Par la fenêtre

Nous sommes à la fin du confinement, je viens de me faire un rab de quinze jours en hôpital, après avoir failli crever comme une bête abandonnée, après que tous se soient bien acharnés sur la carne. J’ai des colères assassines, sachez-le, je n’oublie pas si facilement.
Je me remets comme je peux de ce petit intermède. Ça me prend juste un peu de temps, de les reprendre, ces foutues forces, tout essoufflé et chancelant que je suis. Un échange épistolairement électronique avec une amie qui me demande de faire un « truc ». Écrire quelque chose sur une feuille de papier, d’en faire un avion et le lancer par la fenêtre. Je trouve l’idée bien bête et il faudra beaucoup de persuasion amicale de sa part pour lancer à mon tour par ma lucarne ce fragile avion avec une pensée reflet de ce que je pense à ce moment-là.
Le temps passe, je me remets, ça prend du temps, et je pense que de savoir avoir failli mourir aussi lucidement me suivra longtemps. Et change ma façon de vivre dorénavant.
Il y a quelque temps, j’ai envoyé un autre « avion » dans le vide. Il s’agit d’un tapuscrit que j’ai envoyé à une maison d’édition. Comme pour cet avion lancé par la fenêtre qui n’a pas changé ma vie, je n’attends rien en particulier de cet envoi, mais je l’ai fait. Et ça suffit à me faire sourire, avec l’envie de prendre possession de ma vie. Et vaille que vaille.