Un nouveau zèbre ?

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Message par San-A Mar 15 Mai 2012 - 15:41

Bonjour à tous !

Voilà quelques années que je me pose la question... Je suis sans doute un zèbre qui s'ignore et qui n'a pas si envie que ça d'en être certain. En réalité, j'en suis convaincu, mais j'ai peur que l'on me dise le contraire et que ça remette trop de choses en question, que ça m'abatte à un moment où je n'en ai vraiment pas besoin. Alors je reste dans le flou, volontairement, je repousse sans cesse l'idée, qui revient de temps à autre, mais qui fait tout de même son bonhomme de chemin dans ma tête.

En fait, je suis tombé hier sur un article du Monde qui a piqué au vif ma curiosité, dans l'ensemble assez insatiable. Et j'ai peu à peu remonté le temps. Non, je ne me retrouve pas dans tout ce que j'ai pu lire à gauche et à droite, mais il y a pourtant des similitudes étranges. Différent, j'ai le sentiment de l'avoir toujours été, trop vif, trop rapide, mais dans le même temps totalement inadapté au monde m'entourant, comme si je voyais et comprenais des choses inaccessibles aux autres... Et cette "pensée en arborescence", également, que je me représente comme des bulles contenant des idées, des concepts qui en appellent d'autres, toutes reliées les unes aux autres par une sorte de fil, et si difficiles à désenchevêtrer, mais qu'il est si agréable de parcourir, pouvant m'amener loin, très loin, mais qui rendent parfois mes explications si difficiles à comprendre aux yeux des autres.

D'une manière générale, je n'ai pas envie de raconter ma vie, encore moins de l'écrire, et pourtant un désir irrépressible de le faire s'empare de moi en ce moment. Enfin, pas de raconter ma vie, mais plutôt mon parcours, mes doutes, dans l'espoir de trouver finalement le fil qui relierait toutes les étapes qui ont fait de moi ce que je suis actuellement : un être que j'ai du mal à regarder en face dans le miroir et que je sais pourtant animé des plus belles intentions, mais qui n'y arrive pas, malgré toute se bonne volonté, et doute de plus en plus d'y arriver. Je me suis toujours refusé d'écrire, trouvant toujours une bonne raison de ne pas le faire, ayant toujours envie de faire autre chose, mais sans doute par peur de trouver "monstrueux" ce qui pourrait sortir de moi et ne pas avoir le courage de l'assumer et l'affronter.

Difficile de structurer mes pensées, j'ai des milliers de choses en tête, l'évocation d'un souvenir en appelle cent autres, mais essayons tout de même de commencer par le début... Enfant précoce, comme ils disent, maîtrise du langage à 2 ans, tout le temps en train de poser des questions pour comprendre mieux le monde qui l'entoure, maîtrise de la lecture entre 4 et 5 ans (oh, Papa, regarde, on est bien à 10 km de Saint Germain, non ? Euh oui, mais comment tu le sais ? Bah c'était écrit sur le panneau...), de l'écriture peu après, seul enfant au milieu d'un monde d'adultes (mes parents n'ont que 20 ans de plus que moi) et recherchant de fait la compagnie des "grands".

Entrée en CP, et très vite, on me fait passer des tests. Je sais lire, écrire et compter, pourquoi rester en CP ? Quel genre de tests, je ne sais pas, je ne m'en souviens plus. Mes parents par la suite n'ont jamais voulu rien me dire d'autre que "tu avais à l'entrée en CP le développement mental d'un enfant sortant du CE2". Le primaire est passé tout seul, on m'a souvent traité de "surdoué", mais je n'en ai jamais souffert, j'en retirais même une certaine fierté. Ah, l'innocence des enfants ! Comme j'aimerais ne jamais l'avoir perdue... La seule période vraiment heureuse de ma vie, à bien y réfléchir.
Déménagement en cours de CM2, arrivée à Nantes, et premier traumatisme. J'ai senti que ma différence, que j'avais toujours vue comme une force jusque là était finalement devenue une faiblesse, qui m'éloignait des autres. Et c'est là que tout a commencé à basculer. Au lieu d'afficher cette différence, j'ai commencé petit à petit à chercher à entrer de plus en plus dans le moule. Le collège, puis le lycée sont passés tout seuls. Je m'ennuyais, oh ça oui, avec le recul je m'en rends compte, mais je voulais tellement être comme les autres, il ne fallait pas lâcher. Et puis je ne voulais pas décevoir mes parents, qui semblaient tellement m'admirer.

Premières difficultés en prépa, dans laquelle mes profs ne me voyaient pas, à juste titre : je n'avais jamais travaillé, jamais fait d'efforts, mais j'ai fait le forcing et j'y suis entré. Et d'un seul coup on me demandait d'en faire plus que je n'en avais jamais fait... Non pas que je ne me savais pas capable d'y arriver (des élèves bien moins doués que moi les années précédentes y arrivaient mieux que moi), mais j'étais déjà devenu trop paresseux, et le jeu semblait ne pas en valoir la chandelle. Gros passage à vide, j'envoie tout balader, on change tout et on recommence. Une des rares constantes de ma vie, avant de commencer à me comprendre : quand plus rien ne va, on ne se remet surtout pas en question, mais on change tout, en espérant ne pas refaire les mêmes erreurs. Une belle illusion !

Passage par la case fac de sciences, les doigts dans le nez, puis école d'ingénieur, en info, c'est marrant les ordis, pourquoi pas ? Première expérience pro, tout se passe bien au début, puis rebelote : ennui mortel, plus aucune motivation. Alors on change tout à nouveau : on lourde bassement la copine en la trompant au passage et on recommence tout en Italie pour suivre la nouvelle. Je me suis pris plein de claques dans la gueule, peut-être que le fait d'aller loin me permettra de remettre les pendules à l'heure... Et je me rends compte au bout de 3 ans que j'ai pas avancé d'un pouce, que je m'ennuie toujours autant dans la vie et que la seule chose à faire est de revenir chez mes parents, à 27 ans.

Voilà où j'en suis actuellement, et je me rends compte que j'ai dit à la fois beaucoup et rien du tout... Qu'est-ce qui ferait de moi un zèbre, en fin de compte ? C'est peut-être le résultat des réflexions des 6 derniers mois, après mon retour, passés en psychothérapie (que je continue d'ailleurs) et qui me font porter un regard beaucoup plus lucide sur les raisons de mes échecs (relatifs, d'ailleurs, beaucoup seraient plus que contents d'un tel parcours, moi j'ai juste la sensation d'avoir perdu du temps et gâché un talent que je sens en moi mais n'arrive pas à exprimer).

Car tout est parti de cette volonté de rentrer dans le moule : si je me sentais différent et commençais à être rejeté à force de vouloir exprimer cette différence (oh, pas méchamment, mais vous savez comment sont les gens, la différence fait peur, surtout quand elle implique une sorte de supériorité), alors il fallait que je change moi. Et c'est là qu'à commencé à grandir de plus en plus le décalage entre ce que je sentais au fond de moi mais que je me forçais à ne plus écouter et l'image que je tentais de renvoyer aux yeux du monde, avec un succès plus que relatif, d'ailleurs.

Sensation d'étouffer sous ce masque que je porte en permanence, perte de confiance en moi, l'impression de toujours n'être qu'un imposteur (si j'y arrive, ce n'est pas de ma faute... du moins pas grâce à moi) et de ne jamais mériter ce qui m'arrivait. Et effectivement, je n'avais pas désiré ce que je faisais, je ne faisais qu'essayer de rentrer le moule, ce qui n'avait pour seule et unique conséquence que de me faire sentir encore plus en décalage avec moi-même. Et je me retrouve donc, à près de 28 ans, à me rendre compte que je n'ai jamais vraiment vécu ma vie. Tout ce que j'ai fait en fin de compte, c'est essayer de donner le change. Avec tout ce que cela implique : une peur panique d'être "découvert", impliquant une phobie sociale grandissante, l'impression que tout est toujours de ma faute puisque j'aurais toujours pu mieux faire, tout le temps.

Il y a en fin de compte tellement de choses dont je voudrais parler ici, car j'ai la sensation de pouvoir me laisser aller, sans pour autant que les gens me traitent avec condescendance, comme cela m'est si souvent arrivé. Des particularités zébrées que j'ai lues ici et que je ressens en moi mais ne sais comment exprimer. Trop de temps passé à me contrôler, me brimer, je me suis enfermé tout seul dans une prison dont j'ai l'impression d'avoir jeté la clé, ou en tout cas bien cachée.

J'ai certainement été très long, je m'en excuse par avance. Et j'aimerais en raconter bien plus, en vérité, mais je ne sais pas par où commencer. Voilà en tout cas un début, et je remercie par avance ceux qui ont pris le temps de me lire. J'espère trouver ici des gens compréhensifs à qui je pourrai m'ouvrir, pour vous avoir lu en peu depuis hier je sais que cela sera certainement le cas Smile


PS : je me dépêche d'appuyer sur envoyer, sinon je vais encore gamberger des heures avant de tout effacer !
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Message par blackdogxx Mar 15 Mai 2012 - 18:27

Salut San-A,

comme toi, j'ai eu un déclic hier en lisant "Le Monde". C'est fou comme en quelques secondes on peut remettre en perspective toute sa vie, se dire que finalement on est pas juste à l'ouest, à côté de la plaque.

J'ai fait comme toi, j'ai lu tout ce que je trouvais sur le net sur le sujet, pour m'apercevoir que je présente bon nombre des symptômes de la surdouance. Puis j'ai écrit, ça m'a pris deux heures pour y arriver , mais je l'ai fait.

Je sais pas si ça te fait pareil que pour moi, comme si on m'avait enlever tout un paquet de chaines qui m'entravaient, de pouvoir parler. Mais paradoxalement une angoisse d'être à coté par rapport au gens, mais aussi à côté de soi-même. C'est déroutant.

Je suis content de pouvoir partager, et de trouver des gens qui pense comme moi!
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Message par Waka Mar 15 Mai 2012 - 19:51

Bonjour, bienvenu à toi Smile
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Message par vick Mar 15 Mai 2012 - 23:52

Bonjour à tous,

L'article sur le site du Monde m'a interpellée et en particulier le post de San-A...

Je ne sais quoi penser et me méfie de l'effet Barnum. Je vais tenter d'expliquer cela clairement.
J'ai déjà honte à l'idée de ce que je vais écrire.

D'après mes parents et mon entourage, j'ai été précoce pour tout. Par exemple, j'ai parlé très tôt avec un vocabulaire surprenant pour un enfant de mon âge. Je posais également beaucoup de questions, parlais sans cesse, me plaisait en compagnie d'adultes, d'enfants plus âgés.
Mon père m'apprend alors à lire et je saute une classe.
Ma primaire se passe très bien d'un point de vue scolaire à l'exception d'une année où je suis une véritable "terreur" dans ma classe, punie sans cesse.
Je commence vers le CM1 à avoir des amis. Ceux-ci me semblent pourtant sur le moment "pas assez mûrs".
Ensuite, vient le collège. Je me situe dans la tête de classe sans travailler.
Idem pour le lycée.
A ce moment-là, je ressens un véritable déclic pour mes cours de français puis de philo et surtout d'histoire.
Après l'indifférence habituelle, je découvre une véritable exaltation.
Mes pensées sont occupées par les idées et concepts découverts.
Je passe mes nuits à lire la presse et des bouquins et à refaire le monde.
En ce qui concerne les matières scientifiques, je m'en sors très bien avec un sentiment finalement assez désagréable : celui de n'y arriver qu'en raison de la facilité des épreuves et d'être à la merci de la moindre difficulté.

Je réussis très bien mon bac et me retrouve en sup dans une prépa. Et là, les choses se gâtent.
Je mets toute mon énergie à "m'adapter" ( au gens, au milieu etc...) et à travailler.
Je ne fais pas d'étincelles et décroche après avoir retapé ma spé une école d'ingénieur bonne sans être extraordinaire.
Le bilan de ces 3 ans est très mitigé.
Le point positif est que j'y ai découvert les maths abstraites qui m'ont beaucoup plu. Je n'y ai pourtant pas particulièrement réussi.
Les points négatifs sont plus nombreux.
Manque de temps oblige, j'ai arrêté la lecture, arrêté de suivre les infos etc...
En outre, j'ai finalement fini ces 3 ans "sur les genoux" sans aucune confiance en moi. Je sens la lenteur et l'imperfection de chacun de mes raisonnements, le poids des connaissances qu'il me manque etc...

Une fois dans mon école, les choses ne s'améliorent pas. Les cours sont plus appliqués et je m'y révèle absolument nulle alors que ceux-ci semblent plutôt normaux pour le reste de ma promo.

Les épreuves écrites des concours (et même du bac dans une plus faible mesure) étaient de véritables moments d'angoisse sur ma copie et mes examens en école deviennent 1000 fois pires.
J'en rate pas mal, n'y vais pas etc...

Mes cours ne me font pas réfléchir, je n'y vais pas et valide d'extrême justesse à chaque fois. Je n'arrive pas non plus à recommencer la lecture par moi-même, en partie par manque de temps car je travaille en parallèle.
Je sors beaucoup, vois des gens mais j'ai l'impression d'être dans une sorte de léthargie.
Plus rien de me fait vibrer.

Voilà pour l'histoire chronologique.

Je me reconnais dans certains points (mais pas du tout tous) de hp.
J'ai par exemple toujours eu l'impression d'avoir eu "plus de tact" que les autres, je suis sensible aux changements d'humeurs minimes de mon entourage.
Les raisonnements bancals, le manque d'objectivité et d’honnêteté me perturbent beaucoup.
J'ai du mal à comprendre les compromis, ce qui est difficile au quotidien.
Bien que l'on me considère comme quelqu'un de sociable, je ne suis jamais spontanée et ai l'impression de voir de l'extérieur les scènes que je vis.
Les autres (mes profs par exemple) me font souvent remarquer qu'il manque "la dernière étape" de mes raisonnements. En fait, non, mais celle-ci me paraît implicite.

J'ai un peu de mal à expliquer ces points-là. Je ne les avais jamais reliés jusqu'à présent et me trouvais simplement "étrange".

J'ai recommencé à lire depuis quelques jours et ai redécouvert l'exaltation des idées qui s'enchaînent et l'émerveillement de tisser "des liens d'intertextualité" entre les choses.

C'est la première fois que je raconte ceci et je n'en reviens pas d'avoir tant écrit.

Je me pose une question, à laquelle San-A pourra peut-être répondre. Est-ce que l'informatique est censée correspondre aux HP? Pour ma part, je suis absolument incapable de "faire tourner" dans ma tête un algorithme au point que ça en est "douloureux".

Un autre point qui m'a toujours éloignée de l'idée d'être HP est que je déteste les jeux (types sudokus, rubik's cube...) et l'idée de réussir un test de QI me semble fort improbable. J'ai tenté de faire le test internet mensa mais j'ai craqué avant la fin.

Désolée pour ce pavé. Je serais intéressée par avoir votre avis, vos conseils car je suis vraiment dans le flou.

merci


Vick


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Message par San-A Mer 16 Mai 2012 - 9:29

Merci à vous trois pour vos messages. Ceux de Vick et blackdogxx ont résonné d'une manière particulière en moi. Quelque part j'ai la sensation étrange de comprendre un peu de vous sans vous connaître.

A la question de Vick sur les jeux, je les ai toujours détestés moi aussi, mais je me rends compte que c'est parce qu'ils ouvrent trop de voies dans mon cerveau et, les suivant toutes, je me retrouve très vite dans une sorte d'impasse, d'impossibilité de choix, ce qui fait que je m'énerve très vite. Mais aussi et surtout parce que les problèmes, d'une manière générale, ne m'ayant jamais posé de problèmes, j'en ai perdu le goût de l'effort, et que face à quelque chose qui me résiste, je préfère jeter l'éponge si je me rends compte que le jeu n'en vaut pas la chandelle... De l'incroyable paradoxe des zèbres, sans doute.

En ce qui concerne l'informatique, je ne saurais dire. Ce n'est pas simple, effectivement, quand je crée un programme, je ne sais jamais par où commencer. Alors je tente de le découper en toutes petites parties, où les paramètres en jeu sont nettement moins nombreux, parties qui sont toutes reliées entre elles. Et c'est quand j'ai découvert la récursivité que j'ai commencé à y prendre vraiment goût : il existe donc des façons de créer des programmes qui correspondent tout à fait à ma représentation mentale des choses ! Je dirais plus généralement que l'informatique a surtout été pour moi une façon d'ordonner mes pensées, de les cadrer, et puis en informatique tout est logique, c'est prodigieux Smile Mais je me suis également heurté à un problème, que je retrouve dans une certaine mesure dans ma vie de tous les jours : il est extrêmement stimulant de conceptualiser le programme, le découper en sous parties, imaginer les algorithmes, etc... Mais quand il s'agit de coder à proprement, ça devient tout de suite moins intéressant, il ne s'agit plus que de "recopier" ce que l'on a imaginé. Sans doute les informaticiens que j'ai cru apercevoir ici sauront en parler mieux que moi...




En ce qui me concerne, j'ai l'impression d'avoir eu comme une révélation cette nuit. J'ai dévoré le livre de J. SIAUD FACCHIN. J'ai eu l'étrange sensation que quelqu'un, finalement, arrivait à mettre des mots sur ce que je ressens diffusément depuis ma plus tendre enfance. Il est difficile de mettre des mots sur un sentiment si confus. J'ai versé quelques larmes, parfois, en revoyant l'enfant que j'ai été, en me rendant compte à quel point je me suis éloigné de lui, par protection. Je crois que là est la meilleure explication, et j'en pleure presque en l'écrivant. Des larmes de joie. Cet enfant si différent que j'ai de plus en plus haï avec le temps, le prenant pour la cause de mes malheurs grandissants est non seulement toujours là, mais en plus je lui pardonne tout et je le prends par la main, l'invitant à venir me rejoindre dans ce monde d'adultes, car j'ai besoin de lui autant que lui aurait eu besoin de quelqu'un qui lui tienne la main lorsqu'il ne demandait qu'à s'exprimer.

C'est cela, je crois, la révélation dont je parle. Une sorte de réconciliation avec moi-même. Et, partant, avec le monde qui m'entoure. Et c'est bon, tellement bon. Je ne sais pas combien de temps cette euphorie que je ressens ce matin durera, peu importe, sans doute jusqu'à ce que la prochaine contrariété un peu trop forte ne me remette trop en question. En attendant, c'est comme si les moulins contre lesquels je me battais jusqu'alors avaient pris une forme nouvelle, beaucoup moins effrayante. Et je redécouvre le plaisir de laisser aller mon cerveau à sa pleine mesure, moi qui l'ai finalement si souvent bridé.

J'enlève donc cette peinture, ce maquillage que j'avais mis sur mes rayures blanches, qui me convenait si peu, ce costume dans lequel je me sentais si à l'étroit et je me montre désormais sous mon vrai visage : oui, je suis un zèbre et non, ce n'est pas une fatalité. Une délivrance, plutôt.


Oui, je fais sans doute également une auto-psychothérapie, et je sens que je me livre beaucoup, tout en ayant l'impression de n'avoir évoqué qu'une infime partie des images positives qui me sont venues en lisant ce livre. Mais j'avais envie de parler de tout ça, d'être lu, moi qui me suis si souvent tu. Et je sens, je sais qu'ici, les personnes qui me liront me comprendront. Merci à vous, pour ce que vous m'avez déjà apporté tout en ne faisant rien, et à tout ce que vous m'apporterez, j'en suis sûr, plus tard.
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Message par Mor_IsH Mer 16 Mai 2012 - 11:10

Ouep, y'a des étapes d'acceptation de la zébritude. Et en général, on se sent proche des personnes qui partagent le "même moment".

@San-A: Même chose que toi pour la prépa, je suis passé de premier de la classe à dernier, pour moi ça été le choc émotionnel, j'ai mis des plombes à m'en remettre. Mais bon, ça forge Wink

@ tous: n'ayez pas peur de vous livrer. Vous verrez au fil de la lecture des posts du forum que nous avons tous énormement de point communs et d'expériences communes. Et plus on en dit, pus on s'aperçoit qu'on partage tant avec les autres.
Et puis vous verrez également qu'après une phase d'intense rapprochement avec les autres zèbres et de compréhension de vous même, vous verrez aussi que les autres Z ne sont que des personnes comme les autres Smile

@ Vick: Je me suis aussi beaucoup méfier de l'effet barnum quand je suis arrivé. Je trouve que c'est un bon moyen d'avoir du recul. Beaucoup ici recherches une forme de compréhension et instinctivement font leur caméléon pour se trouver des points communs de rapprochement. (comme c'est parfois chiant l'empathie/sympathie). Il faut essayer de garder du recul pour voir les points commun, sans tomber dans le mimétisme.
Et n'hésites pas à faire ta propre présentation Razz

En tout cas, bienvenu à tous ! Very Happy

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Message par San-A Mer 16 Mai 2012 - 12:25

Merci Rom_Ish !
Dans mon cas, la prépa, ça m'a plus détruit que forgé... Et au lieu de me remettre en question (véritablement, j'entends, je me remets toujours en question, pour un oui ou pour un non), j'ai eu tendance à en vouloir aux gens qui créaient ce genre de classe, et envieux de ceux qui réussissaient. Avec comme résultante une estime de moi plus basse que tout. Il faut du recul, beaucoup de recul, je n'ai saisi que très récemment ce que cela avait pu m'apporter.

Autrement, pour apporter un peu de légèreté à ce topic plutôt chargé, j'aimerais faire une présentation un peu centrée sur mes intérêts... Malheureusement je n'en ai pas trop le temps pour le moment, j'essaierai de faire ça dès que je peux.
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Message par Mor_IsH Mer 16 Mai 2012 - 13:27

Oui moi aussi ça m'a fait ça ... ça a été le premier des chocs émotionnel d'une longue tripatouillée (décès, échec scolaire, dispute familialle ...) et puis un jour on comprend pourquoi ça c'est passé comme ça et les pièces du puzzle reprennent leur place.

Wink
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Message par San-A Ven 18 Mai 2012 - 19:22

Bon, quelques jours de recul par rapport à cette "révélation". Et une question qui me taraude, tout de même, j'ai lu d'autres personnes qui se la posaient également, mon père m'a dit la même chose il y a quelques jours quand j'ai abordé la question de la zébritude : "OK, c'est bien, mais ça change quoi ? Tes problèmes sont toujours les mêmes, non ?"

Et effectivement, c'est le cas... La seule différence que je vois, c'est que je m'accepte mieux, que je m'en veux moins. Mais à part ça, comment on peut combattre les symptômes désagréables sans pour autant avoir la sensation de se renier et d'avoir l'impression de vivre avec le frein à main levé ?
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Message par phase1 Ven 18 Mai 2012 - 19:37

Hello,

Juste une petite phrase qui me semble importante:
La seule différence que je vois, c'est que je m'accepte mieux, que je m'en veux moins.
Hey, c'est déjà un truc de dingue de pouvoir se dire ça non ?
Je trouve que c'est déjà un grand pas.
Pour le reste, il me semble qu'il y a des bonnes pistes de réflexions dans le coin et des gens qui ont fait un sacré chemin Wink .
Enjoy
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Message par San-A Ven 18 Mai 2012 - 20:02

C'est un truc de dingue effectivement qui me fait revoir pas mal d'épisodes de ma vie sous un angle complètement différent. Et je ne me sens qu'au début de cette réflexion.

Par ailleurs, le seul zèbre que je connais officiellement est mon père justement, et je suis pas tout à fait d'accord avec les choix qu'il a faits pour éviter les problèmes inhérents à sa condition de zèbre, ça m'a un peu calmé. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis inscrit ici : pour me confronter à d'autres personnes que je comprenne et qui me comprennent également, et essayer de donner un nouvel élan à ma vie qui en a bien besoin en ce moment.
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Message par Gasta Ven 18 Mai 2012 - 20:13

Bienvenue le Nantais ! Very Happy
"La seule différence que je vois, c'est que je m'accepte mieux, que je m'en veux moins."

"Hey, c'est déjà un truc de dingue de pouvoir se dire ça non ? Je trouve que c'est déjà un grand pas."
Oui en effet phase 1 !

http://zebrascrossing.forumactif.org/t5367-les-etapes-des-prises-de-conscience
Je t'invite San à lire ce post et si tu veux le message que j'y ai écrit en page 2
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https://www.zebrascrossing.net/t4928-dabrowski-je-vais-bien-ne-t-

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Message par Invité Ven 18 Mai 2012 - 20:16

San-A a écrit:Bon, quelques jours de recul par rapport à cette "révélation". Et une question qui me taraude, tout de même, j'ai lu d'autres personnes qui se la posaient également, mon père m'a dit la même chose il y a quelques jours quand j'ai abordé la question de la zébritude : "OK, c'est bien, mais ça change quoi ? Tes problèmes sont toujours les mêmes, non ?"

Et effectivement, c'est le cas... La seule différence que je vois, c'est que je m'accepte mieux, que je m'en veux moins. Mais à part ça, comment on peut combattre les symptômes désagréables sans pour autant avoir la sensation de se renier et d'avoir l'impression de vivre avec le frein à main levé ?

Combattre qui ? Soi-même ?
A mon avis, c'est dommage !
Laisse tes chevaux s'exprimer, une Ferrari, c'est fait pour rouler, pas pour les bouchons.
Ils t’emmèneront tout seuls vers un autre continent.
Et puis comme dit une vieille chanteuse de ma jeunesse : "celui qui n'essaye pas ne se trompe qu'une seule fois".
Cela va secouer ?
Et alors !
C'est que cela vit !

Bonne route à toi

Et puis tiens, je te mets la vidéo, tu trouveras peut-être un peu ringard, mmais moi, elle m'a souvent remis en selle !


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Message par San-A Ven 18 Mai 2012 - 23:09

Justement, j'ai passé trop de temps à me battre contre moi-même pour des résultats plus que mitigés, j'en ai plus vraiment envie maintenant, et je sais surtout que c'est perdu d'avance.
En fait, quelque part j'ai très hâte d'arriver au prochain rdv avec ma psy, voir sa réaction quand je vais lui parler de tout ça. Je sens que j'ai besoin d’être accompagné pour vivre enfin plus sereinement. Et puis ici, effectivement, on se sent bien entouré Smile

gasta : j'ai bien vu ton lien, j'étais déjà passé par là-bas mais je prendrai sans doute le temps de lire plus posément, ça m'a l'air très intéressant. Trop de trucs intéressants à faire en fait, je sais même pas par où commencer. Mais je commence à comprendre pourquoi Wink


Dernière édition par San-A le Ven 18 Mai 2012 - 23:10, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Message par vick Sam 19 Mai 2012 - 1:04

Bonsoir à tous,

J'ai suivi ce fil avec beaucoup d'intérêt et lu le fameux JSF.
J'ai eu l'impression qu'elle mettait des mots sur le sentiment flou de mal-être que je ressentais. A d'autres moments, j'ai découvert que ce qui me semblait "normal" jusqu'alors ne l'était pas.

Il y a en revanche des points dans lesquels je ne me suis pas reconnue : synesthésies, hyperesthésie (je ne sais pas trop comment savoir en fait), implicites sociaux (un peu peut-être).

Assez bizarrement, les caractéristiques dont parlait JSF que j'ai retrouvé coïncident avec les choses que je n'aime vraiment pas chez moi (arborescence, empathie, problème de concentration, dispersion, idéalisme un peu absurde, se sentir responsable des autres, recherche d'une personne parfaite, syndrome de l'imposteur etc).

Pour ce qui est de se "voir jouer son propre rôle", je pensais que c'était le cas pour tout le monde en fait. Assez perturbant.

Dans un domaine plus amusant, devoir toucher un objet avant de l'acheter au supermarché par exemple est une de mes manies que mes amis m'ont fait remarquer.
En terme d'humour justement, mon truc c'est plutôt les comparaisons loufoques un peu trash ou cyniques, je crois.
Et, en terme d'humour involontaire, il m'arrive de répondre à côté des questions ou bien que mes sous-entendus soient pas toujours compris.

Finalement, être zèbrée me fait un peu peur mais me tromper sur ma zébritude également...
Je suis vraiment dans le flou même si la lecture du bouquin m'a plongée dans une euphorie inédite.

J'imagine mal en fait passer un test de qi maintenant car je vis très mal tout ce qui a trait aux examens scolaires depuis quelques temps.

C'est assez bizarre mais j'ai l'impression d'avoir mis de côté la personne enthousiaste et très curieuse de mon adolescence et de mon enfance au profit d'une version "raisonnable" et vide. Depuis quelques semaines, je ressentais à nouveau de temps en temps un incroyable intérêt pour ce que je lisais ou voyais mais cette semaine le phénomène s'est complètement accéléré.
J'ai à nouveau ressenti l'exaltation de faire des parallèles entre plein de choses (livres, musique, actualités etc...) et d'apprendre des choses.
J'ai également à nouveau 10000 plans en tête qui n'aboutiront pas mais cela fait du bien.

Je sais qu'un de mes amis est zébré, il faudrait peut-être que je lui en parle.

Désolée pour ce message décousu et merci de m'avoir lue.

vick

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Message par vick Sam 19 Mai 2012 - 1:12

PS : super ce forum.

vick

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Message par Invité Sam 19 Mai 2012 - 7:58

vick a écrit:
Désolée pour ce message décousu et merci de m'avoir lue.

Pas plus décousu que nous. En fait, agréable et léger à lire. Un message zébrologique, quoi !

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Message par vick Sam 19 Mai 2012 - 11:21

Smile

vick

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