messages : 23
Date d'inscription : 23/04/2023
Localisation : Rennes
Re: Rien n'est précaire comme vivre
À L'éparpillée : de rien c'est parce qu'en ce moment je regarde la série Sherlock, alors je suis au taquet déductif
persntm 2- Messages : 633
Date d'inscription : 28/04/2023
Localisation : exerce ses doudounes d'homme
Re: Rien n'est précaire comme vivre
@L'éparpillée : mon ancien pseudo c'est Chuna. J'avoue que je ne te remets pas malgré une impression de déjà vu.
Mais en ce moment, je ne suis pas très perspicace.
Mais en ce moment, je ne suis pas très perspicace.
Laelia- Messages : 2911
Date d'inscription : 23/02/2022
Re: Rien n'est précaire comme vivre
@Syl_20, Merci
@ persntm, Quelle chance pour moi ^^ Je traque (involontairement) les failles dans mes lectures, mais les miennes elles passeraient toutes à travers un tamis !
@Laelia, Je ne m'étais donc pas trompée. Je préférais vérifier que me rater, j'aime bien avoir les bons noms sur "les visages".
Tu es ici depuis tellement longtemps, tu croises un tas de personnes ! Et je ne suis pas restée assez.
Navrée de te savoir en difficulté..
@ persntm, Quelle chance pour moi ^^ Je traque (involontairement) les failles dans mes lectures, mais les miennes elles passeraient toutes à travers un tamis !
@Laelia, Je ne m'étais donc pas trompée. Je préférais vérifier que me rater, j'aime bien avoir les bons noms sur "les visages".
Tu es ici depuis tellement longtemps, tu croises un tas de personnes ! Et je ne suis pas restée assez.
Navrée de te savoir en difficulté..
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Bonjour, enchantée.
Ou plutôt bonsoir. ^^
C'est un plaisir de te lire.
Ou plutôt bonsoir. ^^
C'est un plaisir de te lire.
_________________
INTJ, ne m'en veuillez pas si au passage, je vous écrase 6 fois le coeur. J'ai du mal à situer et le referai sans doute encore.
Opossum- Messages : 3849
Date d'inscription : 04/08/2019
Age : 47
Localisation : Belgique
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Merci Opossum : ) enchantée également
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
… et bonjour à toi ;-)
au moins, si on s'est parlé, tu ne dois pas te demander si j'avais le même nick', il est invarié/avarié selon les z'avis !
au moins, si on s'est parlé, tu ne dois pas te demander si j'avais le même nick', il est invarié/avarié selon les z'avis !
an.a.co.lu.the- Messages : 764
Date d'inscription : 02/06/2010
Re: Rien n'est précaire comme vivre
@an.a.co.lu.the, il était très bien à l'époque, et il est toujours très bien ton pseudo invarié non avarié ^^
Merci @Valona : )
Merci @Valona : )
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
L'éparpillée a écrit:Alors voilà - disait un célèbre médecin lorsqu'il tenait encore un blog.
Je suis une ancienne de ZC, qui ne l'était pas tant que ça de toute façon, une année, plutôt deux, de présence hachurée - comment définit-on un passage effacé.
Je suis partie sur un coup de tête - comme très souvent - je suis partie pour laisser la place - ça n'a pas suffi - je suis partie pour respirer plus loin - mais l'asthme suit partout - je suis partie (très) froissée - je me suis dépliée depuis - je suis partie parce que la situation était devenue intenable ici et ailleurs - et ne pouvais en fuir qu'un sur les deux - je suis partie sans le dire - quels mots aurais-je pu poser - je suis partie parce que je ne savais pas qui j'étais - j'ai avancé de quelques pas.
Je suis HQI, juste ce qu'il faut pour être décalée, zébrée chat, intelligence à haute variabilité - une personne sûre d'elle me rendra idiote. Ma famille me rend idiote, par exemple. Il est peut-être très facile de me rendre idiote, mais parfois j'ai quelques fulgurances. Sur le papier.
Je suis autiste, juste ce qu'il faut pour avoir une vie compliquée, m'effondrer en fin de journée, ne rien comprendre dans une conversation quand je le devrais, crisser sur les bruits ambiants, m'enthousiasmer mille fois sur une fleur. Terriblement guidée par mes émotions.
Je suis liée à une maladie handicapante douloureuse - je ne suis pas elle.
Je suis une silencieuse enthousiaste - taiseuse intarissable.
Je suis artiste peintre lorsque je me perds. Photographe lorsque l'appareil n'est pas trop lourd.
Je suis écrivain pour moi, lente avec le reste du monde.
Je suis inadaptée en toute circonstance, une trop pas assez. Je rate beaucoup de marches.
Je suis nulle au jeu des réseaux sociaux.
Je suis douée les mains dans la terre, dans l'écoute des oiseaux.
Je suis passionnée, de plantes, de mots. J'aime mettre mes pensées à l'envers, les regarder glisser, les observer sous ce nouvel angle.
Je suis sur une tendance à la solitude, c'est plus calme. Les autres déçoivent même si j'essaye encore.
Je suis les pieds devant un trou noir, on se regarde droit dans les yeux. J'apprivoise.
Je suis une avaleuse de livres, un à deux par jour.
Je suis avec une mémoire trouée, la faute à des tiroirs trop remplis d'anciens mauvais jours. Les trous avalent parfois les gens, parfois les conversations, parfois moi.
Je suis en désobéissance civile régulièrement, dès que ça n'a pas de sens. Ça n'en a jamais.
Je suis entière. Qu'on me mente ou qu'on me blesse, je ne peux plus faire lien.
Je suis libre.
Je suis, pas sûre de moi. Une faille. Une muraille. Je suis vivante. Une survivante. Joyeuse. Compliquée. Je suis empathique jusqu'à la souffrance. Trop gentille. Très fatiguée. Trop généreuse. Brouillonne à l'excès, cachée, évidente, incapable de créer des liens sans qu'ils s'effilochent, amie aussi. Intelligente, stupide, heureuse, triste, toujours à voir le bon en l'autre jusqu'à la blessure. Je suis à fleur de peau, intouchable, sûre de moi, terrifiée, blessée à vif, réparée, muette, inarrêtable, émotionnellement folle, lucide, chaotique, forte, fantasque, zen, accompagnée, seule.
Avec l'envie de partager un peu de ma solitude évaporée par ici.
Je suis à ma place.
Est-ce que je me suis présentée ? Sans doute pas.
Me voilà sans doute reconnaissable mais avec un désir de repartir à zéro - alors silence ou mots en mp. J'efface mon ancien nom avec le reste.
J'écrirai peut-être, carnet sûrement, mais je vous lirai c'est une évidence.
Heureuse de vous retrouver, de découvrir tous les autres : )
Je vous laisse sur ce poème d'Aragon,
°
J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon.
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux.
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus.
Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps.
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie.
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux.
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées.
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Louis Aragon
Hello C'est le poeme qui me decrit tout à fait et je l'adore (surtout chanté par Ferrat).
J'arrive, où je suis etranger
PeJ- Messages : 93
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 45
Localisation : Lyon
Re: Rien n'est précaire comme vivre
PeJ a écrit:
Hello C'est le poeme qui me decrit tout à fait et je l'adore (surtout chanté par Ferrat).
J'arrive, où je suis etranger
C'est un poème d'une grande puissance, chanté aussi, en effet. Même si je n'écoute plus depuis longtemps Ferrat, ni Brassens non plus d'ailleurs.
J'arrive où je suis étrangère, pourrais-je dire.
Cela m'amène à une question, qui n'a pas à recevoir de réponse forcément - j'ai toujours trop de questions dans la tête, elle je la pose là.
Est-ce que des arrivants étrangers sur un même lieu, sont encore étrangers lorsqu'ils se ressemblent ?
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
L'éparpillée a écrit:PeJ a écrit:
Hello C'est le poeme qui me decrit tout à fait et je l'adore (surtout chanté par Ferrat).
J'arrive, où je suis etranger
C'est un poème d'une grande puissance, chanté aussi, en effet. Même si je n'écoute plus depuis longtemps Ferrat, ni Brassens non plus d'ailleurs.
J'arrive où je suis étrangère, pourrais-je dire.
Cela m'amène à une question, qui n'a pas à recevoir de réponse forcément - j'ai toujours trop de questions dans la tête, elle je la pose là.
Est-ce que des arrivants étrangers sur un même lieu, sont encore étrangers lorsqu'ils se ressemblent ?
En une phrase, je dirais que nous autres autres Zebres/HP/TSA sommes etranger à ce monde actuel.
Pour moi, nous sommes etrangers à quelque chose un pays lorsque nous ne sommes pas coutumiers.
Une fois la habitudes et us / coutimes appris, nous ne le sommes plus. Je pense.
PeJ- Messages : 93
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 45
Localisation : Lyon
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Complètement.
Ce que je voulais dire c'est, des points communs, passions, valeurs, une reconnaissance émotionnelle, quelque chose va faire que dans ce lieu où on est étranger au milieu de ces personnes avec qui on est étranger, on le sera peut-être un peu moins entre quelques personnes qui se seront "reconnues". Si ces étrangers se ressemblent suffisamment, le sentiment sera peut-être atténué (pas atténué dans le lieu, atténué entre les personnes). Même si toujours étranger.
C'est brouillon. Surtout que pas exactement ce que j'avais en tête.
Ce que je voulais dire c'est, des points communs, passions, valeurs, une reconnaissance émotionnelle, quelque chose va faire que dans ce lieu où on est étranger au milieu de ces personnes avec qui on est étranger, on le sera peut-être un peu moins entre quelques personnes qui se seront "reconnues". Si ces étrangers se ressemblent suffisamment, le sentiment sera peut-être atténué (pas atténué dans le lieu, atténué entre les personnes). Même si toujours étranger.
C'est brouillon. Surtout que pas exactement ce que j'avais en tête.
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
C'est le cas des expatriés. Par exemple, en Afrique, ils se retrouvent souvent entre expats. Pas parce qu'ils excluent les locaux, mais parce qu'ils partagent qqch.
_________________
INTJ, ne m'en veuillez pas si au passage, je vous écrase 6 fois le coeur. J'ai du mal à situer et le referai sans doute encore.
Opossum- Messages : 3849
Date d'inscription : 04/08/2019
Age : 47
Localisation : Belgique
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Effectivement ! Je me demande du coup si ça se joue sur autre chose que la langue commune. Mais oui très certainement, le principe étant le même.
Je n'ai pas les pensées très clair aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à m'exprimer.
Je n'ai pas les pensées très clair aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à m'exprimer.
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
Age : 47
Localisation : 91 cm à côté
Re: Rien n'est précaire comme vivre
'lut !
En vrac : j'aime beaucoup ta présentation (me souviens plus de la figure de style, "moi, président, ..." ?), chouette une photographe, j'espère qu'on aura l'occasion de voir tes clichés dans la rubrique haddock capitaine.
En moins vrac :
Pour avoir fréquenté pas mal d'expats à un moment de ma vie, il faut avouer qu'il y a aussi une espèce de "statut social commun", du moins pour ceux qui sont employés par de gros groupes privés. De ce point de vue ce n'est pas, et de loin, le milieu le plus agréable que j'ai fréquenté ... Là où on pourrait s'attendre à une grande ouverture d'esprit, on se retrouve (parfois) dans une ambiance qui n'a rien à envier au colonialisme.
Après, quand on se retrouve dans un pays sans aucun repère (ne serait-ce que savoir où et comment faire ses courses, quoi acheter à manger, comment cuisiner, comment trouver un logement, comment se soigner, comment se déplacer, ...), se réunir avec des compatriotes qui peuvent te donner les bons "trucs", ça aide. Et ça repose l'esprit.
Même dans des pays "faciles" (USA ou Canada), on se retrouve facilement dérouté (au Canada, on fait ses courses ... dans les pharmacies, aux USA, sans bagnole tout est très, très compliqué, par exemple). A plus forte raison dans des pays à plus gros décalage, en Asie ou en Afrique par exemple.
Moi ça m'arrange, parce qu'au moins, je m'y sens étranger pour une bonne raison .
En vrac : j'aime beaucoup ta présentation (me souviens plus de la figure de style, "moi, président, ..." ?), chouette une photographe, j'espère qu'on aura l'occasion de voir tes clichés dans la rubrique haddock capitaine.
En moins vrac :
Oui, ça joue sur une culture commune (la plupart des expats sont occidentaux - j'inclus les Australiens là-dedans, même si on trouve quelques coréens ou japonais), et sur le fait de ne pas être chez soi.L'éparpillée a écrit:Je me demande du coup si ça se joue sur autre chose que la langue commune.
Pour avoir fréquenté pas mal d'expats à un moment de ma vie, il faut avouer qu'il y a aussi une espèce de "statut social commun", du moins pour ceux qui sont employés par de gros groupes privés. De ce point de vue ce n'est pas, et de loin, le milieu le plus agréable que j'ai fréquenté ... Là où on pourrait s'attendre à une grande ouverture d'esprit, on se retrouve (parfois) dans une ambiance qui n'a rien à envier au colonialisme.
Après, quand on se retrouve dans un pays sans aucun repère (ne serait-ce que savoir où et comment faire ses courses, quoi acheter à manger, comment cuisiner, comment trouver un logement, comment se soigner, comment se déplacer, ...), se réunir avec des compatriotes qui peuvent te donner les bons "trucs", ça aide. Et ça repose l'esprit.
Même dans des pays "faciles" (USA ou Canada), on se retrouve facilement dérouté (au Canada, on fait ses courses ... dans les pharmacies, aux USA, sans bagnole tout est très, très compliqué, par exemple). A plus forte raison dans des pays à plus gros décalage, en Asie ou en Afrique par exemple.
Moi ça m'arrange, parce qu'au moins, je m'y sens étranger pour une bonne raison .
fift- Messages : 8844
Date d'inscription : 26/04/2016
Age : 48
Localisation : Paris
Re: Rien n'est précaire comme vivre
Je viens d'aller regarder, piour les photos de Maël..
Oui je vois. Je ne me suis jamais expatriée, c'est délicat de comprendre pleinement ce qui se joue (l'évidence de certains ressentis n'est pas la même chose que les vivre).
Pour être allée au Québec, je confirme que beaucoup de choses sont très déroutantes comme les magasins/pharmacies oui. Ou la neige, et ces congères plus hautes que nous - c'est écrasant. Toronto aussi, en pleine tempête de neige, m'a déstabilisée (barrière de la langue, parachutée dans un hôtel 5 étoiles sans avoir les codes, aucune information, bagages perdus). Mais je n'étais que de passage, c'est déstabilisant à une très faible échelle et ne remet rien en question, pas d'adaptation en vue.
Je sors un peu du sujet, mais ce qui m'a le plus perturbée là-bas, c'est ce ciel incroyable, comme arrondi, plus proche. La sensation d'immensité est tout autre, et ne m'a jamais quittée.
Oui je vois. Je ne me suis jamais expatriée, c'est délicat de comprendre pleinement ce qui se joue (l'évidence de certains ressentis n'est pas la même chose que les vivre).
Pour être allée au Québec, je confirme que beaucoup de choses sont très déroutantes comme les magasins/pharmacies oui. Ou la neige, et ces congères plus hautes que nous - c'est écrasant. Toronto aussi, en pleine tempête de neige, m'a déstabilisée (barrière de la langue, parachutée dans un hôtel 5 étoiles sans avoir les codes, aucune information, bagages perdus). Mais je n'étais que de passage, c'est déstabilisant à une très faible échelle et ne remet rien en question, pas d'adaptation en vue.
Je sors un peu du sujet, mais ce qui m'a le plus perturbée là-bas, c'est ce ciel incroyable, comme arrondi, plus proche. La sensation d'immensité est tout autre, et ne m'a jamais quittée.
Lou Djinn- Messages : 516
Date d'inscription : 01/06/2023
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