-LABONDOS-

Sortir de ce rêve… Je suis en train de dormir et je me réveille… Bizarre cette impression qu’il manque quelque chose… Mais quoi ? Ah ! Je rêve encore, je rêve que je me réveille ! Ça me réveille, forcément, et me voilà au bord du lit avec encore cette impression… Non ! Pas encore ! Mais si ! Je rêve encore et commence à poindre une angoisse, sortir du rêve du rêve avant que cette boucle ne prenne la fâcheuse idée de devenir sans fin. Une flatulence ! Et nauséabonde avec ça ! Bon signe. Je n’ai jamais rêvé de pet et encore moins de son odeur, je suis sorti de ce putain de rêve, ouf !

Je me lève et en sortant je me cogne le petit doigt de pied dans l’encadrement de la porte. Un truc terrible, genre tentative d’assassinat de l’appendice du pied caractérisée, je l’ai vu bouger au moment où je suis passé, c’est donc bien un attentat. Aussitôt je me suis dit « encore un effet de l’effet, j’ai du mal à me situer dans l’espace et mes perceptions sont encore exacerbées, ce rêve… ». Mais c’est une journée pourrie, je vais passer ma journée à subir les effets de cette intensité et de ces problèmes de concentration alors !!

D’autant que j’ai des acouphènes. Rien de bien méchant, un souffle dans l’oreille quand le silence monte et un effet de tuyau dans les sons graves. Enfin ça fait une semaine que ça dure et ça m’use le neurone. Quand l’hyperesthésie est là, rien ne va…

La tête dans ce concept qui me navre un peu, je sors dans l’idée de vivre un peu, genre travail, famille, patrie… en oubliant mes clefs. Dans mon appart, c’est un interphone, pas moyen de rentrer sans les clefs ou sans quelqu’un qui ouvre. Et comme ma compagne est déjà partie, je suis à la rue et à l’heure qu’il est, pour rentrer il n’y a que la petite vieille du rez-de-chaussée qui va croire que je suis un violeur et m’envoyer les bleus, je suis dans la panade !! Ah voilà bien encore un effet de l’effet !!

Malgré ces déboires et grâce à la très jolie voisine du troisième, j’arrive à ma bagnole. Ah la fourbe, plus de carburant, j’ai oublié de faire le plein hier et comme c’est là, j’ai pas assez pour aller jusqu’au boulot. Je vais à la pompe et participe donc activement à la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Satisfait du devoir civique accompli je repars et 50 mètres plus loin, c’est le drame ! La voiture hoquète, tousse et cale ! Mais je viens de faire le plein et l’aiguille m’indique pleine d’optimisme la capacité qu’à mon véhicule à traverser la moitié de la France. Pourtant je suis en rade sur le bord de la route. Soudain tout s’éclaire, j’ai pris la voiture diesel (ma compagne ayant pris l’autre, qui est essence) et j’m’a trompé, j’ai mis du sans plomb ! Voilà pourquoi j’avais du mal à introduire le pistolet du distributeur, j’étais tout fier d’y être arrivé quand même ! Le garagiste qui vient prendre la voiture ne me laisse aucun espoir, ça va être une ruine ! J’en pleurerais si la résilience propre à ce que nous sommes ne m’en empêchait.

Ah ! Et puis ces acouphènes qui me vrillent la tête ! Je me sens las d’être là… Y a pas, ce truc, ce potentiel est un parasite ! Voilà comment une journée peut partir en vrille sans que j’y sois pour rien, c’est trop injuste !

Dégoûté par cet enchainement, je décide de prendre rendez-vous pour ces acouphènes qui empêchent mon merveilleux potentiel de s’exprimer. Je ne peux tolérer plus longtemps cette situation ! Même si je pense que le spécialiste ne trouvera rien, comme d’hab quoi ! On n’a jamais rien et même ils vous regardent un peu de travers genre, il a quoi à la tête celui-là ? Il est hystéro ou quoi ? Mais j’y vais, poussé par mon entourage me sens-je obligé de préciser.

Diagnostique : otite séreuse ! Je suis scié. J’avais vraiment un truc normal à l’oreille. Mon pauvre potentiel a eu bon dos là !

Du coup je me mets à démonter toute ma journée. Quel terrible mauvais procès j’avais fait là à mes neurones qui ne faisaient que leur travail !

Un rêve est un rêve et la spirale n’était que l’expression du non-sens que j’avais posé sur mes problèmes.

Le chambranle de la porte n’a pas bougé, ou sous l’effet de ma mauvaise foi. Désolé pour mon petit doigt qui reste très offusqué par ce qu’il continue à décrire comme un attentat, il en est tout gonflé de colère.

Mettre du sans plomb dans un moteur diesel, avec les pistolets calibrés pour le diamètre de l’orifice du réservoir, demande une certaine ténacité débile, surtout quand on pense qu’il aurait juste fallu que je lève un peu la tête.

En bref je suis sorti de cette expérience avec l’impression que même si je suis supérieurement intelligent (et encore tout juste capable d’être performant à certains tests) ça ne m’empêche pas d’être très con par moment, surtout quand je me mets dans l’idée que je me subis.

Du coup, on m’entend dire « labondos » à tout bout de champ maintenant et je prends un malin plaisir à être heureux malgré l’effet de l’effet, autant être con pour quelque chose !!

Merci pour ce texte

Mais ton merci me va droit au cœur

Mon petit doigt de pied te remercie aussi